vendredi 23 septembre 2005

Objections & Réponses

par Jean-Philippe Chauvin, prof d'histoire-géo à Versailles
(avec la permission de l'auteur)

Les royalistes ne sont pas seulement fidèles, ils sont actifs et participent à la vie politique du pays. Sur les marchés ou devant les lycées, ils distribuent des tracts, vendent des journaux ; sur la Toile, ils prennent part à de nombreux forums...
Quelques objections à la monarchie reviennent constamment et il nous apparaît intéressant de les évoquer, ainsi que les réponses que nous pouvons y apporter.

Imposer la monarchie à un pays ancré depuis longtemps en république, cela n’est pas possible. Et puis, quel roi ?

L’Histoire est pleine de surprises et d’imprévus. Certes, la possibilité d’une instauration monarchique en France paraît fort lointaine et, surtout, difficile; Mais rien n’est impossible : l’exemple espagnol est la preuve que ce qui paraît improbable peut arriver.

Pour la France il y a, apparemment, le fort attachement des Français à 1789 et ses suites : c’est néanmoins moins vrai aujourd’hui qu’il y a vingt ans. D’autre part, hormis le fait que la part "positive" de la Révolution selon l’opinion (qui n’a pas forcément raison au demeurant) est antérieure à l’établissement même de la République en 1792, une monarchie nouvelle n’aurait pas à entrer en conflit avec l’Histoire, fût-elle désagréable pour les rois et les royalistes, mais à l’assumer (ce qui ne signifie pas pour autant s’y "rallier"...) et à la dépasser. Le regret n’est pas une politique et la monarchie nouvelle, qui sera évidemment attendue sur ce point, devra veiller à ne pas être une nostalgie romantique. La monarchie devra être habile et faire ses preuves dans un délai relativement court, mais l’impulsion d’une vaste décentralisation et d’une politique régalienne audacieuse peut lui permettre de s’ancrer dans le pays comme cela s’est fait en Espagne en quelques années.

Le point d’inconnu c’est évidemment l’"événement" fondateur de cette nouvelle monarchie. Encore faut-il aujourd’hui, en attendant ce moment, "dédramatiser" la monarchie, la rendre plus "lisible" aux Français en faisant tomber les préjugés, nombreux dans notre pays.

Quant au roi, qui serait-il ? Un prince de la famille d’Orléans, le Comte de Paris aujourd’hui, le prince Jean son fils demain, qui, discrètement, sillonnent la France et le monde pour écouter et proposer : formés à la politique depuis leur plus jeune âge, ils la considèrent comme un métier et un devoir. Ont-ils une chance ? Ce n’est pas impossible...


Avec la constitution de la Ve République, la France est déjà en "monarchie" : pourquoi vouloir changer ce système ?

Même si la constitution de la Ve République a souvent été comparée à une monarchie républicaine, c’est beaucoup moins crédible depuis le quinquennat. D’autre part, la monarchie que nous souhaitons a peu de choses à voir avec le spectacle, parfois indécent, de "présidentielle permanente" qu’offre la république actuelle. La magistrature de l’État étant hors du jeu électoral, elle suscite moins de convoitise et elle assure la continuité de l’État (de sa parole en particulier) en cas de crise ministérielle ou parlementaire.

D’autre part, M. Chirac n’a rien d’un souverain, il apparaît plutôt comme un suzerain fatigué auquel les vassaux n’obéissent plus, préfèrent un "meilleur seigneur".


"Retourner à la monarchie", n’est-ce pas revenir en arrière ?

Il ne s’agit pas de "retourner à la monarchie d’avant" mais d’instaurer une monarchie adaptée aux situations contemporaines tout en gardant ses "fondamentaux" : succession héréditaire et indépendance de l’État ; diplomatie "capétienne" d’indépendance entre les grandes puissances ; politique sociale contre les "nouvelles féodalités" aujourd’hui financières et économiques, etc. Il ne s’agit pas seulement de "faire de la théorie", mais de pratiquer le réel, ce qui n’est pas toujours aisé...


Mais le roi est-il le plus compétent pour diriger le pays ?

