samedi 31 décembre 2005

Voeux de Royal-Artillerie

Amis royalistes, artilleurs et piétons du roi,

CatoneoL'année européenne de la France s'achève dans la confusion de la République qui accumule maintenant les causes d'un déclin inéluctable de notre nation en l'état présent des forces qui l'enserrent.
Rejeté par une Europe qui lui reproche de se cramponner becs et ongles à des privilèges désuets qui obèrent les productions de l'intelligence, seules chances de l'Occident à moyen terme, ridiculisé par une insurrection générale des quartiers pauvres qu'il aura fallu un mois à réduire, humilié par la mise en cause de ses soldats en mission sur les théâtres extérieurs d'opérations, abandonné par un président diminué et indolent, l'Etat français doit annoncer en plus sa déconfiture financière à la face du monde.

Désormais nos élans, nos projets, nos bonnes idées, seront freinés par notre impécuniosité et par le défaut de crédit que nous feront sentir nos partenaires habituels. Comment avons-nous pu atteindre et franchir ses limites, alors que nous nous faisions la réputation d'un peuple éduqué, admirablement sensé, juste et courageux ?

Nous avons péché par orgueil.
Nous avons péché par idéologie.
Nous avons péché par cosmopolitisme.

L'orgueil de notre diplomatie qui a décidé de se mesurer au gouvernement de notre allié de référence. C'est d'ailleurs beaucoup dire, nous n'en n'avions qu'un, ayant réussi jusque là à trahir tous les autres, les plus faibles en premier. L'orgueil de nos armées dont la dernière prise de contact avec la guerre remonte à la première guerre du Golfe, mais qui se targue d'une supériorité morale indiscutable dans ses opérations post-coloniales. Un officier de chasseurs alpins français - ce qui est la crème de la crème - se conduire comme un Tigre bosno-serbe sur une route de Côte d'Ivoire, c'est inouï ! L'orgueil de notre président, incapable d'aligner trois mots sans les lire, mais prompt à couper la parole aux nouveaux venus de l'Est, qui désormais nous débinent, prenant langue directement outre-atlantique.

L'idéologie soviétique même francisée est en train de couler le pays comme il en est advenu du grand frère russe. Notre modèle social que notre PIB est incapable de financer, prend l'eau de partout. Et les nomenklaturas nombreuses, retranchées dans la forteresse de leurs intérêts particuliers, entendent bien que toute la nation ait crevé d'abord, avant de se remettre, par force, elles-mêmes en cause. Peut-être se partageront-elles les défroques de l'Etat défunt comme elles l'ont fait en URSS !
La générosité de nos systèmes de pensions, l'exploitation par des professions libérales d'un système étatique de soins, l'universalité du filet social, le prix modique du système éducatif complet, tous ces avantages pris comme acquis, sont intenables dans un pays sans rente d'aucune sorte, ligoté par une administration jalouse de tout succès hors de son sein, et subissant sans réelle préparation l'orage de la mondialisation. Ces principes sont encore considérés comme intangibles, faisant partie des valeurs de la République qu'il faut à tout prix sauver, même à l'agonie, y compris en ruinant par avance les générations futures, et en bradant le capital national non soumis à concurrence étrangère comme les autoroutes.

Le goût cosmopolite des Français a pu traduire un temps leur ouverture d'esprit sur le monde, et l'aventure impériale que l'on critique aujourd'hui, y contribua fortement. La France s'est de la sorte enrichie dans les domaines des sciences, de la littérature et des arts. Mais cette convivialité naturelle a été détournée par les administrations au nom des valeurs précitées sans s'indigner aucunement que ces préférences "étrangères" distribuées en quantités innombrables, piétinaient les droits élémentaires des nationaux. Que n'a-t-on pas édicté comme lois et programmes facilitant l'immigration de populations nombreuses, attirées par un niveau de vie ou même de survie, incomparable à celui qu'on leur assure chez elles. La France, et bien de nos voisins aussi, a été ciblée comme le guichet du père Noël à compte ouvert. Ces asiles politiques, économiques, ou complices, furent distribués sans mesurer l'impact sur le futur, et ceux que le filet ne retenait pas, étaient régularisés plus tard pour maintenir la paix sociale et essuyer les larmes des âmes généreuses (à condition que l'Etat se charge de tout). Or ce pays n'est pas un pays d'immigration, car il n'y a plus un seul arpent de terre à mettre en valeur, plus une seule livre de charbon à extraire, plus de barrages à construire. Tous grands travaux si tant est que nous puissions nous en offrir encore, sont faits à la machine. Au bout du compte, nous avons laissé s'accumuler des millions de déracinés que nous sommes bien incapables d'assimiler, ou simplement d'intégrer, parce que le schéma fondamental de la République s'y oppose, tout simplement. On comprend bien que le communautarisme prôné par les spécialistes est le nom chic de l'Apartheid.

