samedi 31 décembre 2016

Saint-Sylvestre colonaise



Croisières et feux d'artifices sur le Rhin, concerts, cotillons, confetti partout, Cologne veut oublier la ruée des barbares de l'an passé. Il faut dire aussi que le tourisme s'est effondré et que la ville et tout le secteur festif se mettent en quatre pour relancer l'économie de plaisir. Participons à notre façon mais le mieux est de prendre un TGV pour soutenir la résistance rhénane.


share


Et pour finir, une évocation ferroviaire du Lido Schpountz rien que pour la longueur de jambes :



BONNE ANNEE !

jeudi 29 décembre 2016

Bon voyage, Monsieur Victor


Chuut ! Mais chuuuut ! Le Dessous des cartes était la seule émission télévisée sur laquelle je réclamais le silence de mon entourage. On n'en pouvait perdre une miette tant le discours était dégraissé, compact, intelligent. Digne fils de Paul-Emile Victor, Jean-Christophe Victor a produit un format inédit de vulgarisation géopolitique qui valait bien des thèses délayées de la profession. Tout y était, net et précis, élégant.
Il nous quitte à 69 ans, beaucoup trop tôt.

Condoléances sincères à sa famille.

share

lundi 26 décembre 2016

"Boxing" Day 2016 !

C'est cadeau ! Box ou boxe ? La trêve des confiseurs est la période la plus attendue des pouvoirs publics, en ce qu'ils y recherchent une indulgence des peuples à leur endroit. En musique ce serait un soupir. Qu'ils ne comptent pas sur nous, ils sont bien trop mauvais pour nous endormir. Au moment où les malheurs partagés rapprochent la France et l'Allemagne, tous les indicateurs sont au vert pour... leur divergence.
Deux entraves majeures désunissent le couple franco-allemand, le Brexit et la pétrification jugée irrémédiable de la nation française. Le Conseil des Cinq sages teutons¹ pronostique une rupture entre la social-démocratie française à compte d'autrui et la Rhénanité libérale allemande, la France devenant la Reine des Gitans ou dit autrement, la présidente du Club EU-Med (sic) ! D'un autre côté, des experts confirmés comme le professeur Pierre-André Buigues (Toulouse Business School) réitèrent le constat d'un décrochage français dans tous les compartiments du jeu.

La rupture de l'attelage sera la conséquence la plus directe du Brexit. Jusqu'à présent, l'Allemagne lourde (le qualificatif est plus parlant que "réunifiée") se tenait à équidistance du groupe des économies dirigées et de celui des économies libres. La deuxième économie (ou troisième selon le change) du marché commun quittant les instances politiques de l'Union européenne, ce rôle d'arbitre disparaît et oblige la Chancellerie à creuser son propre sillon sans camouflage. La puissance des industriels allemands (souvent propriétaires en titre de leurs affaires) nous laisse penser qu'ils vont renforcer le pôle libéral au Conseil plutôt que d'aider la France, à faire quoi d'ailleurs, ils se le demandent encore tant elle apparaît bloquée.

La France, puissance moyenne mais à capacité mondiale encore, est à la merci de ses propres désordres qui sont grands et elle aura bien du mal à imposer son leadership aux pays méridionaux qui luttent déjà contre le cancer latin avant d'en importer une sur-dose. Car la grande sœur est très malade et son déclin plus sûr que celui de l'Italie, parce qu'elle pèse bien plus lourd et que le poids n'est pas un avantage dans la pente.

En écoutant monsieur Buigues² on obtient la liste de tout ce qui ne va pas, mais le canon qui nous vise est déjà chargé à boulets rouges par la remontée des taux d'emprunts de refinancement de notre dette publique, causée par la hausse des taux américains.

(i) La création individuelle de richesse est en France inférieure à la moyenne européenne et l'écart avec l'Allemagne se creuse par l'inertie du chômage structurel français ; de 2 points en l'an 2000 cet écart est passé à 16. (Ndlr: C'est la mesure la plus sûre du décrochage à long terme).

(ii) Nos capacités d'exportation sont effondrées quand on les compare aux allemandes. L'écart de 2,6 points en 2000 est monté cette année à 16,7 points. Le World Economic Forum classe la compétitivité française à la 22è place (RFA 4è). Nos productions sont chères (aux prix scandinaves) pour une qualité moyenne (au standard latin). C'est toute l'organisation du travail et sa fiscalité qu'il faut revoir. S'agit-il encore de réforme ou de reconstruction ? Bon courage !

(iii) Notre industrie est déclassée tant par un grave déficit de formation (en dépit de 30 milliards de crédits de formation dépensés chaque année) et par un sous-investissement en robotisation. On compte en France 1,20 robot acheté pour 1000 salariés contre 1,32 en Espagne ; 1,60 en Italie et 2,80 en Allemagne. (Ndlr: où trouver les capitaux que par ailleurs on fait fuir ?)

M. Buigues termine ainsi : « Certains économistes sont sceptiques sur la capacité de la France à relever ces défis, mais si la France n’accepte de profondes réformes que pouvons-nous attendre du futur pour notre pays ? Un déclin qui se perpétue, une faillite si les taux augmentent ».


