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Souveraineté par l'offensive

armes charles bourbon sicileEn ce jour de grève des privilèges et de manifestation du RIF à Paris, place des Victoires (?!), je mesure une fois encore la distance qui sépare le souverainisme de la souveraineté. Le pays de la Liberté-Egalité-Fraternité est bloqué sur des privilèges sociaux. D'autres veulent qu'il se replie sur lui-même. Si l'intention souverainiste est louable quant au réflexe de départ qui motive cet engagement, persister dans cette voie croyant atteindre la souveraineté est perdre son temps. Le but du souverainisme c'est le souverainisme ! C'est tout !
Nota : En décoration les armes de Charles V de Bourbon-Sicile montrant 14 nations.
Qu'avons-nous remis de souveraineté aux communautés européennes ? Il y a six champs de dévolution de compétences :
(1) la Communauté européenne du charbon et de l'acier (CECA) qui a été fusionnée avec la suivante en 2002,
(2) la Communauté économique européenne (CEE)
(3) la Communauté européenne de l'énergie atomique (Euratom)
(4) la Coopération policière et judiciaire en matière pénale dite Justice et affaires intérieures (JAI)
(5) la Politique étrangère et de sécurité commune (PESC)
(6) la Monnaie unique, pour 13 pays sur 27.
...

Ce sont les domaines 2, 5 et 6 qui posent problème. La sidérurgie (1) d'un pays sans charbon ni fer n'est pas nationalisable, la coopération dans le nucléaire civil (3) ne nous enlève rien dès lors que, nous sommes une puissance atomique, les coopérations de justice et police (4), le plus souvent à notre requête (sauf Battisti), sont bienvenues entre voisins. Restent le marché commun, l'euro et l'Irak ou l'Iran.

(*2) La CEE :
En quoi participer à un grand marché de libre-échange est-il dommageable ? C'est un accroissement considérable de nos débouchés, et si des empiétements un peu stupides sur nos productions traditionnelles nous agacent il suffit de les combattre. Ou plutôt de demander à nos représentants de les combattre et de ne pas, comme trop souvent, dire oui à Bruxelles et non à Paris. Que serait devenue l'agriculture française sans les garanties de prix de la PAC ? Elle aurait été dévorée par l'agriculture des pays neufs qui débouchaient chez nous au tiers de nos coûts. Ce n'est pas toute seule que la France aurait aujourd'hui une agriculture parmi les premières du monde, des céréaliers capables d'exploiter en même temps des terres du Nouveau Monde ! Cela avec les exploitation viticoles du Chili par exemple, c'est du jamais vu depuis la fin de l'empire colonial. Ceux qui soutiennent le repliement sur "nos valeurs agricoles" n'ont jamais connu d'exploitants agricoles. L'expansion agricole, c'était le deal avec l'Allemagne. Quand d'ailleurs les protections seront abaissées, car on ne peut tenir longtemps sur ce niveau de prix très onéreux pour le budget commun, on mesurera mieux la qualité de la défense antérieure. Après, ce qui se joue à l'OMC ne fait pas partie de la "contrainte européenne" mais mondiale.

Y opposer le contrôle indispensable de nos frontières pour taxer les pirates est une foutaise acidulée pour enrober l'évidence de nos insuffisances dans d'autres secteurs, quand ce n'est pas tout bonnement masquer leur disparition, programmée par la globalisation des échanges. En économie la meilleure défense c'est l'attaque. En certains secteurs comme l'atome, la bancassurance, le luxe, le ferroviaire ou l'aéronautique nous savons faire (le cas Lagardère-EADS est un épiphénomène non révélateur). Consolidons ce qui marche et développons-nous à fond dans les domaines prometteurs, en libérant pour ce faire les initiatives, non pas en déployant des aides mais en détruisant les contraintes !
Au lieu de quoi, colbertistes jusqu'au bout des ongles, nous avons saupoudré le territoire de "pôles d'excellence" pour trois pelés et un tondu subventionnés, incapables d'émerger au niveau mondial, car c'est bien de cela qu'il s'agit. Ou c'est le garage, ou bien la Silicon Valley ; entre les deux c'est de l'argent gaspillé et surtout du temps à jamais perdu dans la compétition internationale. Mais peut-être que les souverainistes rejettent la compétition internationale (?).

