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Attila, le retour

Marcher sur ce rapport, mais du pied gauche, ça porte bonheur. C'est ce que pensent les deux tiers des faiseurs d'opinion à l'annonce d'un rapport "Attali II". Le précédent, lourd de 316 propositions, avait été enterré par le regretté Jérôme Kerviel, qui avait fondu les plombs de la Société Générale le lendemain même du jour où Jacques Attali redescendait du Sinaï avec les tables de la loi de croissance. On s'est beaucoup moqué jadis de ces pistes contre le déclin. La situation du pays ayant bien empirée, la commission éponyme en remet une couche avec cette fois-ci, le désastre grec en fond de décor subliminal. On palpe le futur.

Vingt-cinq propositions pour une cure d'austérité à la mesure du mal, tel est le poids de ce rapport allégé que l'on débine aujourd'hui. Ce mal que l'on résume à la convergence mortelle des trois déficits¹ et qui nous pousse vers la tutelle du FMI. Quand vous aurez fini de lire ce court billet, la seule dette publique de l'Etat aura cru de 480000 euros (amusez-vous sur http://cluaran.free.fr/dette.html). Un trillion sept cent milliards et des poussières de millions d'euros à la fin de l'année ? Personne n'en sait rien. Qu'importe, "l'Allemagne paiera" ! Mais me dit-on, elle a fini de payer le mois dernier². Alors, nos petits-enfants paieront, sales gosses !
Pour nous vendre cette vérité d'une dette mortelle, il est intéressant de noter que le pouvoir éphémère qui préside au naufrage va chercher un soutien moral hors de lui-même, ses analyses et recommandations étant électoralistes donc suspectes. Il lui faut une caution extérieure non électrisée par les échéances. Que dit Jacques Attali (mais que l'Elysée puisse entendre) dans son rapport de 25 propositions ? Une seule chose en fait.

Le problème, c'est l'Etat, qui pèse sur le pays comme une baleine crevée sur la plage. J'ajouterais que ces épaves ne se bougent pas, on les dynamite sur place. Avant d'allumer la mèche, dégraissons donc tous les mammouths, à commencer par les mammouths soviétiques (ça leur va bien). Une comparaison précise (qui n'est pas dans le rapport 2010) peut nous éclairer sur le poids du cétacé : Le Royaume de Suède, neuf millions d'habitants, dispose de forces armées du même niveau polémologique que les nôtres, à l'exception des corps d'infanterie qui sont bien moins nombreux, mais tous sous blindage avec une forte réserve ; l'ensemble pour un budget sept fois moindre, dissuasion nucléaire ôtée de notre bord. Il est certes difficile de comparer des budgets militaires d'un état à l'autre car les lignes de crédits ne sont pas équivalentes, mais c'est un ordre de grandeur significatif. Ne serait-il d'ailleurs que de un à trois, le problème se poserait de manière tout aussi dramatique. Question au hasard ? Faut-il dix mille plumitifs pour "administrer" le service central des Armées (SGA) ? La Suède serait bien en peine de les trouver. Chez nous, il y a de la ressource pour gérer les codes, les règles, les contre-ordres, l'agenda, les propositions budgétaires, les reports, les rapports, les ordonnancements, les transferts budgétaires, les vacances, les rhumes et les RTT. La machine peut vivre deux ans en autarcie rien qu'en produisant ses notes internes. Même constat dès qu'on lève les yeux au ciel : avec sept mille postes budgétaires, l'armée de l'air suédoise projette 300 aéronefs de combat et transport. Nous en avons presque trois fois plus, mais il nous faut plus de cinquante mille postes !

Le rapport Attali sabre dans le secteur public à juste raison
. Il prolonge la disette du recrutement (un agent sur deux n'est plus remplacé même dans la Territoriale) et gèle le point d'indice du statut des fonctionnaires jusqu'en 2013. Les secteurs touchés par la rigueur auront-ils l'outrecuidance de planquer leur fromage derrière le mal-vivre de l'infirmière ou du policier de la Bac³, derrière l'épuisement du pompier ou le surmenage du prof de collège ? Sans doute. Comme un dinosaure à cortex réflexe, le fonctionnaire français en bureau est au service d'une seule cause, lui-même. Il descendra donc dans la rue s'il fait beau, s'exercer à la démocratie de voirie, faisant une fois encore la démonstration que la démocratie représentative en vigueur n'en a plus.