Le Piéton du roi ne sent pas l'immense colère nécessaire parmi les candidats à l'élection présidentielle. Finalement nous subissons le gouvernement des gnomes, plus ou moins fats, plus ou moins déconnectés des réalités et toujours contents d'eux-mêmes. Les écuries d'Augias sont sous un mètre de merde et il ne suffira pas de détourner le fleuve. Autant les passer au bulldozer ! Il faut chasser les prébendiers de la République, leurs familles, leurs porte-plumes, leurs porte-flingues, leurs loges, La Casta enfin ; et rebâtir à neuf une pyramide dont les faces convergeront au sommet pour capter l'aimantation nécessaire à la Nation avec la seule intention de faire le bonheur du peuple ; mais d'un peuple éduqué, redevenu intelligent.
Le rêve passe. Je demande le Temps !


share

samedi 24 décembre 2016

Messe de Noël


Nazaréen
Comment ne pas penser aux Chrétiens du Moyen-Orient subissant la vindicte islamique une fois encore ! Le pape, combien de divisions ? Le patriarche orthodoxe de Moscou en a quelques-unes, mais chez nous on peut se demander si la franc-maçonnerie régnante ne retient pas ses coups délibérément après les remontrances diplomatiques convenues.
A sa façon, ce modeste blogue célèbre la nuit de la Nativité avec Marc-Antoine Charpentier (1643-1704) et sa messe de minuit H.9 qui irait aussi bien pour un Sol Invictus d'ailleurs au temps du Roi-soleil. Il n'y a rien de comparable sous la baguette endiablée de Marc Minkowski avec Les Musiciens du Louvre.
Sourions, c'est Noël !

J'adore sur l'image choisie par les choristes grenoblois l'air interdit de la Vierge Marie et la mise en scène 'Renaissance' de l'arrière-plan du tableau de Fra Filippo Lippi (1406-1469), Vierge à l'enfant et épisodes de la vie de Ste Anne, sa mère.



Que se réjouissent cette nuit 
Tous les chrétiens du monde,
Un Sauveur leur est né,
Alléluia !
share

mercredi 21 décembre 2016

Joyeux Noël quand même !

 


Le Tea Party en avait rêvé, le Great Old Party l'a fait ! Les Etats Unis d'Amérique ont convenu d'élire le marchand de potions magiques qui a eu l'intelligence de sillonner la Rustbelt plutôt que les universités gavées de bons sentiments. Prédire l'avenir est maintenant un cauchemar pour les pisse-copies du quatrième pouvoir battu en rase campagne, M. Trump est imprévisible, carrément !
Ce qui amusera l'Amérique profonde n'est déjà pas une partie de rigolade pour les partenaires de l'Oncle Sam qui ne savent plus sur quel pied danser. Seule la Chine communiste a déclaré qu'elle prenait sa raquette en main et renverrait toutes les balles. L'Europe se réunit afin de décider de la prochaine réunion. La Russie se marre de voir le Clinton Gang Band refoulé aux combles de l'Histoire et le Japon, comme Taïwan, se réjouissent d'avoir à côté d'eux un George Bush III qui cassera la gueule à quiconque entendra qu'il va le faire ! Du changement dans la diplomatie ondoyante de l'administration Obama. La "ligne rouge" n'aurait été franchie qu'une seule fois par Bachar el-Assad, mais dans quel but la réplique cinglante, reste un mystère.

Alors Joyeux Noël à tous quand même !


share

lundi 19 décembre 2016

Des nouvelles du Spectre

Il n'y a plus de bipartisme en France, le spectre politique utile est fait de cinq courants : [EXG] Extrême gauche | [GDG] Gauche de gouvernement | [CDG] Centre de gouvernement | [DDG] Droite de gouvernement | [EXD] Extrême droite. Dans un billet précédent nous avons parlé des interstices, venons-en aujourd'hui au principal. L'iconographie de ce billet n'est pas un pronostic ni une préférence.

[EXG] L'extrême-gauche historique s'est regroupée derrière son meilleur tribun du moment, qui avait récolté onze pour cent des suffrages exprimés en avril 2012 : Jean-Luc Mélenchon, sous vos applaudissements. Nul ne le conteste, sauf les deux partis révolutionnaires à sa propre gauche qui, sans aucun espoir de l'emporter, manœuvrent dans une stratégie de subsides post-électoraux (voir le billet des Interstitiels). Porté par le renfort du Parti communiste français, lui sont ôtés les soucis de parrainages, seul capital encore utile au vieux parti stalinien. Il va donc y aller franco de port et d'emballage avec une proclamation de non-ralliement qui fera des dégâts au second tour de la Présidentielle en mai 2017.

[GDG] A Gauche, c'est la grande inconnue et le combat des frères du Grand Orient ! Le président décédé politiquement ouvre la voie aux impétrants en tous genres, confessions et agenda. Bien malin qui prédirait le résultat du premier tour de la primaire socialiste lancée sous les auspices de La Belle Alliance populaire. S'y bousculent tous les caractères qui font l'intérêt pédagogique du cirque électoral, témoins, imprécateurs, boulets et dérailleurs. Les premiers déclarés sont les plus sincères, les derniers les plus sournois.

