vendredi 27 février 2009

HADOPI

HADOPI - Le Net en France : black-out
Vous avez évité EDVIGE, vous n'avez pu parer la HALDE, vous n'éviterez pas la HADOPI. Le projet "Création et Internet" voté au Sénat le 30 octobre 2008 sera bientôt soumis à l'Assemblée nationale. La loi dite Olivennes (ex-FNAC) a pour objet de mettre en oeuvre une « riposte graduée » des autorités publiques aux internautes-pirates qui couleraient les fabriques de la Culture. La chasse, l'instruction, la déconnexion du FAI¹ sont remises entre les mains d'une "haute autorité" du type HALDE, un superflic nommé HADOPI².

OlivennesBien que nous soyons la risée de nos voisins sur nos exceptions en tout genre, nous allons rejoindre, grâce à l'ancien patron d'un hypermarché culturel qui débite la médiocrité à torrents, le club des pays policiers du web avec la Chine, l'Iran, le Vietnam, Singapour et ... la Syrie, car pour "protéger la création", la profession exige que l'on scanne en masse.
Mitterrand - ancien ministre de l'Intérieur de la IV°- l'avait rêvé, Sarkozy - ancien chef ce la police de la V°- l'aura fait ! Du monde, beaucoup de monde aux pupitres de flicage en France ! Vous dépensez ici ce que vous avez eu tant de mal à économiser là.
Réclameront-ils des képis pour faire peur dans la webcam ?
Gribouille en pleine hyperactivité !

- L'Allemagne pouffe par la bouche de son ministre de la Justice Brigitte Zypries : « Je ne pense pas que la riposte graduée (française) soit un schéma applicable à l'Allemagne ou même à l'Europe. Empêcher quelqu'un d'accéder à Internet me semble être une sanction complètement déraisonnable. ».
- La Suède se tord de rire par le refus conjoint des ministres de la Culture Lena Adelsohn Liljeroth et de la Justice Beatrice Ask : « Les lois sur le copyright ne doivent pas être utilisées pour défendre de vieux modèles commerciaux ».
- Les Anglais, d'abord poussés au crime par le showbiz britannique, reculent par la voix de leur ministre de la propriété intellectuelle David Lammy : « Les gens peuvent louer une chambre dans un hôtel et partir avec le savon — il y a une grande différence entre partir avec un savon et partir avec la télévision ».
Reding- Et le commissaire européen en charge du truc, Viviane Reding, a arrêté les frais au niveau de Bruxelles, en dépit de la menace que représente Pierre Sellal, représentant permanent de la France à l'Union Européenne, mais encore époux de Sylvie Forbin, vice-présidente de Vivendi-Universal en charge des affaires institutionnelles. Cela surprend-il ? Nenni, nous connaissons tous la corruption ordinaire des politiques publiques par le régime des lobbies.
- Même le Parlement de Strasbourg refuse de débattre de ces nouvelles contraintes sur l'usager, redoutant sans doute la bronca gigantesque des hackers qui vont pulvériser leurs sites promotionnels.

Si nous avions l'intelligence de nous inquiéter d'être encore les seuls à avoir raison, cela se saurait. Donc, après moult amendements contournés par les décrets d'application à suivre, Albanel va au Palais Bourbon faire voter la Risposte graduée et créer le superflic HADOPI avec une ligne budgétaire de 6,7 millions d'euros (hors-charges externes à couvrir on ne sait pas comment), ouverte dès 2008 pour le premier exercice 2009. Est-ce l'intrusion d'un fromage concurrent qui suggère à la CNIL les commentaires défavorables que nous reproduisons en fin de ce billet ?
Quoiqu'il soit, comme souvent, nous jetons de l'argent au Jurassic Park de la Culture fabriquée par des moulins à merde qu'il faut sauver du désastre. Au milieu des banques ça ne se verrait pourtant pas beaucoup !

Albanel

Commentaires officiels de la CNIL sur la loi Olivennes :

La Commission observe également que les seuls motifs invoqués par le gouvernement afin de justifier la création du mécanisme confié à l'HADOPI résultent de la constatation d'une baisse du chiffre d'affaire des industries culturelles. A cet égard, elle déplore que le projet de loi ne soit pas accompagné d'une étude qui démontre clairement que les échanges de fichiers via les réseaux « pair à pair » sont le facteur déterminant d'une baisse des ventes dans un secteur qui, par ailleurs, est en pleine mutation du fait notamment, du développement de nouveaux modes de distribution des œuvres de l'esprit au format numérique.

La Commission observe que le projet de loi, en plus de donner le choix entre différentes procédures aux SPRD et aux organismes de défense professionnelle, leur permet également de procéder à la qualification juridique des faits constatés en fonction de critères qu'il leur appartiendra seuls de déterminer. En effet, des faits identiques - la mise à disposition d'œuvres en méconnaissance des droits d'auteur pourront passer du statut de « manquement » associé à une sanction administrative - à celui de délit de contrefaçon associé à une sanction pénale potentiellement assortie d'une peine de privation de libertés.
La Commission considère ainsi ne pas être en mesure de s'assurer de la proportionnalité d'un tel dispositif dans la mesure où il laissera aux seuls SPRD et organismes de défense professionnelle le choix de la politique répressive à appliquer sur la base d'un fondement juridique dont les contours sont mal définis.

Or la Commission relève que la modification de l'article L. 34-1 du CPCE introduite dans le projet de loi permettra à l'HADOPI de recueillir et de traiter, sous une forme nominative, les données de trafic, hors donc de toute procédure judiciaire, garantie cependant jugée essentielle par le Conseil constitutionnel. Elle estime dès lors que le projet de loi ne comporte pas en l'état les garanties nécessaires pour assurer un juste équilibre entre le respect de la vie privée et le respect des droits d'auteur.


Note (1): FAI = fournisseur d'accès Internet. A noter que la déconnexion pénale ne suspend pas la facturation mensuelle du FAI.
Note (2): Haute autorité pour la diffusion des oeuvres et la protection des droits sur Internet




Si l'article vous a plu ou déplu, vous pouvez aussi le faire suivre à un ami en cliquant sur la petite enveloppe ci-dessous :

jeudi 26 février 2009

25° Lien légitimiste

e Lien est paru. Vingt-quatre pages, cette fois, qui sont tombées dans les boîtes à lettres ou les boites à mails. L'impatience d'ouvrir l'enveloppe est palpable dès lors que vous avez de la distance entre la grille du parc et votre salon de lecture. C'est mon cas, mais je n'appelle pas ces répères de cette façon.
Le chapeau jeté à la patère, vautré sur mon canapompé, je déchire ...
La livraison comporte un hors-série traitant la "genèse de la renaissance légitimiste (1941-1957)" par Michel Josseaume, et un diagramme de la succession Bourbon depuis le Vert Galant, qui à partir de 1833 prend la piste carliste, le parti de l'honneur disait Brasillach à sa chère Angèle.
Le tirage du bulletin écrase un peu les photos inédites, c'est dommage. En voici une autre :...

le prince alphonse et ses 2 fils
Le numéro 25 commémore la mort tragique du prince Alphonse au Colorado en 1989, en faisant l'hommage à ce blogue de piéton d'une reprise de notre In memoriam du 30 janvier. Mais c'est la rubrique "Royalistes et royalismes" de Gérard de Villèle qui m'a intéressé, au moment d'ailleurs où la télévision publique vient de diffuser un dossier¹ sur l'évasion de louis XVI, qui fouaille atrocement les tripes fumantes des sansculottes d'aujourd'hui. Est repris un dossier sur l'actualité de la royauté de La Nef où Christophe Geoffroy s'entretient avac Yves-Marie Adeline (La Nef n°198, nov.08) des difficultés d'une restauration sereine. Bien analysées, le point de vue d'YMA complète à merveille l'interview qu'il a donnée ce mois-ci à Génération FA8 et qui est en ligne ici. Il termine par une appréciation frappée au coin du bon sens :

yma« Aujourd'hui, pour enjamber 160 ans de notre histoire, il faudrait un grand mouvement de nostalgie populaire ; or les peuples ont touhours la mémoire courte ; ce sont kes élites qui ont la mémoire longue. pour les Capétiens français, cela signifie que le fait d'être un prétendant en titre ne pèse pas lourd, c'est avant tout le charisme d'un prince qui pourrait convaincre les Français de le suivre à rebours du chemin qu'ils ont tracé pour la république ». Cultivons donc l'affect populaire, en même temps que nous convertissons les élites comme y arrive assez bien Patrick de Carolis.

Les deux messages du duc d'Anjou, l'un du 18 janvier 2009 (Louis XVI) et l'autre du 30 janvier (messe de requiem du Val de Grâce) sont dans ce numéro 25. A archiver.

