mardi 5 mai 2009

UE : désunion est-ouest

tract ARDans un mois, les électeurs royalistes porteront les listes de l’Alliance Royale au-delà des trois pour cent auxquels elles ont droit et qui lui permettront de rentrer dans ses frais de campagne. Bien que la situation s'éclaircisse par le retrait de Paul-Marie Coûteaux et son retour aux fondamentaux chevènementistes, cette démarche de notoriété de l’offre monarchiste est difficile ; elle mérite un coup de chapeau le 7 juin prochain. N’écoutez pas les bétonneurs du bunker qui se retranchent en pure perte dès lors qu’ils ne seront jamais attaqués par quiconque. Ils n’ont pas pignon sur mainstreet et ne le souhaitent pas.

La crise actuelle met en lumière un début de fracture entre l’Europe occidentale et l’Europe orientale, mais à y regarder de plus près on s’aperçoit qu’elle date de la crise géorgienne, et c’est par la Politique européenne de sécurité et de défense que nous commencerons le constat …

PESD : Crise géorgienne. Avec le déroulé minute par minute des opérations des uns et des autres sur la foi des communications interceptées et des reportages sur zone, les services et les agences s'accordent à y voir une provocation hâtive des Georgiens qui pensaient boucher le trou de souris du tunnel de Roki afin de stopper tout renfort russe pendant la mise au pas de la rébellion ossète ... au moyen d’orgues de Staline (un natif du cru). Le président géorgien, se drapant comme dans un gilet pareballes de tous les drapeaux occidentaux que sa secrétaire avait trouvé à la militaria shop du quartier, avait oublié que l'ours russe savait voler par dessus le Caucase et marcher sur l'eau de mer même noire ! Mais aussi que Dick Cheney jugerait le danger exclusivement à la situation réelle sur le terrain au droit de "son" pipeline. Ceci dit, les pays de l'Est ont par réflexe, fait cause commune avec la Géorgie, en produisant beaucoup de tapage comme lors de la révolution orange de Kiev, dans l’intention d’emmener toute l’Europe derrière eux. L'Allemagne et la France n’ont pas mobilisé. Les garde-frontières russes viennent d’arriver aux postes de douanes méridionaux d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud, sans réactions notoires du binôme continental précité. La divergence d'intérêts entre l'Europe occidentale et l'Europe orientale est patente. La Russie a 6000 têtes nucléaires.

roki
Les pays de l’Est ont assimilé l’évidence qu’aujourd’hui pas plus qu’en 1938 les Européens de l’Ouest ne voulaient mourir pour Prague ou Varsovie. Ne leur reste comme allié crédible que les Etats-Unis. On va s’apercevoir de plus en plus de leur atlantisme forcé.

Paquet énergie-climat
: il commence à y avoir beaucoup de monde sur le marché médiatique du réchauffement et ce n'est pas facile de laisser sa marque. L'empreinte borloo-sarkozienne sur le climat s'est dissoute à Gdansk dans le pinaillage habituel des éternels requérants de subsides pour réduire leur dioxyde de carbone à nos frais ! Quand nous en débattîmes cet été la crise n’avait pas explosé. On sait maintenant qu’il n’y aura pas de subsides de la part de l’Ouest. Alors les pays de l’Est se retireront du paquet climat et on ne pourra pas convaincre la Chine, le Brésil et l'Inde en ordre dispersé. Les pays de l’Est affaiblissent notre pression sur ces pays émergents, même si quelque part on ne peut en vouloir à la Chine de faire aujourd’hui la révolution industrielle que nous avons terminée il y a cinquante ans. Dommage pour la Planète.

bouteflikaUPM : Nous ne sommes qu'aux prémices administratifs de L'Union pour la méditerranée et toute concrétisation dépendra du nouveau gouvernement israélien de monsieur Netanyahou. Quand il aura enfin affiché une feuille de route acceptable par les Américains, ... c'est le Maghreb qui se déchirera. Le président Bouteflika triomphalement réélu et le roi Mohamed VI s'y emploient à plein temps. Hélas, la question méditerranéenne aurait pu évoluer favorablement entre riverains car il y a une certaine complicité autour de cette mer. La pression de la rive nord aurait été plus efficace si la jalousie allemande ne l’avait diluée. Le sabotage d’Angela Merkel qui visait à préserver ses positions turques, a embarqué tous les pays de l’Est qui n’ont rien à y faire – pas plus d’ailleurs que les pays danubiens – sinon à vouloir diminuer systématiquement les moyens consacrés à la Méditerranée, au profit de leur propre développement. Après tout se disent-ils, nous sommes dans l’Union et le Makhrek n’y est pas. Nous d’abord ! Sauf que les intérêts français traditionnels sont plus sensibles sur la Méditerranée que dans les brouillards de la Vistule. L'Union méditerranéenne élargie a le destin d’un astrakan, au mieux celui du Protocole de Barcelone qui a été figé par le conflit palestinien.

