Affichage des articles dont le libellé est URSS. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est URSS. Afficher tous les articles

mercredi 31 août 2022

Atlas sovieticus

Gornatchev en activité années 90

Avec Mikhaïl Gorbatchev disparaît l'ultime évolution du titan soviétique, celui qui renversa le gigantesque empire sous lequel il fut écrasé. Il survécut jusqu'à hier, ce qui est une anomalie dans le destin des sacrifiés sur l'autel de la Vérité. L'Union soviétique n'était pas viable économiquement, il en réforma les structures politiques et leur mode d'emploi, peut-être au motif du politique d'abord, sans soupçonner que le chaos qu'il provoquait lèverait contre lui la foule des ambitieux et successeurs voraces à la forge de la corruption. Lui, est resté clean. Requiescat in pace !

Mais l'empire soviétique a continué son chemin dans le sous-terrain pseudo-démocratique d'un pays mis en coupe réglée par une oligarchie triomphante, sans que la clique dirigeante n'abandonne le projet hégémonique russe d'expansion de son glacis au plus près de l'infranchissable. Par contact sur son limes, elle lève la guerre à l'ouest et la perdra au principe de réalité, l'empire grimace plus qu'il ne menace sous la férule du nabot maléfique, ses moyens étant insuffisants. Puis viendra la guerre d'extrême-orient quand ses adversaires naturels auront compris que l'ours était assez fatigué pour décider que c'était le moment à ne laisser passer pour le réduire à son rôle de marchand de bois duquel il n'aurait jamais dû sortir.

Poutine est l'antithèse de Gorbatchev, intellectuellement d'abord. Tacticien à fortunes diverses, il n'a rien d'un stratège et se goberge de formules apprises chez les bons auteurs. A la fin, il aura ruiné l'héritage de la nation russe en laissant une trace de sanglante médiocrité à tous égards. Gorbatchev ne l'aimait pas.

samedi 22 janvier 2022

*Нехай помруть росіяни !

* "Crèvent les Russes !" (nouveau slogan ukrainien) -


Les analystes en polémologie sont partout interdits devant l'insondable mystère du cerveau de Vladimir Poutine. Au cours d’une entrevue avec le premier ministre de l'époque en Russie en 2011, Joe Biden, vice-président de Barack Obama, lui avait dit : « Je vous regarde dans les yeux et je ne pense pas que vous ayez une âme ». Lequel lui avait répondu en souriant : « Nous nous comprenons », ce qui trahissait un certain décontenancement. C'était à l'époque du reset USA-Russie post-Clinton. Depuis lors le lieutenant-colonel du KGB disparu est entré dans un rêve de tsar : réunir les peuples russes éclatés dans des entités hostiles à la Fédération, que sont l'Ukraine, la Transnistrie, l'Abkhasie, l'Ossétie du Sud, la Biélorussie, la Lettonie et l'Estonie. Ces Etats ne sont pas des nations, il n'y a qu'une nation, la russe. Que l'Ukraine et la Biélorussie ait disposé chacune d'un siège à l'ONU dès le début comme membre-fondateur au sein de l'Union soviétique ne l'impressionne pas. Que les peuples de ces pays, quand ils sont consultés, n'aient d'autre envie que leur liberté, non plus ! Qu'ils soient plutôt fascinés par la civilisation occidentale dont on dit jusqu'ici tant de mal, n'intéresse pas le gouvernement russe qui est devenu une énorme agence de renseignement, déstabilisation, flicage et basse police tout à la fois, tournant sur elle-même sans influences extérieures. Les Ukrainiens de 2022 ne sont plus ceux de 2014. Ils ont fait leur choix, c'est Niet ! Et les malfaisants du Kremlin n'en veulent rien savoir puisque ça ne correspond pas à l'axiome poutinien de la nation éparse. La réalité doit correspondre à l'image mentale que s'en fait le tsar. D'où le danger !