Au final, le Rapport Attali 2010 décide de 3% de déficit budgétaire à l'horizon 2013 à raison de 75 milliards d'économies en trois ans, la cure d'austérité étant accompagnée d'une croissance du pib de 2%. Gag ! Sauf à créer une bulle de croissance à l'espagnole, ou relancer une industrie... délocalisée, mais quid de la balance commerciale alors ? - c'est impossible. L'éponge de la croissance et de la dévaluation compétitive qui efface les résultats négatifs en bas du tableau noir n'efface plus rien, depuis que le droit de faux aloi nous a été retiré par les gnomes de Francfort, et que des organisations étrangères sont capables de prédire nos résultats. Nous ne pouvons longtemps mentir aux « agences » et aux profs du FMI. Jusqu'à ce matin, aucun analyste ne nous octroie plus de 1,5% de croissance, certains moins de 1%. Les 75 milliards d'économies d'Attali, aussi pénibles à gagner soient-ils, ne suffisent déjà plus. Le compteur de la Dette tourne, alimenté par les déficits. Faut-il détruire l'Etat pour renaître du chaos ? A tout le moins, il ne faut pas avoir la religion de l'Etat. Il doit redevenir un outil de gouvernement, le couteau suisse du pouvoir, mais pas le pouvoir lui-même, car intrinsèquement pervers, qui se redivise, se clone en permanence. D'ailleurs, c'était écrit dans la Constitution de 1791 (Titre Premier, Art.1): La Constitution garantit, comme droits naturels et civils... Que tous les citoyens sont admissibles aux places et emplois, sans autre distinction que celle des vertus et des talents. A partir de là, le pouvoir se fragmente à l'envi pour en faire vivre le plus grand nombre, sans tenir compte des besoins administratifs ni proportionnalité. Attali a rêvé sa croissance, mais a raison sur la cible.

Ce billet a été publié par l'AF2000 dans son numéro (2803) daté du 21 octobre 2010 sous le titre "Le bon grain et l'ivraie". La version originale est augmentée ici d'un paragraphe "développant" la bureaucratie.

Notes
(1): Commercial, comptes publics et social (retraites et assurance maladie)
(2): Les derniers intérêts des emprunts étrangers de la République de Weimar pour refinancer les dommages dûs, ont été réglés en septembre par la RFA.
(3): Bigade anti-criminalité au contact des malfaisants ordinaires

Dans le Bulletin périodique officiel n°59 de l'Alliance Royale, Gérard de Villèle, dans un long article intitulé « A propos de démocratie équitable » brosse la réalité du pouvoir helvétique et de son impérieux principe de subsidiarité. Au résultat, un Etat minimal qui ne pèse pas sur la production de richesses. Nous en reprenons des extraits qu'il est inutile de commenter.
En Suisse, il y a autant de parlements et autant de gouvernements que d'entités politiques : Confédération, cantons et communes. Et ils sont, les uns comme les autres, jaloux de leurs prérogatives.[...] On n'y prononce pas le mot de subsidiarité (même pris à contresens), mais, c'est bien le mot qui convient pour définir cette répartition des tâches, qui part du bas vers le haut[...] Il est à remarquer que ces élus ne reçoivent que des indemnités modiques (citons l'exemple du ministre des Finances qui vient de son canton jusqu'à Berne chaque lundi en train, en seconde classe, et en repart en fin de semaine toujours en train et en seconde classe, en ayant vécu dans une pension de famille bernoise), et tous, exercent par ailleurs une activité professionnelle principale. Les ministres sont en nombre réduits (et disponibles car en congé professionnel) : ils ne sont que sept pour la Confédération... Parmi lesquels est désigné, pour un an, le président de la Confédération, qui conserve durant son mandat ses charges et son travail de ministre.[...] On dit que les Français travaillent pour l'Etat jusqu'au milieu du mois de juillet - histoire d'expliquer peut-être et désormais la date de la fête dite nationale - mais en Suisse, c'est le 31 mars que les Suisses commencent à engranger les fruits de leur travail. Et pourtant la Suisse n'est pas endettée, elle gagne même, année après année quelques pour cents de bénéfice...
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Commentaires

  1. Merci ! Pour info si cela peut vous interesser en cas de ... retour d'affection

    http://cril17.info/

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  2. Le climat actuel de désordre et grèves en tous genre est complètement incompréhensible à l'étranger où les Français passsent pour des enfants gâtés.
    Bientôt courra l'idée que nous ne méritons pas notre beau pays et que le temps est venu du Grand Remplacement.
    Nous ne l'aurons pas volé !

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