Mais le morceau de gloire, c’est la Crise
!
Enthousiasme, force de conviction, aisance au pupitre, tout le monde fut d'accord sur le charisme du panéliste Sarkozy et ses capacités de mobilisation de l'auditoire, à la réserve près qu'il ne s'agissait pas de campagne électorale mais de tenter de faire coaguler les intérêts de 27 pays. Après des rappels nourris aux feux des caméras, l'Angleterre, la France, l'Allemagne et l'Italie ont choisi de se payer la relance mais chacune pour y pousser des politiques nationales adaptées à leurs besoins propres, même si le fonctionnement du Marché unique pouvait brider ou annuler l'effet de certaines bonnes idées. Les synthèses du président de la Commission qui brandissait 200 milliards d'euros de relance, choux et carottes mélangés, ne trompèrent personne. La Commission ne pouvait avancer que 15 milliards sur ses caisses et montra ainsi qu’elle n’existait pas dans la cour des grands. Elle n’est qu’un hologramme.

Le G20 de Londres a acté de notre aveuglement par capitulation devant le keynésianisme anglo-saxon, et les pense-court, même de notre bord, applaudissent comme des otaries à la débauche de fonds pressurés sur l’épargne des contribuables et engagés sur les revenus futurs de gens qui ne sont pas encore nés.

émeute budapestDans la tourmente, les économies fragiles de l’Est peuvent être détruites aussi sûrement que si le communisme revenait. Les déficits publics créés par la reconstruction et les politiques sociales en sus de l’endettement des ménages pressés de consommer – on les comprend un peu – n’étaient supportables qu’avec des balances exportatrices. Or les débouchés occidentaux sont pour le moment sans demande et les investissements étrangers cessent là comme ailleurs.
Le chômage déjà important qui pèse sur les salaires, est aggravé par le retour des émigrés chassés de l’Ouest par la crise ; crise qui frappe d’abord les secteurs qui avaient été investis en priorité comme l’automobile ! Très engagés dans des politiques coûteuses, l’Europe occidentale ne distraira pas de moyens supplémentaires pour secourir les pays de l’Est, leur montrant ainsi les limites de la solidarité affichée pour la gloire d’une Union qui n’existe pas dans la tempête. Il est heureux que la Russie, elle-même empêtrée dans son africanisation, ne puisse saisir l’occasion de « secourir » ses anciens alliés dans la panade.

Reste la question, ouverte comme une plaie, de l’élargissement
. A la fin de la présidence française, des incertitudes demeuraient sur les contours institutionnels de l'Union avec ou sans Lisbonne, mais surtout sur le sens des politiques de coopération menées avec les États limitrophes (Turquie, Ukraine et même Caucase) et l’on ne peut dire que la présidence tchèque, bordée d’un côté par les rodomontades sympathiques mais inutiles du président Václav Klaus, accompagnée de l’autre par la vitrification du premier ministre mis en minorité à la Diète de Prague, ait permis de contrer l’ottomanie du président Obama, qui a vu la faille « vieille-nouvelle Europe » pour s’y engouffrer et l’agrandir. Va-t-il fourrer le prochain élargissement de l’Albanie mafieuse, du Kosovo mafieux, de la Transnistrie mafieuse et de la Moldavie communiste ? Les pays de l’Est ne diront pas plus … dès lors qu’ils ont été abandonné dans les affaires ukrainienne et géorgienne.

murDans chacun de ces domaines, on détecte les traces de l’ancienne séparation bloc à bloc, et cette résurgence d’une forte différence ne semble pas être une préoccupation majeure d’aucun bord. A dire vrai, l'idée fédérale européenne n'est peut-être pas assimilée par nos dirigeants européistes autant que ne le crient nos amis souverainistes. Deux crises majeures ont fait reculer la fédération : Caucase et crise économique mondiale. Quand la situation est grave, la fédération ne marche pas, avec ou sans traité constitutionnel. L'encre de Lisbonne à peine sèche, il aurait été violé au motif de l'intérêt suprême de chaque nation, sauf peut-être par celle qui aurait eu au moment le commandement du Système !

La promotion de la Confédération des Etats est donc encore possible et peut être entendue par les électeurs européens lors du scrutin prochain. Il suffirait de l’argumenter.



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