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OIF et crise mondiale

affiche 12° OIF QuebecLes francophones tiennent leurs assises à Québec le week-end prochain dans le cadre du XII° sommet de l'Organisation internationale de la Francophonie présidée par M. Abdou Diouf. Le secrétaire général de l'ONU, M. Ban Ki-moon, ouvrira le ban vendredi soir (pas fait exprès). Le programme ambitionne de creuser quatre questions :
- démocratie et Etat de droit, gouvernance économique, environnement et la langue française.
Mais il se pourrait, qu'en raison de la forte présence de "pays du Sud", une vraie dispute s'ouvre sur les dommages collatéraux que le Tiers-Monde va subir du fait de l'engagement monstrueux de disponibilités par les pays de l'OCDE dans le but de sauver leur système bancaire et freiner la récession qu'ils attendent de pied ferme. "Qui se soucie des écuries quand brûle le château ?" (c'était de Louis XV, paraît-il, avant qu'il ne largue ... le Canada).

Les trois premiers enjeux programmés m'apparaissent assez convenus - on pourrait sans peine rédiger d'avance le communiqué final de chacun - pour ne pas dire "bidon" dans une assemblée pour la francophonie qui devrait s'investir à fond dans le rayonnement de la culture et de la langue française, à travers des agences exécutives spécialisées comme l'Alliance française et quelques autres à créer dans le monde numérique. Mais les bureaucraties de l'étage international aiment bien ces "panels" filandreux sans surprises sur le climat, l'eau, la gouvernance démocratique, les droits de l'homme. Cette fois, elles n'ont rien pu préparer parce qu'elles ne pilotent rien.
La crise financière s'invite sans carton au dernier moment. Un désastre pour les plumitifs !

M. Abdou DioufM. Diouf qui a l'oeil vif et surplombe les problèmes déclarait hier : « La crise bancaire, la crise financière et avant cela la crise alimentaire, la crise énergétique: tous ces problèmes devront être au menu des chefs d'Etat et de gouvernements » A la corbeille, deux ans de travail du secrétariat de l'OIF ! (actualité de la préparation du XII° sommet sur Canoë info).

Les pays du Tiers-Monde subissent depuis quelques années les effets de la lassitude des pays développés qui mesurent la stagnation de certaines situations économiques et sanitaires, sinon même leur dégradation, en dépit de contributions soutenues. Nous avons déjà parlé ici de la difficulté de déclarer une vraie guerre à la misère sur le tissu politique actuel complètement inadapté et prédateur. Deux billets entre autres à noter :
- limite de la globalisation : Fin de l'utopie globale
- corruption morale : Dakar Africa

enfants d'AfriqueDepuis lors - et c'est bien en Afrique que tout va plus mal - le Zimbabwe a tourné à la tragédie au point que ses habitants fuient vers l'Afrique du Sud pour y subir de véritables pogroms. L'Afrique du Sud n'a résolu aucun de ses problèmes socio-économiques fondamentaux et la fin prometteuse de l'apartheid a juste renouvelé la classe des négriers. Ses résultats, masqués par des rentes minières importantes, sont accablants et le pays est rongé par le SIDA dont l'épidémie était niée par l'ex-président Mbeki. Or la RSA est la seule locomotive de l'Afrique australe pour ne pas dire la seule locomotive d'Afrique noire. Autour d'elle, on voit les crédits budgétaires détournées pour suréquiper des armées nationales de guerre civile comme le montrent les saisies de navires en mer d'Aden et dans le canal de Mozambique. De la Somalie au Niger les troupes sans soldes rodent, tuent, encaissent. Et dans certains pays plus calmes, les escadrons de la mort présidentielle n'en font pas moins mais en nocturne ! Tout espoir de développement est vain dans ces conditions, et il n'est pas besoin de pousser les études pour s'en rendre compte ; quinze jours de voyage en Afrique noire expliquent tout. D'accord, on y croise partout des Chinois ; c'est mauvais pour le français.

Le XII° sommet de l'OIF devra constater que, si les 3 trillions de dollars qui viennent d'être affectés par les pays de l'OCDE au combat économique et financier contre la psychologie des gnomes ne sont pas retirés des flux financiers de la planète, ils ont été quand même spécialisés. Cette spécialisation va naturellement réduire sinon assécher le flux secondaire des opérations banales dans lequel entrent les crédits de développement du Tiers-Monde. Au déclassement de priorité vitale pour "nous" (le château, les écuries) s'ajoute la lassitude dénoncée ci-dessus.

La plainte attendue des pays du Tiers-Monde et surtout ceux du Tiers-Monde africain ne sera pas écoutée tant que la gabegie administrative et le drainage militaire continueront. Quelles que soient les promesses affichées à destination des opinions nationales, les crédits du quotidien vont se tarir vers les régions douteuses en crise et en guerre. Hors la pacification forcée du sous-continent noir, il n'y a pas d'issue. La guerre à la misère (une vraie guerre) ne sera jamais lancée par le Nord avant un désarmement général des satrapes fous et des ogres.

Johannesburg
Nous sommes loin des problèmes de la langue française. D'ailleurs le président français n'assistera pas à la séance plénière consacrée à cette question.
Le billet Dakar-Africa se terminait ainsi :
« C'est à ce chantier de démilitarisation contre développement, exploré par mon jeune et brillant ami sénégalais, que les pays occidentaux et africains devraient s'atteler, et ne plus se cacher derrière le (gros) doigt des ONG et des bailleurs de fonds internationaux qui versent sans discontinuer leurs aides routinières au tonneau des Danaïdes, pour sauver l'honneur.
L'histoire a montré que de vastes espaces de paix sont une base certaine d'enrichissement mutuel. Le problème n'est plus seulement économique, ni humain, mais politique au sens noble. Est-il nécessaire de concrétiser au même moment une nouvelle situation apaisée par une organisation transversale ? Jusqu'ici ces tentatives ont été risibles, mais avec les jeunes générations compétentes et affranchies des réflexes tribaux, le continent pourrait tenter alors de se réunir afin de vivre sans nous. »

Rien à changer !



afrique iceberg
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Commentaires

  1. Les garanties et disponibilités dégagées pour contrer la crise psychologique financière laissent rêveur.
    Le monde a les moyens de faire cette guerre à la misère dont vous parler.
    Mais il faut d'abord hélas "nettoyer" le champ de manoeuvre.

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