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Anniversaire de Tōhoku



C'est aujourd'hui l'anniversaire du grand tsunami nippon. Le spectacle fut rare, grandiose, déjà terrifiant. Vomie du ventre de la mer, la vague de limon envahit les terres dans un long hennissement à la vitesse du cheval au galop. Au ressac, on découvrit d'immenses champs d'allumettes - les oeuvres des hommes comme du petit bois - et comprit que dans la vase laissée, gisaient plus que des souvenirs ou la peine séculaire des gens, des milliers de morts enfouis vivants.
Le séisme de Tōhoku, tel qu'il sera nommé dans la communauté scientifique avec un amplitude de 9.0 sur l'échelle logarithmique, lèvera une vague moyenne de 10 mètres et selon la nature des fonds marins, des pics à 38 mètres comme à Mikayo. Un cube d'eau de mer de 38 mètres de côté fait 56.000 tonnes !
Glissez mortels, n'appuyez pas !

Impassible, digne, les joues mouillées du mauvais temps et de larmes, la vieille nation s'est dressée tout au long de la côte pour toiser le désastre. Pas d'hystérie, ni pillage, aucun désordre ni vindicte, ils ont posé les pieds au sol et se sont tus.
C'était sans compter l'arrogance technologique qui avait disposé le refroidissement des réacteurs nucléaires à Fukushima au ras de l'eau, au bord de la fosse du Japon.

N'attendant rien d'une bureaucratie débordée au seuil de la panique - comme à Kōbe en 1995 - les humains se sont baissés et mis au travail. Et l'empereur vint partager leur chagrin. Quelle intensité dans l'échange compassionnel entre le Kinjō Heika du chrysanthème et son peuple déférent. Nous vîmes combien était attendue sa venue dans les hangars de fortune et les hôpitaux. On put saisir alors ce que signifiait incarner une nation, même sans vertus thaumaturgiques spectaculaires. Ils avaient mal à l'âme avant tout.
Dans leur malheur, les Japonais ont cette chance d'avoir quelqu'un à aimer.


Le 12 mars, la grande île de Hongshu a avancé de 2,40 mètres vers l'Océan pacifique.





Commentaires

  1. On se reconnaîtrait chez soi, là-bas, ainsi décrit !


    Voila une belle évocation, de gens apparemment baissés, mais qui sont un peuple debout !

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  2. Ces Japonais, qui ne sont pas des surhommes, nous ont montré la dignité de leur chagrin intérieur, loin des manifestations spectaculaires de peuples bruyants qui envahissent nos écrans chaque jour. Nous avons aussi compris la force d'une cohésion sociale. J'ai été touché par cela.

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