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Aux commandes d'AirForceOne

Le grand Gamin tout beauf au chien de prairie mort sur la tête fait un sans-fautes dans le vieux monde, à savoir qu'il n'a encore insulté personne qui ne s'y attendait pas, sauf un peu, le président réélu de l'éternel Iran. Mis à part ce raidissement que nous estimons contre-productif*, le Commander in Chief se couche comme un roseau sous le vent de la realpolitik à mesure qu'il avance dans sa tournée promotionnelle d'une diplomatie en anglais facile. Aussi, l'inquiétude des chancelleries commence-t-elle à se dissiper et le sera tout à fait quand Air Force One décollera de Sicile pour retourner à la Maison Blanche soigner son hyperactivité chronique. Lire avec profit le brûlot mi-amusé mi-angoissé de David Brooks dans le New York Times (15 mai), When the World is Led by a Child.
Note : (*) La République islamiste sera plus facilement abattue par les Levi's 501, les réseaux sociaux US ou chinois et le Coca Cola que par le confinement ou l'embargo. C'est la rue et le bazar qui feront plier les mollahs désormais enrichis et ouatisés.

Hubert Védrine confiait à Pascal Gauchon le mois dernier dans la revue Conflits l'exigence d'une attention redoublée à l'égard du pouvoir erratique américain : « Il va falloir analyser froidement ce qui sort, au jour le jour, de la pétaudière de Washington. Wait and see! Complété par : observation et vigilance. Il est difficile de distinguer les sujets sur lesquels il (Trump) va s’entêter car c’est ce que réclame son électorat (et que de dégâts en vue !), et ceux où la réalité le recadrera brutalement. Ainsi je suis persuadé qu’il ne "sortira" pas les États-Unis de l’OTAN.» On sait depuis ce soir qu'il n'en sort pas !

Ainsi est-il parfaitement inutile de gloser sur les mots de campagne ou les intentions exprimées par le Gamin puisqu'il ne s'y tient pas. On doit suivre l'évolution de la pathologie au jour le jour, noter la température, les humeurs, les silences, et verser la cellule Amérique du Quai d'Orsay à l'Hôpital Sainte-Anne de Paris, spécialisé dans les chiens fous et autres canards sans tête, qui démêlera tout ça. Bonjour monsieur Le Drian ! Autant dire que dérouler une prospective de la présidence Trump est se foutre du monde, ce que nos experts en géostratégie savent faire le mieux, jamais décontenancés par l'infirmation de tous leurs savants pronostics.

Au fait, on dit que l'ambiance au retour sera russe. Flynn, Comey, Rosenstein, Manafort, Brennan, Mueller, Sessions et l'ambassadeur Kislyak sont dans le casting de vidange de la fosse à purin des interférences russes sur la campagne présidentielle de 2016. Trump est-il vraiment au courant des détails ? Ses dénégations marquent plus l'agacement de subir le pilonnage de la presse qu'il hait que la conviction d'avoir tout bien fait tout propre. Y comprend-il quelque chose ? oui, si on le lui explique longtemps ! Une procédure d'impeachment ne sera pas enclenchée au Congrès puisque les Républicains ont la majorité et les investigations en cours, même positives (il y a de fortes chances qu'elles le soient), risquent bien de ne pas l'atteindre au simple motif non dit, qu'il n'est pas capable d'intuiter les nuts and bolts d'un projet pareil ! Les politiciens américains qui vont aux élections de mi-mandat commencent à sentir l'odeur putride de la campagne achevée et intègrent le mouvement présidentiel de navette à tisser dans leur préparation. Faire des croix sur le calendrier mural de la cuisine est leur meilleur anxiolytique.

Finissons sur les résultats de la réunion spéciale de l'Alliance atlantique du 25 mai, qui nous concernent plus que la guerre de cent ans des fils d'Abraham en Palestine que Donald Trump abandonne à leur haine héréditaire : "le problème est tout entier entre vous deux". Qu'ils s'en démerdent !


Le Beauf en majesté bouscule le Monténégrin et prend la pose et la lumière !

