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La fête à claques

J'ai eu la perception très nette que l'escroquerie démocratique (clic) était à son comble dans ces élections départementales. Il y a six mois, la strate politique qui doit se gérer maintenant était en voie d'éradication par les mêmes qui en ont fait pendant quinze jours l'apocalypse de la République. Le pouvoir en place, minoritaire comme aucun avant lui ne le fut, a appelé sur ses sectionnaires les voix de tous les républicains afin de sauver les structures partisanes départementalisées qui sont apparus comme autant de briques élémentaires dans la construction d'une "dictature" du modèle courant. Ne voyait-on rien de tout ça il y a six mois ? Cette géométrie départementale est essentielle à la République française et les forces médiatiques déployées sur ces élections le confirment, même si les attributions spécifiques aux départements restent encore dans le vague et si le risque est grand de les voir écrasés entre les régions et les métropoles secondaires. On a fait voter les gens dans un cadre de compétences qui n'existe pas encore. Personne n'avait osé jusqu'alors.

Laissant courir les chiens fous d'une réforme institutionnelle qui amuse les désoeuvrés - ce qui est sérieux est ailleurs - l'ancien président du Conseil général de Corrèze a rappelé la meute au pied quand fut remontée de la base la certitude que les départements étaient le substrat politique élémentaire pour se hisser au niveau national, ce que comptait bien faire le Front national. Pas question de laisser revenir les HLPSDNH. Cette incongruité européenne que sont les départements français avait donc son utilité ou son danger ; aussi la mobilisation des états-majors et des fédérations n'en fut que plus complète quand les instituts annoncèrent une Bérézina historique pour les partis en cour.

Ceux des penseurs honnêtes qui avaient travaillé à la suppression des départements ont pu mesurer le niveau de mépris dans laquelle le Château les a tenus pour donner à la fin de leurs travaux la priorité à ce qu'ils étaient chargés d'anéantir. Mais, répétons-le, le gouvernement du pays lui a échappé et ces jeux démocratiques de proximité ressemblent de plus en plus à un théâtre convenu, un rite gratuit, du cirque à défaut de pain.

Qu'a donné ce "Combat de Titans" ? 
Rien !

C'est l'échec du Front national et l'allocution extravagante du premier ministre qui m'ont encouragé à écrire ce billet. L'allocution de Manuel Valls hier soir est proprement incroyable, qui, à l'inverse du président droit dans ses bottines, dit avoir entendu le cri des Français et promet pour demain matin l'embellie produite par les mesures gouvernementales courageuses prises depuis trois ans... on rêve ! Le redressement de l'Europe, et de l'Eurozone spécialement, tient à l'effondrement du prix du baril de pétrole, à celui des taux d'intérêts sur les bons d'Etat et à la chute de l'euro en dollar. Ces gens n'y sont pour rien ! Pour rien du tout ! Ce pouvoir est bien celui de Foutriquet.

M. Valls a été sélectionné par François Normal pour sa gueule et son petit score aux primaires socialistes. Peu dangereux pour l'apparatchik parvenu en douce, c'est un costaud de sous-préfecture qui n'a pas le calibre de la fonction, ce qui multiplie son acrimonie naturelle. On pourrait faire cent lignes qui démontrerait sa "dépersonnalité" en suivant sa quête inlassable de mentors depuis qu'il a choisi ce métier qui n'en est pas un. En plus de nerfs fragiles, il n'a que la colonne vertébrale d'autrui et ça commence terriblement à se voir.

Personnellement impliqué depuis qu'il a pris en main la campagne électorale au quotidien, en laissant de côté sa fonction de chef du gouvernement, il devrait démissionner après avoir perdu la moitié des départements que tenait son parti. Partout ailleurs en Europe, un pareil désaveu entraînerait la démission du chef de file, sans railleries ni quolibets d'ailleurs. Logique démocratique. Mais ici, non ! Les éditocrates de la presse subventionnée lui trouvent mille excuses.

Le Front national pour sa part a perdu. Marine Le Pen rate le fameux ancrage. Aucun département n'est conquis et peut-être 50* cantons sur 2000. On peut retourner la question en tout sens, malgré un raz-de-marée en voix, le Front ne perce pas globalement dans une élection concrète. Il reste un parti du mécontentement sans risque, bon pour les européennes.
(*)= estimations du 29.3.15 à 23h

Le grand gagnant est Nicolas Sarkozy qui ramasse 70* départements, mais puis-je ajouter qu'à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire, on me dit qu'il le sait. Le programme concret du gouvernement des réformes n'est toujours pas élaboré. On ratisse large ! La victoire d'aujourd'hui n'anticipe pas celle de demain, les enjeux sont chaque fois différents et les adversaires ne sont pas figés, chacun adaptant sa défense ou son attaque à l'autre au moment. La mise en scène de la pièce est donc à chaque fois différente même si les règles de l'art sont immuables : faire prendre au couillon des vessies pour des lanternes.




Commentaires

  1. Pré-analyse de l'échec du FN en forme d'addendum :

    Comme aux législatives, le Front national rénové ne perce pas aux élections locales à proportion des scores impressionnants qu'il obtient en voix. Deux députés là, soixante-deux conseillers départementaux ici. Pas grand chose finalement.
    On est en démocratie et la vie politique y est réglée par la loi du Nombre, du Nombre final. Pour l'obtenir il faut attraper les voix de la classe moyenne. Or si cette classe moyenne, que l'on confondait jadis avec la majorité silencieuse, est sensible à l'insécurité et au poids des impôts, elle l'est plus encore à ses sous.
    On ne peut pas dire que le programme économique du Front national ait de quoi la rassurer sur son futur niveau de vie et sur l'intangibilité de son épargne. Sortir de l'Union européenne (mais comment?) et abandonner l'euro (que vaudra le franc national?) ne sont pas des propositions raisonnables et leurs inspirateurs sont spécialement coupables de l'échec électoral. Tant de pays voisins s'en sortent mieux que nous dans les mêmes contraintes qu'il est comique de chercher ailleurs qu'en nous-mêmes les raisons de notre lente agonie : un peuple socialiste, gouverné au principe de précaution, porte le sans-couillisme au pouvoir. Terminé ! C'est triste.

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  2. Concernant le FN, si la proportionnelle amplifiée par la prime au premier est maintenue pour les prochaines élections régionales, les cadres frontistes se notabiliseront alors plus facilement en prenant deux ou trois régions où ils sont arrivés hier en tête, et l'ancrage sera obtenu.
    ON PEUT CONSIDÉRER LES DÉPARTEMENTALES COMME UNE MISE EN JAMBES.

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    1. Le redressement du pays convoque l'ensemble des partis politiques et donc passe par la voie de la notabilisation des cadres du Front national au niveau local, n'en déplaise aux antifachistes pavloviens qui n'ont rien compris au désarroi des gens et continuent de s'engraisser sur leurs rentes publiques.
      Pour le moment, cela se passe bien au niveau des municipalités, l'état-major devra soigner "ses" cantons et ravauder son programme économique en vue des régionales, qui est complètement stupide en l'état !

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