Benoît Hamon, Gérard Filoche en ont gros sur la patate et quelque chose à dire, mais le second a été éliminé d'entrée, en toute "équanimité" comme dit le président de la Haute autorité de la primaire citoyenne, pour ses outrances passées ; il va les assigner, direct ! Damned ! c'était le candidat de la fachosphère qui voulait en faire un troll. Va-t-il se présenter en candidat libre ? Plus probablement, il rejoindra le Parti de gauche de Coquerel et Corbière. Arnaud Montebourg, bouffi d'orgueil, ne se voit nulle part ailleurs que dans ce concours de plaidoiries depuis qu'il a fait dix-sept pour cent à la Primaire Aubry-Hollande de 2012 ; entre-temps, ce grand impulsif a fatigué du monde tout en le faisant rire et la fraîcheur de la surprise a passé. Manuel Valls se revendique comme l'exécuteur testamentaire du quinquennat agonisant et, prévoyant, avait acheté son hastag #Valls2017 dès 2012. Mais il n'est rien d'autre au parti socialiste que le maire autoritaire d'Evry. Il a contre lui tous les autres jusqu'au dernier venu, le "dérailleur" Vincent Peillon, rappelé de son exil fiscal pour torpiller l'helvéto-catalan que tout le monde déteste aujourd'hui pour son arrogance, ses colères, son autoritarisme, ses volte-faces, sa femme de la FrançAfrique et le 49-3. Peillon a le bon logiciel de campagne en lui-même et une revanche à prendre sur la Rocardie d'ordre et pour compte son mentor assassiné au Sofitel de New-York. Vieil apparatchik de la veine réformiste strauss-khanienne, il peut parler deux heures avec un verre d'eau sur tous les sujets. S'il fallait miser chez les bookmakers de Londres, je le donnerais lauréat du concours inter-socialiste. Pinel, Benhamias et De Rugy sont figurants mais ils améliorent leur page Wikipédia.

[CDG] Le Centre utile vient d'être conquis en trois coup de queuillère à pot par Emmanuel Macron, plus vite que l'Etat islamique n'a repris Palmyre (et l'a quitté). Avec quinze mille militants payants au Parc des Expositions de la Porte de Versailles, il a renvoyé dans les cordes les partis croupions du centre-droit que sont les Centristes d'Hervé Morin, l'UDI de Jean-Christophe Lagarde et le MoDem de François Bayrou. Aucun n'est capable aujourd'hui de franchir la barre des cinq pour cent de suffrages ouvrant droit au remboursement des frais de campagne. Ça bride l'élan :) Au centre-gauche, les radicaux ont disparu en tant qu'espèce différenciée, Sylvia Pinel ayant rejoint la Belle Alliance pour ne pas être accusée d'avoir fait le lit du fachisme en captant par une candidature directe des suffrages utiles ailleurs.

[DDG] A Droite, les jeux sont faits. Le parti est en ordre, les centristes ralliés (finalement tous sauf le fat de Pau qui se décidera après l'Épiphanie) discutent des postes possibles au râteau de croupier. François Fillon n'a plus qu'à tenir le choc des assauts de tous les autres. On est en démocratie et tous les coups sont permis, même les plus bas, mais avec quarante ans de pratique, il est le dernier à se laisser surprendre. Bien épaulé, par des gens qui connaissent bien les dossiers (je pense à Eric Wœrth et Thierry Solère), il devrait mener l'aventure à terme, même si les mises au point se succèdent, arrondissant les angles du programme. Un bémol ? son shadow cabinet ressemble plus à une synthèse hollandienne qu'à un gouvernement de combat (voir l'organigramme mexicain en pied de billet): on a la désagréable impression d'être arrivé déjà à la ronde des desserts. L'ouverture au centre, préalable à la victoire, commence à affadir le programme botté, les quatre prochains mois seront longs pour monsieur Fillon et il ne m'étonnerait pas que sous la contrainte des réalités, une fois élu président (pour cent jours), il déroule le programme... d'Alain Juppé. De quoi en remettre dans la coupe d'huile de foie de morue que le vaincu doit avaler chaque matin que Dieu fait à Bordeaux.

[EXD] Le Front national va moins bien qu'il n'allait aux élections régionales de cette année. Le monolithe se fendille à mesure que le combat électoral gagne en intensité. Le problème central est le programme économique marxiste de Marine Le Pen, que les cadres du bureau politique ont acheté dans le champ des labours souverainistes, oubliant un peu vite que les Français n'ont jamais validé ces options. Ils s'en défieraient plutôt comme la plupart des populations menacées par le mondialisme que sont les Italiens, Espagnols, Grecs et Portugais. Quitter l'euro pour avoir quoi ? Une piastre que personne au monde ne change un vendredi ne sachant quel en sera le cours le lundi matin à l'ouverture des banques ? Marion Maréchal-Le Pen a très bien vu que ça ne collait pas, et d'autres idioties aussi ! Mais validées par le sémillant Philippot, qui se verrait bien le Raspoutine de la Duchesse de Montretout, ces âneries deviennent une affaire d'orgueil. Les chapitres économiques sont si mal travaillés au fond que la fente est large et l'épée traverse l'armure. Le jeu de massacre des économistes médiatisés va commencer après les fêtes. La jeune Le Pen a plus de sens politique que l'ancien élève de l'ENA, et ça n'est apparemment pas acceptable pour les evzones de Nanterre. Avec un charisme fou en plus, la totale !

