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Boxing day

dessin de TimeTime Magazine avait fait la couverture du 3 décembre de son édition "Europe" sur la mort de la culture française. Un article de six pages - ce qui est exceptionnel dans cet hebdomadaire -, signé de Donald Morrison et Grant Rosenberg de l'agence Time de Paris, pilonnait l'ancien "superpower" culturel mondial, essentiellement au motif de piètres résultats sur le Marché. Cet assaut qui ne se lassait pas de faire mousser le déclinisme français, était dans le droit fil de la dispute transatlantique sur la marchandisation des arts et de la culture, et il réveillait aussi le procès en arrogance que nous fait le monde anglo-saxon (s'il n'y avait que lui !). Cet article, finalement un peu ennuyeux (jugez par vous-même en cliquant ici), suscita ci et là certaines réponses automatiques démontant l'angle d'attaque purement mercantile et le parti-pris libéral. Mais la meilleure réponse est bien celle, extraite du courrier des lecteurs de Time, que nous publions ci-après :...

SE Stapleton« Je suis heureux de lire votre assertion que "Personne d'autre que les Français ne prend plus sérieusement à coeur la culture". C'est vrai. La créativité culturelle est bien vivante en France, et en langue française aussi. L'architecte de l'édifice le plus signifiant artistiquement qui fut imaginé pour New York est français : Jean Nouvel. Jonathan Littell, un romancier américain de 40 ans, a écrit le roman qui lui a valu un prix, Les Bienveillantes, en langue française.
Le ministère français de la Culture dépense chaque année 4,4 milliards de dollars pour développer et nourrir la culture, et je n'ai jamais entendu quelqu'un se plaindre de ce coût. Les entreprises et les particuliers commencent aussi à soutenir les arts. Et bien sûr, la vitalité de la culture française doit se mesurer par autre chose que simplement les recettes hebdomadaires du box-office.
La chose formidable avec la culture, par essence, est qu'elle n'a pas de date de péremption. La culture n'est pas une compétition. Les Etats-Unis et la France partage un haute estime envers la culture, et depuis plus de deux siècles nos cultures se sont interpénétrées, renforcées et défiées l'une l'autre. Ensemble, nous honorons le meilleur du passé quand nous construisons notre spécificité, et quand nous partageons nos fonds culturels qui chaque jour enrichissent le Monde pris dans son entier.
Si vous ne me croyez pas, venez voir ! »


Craig R. Stapleton
Ambassadeur des Etats Unis d'Amérique
Paris
(traduction RA)

Mr Stapleton fut nommé ambassadeur en France par le président Georges W. Bush en juin 2005 après un séjour en Tchécoslovaquie. Outre sa carrière diplomatique, Craig R. Stapleton a mené une carrière d'homme d’affaires. Depuis 1982, il est président du bureau de conseil immobilier Marsh and McLennan de New York. De 1989 à 1998, il a été propriétaire, avec le président Bush, de l’équipe de base-ball des Texas Rangers. En 2004, il fut président du comité du Connecticut pour la réélection du président Bush et en 2005, il était membre du conseil d’administration de Allegheny Properties & Partners. Il est président de la Fondation Vaclav Havel aux Etats-Unis et aussi très impliqué dans le monde associatif. Sa réponse, peu en adéquation avec son profil de carrière, en est d'autant plus surprenante ; comme quoi il ne faut pas stéréotyper ces diables d'Américains qui cachent parfois le meilleur d'eux-mêmes sous nos a priori. N'est-ce pas John Rockfeller qui a sauvé le château de Versailles de la ruine au sortir de la Grande Guerre ?
Merci à Votre Excellence. Je vais de ce pas acheter mon 6-pack de CocaCola. Dorénavant MM. Morrison et Rosenberg ne sont plus les bienvenus au Harry's Bar sauf à mettre sur leur visage un loup de folle.


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Commentaires

  1. Si effectivement le texte du Time Magazine est ennuyeux, et prenant en compte uniquement l'aspect mercantile de la culture, je trouve la réponse de S.E. Stapelton fort convenue et pas vraiment convaincante... Disons qu'il se borne par politesse à défendre un pays dans lequel il travaille et vit, sans entrer plus que ça dans les détails.
    Encore que sur la fin, il pose des questions intéressantes sur la culture et la façon dont, chez nous, nous avons de la vivre.

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  2. C'est un diplomate "amateur" comme le sont la plupart des ambassadeurs américains, donc avec un penchant quand même plus sincère que n'aurait un vieux cheval de retour du Département d'Etat.
    Même si sa réponse est de politesse, il l'a fait publier dans Time Magazine qui n'est pas une revue très lue en France, mais plutôt dans certains milieux éduqués euro-américains. C'est une mise au point. D'ailleurs sa dernière phrase s'adresse à ses compatriotes, pas aux Français.

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  3. Oui en effet.
    J'avais bien compris qu'elle s'adressait à ses compatriotes, mais cela n'empêche pas à nous autres français de réfléchir autrement sur la culture, car même si l'on peut noter un certain dynamisme, l'agitation révèle parfois la confusion d'une situation, l'illusion d'efficacité. Bouge la culture...

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  4. C'est Jack Lang qui a inventé cette "dynamique" et en a retiré une haute position dans l'estime populaire.
    Ses successeurs s'attachent tous à ne pas "démériter" ...

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