Dans le cadre de l’État monarchique, ce qui compte n’est pas la simple compétence du roi, mais sa position d’indépendance, qui lui permet d’utiliser toutes les compétences sans a priori politique. Il y a d’ailleurs eu des rois médiocres, mais leur position et le devoir de transmettre le patrimoine dont ils étaient les simples dépositaires, les forçaient à prendre les compétences là où elles étaient. Cela a d’ailleurs souvent été reproché aux rois, en particulier par les "élites" (ou se prétendant telles...) de l’époque, les nobles : il suffit de relire Saint-Simon, si sévère pour le roi Louis XIV parce qu’il ne s’en laissait pas conter par la noblesse.

Un souverain n’hésite pas à braver l’opinion pour imposer des hommes qu’il sait utiles et efficaces : ainsi, on peut dire qu’il n’y aurait pas eu de Richelieu sans Louis XIII ni de Colbert sans Louis XIV. Ces ministres n’ont pas été choisis pour leur popularité (absente, en l’occurrence) mais pour leurs qualités politiques d’État.


La monarchie ? Mais c’est la dictature ! Tout le contraire de la république...

La monarchie française n’est pas une dictature, et l’Histoire de notre pays l’a amplement démontré : sous l’Ancien régime, les provinces, les villes, les métiers avaient de nombreuses libertés, des "franchises et privilèges" disait-on alors, que la république, fût-elle en cours (maladroitement, d’ailleurs) de décentralisation, n’a pas encore redonné aux cadres communautaires évoqués ci-avant. Il est à remarquer que la république, elle, n’a pas commencé autrement en France que par la dictature : les massacres de septembre 1792, la Terreur de 1793-94, l’extermination des Vendéens en janvier-septembre 1794, et pour finir, le coup d’État de Brumaire et la dictature, devenue impériale en 1804, de Napoléon...

Certes, la cinquième République n’est pas celle de 1792 : les temps ont changé. Tout comme la monarchie nouvelle ne sera ni celle de 987, de 1789 ou de 1815... Mais la monarchie, si ses applications contemporaines seront adaptées aux nécessités du moment, restera fidèle à ses principes de base, qui imposent des devoirs à l’État et des libertés concrètes aux communautés et aux citoyens.

En monarchie, le citoyen n’a pas à penser puisque le roi pense pour tous ; il n’y a donc que des «sujets» soumis...

Le roi n’a pas à penser pour les citoyens, ils sont assez grands pour le faire eux-mêmes et en toute responsabilité. La monarchie n’a pas à imposer un "politiquement correct"... La monarchie fédérative "à la française" laisse un maximum de pouvoirs concrets aux citoyens ; le roi est l’arbitre suprême qui prend les grandes décisions de l’État mais après avoir pris conseil, y compris près du corps électoral – s’il en ressent la nécessité.

D’autre part, dans les monarchies d’Europe, la pensée n’est pas "prisonnière" de celle du souverain...


Et l’écologie ? Qu’a-t-elle à gagner avec une monarchie ?

La monarchie n’est pas une solution miracle et elle ne va pas résoudre à elle seule tous les problèmes environnementaux, dont certaines solutions dépassent le cadre national. Mais elle a au moins le mérite d’assumer ses choix, ce qui n’est pas toujours le cas des politiciens en république. Elle est aussi plus concernée par l’écologie parce qu’elle s’inscrit dans la durée.

Le principe de la monarchie, c’est la transmission d’un patrimoine dont le roi n’est pas le propriétaire mais le dépositaire. L’écologie, la préservation du patrimoine environnemental, est au cœur même de la monarchie. On évoquait jadis le roi comme le "jardinier de France".

Un roi "à plein temps" (comme nous le souhaitons pour la nouvelle monarchie) n’en a que plus le devoir de mener une politique écologique sur le long terme. Il serait contraire à sa vocation qu’il méconnaisse le cadre de vie du territoire sur lequel il règne et qu’il a charge de sauvegarder et de transmettre, si possible en meilleur état encore qu’il l’a trouvé à son accession au trône.

N’oubliez pas que le roi n’est qu’un chaînon dans la longue suite des générations : il se doit aussi à ses successeurs et aux générations françaises à venir .

Copyright J-P. Chauvin, en campagne sur la 13ème des Hauts de Seine
Septembre 2005

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