Souvent opposé à mon camelot de père sur des questions de stratégie de conquête du pouvoir, j'ai fini par croire que la Vè République dériverait vers un régime autocratique et représenterait une monarchie élective sans le nom. Au bout du compte, et du décompte, il n’en est rien, l’état républicain n’arrête pas d’enfler, la bureaucratie se régénère en permanence, le système pèse sur la nation comme une baleine morte qui nous prive de tout mouvement vers l’avant; sauf un saut dans l’abîme.
Abandonnant la monarchie élective à la polonaise, j'ai fait table rase de mes espérances crypto-monarchistes pour promouvoir la monarchie absolue à la française.
"Mon" dogme c’est « l’autorité en haut, les libertés en bas ».
En haut un exécutif ramassé et compétent gérant les fonctions régaliennes de l’Etat que l'on peut rassembler en quatre ou cinq domaines, justice, défense et sécurité, finances publiques, relations extérieures, contrôle des corps et comptes de la nation.
Un état compact, respectable, respecté, sévère mais juste, débarrassé de ses prétentions colbertistes anachroniques.
En face de cet exécutif, un parlement national élu à la proportionnelle au suffrage universel (ce n'est pas orthodoxe dans le parti royaliste) faisant office de représentation de la nation dans son tout, chambre de réflexion et de proposition, de questionnement. Le Sénat actuel serait très bien dans ce rôle. Et le bicamérisme qui est un face-à-face modérateur selon Montesquieu, vivra dans le jeu de miroir du parlement national et du parlement de Strasbourg.
Entre cet étage et le pays profond, rien !
... d’imposé d’en haut.
Les provinces s’organiseront comme elles l’entendent sur leurs deniers propres qu'elles lèveront elles-mêmes, convoqueront des parlements locaux pour légiférer
dans les domaines de compétence que lui reconnaîtra la Charte que l'on décalquera sur la constitution de la Vè République. Elles organiseront leurs chambres professionnelles, ordres divers, selon leur bon plaisir, sans souci d’uniformité. Elles coopèreront entre elles à la carte ou au menu; ce ne sera plus l'affaire de l'état central ! Liberté totale en bas. Liberté totale encadrée par les choix périodiques des électeurs, qui au moins seront consultés sur des choses qu’ils pourront appréhender plus facilement qu'une constitution européenne !
Il faudra tout de même créer ou recréer ces provinces car on ne pourra se satisfaire des régions de programmes actuelles trop artificielles et qui n'ont pas pris racine dans le terreau national.
On obtiendra rapidement :
Economies de fonctionnement;
Auto-gestion de la dépense publique;
Compétence enfin de l'électeur appelé à trancher des questions d'ordre municipal ou provincial, et déléguant comme aujourd'hui ses humeurs politiques aux députés;
Lustre retrouvé de l'Etat central.
Quel besoin dès lors d’organiser ce grand tournoi de poker menteur à double language qu’est l’élection présidentielle quinquennale ?
La France peut se reconnaître dans un chef d’état permanent obéissant à des lois de gouvernement qui ont fait leurs preuves, et choisi automatiquement hors de toutes procédures coûteuses et quelquefois dégradantes; ce que j’appelle le principe capétien. Il faut quelqu'un de digne, capable et déconnecté des "ambitions de pouvoir".
Un roi fait parfaitement l’affaire. Notre histoire nous le montre, le futur nous le confirmera.
Non pas un roi potiche Wedgwood, mais le chef de l’exécutif.
Eduqué pour cela, conseillé par des gens de qualité qui ne devront leur position ni aux dévergondages de la démagogie ni à un affairisme débridé, ayant le temps devant lui, il donnera au pays les meilleurs atouts pour la compétition mondiale qui s'est déclarée comme une guerre économique.
Et pour les coeurs de sang, nous aurons quelqu'un à aimer.
Vive donc le roi !
Tout ceci fut "découvert" par Charles Maurras qui de sa plume incisive traça les contours de l'épure, l'autorité en haut, les libertés en bas, comme jamais personne ne sut mieux le faire ensuite:
"Il faut tendre à éliminer de l'Etat politique d'un grand pays tout élément de démocratie parlementaire et républicaine. Cet Etat politique doit être indépendant. Cet Etat politique doit être « absolu », mot qui signifie indépendant en latin, et qui doit être répété, dans son sens, par tous les esprits sains qui, n'étant pas malades, n'ont pas la peur des mots, qui est une maladie. Il y a des questions qui ne peuvent être réglées sans une indépendance souveraine : là, le chef de l'Etat politique doit être un souverain indépendant, donc absolu."
"Mais il faut tendre à éliminer de la vie sociale tout étatisme. Il faut constituer, organiser la France, ou plutôt la laisser se constituer et s'organiser en une multitude de petits groupements, naturels, autonomes : véritables républiques locales, professionnelles, morales ou religieuses, d'ailleurs compénétrées les unes par les autres, mais se gouvernant par libres conseils spontanés. Le parlementarisme, expulsé de l' Etat central, peut se réfugier dans ces Etats inférieurs, à condition que l' Etat central soit demeuré le maître de la diplomatie, des armées de terre et de mer, de la haute police, de la haute justice, et soit assez fort pour veiller de haut à toutes les fonctions d'intérêt général."
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