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A la Saint-Louis

jouteur sétois
Aujourd'hui Sète sort ses barques de joute : c'est la Saint-Louis, patron de la ville. Je n'y serai pas, pas plus qu'à la sortie des daurades en septembre. Hélas ! Et chaque année je cherche pourquoi les Sétois presque tous d'ascendance génoise, ont-ils choisi le roi franciman comme patron, celui-là même qui au prétexte d'achever la purification des âmes égarées, conquit définitivement l'ancienne Narbonnaise gouvernée par les maisons prestigieuses et puissantes de Saint-Gilles, de Barcelone et d'Aragon. Elles valaient bien autant que la maison de France à tous égards, sauf peut-être d'être secondes dans l'amour que leur portaient les papes de l'époque, véritables conquérants d'espace par le fer et par le feu, imitant en cela leurs concurrents islamiques.
La Croisade des Albigeois me reste en travers. Désolé ! ...

la Sainte Chapelle de Paris
Saint Louis fut-il ce roi de vitrail mort pour la Croix, qui fait encore aujourd'hui pâmer les jeunes scouts, ou plus sûrement le capétien rusé asservi à l'ouvrage d'agrandissement du pré carré initial jusqu'à toutes les mers ?
Que son père Louis VIII ait été tué sous les murs de Montpensier d'Auvergne sous les acclamations (posthumes) de tout le Languedoc, ne fut peut-être pas pour rien dans la constance des efforts militaires de la régence de Castille contre Raymond VII de Toulouse dont on prendra la fille au traité de Paris (1229), pour la marier au frère du roi, Alphonse, lequel dès lors couvera la province très légalement. A la mort de ce dernier, le comté de Toulouse sera réuni à la couronne de France sous Philippe III, avec le marquisat de Provence dont il avait hérité de la maison de Toulouse.

louis 9 à Damiette
Louis IX mariera la fille aînée du comte de Provence dans le même dessein de capter ensuite l'héritage mais son destin provençal n'a pas percé dans l'histoire. C'est la maison d'Anjou qui marquera les mémoires. Parisien (né à Poissy), le roi Louis IX a laissé l'image d'un roi-jurisconsulte écouté et d'un juge en dernier ressort de la trempe d'un Salomon. Il fut également un arbitre international ; qui plus est, un "lieutenant de police" assez brutal dans son impatience à décaper son royaume à l'acide de la foi, jusqu'à brûler des piles de Talmud en place de Grève, faire porter aux juifs une rouelle jaune sur leur vêtement, les taxant sans vergogne à peine de bannissement, et expulsant les prostituées des enceintes de la ville mais - la chair est faible - les autorisant à commercer sous les remparts sans la protection de la loi, etc...
Aussi est-ce sous les acclamations du peuple qu'il partit pour la croisade !
Enfin seuls !

débarquement de Louis 9 en palestineLes mauvais esprits insinuent que sans diminuer sa piété, on puisse admettre qu'il instrumentalisa la religion et ses princes au bénéfice de sa diplomatie dans les affaires extérieures, mais surtout à l'abaissement des grands féodaux qui lui disputaient la "terre promise"... en France. Il en mourut beaucoup de ses chevaliers barons et ducs sur la route de Palestine, autant qu'il n'aurait pas à combattre au retour. Ses pieuses intentions résonnaient du droit divin octroyé par saint Rémi. Qui bousculait le roi, s'en prenait au lieutenant vivant sur terre du Dieu vivant au Ciel. Que pouvaient ajouter ses adversaires à cela ?

Ce qui doit rester de Louis IX n'est pas la mort par dysenterie sous les murs de Tunis mais sa vista politique de l'ouvrage monarchique. Il inscrivit le projet capétien dans la durée en posant le principe d'une justice droite et dure, tant dans le domaine des moeurs que dans celles des choses de l'Etat. Il créa le contrôle permanent des caisses royales, future Cour des Comptes, codifia le monnayage féodal et la monnaie du roi, et règlementa tous les métiers de Paris.
Comme tout roi capétien, ce fut un souverain très consciencieux, première qualité de la dynastie.

Et comme il apporta de la matière à la grande histoire de la chevalerie chrétienne, ses guerres font la trame d'un roman palpitant que Joinville nous a laissé. Sa canonisation par le pape Boniface VIII, 27 ans seulement après sa mort, rejaillira sur le prestige de l'Eglise, échange de bons procédés.

Sète a sans doute choisi le roi de guerre aux 1800 navires de la Septième Croisade plutôt que la statue polychrome de plâtre fleurdelisée qui penche la tête vers le tronc à piécettes. C'est cette image de vainqueur que nous préférons de lui. Saint-Louis du Missouri a la plus belle :

le St Louis de saint-Louis


blason de l'abbaye d'Aniane
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Commentaires

  1. Je suis emballé de voir que vous savez prendre vos distances, lorsqu'elles s'imposent, avec la louange officielle et sans nuance de la dynastie Capétienne, qu'on rencontre chez les supporters d'une certaine mouvance de pensée que vous connaissez bien.

    Il est normal que " ça ne passe pas" ! D'un autre côté, le déclencheur de tout cela a été l'assassinat du Légat pontifical...

    Il est vraisemblable que sans cet événement on aurait trouvé un autre début à la guerre anti-albigeoise... Et la doctrine assez insensée que soutenaient les Cathares, qu'aurait-elle donné sans cela ?

    Je crois que ce sont précisément les manoeuvres de long terme de la dynastie capétienne, leur application sans état d'âme, qui ont été la longue raison d'une désaffection tout aussi longue, et qui demeure en core aujourd'hui.

    Quant à la description des mesures de Louis IX, celles des prostituées, on se croirait aujourd'hui...

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  2. Le dessein du "pré carré" était forcément hégémonique puisque les marches du royaume en construction n'étaient pas désertes.
    La croisade des Albigeois fut la première guerre de religion, elle justifiera toutes les autres. On doit normalement devenir agnostique quand on observe l'Horreur au nom du Dieu d'amour !

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