Viennent ensuite les "Mélanges à propos de choses diverses qui courent ci et là". Villèle entre dans la crise du Luxembourg qui a transformé le Grand Duché en monarchie protocolaire après capitulation du prince tenté par le "progrès", l'épée de la sanction ayant rouillé dans le fourreau, comme le dit Michel de Poncins.

La chronique de Jacques Rolain se paye Philippe Delorme, rationnaire de l'orléanisme chez Point de Vue, et passe du futile à l'utile en analysant le Lien n°24 avec un oeil exercé, pour conclure sur l'audience privée de la famille de Louis de Bourbon par le saint Père. Serrons nos idées sur cette question d'affect populaire par la fréquentation des grands. Le bon peuple achète.

Guillotel persite ensuite dans son histoire d'Alphonse II (1975-1989) en traversant la période qui précéda son "règne", de Jean III († 1887) à Charles XII († 1936). Le prochain article parlera de la descendance de François de Paule. J'attends déjà.

Le numéro se termine par un long billet de Claude Jacquemart (de Valeurs Actuelles) sur l'insurrection vendéenne, vrai mouvement de résistance populaire contre la dictature exercée au nom du peuple par les révolutionnaires. Le billet contredit évidemment la thèse du soulèvement aristocratique colportée par les historiographes républicains. Mais nous, nous le savions déjà.

drapeaux blancs AR
Même un vieux royaliste usé comme le piéton du roi apprend quelque chose dans Le Lien Légitimiste. La dernière m'a fort surpris et j'ai creusé : le duc de Montpensier² Antoine d'Orléans (1824-1890), époux de la soeur de la reine Isabelle II qui le promut infant d'Espagne, provoqua en duel l'infant Henri de Bourbon³, premier duc de Séville, au motif de laver son honneur d'un pamphlet que celui-ci avait publié contre sa trahison de la Maison d'Espagne lors de la rebellion du général Joan Prim. Le 12 mars 1870, l'ayant blessé sur le pré à la Dehesa de los Carabancheles, il le dépêcha pour en finir ! Le même, lors de la fuite de Louis-Philippe des Tuileries le 24 février 1848, pressé de sauver sa peau, avait abandonné son épouse à l'émeute ; celle-ci fut sauvée par un député qui la reconnut. Décidemment ! Glissons !


Abonnement papier : 20 euros les 6 numéros bimestriels
Abonnement électronique : 10 euros en .pdf

Le Lien Légitimiste
10 Place Foire-le-Roi
37000 Tours

Mél : gerardchezvillelepointcom

ABONNEZ-VOUS !


Note (1): archives FR2 du mardi 24.02.09 - 20:35 : téléfilm d'Arnaud Sélignac : "Ce jour-là tout a changé"
Note (2): cf. long article sur la wikipedia
Note (3): cf. la généalogie - partie 4 des Blancs d'Espagne




Si l'article vous a plu ou déplu, vous pouvez aussi le faire suivre à un ami en cliquant sur la petite enveloppe ci-dessous :

mercredi 25 février 2009

Du mille-feuille territorial

M. BalladurEdouard Balladur boucle sa réforme territoriale en vingt points. Le document des Echos est accessible ici. Dans le désordre et en gros, il est question de ramener le nombre de régions métropolitaines à quinze, de recréer l'ancien département de la Seine (75) en agglomérant la Petite Couronne à Paris, de développer huit à dix métropoles autonomes de taille internationale en province, de supprimer les cantons et de réformer les scrutins en réduisant d'un tiers les exécutifs locaux.
La Gauche braille comme à l'époque des charcutages pasquaïens, sauf in petto ceux des caciques locaux qui bénéficieront de plus d'autonomie. Et bien évidemment, la réforme des scrutins dérangent les combines d'entre-deux-tours de tout le monde. Des imbéciles heureux qui n'ont pas lu le billet précédent, convoquent déjà un référendum pour torpiller la réforme, puisque le peuple assemblé est par principe intelligent et contre le petit reître !

Royal-Artillerie évoque deux points : l'agrandissement de la région, la démocratie de proximité sur empreinte communale.
Comme je l'écrivais à Jean-Philippe Chauvin, les régions ne sont utiles que si elles sont autonomes dans leurs domaines de compétence et assez puissantes pour n'avoir pas la tentation de congruer en parlement national informel et rebelle¹ afin de peser sur l'exécutif parisien inaccessible depuis la province.

carte régions
Le premier danger de cette autonomie puissante est la création de satrapies. La parade aux emballements somptuaires est de leur faire lever les contributions directes qui les financent, si l'on veut bien convenir d'avance que tout un chacun doit subvenir aux besoins de l'Etat par ses impôts aussi modestes soient-ils. Pour le moment, moins d'un Français sur deux subit les trois piqures annuelles des tiers de l'IRPP², ce qui n'est vraiment pas "égalitaire".
L'autre danger est la sécession, surtout si passe le train du traité de Lisbonne dont un wagon prévoit de se pencher sur les "nations sans état". Dans sa tête, l'Alsace est presque prête à la fusion avec le Bade, sauf les hommes politiques français qui risqueraient bien sûr leur place. Le politicien déteste la novation, tant la prébende est difficile à gagner.
SavoieLe Roussillon qui refuse cette désignation sauf pour le pinard, se verrait bien dans une grande Catalogne à cause du mépris affiché par Montpellier et Toulouse à son égard. Le Pays basque pareil.
La Haute Savoie et la Franche Comté pourraient bien devenir le 27° canton suisse. Un mouvement y travaille ouvertement. On les comprend un peu :)
Ceci étant, le vieux mille-feuille politico-administratif français n'est pas performant quand il n'est pas carrément banqueroutier.

Dans un pays moyen sur-administré comme la France, la redistribution des pouvoirs convoque le principe des vases communicants et l'Etat central y perd en pouvoir et complexité. Le refus de ce principe hydraulique par redondance des services ministériels à mesure que montaient en puissance les services régionaux, est à l'origine du bordel administratif chiraquien que l'on veut réduire. Normal que se soit Balladur qui s'y colle.

Si au stade régional mieux vaut bâtir de grands ensembles capables de dégager des capacités budgétaires conséquentes et des coopérations transnationales avec leurs homologues de taille équivalente, au niveau du citoyen, il n'est pas bon de saquer la démocratie directe de proximité, la seule qui soit saine. Mêmes si les compétences doivent passer à l'échelon, si les directions des services et travaux sont optimisées en élargissant l'assiette d'interventions, on ne doit pas y mélanger le débat démocratique.

Mme GuigouLe meilleur cénacle politique du citoyen est le conseil municipal si toute la commune y est représentée, ce qui n'est pas le cas, par le dispositif de prime au premier venu, visant à dégager une majorité de gestion. Or on voit bien que l'autonomie de gestion des communes est un leurre, surtout depuis que leur endettement, contractés dans les années glorieuses, la plombe terriblement. A ce stade, l'intercommunalité (ou carrément la fusion de communes) est une réponse pertinente au niveau exécutif, mais on doit la compenser par la revalorisation des conseils municipaux existants recomposés à la proportionnelle intégrale (non bricolée).
Ce conseil municipal - photo fidèle de la circonscription électorale de base - devrait pourvoir aux sièges du conseil régional, sans assemblée intermédiaire, à partir d'un mode de scrutin propre à la région, voire même choisi par elle. Ce serait une vraie simplification et au moins l'édifice politique de ce pays serait alors érigé sur une vraie légitimité de base.

Pour le reste, je ne vois rien d'offusquant, encore moins au spectacle affligeant d'Elizabeth Guigou condamnant « des soi-disant réformes régressives qui dissimulent beaucoup d'arrière-pensées et de manœuvres électoralistes ». De l'autre bord, l'accusation de jacobinisme proférée à l'endroit du projet Balladur par de M. de Villiers, président du Conseil général de Vendée (44), est à m'expliquer avec des mots simples. L'âge venant, je n'ai pas capté le diable (de Tasmanie) dans le détail.
La remise du rapport final à l'Elysée est imminente.


