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Les Collèges de l'Alliance


Madame Pico-Déprez n'a pas d'état d'âme. Se poserait-on vingt questions sur les obstacles infranchissables entre le départ en campagne et le siège de député qu'elle a déjà baissé la visière et la lance pour charger à l'éperon. « Va, va, advienne que pourra !», disait Baudricourt à la Pucelle ; et c'est elle qui a raison.
Dans une contribution au site du parti royaliste elle a cette formule heureuse pour appeler à la réforme drastique du Parlement vers une démocratie participative : « ce n'est pas en améliorant la bougie qu'on a inventé l'ampoule électrique ! ». On connaît depuis Yves-Marie Adeline les circonscriptions électorales par collèges, c'est le moment d'en découvrir un peu plus.

Le texte de la réforme proposée dit ceci :
La représentation publique évolue selon le principe de démocratie équitable. Les députés sont élus par quatre collèges représentatifs : les familles, les entrepreneurs, les salariés et les élus locaux. Ils siègent à la fois à l'Assemblée et au Conseil régional pour assurer la continuité de la représentation publique. Les sénateurs, quant à eux, sont élus au suffrage universel proportionnel.

Nous reviendrons une autre fois sur le mandat impératif qui change du tout au tout la nature même de la députation ; c'est la faute à Rousseau, tout excité jadis par la démocratie directe du peuple souverain. Idem pour le Sénat. Mais ce qui nous intéresse pendant cette campagne électorale ce sont ces collèges électoraux promus par l'Alliance royale.

QCM soumis à un délégué de l'Alliance :
RA : comment cela peut-il se passer pour l'électeur lambda ?
*AR : cela dépend de ses responsabilités. Jusqu'à ne pas pouvoir voter s'il ne rentre pas ou ne se rattache pas à un collège.

RA : comment est-il inscrit sur la liste électorale d'un collège ?
*AR : en se déclarant père ou mère de famille, salarié (même au chômage) entrepreneur etc. ou élu local.

RA : peut-il s'inscrire dans deux ou trois collèges ?
*AR : oui, puisque l'on peut être père de famille, chef d'entreprise et élu local, par exemple.

RA : peut-il s'inscrire dans deux circonscriptions selon le lieu de qualification de ses droits d'électeur ?
*AR : sans doute et il est plus que possible d'être père à Rambouillet, salarié ou entrepreneur à Paris.

RA : où s'inscrivent les jeunes majeurs encore étudiants ?
*AR : ils peuvent demander leur rattachement à leur famille et grossir ainsi le vote parental ; ou aller étudier… tant qu'ils n'ont pas de responsabilités.

RA : où s'inscrivent les électeurs appartenant au clergé, à l'armée, et généralement aux services de l'Etat ?
*AR : ils sont grosso modo salariés…

RA : les divorcés sans enfants chômeurs restent-ils inscrits au collège "familles" ?
*AR : un divorcé sans enfant et chômeur rentrera dans le cadre du collège "salariés" plutôt que celui de la famille. Pas d'enfants, seul(e), donc sans famille, sinon la sienne propre. Rattachement solidaire et charitable avec ses parents (famille) ou rattachement social (salariés).

RA : plus généralement, un électeur qui cesse sa qualification sans en trouver une nouvelle reste-t-il inscrit dans la première en attendant ?
*AR : oui, ce sera comme à la Sécurité sociale aujourd'hui où l'on bénéficie durant un an de son statut antérieur. Mais plus justement, tant que l'on a des responsabilités, l'on peut être électeur. Un divorcé a encore des responsabilités en dehors de sa famille et encore au sein de celle-ci, s'il est père ; un salarié licencié devient-il chômeur ou retraité : il reste dans le collège ; un entrepreneur fait-il faillite ou prend-il sa retraite : il reste dans son collège ; un élu perd-il son siège : il reste père ou mère de famille, salarié ou entrepreneur…

Donc pour être électeur, vous devez appartenir à l'un des quatre collèges. A défaut, vous n'êtes pas électeur. Le nouveau mode de scrutin traverse le suffrage universel à angle droit, par contre une fois entré dans les listes, vous y restez même après un accident de parcours.

Chaque collège étant un panier de responsabilités et d'intérêts, on comprend mieux ce que veut dire le mandat impératif du député qui est envoyé au palais Bourbon défendre sa catégorie d'électeurs. A noter quand même que le collège n'est pas un corps intermédiaire tenté par des réflexes corporatistes. Il s'éveille au matin du scrutin et se rendort le soir.

