mercredi 29 avril 2009

In memoriam Prèz Bouton

fusain BoutonUn grand commis de l'Etat aux dents qui raclent s'éclipse. L'inspecteur des Finances Bouton libère la Société générale de sa morgue légendaire après avoir fait fortune.
Promotion Rabelais du Génie bureaucratique (ENA 1973 dont Fabius, Jaffré, Longuet et Léotard), le petit-fils de cantonnier, racheté par la République, fera de la plus triste des Trois Vieilles¹ la banque la plus rentable de la place. Ses clients n'en furent jamais étonnés qui doivent payer à chaque case du Monopoly bancaire à tel point qu'on glose sur le projet bidon de mettre des serrures à pièces au sas de sortie des agences SG. La seule circonstance atténuante est l'indéfectible sponsoring du rugby français par la Générale ...

Formé à l'arrogance dans les cabinets Papon et Juppé, Bouton est un organisateur précis et froid qui s'est fait la réputation d'un type infect mais dangereux comme un loup, ce qui ne l'empêcha pourtant pas de marcher sur des mines posées à découvert comme, entre autres, l'affaire Sentier 2² et la surexposition notoire de Kerviel sur le marché d'indices.

Dans tous ces cas, les dirigeants de la Banque, Bouton en tête, ont plaidé leur bonne foi et la trahison de la chaîne hiérarchique subalterne si le lampiste-fusible ne voulait pas sauter. Jamais personne ne confierait le volant de sa Porsche à Stevie Wonder, mais dans la banque ça se fait.

Le retraité Bouton laissera la trace d'un patron cupide - il aura aussi joué contre sa propre boîte comme le révèle bakchich info - qui termine sans honneurs une carrière de grand fauve par une retraite à deux mille euros par jour.
M. Bouton est chevalier de la Légion d'honneur et va tous les quatre mercredis à l'Automobile Club de France, place de la Concorde.

Quand la ploutocratie se régénère dans le service de l'Etat, on peut diagnostiquer un cancer en phase terminale. Le peuple - celui qu'on appelle aujourd'hui l'opinion pour le faire penser - abruti de déflation, sans repères ni projet, va trouver saumâtres les succès de son élite protégée et l'établissement de "leurs" familles dans un avenir blindé à l'épreuve des misères futures que les mêmes lui annoncent.
Quelque chose s'achève dans la putréfaction morale.


Note (1): les trois banques nationalisées le 2 décembre 1945, la Banque nationale pour le commerce et l'industrie (BNP), le Crédit Lyonnais, la Société Générale. Une quatrième, plus petite sera également nationalisée, le Comptoir national d'escompte de Paris qui sera avalé par la BNCI en 1966.
Note (2): blanchissage classique de plusieurs milliards d'euros de chèques via Israël (la Justice a relaxé M. Bouton et la SG). :)




Si l'article vous a plu ou déplu, vous pouvez aussi le faire suivre à un ami en cliquant sur la petite enveloppe ci-dessous :

1 commentaire:

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.

Les plus consultés sur 12 mois