mercredi 22 novembre 2006

Le charme pervers de la démocratie

© Artepictura


Démocratie émolliente. La politique du chien crevé au fil de l'eau populaire. La belle égérie de la Gauche de gouvernement réitère son constat de vacuité, en convoquant le peuple innombrable et magnifique qui l'a portée au seuil du pouvoir, à la rédaction de son programme de démocratie participative qui s'ouvre par la maxime de saison : "Ne mécontenter nul qui vote".
Le catalogue qui risque fort de ne mettre en forme que des brèves de comptoir va certainement enchanter les doctrinaires pur-marx du parti socialiste qui chauffaient sur leur sein des constructions politiques sophistiquées bien trop complexes, à dessein.
Le catalogue Royal à la Dubout démarre avec l'encadrement militaire des racailles, les jurys populaires, l'homoparentalité si elle passe à la Chambre, le dégrillage des moukhères et l'arrêt de la chasse à la baleine. La mère-protectrice de la Nation attend vos suggestions sur Désirs d'Avenir.

Si les candidatures à droite se multiplient, le second tour des présidentielles verra la victoire de madame Royal sur monsieur Le Pen. La Cinquième puissance mondiale en voie de régression rapide au dixième rang, va prendre le toboggan de son irrémédiable déclin sous le coaching d'une débutante, très autoritaire et sure d'elle, ainsi que me l'ont confié des élus de la région qu'elle administre d'une main plutôt partisane et lourde.

Les défis que notre monde va accrocher à la Grille du Coq (la mal-nommée) un certain lundi matin du prochain mois de mai, dépassent de vingt coudées les capacités de l'impétrant, à voir les zéros pointés qu'elle a obtenus à l'examen de politique étrangère passé lors des débats internes au parti. Cette médiocrité est la queue de trajectoire de cette démocratie directe qu'est devenue la république parlementaire indocile française, par le coup d'état gaullien de 1962 qui arrachait le choix suprême au collège électoral des notables pour distribuer les rênes de la Nation à l'indivision des citoyens.

Les circonstances politiques un moment favorables à quelqu'un, amplifiées adroitement par une campagne d'images très contrôlées mais sans ossature dogmatique indigeste, et relayées par la cohorte de prébendiers avisés et ambitieux, peut faire resurgir des urnes celui ou celle-la même que la manoeuvre y a introduit préalablement. Ainsi a-t-on mis Ségolène Royal dans la boîte avec une araignée qui pique, et on est sûr à 100% que le peuple n'aura d'autre choix que de confirmer son engouement premier, en laissant crever la vilaine araignée et en tirant la jolie mignonne. Ne vous méprenez pas, c'est du bourrage d'urnes.

La démocratie populiste est la pire escroquerie puisqu'elle s'ouvre à toutes les manipulations professionnelles des inamovibles de la Nomenklatura. Nous obtenons cette fois un pur produit marketing. Quoique les deux fois précédentes le sort avait été inspiré par les Guignols de l'Info, ce qui n'est pas mieux.
Mais nous ne sommes pas les seuls. Le système américain a par deux fois porté Bush junior à la Maison Blanche et le système italien, Berlusconi.

Cet enlisement politique dans la crasse mercantile n'émeut pas outre mesure les crânes d'oeuf qui prétendent à la stature de chef d'Etat. Un certain Laurent Fabius expliquait avant d'être battu, que la victoire de la Gauche impliquait de favoriser ouvertement les classes traditionnellement socialistes afin de ne rater aucun bulletin. Ainsi au lieu de réclamer 35 heures effectives aux enseignants, il valait mieux leur promettre des embauches pour décharger les classes !
Et d'enfoncer le clou en voulant tirer le projet socialiste du côté où il y a de son point de vue le plus d'électeurs disposés à voter pour lui. C'est légitime en démocratie.
Parmi nos lecteurs il y en a certainement qui viennent de tiquer sur ce paragraphe : où est le mal à chercher des voix ?