V. Poutine

Enivré par la destruction de Grozny, par la capture sanglante du Donbass ukrainien et celle de la Crimée, Vladimir Poutine cherche à théoriser ses pulsions pour les inscrire dans l'histoire : faire renaître l'empire éternel, bien qu'il se soit effondré sous son propre poids en 1991. Le danger est qu'il n'est entouré que de courtisans, sinon d'anciens Tchékistes sélectionnés pour leur fidélité à toute épreuve, qui le confortent dans sa "mission". Prendra-t-il le risque d'entrer en guerre contre l'Etat ukrainien pour prouver à ses affidés qu'il tient fermement la barre de l'empire, est le souci des chancelleries. Le défi est carrément psychiatrique. Poutine et tout le Kremlin se sont construit un mode irréel, un jeu de rôles, où ils naviguent de niveau en niveau, gagnants des points à mesure qu'ils avancent. Le défi de l'Occident est de les sortir de l'écran vidéo pour les faire atterrir. Il est possible que des oligarques hors les murs suggèrent au petit tsar que le prix à payer sera tel pour l'économie, que le peuple russe finira par refuser le rêve non essentiel du retour de l'Union soviétique et se soulèvera. Cette économie de rentes minières captées par les familles mafieuses est sous-développée et peu performante (12ème PIB mondial), drainée en plus par des dépenses militaires difficiles à soutenir, qui brident tout développement sérieux au-delà des deux grandes métropoles. Il faut souhaiter qu'ils soient convaincants avec tous ceux qui, au pouvoir, ont amassé des fortunes exterritorialisées, lesquelles seront sequestrées en cas de guerre.

Jusqu'où le bluff ira-t-il ? Parce qu'il faut se persuader que le Kremlin est engagé dans un grand bluff pour trouver le sommeil. Jusqu'où les alliés dictatoriaux - on pense à la Chine populaire - laisseront-ils délirer Vladimir Poutine sachant bien qu'une confrontation Est-Ouest mettra à mal toutes les économies du monde, jusqu'à fragiliser partout les régimes basés sur la coercition des peuples ? Je ne voudrais pas être à la place du conseiller à la Maison Blanche qui sera chargé d'influencer la décision de Joe Biden en cas d'invasion de l'Ukraine. Au résultat (comme on dit au champ de tir), la pression inconsidérée de Vladimir Poutine sur les anciennes républiques de l'Union soviétique a paradoxalement renforcé leur attachement à l'OTAN, a reconstitué des forces armées occidentales sur la frontière, a fait entrer des escadres atlantiques en Baltique orientale et en Mer noire, a retourné les pays neutres de proximité comme la Suède et la Finlande, et a refait l'unité des PECOs contre l'ours russe. Quand ils ont intégré les deux structures (OTAN et CE) tous ces pays ont dit à l'Ouest la même chose : l'Ours est rentré dans sa caverne mais il va fatalement en sortir un jour, affamé. En attendant, le parlage continue.


tanks

Ring the bells that still can ring
Forget your perfect offering
There is a crack in everything
That's how the light gets in !
(clic)

dimanche 23 juin 2019

Les caprices du petit Csar

Le Kremlin, en toute omnipotence, cesse les vols Aeroflot et consorts vers Tbilissi à compter du 8 juillet prochain pour punir les foules géorgiennes de ne pas l'aimer ! De quoi s'étonner, après qu'il ait retranché vingt-pour-cent de leur territoire internationalement reconnu au motif fabriqué de l'appel à l'aide de minorités opprimées ! Ça avait servi dans les Sudètes en 1938, ça a failli marcher dans les Etats baltes en "protection" des pieds-noirs russes, ça fonctionne en Crimée tant que Moscou pourra subventionner une économie stérile, ça a ruiné le Donbass ukrainien, véritable tonneau des Danaïdes de l'orgueil !

