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Fric-frac français à Genève

porte HSBCSommes-nous en guerre avec la Confédération ? On pourrait le croire à entendre l'arrogance de ton de nos ministres à l'endroit de notre voisin, qui décidément les agace de son bon gros bon sens. Le vol de données comptables commis par un cadre informatique français chez HSBC Private Bank à Genève est reconnu par Bercy en des termes on ne peut plus clairs. Le ministère receleur qui se défend d'avoir payé quiconque affirme : « Les informations révélées par l'informaticien ne sont contenues ni dans une liste ni même dans un fichier mais dans une immense banque de données qu'il faut encore décrypter ; dès lors il est aujourd'hui impossible de savoir si elle contient bien des contribuables français, si oui quel est leur nombre et s'ils ont ou non déclaré leurs comptes à l'étranger. »

La grenade fumigène est dégoupillée et nul ne peut savoir si le demi-milliard d'euros de régularisations 2009 annoncés triomphalement par le ministre de l'Enfer Fiscal Woerth participe de cette liste ou de tout autre traque, voire même si c'est vrai. Il n'empêche qu'il y a bien recel d'une "immense banque de données" et que le montage judiciaire en cours chez le procureur Montgolfier de Nice, qui vise à "blanchir" la procédure¹ en fournissant à Bercy et aux Douanes les éléments que Bercy lui avait auparavant transmis de la part du faisan, cache mal le hold up. La banque genevoise minimise l'effraction pour des raisons commerciales en affirmant que les données sont anciennes (2006) et ne concernent pas dix noms, ce qui est faux si on parle de base de données.

ministère de Bercy
Les Suisses sont des gens très posés. S'ils l'étaient un peu moins, il leur viendrait peut-être à l'idée d'acheter quelques bases de données militaires françaises par exemple, donnant des signatures radar, des codes infra-fréquences, et d'en publier les amorces sur le Net. Aux cris d'Hervé Morin, ils répondraient alors qu'on les leur a apportés et qu'ils les ont exploités pour savoir s'ils étaient considérés par la Rue Saint-Dominique comme une menace potentielle. Mais bon, les calvinistes n'ont pas autant d'imagination.

L'effet le plus sûr sera le blacklisting des informaticiens français et étrangers en Suisse. Après la bronca anti-racailles françaises du canton de Genève et la morgue française daubant sur la votation contre les minarets, le vol de la HSBC confirmera aux Helvètes qu'il leur vaut mieux rester à l'écart de l'ouragan fiscal européen et ne collaborer que dans des formes judiciaires parfaitement établies - c-à-d. lentes -, en prévenant les ayant-droits résidents des procédures initiées contre eux.
Reste que le plus sûr moyen pour nous d'échapper à la tonte collaboratrice serait de s'installer dans un canton, avec armes et bagages, définitivement. Quoique HSBC puisse aussi nous installer à Shanghaï ou à Hong Kong, c'est dans leur raison sociale.

Hong Kong de Victoria Peak
On sait désormais que la Ferme Générale de M. Woerth agit indépendamment de toute morale publique. Le recel d'un vol qualifié ne l'effraie pas. Quand ce modeste blogue de moucheron alerte sur la tentation cachée du Trésor Public banqueroutier de séquestrer l'épargne populaire dès que le service de la Dette deviendra insupportable, ce n'est pas un effet de style. Ils y ont déjà mis les doigts en détournant de leur objet les fonds de garanties de la Caisse des Dépôts en 2008.
Pour s'en convaincre, regardons pour anticiper sur notre avenir probable, comment vont manoeuvrer dès demain les Trésors grec et espagnol qui sont au bord de la faillite et ont perdu la cote auprès des agences de notation.


Note (1): Cette transmission par la justice, assure Bercy, rend l?exploitation de ces informations légale: "Elles nous ont été transmises par la justice, il n'y a donc pas recel de données volées". De plus, "elles sont désormais exploitables comme base pour des contrôles fiscaux, dans le cadre d'un fichier autorisé par la Commission nationale informatique de l'informatique et des libertés (Cnil)". (The gag !)



falciani
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Commentaires

  1. dans le Code pénal suisse, cela porte le nom d'espionnage économique.

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  2. Il est des pays qui expulseraient l'ambassadeur !

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  3. Le procureur de Montgolfier indique aujourd'hui que le voleur qui a remis la base de données au Fisc français a agi sur un motif "messianique", estimant que le métier de son patron mettait en péril la Planète.
    Qu'importe ! Il a donc remis les données d'abord au Fisc. Merci M. le procureur. Nous n'en étions pas sûrs.

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  4. Francis Richard revient sur la cavale du voleur Falciani et nous explique comment la France voit l'entraide judiciaire. Cliquer ici.
    L'affaire internationale ne fait que commencer.

    Nous insérons la photo de Falciani dans le post.

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  5. Francis Richard continue l'enquête et nous explique qu'au départ, c'est la houri de Falciani, une libanaise, qui avait volé des données pour les monnayer à Beyrouth et arrêtée, avait mouillé Falciani, avant que tous les deux profitent d'un temps de doute des enquêteurs suisses pour se faire la malle sur la Côte d'Azur.
    Cliquer ici.

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