Marine Le Pen va-t-elle repasser sous le fameux plafond de verre ? C'est son dilletantisme qui lui a coûté la région du Nord. Ses dossiers n'étaient pas assimilés, toute question pertinente était renvoyée à la dictature de Bruxelles ou à la submersion migratoire, elle ne savait pas convaincre au-delà des slogans faciles et éculés. Et pour ce qu'elle en montre aujourd'hui - sans doute se réserve-t-elle pour le vrai combat électoral - il semblerait que la candidate soit pour l'instant aussi faible qu'avant dans la construction de son raisonnement. On n'est pas à l'oral de Sciences Po mais dans le dur maintenant. Quand parle-t-on de responsabilisation citoyenne ? Les Français veulent-ils vraiment l'homme providentiel ? Combien font deux et deux ?

La volonté nationale est un des maux dont les intrigants de tous les temps et les despotes de tous âges ont le plus largement abusé. Les uns en ont vu l'expression dans les suffrages achetés de quelques agents du pouvoir ; d'autres dans les votes d'une minorité intéressée ou craintive ; il y en a même qui l'ont découverte toute formulée dans le silence des peuples ; et qui ont pensé que du fait de l'obéissance naissait pour eux le droit du commandement.
(Alexis de Tocqueville)


Tout ceci n'est que le contour du spectre politique. A remplir les cinq cases du jeu, nous mettrions en lices, aujourd'hui 19 décembre 2016, les candidats déclarés suivants, de la gauche vers la droite :
[EXG] Jean-Luc Mélenchon
[GDG] Vincent Peillon
[CDG] Emmanuel Macron*
[DDG] François Fillon*
[EXD] Marine Le Pen*

Les étoilés sont notre pronostic de second tour (2 de ces 3).


Pour info, gouvernement de campagne de François Fillon :
- cliquer pour agrandir -

share


Prochain billet sur le sujet : Déboisement des impétrants (LLL)

samedi 17 décembre 2016

Interstitiels du spectre politique


Imprécateurs, témoins et boulets

Le spectre politique français qui se lève à l'aube de l'élection présidentielle est fait de cinq couleurs disposées en cercle. Chacune a son champion sauf une qui le cherche encore. On trouve ainsi dans l'ordre d'apparition en scène, l'extrême-gauche, la Gauche de gouvernement, le Centre d'appoint, la Droite de gouvernement, l'extrême-droite. Mais ceux qui nous intéressent aujourd'hui sont les interstitiels, ceux qui se glissent entre ses cinq groupes. Ci-dessous nous donnons le spectre de l'élection présidentielle de 2012 avec le premier parti de France, celui des indifférents ou hostiles au suffrage universel (29%).


On peut classer ces surnuméraires du concours en trois catégories, les témoins [T], les imprécateurs [I] et les boulets [B]. On ne doit pas se moquer des deux premiers quand on sait la dépense d'énergie et d'argent provoquée par une campagne marginale sous-financée. En général, cela se termine par un divorce ou plus si affinités. On a le droit d'éreinter les derniers :)

[B] Dans la famille des Interstitiels, j'appelle donc les boulets :

Michèle Alliot-Marie
La Droite en donne deux, Henri Guaino et Michèle Alliot-Marie. N'ayant pas voulu valoriser leur propre orientation politique à la Primaire de la Droite et du Centre comme l'ont fait très courageusement Jean-Frédéric Poisson et Nathalie Kosciusco-Morizet, ils se mettent à courir en dehors des lices au motif de l'esprit indépassable des institutions mais surtout pour qu'on les voit mieux dans le paysage médiatique. M. Guaino, porte-plume du président Sarkozy - Ah ! quel grand moment de lucidité que le discours de Dakar - rachète le catalogue périmé de Marie-France Garaud que l'Opinion ne lit plus. Mme Alliot-Marie, archétype politique du bouche-trou chic, se décide à faire quelque chose pour son camp lorsque tout est fini ! Ils sont invités sur les plateaux pour étaler un pouvoir de nuisance qui fera du chiffre en audience. On est dans la formule "match" que prisent radios et télés à cette époque.

La Gauche a le sien : pour l'instant seul Bastien Faudot du MRC de Jean-Pierre Chevènement revient grapiller quelques dixièmes qui manqueront bien sûr au moins mauvais des socialistes comme en 2002. Mais il va en surgir un ou deux autres qui se placeront dans les postes d'opposition à créer.

Curieusement l'extrème-droite a aussi le sien : Henry de Lesquen, candidat raciste (ou racialiste) assumé et satrape inamovible de Radio-Courtoisie. Il vient de remporter le prix de l'Âne du Roi 2016. Le FN a la chance de l'avoir dégoutté mais il peut agglutiner sur son nom quelques voix que le système Philippot a su éradiquer au motif de la dédiabolisation, si tant est qu'il franchisse le barrage des cinq cents parrainnages. Mais il présente très bien, le salaud ; c'est à ça qu'on les reconnaît.