Note (1): voir les refus des socialistes en région d'appliquer les lois votées à Paris par la majorité qui leur est hostile
Note (2): Impôt sur le revenu des personnes physiques




Si l'article vous a plu ou déplu, vous pouvez aussi le faire suivre à un ami en cliquant sur la petite enveloppe ci-dessous :

mardi 24 février 2009

Démocratie simplifiée export

Quand les néo-conservateurs de l'Administration Bush décidèrent d'enfoncer la démocratie dans la gueule des tyrans à les étouffer, il n'imaginaient pas le peu d'intérêt suscité par ce régime merveilleux dans les opinions orientales. Certes les Chiites irakiens les bénirent pour les avoir libérés des griffes baassistes et les papavéraculteurs d'Afghanistan d'avoir mis en fuite les Talibans qui prohibaient l'opium.
Restait à faire marcher le truc démocratique en demandant aux chefs naturels des clans de cajoler leurs sujets-administrés pour qu'ils soient désormais choisis par eux dans le secret de l'isoloir. En Irak, après épuisement du stock de kamikazes, les résultats sont encourageants sur le papier, puisque 51% des électeurs en moyenne se sont déplacés pour voter aux dernières élections provinciales. Mais l'enthousiasme n'est pas là, et c'est la faute aux politiciens :...

Sans doute ont-ils séché les cours du soir de démocratie. Un professeur français de droit romain remédie à cette lacune en éditant un abrégé de démocratie appliquée qui leur permet enfin d'envisager leur carrière avec sérénité. La démocratie s'apprend sur le tas plus que dans les livres, certes, aussi le ton du polycop est-il péripatéticien en diable, et le cours est offert également par oral. La traduction arabe suivra ...

Voici l'extrait essentiel sauvé du néant par un magnétophone d'amphithéâtre :

Pr Frêche
Ce que je vous dis c’est l’évidence. Ah, mais si les gens fonctionnaient avec leur tête, mais les gens ils ne fonctionnent pas avec leur tête, ils fonctionnent avec leurs tripes. La politique c’est une affaire de tripes, c’est pas une affaire de tête, c’est pour ça que moi quand je fais une campagne, je ne la fais jamais pour les gens intelligents. Des gens intelligents, il y en a cinq à six pour cent, il y en a trois pour cent avec moi et trois pour cent contre, je change rien du tout. Donc je fais campagne auprès des cons et là je ramasse des voix en masse¹.
Enfin, aujourd’hui je fais ce qui m’intéresse, comme président de région, j’aide les lycées, j’aide la recherche, et quand je ferai campagne, dans deux ans pour être de nouveau élu, je ferai campagne sur des conneries populaires, pas sur des trucs intelligents que j’aurai faits. Qu’est ce que les gens en ont à foutre que je remonte les digues ? les gens s’occupent des digues quand elles débordent, après ils oublient, ça les intéresse pas, les digues du Rhône, les gens ils s’en foutent, ah ! à la prochaine inondation, ils gueuleront qu’on n’a rien fait.

digue rompueAlors moi je mets beaucoup d’argent sur les digues du Rhône, mais ça ne me rapporte pas une voix ; par contre, si je distribue des boîtes de chocolat à Noël à tous les petits vieux de Montpellier, je ramasse un gros paquet de voix. Je donne des livres gratuits dans les lycées. Vous croyez que les connards me disent merci, ils disent, non, "ils arrivent en retard", comme si c’était ma faute parce que l’appel d’offres n‘avait pas marché et que donc il y avait quinze jours de retard dans la livraison.

Les gens, ils disent pas merci, d’ailleurs les gens ils disent jamais merci. Les cons ne disent jamais merci. Les cons sont majoritaires, et moi j’ai toujours été élu par une majorité de cons et ça continue parce que je sais comment les engraner, j’engrane² les cons avec ma bonne tête, je raconte des histoires de cul, etc… ça un succès de fou, ça a un succès fou. Ils disent, "merde, il est marrant, c’est un intellectuel mais il est comme nous", quand les gens disent "il est comme nous", c’est gagné, ils votent pour vous. Parce que les gens, ils votent pour ceux qui sont comme eux, donc il faut essayer d’être comme eux.

sardaneLà, les catalans me font chier, mais je leur tape dessus parce qu’ils m’emmerdent, mais dans deux ans, je vais me mettre à les aimer, je vais y revenir, je vais leur dire, mon Dieu, je me suis trompé, je vous demande pardon, ils diront : "qu’il est intelligent", ils me pardonneront, ils en reprendront pour 6 ans. C’est un jeu, qu’est ce que vous voulez, il faut bien en rire. Avant je faisais ça sérieusement, maintenant j’ai tellement l’habitude de la manoeuvre que ça me fait marrer.
Les cons sont cons et en plus ils sont bien dans leur connerie. Pourquoi les changer, pourquoi voulez vous les changer ? Si vous arrivez à faire en sorte que les gens intelligents passent de six à neuf pour cent, voire à onze, vous ne pourrez pas aller au-delà. Mais les cons sont souvent sympathiques, moi je suis bien avec les cons, je joue à la belote, je joue aux boules. Je suis bien avec les cons parce que je les aime, mais ça ne m’empêche pas, mais après, quand vous avez raison, après ils vous donnent raison, mais toujours trois à quatre ans après.

Toujours trois ou quatre ans après, ils disent : "mais il est pas si con parce que après tout, ce qu’il a fait ça marche". Donc vous faites des trucs, vous vous faites élire, six ans. Les deux premières années vous devenez maximum impopulaire, vous leur tapez sur le claque bec, etc… ah ! salaud, "le peuple aura t’a peau, on t’aura", moi je dis "cause toujours, je vous emmerde".
Ensuite deux ans vous laissez reposer le flan, vous faites des trucs plus calmes. Et les deux dernières années, plus rien du tout, des fontaines, des fleurs, et des bonnes paroles, je vous aime, ô catalans, je vous aime, ô occitans mes frères, je vous aime. Vous faites un petit institut, une merde pour propager le catalan auprès de quatre gugusses, tout le monde est content, tout le monde est content. Evidemment ils parlent catalan, comme ça personne les comprend à trois kilomètres de chez eux. Mais ça leur fait plaisir...

[© Professeur Frêche Georges, faculté de droit de Montpellier, 2008, dans une imitation réussie de Coluche] - Cours magistral collationné par Fabrice Thomas pour "Perpignan-Tout va bien" (le site propose les enregistrements en amphi).

hôtel du Languedoc
On comprend mieux pourquoi les harkis dissidents³ de Septimanie n'avaient aucune chance, qui étaient allés coucher à La Grande Mothe avec les élus gaullistes, légataires universels du Grand Abandon. Où passe un démocrate aussi abouti que le professeur-président, l'herbe ne repousse pas, mais les gens applaudissent le tour et c'est bien ce qui compte.
Sait-on que les présidents de région sont rééligibles sans limitation de mandats, comme l'ont obtenu non sans mal les despotes éclairés au pétrole lampant Chavez et Bouteflika ?

Messieurs al-Maliki, Karzaï et Moubarak junior, à vos plumes : vous nous copierez cent fois le cours de Maître Georges et vous vous garderez bien de réduire par un programme américain d'éducation démocratique des masses l'immense majorité de cons qui vous observe. Sinon, choisissez l'Education nationale française, le résultat est garanti.


Note (1): le professeur est un élu de la République depuis 1973 sans interruption, soit plus de 35 ans à ce jour. Donc sa méthode est éprouvée !
Note (2): de l'occitan, alimenter en grains (une meule par exemple)
Note (3): qui se sont fait traiter de "sous-hommes"en public




Si l'article vous a plu ou déplu, vous pouvez aussi le faire suivre à un ami en cliquant sur la petite enveloppe ci-dessous :

lundi 23 février 2009

En diligence ...

panneau d'arrêt des cochesDans la précipitation des temps que recherche le royaliste sur un espace donné, ô rêveur incorrigible, il est un progrès nié comme tous les autres, celui de la contraction des distances. Manant des Cévennes, je sais que mon arrière-grand-père montait à Paris en moins d'un mois, à pied. Non qu'il ait été incapable de régler les transports puisqu'il était propriétaire d'un grand mas sur de nombreux traversiers qui descendaient de la cime du pays jusqu'à la rivière, mais peut-être à la fois très économe et goûtant la randonnée et les rencontres au soir qui baisse, préférait-il la marche. De nos jours, il est des princes et des gueux qui traversent les déserts pour écrire des livres d'images ! Lui, sans doute imprimait-il tout dans sa tête.
Un contemporain nous raconte aujourd'hui la ligne de diligences (littéralement "à marche hâtée") qui partait du même coin pour Montpellier afin de gagner la nouvelle ligne de chemin de fer vers Sète. C'est mon ami Isidore Boiffils¹ de Massanne (1824-1907). Les extraits de son ouvrage ont été collationnés par M. Jean-Paul Chabrol de l'IUFM d'Aix-en-Provence. Laissons maintenant passer la magie du récit ...

