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Mixité des régimes politiques

Dans son excellent blogue de campagne, le candidat aux présidentielles Yves Marie Adeline pose la redoutable question du "régime mixte".

« Les trois formes (de gouvernement) monarchie, aristocratie et démocratie, les Grecs les appelaient "les formes pures". A chacune de ces formes correspondait une "forme corrompue" : respectivement, tyrannie, oligarchie et démagogie. Ils estimaient que si l’une de ces formes était laissée sans contrepouvoir, elle dégénérait immanquablement vers sa forme corrompue.
La solution qu’ils préconisaient consistait à mettre ensemble les trois formes, de sorte que chacune donne le meilleur d’elle-même, et que le poids des deux autres empêche le pire d’en sortir. C’est le principe du “régime mixte”. »


L'histoire nous montre que tous les régimes même les plus démocratiques, créent leur "aristocratie", plus ou moins dérivée du modèle antique. Dans le même temps elle nous apprend que la confrontation des ambitions de ces deux pôles du pouvoir réel, monarchie/aristocratie, est fréquente et moins équilibrante que ne le disent les grimoires, et quelquefois fatale au deux.

En situation de puissance, les pouvoirs concurrents se corrompent dans la capture réciproque de l'espace nécessaire à l'exercice de leur droit ; sans qu'il soit nécessaire qu'ils soient en situation de monopole. La destruction du Moyen Age est un exemple :

Le Moyen Age, le mal jugé, fut peut-être le seul temps où les principes sociaux naturels apportés par les Barbares ruraux dans l'empire citadin romain vécurent en équilibre avec les principes quasiment antagonistes proclamés par l'Eglise catholique ascendante. La symétrie des pyramides fut la tentative d'organisation et de cohabitation la plus remarquable qui renouvela la face de l'Occident.
La morale des envahisseurs était fondée sur l'amour des champs et l'indépendance de l'homme. Ils conquirent une civilisation fondée sur la ville et la collectivisation des moeurs, et conservèrent le pouvoir essentiel hors d'elle tant ils s'en méfiaient. Le réflexe anti-cité perdure au sein des vieilles familles féodales françaises.

Hélas l'Eglise ayant conquis tout son espace, voulut asservir les âmes, et le message évangélique muta en une effroyable tyrannie qui décima par fatwa des populations entières comme on le raconte de la croisade des Albigeois.

Le roi affirma son despotisme qu’il jugeait éclairé. Arbitrant entre les ambitions de deux autres pouvoirs selon les forces respectives en présence, il devint un politique oublieux de sa fonction christique aussi vite que l'Eglise se mêlait du siècle. Il aurait dû suffire qu'il parlât pour régler son royaume. Mais le charme était usurpé depuis Pépin le Bref.

La bourgeoisie toujours à marée montante, et sa fraction anoblie, fermentèrent dans l'accaparement fébrile des signes de leur influence et furent incapables de transmettre la liberté qui les avait fait éclore. Elles réglèrent le champ civique par des codes minutieux qui enserraient l'individu dans une norme, et qui pis est, le présumaient pêcheur ou coupable.

Sous les coups d'une royauté jalouse poursuivant un projet hégémonique, d’une bourgeoise cupide avançant "le nez dans le guidon", et d’une sécularisation du champ d’action des prêtres qui propagea des vertus artificielles à l'espèce, le Moyen Age passa de l'adolescence à la décrépitude sans atteindre ses promesses.
Seule la vieille noblesse d'épée tint parole.

La dynastie qui liquida l'héritage fut certainement horrifiée de la queue de trajectoire de son projet. Comme le dit si bien en son temps le sage de Massanne, " les Capétiens accomplirent l'oeuvre de destruction du Moyen Age lentement, patiemment, quelquefois à regret ; sortis des entrailles de la Féodalité, un pressentiment secret leur disait que cette oeuvre était un suicide. 1789 se chargea de le leur prouver".
Les réparations qui suivirent le séisme révolutionnaire ne pouvaient rebâtir un édifice aussi patiemment ruiné par les pouvoirs précédents surtout en les confiant aux mêmes. Les portes s'ouvrirent en grand sur la ruée démocratique. "La démocratie c'est l'envie". Nous le mesurons quotidiennement. Des trois pouvoirs le plus neuf et le plus ardent à s'imposer, s'avère aujourd'hui le plus corrompu. CQFD. Il va s'effondrer à son tour.

Comment retrouver cette harmonie perdue sans se laisser dévorer par l'avatar le plus courant de la démocratie, la démagogie qui fait rage ? En privilégiant dès le départ UN pouvoir suprême. N'écimons pas la pointe de la pyramide pour en élargir le siège à des concurrents.
L’Eglise ayant disparu corps et biens de l’épure, grâce à Dieu sans doute ; l’aristocratie en situation d'émigration intérieure devant être broyée par la roue de notre déclin ; il ne restera que le roi.

Dagobert le second



A condition qu'il soit indiscuté ce roi, dans ses pouvoirs strictement essentiels et qu'il laisse la bride sur le cou aux pouvoirs subalternes dont la dispute sera organisée par une charte. On atteint là à la définition indispensable des pouvoirs régaliens qui doivent être à la fois peu nombreux et jamais partagés. Pour les écrouelles ...... on verra plus tard.

Dans une autre livraison nous aurons peut-être l'occasion - en réponse à M. Adeline ? - d'énoncer les pouvoirs régaliens dévolus au roi, qui sont nécessaires à la perpétuation de notre Nation.

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