jeudi 19 octobre 2006

Provinces

Pour une fois, le billet est en cartes.
Parler de monarchie fédérative débouche à un moment ou l'autre sur la résurgence des provinces d'ancien régime dont les noms qui fleurent bon le terroir n'ont survécu qu'en météo. L'exercice le moins fatiguant et le plus chronophage quand on aborde lé décentralisation, c'est le découpage territorial. A quelques-uns autour d'une table avec gommes et crayons on peut se disputer trois heures sans mi-temps.

Voici trois cartes. Il est de très belles cartes anciennes disponibles sur la Toile.
La première ci-dessous donne le découpage provincial de l'Ancien Régime. Notons déjà que le redécoupage administratif des généralités et des baillages était une revendication fréquente dans les Cahiers de doléances établis pour les Etats-Généraux de 1789. Donc les disparités était nombreuses qui nuisaient à l'efficacité administrative.


Découpage 1789

La deuxième carte donne le découpage départemental que nous a légué la Constituante en 1790, avec les ajustements ultérieurs. La départementalisation respecta autant que faire se put les limites des provinces et celles des paroisses, et reconstruisit tout le tissu intermédiaire en brassant présidiaux, sénéchalités et autres ressorts, en appliquant des paramètres aussi divers que les bassins drainants ou les distances à parcourir jusqu'au chef-lieu, plus l'histoire (on trouve encore aujourd'hui des enclaves) ! De la départementalisation découla l'uniformisation des règles, poids et droits, et bientôt des moeurs et opinions.
Sauf cas spécifiques ayant abouti autrefois à la création de "restes", soldes de départements enracinés, il serait avisé de conserver les arrondissements (futur pays) comme unités de base dans le Lego des redistributions que vous vous proposez déjà d'opérer.

Découpage conventionel
La Vè République créa les régions de programmes en groupant les départements par affinités pour mieux maîtriser l'aménagement du territoire dans le cadre du Plan. Des soucis partisans amenèrent à considérer ces régions parfois minuscules comme des lots de consolation pour des personnalités politiques battues au plan national. Cette corruption de l'idée originale amoindrit énormément l'efficacité recherchée. Cela continue de nos jours, aucun homme d'état n'est président de région, fonction qui s'exerce en Division 2. Les évolutions économiques obligent maintenant à élargir les compétences des régions mais leurs territoires souvent étriqués deviennent des handicaps dès lors que l'on aborde les grandes infrastructures ou les projets industriels et de recherche, sans parler de la coopération inter-régionale en Europe.

Ainsi viendra la période, le roi revenu, de redessiner l'administration de la France, fondée sur ses anciennes provinces "météorologiques" pour le fun, en tenant compte de la masse critique à atteindre au plan européen. Un premier balayage aboutit à quinze régions (au lieu de 22). C'est la troisième carte. Les noms retenus par l'auteur sont parfois de la pure provocation ! La Corse trop petite est rattachée l'Ile de France pour lui éviter le dépeçage marseillais et faciliter à l'occasion le transfert d'inculpés. L'île de Ré est en débat ; les îles anglo-normandes menacées d'apparaître.

Découpage 2012
Bien plus tard, si je suis élu au Conseil privé, je proposerai d'honorer la lourde charge de président de région d'un titre de duc ou de comte le temps de leur mandature. Et revivrons sous nos yeux ébahis, le duc d'Aquitaine, le comte de Provence ou d'Artois, le duc d'Anjou ou le marquis d'Alsace, titre enfin refondés sur une réalité terrienne loin de la pacotille qui nous pousse à pouffer !

Et les Basques, et les Catalans, et les Flamands, il n'y aura donc rien pour ces nations impérissables ?
... c'est le débat houleux qui commence ...,
et que fait-on de l'ermitage de Monaco ?
et le vicomté de Vendée ?
et la sirerie d'Albret ?
et les Saintes ?
et Hyères ?




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