Mes contemporains ont vu s’opérer dans les moyens de communication entre les hommes un changement qui est en train, selon l’expression biblique, de renouveler la face de la terre. J’avais suivi, de 1837 à 1839, étant au collège, la construction du chemin de fer de Montpellier à Cette. Je n’ai pas oublié l’étonnement mêlé de terreur que j’éprouvais à la vue de la première locomotive de ce monstre brutal, doué de mouvement et d’incomparable force, animé de deux grands yeux de flamme, soufflant la fumée, s’avançant le long de sa voie de fer, se jouant des fardeaux les plus lourds, s’arrêtant à la volonté d’un invisible conducteur humain.

les messageries royales
En 1840 et 1842, malgré un premier essai, on ne se doutait pas encore de l’importance prochaine du chemin de fer. M. Thiers les considérait comme un jouet d’enfants ; et de fait pour les rendre pratiques il manquait encore un élément indispensable, je veux dire le télégraphe électrique. Donc en 1842, on se disait en progrès pour avoir perfectionné les voitures publiques à marche accélérée, les malle-postes, les bateaux à vapeur, etc.

Je parlerai bientôt du voyage de Paris considéré à cette époque comme un grand voyage ; pour le moment je me bornerai aux trajets de Sumène à Montpellier et à Cette, le plus long que j’ai entrepris. Un service de diligences entre le Vigan, Ganges et Montpellier² existait depuis une trentaine d’années. Nous autres, gens de Sumène, allions prendre la voiture à Ganges. Vers les 8 ou 9 heures du soir, on s’entassait dans un véhicule étroit, doublé d’un cuir que le contact des voyageurs encrassait au point de donner des nausées, et après neuf ou dix heures de cahots, on arrivait à la pointe du jour. Le trajet pouvait se faire du matin au soir et, dans ce cas, on dînait à l’auberge que tenait à Saint-Martin-de-Londres un nommé Flavier.

Le chemin entre Ganges et Montpellier, sauvage et désert, montueux, mal entretenu (on l’a renouvelé et rectifié presque partout depuis 1842³) faisait rêver de vols et d’assassinats. Le centre de la ville est le large carrefour où se réunissent le chemin neuf, le Jeu de Ballon, le chemin de Montpellier et la rue des Barris ; le coeur est l’angle du trottoir bordant l’hôtel de la Croix-Blanche ; cet angle mérite le nom de cap des badauds.
Chaque jour, une quinzaine de diligences partaient de cet endroit ou le traversaient en s’arrêtant pour relayer. Ajoutons un roulage considérable, et de nombreux véhicules privés, et vous arriverez à un chiffre respectable de chevaux et de gens de chevaux.

col CardonilleSaint-Martin de Londres est un bourg d’un millier d’habitants tout au plus, situé à peu près à moitié chemin de Ganges à Montpellier, à la bifurcation de plusieurs routes. Ce qui le faisait jouir du bénéfice de la halte obligée qu’y devaient faire les rouliers, les conducteurs de diligences et généralement tous les voyageurs. La vie et le mouvement sont dans le faubourg que traverse la route. Sur un carrefour assez vaste est une fontaine avec bassin-abreuvoir, ombragée par un grand platane : les oisifs de l’endroit, les palefreniers et postillons en récréation, assis sous l’arbre sur des bancs de pierre, formaient une brochette, occupée à regarder passer les véhicules, à fumer d’interminables pipes, en un mot consciencieusement absorbés dans le plus doux farniente.

La route est bordée de grandes remises, de vastes écuries, d’un café très spacieux, et enfin de deux auberges : l’Hôtel Bancal et l’Hôtel Flavier, celui-ci tenant, à beaucoup près, le premier rang. C’est là que les rouliers faisaient bombance à un prix très modéré tandis que leurs attelages consommaient une provende que le valet d’écurie réduisait de moitié pendant la ripaille des maîtres.
C’est là aussi que les diligences et voitures déversaient leurs voyageurs pour le dîner. La salle à manger avait un papier à personnages représentant une chasse au tigre dans l’Inde anglaise, avec des pagodes, des palanquins, des éléphants portant des dames et d’obèses milords à cheveux rouges, les rajahs et les anglais à cheval, des tigres dans les jungles, etc. Quant aux repas, ils étaient médiocres de délicatesse et de propreté ; néanmoins, mon imagination de collégien considérait l’Hôtel Flavier comme un lieu de délices.

Quelle plume pourra donner à nos prosaïques contemporains de 1885 une idée de la diligence, de sa poésie, de sa splendeur ; et comme les chemins de fer sont ternes à côté d’elle !

l'accident
Le beau rêve en 1840 que d’être entrepreneur de diligences ! L’an passé encore, en 1884, étant au café avec un alerte vieillard de 86 ans (il est mort depuis un mois), je me plaisais à lui entendre narrer la grande création de la diligence du Vigan à Millau, sa lutte avec les Messageries Royales. « Oui », me disait M. Félix Laporte, et ses yeux pétillaient d’enthousiasme, « les Messageries Royales répondirent à nos propositions d’accommodement : la route du Vigan à Millau n’est pas assez large pour deux diligences ! C’est donc la guerre que vous voulez, eh bien vous l’aurez, la guerre ! et nous mangeâmes 80.000 francs la première année… ».

L’entrepreneur de diligences était donc un aventureux bourgeois enivré de gloire, et comme généralement il n’avait pas fait ses humanités, l’exemple d’Icare et de Phaéton ne l’inquiétait pas. Il régnait sur une bien attrayante tribu de buralistes, conducteurs, postillons, palefreniers, portefaix alias facteurs, et de chevaux. Montait-il dans sa voiture, son voyage était un triomphe ! Les aubergistes le saluaient, les filles d’auberges le cajolaient ; le conducteur ne brillait pas ce jour-là.

Nous autres arrivant de Sumène, commencions par déposer nos bagages et consultions le buraliste : « Aurons-nous des places dans le coupé, dans l’intérieur de l’impériale ? ». Tout en fumant sa pipe, le buraliste feuilletait nonchalamment son registre. « Et quand partira-t-on à l’instant ? ». Ici intervenait un facteur : « Voyez, Messieurs, la voiture est là et je vais chercher les chevaux, ne vous éloignez donc pas ! ».

Ganges
Sans nous éloigner, nous sortions alors sur le trottoir du Jeu de Ballon encombré de monde. Les négociants s’y promenaient de long en large ou bien s’asseyaient sur les bancs à la porte des cafés. Quels cafés ! Une salle longue et étroite, fumeuse et mal balayée toujours vide tandis que le seuil de la porte était obstruée. Le cafetier baillait ; et lorsque par hasard un consommateur demandait quelque chose à boire, le cafetier lui jetait un coup d’oeil défiant et le servait d’un ton de mauvaise humeur.

Les postillons, palefreniers et facteurs s’agitaient en jurant et bousculant les voyageurs effarés. Sur les bancs, sur les pierres du seuil des portes, sur la bordure du trottoir se tenait dans les délices du farniente l’engeance des courtiers de toute espèce, engeance curieuse à observer, nombreuses à Ganges, très rares dans les bourgs voisins, inconnue à Sumène.
Cependant, on emmagasinait les bagages sous la bâche et à force de se faire attendre, l’attelage finissait par arriver. La foule faisait cercle pour voir monter les infortunés voyageurs entassés dans l’étroit véhicule. Le conducteur jetait sa cape sur la botte (siège qui régnait devant le coupé sur toute la largeur de la diligence), allumait sa pipe, rassemblaient les guides ; le buraliste ou le facteur prononçait le sacramentel : « Faï tira ! » et la diligence partait.

diligence

Note (1): je guette une concession près de la sienne pour profiter de sa conversation et ne pas m'ennuyer à perpète.
Note (2): la distance de Ganges à Montpellier par l'ancien col de la Cardonille (333m jadis) était de 50km.
Note (3): ...pour finalement le refaire partout dans les années 80.




Si l'article vous a plu ou déplu, vous pouvez aussi le faire suivre à un ami en cliquant sur la petite enveloppe ci-dessous :

samedi 21 février 2009

Hystérix et les Etats

armesLe petit reître n'a pas l'étoffe pour des Etats généraux sur la réforme du Code Noir.
Le peuple en rut libéral avait convoqué Maggie Thatcher pour kärchériser les écuries d'Augias, le Ciel nous a envoyé Joséphine de Beauharnais ! Nous avons élu un communicateur né, un camelot, et c'est bien logique en démocratie.
Son problème d'insuffisance est aussi le nôtre : le président n'a pas d'architecture politique propre sauf à partager certaines valeurs dont l'instrumentalisation partisane lui a réussi. Alors il met en scène avec talent le livret que produisent les Mignon, Guaino et consort, sans aucune cohérence dans le temps puisque la république se gouverne au jour le jour en Démagogie. Quand il aura achevé son quinquennat il aurait tout dit et son contraire. Dit ... et fait ! Et nous appellerons le suivant puisque nous le devons. Quel gag, la démocratie d'étage régalien !