Si les trente dernières années ont vu passer aux commandes de grands serviteurs de l'Etat, on s'aperçoit vite que l'hystérie démocratique attisée encore plus par le quinquennat, a chaque fois interdit les améliorations structurelles de cet Etat que l'on sentait enfler sous nos pieds. Le loto national est devenu le loto électoral. Les programmes les plus racoleurs dont on n'appliquera que les chapitres les plus spectaculaires en termes d'image, feront florès. En 1980 la classe politique se disputait sans vergogne autour d'un schéma marxiste. La démagogie qui ouvrit les portes du grand bazar national sous le président Giscard, allait faire rage pendant un quart de siècle, laissant à la fin - nous y sommes - le citoyen hébété.
Tout se fait aujourd'hui à la course. On monte les marches des perrons en courant, les idées de même. L'administrateur zappe aussi vite que l'électeur. On fait, on défait sans autre but à atteindre que celui de la prochaine consultation. On parle beaucoup, trop bien sûr jusqu'à passer la moitié de son temps dans la co-mu-ni-ca-tion !

Ce brouhaha finit pas s'accorder en fréquence, dès que les élites ressentent l'urgence de défendre l'idéologie républicaine qu'ils estiment menacée. Ils ont le complexe de l'assiégé depuis 1875, personne ne peut expliquer pourquoi. Ces élites se battent de plus pour des cadavres. Elles défendent par exemple la démocratie parlementaire dans un pays qui a réduit son parlement à l'état de casernes de pompiers, d'où se lancent à la demande, les enquêtes, groupes de réflexion ou comités de surveillance dès que l'Opinion a détecté dans les média un dysfonctionnement de notre société. Pléthore de dysfonctionnements, pléthore d'experts, groupes et comités. Ca tourne au gag. Les mêmes défendent la séparation des trois pouvoirs, en s'inquiétant un peu du quatrième qui semble assez rétif, maintenant que les ponts inférieurs du navire sont noyés.

Des trois pouvoirs, exécutif, législatif et judiciaire, nous venons de dire que le second est mort. La séparation d'avec le troisième est sans doute la plus hypocrite. Quinze ans de lutte anti-corruption n'ont rien donné chez nous. Deux caissiers politiques ont été légèrement condamnés : Emmanuelli à gauche et Juppé à droite. Le reste, d'amnisties en non-lieux, s'est sorti des tracas jusqu'à revenir même dans les cabinets ministériels. Notre classement dans le tableau international de corruption est assez "bon" !
Quant à l'exécutif, il est au main d'un satrape qui veut gérer l'ordinaire et n'y parvient plus, forcé de cohabiter à nouveau avec un premier ministre ambitieux.

La France s'arrachera-t-elle à son déclin ?
Peut-être pas. A moins de changer de régime dans le but de libérer ce qui lui reste d'énergie pour rebondir. Ceci passe par le démontage patient de l'Etat actuel et de ses métastases locales. L'autorité en haut, les libertés en bas. Et une vue à long terme de l'intérêt de la nation, préservée des soubresauts d'une opinion blasée forcément pusillanime car depuis trop longtemps échaudée. Il faudra convertir les élites à la pérennisation du pouvoir.
Ceux qui savent choisiront le roi.

Tous nos voeux de santé mentale et physique pour la période agitée qui s'annonce.

Penser clair !

BONNE ANNEE 2006

vendredi 23 décembre 2005

Voeux Princiers

Dans notre série de voeux de Noël et de Nouvel An, nous commençons par ceux de Charles-Edmond de Bourbon.
blason Institut L-XVII


Vœux de Mgr Charles-Louis-Edmond de Bourbon



Mgr Charles Edmond « A quelques jours de Noël, ma pensée va particulièrement à tous ceux, hélas toujours plus nombreux, qui connaissent de grandes difficultés matérielles. Je suis ému des très nombreux courriers qui me parviennent quotidiennement et qui témoignent d'une extension considérable des difficultés pour beaucoup de familles françaises, mais aussi pour beaucoup de gens âgés trop souvent isolés.

Cette souffrance-là est discrète, parfois muette, insoupçonnable. Elle ne brûle pas les voitures, les écoles ou les églises. Elle n'insulte pas la police et n'exige pas,la menace à la bouche,l'aide de l'Etat, pourtant en grande part,responsable d'un appauvrissement général.

Le spectacle magnifique de le crèche nous renvoie l'image éternelle de cette pauvreté courageusement affrontée,cette pauvreté qui ne ménage pas sa peine,mais qui,aussi,s'en remet chaque jour à la Providence par la prière. Il est bon de méditer l'exemple de la Sainte Famille. Pour eux aussi, c’est l'Etat qui les jette sur les routes:

L'Empereur procède à un recensement, saint Joseph doit donc se rendre à Bethléem malgré la grossesse avancée de son épouse. Pour eux aussi, il est très difficile de trouver un toit: les hôtelleries les refusent. Pour eux aussi, les moyens sont limités: Saint Joseph, pourtant de la lignée de David, est artisan et privé de la possibilité de travailler pendant ce long périple.