(*5) La PESC :
On sent ici un réel danger et il vient surtout des Etats-Unis, non par ce qu'ils auraient à dire dans cette "communauté" (rien du tout en fait) que par l'effet de leurs actions intempestives sur le continent européen et autour. La guerre d'Irak est perdue. Le cadavre irakien attire même les Turcs qui caressent l'idée de récupérer le vilayet de Mossoul (Ninive) injustement arraché à la jeune République turque en dépit des apaisements donnés à l'Empire ottoman. Ils vont laisser en Irak un fumier sur lequel va pousser le terrorisme islamiste bien plus à l'aise entre le Tigre et l'Iran que dans les montagnes arides du Waziristan.
Vitrifier l'Iran sera d'ailleurs la pierre de touche de la résolution poutinienne à vouloir redevenir une superpuissance quoiqu'il en coûte au budget russe.

Mais pour nous, c'est bien l'affaire du bouclier ABM installé en Pologne et en Tchéquie, doublée de l'agitation orchestrée par les Américains dans le Caucase, qui est dangereuse. Pourquoi provoquer la Russie ? Ou bien l'Europe refuse ces provocations et arrête de s'impliquer derrière la Pologne dans le cirque ukrainien ou biélorusse par exemple, ou bien la PESC est un outil dangereux. La porte de sortie serait d'en user pour consolider nos intérêts énergétiques et faire face à l'arrogance de Gazprom par tous moyens économiques utiles, et nous en disposons.
Mais sortir de la PESC pour la voir déraper sans que nous n'usions de notre influence en son sein, est idiot ; les Russes nous mangeront un par un.

(*6) La BCE :
L'Europe avait trois devises de réserves. Elle en a toujours trois, l'euro a remplacé le deutschemark. La France dispose d'une monnaie de réserve ce qui ne s'était plus vu depuis la guerre de Quatorze, et les Français manipulent une monnaie valorisée sur tout le globe, qui ces temps-ci leur offre un discount légal de 40% partout ailleurs.
Que la politique de la BCE soit discutable est une autre affaire. A noter que l'Allemagne qui brise tout ses records d'exportation, n'y trouve rien à redire et que ce ne sont que les traînards de l'Eurogroupe qui rouspètent.

Qu'aurait changé la continuation du franc (souverain pour rire) ?
Avec nos déficits structurels et la lâcheté de notre classe politique, sans parler de l'ossification du secteur public, nous aurions dévalué notre monnaie chaque année à peine de voir les notations internationales nous ranger à juste titre dans la case des risques souverains. C'est d'ailleurs à l'occasion de critiques populistes d'un certain de Villiers sur l'euro qu'on mesure l'incompétence du tribun féodal dans le domaine monétaire.
Nos gouvernements ont fait des pieds et des mains pour imposer Trichet aux autres. A nous de mener la bronca pour l'en sortir et passer la serpillière.

La vraie souveraineté :
La défense de la souveraineté est une démarche de puissance, elle exige l'offensive tous azimuts, qui elle-même sera lancée sur des bases nationales assainies et durcies. Nous en sommes très loin, avec un Etat pachydermique qui étouffe littéralement la Nation et des déficits au niveau de ceux du Tiers-monde, qui lui bénéficie parfois d'une remise de dettes, mais pas nous ! Ceci pourrait être combattu si d'abord existaient les énergies pour le faire. Or, les lions fuient la France. Nos gouvernement convoquent la croissance (c'est un être sourd, la croissance) par la chemin de l'investissement et de l'innovation. Les acteurs capables d'y répondre si tant est qu'ils aient pu surmonter les oukases récurrents des "je-sais-tout" de la haute fonction publique, sont partis ou se préparent à partir. Il y a un grand ras-le-bol des élites techniques. De plus en plus nous sommes "dirigés" de loin !

En ce second jour mémorable de grève générale des régimes spéciaux j'ai déjà l'ulcère d'ajouter qu'un peuple dont une si grande partie de la population active défend des conditions avantageuses et inégalitaires au simple motif qu'elle a la sensation de "travailler", est un peuple de veaux dont les ressorts brisés doivent être renouvelés.
Comment, je vous le laisse deviner, mais il y a urgence à modifier l'éducation donnée à nos enfants et à purger le système des théoriciens du loisir éternel.

Instrumentaliser la souveraineté pour gagner des positions politiques est en outre une escroquerie si l'on cultive le jardin stérile du souverainisme. Ou bien ces politiciens sont sots. Il semblerait en effet que le dogme simpliste et populiste soit absolument obligatoire dans cette grave question.

