lundi 12 mars 2007

Un prince et le projet capétien

le duc de VendômeJe suis passé au travers d'une émission de Radio France International appelée "Signes particuliers" qui invitait le 21 février dernier le duc de Vendôme Jean d'Orléans... mais Google m'a prévenu. On peut l'écouter en cherchant par ici sur RFI. (Je vous conseille de télécharger pour l'entendre car le streaming n'est pas terrible).

Les cinq dernières minutes de l'entretien sont tout à fait politiques. Quelles sont les conditions d'un retour de la monarchie ? Il y en a trois, nous confie-t-il :

La première est que le "prince" soit prêt. Son père, le comte de Paris est prêt.

La seconde tient aux circonstances.
L'intérêt des Français pour un monde plus pérenne qui tienne compte de leurs aspirations profondes et qui puisse relever les grands défis de l'heure, auxquels la classe politique ne sait pas les préparer, est décelable au fil des rencontres.

La troisième est la volonté des Français.
Les sondages ne sont que des orientations (elles sembleraient favorables) et le travail le plus important pour les princes est d'être présents dans la vie du pays. C'est au pays à vouloir un roi.

Il termine cet entretien de vingt minutes par "la vraie oeuvre capétienne c'est vraiment de construire" ! Notre gentil dauphin deviendrait-il autant politique que patrimonial ? A n'en pas douter, la rencontre des Français initiée sous l'égide de Gens De France lui aura montré que le peuple est aussi un animal politique.

Comment l'aider ?

De cent façons mais d'abord en découplant la question du régime arbitral permanent qu'il propose, du modèle social "royaliste". Entre "le poids de l'histoire et les exigences de la modernité" comme le dit le journaliste Pierre-édouard Deldique, il faut prendre à bras le corps les réalités et les dangers d'aujourd'hui. Et surtout ne pas se tromper d'étage car il n'y aura pas d'oral de rattrapage.

La question au royaliste militant n'est-elle pas tout simplement de savoir s'il privilégie le combat contre les vrais défis du XXI° siècle ou s'il préfère naphtaliser le royaume dans les douceurs enfuies de l'Ancien régime, et verser ce faisant dans une sorte de théocratie soft.
Pourtant les défis de fond sont assez clairs, et bizarrement ignorés de la sphère royco qui se dépense sur un modèle sociopolitique traditionaliste encombré de préoccupations importantes mais subalternes à la fois, rapportées du moins aux enjeux énormes annoncés autour du tapis mondial.

Finalement il n'y a qu'un seul défi qui les englobe tous : Comment la Nation française va-t-elle tirer son épingle du jeu de l'inéluctable entropie universelle ?

La planète est un monde fini qui, à l'exception de la capture excédentaire de calories qu'il génère, échange tout à somme nulle. L'émergence des empires asiatiques sur une planète surexploitée, ne peut se faire qu'au détriment des "nantis", à charge pour eux de compenser la préemption des talents, matières et ressources traditionnels des nouveaux venus, par l'invention de valeurs supérieures aux anciennes sur tous les plans, mais rémunératrices quand même. Comme nation constituée nous atteindrons le XXII° siècle avec nos neurones, pas avec nos bras ! Priorité à "l'intelligence" !

La recherche est l'ardente obligation du temps pour les "petits". L'invention, la création naissent dans des espaces libres qui récompensent les trouveurs. La transformation de l'idée géniale en levier de développement exige efficacité et productivité ! Le modèle social franco-européen est à refonder pour tenir compte de ces exigences de performance. Tous ceux des gens d'importance qui ne sont pas impliqués dans des combines d'appareils politiques vous diront que la Nation doit être libérée d'une part, et sûre de ses garanties essentielles de sécurité et de justice, de l'autre. C'est exactement l'inverse que nous subissons actuellement. Le peuple est dans les rets du marxisme qui dévore déjà le grain que sèmeront nos enfants, et sa sécurité n'est que matière à dispute entre tribuns sous haute protection. Sauf apocalypse, nos armées ne nous défendent plus et nous avons rompu l'alliance.

S'il faut briser nos entraves, il n'en est pas moins vrai que la liberté d'inventer est indissociable de la liberté tout court. Aussi est-il contre-indiqué de promouvoir une restauration monarchique par le remplacement des contraintes actuelles que nous haïssons, par d'autres réputées plus nobles. Le peuple n'a pas besoin de la monarchie pour retrouver des valeurs naturelles, mais d'une meilleure éducation qui, fors l'exemple, n'a rien à voir avec le roi. Or c'est là que le bât blesse. Nos bannières sont d'abord "sociétales" avant que d'être politiques, et quand elles sont portées par des gens impliqués uniquement dans la défense de moeurs, elles peuvent influencer le débat législatif mais ne ramèneront jamais un roi ! La question monarchique ressortit à l'étage politique, presqu'entièrement ; mais les voies d'accesssion n'y sont pas toutes, heureusement. Ne nous trompons pas de main ; « politique d’abord » !

Du roi nous avons besoin pour assurer nos garanties de sécurité et de justice, en pérennisant les pouvoirs régaliens, en arbitrant les conflits d'intérêts majeurs, en diffusant une justice intègre. Dans le cadre d'une société naturelle, refondée sur la cellule familiale, les moeurs sont à régler selon l'air du temps par des majorités de passage réunies sur un processus démocratique.

Le projet capétien dans son essence ne peut être gêné par la démocratie qui règle les pouvoirs publics au mieux du bien commun, exigeons-le. C’est un projet de construction d'un espace commun solide et rayonnant, voire offensif. Ce ne fut jamais l'hospice des valeurs en déroute, encore moins un musée de l’absolutisme. C’est fini cette chimère, même si ce devait être beau !
La France, de 65 millions d'habitants seulement, à l'échelle du monde, a besoin de se durcir et de gagner en densité d'influence ce qu'elle perd en parts de marchés, et sans traîner, car le vecteur temps est primordial. Un roi qui maîtrise le temps en réactivité et pérennité, est tout indiqué pour rester sur un axe d'effort tracé à partir d'un projet qui le domine.

Aux hommes de défendre la dignité du genre humain, le respect d'autrui, la sauvegarde des espèces, la vénération des reliques et la charité. Qu'est-il besoin d'attendre le roi ? Le roi a un dessein précis et bordé. Ce n'est pas la pierre de touche qui transmutera en or tout le plomb de notre socété usée et par endroit périe. Ne mélangeons pas tout, nous desservirions le destin du prince Jean.

1 commentaire:

  1. La chaire d'économie politique, et celle du Style, vous conviendraient bien !

    Ceci dit, si je partage l'essentiel de votre analyse, c'est surtout le couplage avec le capétien qui m'arrête.

    Il y a autre chose : un roi, obstacle permanent aux volontés politiques, idéologiques, économiques des décideurs du monde actuel, ne pourrait tenir longtemps.

    Par ailleurs il semble que vous vous basez sur le constat reconnu et accepté du mondialisme.
    Dans ce cas, une monarchie-potiche pourrait faire l'affaire des décideurs actuels. Elle les aiderait d'ailleurs dans leur désir de créer toujours plus d'écrans entre leurs agissements et la volonté du Peuple.

    Il leur suffirait de savoir compter sur une famille sans autre boussole que l'idéologie de la Pensée Unique. En ce cas, les Orléans vont bien, ils sont même parfaits...

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