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Hisahito le chouchou

SAR HisahitoEn ce vingtième anniversaire de règne de l'empereur Akihito, son Altesse Impériale le prince Hisahito d'Akishino s'est habillé tout seul après avoir fait sagement ses devoirs. Il a trois ans. Surveillé par tout le peuple nippon comme la prunelle de ses yeux, il est le seul descendant mâle de la lignée Yamato depuis quarante ans, et donc destiné au Trône du Chrysanthème quand viendra l'heure choisie par la déesse solaire Amaterasu. Son emblème est le pin parasol du Japon, son nom de prince évoque le calme et le temps long, ce dont le Japon a le plus grand besoin aujourd'hui.
Privée de ses pouvoirs politiques par le chaos de la Seconde guerre mondiale, la maison impériale rassure par son étanchéité aux modes et son impassibilité légendaire. Rien ne dit que les temps futurs ne convoqueront pas au conseil des hommes un empereur détaché des intrigues, indépendant des lobbies, juge-arbitre des causes graves. Ce pourrait être Hisahito.

Du moins, cette "présence" quelque part magique d'une vieille maison impériale à portée de voix, influence-t-elle l'axe de réflexion du pouvoir qui met de plus en plus l'accent sur l'avenir du futur nippon défié deux fois, d'abord par une démographie négative qui construit l'archipel des vieillards, ensuite par l'émergence de la Chine dans une posture impériale dont les dirigeants travaillent aussi à long terme, et dont le Japon, qui n'a rien oublié, est bien placé pour anticiper les effets sur lui-même.

Premier ministre HatoyamaL'accession du Parti Démocrate aux affaires sous la conduite de Yukio Hatoyama signale un virement de bord carré de l'Empire, bien plus sérieux que la réintroduction des seize rais de soleil aux mâts de beaupré des navires. D'abord les enfants ! La démographie négative poursuivie pendant de décennies pour faire survivre un forte population fourmillant sur des îles peu fertiles induisit des comportements malthusiens qui pourraient ruiner l'économie de l'archipel. Il est donc décidé de favoriser par tous les moyens la natalité, en réorientant des crédits d'équipement et des économies de fonctionnement des administrations* vers des dispositifs d'aide à l'enfance et aux mères. La première mesure sera de "dé-précariser" l'emploi des femmes qui sont enceintes et aujourd'hui marginalisées en entreprise. Suivent les garderies, crèches, centres de protection maternelle et infantile, etc. Beaucoup d'argent mais aussi un changement de mentalités en direction des hommes, qui sous des dehors policés se conduisent le plus souvent comme des "beaufs".
*le Bureau de la Stratégie d'Etat est chargé de réformer le mammouth nippon.

pavillon japonaisL'autre question est sans doute plus facile car elle s'appuie sur un consensus national - au grand dam de la conscience universelle portée par de grands ventilateurs comme notre bon docteur Kouchner et madame. Il Giappone farà da sè ! Le traité de San Francisco, vous pouvez vous le carrer dans le fion, vous nous créez plus de problèmes que vous n'apportez de solutions. L'interlocuteur utile de la région Extrême Orient n'est plus l'Amérique, même si Obama vient se mettre à genoux un jour ou sous peu à Hiroshima et à Nagazaki. L'interlocuteur qui risque de décider pour les autres, c'est la Chine trimillénaire, juste là, de l'autre côté de la mer, à portée de voix, et qui s'adresse en permanence à ce jeune Japon bimillénaire. Il n'y a plus vraiment de place autour de la table pour les Indiens de la Plaine, et surtout depuis qu'ils amènent avec eux le grand sachem musulman du Kenya ! Faire un succès diplomatique en Asie en pareil équipage serait tout à fait nouveau. C'est plus fort qu'eux. Pavlovien ! Rien pour eux ne peut être sérieux venant d'une panthère noire ; or les temps sont terriblement sérieux en Extrême Orient, où une bombe atomique est jouée au bonneteau coréen chaque jour. Ce n'est pas le camelotage de la première année de présidence démocrate qui les fera changer d'idée, même s'ils décidaient de passer outre leur racisme feutré.
Obama arrive demain.

geisha ©KedralynnIci, dans ce beau pays qu'aiment tant les Japonais, nous avons par comparaison, un petit bourgeois hypertendu, parvenu en tête de gondole par défaut de concurrent sérieux, qui se goinfre tant qu'on le sert à l'oeil, lui et les siens, innombrables siens. Gageons qu'à l'issue de sa fonction, il commencera à compter ses sous à lui, à moins d'avoir le gîte et le couvert chez un pote millionnaire comme son prédécesseur, mais cela servira-t-il à quoi pour l'hôte, d'avoir un baratineur à table sans culture ni pouvoir qui agite la gourmette ?
A l'inventaire des frasques coûteuses du petit reître, il nous est désormais interdit de critiquer la gouvernance africaine, sous peine de faire pisser de rire tout l'incontinent noir. Par delà l'Union Pour la Méditerranée mort-née, portons-nous candidat à l'Union Africaine, en profitant du piston de Jean-Christophe Mitterrand.
Le monde de demain, trop complexe, trop dangereux, échappera aux mains éphémères des amateurs et sera celui du temps long de gens impliqués charnellement. Si nous voulons assister au match, il nous faudra cesser la bouffonnerie du régime oligarchique actuel qui nous ruine, et passer au modèle éprouvé de la monarchie qui, si elle ne nous enrichit pas du jour au lendemain, nous attirera déjà le respect d'autrui que nous avons perdu. Ça compte !

PS : Si vous voulez briller dans les dîners en ville, avalez déjà les Annales des empereurs du Japon, succès garanti. Si BHL vient avec sa femme, vous repartez avec elle. Garanti.


l'empereur et l'impératrice du japon
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Commentaires

  1. La photo avec l'ombrelle est un enchantement.

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  2. Merci du compliment sur la photo, mais je n'ai fait que la choisir, pas la tirer.
    Barack Obama a réaffirmé que les Etats-Unis étaient une puissance du Pacifique, ce qui augure mal de la suite quand il est besoin d'enfoncer pareille porte ouverte.
    Il s'avère que "la puissance" ne sait sur quel pied danser en Afghanistan, et que son indécision dans l'affaire de Corée du Nord, laisse croire aux puisances résidentes que sont la Chine et le Japon que le déclin est annoncé.
    D'où la lente mais régulière conversion des réserves monétaires US dollars sur toute la zone "Asie", en n'importe quoi d'autre.

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  3. Le discours de Barack Obama à Tokyo est accessible en ligne sur le site de la Maison Blanche.

    C.

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