Les origines de cette hystérie de l'encerclement sont connues. Le site islandais The Saker fait une longue analyse autour de la guerre de Géorgie de 2008 (traduite par sa succursale française) dont on peut retenir cette section, la seule objective à notre avis :

« La Russie post-1991 est essentiellement un nouveau phénomène qui est sorti, après un accouchement difficile, des cendres de l’Union soviétique après une décennie et plus de chaos et d’effondrement. Pour résumer, après la dissolution de l’Union soviétique par ses élites [...] et la division du gâteau soviétique en petites portions, la Russie s’est trouvée dans la main de dirigeants impitoyables et totalement corrompus. L’époque d’Eltsine marque le point le plus bas de toute l’histoire de la nation russe ; même la Seconde Guerre mondiale n’a pas provoqué autant de chaos et de destructions en Russie que 9 ans de démocratie. Il n’a fallu que très peu de temps pour que l’ancienne superpuissance soviétique soit réduite à l’état de pays failli. Deux forces alliées très proches ont été essentielles dans ce processus, l’une à l’intérieur, les oligarques, et l’autre à l’extérieur : les États-Unis. »

Le site islandais propose une belle carte en relief de la guerre de Géorgie que nous ne résistons pas à vous faire partager :



Mais le défi est-il sur les marches de l'empire russe ?

Clairement oui, mais pas dans sa version otanesque. Le défi est sur le différentiel de développement qui va se constater dans quelques années dans les territoires russes mitoyens des territoires libres. La gabegie et la corruption endémiques à l'âme russe auront vite fait de ruiner tout effort de développement en fenêtre de l'empire, d'autant plus vite que les investissements étrangers sont freinés par les sanctions internationales. Ainsi entendra-t-on une fois de plus la babouchka de Kaliningrad confier à un micro non autorisé que tout ce qu'il y a de bien à Kaliningrad fut construit par les Allemands (fragment d'un reportage de 2005 dans l'enclave pour les 750 ans de fondation de la ville) !
On sait depuis lors que les habitants de l'enclave n'ont rien à f... de Moscou. Il n'a pas été difficile pour Ouest-France de trouver récemment quelqu'un dans cet état d'esprit (clic).

Ce désaveu national à la marge par le développement comparé va infuser lentement sur tous ces territoires, puis démoraliser les populations au contact de l'Ouest jusqu'à priver Moscou de tout soutien, mais le plus préoccupant est que l'équipe de kagébistes au Kremlin est incapable de faire autre chose que la guerre et encore par milices interposées. Depuis des décennies, ces gens ont montré leur incapacité à transformer une économie de rentes minières à l'africaine en une économie agro-industrielle, au moins auto-suffisante. Si vous trouvez un produit russe au supermarché, téléphonez-moi !

Ce que ne veulent pas accepter les thuriféraires français du Kremlin - quel crève-cœur de voir toute cette droite dite souverainiste embrasser les genoux du tyran au simple motif qu'il va à l'église et paie l'addition au restaurant ! - c'est que la Russie de Poutine est devenue un Etat policier gouverné par le FSB, avatar augmenté du défunt KGB.
Alors que l'Agence de jadis était en URSS un service puissant de sécurité de l'Etat, mais dirigé le plus souvent par un cadre supérieur du Parti soviétique, service qui se bornait à transmettre des rapports de police (police et basse police) au Politburo ; sous l'empire poutinien, l'Agence est devenue l'Etat lui-même. Les équipes ex-KGB du Kremlin ont noyauté tous les ministères, les gouvernorats, les présidences dans le but unique de protéger le régime nouveau de toute contestation dangereuse. Les cages sont pleines, à quand les cimetières ?

En conclusion, la seule réponse du monde libre aux caprices de Vladimir Poutine est le développement à outrance des marches, sans donner prétexte à des opérations de protection des minorités russes ! Délicat mais imparable à moyen terme. Joueur d'échecs, il le sait !

vendredi 18 mai 2018

L'OTAN, un deterrent qui marche encore !

La désotanisation a le vent en poupe ces temps-ci. Même le président de l'Union européenne, polonais de surcroît, a vilipendé l'imprévisibilité du partenaire américain, ouvrant ce faisant les voies d'une réflexion générale sur une nouvelle géopolitique de sécurité du sous-continent.

