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La république et les hongreurs


Pinces à bistourner les burnes
Deux mois déjà, deux discours pour formater le quinquennat, session parlementaire estivale avec ou sans cravate, on se gargarise à l'eau de mer. Il ne se passe rien de significatif, les fameux Cent-Jours échoient (ou échouent) le 16 août prochain. Toute action n'est pas suspendue au travail législatif ou aux négociations paritaires, il existe des possibilités de circulaires, de décrets pour faire face, voire même d'ordonnances au-delà du protocole de décapage du Code du Travail que le monde entier etc. Or il ne se passe rien d'important. C'est surtout le cas dans le domaine de la sécurité publique. Assainissement des rues encombrés de revendications de tous ordres, désordre des quartiers réservés, confinement des expressions cultuelles, police des frontières et expulsion des clandestins récents et déboutés, neutralisation des cellules terroristes, la liste est longue comme un jour sans pain. Suivent de près les mesures indispensables au redressement des comptes publics, en commençant par le bout que l'on veut, mais en commençant quelque chose, comme par exemple, la suppression de centaines d'agences, offices, commissariats, observatoires, instituts, le blocage de tout recrutement dans la fonction publique dont on ne compensera plus les départs en retraite pendant dix ans, la baisse en valeur du point d'indice, le plafonnement des remboursements sociaux et des prestations de chômage, la suppression de l'AME, la réduction du train de vie de l'Etat (voir en détail comment font nos voisins suisses et allemands). Au lieu de quoi on nomme Ségolène Royal Reine des Neiges au pôle arctique dont nous ne sommes ni riverains ni bienvenus et le président a proclamé au Congrès de Versailles l'irréformabilité du pays - c'était une blague, quoique !

En faveur des entreprises, des mesures efficaces n'ont pas à attendre le nouveau code du travail. Procéder à des simplifications massives en débandant les structures de complications et bannissant les complicateurs, sortir de l'orbite publique tous ces parlements inutiles que sont les chambres de commerce, mettre en place des procédures intelligentes anti-fraude fiscale avec des procès courts et des peines toujours au maximum pourrait se faire sans délai. Bref, le pouvoir nouveau devrait gouverner ; il parle et monsieur Castaner est le héraut indépassable de sa communication, saluons l'exploit de faire tant et si bien avec si peu ! L'ire se déplace déjà vers le grand parti des Eunuques que sont devenus Les Républicains. En ces temps difficiles, La Droite ne vaut que ce que vaut son programme musclé, sauf à n'être que la droite de la Gauche. Le groupe de M. Jacob ne vote pas la confiance à Edouard Philippe mais fait confiance jusqu'à midi, sauf si le texte T croisait à angle droit "ses valeurs", indéfinissables valeurs. La posture LR est de la daube recuite sur le programme de M. Baroin, version édulcorée de celui de M. Fillon déjà passablement adouci pour captiver les électeurs ayant résisté à l'hypnose macronienne. Les élections étant passées et les caciques débarqués, on pouvait compter sur un durcissement du programme original dans une intransigeance totale pour les comptes publics, la sécurité quotidienne, l'immigration débridée, et marteler jour après jour le Carthago delenda est romain contre les déficits, Carthage étant le camp retranché des Français surprotégés par des régimes spéciaux iniques. Thatchérien un peu !

D'aucuns pensent que le Front national se serait réservé ce chapitre dur, il n'en est rien, le Front est en voie de liquéfaction, ses cadres ne sont pas au niveau requis et les serres de la famille Le Pen sont plantées en lui qui l'empêchent de voler ! Donc l'espace est inoccupé et bien que le tiède programme politique de la Droite soit déjà écrit, il ne lui sert à rien ! Que leur faut-il de plus ? Consolider des bastions électoraux ? Oui, comme d'habitude !

Rien ne laisse augurer que la France, sous le sceptre impérial revenu, rejoigne le camp de l'Europe sérieuse en rétablissant ses comptes pour relancer son économie. Le pouvoir est tout d'intentions, d'affaires, de calculs - on va rentrer dans les 3% - et les ambitions sont des effets de manche qui ne valent pas mieux que les éructations de la France bolivarienne, insoumise pour de rire.

Le deuxième problème d'Emmanuel Macron est dans son domaine réservé, affaires étrangères et défense. Si les premiers pas de l'impétrant sur la scène internationale ont été unanimement salués par les chancelleries et les médiats, reste à passer aux actes. En Europe, le verrou est merkélien et il ne glissera dans sa gâche qu'à la seule condition que la France, qui semble vouloir donner des leçons au vieux continent, rentrent dans les clous de Maastricht et fassent autant de progrès que les pays d'Europe du Nord dans la gestion des affaires de l'Etat, jusqu'à atteindre la règle d'or du déficit "zéro". Le dernier rapport de Didier Migaud et les tergiversations observées sur la dépense publique - on aurait pu profiter du coup de foudre de la Cour des Comptes pour abattre la hache - ne laissent attendre aucun remède à la gabegie française, sauf un peu de toile émeri sur le prochain budget, et privent donc Paris de toute crédibilité dans ses demandes ou recommandations à Bruxelles. L'étoile va vite pâlir et notre voix faiblir sur des sujets essentiels, dont l'islamisation forcenée de l'espace européen n'est pas le moindre. Le groupe de Visegrad pose effrontément la question qui tue !

Au-delà, la question de notre influence géopolitique est toute entière dans le renforcement de nos capacités militaires permettant de continuer d'intervenir un peu partout. Le seuil de 2% du PIB des dépenses militaires semble inatteignable et la loi de programmation militaire annoncée ne sera pas convertie en crédits de paiements en temps et heure. Qu'on ne compte pas sur la générosité allemande de mettre au pot d'une défense européenne si nous ne pouvons pas nous-mêmes contribuer à parité. Notre place dans l'OTAN sera aussi fragilisée surtout sous le règne ubuesque de Donald Trump. Avons-nous les moyens de soutenir longtemps les cinq pays du Sahel qui luttent contre les bandes islamistes et les trafics en tous genres ? Nous comptions sur l'ONU, Washington coupe les crédits. Pouvons-nous soutenir longtemps des actions militaires en Irak et au Levant ? Certes nous pouvons figurer mais certainement pas conclure. Bénéfice zéro. Nos positions sur le Golfe persique semblent enfoncées. Nous pivotions sur le Qatar et sur Abou Dabi mais depuis que nous savons que les contrats séoudiens de MM. Hollande et Le Drian sont ramenés à la portion congrue et ne mériteront pas les unes de la presse, nous comprenons que le Pentagone et le Département d'Etat ont repris la main sur l'armement. Sur zone, les Etats-Unis ne respectent que la force, paramètre de souveraineté de plus en plus cher à maintenir pour une nation impécunieuse comme la nôtre.

Faute d'élan, la République de M. Macron risque bien de s'enferrer dans des explications répétées et préférer la communication aux résultats, c'est du moins ce que l'on voit aujourd'hui. Face à lui, l'opposition parlementaire n'est ni crédible ni armée d'un projet de rechange. Le roi des grenouilles a une gueule de grue.


Nota : Hongreur du verbe hongrer : châtrer les chevaux. Hongre (h aspiré), cheval châtré pour sa docilité au travail, originellement importé de Hongrie.

Commentaires

  1. La droite la plus bête du monde a enfoncé son plafond mardi dernier en s'abstenant de prendre parti sur le discours d'Edouard Philippe. Et pourtant l'article ci-dessus montre un peu ce qui ne va pas et justifiait la défiance.

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