Suivre dans la prière, la nuit de Noël, la Sainte Famille sur les routes est une source intarissable d'émerveillement et nourrit en nous les trois vertus théologales dont le docteur Feuillé parle également dans ce bulletin*: la Foi, l’Espérance et la Charité.

Je voudrais donc m'arrêter un peu plus longuement sur la Charité, car malgré la sobriété du texte évangélique, il est bon de se rappeler que s'il y eut au moins une crèche pour accueillir le Sauveur du monde, c’est grâce à un fermier charitable, qui ne voulut pas laisser ce jeune couple en difficulté sur les routes. Cet homme, dont l'Histoire n'a pas conservé le nom, fit sans doute son salut à l'instant même où il leur ouvrit sa porte.

Parce que le coeur de Dieu déborde pour nous d'un amour sans limites, il est promis à ceux qui donnent un peu, de recevoir au centuple. C'est pourquoi j'appelle chaque Français à soutenir tous ceux qui souffrent autour de lui, sans oublier jamais que chaque être en difficulté est un membre souffrant du corps de Notre Seigneur, qu'il est l'image de la Sainte Famille la nuit de Noël.

Je choisis donc, chers amis, de mettre cette année qui commence sous la protection très spéciale du Sacré-Coeur de Jésus, mais aussi du Coeur Immaculé de Marie, pour clore l'année jubilaire des apparitions de la rue du Bac.

Soyez assurés de mes prières. »

Charles


(*) Bulletin de L'Institut Louis XVII
BP 90968
75829 Paris Cedex 17
Internet: http://www.louis-XVII.com/
Courriel: institut@louis-XVII.com



En attendant Orléans, Anjou, Parme et Deux-Siciles nous vous invitons à donner sans retard à LA SOUPE DU ROI.

(Communiqué de l'assoc)


Si vous voulez aider une association amie et aider aussi les plus nécessiteux,"la soupe du roi" est devenue une association "loi 1901":

"Nos seigneurs les pauvres et les malades"

Née il y a trois ans à l'initiative d'une royaliste, ce projet qui ne devait pas perdurer, est toujours là..., mieux, il grandit et s'étoffe, grâce à la générosité de beaucoup.
Preuve que la Providence est avec elle, des royalistes de toutes sensibilités "légitimistes","orléanistes" et "survivantistes", s’y côtoient au service de ceux qui n'ont plus rien.
Cette association, en plus de "la soupe du roi" a le projet de la compléter par "le petit-déjeuner du roi" qui aura lieu chaque samedi matin.

Pour conclure, je laisse la parole au secrétaire général, Mr Turbier:
"Pour continuer, et pour durer, elle (l'association) a évidemment besoin de contributeurs, pas forcément spectaculairement généreux, mais simplement nombreux, car il est bien connu que ce sont les petits ruisseaux qui font les grandes rivières. Elle a également besoin de vos prières car sans l'aide du ciel, rien ne se fera et rien ne durera."

Voila cher amis,donc si vous voulez aider à la fois les plus malheureux et une association qui représente nos idées,vous pouvez le faire en envoyant vos dons(déductibles des impôts) à:

"Association Nos Seigneurs les Pauvres",
chez madame Chazelas (trésorière)
15 rue de la Gare
78690 LES ESSARTS LE ROI

vendredi 16 décembre 2005

L'Accession

La procédure électorale n'est pas plus solide que celle du coup d'état pour restaurer ou instaurer une monarchie en France.
Dans des circonstances normales telles que nous les vivons aujourd'hui et tenant compte de ce que les média participent à un jeu de rôles avec l'establishment politique, il ne sera pas possible de développer une offre politique monarchiste devant l'Opinion sans qu'elle ne soit pilonnée par les clichés les plus ringards, à commencer par la revanche de l'aristocratie dans sa morgue, les gènes rampants du régicide, la loi d'un seul et pas forcément génial, le déni de souveraineté populaire, quand ce ne sera pas l'écrasement par l'impôt des classes laborieuses et démocratiques au profit de la caste privilégiée, et au mieux, la marionnette du prétendant ou des prétendants dans les fils du grand capital. Nous connaissons tous les réponses à ces fantasmes, mais nous n'aurons jamais le droit ni le temps de les donner. Sauf à les écrire dans des opuscules que personne ne lira parce qu'ils ne seront pas annoncés sur les lucarnes bleues ; la monarchie à compte d'auteur.