D'autres, comme les députés Mélenchon et Le Pen, avaient embrayé sur le retrait de la France du commandement intégré et par conséquent des structures de combat, telles par exemple qu'elles sont déployées aujourd'hui dans les pays baltes. Une approche superficielle du défi américain leur donne raison, mais en creusant on s'aperçoit du contraire. Revenons à nos moutons (le libellé "OTAN" offre 38 articles sur ce blogue):

Renfort NATO pour Tallinn


Dès l'origine l'Organisation atlantique fut conçue comme une force de dissuasion et non pas d'agression. Napoléon et Hitler s'y étaient essayé pour l'édification de leurs successeurs. Pour que ça marche, il fallait faire peur par tous moyens aux Soviétiques que l'on pensait mal-intentionnés. Staline avait englouti l'Europe orientale abandonnée par Roosevelt aux accords de Yalta, et il ne restait que cinq pays entre "eux" et "nous" : la Finlande, la Suède, Berlin, l'Autriche et la Suisse. La rupture du blocus de Berlin fut la première manifestation de résilience occidentale et elle précipita la création du Conseil de l'Atlantique, porteur de la future OTAN. Le confinement des ambitions hostiles soviétiques exigeait un contrôle serré de la mer baltique et la surveillance des débouchés occidentaux du plateau de Bohème qui avance comme un coin dans l'Europe occidentale. Suivez bien :

Les stratèges du NATO (on distinguera ici l'organisation géopolitique et le commandement militaire dans l'inversion des sigles OTAN et NATO) conclurent rapidement qu'en cas d'attaque sans préavis suffisant des services d'acquisition du renseignement, la ligne d'arrêt serait sur l'Elbe au nord et sur le Danube bavarois au sud, à partir d'où serait engagée l'artillerie atomique tactique pour désorganiser les divisions blindées du Pacte. On était et demeure encore aujourd'hui dans une stratégie de défense et dissuasion.

C'était l'essence même de la "riposte graduée", une échelle de répliques montant jusqu'à l'holocauste. Mais le dispositif ne vaut que si aucune place n'est laissée au doute dans la tête de l'ennemi, ce qui explique pourquoi l'on est passé de l'apocalypse automatique à la riposte graduée parce que le chaos nucléaire pouvait, dans la tête des Russes, faire réfléchir un président américain démocrate alors que l'atome tactique restait possible d'emploi (ce fut chez nous la même démarche avec les fusées neutroniques Pluton).
L'irritation des anglo-saxons au retrait du président français en 1966 fut grande à ce titre seul, mais comme s'il en fallait plus, le général fit dire au général Ailleret à Mons que les Forces françaises d'occupation en Allemagne ne monteraient plus au front tchèque, leur seule mission étant désormais de fermer la béance historique du nord-est français ; ce qui était une trahison de la stratégie engagée jusque là en alliance et une gageure d'une inouïe stupidité, à voir la vétusté des moyens déployées par l'Etat gaullien sur zone (j'en fus).
Si ce caprice, motivé peut-être par une rancune datant de la guerre, - on se souvient des réticences alliées à l'endroit du chef de la France libre - entamait gravement la dissuasion atlantique, le NATO para le coup en renforçant le dispositif allemand et en prenant un droit de regard sur les déploiements de fusées russes sur le territoire du Pacte. L'OTAN gagna la manche lors de la crise des euromissiles commencée en 1977. On se souvient de la phrase pragmatique du président Mitterrand à Bruxelles en 1983 : « je constate que les pacifistes sont à l'Ouest et les euromissiles à l'Est » quand défilaient par milliers les idiots utiles et les soutiens indéfectibles de l'URSS dans les villes occidentales sous couvert de non-violence à la Gandhi.