Ces derniers mois, il distribue l'argent des contribuables français aux plus bruyants d'entre nous et les porte cautions indivises de prêts monstrueux aux banques et aux constructeurs automobiles quand ses caisses sont vides. Mais il n'y a pas que "ses" caisses creuses, il y a aussi l'épargne populaire, fort bienvenue dès lors que la caste possédante a garé le fruit des produits de sa fortune, quand elle n'a pas émigré.
D'entrée de jeu, il avait exempté la classe aisée de la surtaxe inique du système socialiste sans compenser le manque à gagner par des économies dans l'Etat soviétique truffé des mêmes socialistes. N'ayant plus rien, il jongle aujourd'hui avec l'argent des autres dans le concours mondial keynésien qui va certainement nous couler bas ; mais c'est une autre question car il ne sera plus là pour prendre le radeau de la Méduse.

livreQuelle est la société sarkozienne idéale ? Celle sans doute où quiconque d'adroit voire rusé peut "parvenir" à condition de ne faire que "ça". Une société d'obsédés. Celle où la récompense du succès s'affiche au poignet ou en semelles. Certainement pas en lisant les grands classiques français, ni à l'issue d'une construction patiente de l'honnête homme. La culture bidonnée fait rage à l'étage du pouvoir, et ne peut avoir d'échos que dans un certain milieu de gosses de riches dispensés très tôt d'interro si papa paie.
On pouffe à l'idée qu'il ait pu lire plus que la quatrième de couverture de La princesse de Clèves. Quelque part, la barbarie ancienne du houzard a muté en vulgarité. Les poses content de soi, les gesticulations oratoires dont Medvedev se moque en public, le phrasé des fortifs qui met en pétard l'Alliance française, la démarche chaloupée sans capuche pour passer les troupes en revue, l'addiction aux sms chez le pape comme à Zhongnanhai, tout révèle l'extraction. Basse malgré les armes de famille.

De bons communicants sans grand bagage, il y en eut d'autres. Mais au moins avaient-ils le ressort mental de s'identifier à de grandes figures de l'histoire et cette tension les soutenaient dans les difficultés, lissait les imperfections involontaires de leur propre image, leur servait en fait de colonne vertébrale politique, ou de colonne vertébrale tout court. Obama est un fan de Lincoln. Il y pense certainement quand il doute et cherche une réponse dans la chronique de ce temps.

Reagan, acteur de cinéma western, pouvait imaginer le pas martial du général Custer, et ainsi entrer sur ses jambes à l'hôpital en saluant la caméra, avec deux balles dans le buffet. Il avait fait restaurer deux cuirassés auparavant pour remonter le moral de la nation. Le rôle joué jusqu'au bout finit pas faire imploser l'URSS.
Jean Gabin racontait avoir vaincu sa peur lors d'une mission à la mer au début de la guerre, en se jouant Humphrey Bogart sur le pont de l'USS Levianthan sous le feu des canons impériaux !

tank de cartierLe petit reître rêve-t-il au pont d'Arcole ?
Jamais de la vie, n'en déplaise à ses thuriféraires intéressés et à ses hagiographes si bien rémunérés. Plutôt à la Dolce Vita qui l'attend dans trois ans avec sa belle italienne ; plus surement, aux conférences à cent mille dollars le bout, le pupitre à Davos, l'oracle du capo di tutti capi que l'on viendra consulter du fond des crises. Comment fera-t-il sans les disques durs externes précités est faire du mauvais esprit. Qu'importent les Guaino, on improvisera comme au prétoire, tu oua.
L'irrépressible envie de dominer la présidence tchèque de l'Union européenne - ces salauds ont signalé nos déficits aux gnomes de Bruxelles - trahit une ambition proprement démesurée. La Commission libérée du matraquage médiatique, proclame sans détours par la bouche de Joaquín Almunia que "le roi est nu", sans un, raide !

Lancer dans ces conditions les Etats généraux de l'Outremer est très présomptueux. Le mille-feuilles colonial est si complexe qu'il ne convoque pas une solution évidente mais un faisceau de choix différents dans des domaines antagonistes que sont l'économique, le structurel, l'administratif et le financier, autant d'arbitrages que chaque DOM-TOM exigera pour lui-même sans chercher de cohésion d'ensemble, ouvrant ce faisant la porte aux surenchères. Les conseillers du prince ne trancheront pas à sa place s'il veulent continuer leur carrière après lui, car le bâton des DOM-TOM est réputé merdeux, plus facile à prendre qu'à lâcher.

Si l'idée n'est pas mauvaise en soi, elle précède normalement une émancipation définitive travaillée sur une longue période. Le dernier qui s'est mêlé d'Etats généraux n'avait pas au début vu l'issue de l'affaire plus que ne la voit aujourd'hui le président, et in fine y perdit la boule.
A moins qu'on ne multiplie simplement les accords d'Evian.

Royal Hotel Evian




Si l'article vous a plu ou déplu, vous pouvez aussi le faire suivre à un ami en cliquant sur la petite enveloppe ci-dessous :

vendredi 20 février 2009

La porte du Nord

bannière Eurocorps
Le dernier article otanesque se terminait sur l'agrément difficile du greffon européen au sein de l'OTAN, constaté par le président Sarkozy et Mme Merkel ensemble avant le Davos de la Sécurité à Munich. L'Eurocorps étant officiellement l'instrument conjoint de l'UE et de l'OTAN - c'est dans sa devise - sa mutation hybride sonne le glas d'une défense européenne autonome, chimère combattue par bien des Etats européens. Mais on avait mesuré déjà sur le terrain la supériorité tactique du schéma OTAN sur le schéma EURO...

Afghanistan
C'est la mission Afghanistan qui désinhibera les dirigeants français. Quand Chirac, déçu peut-être de ne pas voir "son" corps expéditionnaire de 60.000 hommes prendre forme, tenta de se rattraper aux branches de la réalité, il honora la signature de Robert Schuman en application de l'art. 5 du Traité atlantique qui nous conviait à dépasser la solidarité dialectique due aux Américains après le Onze Septembre. Nous partîmes en Afghanistan pour trois missions ...
- la reconnaissance aérienne avec appui air-sol (premier engagement des Rafales), - la chasse à l'Homme¹ (forces spéciales) - la formation d'une armée nationale afghane (forces conventionnelles). Nous avons aussi montré le pavillon sur mer avec le groupe aéronaval du Charles-De-Gaulle.
logo FIASN'ayant d'autre solution en propre que celle de l'Alliance, et surtout aucune solution logistique, le théâtre étant enclavé et notre "neutralité gaullienne" ne nous ouvrant aucune voie d'accès, nous intégrâmes le dispositif NATO-ISAF qui regroupe pour les coordonner et les servir TOUS les pays de l'Alliance atlantique, plus quinze autres qui se sont ralliés au son du canon, parfois pour marquer le coup symboliquement comme l'Azerbaïdjan, la Jordanie, les Emirats ou ...Singapour.
Pour la première fois depuis 1966, les unités élémentaires françaises ont travaillé au sol dans un conflit ouvert au sein d'un dispositif dense multinational, comme l'a montré la vidéo du dimanche 15 février sur ce blogue-ci. Les cadres ont compris que la réintégration de nos chaînes de commandement dans les procédures alliées était incontournables, si nous devions être impliqués plus tard dans une guerre de haute intensité. La rapidité des appuis aériens des Fairchild A10 les a impressionnés, plus que le montage en aveugle d'une reconnaissance de col à pied comme au bon vieux temps de la Coloniale !

Le fait même que l'embryon Eurocorps ait pour souci premier d'obtenir une certification OTAN, prouvait que le schéma atlantique était insurpassable au plan technique. Le cavalier seul français complètement dépassé faute de procédures et moyens mobilisables à l'instant T en zone Z sous un délai D, montrait la distance de notre déclassement technique dans des opérations terrestres. L'embuscade du 18 août a tout expliqué (clic), l'insuffisance de la chaîne de commandement d'abord. Nos dernières missions autonomes sont le maintien de l'ordre en Afrique, missions dispensées des trois contraintes ci-dessus, où nous avons toujours l'initiative, contrairement à l'Afghanistan où nous ne l'avons jamais ou pas encore.