Sauf qu'il ne s'agit plus de convaincre mais d'aguicher.

Et c'est à cause de cette facilité d'accès par l'image que la classe politique est tellement remontée quand elle voit surgir sur l'estrade un grand communicateur qui va lui manger son pain. Nicolas Hulot, Joseph Bové, Bernard Kouchner, Jean d'Orléans, chacun dans leur genre, sont des "tueurs" de politiciens parce qu'ils crèvent l'écran. Même des acteurs terriblement de gauche comme ils le rabâchent eux-mêmes, mais au quotidien des crapules avérées, sont ressentis comme des ennemis redoutables par les caciques des partis, puisqu'il suffit de pas grand chose pour percer le mur de la notoriété et les mettre dans l'ombre de la caméra. Pas de noms à peine d'assignation, car les salopards sont équipés en conseils. Mais imaginez le score qu'aurait fait un Yves Montand si au lendemain d'une de ses conférences à TF1 où il crevait les plafonds d'audience, il s'était porté candidat à la magistrature suprême ?

Attrape-mouches, attrape-masse.
Si la Loi du Nombre garantissait au niveau de l'Etat central la sagesse, la pertinence des analyses, la force des décisions, pourquoi devrait-on s'insurger contre le théorème démocratique ? Et pourquoi serait-il interdit que ce nombre soit acquis par des démonstrations brillantes au tableau noir comme savait si bien les présenter Giscard d'Estaing, ou mieux encore par des reportages de plage dans Paris-Match, puisque cela ferait de toute façon Le Nombre.

Las, le souvenir est depuis longtemps enfui, de la sagesse, de l'analyse juste et du comportement décisif de nos gouvernements. Depuis le départ de Mitterrand, dernier président maurrassien, plus personne ne commande seul, d'instinct, sinon pour exercer un caprice. Or le Monde va extraordinairement vite par ces temps-ci, aussi vite qu'un F16 de Tsahal.

Qu'importe ici la solitude du chef puissant quand le dogme du Nombre prime tous les autres. La République se gouverne par soviets. En chacun, majoritaires, vous aurez toujours politiquement raison. Vous rechercherez cette majorité par le consensus, le plus petit commun dénominateur, le moindre mal, le politiquement correct et l'électoralement positif voire neutre. Tout est partout délibérément compté pour atteindre à la "vérité", jusqu'à se défausser sur le corps électoral de ses responsabilités si d'aventure les choses tournaient mal pour telle ou telle catégorie sociale. C'est moche ? mais la décision est légitime du moment qu'elle a été soumise au vote et approuvée. C'est finalement cette dictature de la bêtise amassée en majorité qui est insupportable.

Le système est intrinsèquement pervers au sens littéral, il se dégrade naturellement en démagogie broyeuse des petites minorités quoiqu'on y fasse. La démocratie française télévisée est aujourd'hui à la merci de Procter & Gamble, lessiviers internationaux réputés pour leur approche pointue des marchés de consommation.

J'ai beau chercher, je ne vois aucune autre parade à cette décrépitude que de sortir au moins les deux ou trois plus hautes fonctions décisionnelles du jeu démocratique afin d'en garantir l'imperméabilité aux procédés du marketing.

C'est là que le roi a tout son rôle dans le cadre étroit et précis d'une monarchie héréditaire présidant aux libertés les plus larges de la Nation.
Dignité et compétence, expérience ancestrale, éducation spécifique, souci de l'avenir et de la transmission de la maison dans le meilleur état possible, représentativité, charisme naturel éclairé par l'affection populaire, rajeunissement automatique du titulaire de la charge, et in fine pertinence du décorum.
Il n'y a que des avantages.

Il ne reste plus qu'à convaincre nos concitoyens qu'ils se sont laissés embarquer à l'insu de leur plein gré.
Easy !

En attendant, importons une vraie pointure à talons d'acier, forgés dans les canons pris à Stalingrad :
la vraie belle de fer

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