A Bruxelles, le Secrétaire général Stoltenberg a organisé les débats en fonction des capacités d'attention du président américain. Ainsi les interventions des chefs d'Etat ont-elles été limitées chacune à deux ou trois minutes pour éviter que le Gamin ne s'empare de son smartphone pour tweeter sur la météo belge ou féliciter la station spatiale ! Les mémos ont été simplifiés au niveau d'une classe de cinquième comme on en fait défiler parfois au Quartier général, sachant que Trump n'avait pas lu les dossiers atlantiques préparés par ses services. L'important pour tout le monde à Bruxelles était que, n'y comprenant rien ou pas grand chose, il laisse les affaires en l'état, se contentant de réclamer une hausse des participations européennes. C'est ce qu'il a fait avec véhémence après avoir évoqué l'article 5*** du Traité de l'Atlantique nord dans son allocution mémorielle devant la sculpture du Onze-Septembre. Il n'est pas allé plus loin dans la confirmation de cet engagement très important pour les Etats riverains de la Mer baltique, si l'on en croit le reportage de Foreign Policy (clic). Il inclut cependant une donnée nouvelle dans le schmilblick financier - et c'est tout ce qui l'intéresse en bon businessman - les contributions promises antérieurement par les Etats-membres et non versées (23 pays sur 28**) sont inscrites au "crédit" du compte US et restent dues, ce qui ne va pas de soi en Allemagne et à l'Est ! Considérons que l'engagement américain du Gamin tiendra bien dix-huit mois à partir de maintenant, après... c'est après, S.E.O.O.* !
* sauf erreurs ou omissions
** selon la Banque mondiale les cinq pays finançant leur défense à 2% PIB ou plus sont les USA, la Pologne, la France, l'Estonie et la Turquie
*** Art. 5 du Traité : « Les parties conviennent qu'une attaque armée contre l'une ou plusieurs d'entre elles survenant en Europe ou en Amérique du Nord sera considérée comme une attaque dirigée contre toutes les parties, et en conséquence elles conviennent que, si une telle attaque se produit, chacune d'elles, dans l'exercice du droit de légitime défense, individuelle ou collective, reconnu par l'article 51 de la Charte des Nations Unies, assistera la partie ou les parties ainsi attaquées en prenant aussitôt, individuellement et d'accord avec les autres parties, telle action qu'elle jugera nécessaire, y compris l'emploi de la force armée, pour rétablir et assurer la sécurité dans la région de l'Atlantique Nord.»
« Toute attaque armée de cette nature et toute mesure prise en conséquence seront immédiatement portées à la connaissance du Conseil de Sécurité. Ces mesures prendront fin quand le Conseil de Sécurité aura pris les mesures nécessaires pour rétablir et maintenir la paix et la sécurité internationales.»


Double complément : l'Européenne de la délégation américaine est Melania Trump. Slovène de naissance, Melanija Knavs parle cinq langues et a vécu quelque temps à Paris, Londres et Milan. Elle affirme à qui veut bien cesser de l'admirer pour l'écouter un peu, donner son point de vue sur tout à son mogul de mari, qu'il en tienne ensuite compte ou pas.
De formation pratique - sa beauté rayonnante n'empêche pas un don de perception des réalités - elle apporte le témoignage de captivité des Européens de l'Est et plaide pour sauvegarder aujourd'hui leur sécurité. Elle montre aussi une certaine finesse dialectique qui semble interdite à son mari . Elle assume sa charge de First Lady avec élégance ; c'est l'Europe finalement !
Autre "modératrice" de talent dans l'entourage présidentiel, Yaël (Ivanka Trump) Kushner. Elle a du sang tchèque par sa mère et parle aussi français. C'est une battante intelligente qui sait réussir en affaires de façon classique et s'est convertie au judaïsme par amour. Les femmes de l'entourage Trump remontent le plafond de verre de la compréhension du monde, comme souvent :)



Commentaires

  1. On tape sur les mollah iraniens, ça ne mange pas de pain et ça plait aux conjoints des "convertie(s) par amour", on se gave avec les saoudiens (grands ennemis du terrorisme, tout le monde le sait) et on oublie de parler de la turquie et de ses alliances avec l’état islamique.... Décidemment rien n'est plus stable en ce bas monde que que le Département d’État!

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    1. La crainte avec Trump est de pouvoir lui faire avaler n'importe quoi si on flatte son côté de businessman parvenu. Ne pas lui parler de deux coups d'avance aux échecs ni de billard à trois bandes. La haute administration américaine (les permanents) est suffoquée d'être passée sous les ordres de Néron !

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