A la manoeuvre on retrouve des hommes politiques très discutés.
Chevènement qui a montré une faible résilience mentale en démissionnant de son poste de ministre de la Défense en pleine guerre - une première ! - s'est trouvé un champ de manoeuvre moins risqué dans la statue de commandeur du souverainisme de salon, les estrades l'enrhument.
Les autres, Myard, Villiers, Dupont-Aignan, montrent toujours une forte indépendance d'esprit jusqu'aux dernières semaines de la législature pour se ranger en colonne-couvrez dans la cour de la cantine UMP quand filtre l'odeur de la soupe au choux.
Seul Paul-Marie Coûteaux tient sur l'axe - il faut le dire et l'en féliciter - et jusqu'ici avec une sincérité parfaite de démocrate pur et dur. D'ailleurs le souverainisme est une défense ardente de la démocratie et du référendum.

Hormis celui-ci, les princes du souverainisme français sont des carriéristes d'abord, des pros du préau, prospérant sur la démocratie représentative à l'insu des gogos républicains ou royalistes. J'ai oublié charitablement le Menhir de Montretout qui est maintenant rangé des voitures, un détail ; quant à l'inéfable concussionnaire corse, il vaut mieux rester calme et boire frais comme dirait Borloo.

On pourrait me rétorquer que les européistes ne sont pas mieux, ce qui serait assez terrible pour les souverainistes qui défendent nos "valeurs éternelles". C'est vrai aussi que le clan des fuyards d'Hervé Morin rebaptisé Nouveau Centre est un nid de crapules. Mais nous n'avons pas à venir dans ce concours.

Le traité simplifié de Lisbonne prévoit pour la première fois une procédure de retrait de l'Union européenne pour les pays le désirant. Chiche !

Nous sommes en guerre mondiale qui ne dit pas son nom. Ne perdons pas du temps avec des vieilleries comme l'autarcie ou le malthusianisme. Pas nous, Français ! Nous sommes une nation de bien autre chose qu'un ramas de trouillards. Sinon à quoi sert-il ... de vouloir remettre un roi demain ?

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Commentaires

  1. Le problème, ce n'est pas le souverainisme proprement dit, c'est la vision "romanticiste" du souverainisme.

    Un type comme Coûteaux est un homme intègre mais certaines de ses sorties : "l'axe germano-italien" notamment (vous voyez Merkel en Hitler hormis dans des délires sado-masos ? Ou même Prodi en Duce à part dans le cadre d'un squadrisme anesthésié avec Veltroni comme le Balbo du pauvre ?) m'ont passablement enervé.

    Je suis d'accord pour dire que les pays devraient être indépendants, mais avec ou sans UE, l'indépendance intégrale à part pour les "pays-continents" (Chine, USA, Inde) reste un voeu pieux.

    On peut le regretter ou non, mais la seule manière de compter est de mettre certaines compétences en commun. Après et là, j'entre dans ma vision du souverainisme, il faut refuser de se faire marcher sur les pieds au nom de "l'Europe" et défendre ses intérêts mais au sein de la machinerie qu'est l'UE.

    C'est la manière la plus réfléchie d'être "souverainiste" et non pas courir après un passé révolu.

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  2. Les souverainistes se sont déconsidérésb par le ralliement alimentaire de leurs champions aux européistes.
    Sauf ce M. Couteaux qui est député européen et qui par cela n'a pas encore convoqué ses électeurs. Attendons de voir s'il restera aussi braqué contre l'Europe en campagne électorale.
    Les autres sont morts.

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  3. Les européennes sont des élections au scrutin de liste.
    Les personnalités sont un peu floutées dans ce genre de campagne électorale. C'est le slogan de la tête de liste qui compte.
    PMC fera-t'il sa liste ?
    Avec qui ?
    Peltier ?

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  4. Il y a encore une volonté allemande d'hégémonie du continent par le biais du régionalisme.
    En fait, si on reflechit bien tout les pays européens sont atlantistes. Ils pensent que l'alliance avec les USA permettrait de duper son voisin:

    Les Français sont atlantistes depuis Sarko, par idéologie.
    L'Allemagne pour diviser l'Europe en Région, encouragée par les USA, pour affaiblir l'Europe.
    Les pays de l'Est contre l'Allemagne et la Russie.
    Angleterre, Espagne et Portugal, par tradition diplomatique.
    Si on reflechit bien les deux seuls européens parmi nos présidents furent de Gaulle et Chirac avec l'axe Paris-Berlin-Moscou.

    Aprés ce constat de voir que tous les pays européens sont atlantistes, que devons-nous faire?

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