Le Livre Blanc
Concurremment à cette évidence, l'inventaire des tableaux de dotations actives des armées françaises à l'occasion du Livre Blanc d'Hervé Morin (clac) fit apparaître des taux de disponibilité incroyablement bas des matériels. En gros et en moyenne, la moitié des équipements en dotation sont soit obsolètes soit arrêtés en panne ou immobilisés en attente indéfinie de rechanges. Les équipements les plus touchés par la misère budgétaire sont les aéronefs et les blindés.
Par contre la piste aux étoiles est trop petite pour contenir tout l'effectif de généraux et officiers supérieurs dont aucun poste n'est vacant. Il y aurait beaucoup à dire sur la fonctionnarisation des cadres. Vous allez rire, mais notre effectif mexicain ne peut trouver d'emploi que dans la réintégration de nos officiers dans les commandements intégrés. Ceci peut vous faire comprendre pourquoi les objurgations souverainistes trouvent si peu d'écho dans la Grande Muette.

A part nos étoiles surnuméraires, notre espace aérien de 550.000 km2 correctement surveillé, le groupement aéro-naval d'attaque du "Charles-De-Gaulle", et la tenue au feu de notre infanterie, nous n'avons pas grand chose à apporter à l'OTAN, nos équipements modernes activés étant rares et livrés au compte-gouttes. Obtenir dans ces conditions un commandement naval comme celui d'Oeiras relève de l'exploit. D'un autre côté, confier la direction du centre de prospective de Norfolk à un pays aussi critique que le fut la France gaulliste, marque le fait que cette ère est désormais révolue.

La menace
Ceux qui disent que l'ancienne menace a disparu sont des fous. Elle s'est estompée sous la pression de contraintes socio-économiques énormes et par rupture du glacis soviétique ; ses motifs ont changé mais sa réalité demeure. Et qui prendrait la responsabilité de débander le pacte atlantique en se promettant de le restaurer dès qu'une menace réapparaîtrait ? C'est de la théorie en chambre de bonne. Il n'est que de voir la zone de collision arctique² des intérêts primordiaux de l'hémisphère nord pour s'en convaincre à l'aube d'une compétition économique exacerbée.

carte arctique
Cette zone n'est accédée que par trois portes maritimes : (1) le détroit de Bering tenu par les Etats-Unis et la Russie, dont les premiers utilisateurs outre ceux-ci seront le Japon et la Chine ; (2) le détroit de Davis entre le Canada et le Groënland qui ouvre le passage du Nord-Ouest au bénéfice premier des Etats-Unis, de l'Europe occidentale et de toute l'Asie septentrionale ; (3) les détroits de Danemark et de Norvège qui forment les couloirs "européens".

En limite de propriété, nous voyons six pays dont quatre sont OTAN (EU, CAN, ISL, NOR), un pays danois mais colonisable par n'importe qui, le Groënland, et la Fédération de Russie qui tient 160° de longitude soit 7/8è de la moitié de l'arc arctique (180°). Pour amortir l'image nous avons choisi la carte polaire qui donne l'isotherme 10°C de juillet et donc la frontière polaire. Toute la stratégie de cette zone arctique est à l'évidence suspendue aux projections dessinant l'avenir de la Russie :

- Soit la Russie réforme sa société, s'arrache à son sous-développement chronique et rejoint le club capitaliste pour élever sensiblement le niveau de vie et de consommation de ses peuples ; elle participera alors massivement à l'économie de l'hémisphère nord et cherchera son bénéfice dans le commerce international des denrées, matières et produits car son handicap démographique en s'aggravant, lui interdit toute expansion : malgré la beauté slave de ses génitrices, l'homo russicus boit plus qu'il ne baise.

- Soit elle ne parvient pas à se désafricaniser et reste cette Haute Volga dotée d'une force nucléaire massive qu'elle finira bien par jeter dans le plateau de la balance quand elle se sentira larguée par le reste de l'hémisphère nord. Laissera-t-elle revenir en position de la coloniser le Big Bizness Occidental comme sous Boris Eltsine. Jamais ! C'est dans cette circonstance qu'elle deviendra un partenaire-adversaire hyper-dangereux, surtout si elle parvient à rebâtir une armée conventionnelle offensive d'importance en laissant capter les revenus d'exportation de son énergie primaire par le complexe mlilitaro-industriel toujours puissant, et en sacrifiant corrélativement le bonheur des peuples, qui chez ses dirigeants n'est qu'un slogan à l'eau de rose.

Même si nous aimons les Russes jusqu'à penser qu'ils ont une certaine complicité romantique avec les Français, nous ne devons pas baisser la garde comme nous nous y sommes abandonnés depuis quarante ans, du moins si nous voulons "exister" au tour de table de l'hémisphère nord qui va bientôt être convoqué par la fonte de la banquise.

parade russe à Sebastopol

La poussée vers l'Est
Si l'Alliance atlantique est le plus sûr moyen de contenir le mauvais karma russe, il n'en demeure pas moins que les "extensions" apportées au concept d'alliance atlantique ne sont pas toutes pertinentes. Certes elles participent de la nécessaire mutation des organisations humaines qui maintiennent à flot les positions personnelles acquises en leur sein. Imaginez la stupeur des fonctionnaires OTAN quand le Mur tomba ! Retourner dans les fonctions publiques nationales sous les quolibets de leurs collègues imposables dépourvus de privilèges diplomatiques ? Se mit en marche alors la créativité stratégique pour sécuriser les positions bureaucratiques.

L'analyse de Heinz Gaertner que l'on trouvera ici, si elle ne la dénonce pas, résume assez bien la dérive surtout à partir du Onze Septembre.
Plus spécialement, je trouve la marche vers l'Est très aventureuse pour de tout petits bénéfices, et les couloirs transcaucasiens d'énergie que l'on soupçonne gouverner l'annexion du glacis russe, ne méritent pas que l'on retourne à la guerre froide. C'est de la part des Etats-Unis une démarche d'aubaine plus qu'un programme de capture de l'espace eurasien. Le coup d'arrêt russe au tunnel de Roki s'il a anéanti la guerre privée de Dick Cheney pour Texaco en Géorgie, a surtout marqué la "limite de fourniture" de l'occidentalisation. A venir, la crise de Sébastopol entre l'Ukraine et son grand frère. Soyons prêts à ne rien faire.

SS22 iranienL'autre source de graves dangers est le Moyen-Orient avec deux pays nucléarisés qui ne nous aiment pas. L'Iran des mollahs vociférateurs est une vraie menace autant par son soutien aux groupes terroristes que par ses ambitions atomiques. Le Pakistan est à la merci de son armée, travaillée par l'islamisme. La vallée de Swat vient de légaliser la Charia. Elle peut basculer dans le camp iranien avec qui elle a frontière commune au Baloutchistan. Là encore nous rencontrons la Fédération de Russie qui agite tous ses anciens dominions d'Asie centrale en soufflant le chaud et le froid, et qui joue à contre-emploi dans la crise iranienne, uniquement pour tailler des croupières aux Américains et avantager sa propre filière nucléaire. C'est mesurer par là une certaine puérilité des deux stratèges du Kremlin, qui sous le masque glabre du joueur d'échec, manquent terriblement de sérieux. Ils nous l'ont montré encore récemment par la guerre des mafias gazières.

Ces menaces (nord et sud-est) ne se traitent pas entre adversaires de bonne foi autour d'une grande table de conférence. Toute négociation d'ampleur doit être appuyée sur des forces concrètes et jusqu'à plus ample informé, l'OTAN, même très réduite dans sa mobilisation immédiate, est l'organisation qui persiste à faire peur. C'est sa principale légitimité. Et je témoigne que cette peur était bien réelle parmi les élites des pays de l'Est avant 1989. C'est la même peur qui obligea les Yougoslaves à lever les crosses quand, pour des motifs de calendrier, on engagea l'OTAN sur mandat ONU plutôt que les Casques Bleus. Sans l'intervention de Chirac qui sauva les ponts du Danube, la Serbie aurait été nivelée sans état d'âme par AFCENT. La dissuasion au fond, c'est : si je bouge, ce sera terrible !
Dans le monde de demain, qui ne sera pas l'Ile Enchantée, nous aurons besoin de faire peur au même moment que nous afficherons notre amour des peuples du monde et multiplierons les coopérations de tous ordres. C'est d'ailleurs ce que font avec plus ou moins de réussite les Américains qui bombardent d'une main et bâtissent de l'autre, en irritant les peuples autant qu'ils impressionnent les Etats.