D'autant plus que se diffusent à tort ou à raison dans la strate politisée de notre population, les signes avant-coureurs d'une soi-disant attaque de la République par les forces du mal, le complot anglo-saxon, la subversion islamique, le fascisme en réaction, ... autant de fadaises dont l'énoncé permet aux professionnels de l'agitation permanente du bocal, d'exister tout simplement. Défile au manège de la République-a-besoin-de-tous-ses-enfants, le gouvernement au grand complet terrifié de son incompétence mais qui ne peut plus sauter du train tant il va vite, ses godillots affidésde la Chambre sous la houlette en forme de marotte du Debré d'Evreux, puis les professionnels de la niche jacobine comme Chevènement, Montebourg, Séguin, Pasqua, Aubry, Mégret, Delanoë, et l'extincteur de l'Elysée, départementaliste convaincu, ... d'être seul en sa crypte; hibernatus !
Baisserons-nous les bras, que nous n'avons pas encore levés si haut ?
Non, à la condition que l'offre politique monarchiste soit pour une fois claire, lisible et adressée d'abord aux laissés pour compte de la redistribution sociale, à ceux qui contribuent par leur activité besogneuse à la vie quotidienne de ce pays, dans le dédain le plus complet des nouveaux rois-fainéants du secteur barricadé et l'ignorance des malheureux assistés que la complexité du monde actif détourne de tout engagement volontaire. Ce qui exclut l'exigence de formation préalable de l'Opinion par les officines spécialisées dans l'exégèse de la doctrine. En trois mots, faudra faire simple, et digeste.

Jules Schneider nous livre le résultat de sa cogitation difficile dans un libelle amorcé chez Vive Le Roy. Toute ressemblance avec des personnes ... etc...

Unir les royalistes pour une monarchie populaire est la condition première de toute démarche réussie dès qu'elle abordera le champ des indifférences, à défaut de quoi la charge se fracassera sur la querelle dynastique surgissant des chapelles diverses et antagonistes qui fonctionneront dès lors comme des écuries de course. Pourtant les convergences sont nombreuses qui permettraient d'éviter cette guerre intestine dès lors qu'on s'en tient au socle monarchique. Lois fondamentales, tradition capétienne, projet social, défense de la Nation, souci permanent du bien commun, sens inné de l'Etat, prosélytisme extérieur par l'exemple plutôt que par les Déclarations, modestie devant les instances supérieures et invisibles. Non ?
Alors unissons-nous que diable !

Voeu pieux ! C'est Armagnac contre Bourgogne tous les jours ! La lutte des maisons royales confine au ridicule, les menaçant d'un naufrage dans l'Opinion aussitôt que celle-ci sera conviée à se rapprocher d'elles pour les connaître de près.

Arrive-t-elle déjà l'heure de la course ? Nul n'a vu le starter s'avancer sur la cendrée que déjà l'on piaffe, on s'observe, on soupèse les chances d'autrui. On se range en bataille, bousculant les préséances et piétinant les principes invoqués jusqu'à hier. Il faut être devant ! Les titres dont on dispose sans droit, pleuvent sur les rejetons alimentant leur vanité. Les fils de Henri IV viennent même de créer deux duchés d'Anjou. Anjou fut un temps le titre du promis à Reims. Ici on le donne à tort. Là on le brade en douce. Les journaux en font des tartines*.
Mieux encore; pour améliorer la décoration d'un mariage roturier aux Caraïbes, on a capé du titre de grand machin-chose de Malte un jeune homme d'à peine trente ans sans autre fortune que celle de sa promise, sans expérience évidemment autre que celle du sport, et sans autre diplôme qu'une maîtrise de sciences-éco. Qu'à cela ne tienne, la réplique arrive vite. De ce bord-ci, le duc d'Anjou-bis est capé à son tour grand machin chose de St Lazare, du nom d'un ordre dissous il y a longtemps par le roi et le pape, mais ressuscité en pays huron par des nostalgiques sincères de la chevalerie royale. L'ordre moderne est bientôt pris d'assaut car il donne des croix et son staff sabré sans quartiers, son grand-maître légal étant du mauvais bord, capable de résister peut-être. Que nous réserve l'année 2006 ? Qui va tirer le premier ? Benoit XVI ! Non, c'est une blague.

La division des royalistes suit majoritairement la fracture dynastique si l'on excepte les providentialistes qui tels les Raéliens, attendent un signe de Sirius. Si l'on veut réellement cette union pour le bien du pays futur, il faut que les appétits s'effacent devant elle. La seule union possible passe par la renonciation concomitante des prétendances exprimées, le retrait des maisons royales dans des activités de charité ardente, et de témoignage fervent, et le serment devant Dieu de s'en remettre à une autorité extérieure indiscutable, pour l'instauration promise d'une dynastie nouvelle. Car il faut des prédispositions pour affronter les évenements qui accourent.
Et s'il n'est pas possible de freiner les appétits, on pourrait placarder au portail des Maisons, ces fameuses lois fondamentales qui justifient soi-disant tout, à commencer par la loi de catholicité. Et là c'est la débâcle. Le principe de catholicité est bafoué de chaque côté, les divorces princiers font florès. On croise même sur les tablettes des annulations pontificales de mariages religieux avec enfants. Les primogénitures sont mises en doute par des révélations noiseuses invérifiables mais soutenues comme vérité d'évangile dans le microcosme royal, sinon par des arrêts parlementaires sollicités à la pointe de la baïonette ou des jugements de cour délégitimant celui-ci ou celle-là, le nom ou titre d'icelui, les armoiries de tel autre ou sa non-brisure de gueules en sautoir ! Abdications volontaires ou forcées, renonciations accordées, acceptées puis reprises, pleuvent. Au Caprice du Prince serait le meilleur titre de ce qui tourne au vaudeville. Laissons aux revues spécialisées le soin de faire du chiffre sur ces histoires savoureuses ou tristes selon l'angle de vue. On reste abasourdi du décalage entre les hauts principes qui portent la quête de la couronne et le confort trivial du quotidien princier. Où a disparu la raison d'état ?
Nous courons au désastre de 1873 si tant est qu'une fenêtre d'opportunité comparable ne s’ouvre jamais. L'accession sera freinée par ces turpitudes compétitives au moment même où le sens de l'état deviendra l'ardente obligation d'un jour, d'une heure, d'un instant à ne pas laisser passer. Parce que d'autres plus motivés s'en saisiront !