[T] Nous arrivons aux témoins :

Rama Yade
Ceux-là ne visent que la campagne officielle de mars-avril 2017 profitant d'une certaine exposition médiatique pour proclamer leur vérité à quelques téléspectateurs qui ne zappent pas mais sont de moins en moins nombreux. Ces gens ont la foi chevillée au cœur et sont respectables dans cette démarche de propagande de convictions intimes qui le plus souvent s'échoue sur l'écueil des Cinq-cents. Dans cette catégorie nous rangeons le candidat de l'Alliance Royale, Robert de Prévoisin, dont la plateforme politique a souvent été présentée sur Royal-Artillerie. François Asselineau de l'Union populaire républicaine est porté par un retour au CNR de 1945 qui a soviétisé le pays et ne veut ni de l'UE ni de l'OTAN qui n'existaient pas alors. Rama Yade, transfuge du Parti radical valoisien qui a un besoin inassouvi de tréteaux, se débrouille pas si mal avec peu de moyens et beaucoup de culot en brandissant une petite dizaine de slogans. A la fin, c'est le programme de l'Alliance Royale qui se rapprocherait le plus des solutions caressées par le Piéton du Roi (cf. le site AR en note de bas de page). Si la déclaration de candidature de Robert de Prévoisin précipite, nous lui consacrerons un article complet comme nous l'avons fait pour ses prédécesseurs.

C'est dans cette catégorie [T] que se rangent les deux concurrents révolutionnaires, le Nouveau Parti anticapitaliste avec Philippe Poutou et Lutte Ouvrière avec Nathalie Artaud, qui cherchent l'un et l'autre à amasser des voix aux élections législatives pour bénéficier des lois de financement des partis politiques, l'Etat rémunérant chaque voix obtenue. Or l'analyse montre que le score est meilleur quand le parti s'est exposé publiquement à la présidentielle comme un tour de chauffe. Mais il leur faut toujours franchir le barrage des Cinq-cents.

[I] Viennent enfin les imprécateurs :

Didier Tauzin
Ceux-ci ne peuvent vivre en paix avec ce qu'ils ont sur le cœur. Ils manifestent un amour total de leur pays et de ses habitants. Ils ont beaucoup d'idées, ils luttent contre le Système qui s'en méfie, car ils ne peuvent être découragés. La barrière des Cinq-cents est faite pour eux, les purs. Nous en avons quatre cette fois-ci :

Nicolas Dupont-Aignan a le vent en poupe après de bons résultats aux Régionales mais c'est un supplétif des Républicains qui en serait resté à l'Appel de Cochin et qui sans eux n'aurait pu percer ; il lui sera difficile de contester le fils spirituel de Philippe Séguin surtout avec des idées à l'emporte-pièce. Jean Lassalle est le seul homme politique qui marche à pied. Toutes ses convictions sont enfermées dans son bâton de pèlerin, c'est un Béarnais de contact facile aux démarches inlassables surtout quand on les dit vouées à l'échec. Jacques Cheminade est un autre convaincu de longue date. Il n'est pas l'illuminé que certains présentent, mais un homme instruit (HEC, ENA) qui a fait ses classes à l'international. On le dit agent de l'organisation de Lyndon LaRouche. Il a sa fiche au FBI. Inclassable, il faut lire la notice Wikipedia. Le général Didier Tauzin est le plus récent : faute de participation du candidat royaliste, ce serait le candidat acceptable. A l'exception de sa position sur l'OTAN, sa vision de la France de demain conviendrait ici.

Mais où sont passés les écologistes ?

Yannick Jadot
Il faut dire que la cause écologiste a été particulièrement martyrisée par les fouetteuses à cul nu que furent le juge Eva Joly, Cécile Duflot et Emmanuelle Cosse. Dur de relever le mouvement quand il a versé au fossé des prébendes juteuses et caprices de stars comme ce François de Rugy qui vient faire le beau à la primaire socialiste. Démarqué du colonel Placé et de l'irrésistible Pompili, Yannick Jadot n'en a que plus de mérite. Au stade de décomposition avancée où se liquéfie le Parti socialiste, il serait fou d'aller mourir à La Belle Alliance. Son témoignage sera précieux hors-rang car il connaît à fond son sujet - ses interventions au parlement européen sont pertinentes (clic) - mais nous le classerons dans la rubrique [T] parce que le parti EELV a perdu de la substance depuis que la grande écologie a pénétré les partis de gouvernement. La COP21 a définitivement extrait le souci environnemental de la niche où certains le cultivaient entre soi, d'où le retrait de figures historiques comme Daniel Cohn-Bendit, Noël Mamère, José Bové, Dominique Voynet ou Alain Lipietz, atteints d'ailleurs par la limite d'âge utile.


poisson d'avril 2017


Ces candidats interstitiels - il y en a quelques autres sur lesquels le matériau d'analyse est rare - tous sont l'expression (ou le résidu) d'une vie démocratique en France. Les grosses écuries sont dans le déni des institutions qui mettaient un homme face à la nation dans une posture monarchique. Elles ont phagocyté le protocole en renchérissant le prix de la propagande, arrachant toute possibilité de concourir à ceux qui n'avaient que leurs idées et quelques amis. Il faut aujourd'hui être riche ou subventionné. Le Fric est au départ de la course et se retrouve à la fin dans le wagon des récompenses, même s'il est très convenu de l'insulter entre-temps.