L'autre innovation est l'articulation entre la chambre basse de Paris et les assemblées régionales. C'est assez malin. Le député élu de son collège est aussi le conseiller régional. Si les thématiques sont différentes entre les deux niveaux, il y a quand même une subsidiarité qui appelle une continuité de la représentation démocratique. La région devient enfin un vrai corps intermédiaire dans une décentralisation aboutie. Et contrairement à ce qui se passe aujourd'hui, l'électeur connaîtra très bien le nom, le visage et les idées de son représentant ou ses représentants à Paris et à la métropole régionale.

Si vous avez des questions plus détaillées, il vous faut consulter le Livre Bleu de l'Alliance royale où la réforme institutionnelle de la représentation est traitée des pages 147 à 152. Ce livre est vendu sur le site du parti au prix de 15 euros. Ça les vaut.




Commentaire du piéton du roi
Le dispositif des collèges casse la logique des partis politiques puisqu'il leur oppose la défense d'intérêts catégoriels concrets. Jusqu'ici la dialectique partisane de base avait pour cible le Nombre et selon les circonstances, les attentes, les scrutins, on choisissait dans la palette idéologique les thèmes les plus rémunérateurs en voix. Difficile de jongler avec l'intérêt général, bien compris par chaque état-major, quand les intérêts responsables priment. C'est bien pourquoi la réforme de la représentation nationale de l'Alliance royale sera combattue avec l'énergie du désespoir par tous moyens et surtout bas…
… d’autant que quatre cents députés et cent sénateurs seront largement suffisants !

Commentaires

  1. Les quatre collèges sont-ils ou non pertinents. Le débat devrait être lancé.

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    1. Je ne sais pas ce qui a présidé à la sectorisation de l'électorat, et pourquoi 4. Pour faire 404 députés par 4 x101 départements ? Trois cents suffiraient bien.
      Mais si on ouvre le nombre de collèges on peut choisir dans cette liste :
      - actifs du secteur marchand
      - actifs du secteur protégé
      - actifs du secteur associatif
      - inactifs
      - élus
      - chefs de famille
      - entrepreneurs
      - ordres
      - mineurs légaux
      - ecclésiastiques, écrivains, religieux en clôture, médecins, ermites et bénédictins, druides, guérisseurs et radiesthésistes, pompiers et militaires
      - droïdes, humanoïdes et robots ménagers (ménageons l'avenir, cher Asimov)

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  2. Alliance royale16 mai 2012 à 23:38

    Les familles, cellules de base de la société, apportent au pays leur contribution fondamentale dans l’éducation des générations, la solidarité et la transmission culturelle et patrimoniale. Elles sont les premières impliquées dans les questions sociales de par leurs responsabilités et leurs besoins, quand bien même il s’agit de parents isolés.

    Les entrepreneurs sont les créateurs de richesse, de laquelle découlent les moyens d’action de la politique : chefs d’entreprise, professions libérales, commerçants et artisans indépendants, patrons pêcheurs et chefs d’exploitations agricoles, ils s’intéressent prioritairement à l’économie, aux infrastructures, à la main d’œuvre, à la technologie, aux équilibres du marché.

    Les salariés représentent la force de travail sur laquelle se fonde tout le système des entreprises. Ils sont intéressés par les questions liées à l’emploi, à la formation professionnelle ou encore au transport urbain et la législation du travail.

    Les élus locaux ont pour préoccupation permanente la vie des citoyens en collectivité. Ils sont donc très proches des questions touchant à la solidarité, la sécurité, l’urbanisme, la culture — en relation avec le collège des familles —, les loisirs, l’environnement, la vie associative.

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  3. Autrement dit, si j'ai bien compris (?), beaucoup de gens sont écartés du suffrage ? c'est censitaire, non ? Et les retraités ? Et les inactifs ? Sont-ils trop idiots pour voter ?

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  4. Ce principe de collèges traduit de manière transparente des influences trop marquées comme le corporatisme. C'est la mesure du programme de l'Alliance que je partage le moins, et en outre j'y suis opposé car il évacue, et est-ce bien réaliste, le suffrage universel.

    Comme le disait Catoneo ces jours-ci, pour coller à la réalité, il faut "inventer, sans les oripeaux des systèmes échoués." Or, il semble par trop évident que l'esprit de certaines mesures souhaitées par beaucoup de royalistes, et de cette idée de l'AR, trahit une hostilité et une méfiance vis-à-vis de la démocratie. Attitude qui est le tombeau des vieilles droites et du royalisme.

    J'ai bien compris le commentaire du piéton du roi ci-dessus, mais à ce constat ne répond pas la solution proposée.

    Le programme de l'AR mérite d'exister, et globalement présente une cohérence, mais je souhaite qu'il évolue.

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