mardi 17 novembre 2009

Obama vend les Droits

jeunes filles à l'Hôtel de Ville de S'haiLa transcription du discours de Shanghaï est enfin accessible sur le site de la Maison Blanche. C'est un bel exercice oratoire qui confirme que le candidat Barack Obama était de loin le meilleur et méritait son élection. Comme au Caire, comme à Strasbourg, il tient la pose sans une note, avec un seul verre d'eau. Il nous confirme aussi que la réunion de Pékin ne sera pas le nouveau Yalta augurant du G2 dont tout le monde parle. Même si la communauté de valeurs a été abandonnée car impossible à créer et faire vivre - tant pis pour le dalaï lama - la communauté d'intérêts capitalistes qui la remplace, va formater tout l'hémisphère asiatique et influencer au-delà la relation atlantique qui n'excite pas beaucoup le président américain. Mais sur la scène médiatique on ne peut pas étaler ce cynisme, même si dans la première moitié de l'exposé, le président signale que le commerce sino-américain est passé de cinq millards de dollars en 1979 à quatre cents milliards aujourd'hui. Alors on vend de l'Histoire et les Droits, même en sachant que les autorités chinoises à aucun niveau n'achèteront rien. L'important est le raout télévisuel. "En direct de Shanghaï" voici l'exposé présidentiel :


La transcription complète put être lue en cliquant ici.

Ce sont les administrations républicaines qui ont inauguré la transformation intérêts contre valeurs. Au temps des traités inégaux, les Américains avaient une approche mystique de la Chine impériale et déversaient des missionnaires à pleins bateaux. Ayant soutenu le perdant lors de la guerre civile et sino-japonaise, ils perdirent de ce fait le crédit accumulé par un "charity business" de profondeur. Ce sont les missions américaines qui s'enfoncèrent le plus loin dans le pays en concurrence des Missions de Paris, parmi les plus étoffées.

Obama refléchitMille ans plus tard, par le succès de leur modèle économique, les Etats-Unis ont fait émerger à nouveau l'Empire du Milieu qui devient leur plus direct contempteur. Dans la veine wilsonienne, ils appellent les Chinois à partager le coaching du monde, à gérer ensemble l'attelage infernal de la dette américaine et des réserves monstrueuses de dollars chinois, et à étendre une sorte de pax américano-chinoise au-dessus des contestations les plus outrées de leur puissance partagée : Corée du Nord et Iran. Pour faire joli, on met dans le panier le réchauffement climatique en espérant convertir l'Empire au nucléaire, même si ce n'est pas l'urgence sur un mandat de quatre ans.

La Chine a certes réouvert les canaux de communication car elle partage la même perception des dangers précités, même si elle en joue autour du tapis vert. Par contre, flattée certainement de la constitution de ce G2, elle n'en demeure pas moins en retrait, car elle ne veut surtout pas que sa politique intérieure soit mesurée et corrigée en fonction des effets produits à l'extérieur, effets qui seraient appréciés par le partenaire. Ce qu'attend la Chine est plus prosaïquement que le marché intérieur américain redémarre. Pour la philosophie, il sera toujours temps.
Finalement c'est trop tôt pour eux. Ils doivent d'abord dominer hégémoniquement toutes les marches de l'Empire avant de "collaborer".
Taïwan a beaucoup à perdre de ce rapprochement, mais les dissidents chinois aussi.


S'hai nord
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S'hai Pudong

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