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Jim Crow, Wazza ?

Ce texte a été publié par le site de La Faute à Rousseau, fin janvier, dans la rubrique La Patte à Catoneo. Il fait suite à un débat radiophonique sur l'esclavage qui avait captivé l'auteur de ce billet d'humeur. Humeur assumée. Il entre en archives Royal-Artillerie la veille du 10 mai pour faire et croire ce que de droit.

J'avais prévu quelque chose pour le 10 mai, journée officielle d'hommage aux victimes de la Traite atlantique, mais passablement agacé par les lices du penser-droit qui cantonnent toute réflexion, j'ai décidé d'en mettre un grande aux négriers tout de suite. Claque ou quenelle ad libitum.
C'est en fait l'audition d'une émission de France Culture, qui pendant une heure, lundi dernier 20 janvier, a laissé parler Eric Mesnard et Catherine Coquery-Vidrovitch au sujet de l'esclavage, qui m'a décidé à l'ouvrir. Ces gens connaissent leur sujet à fond. Ils ont réponse à tout. Ils n'appellent pas à faire pénitence. Ils expliquent¹. Merci, cela devenait rare !

Depuis une quinzaine d'années, l'élite politique et morale de ce beau pays nous somme de nous repentir de la mise en esclavage du peuple noir loin de chez lui, à nous faire croire que nous avons bâti ce que nous possédons sur le Code noir de Colbert. D'autres répondent que le bois d'ébène a été acheté sur les stocks des comptoirs maritimes africains et revendu aux Caraïbes et Louisiane ; et qu'en plus, on occulte à dessein les chaînes de nègres qui remontaient l'Afrique à pied vers les paradis musulmans.
Cela ne me concerne pas.

Je n'ai à me repentir de rien et des millions de Français de souche non plus. La Traite n'est pas notre affaire. En affaires, nous n'étions pas conviés. Nos ancêtres étaient pour la plupart attachés à la glèbe, dans les deux sens du terme, et pas toujours par choix mais pour assurer l'ordinaire. Ils ne profitèrent jamais des plantations du Nouveau Monde, ne buvaient pas de rhum, que du marc de raisin ou au nord, de l'alcool de grain, ni du café mais de la chicorée, ignoraient les bananes et le sucre de canne. Ces gens qui formaient l'assiette de la dîme, de la taille, de la capitation, vivaient à l'horizon de leur bailliage, ou de leur province pour les meilleurs marcheurs, sans grandes économies, cultivant la terre et la morale dans la monotonie des travaux et des jours. Ils s'arrangeaient pour ne rien devoir à la fin quand ils rendaient le "cadeau" de leur vie au Créateur. La famille alors louait des fleurs comme à Chaminadour et un cercueil à fond-charnière pour les enterrer dignement derrière un mauvais cheval qui tirait les affligés vers le pré de l'église.
Coller la honte de la Traite sur tous les Français, sur tous ceux qui ont construit le royaume de France à la sueur de leur front, est une vaste saloperie.

Par contre, on a tous les noms !
Tous les cahiers.
Tous les plans.
Tous les registres.
Les minutes du Greffe.
On sait qui crût et embellit jadis dans le commerce triangulaire.

A Bordeaux et Nantes naquirent des fortunes mondiales. Bridées au XIX° siècle, elles furent réinvesties aux colonies, plus tard dans l'industrie, mais la gloire d'exportation s'afficha sur toutes les belles avenues de nos ports. Certaines familles existent encore. Les descendants se sont peut-être jetés maintenant dans la dénonciation des marchands d'esclaves ou des planteurs pour faire diversion, mais... je vous laisse réfléchir. Nous les gueux, manants et autres tiers, nous sommes innocents de ces crimes. Que la justice passe, ailleurs, à Bordeaux, Nantes, Lorient et j'en oublie ! Qu'on élève des piloris de mémoire en place publique financés sur la taxe foncière, sur lesquels seront gravés les noms des négriers, si ça les amuse. Même pas !

Mme Taubira a peut-être un problème avec les trafiquants nantais, les rois du Dahomey, les planteurs de Guyane, mais aucun problème qui me concerne en Rouergue ou dans mes Cévennes. Solidarité ? N'ayant pas une vocation de pleureuse universelle, je l'encourage respectueusement à retourner à ses racines. Moi, je ne me repens de rien !
Les nôtres ont payé cher déjà la "continuation" des équilibres sociaux au privilège de la Fortune triomphante dans les deux siècles passés, tant dans les guerres que dans les manufactures et les mines au bénéfice de la Banque et de la Forge.

Les négriers ? Ce qu'il en reste ? A la lanterne des ports et comptoirs incriminés. Dieu triera ! Qu'on les y pende l'hiver, ça sentira moins mauvais.

(1) Etre esclave. Afrique-Amériques, XVe-XIXe siècle, Edition La Découverte (2013)


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