Renfort anglais en Estonie


Finalement l'Union soviétique recula comme elle l'avait déjà fait lors de la crise de Cuba. La dissuasion marchait correctement... puis l'empire du mal s'étant ruiné dans la course aux armements, le Mur s'effondra en 1989, rebattant toutes les cartes. A première vue, si l'OTAN avait une mission civilisatrice qui cadrait assez bien au contexte d'échanges transatlantiques de l'époque, le NATO devait être dissous en même temps que le Pacte de Varsovie, la Russie d'Eltsine ne présentant plus aucun danger au plan militaire, sauf à polluer durablement ses vieilles bases navales. C'est ce que contestèrent les pays de l'Est aussitôt libérés du joug russe. Pour eux, la dépression russe ne durerait pas puisque le pays disposaient de rentes minières colossales et encore mal exploitées et que reviendrait un jour la tentation hégémonique naturelle du "colosse". Il fallait au contraire profiter des circonstances pour se mettre à l'abri.
Le Pentagone se laissa tenter et vit son avantage à déplacer la ligne OTAN vers l'Est. Ce qui, à mon sens jadis, fut une erreur, mais se trouva justifié par la suite quand la Russie voulut mettre au pas les républiques constituant ses marches comme la Moldavie et la Géorgie, en morcelant ces entités établies ((sécessions de la Transnistrie, de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie).

Qui provoqua quoi ? Il est difficile de démêler l'écheveau. Les minorités russes en voie d'assimilation forcée dans les pays baltes et en Ukraine devinrent rapidement un gage chez les Etats libérés auquel répondit très vite la menace russe de régler une nouvelle question des Sudètes si le nouveau tsar était appelé au secours par ses "sujets" laissés découverts à marée basse. Et, constatant la pusillanimité d'Obama en Syrie, il le fit au Donbass, contre toutes les prévisions des services américains ! C'est l'origine du déploiement musclé des troupes NATO dans les pays baltes et en Pologne que dénonce Mélenchon, avec toujours la même porteuse sur la partition : faire peur !
Pour le moment le barrage tient, et la crise économique russe déclenchée par les sanctions occidentales qui suivirent l'affaire de Crimée, oblige le Kremlin à réduire son réarmement et ses provocations un peu enfantines. Mais ce confinement a ses limites dans la mesure où la Russie s'y adapte en s'industrialisant (enfin !) et en remettant en culture ses friches pour pallier la rupture des approvisionnements européens. Il faudra être prêt au réveil de l'ogre :)

Un Leclerc en Estonie



Alors que veulent chez nous les ténors du retrait ?

Que Poutine ne soit plus ennuyé et que la sainte Russie gère sa zone d'influence dans l'intérêt de la paix mondiale, les inconvénients de voisinage n'étant que des désagréments collatéraux passagers. C'est Munich 1938 ! Dans la ronde pacifiste on trouve de tout monde. Dans le camp anti-NATO (commandement intégré), des gens intéressés comme Marine Le Pen financée par des banques russes, Nicolas Dupont-Aignan dans son rêve gaulliste canal historique, et même... Jean Lassalle. Dans le camp des anti-OTAN, Jean-Luc Mélenchon par anti-capitalisme pavlovien, Jacques Cheminade et François Asselineau... et jusqu'au Yoda de la crypte, l'ineffable Bertrand Renouvin qui "aiment" les Russes et chez qui tout sujet, même l'héliciculture, traverse la désotanisation. Eric Zemmour n'a rien compris au film mais dénigre l'OTAN, canard sans tête, comprenne qui pourra alors que les autres la trouve trop grosse (la tête). Benoît Hamon de son côté ne quitte ni l'OTAN ni le NATO, lui au moins a réfléchi. Quant à Laurent Wauquiez, il a une approche utilitariste du NATO qui deviendrait un outil disponible pour des coalitions momentanées sur toute opération lancée dans le strict intérêt de la France et des droits de l'homme... comme on le fit dans l'affaire libyenne ?

Plus généralement tous les souverainistes sont pour quitter l'OTAN, les mêmes phosphorent sur l'indépendance d'un pays qui ploie sous la dette et grevé de déficits dans tous les compartiments du jeu, tous ! comptes sociaux, balance commerciale, comptes budgétaires, comptes industriels publics. Bon courage, les mecs, avez-vous tenté d'expliquer ça à vos gosses qui ont fait des études ?

Eurofighters allemands en Estonie



Synthèse :

L'imprévisibilité de l'Administration Trump dénoncée par le président Tusk est réelle. Elle handicape tous les plans à l'Ouest... comme à l'Est. Paradoxalement elle participe de la dissuasion atlantique en la compliquant. En contrepartie de quoi elle valorise le projet de défense européenne, que le Piéton du roi juge irréaliste sinon même impossible comme toute avancée européenne portée par la France d'aujourd'hui. C'est le pain noir de Macron.