Nous listons ci-dessous les liens nécessaires pour accéder aux programmes électoraux des interstitiels que chacun pourra consulter par curiosité, souvent intéressants. Aucun d'eux ne sera appliqué parce que le régime inique qui préside au renouvellement naturel de la classe politique se défend très bien contre les intrus à la caste, jamais en défaut de subterfuges ou de fabrications. Si traversaient le barrage quelques dangereux contempteurs, la loi de barrage serait immédiatement rehaussée pour que la prochaine fois tout espoir de substitution soit découragé.



share

mercredi 14 décembre 2016

L'Âne du Roi 2016


... en Midas ...
De quatre ans cet oscar fut reporté faute de nominés. Avaient reçu le prix précédemment, M. Jean-Claude Juncker de Luxembourg pour l'Âne 2008, M. Stéphane Bern pour l'Âne 2009, M. Georges Frêche pour l'Âne 2010 et M. François Baroin pour celui de 2011. Puis ce fut le trou noir, même si quelques-uns avaient à leur insu concouru, ils n'étaient pas du niveau.

Cette année 2016 voit renaître la remise du prix, incontestablement et sans qu'il soit besoin d'en nominer beaucoup tant le candidat malgré lui s'impose au dessus de la mêlée. Hors concours, il gagne le premier prix, le deuxième, le troisième, les accessits et les encouragements à mieux faire, j'ai nommé, sous vos applaudissements, lazzi, cris et vociférations, le rastacoïde-caucasoïde Lesquen (Monsieur Henry de), maréchal à vie de Radio-Courtoisie et pré-inscrit à l'élection présidentielle de 2017... qui nous fout la honte.

Extraits ou perles comme on veut :

« La musique nègre est un ensauvagement de l’homme, elle est obscène de part en part... Il y a une obscénité latente, la musique nègre est très chargée en sexualité, le rythme est sexuel »
« Les Français des Antilles sont d'abord des congoïdes [avant d'être Français] »
« Le racisme positif, c’est avoir une conscience de race. Vous le savez mieux que moi, il y a une conscience de race très forte chez les Noirs »

L'interview de Lucien Jean-Baptiste ci-dessous vaut son pesant d'arachides

 

Élevé dans les classes primaires de l'Union française, je ne discuterai pas la question des races, nous avions au mur de grands tableaux de classement et nous étions émerveillés de tous ces autres enfants français de toutes les couleurs sans connaître leurs taux de phéomélanine ou d'eumélanine. Mais lancer une campagne électorale en 2016 entre négroïdes, asiatoïdes, caucasoïdes et eskimaux, que sais-je d'autre, il faut avoir la main lourde sur le mezcal du soir ! On comprend pourquoi des responsables d'antenne chez Radio-Courtoisie aient demandé qu'il parte avant que la fréquence ne soit ruinée à tout jamais. Mais lui s'en tape, il a son hochet de retraite et entend bien en jouer jusqu'à ce que mort s'en suive, la sienne ou la chaîne.
Pour le reste, il lance un programme électoral sur Internet que les comiques officiels ont lu de bout en bout. Nous vous l'épargnons car il vous faudrait aussi démonter la Tour Eiffel avant de finir votre café.

share

lundi 12 décembre 2016

Exeunt !

ACTE I - Scène II
la scène I fut jouée ici

Comme à la fin de l'envoi, ils sortent. Sortent de l'Histoire les socialistes éreintés par le premier secrétaire du parti que leur système avait choisi. Habile et manœuvrier, il avait séduit par son art de la synthèse qui revenait à stopper le funambule au milieu de la corde. Il choit ! Les chiens de guerre se jettent au sol sur le corps démembré du grand cadavre à la renverse (dixit Jean-Paul Sartre jadis) chacun tirant à lui LA Vérité. Les Français ne sont pas intéressés par cette curée et la primaire de gauche annoncée aura besoin du renfort nombreux des trolls de la Fachosphère pour faire du chiffre. Déjà l'accès à l'isoloir est soldée à un euro ! Le prix d'une baguette, quand même !

Emmanuel Macron
Premier mort, une morte, Marie-Noëlle Lienemann. Il est sûr qu'avec pareil prénom, tu ne passes pas le concours de La Libre Pensée. Affolée sans doute par le succès du golden boy Macron qui sans autocars ameute une foule de quinze mille personnes au Parc des Expositions de Paris, elle a ressenti la solitude du cadre de section incapable de réunir les derniers cotisants socialistes du département dans un cinéma d'art et d'essais. Il en suivra d'autres, à mesure que le prix des salles montera. Combien feront les Hamon, Filoche, Peillon, Pinel ? Sans parler des inconnus du périphérique extérieur ! Resteront en lices, Maître Montebourg qui jouit littéralement de plaider enfin devant du monde et le petit caudillo de banlieue qui nous rejoue le dictateur de Chaplin. Dommage sans la moustache, ce serait parfait, mais à certains moments on retrouve le Petit Reître de la Sarkozie.

