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Dédoublez les amarres

caricature guadeloupeCeux qui aiment nos Antilles doivent lire le rapport de Baudoin Lafosse-Marin* sur les évènements du premier trimestre 2009 qui ont provoqué les Etats Généraux de l'Outremer et enclenché la marche à l'indépendance, ou plus sûrement dit, le largage des îles indociles. [Télécharger le rapport LM].
Le mouvement revendicatif mené par des planqués de la fonction publique participe d'une subversion des enceintes politiques conduite dans le seul but de conquérir les leviers financiers d'un pouvoir qu'on espère juteux, le tout enrobé d'idéologie attrape-cons ; la première mouche collée au ruban fut Bébé Besancenot qui partit voir le grand soir noir.
(*) grand béké de Martinique, ancien secrétaire général de l'union patronale
Les statuts de l'Union Générale des Travailleurs Guadeloupéens déposés en préfecture sont explicites : « Nous devons détruire le système en alliant luttes légales et luttes illégales, luttes pacifiques et luttes violentes, luttes intérieures et luttes extérieures... Nous devons faire en sorte que nos méthodes de travail servent au point de déstabiliser la base des organisations. Il s'agit pour l'UGTG d'impulser le mouvement de déstabilisation économique. » (art. 7 et 8)

La police politique des tontons macoutes qui avait investi rapidement toute l'économie de voirie et "géra" la pression sur les autorités ne laisse pas de doute sur l'agenda des meneurs. Le président de la République a eu tout à fait raison de les montrer du doigt et de les menacer, lors de son discours de Petit-Bourg le 29 juin.
En revanche, l'angélisme "pov'nègue" de M. Jego et l'indulgence des médias métropolitains à l'endroit des déclarations de M. Domota ont pu laisser croire que dans certains esprits les îles "voguaient déjà loin".

manif LKP
Le rapport LM note : « L'État ne pouvait pas ignorer ces faits. Fin observateur, le préfet, entouré de tous les hauts fonctionnaires et des élus, tous bons connaisseurs de la réalité économique et sociale, ont certainement informé les hautes autorités et leur ont indiqué que la réalité économique et sociale n'était pas conforme aux déclarations [ndlr: de l'insurrection], que les relations des différentes composantes de la communauté antillaise n'étaient pas, dans leur grande majorité, celles décrites par la presse aussi bien nationale que locale. Tout cela relevait d'une immense désinformation. Que l'État se soit prêté à ce triste jeu est indigne d'une véritable démocratie.»

domotaCe n'est pas l'Etat qui a fait cesser le mouvement de déstabilisation mais la Nation : la publication d'un sondage Opinionway dans Le Figaro Magazine du 26 février dernier, révélant qu'un majorité de Français n'avaient rien contre l'indépendance des Antilles, a dégonflé le courage des sympathisants guadeloupéens du LKP ? Plus de transferts sociaux, plus de justice indépendante, népotisme et clientélisme forcés, un niveau de vie divisé par quatre sinon plus, on connaît le voisinage des îles non françaises, on connaît l'histoire ... c'est celle d'Haïti ! On avait beaucoup parlé de Toussaint-Louverture lors des émeutes.
Trop c'était trop. Le risque devenait énorme, et la République capable de tout lâcher à l'issue de quelque émeute meurtrière dont les images auraient fait le tour du Monde en dénonçant une répression de type colonial.
Pas si fous, les Antillais de la majorité silencieuse !

Reste que tout ne va pas si bien là-bas dans le corset d'une économie captive, et que la raison du plus fort est parfois la meilleure. Le racisme est sousjacent malgré les déclarations à la United Colors of Benetton. Un grand béké dont je tairai le nom m'expliqua lors des évènements pourquoi l'explosion avait eu lieu en Guadeloupe. Fasten your seat belt !
« Au "temps béni" du commerce nantais [humour], le circuit triangulaire servait d'abord Saint-Domingue et ses Seigneurs triaient le premier choix, le plus cher. Les navires redescendaient ensuite vers ces Messieurs de la Martinique qui se disputaient aux enchères le second choix sans défauts. Puis les navires vidaient leurs cales du tout-venant à la Guadeloupe avant d'aller charger le fret de retour. Il fallait bien une organisation dans ce commerce international ! »