Aucun dispositif d'alliance militaire crédible n'est en capacité de se substituer au NATO à l'heure actuelle. On fera sur ce blogue une analyse de la défense européenne plus tard. Et ce pays n'a pas les moyens d'y aller seul, sauf à se limiter à la rade de Brest et celle de Toulon.
Par contre le dispositif atlantique continue à faire peur à nos adversaires, d'autant plus que des puissances décisives comme l'Allemagne et la Grande Bretagne réarment dans ce cadre stratégique. Il n'est pas un jour que le Kremlin ne dénonce l'OTAN et cela nous laisse penser que la menace réelle ou ressentie les obsède. D'autant qu'ils la connaissent bien, et pour cause :
Les Russes ont une mission permanente auprès du Secrétariat général atlantique à Bruxelles. Elle dispose de tous les moyens utiles d'information sur la stratégie de l'Alliance (clic). Ça vous la coupe ? Faut pas.

Dans l'attente d'une solution de défense jouable pour la France, il vaut mieux tenir qu'espérer, préservons l'Alliance atlantique et n'en faisons pas un enjeu de politique intérieure.

lundi 12 septembre 2016

Essai de géopolitique djihadiste

Le billet donné par le Piéton du roi au Lien légitimiste pour sa 70ème livraison a été augmenté par le rédacteur-en-chef d'un cadrage plus large. Le voici donc en complément d'Arès publié ici le 29 août dernier. Les illustrations ci-dessous ont été ajoutées par Royal-Artillerie.

Le grand désordre que nous subissons est imputé par beaucoup à l'islam qui force sa place non seulement dans les croyances individuelles mais sur tout l'espace social car cette religion est littéralement totalitaire. Elle ne distingue pas Dieu de César. Alors se pose la question existentielle de savoir si l'islam est l'otage du choc des civilisations qui aurait créé l'islamisme ou bien s'il est la principale infanterie de cette confrontation ? Est-il le vecteur involontaire ou sournois de l'islamisme, ou bien sa victime ? C'est tout le dilemme. Et tant que les présidents des confréries musulmanes n'auront pas tranché le nœud gordien qui selon eux les étouffe, en proclamant que la France n'est pas une terre d'islamisation, de par son histoire universelle et ses mœurs politiques, les pouvoirs du moment oscilleront entre confinement indulgent et répression, selon l'état de l'Opinion. Autant dire la pire politique ! L'affaire est de longue mèche ; elle fuse depuis la décolonisation.

Dans un éditorial donné le 20 juillet dernier (après l'attentat de Nice) au site d'information numérique Vexilla Galliæ, le prince Charles-Emmanuel de Bourbon Parme analyse les causes premières du djihadisme : « Lorsque nos dirigeants nous expliquent, la voix ferme et le regard dur, que cet attentat n'est que l'un des premiers dans une guerre qui commence, ils se trompent et ne nous rendent pas service en ne nous disant pas toute la vérité. En effet, la grande confrontation entre le monde occidental et l'islam radical a commencé peu à peu avec les conflits de décolonisation où la religion servit souvent de catalyseur aux populations révoltées. L'islamisme réveillé dans la lutte contre la présence européenne a pris, par la suite, tous les visages. Se cachant sous les oripeaux de l’État socialiste, de la guérilla libératrice, de la révolution nationaliste, il a, en vérité, doucement progressé avec des confréries, au fur et à mesure de l'arabisation des sociétés décolonisées.»