Le Roi & le Peuple, c'est le seul attelage gagnant.
Tout le reste est billevesées d'aristocrates en jabot. Tant qu'on n'aura pas recollé ce mariage du monarque et de son peuple, tous efforts seront vains. Toute combinaison d'appareils, manoeuvre parlementaire, accession par surprise, seront vouées à l'échec, parce que le Peuple les prendra pour une attaque directe contre lui. Malgré d'immenses doctrinaires, philosophes redoutables, grands penseurs et écrivains, la démarche monarchiste, même soutenue par les meilleurs, se sera révélée stérile (2005-1873= 132 ans) ! Les idées étaient là, les oreilles attentives ; elles ne furent jamais déflorées par leur mise en pratique. Cela reste encore du domaine de l'utopie; et c'est bien comme cela qu'elles sont encore reçues dans l'Opinion. Fumeuse et sympathique utopie !

Pourquoi ? Parce que l'adversaire lutte pied à pied contre ces idées ? Même pas !
Sont-ce les prétendants qui ne sont pas à la hauteur de l'enjeu, de leurs prétentions, de leur état (je ne prétends pas, je suis) ? La question est interdite de séjour dans le mouvement. Le prétendant de trop, incapable, le corsaire de la Cause, c'est l'autre. Et tout se joue dans une sphère étanche où tous les mouvements sont codés, inaccessibles à la compréhension du vulgum pecus.
Je n'ai pas ressenti la "proximité populaire" d'aucun Orléans, d'aucun Bourbon-Anjou. Ces messieurs jouent à faire le roi, le prince charmant ou l'archiduc à Marienbad ; mais ça reste entre soi, au pré Catelan, au pavillon Dauphine, au Bal des Debs ! Quant à la compétition de capes et de croix aux jours d'aujourd'hui, c'est carrément le carnaval de Venise. Or le pays va bien mal pour se satisfaire de ce genre de manifestations.
Le peuple et le roi doivent "précipiter" dans un composé nouveau, fait de confiance, d'affection réciproque et de don de soi sans arrières-pensées. Ca peut marcher au sentiment si la sincérité est indiscutable.

Siméon de Saxe CobourgA l'opposé de cette attitude distante de nos princes, je relève le sens du service à son peuple montré par le roi de Bulgarie qui s'est mouillé sans hésitations ni conditions préalables, qui a travaillé d'arrache-pied pour permettre à un pays rural arriéré, livré aux mafias, et racketté par les repentis de l'ère communiste, d'entrer de plein pied dans l'Union européenne.
C'est un résultat surhumain quand on sait les conditions locales. La démocratie l'a remercié. Mais le souvenir du service rendu ne sera pas effacé. Siméon II peut désormais prétendre à quelque chose. Il a fait ses preuves; il s'est donné à fond. N'allons pas plus avant dans les comparaisons cruelles.
Michel de Roumanie, Zaher Chah d'Afghanistan se sont pareillement offerts avec des fortunes différentes pour servir leur nation, le second au péril de sa vie, sans falaballas. Ils ont la simplicité des gens supérieurs qui n'ont pas besoin d'atours et de cour pour exister. Il entre, c'est Lui !

J.Schneider, 15 décembre 2005 à la Ste Ninon.

Note(*): l'article complet en espagnol sur demande par couriel en cliquant sur l'enveloppe plus bas.

NDLR: Jean d'OrléansQuelqu'un de ce monde me semble fuir les vanités et se préparer dans un relatif silence à la charge éventuelle de prince régnant. Celui là ne participe pas au tapage. Il s'appelle Jean. Dommage qu'il lui faille aussi une chapelle pour résister au ressac de la querelle dynastique. On peut le suivre chez son association Gens De France dont le site web semblerait être en rénovation.

samedi 10 décembre 2005

Aux Suisses de la Garde

"Invictis pax per vitam fortes"
"sub iniqua morte fideles"

C'est la phrase qui orne la plaque helvétique à la mémoire des Suisses massacrés à Paris par les Révolutionnaires de 1792 et que le maire a refusé de voir visser au mur de la Chapelle Expiatoire. Certains ont l'élégance rabougrie par le racolage démocratique, d'autres font très naturellement le singe du Pont au Change, celui-ci est de ceux-là.