L'avantage industriel
Le commandement intégré mutualise les moyens logistiques et tous les appuis qui nous manquent, pour former un bloc militaire capable de sortir des amphithéâtres de stratégie théorique, et d'entrer sur les théâtres de la guerre vraie, servir le feu ou porter la menace de son déclenchement, et in fine couper les griffes aux contempteurs de l'Occident. A rester dans l'Alliance, la France doit s'impliquer dans le core business de la terreur légale et non pas dans des dérives périphériques humanitaires où elle fait double emploi avec les agences onusiennes et les ONG. Mais notre "avantage" à revenir n'est pas seulement stratégique et tactique, il est aussi industriel :

Typhoon
Les programmes communs que nous lançons seraient bien plus efficacement produits s'ils étaient définis au sein des structures intégrées qui vont se battre avec. Combien de jurons entendus en opération contre les concepteurs lointains d'équipement inadaptés ou fragiles. L'exemple majeur de l'avion de transport militaire A400M démontre que les dérives nationales détruisent le programme quadripartite parce qu'elles visent à utiliser les crédits consentis par chacun à la satisfaction de ses besoins exotiques personnels, voire de caprices infondés. Quel plaisir trouve-t-on à surcharger les spécifications d'un équipement déjà difficile à construire ? L'histoire des chars européens est du même tonneau. Seul l'hélicoptère franco-allemand Tigre a fendu l'armure "nationaliste", encore qu'il sorte en deux modèles, mais trop sophistiqué (pourquoi peut-il voler sur le dos ?) et trop cher, il ne se vendra pas beaucoup.
Si les doctrines d'emploi sont intégrées, les équipements seront similaires et nous pourrons les fabriquer en grande série de taille équivalentes aux séries américaines, voire même d'entrer dans celles-là. Bien sûr cela n'est pas inscrit dans les gènes de l'Alliance mais nous pouvons travailler à la redistribution des plans de charge industriel entre les deux rives de l'océan. Pour y parvenir nous devrons travailler à autre chose qu'à la retraite des cadres et faire des propositions inédites à nos clients avec des équipements éprouvés.

Conclusion
Au pantographe de la globalisation, le monde a fortement rétréci. Le temps des petites armées nationales est révolu, sauf pour patrouiller les campagnes, les montagnes, les banlieues maintenant, et nos eaux territoriales ; en fait, du travail classique de gendarmerie sans porte-avion atomique ni char Leclerc qui tire en courant. Tout conflit majeur de type continental dans lequel la France serait impliquée à son corps défendant, risque de lui coûter cher en termes d'accès à l'énergie et de dépendances indesserrables, si elle ne peut participer à la destruction de la menace au premier rang.
Or dans l'état d'abandon de nos capacités budgétaires, et pour longtemps, nous n'avons plus les moyens d'entrer seuls en premier sur un théâtre de haute intensité (Morin le croyait juqu'aux inventaires). Ce qui veut dire que nous devons nous allier ou chérir le destin du Portugal. Ceci étant accepté, il vaut mieux être à la passerelle du vaisseau que dans le carré des fusilliers-marins si on veut prendre son bénéfice.

Donc le petit reître a raison de réintégrer l'OTAN, mais cette décision implique de retrouver une certaine puissance militaire qui, lorsqu'elle s'ajoutera à une puissance économique revenue, ouvrira l'option d'une forme accessible d'autonomie par optimisation de nos dépendances. Ce qui n'est plus le cas depuis que les Sammies débarquèrent en 1918 à Saint-Nazaire pour régler notre vantardise et encaisser ensuite les fruits de leurs sacrifices. Une France heureuse et respectée n'est pas celle du "maître d'école" qui dit son fait à tout le monde et cherche l'exception de sa posture dans les enceintes internationales de peur qu'on l'oublie. C'est simplement une France sereine assez forte pour afficher tranquillement la défense de ses intérêts vitaux sans avoir à en parler du matin au soir et qui donc n'aura plus besoin de pitres diplomatiques pour exister. Un roi sait très bien faire ça.

Et notre force de dissuasion nucléaire ?
Si la dissuasion nucléaire est une langue morte qui a cessé de dire quelque chose depuis la chute du Mur, elle a été supplantée par la riposte graduée qui accentuait la réalité de l'holocauste atomique par la progressivité du brasier, puis par le tabou nucléaire. Pour que ce tabou persiste, il oblige à maintenir une menace atomique d'un certain niveau. C'est paradoxal !
Dès lors que nous disposons d'une force nucléaire, nous devons la conserver en bon état, même si elle ne dissuade plus personne d'utile au concept d'origine, mais fait peur aux nouveaux impétrants qui s'immiscent à la table de poker menteur sans connaître les codes. Et tous comptes faits, c'est le deterrent le moins cher, ce qui n'est pas à négliger en nos temps d'économies budgétaires.

missile M51
Pour finir de façon académique et récupérer la prébende de M. Chauprade, on peut lire le discours du secrétaire général OTAN Jaap de Hoop Scheffer à la 45è Conférence de Sécurité mondiale de Munich le 7 février dernier. Le texte mélange l'anglais et le français comme il en va souvent et cerne complètement la question atlantique actuelle.

Récapitulation :

Le dossier OTAN de Royal-Artillerie se compose à ce jour de quatre articles :

- PESD in NATO du 25 juin 2008
- L'étoile polaire du 13 février 2009
- L'aimantation atlantique du 16 février 2009
- La porte du Nord, présent billet du 20 février 2009

Un tiré à part de ce dossier en .pdf est en cours en vue d'un mailing avant le débat parlementaire. La liste de diffusion sera communiquée plus tard.



Note (1): On m'a signalé que nos OPS avaient éclairé par deux fois le Séoudien sans recevoir l'ordre de stop. Il n'apparut plus jamais ensuite dans aucune alidade.
Note (2): Lire à ce sujet le billet de Schizodoxe du 4 février et la déclaration de Jaap de Hoop Scheffer sur la question arctique.






Si l'article vous a plu ou déplu, vous pouvez aussi le faire suivre à un ami en cliquant sur la petite enveloppe ci-dessous :

jeudi 19 février 2009

La loupe guadeloupéenne

émeutes GuadeloupeLes évènements de Guadeloupe sont une excellente occasion d'observation entomologique du mal français. Tous les ingrédients y sont réunis et dans ce cas précis, captifs par insularité.
Nous ne referons pas l'histoire des Antilles françaises sauf à relever que Martinique et Guadeloupe sont très différentes, essentiellement parce que la première a passé la période révolutionnaire sous domination anglaise alors que la seconde fut balayée par la Terreur de la Convention. La caste béké est dit-on différente dans les deux cas. Ce qui compte n'est pas de régler de vieux soldes mais d'ouvrir les yeux sur la dérive économique de cette colonie très déficitaire, départementalisée en 1946 pour la sauver peut-être d'une indépendance fatale.
Les chiffres sont très brutaux pour une population estimée aujourd'hui à 450.000 habitants (plus 15.000 clandestins dans les soutes) :...
(en pourcentage de population active, 170.000h)
- 40% de fonctionnaires tous statuts
- 25% d'inscrits ANPE dont 80% sans qualification aucune
- 20% d'érémistes
- solde à moins de 20% (selon l'interpénétration des catégories)
En sus, 80% du PIB (7750 M€) provient des services et du commerce. Il y a donc un fort parasitage du secteur productif. Aucun territoire au monde ne survit longtemps dans cette configuration sociale.

carte
S'il n'est pas exigible des DOM-TOM qu'ils se suffisent en tout, au moins pourrait-on organiser leur autonomie alimentaire, voire énergétique, au simple motif de leur isolement. En Guadeloupe nous en sommes très loin. Les cultures vivrières maintenues sur les sols qui ne sont pas asservis à l'agriculture commerciale subventionnée (banane, canne à sucre représentent 60% de la valeur produite) ne parviennent pas à saturer le marché de la consommation locale. Les cultures technocratiques de substitution à la canne à sucre - melon et fleurs - sont orientées aussi vers l'exportation. Quant à l'élevage, autre activité organisée par l'Etat, il est en crise profonde par divers dysfonctionnements bureaucratiques, à l'exception de la volaille et des oeufs qui peinent à couvrir 60% des besoins.

Le site de la région (oui, on leur a mis aussi une strate "région" sur la tête) nous indique en 2005 qu'« à l’exception de l’industrie du sucre et du rhum, le secteur de la transformation utilise peu de produits issus de l’agriculture locale ! L’implantation d’unités de transformation des produits locaux, qui permettra d’asseoir le développement des filières de diversifications, mérite d’être particulièrement encouragée. Ces unités dont les projets ne sont pas encore finalisés sont indispensables ». On se demande ce qu'ont branlé les administrateurs français depuis 160 ans !

En fait le territoire a été exploité par la métropole comme une colonie lointaine dans le plus pur style "planteur". La photo d'une réunion récente du patronat local n'appelle aucun commentaire :
patrons de la Guadeloupe
Le Métropole se rembourse de subsides destinés à maintenir une certaine tranquilité sociale, par la vente forcée de ses productions distantes de 7.000km (?!), au bénéfice d'importateurs en petit nombre, bénéficiant d'exclusivités commerciales, et de grandes enseignes margeant comme des bêtes. Même l'essence vient maintenant de la Martinique alors que les Caraïbes disposent de raffineries qui livreraient à bon prix, et tant pis si le carburant est plus soufré que le nôtre. Le Golfe du Mexique offre à bas prix des produits frais, mais on fait tout venir de France par reefers réfrigérés frétés au prix fort !