De l'écrémage, sortira le moins diviseur, le plus consensuel mou, le premier des battus du premier tour, décalé, jurassique, ringard, un sauveur ? C'est la fin de la Sociale. Le PS explosera par émiettement des courants et fuite des capitaux car la primaire n'organise que les courants du prochain congrès. Et comme l'avait dit André Bercoff : Hollande pousse en avant le bon candidat incapable de gagner le poste après lui ; il va vitrifier tout le territoire à gauche en guise de punition. On peut être intelligent et rancunier. Première grenade dégoupillée dans les pattes de Valls : Vincent Peillon, laïcard incandescent et conventionnel attardé qui se déclare intéressé en Frimaire de l'an CCXXV.

Jean-Luc Mélenchon
Bien sûr, le chevau léger Mélenchon est là et bien là, qui a tout compris de la toxicité du marigot. Mais on ne peut se gaver longtemps des fruits de la députation sans qu'un malveillant n'en fasse un fromage, une "fortune", et les investigateurs payés au mois vont bien finir par couper le tribun des renforts attendus sur sa gauche, le NPA et Lutte Ouvrière interdisant d'épauler le "ploutocrate" en peau de renard. Reste le phénomène Macron. Il remplace Martine dans les titres, à la plage, à l'usine, à New York, à la montagne, à Londres, à la ferme, il est partout, amasse les contributions en devises, fait sa pelote et vampirise ce qu'il reste de socialistes décotisants, amers de voir la Droite dure reprendre le pouvoir. Qui en parle bien ? Eric Wœrth lui trouve un côté biblique, télévangéliste, peplum si l'on avait ajouté de la fumée sur l'estrade samedi soir. Mais Rue89 va plus au fond en dépiautant le logiciel d'EnMarche! dans un article qui fera date ici. EnMarche! n'est pas juste un programme mais une application d'intelligence artificielle. En quelques mots, le reste est sur le site Rue89 :

Il s'agit de diagnostiquer la société française afin d'y appliquer le remède prescriptible selon les codes de la physique sociale, et incarner ce remède : « La notion même de "diagnostic" tendrait à vider la politique de sa conflictualité, à la transformer en technique : il s’agirait d’identifier automatiquement des bugs dans un "système". Plus de droite, plus de gauche. Un regard "neutre" qui identifie ce qui marche et ce qui ne marche pas...... ceux qui "marchent" et ceux qui ne marchent pas ». Macron sera le candidat des algorithmes. Finalement pourquoi pas ? On croyait avoir tout vu en République ! Ça nous manquait !


Prochain billet : Les interstitiels

share

vendredi 9 décembre 2016

Hermosa Reina

 

Marie-Marguerite de Bourbon ©Hola

L'hebdomadaire madrilène ¡HOLA! offre à ses lecteurs un reportage* sur l'épouse de Louis de Bourbon, duc d'Anjou, héritier de la branche aînée par le rameau du dauphin de France que Louis XIV envoya à Madrid pour succéder à Charles II l'Ensorcelé. On peut trouver ce magazine en France dans les grandes villes et voir un peu de quoi s'agit-il en cliquant ici.

La jeune duchesse nous apparaît sous les traits d'une femme séduisante, au charme intact, avec ce regard dévastateur qui vous fait chavirer dès qu'elle le plante dans le vôtre. Sans doute est-ce l'explication d'un zeste de timidité. Elle est maintenant ambassadrice de la Fondation We pour la section "équitation" en tant que cavalière émérite bien connue du circuit hippique espagnol. La fondation est une ONG sociale multicartes à caractère entrepreneurial. On peut s'en faire une idée en cliquant là pour naviguer ensuite parmi ses nombreux secteurs d'activité. La section "équitation" vise au développement personnel de jeunes trisomiques, handicapés ou délaissés. C'est un protocole voire une thérapie qui a fait ses preuves. Marguerite de Bourbon saura récolter tout le nécessaire auprès de généreux mécènes.

Une petite notice Wikipedia vous dit l'essentiel sur la belle princesse, mère de trois enfants dont l'aînée, typée amérindienne, fera une très jolie jeune fille d'un tempérament affirmé. Il est amusant de voir la faveur dont jouissent les Ibéricaines chez les princes français. Henri d'Orléans, Charles-Philippe d'Orléans, Jean d'Orléans sont tous mariés à des péninsulaires. Il est vrai que Blanche de Castille avait fait forte impression.



(*) ce reportage a été signalé en France par Régine Salens de Noblesse & Royautés


share

lundi 5 décembre 2016

Boutang Reloaded !

Olivier Véron réédite Boutang aux Provinciales. Après La Politique comme souci dont nous avions parlé, voici le pamphlet de 1977 Reprendre le Pouvoir. L'éditeur se fendant d'une quatrième de couverture tirée de la conclusion du bouquin, nous aurions mauvaise grâce à vous imposer la nôtre, nous limitant à achever le chapitre.