La garde suisse du roi de France date de Charles VIII qui créa les Cent-Suisses en 1497. Formés de mercenaires volontaires, elle fut reconnue rapidement comme une unité d'élite sur laquelle on pouvait appuyer la sûreté de l'Etat. Charles IX l'étoffa en la portant à la valeur d'un régiment, puis ses successeurs conservèrent l'idée. Louis XIII pérennisa le régiment de gardes suisses en 1616 et si l'unité des Cent-Suisses fut dès lors chargée de la sûreté intérieure du palais, le régiment participa aux campagnes militaires de la monarchie avec bravoure et réussite.
Au XVIIIè siècle, les missions des bataillons se limitèrent au service de garde. Les officiers étaient tous de haute lignée, recrutés dans le patriciat helvétique et certaines charges étaient transmissibles à leurs héritiers. Les soldats étaient braves, bien soldés et disciplinés. Casernés à Versailles, Rueil et Courbevoie, les mercenaires qui étaient de "beaux partis" finissaient souvent par s'intégrer à la population française à la fin de leur temps relativement long. On y perçut d'ailleurs l'écho des mêmes fermentations d'opinion quand, au seuil de la Révolution, le 2è Bataillon travaillé par une propagande politique soutenue, finit par se mutiner en août 1789 ouvrant la porte à la désertion des moins endurants psychologiquement. Mais la fidélité au serment reprit vite le dessus et le corps se reforma pour assurer ses missions au service de la maison du roi.

Nous sommes à l'été de 1792. La fuite à Varennes est déjà vieille d'un an, mais ses conséquences désastreuses pour l'image populaire du roi fusent comme une mèche lente sous les fondations de la monarchie. La famille royale et sa maison sont "séquestrées" depuis lors au palais des Tuileries sous la surveillance du peuple. La guerre a été déclarée à l'Autriche le 20 avril, et les esprits s'échauffent, d'autant que l'Autrichienne n'a pas la cote parmi la populace. Les souverains disposent bien de leur maison militaire, mais celle-ci n'a pu ou su empêcher l'humiliation du 20 juin 1792 quand les Sans-Culottes vinrent coiffer le roi du bonnet rouge et lui firent boire un verre de pinard à la santé du peuple.
Juillet. La patrie est en danger. Le 15 juillet sur les bords du Rhin, le duc de Brunswick qui commande l'armée prussienne, promet de «livrer Paris à une exécution militaire et à une subversion totale si la famille royale subissait le moindre outrage». La menace entraîne un sursaut patriotique. Les mouvements de volontaires traversent la France et montent vers Paris. L'indécision naturelle du roi est vite prise pour de la connivence avec l'étranger. Toutes les rumeurs de désastre attisent la fièvre ambiante et une commune insurrectionnelle se déclare à l'hôtel de ville. Il n'est ni plus ni moins question que d'arracher le pouvoir exécutif à la monarchie constitutionnelle. Sans-Culottes et Fédérés des provinces marchent sur les Tuileries précédant l'émeute qui gronde et grossit.

Mis en défense correctement, le palais peut tenir contre l'insurrection populaire armée pour l'instant de bric et de broc. Gardes nationaux et gardes suisses sont à leur poste; ces derniers montrent la résolution sereine de soldats professionnels. Ils disposent de tout suffisamment, de presque tout. Mais l'irrésolution de Louis XVI le conduit à suivre le conseil des sirènes de panique qui l'engagent à courir sous la protection de l'Assemblée législative. Louis XVI passe en revue les troupes désormais sous le commandement de La Chesnay depuis que le marquis de Mandat s'est rendu à l'Assemblée sur convocation de Danton qui l'y fera exécuter. La Chesnay n'est pas un "guerrier". Le roi obèse se déplace lentement et ne semble pas inquiet. Selon l'usage, les Suisses et les gardes nationaux fidèles crient : «Vive le roi !» Mais les artilleurs et le bataillon de la Croix-Rouge crient de leur côté : «Vive la Nation !». L'objet du serment de fidélité mythique abandonne sa garde en lui ôtant une arme indispensable dans la dotation, l'enthousiasme. C'est à partir de ce moment que la royauté va s'effondrer sur elle-même, inexorablement, en quelques heures.
Quelle idée a bien pu traverser la tête du roi pour mettre sa famille en sûreté dans l'enceinte parlementaire, alors qu'il disposait en son palais des Tuileries de la force ? Les historiens ont tous des réponses circonstanciées et atténuantes. Il n'est que de dire de ce roi, pétri de qualités, de science et de bonté, qu'il avait un défaut rare dans la dynastie : il n'était pas militaire, et pratiquement non-violent. Cela finira par coûter cher au pays qui lui se vautrera dès lors dans une violence inouïe. Comme allait le crier Bonaparte à son ami Bourrienne chez qui il buvait ce jour-là une pinte : «Les misérables ! On devrait mitrailler les premiers cinq cents, le reste prendrait vite la fuite !».
Mais c'est le roi qui s'enfuît, dégarnissant ce faisant le palais de deux compagnies de suisses pour sa garde rapprochée qui ne lui servira à rien. Hésitations, trahisons, bravoure, héroïsme, sauvagerie, tout va passer aujourd'hui. Laissons la revue Mégapsy nous raconter le reste, en accélérant un peu sa narration.