jégoL'ancien patron de Nouvelles Frontières, Jacques Maillot, témoigna du blocage mental des Guadeloupéens incapables de servir dans un hôtel en souvenir de l'esclavage de leurs ancêtres. Qu'y peuvent les autres de nos jours, et que dire de tous les métis de Martinique qui font du bizness sans s'occuper des toiles d'araignées de l'histoire ! Il n'est pas possible de réparer cette intoxication patiemment dosée (par qui?) depuis des décennies, qui fait croire aux plus modestes que s'ils n'arrivent à pas grand chose c'est parce qu'ils sont vus comme des nègres.
Le constat est fait par M. Sarkozy lui-même : Aujourd’hui, je sais combien l’atmosphère est encore lourde dans l’Archipel… Les Guadeloupéens ont encore du mal à se parler entre eux. A force de rendre l’ « Autre » toujours responsable de tous les maux, la méfiance et le ressentiment se sont installés un peu partout. Cet « Autre » si commode à désigner comme bouc-émissaire: le voisin, le patron, le Français de l’Hexagone, l’élu, le représentant de l’Etat, l’immigré… Est-ce de cette société dont vous voulez ? Est-ce dans un monde replié sur lui-même que vous souhaitez élever vos enfants ?

LynnshaL'intérêt général lâchement invoqué par le LKP à bon dos !
« Où est l'intérêt général des centaines d'entreprises qui disparaîtront, des milliers de salariés du privé qui resteront « sur le carreau », des milliers d'entrepreneurs qui seront ruinés pour avoir pris le risque de développer l'économie au lieu d'être dans la fonction publique ?
L'État, la fonction publique, la fonction territoriale seront-ils capables de les embaucher ? Les journalistes, tant au niveau national que le local, qui auront facilité ce mouvement, lui donnant toujours plus d'ampleur, facilitant la désinformation, y contribuant même, aideront-ils ces milliers de personnes à retrouver leur place dans l'économie¹ ?» (rapport² Lafosse-Marin)
La République endettée jusqu'au cou ne fera pas grand chose derrière les états généraux de l'Outremer sauf à proposer aux Antillais de leur garantir les droits acquis (tant qu'on pourra payer), contre leur participation active à l'économie difficile de ces îles. Si les Antillais persistent en nombre à vouloir un niveau de vie européen sans mettre au pot du courage et de la tenacité laborieuse, nous serons obligés de les larguer dans moins d'une génération. C'est ce que M. Sarkozy laisse comprendre par "le repli sur soi-même" : tout seuls bien sûr !


Note (1): le rapport de conjoncture est édifiant. Cliquer ici.
Note (2): sont attachés au rapport original Lafosse-Marin quelques textes de circonstances de l'UGTG très révélateurs.



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Commentaires

  1. Voici les derniers chiffres publiés par l'IEDOM (Institut d'émission d'Outre-mer) - synthèse
    trimestrielle de juin 2009 (ci-jointe).

    Sur fond de crise mondiale, on relèvera quelques chiffres concernant la Martinique (c'est à a peu près la même chose pour la Guadeloupe) montrant les effets de la grève de févier-mars 2009 sur les résultats trimestriels:

    Importation de biens d'équipement: -3%
    Importation de biens de consommation: -21%
    Activité touristique (taux d'occupation des hôtels): 47% en mars 2009 contre 72 % en mars 2008.
    CA de la grande distribution: -35% en mars 2009 en cumul sur un an
    Ventes de ciment (du fait du gel ou de l'annulation des projets
    d'investissement privés dans le secteur de la construction): -44% sur un an
    Exportations de l'industrie agro-alimentaire: -22% entre décembre 2008 et mars 2009

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  2. La synthèse mentionnée par Ulysse est le rapport de conjoncture annoncé par la note (1) au présent billet.
    Merci Ulysse.

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  3. La métropole n'a plus les moyens de se payer des danseuses exotiques. Nos voisins concernés (NL et GB) ont accordé une indépendance à 99% à leurs possessions caraïbes pour les mettre au niveau de vie régional et crever la bulle artificielle d'une richesse "importée".
    Au travail, les Antilles ... !

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  4. L'indépendance des Antilles ? Selon le secrétaire d'Etat à l'Outre-Mer, Marie-Luce Penchard, il n'y a « aucune question taboue. C'est aux Antillais et à leurs élus de se prononcer librement sur toutes les évolutions politiques, dans un sens ou dans l'autre ».
    Dont acte !

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