La question de l'énergie est toujours posée comme dans tous les DOM-TOM mais c'est le seul secteur souriant. L'archipel isolé n'est pas raccordable ; il doit donc produire son électricité. A 84% celle-ci provient de centrales thermiques EDF (fuel et charbon). Mais on peut noter que la part d'énergies renouvelables devient significative. Et c'est sans doute le seul "record" guadeloupéen : L'exceptionnel ensoleillement plaide pour les installations photovoltaïques ou les simples chauffe-eau solaires, les alizés soufflent pour l'éolien, les sous-sols volcaniques chauffent pour la géothermie et les résidus de la canne à sucre favorisent la biomasse. Avec une production de 16 % pour le renouvelable, la Guadeloupe détient un bilan plus flatteur que celui de la métropole qui atteint péniblement 14 % alors même que l'Europe fixe un objectif de 21 % pour 2010 (source Destination Guadeloupe) . Sans fuel en 2020 ? Pourquoi pas ?

Miss GLe plus grave est le cancer social que représente cette perfusion continue de la société antillaise qui est complètement assistée et structurellement déséquilibrée. Pas de vraie classe moyenne, 90% de noirs, 5% de blancs, 5% de tout venant. Bien sûr que l'insularité et la nature volcanique d'un relief tourmenté n'arrangent pas les choses, mais la Guadeloupe manque terriblement de guerriers entrepreneurs malgré une population juvénile importante. Les énergies nouvelles par exemple sont un débouché pour toutes les Caraïbes, encore faut-il donner aux jeunes chevaliers d'industrie la postcombustion nécessaire à leur projet, et les délier de contraintes du modèle métropolitain qui encombrent leur courage. Les banques pas plus qu'ici n'assument leur fonction.

La Guadeloupe est connue dans la région caraïbe pour son relief tropical, ses plages magnifiques, son système sanitaire et son charme français, mais aussi comme un guichet de la civilisation européenne ; malheureusement on n'y remarque aucune réussite économique débordant l'espace des Antilles françaises. Les exportations ne font que 3% du PIB ! L'économie de comptoir et la logique de rente dénoncées par Yves Jégo la briment.

On me dit dans l'oreillette que s'il y avait 90% de Chinois, l'archipel serait déjà un petit Hong Kong. Salauds de Chinks qui transformeraient l'île en paradis fiscal et travailleraient comme des bêtes pour rouler en Benzie et donner des millions dans les soirées caritatives !
Les Antillais peuvent-ils réinventer la belle Guadeloupe ? A eux de faire bloc pour mutualiser leurs forces. L'affrontement interethnique actuel que l'on masque par des insatisfactions consuméristes, peut les couler sûrement, et personne ne viendra les envahir pour les "libérer". C'est passé de mode. Trop cher !


PS : un avis sérieux ? cliquez ici !



PS : un débat intéressant de Canal+ en Martinique
Si l'article vous a plu ou déplu, vous pouvez aussi le faire suivre à un ami en cliquant sur la petite enveloppe ci-dessous :

mercredi 18 février 2009

Portail - suite & fin

troisième portailCe billet est le troisième et dernier de la série "portail royaliste". Pour les retardataires, le premier billet (#1) exposait les motifs de ce vecteur d'idées ainsi que les services proposés à ses contributeurs ; le second (#2) cherchait à démontrer l'avantage d'une approche généraliste de la communication et comment articuler le portail de presse et le site d'actualités. Celui-ci propose un programme de réalisation.

Note liminaire : Dans cette affaire de stricte communication, Royal-Artillerie travaille comme un mini-laboratoire d'idées et son rédacteur principal, du modèle one-foot-take, n'y recherche aucune position avantageuse pour sa gloire, ni flatteuse pour son ego, sa misanthropie largement reconnue l'en prévenant. C'est donc une approche tout à fait suisse (honneur à la garde) qui est développée ci-dessous. Ceinture ! Un petit clic vaut mieux ...

Si les chefs chouans et leurs adjudants-majors ne veulent se réunir pour convenir de participer à un portail de presse et utiliser ses services de communication dédiée (voir le #1), ils ne peuvent brider l'initiative de quelques motivés sur le site d'actualités qui échappe à l'establishment. A noter que ce site, pain quotidien du portail royaliste, ne requiert que les autorisations professionnelles d'usage et les déclarations légales.
Ceci ne veut aucunement dire que le projet doive se faire en dehors des responsables d'organes de presse royalistes, bien au contraire ; mais que leur réticence manifeste à converger laisse augurer d'un échec si l'on veut démarrer par un tour de table, d'autant que la parthénogenèse du mouvement ne semble pas devoir s'arrêter ; tous les mois naît une sous-structure dans la mouvance d'Action française.

les 3 singes sages
A l'image de ce qui s'est fait avec succès dans la presse électronique, il faut réunir une équipe motivée par le seul vecteur de communication, c-à-d. qui résistera à la tentation de s'impliquer dans le rédactionnel ou dans les affaires de famille, et comportant dès le départ au moins...
- un professionnel "com" ;
- un chef de projet expérimenté "méthodes" ;
- deux bénévoles mordus ;
- un peu d'argent.

Le tandem dirigeant doit trouver des compétences en lui, et autour de lui pour les réunir dans une structure souple d'échanges énergisants. L'un des deux doit être à l'aise avec les sites web même s'il ne se charge pas de la construction des sites du portail.

Quand l'outil en projet aura été ébauché, sera venu le moment de cerner l'objectif général et les objectifs particuliers de chaque ateliers de l'usine à services afin d'achever le dessin et de distribuer le travail de construction. Les péripéties de la construction influeront sur les objectifs, aussi est-il inutile de se précipiter d'emblée dans la théorie.

crieur de journauxLa mise en ligne d'une version beta d'un premier site permettrait d'affiner avant de lancer sur la Toile le projet complet. Il serait avisé de lancer le site quotidien d'actualités généralistes en premier.
Dans le même élan, seront construites une par une les bases de services "com" que l'équipe aura décider d'offrir aux abonnés du portail. Mieux vaut un seul service qui marche impeccablement, qu'une brassée de possibilités bricolées et fatalement éphémères car elles dégouteront tout le monde et d'abord les détracteurs primaires.

A ce stade, le projet sera bien avancé et concrétisé sur la Toile, même en accès momentanément restreint.
Viendra l'heure d'insérer une gestion d'objectif de marché par résultats.
Ce qui demande de calibrer des moyens de financement et de démarcher les structures royalistes pour les abonner à l'usine et nourrir le vantail royaliste du portail de presse (deuxième jambe du projet à côté du site quotidien). Dit en passant, la gestion centralisée des lecteurs abonnés à chaque organe de presse serait un service utile et rentable pour tous. Un carnet mondain aussi.
La même démarche est à faire auprès d'autres producteurs non royalistes d'informations dès que la chose approchera de son format définitif.

Enumérer les ressources possibles indique les actions à entreprendre : publicité, abonnements, services à la carte, sponsors, donateurs.

clavier PSPLe royalisme français n'a pas tant besoin de réflexion que d'action. Encore faut-il la placer au niveau rentable en terme de résultats par rapport à un objectif choisi. A-t-on chez nous la culture d'objectif ? Le portail, tel du moins qu'il a été décrit dans les billets #1 et #2, doit renforcer l'audience des organes y participant en toute indépendance. Sa fonction essentielle est celle de moteur de valeur ajoutée. Ce surcroît d'audience est l'objectif.

A partir d'ici, doit se créer la première équipe. Il m'est revenu que les animateurs de la Conférence Monarchiste Internationale pouvaient être compétents. Qu'ils viennent au soleil et se saisissent du bébé, il n'est pas prématuré, se nourrit au lait maternel de l'empirisme organisateur, et leur est offert gracieusement.

Quelques exemples de portails réussis que j'ai détectés en passant sur Google News (c'est subjectif) :
*Actualité française
*Afrik.com
*Agoravox
*Aujourd'hui la Chine
*Eitb.com
*Eucharistie miséricordieuse (un peu lent à charger cause KTO)
*Grioo.com
*Journal Chrétien
*Journal du Net
*Le Post
*Médi-arabe.info
*Rue89
*Swissinfo




Articles précédents :
- 1.- Convergeons au portail
- 2.- Portail royaliste - deuxième

Si l'article vous a plu ou déplu, vous pouvez aussi le faire suivre à un ami en cliquant sur la petite enveloppe ci-dessous :

Les plus consultés sur 12 mois