Les insurgés sont estimés à dix mille tout au plus. La porte de la Cour Royale, on ne sait par quel ordre, s'est ouverte devant l'avant-garde de l'insurrection composée des Marseillais, des Fédérés bretons, de Gardes nationaux des Gobelins, de canonniers du Val-de-Grâce, tous conduits par Westermann qui gesticule sur un petit cheval noir. Ils arrivent jusqu'aux grilles qui forment le vestibule du château en criant aux défenseurs «Frères, rendez-vous, venez avec nous » Ils mettent en même temps en batterie six pièces abandonnées sur les côtés de la cour. Quelques Suisses jettent leurs cartouches par les croisées. Un certain nombre de gendarmes se retirent, au cri de « Vive la nation ! »
Bien encadrés, habitués à une discipline stricte, la plupart des Suisses, quoique le départ des deux compagnies qui ont accompagné la famille royale à l'Assemblée les ait fort réduits, sont encore capables de résistance. Certains sont aux fenêtres avec des gentilshommes volontaires, d'autres ont été massés sur les marches du grand escalier qui descendant des appartements et de la chapelle débouche dans le vestibule. Protégés par une espèce de barricade, le fusil en joue, ils attendent l'attaque.
La horde de Santerre s'est avancée au pied de l'escalier. L'alsacien Westermann, en allemand, parlemente avec les Suisses. Recourbant leurs piques dont ils font des crochets, des insurgés attirent quelques gardes par leurs buffleteries. Les officiers suisses commandent alors de tirer. Un feu bien réglé prend en enfilade cette masse grouillante où chaque coup fait plusieurs victimes. Dès la première décharge les morts jonchent le pavé; les survivants fuient à toutes jambes vers la porte Royale. Cent vingt Suisses, conduits par les capitaines Dürler et Pfyffer, s'emparent de quatre pièces de canon, déblaient la cour et, pénétrant dans le Carrousel, tirent à mitraille sur les Marseillais, peloton de tête des insurgés. Fauchés presque à bout portant, ceux-ci évacuent la place.
Mais le gros de l'émeute, les forces des faubourgs, arrive en colonnes par le quai. Vers dix heures, ce qui reste des Marseillais a rejoint et la bataille recommence. Les Suisses dès lors sont entre deux feux. Ils manquent de munitions. Les insurgés les repoussent avec des pertes sévères et, cour après cour, les forcent à se replier sur le château.
L'Assemblée, avertie par plusieurs émissaires, suit les péripéties de la lutte dans une extrême agitation. Dans son désarroi, elle use son temps en résolutions vaines. Elle met la sécurité des personnes et des propriétés sous la sauvegarde du peuple de Paris ! Elle envoie des commissaires pour « calmer » le dit-peuple. Tout cela au bruit de la mitraille. Des gardes nationaux armés entrent et annoncent faussement du reste - que le «château est forcé ». La foule pénètre à leur suite dans l'Assemblée, criant à la trahison des Suisses, à la perfidie du roi.
Louis XVI, pressé par de nombreux représentants d'arrêter le massacre, écrit deux lignes sur un bout de papier: « Le roi ordonne aux Suisses de déposer à l'instant les armes et de se retirer dans leurs casernes. » Le maréchal de camp d'Hervilly s'offre à porter ce billet aux Tuileries. Il se réserve d'ailleurs d'en faire « l'usage qu'il jugera le plus avantageux », c'est-à-dire qu'il ne le transmettra que si les Suisses ont vraiment le dessous. Ce d'Hervilly commandera plus tard l'expédition de Quiberon. Nu-tête, sans armes, d'Hervilly se glisse à travers les rues et court jusqu'au Carrousel. Habits bleus et rouges confondus jonchent le sol. Une fumée épaisse emplit les cours. Au mépris des balles, d'Hervilly rallie les Suisses et veut d'abord continuer la résistance. Mais les patriotes ont déjà envahi le château par la galerie du Louvre. D'Hervilly constate, et exhibe alors l'ordre du roi. Il fait battre la retraite par les tambours qu'il peut trouver. Une partie des Suisses gagne le jardin et arrive au Manège, ayant perdu au passage la moitié de son effectif. D'autres qui sont restés à l'intérieur du château s'y défendent avec un tranquille héroïsme jusqu'au complet épuisement de leurs munitions. Après quoi ils sont égorgés.
Un petit détachement, marchant en bon ordre sous un feu terrible, parvient à gagner la place Louis XV (la Concorde). Là les Suisses sont entourés par la gendarmerie à cheval ralliée aux émeutiers, conduits à l'Hôtel de ville, interrogés vaguement et massacrés. Partout où ils tombent, la plupart des cadavres sont dépouillés et mutilés avec un acharnement obscène par d'affreuses harpies dont les premières sont apparues aux 5 et 6 Octobre et qui vont accompagner désormais chaque « journée » de la Révolution. Les émeutiers à cette heure ont conquis le château. Ceux des aristocrates, des serviteurs du roi qui n'ont pu fuir, sont tués et jetés par les fenêtres. Ne survivront que quelques femmes de la reine et quelques gentilshommes qui seront conduits à la prison de l'Abbaye.