Nonobstant, les luttes d'émancipation de l'Orient compliqué furent le plus souvent laïques dans le droit fil de la révolution kémaliste turque, et c'est bien à partir de l'Afghanistan que s'y agrège la composante djihadiste, donc islamique. Kémal Ataturk fut le précurseur, il abattit le Califat ; le Bloc national des capitalistes syriens de Choukri al-Kouatli chassa les Français ; en Irak, Abdul Karim Qasim coupa les ponts avec la Grande-Bretagne, c'était un marxiste ; lui succèdera le parti laïque Baas ; Nasser, Khadhafi, Bourguiba, Boumédiène, aucun de ceux-là n'étaient des lideurs confessionnels. Leurs successeurs (Inönü, Assad, Saddam Hussein, Moubarak, Ben Ali, Bouteflika...) encore moins. La seule exception fut Anouar el-Sadate, un homme de grande piété en toute modestie.

Autres temps autres mœurs
Un demi-siècle plus tard, cette émancipation fondamentalement républicaine et laïque est subvertie d'un côté par le chiisme intégral de Qom et d'un autre côté par par un wahhabisme médiéval qui trouve sa source en deux endroits : la théocratie séoudite et la confrérie des Frères musulmans égyptiens. La première citée disposait jusqu'à il y a peu de ressources illimitées pour pousser sa cause partout ; on parle de deux centaines de milliards de dollars. La seconde dispose de la méthode imbattable développant un socle caritatif de proximité. L'islam trouve un écho dans tous les peuples du Croissant vert comme le dit le prince de Bourbon-Parme et ce sont les Américains qui pour faire pièce aux Russes empêtrés dans une guerre de montagne, firent vibrer cette corde islamique contre le marxisme athée du Kremlin. Ils armèrent à profusion les bandes d'insurgés afghans avec du matériel récent jusqu'au succès que l'on sait, et instruisirent au combat des chefs naturels qui en faisaient la demande comme Oussama Ben Laden. Jusque là disposant de sabres et de pétoires, les moudjahidines accédèrent aux dotations qui permettaient de composer des unités de combat modernes. Ainsi ce ne sont plus des bandes hirsutes qui entrèrent dans Kaboul en 1992 mais des compagnies complètes. On verra resurgir des unités constituées sur le modèle réglementaire en Irak, bien aidée en cela par la bourde énorme du proconsul américain, Paul Bremer, qui débanda l'armée baassiste de Saddam Hussein, fournissant les cadres instruits et une organisation militaire offensive à la nouvelle antenne irakienne d'Al-Qaïda, devenue plus tard l'Etat islamique en Irak et au Levant après le pillage des arsenaux de Mossoul.




Que ce soit en Afrique ou au Moyen Orient, les bandits assassins sont devenus des unités formées, équipées, bien armées, même si elles trafiquent de tout pour glaner des ressources. Autant le rezzou religieux ne pouvait tenter le jeune citadin européen peu enclin à bivouaquer longtemps dans le désert, autant l'incorporation dans une armée moderne inscrite dans un Etat factuel est valorisante. La cause n'est pas perdue, au contraire elle est proclamée gagnante. Et l'issue plutôt favorable qui se dessine dans l'élimination de l'Etat prétendûment islamique ne gommera pas la professionnalisation du djihadiste dans sa tête. Il est devenu un soldat, et revenu à la maison bientôt, il aura acquis les réflexes des forces spéciales infiltrées, du moins le croira-t-il, renforçant ainsi sa détermination (*ndlr).

L'analyse du prince de Bourbon-Parme cadre bien le problème mais ne va pas jusqu'à sa solution. Si tous nos princes admettent que l'islam n'est pas endémique en France, ils n'ont pas pris position sur un islam génétiquement modifié, adapté aux mœurs de la nation. Leur critique récurrente des erreurs de la République ne doit pas primer la rénovation de la charpente confessionnelle du pays qui prendra en compte tous les paramètres historiques et d'actualité. Ce chantier (**ndlr) est lancé par les pouvoirs publics. La laïcité à la française à l'évidence n'est plus la réponse utile ! C'est donc maintenant plus compliqué pour nous aussi.
C.-F. 25/08/2016


NDLR :
(*) Il s'agit du format de la guerre asymétrique 3.0 qui va succéder au califat de l'OEI effondrée à Raqqa.
(**) C'est le chantier confié à Jean-Pierre Chevènement par la Hollandie en déroute.


Articles les plus consultés

Compteur de clics (actif)