À l’instant élu la communauté tout entière, par l’effet de l’universelle agression qu’elle a subie, peut être capable de consentir à la décision d’initier un nouvel âge héroïque. Il ne sera certes pas celui des philosophes, nouveaux ni anciens. Les philosophes, s’ils se délivrent de leur préjugé que l’Esprit doit être sans puissance et que tout pouvoir est mauvais, y pourront jouer un rôle moins absurde, finalement, que celui de Platon à Syracuse. Quant aux spirituels, c’est l’un d’eux, Martin Buber, qui prophétisait la bonne modification du pouvoir en un nouvel âge  :
«  Je vois monter à l’horizon avec la lenteur de tous les processus dont se compose la vraie histoire de l’homme, un grand mécontentement qui ne ressemble à aucun de ceux que l’on a connus jusqu’ici. On ne s’insurgera plus seulement, comme dans le passé, contre le règne d’une tendance déterminée, pour faire triompher d’autres tendances. On s’insurgera pour l’amour de l’authenticité dans la réalisation contre la fausse manière de réaliser une grande aspiration à la communauté. On luttera contre la distorsion et pour la pureté de la forme, telle que l’ont vue les générations de la foi et de l’espoir.  »
Un "nouveau Moyen Âge" comme l’ont entrevu Berdiaeff et Chesterton  ? Les ricorsi ne sont pas de pures répétitions ni même de simples renouvellements. Sûrement  : une manière de rendre vaine l’opposition de l’individualisme et du collectivisme, telle qu’en usent, pour leurs courtes ambitions, les barbares et les freluquets. L’âge des héros rebâtira un pouvoir  ; il n’est pas de grand siècle du passé qui ne se soit donné cette tâche : même aux âges simplement humains, où les familles, lassées de grandeur, confiaient à quelque César leur destin, à charge de maintenir le droit commun, le pouvoir reconstruit gardait quelque saveur du monde précédent. Notre société n'a que des banques pour cathédrales ; elle n'a rien à transmettre qui justifie un "appel aux conservateurs" ; il n'y a d'elle, proprement dite, rien à conserver. Aussi sommes-nous libres de rêver que le premier rebelle, et serviteur de la légitimité révolutionnaire, sera le Prince Chrétien.

A commander pour 20 euros seulement sur le site des Provinciales en cliquant ici.


Pour avancer sur Boutang et le pouvoir légitime, on peut consulter la notice de François Huguenin, insérée dans le livre d'Antoine-Joseph Assaf en cliquant là.


On terminera par un témoignage de Juan Asensio sur l'éditeur, dans un de ses rares bons jours, qui n'en a que plus de prix :

Les Provinciales, sous forme de lettres confidentielles au rayonnement cependant certain, ont fait du travail d’écriture de quelques-uns le véritable visage littéraire d’une France défigurée.

Juan Asensio, Le Stalker



PS du 9.12.2016 : on fera grand profit de l'article de Sébastien Lapaque dans le Figaro du jeudi 8 décembre en cliquant sur l'image ci-dessous et une fois encore pour l'agrandir :

page du Figaro

share

jeudi 1 décembre 2016

Hollande bâché


SIC VOLVENDA ÆTAS COMMUTAT TEMPORA RERUM
QUOD FUIT IN PRETIO FIT NULLO DENIQUE HONORE¹
(1) Ainsi le temps aux biens donne et reprend leur prix / Ce qui fut honoré rentre dans le mépris


Le président Hollande qui fut éduqué chez les Frères des Ecoles Chrétiennes a pu méditer ces beaux vers de Lucrèce en ce funeste jour de sa résignation. Sépulcral, mais digne et au besoin, émouvant, il a réussi l'examen de sortie... de la vie politique qui fut toute la sienne, ne sachant rien faire d'autre, affairé depuis toujours à la manœuvre et aux combinaisons d'appareil. Cela ne pouvait suffire dans l'éminente fonction qu'il avait visée et le livre assassin² de Davet et Lhomme nous l'avait démontré.


- cliché Lionel Bonaventure/Pool/AFP -


Bon administrateur de profession, François Hollande va expédier les affaires courantes délivré du stress de sa réélection et libéré des soucis d'image qui littéralement le bouffaient. Sans doute va-t-il tranquillement peaufiner son grand discours de départ du palais de l'Elysée en mai 2017, ce que nos présidents savent faire le mieux finalement !

La décision ne balançait qu'avec une autre, celle de démissionner tout de suite pour provoquer une élection anticipée. Il n'a pas voulu se venger de son parti et a préféré jeter l'éponge. Les socialistes devraient le remercier. Le calcul était si simple pourtant : s'inscrire à une élection primaire de sélection du parti malgré sa qualité de président de la République était une humiliation insupportable à la limite du grotesque. Sauter la primaire pour se représenter directement à l'élection du mois d'avril ne l'assurait de rien plus qu'une autre humiliation : ne pas passer le premier tour comme Jospin en 2002. Acter du "désastre" maintenant était moins risqué pour sa signature dans les livres d'histoire, il y aura gagné un peu de hauteur et son discours était carrément bien !

La démagogie va pouvoir maintenant s'exprimer dans toute sa puissance, les tribuns se prendront à la gorge, ce sera la foire d'empoigne comme la France en a tant connues. La chasse est ouverte, les calibres chargés, les yeux s'injectent de sang, le peuple paiera ! Entre-temps la passerelle sera occupée par un commandant résigné et serein, ce qui ne sera pas plus mal au milieu des dangers qui nous guettent.


(1) De Rerum Natura (Lucretius)
(2) Un président ne devrait pas dire ça... chez Stock

share

Les plus consultés sur 12 mois