Le roi, la reine et le petit dauphin vont partir pour le Temple après avoir erré dans Paris. La monarchie s'est effondrée sur sa Garde !

In memoriam.

vendredi 9 décembre 2005

A Charlotte Corday


Quoi ! tandis que partout, ou sincères ou feintes,
Des lâches, des pervers, les larmes et les plaintes
Consacrent leur Marat parmi les immortels,
Et que, prêtre orgueilleux de cette idole vile,
Des fanges du Parnasse un impudent reptile
Vomit un hymne infâme au pied de ses autels ;

La vérité se tait ! Dans sa bouche glacée,
Des liens de la peur sa langue embarrassée
Dérobe un juste hommage aux exploits glorieux !
Vivre est-il donc si doux ? De quel prix est la vie,
Quand, sous un joug honteux, la pensée asservie,
Tremblante, au fond du coeur, se cache à tous les yeux ?

Non, non. Je ne veux point t'honorer en silence,
Toi qui crus par ta mort ressusciter la France
Et dévouas tes jours à punir des forfait.
Le glaive arma ton bras, fille grande et sublime,
Pour faire honte aux dieux, pour réparer leur crime,
Quand d'un homme à ce monstre ils donnèrent les traits.

Le noir serpent, sorti de sa caverne impure,
A donc vu rompre enfin sous ta main ferme et sûre
Le venimeux tissu de ses jours abhorrés !
Aux entrailles du tigre, à ses dents homicides,
Tu vins redemander et les membres livides
Et le sang des humains qu'il avait dévorés !

Son oeil mourant t'a vue, en ta superbe joie,
Féliciter ton bras et contempler ta proie.
Ton regard lui disait : " Va, tyran furieux,
Va, cours frayer la route aux tyrans tes complices.
Te baigner dans le sang fut tes seules délices,
Baigne-toi dans le tien et reconnais des dieux. "

La Grèce, ô fille illustre ! admirant ton courage,
Épuiserait Paros pour placer ton image
Auprès d'Harmodius, auprès de son ami ;
Et des choeurs sur ta tombe, en une sainte ivresse,
Chanteraient Némésis, la tardive déesse,
Qui frappe le méchant sur son trône endormi.

Mais la France à la hache abandonne ta tête.
C'est au monstre égorgé qu'on prépare une fête
Parmi ses compagnons, tous dignes de son sort.
Oh ! quel noble dédain fit sourire ta bouche,
Quand un brigand, vengeur de ce brigand farouche,
Crut te faire pâlir, aux menaces de mort !

C'est lui qui dut pâlir, et tes juges sinistres,
Et notre affreux sénat et ses affreux ministres,
Quand, à leur tribunal, sans crainte et sans appui,
Ta douceur, ton langage et simple et magnanime
Leur apprit qu'en effet, tout puissant qu'est le crime,
Qui renonce à la vie est plus puissant que lui.

Longtemps, sous les dehors d'une allégresse aimable,
Dans ses détours profonds ton âme impénétrable
Avait tenu cachés les destins du pervers.
Ainsi, dans le secret amassant la tempête,
Rit un beau ciel d'azur, qui cependant s'apprête
A foudroyer les monts, à soulever les mers.

Belle, jeune, brillante, aux bourreaux amenée,
Tu semblais t'avancer sur le char d'hyménée ;
Ton front resta paisible et ton regard serein.
Calme sur l'échafaud, tu méprisas la rage
D'un peuple abject, servile et fécond en outrage,
Et qui se croit encore et libre et souverain.

La vertu seule est libre. Honneur de notre histoire,
Notre immortel opprobre y vit avec ta gloire ;
Seule, tu fus un homme, et vengeas les humains !
Et nous, eunuques vils, troupeau lâche et sans âme,
Nous savons répéter quelques plaintes de femme ;
Mais le fer pèserait à nos débiles mains.

Un scélérat de moins rampe dans cette fange.
La Vertu t'applaudit ; de sa mâle louange
Entends, belle héroïne, entends l'auguste voix.
Ô Vertu, le poignard, seul espoir de la terre,
Est ton arme sacrée, alors que le tonnerre
Laisse régner le crime et te vend à ses lois.

André Chénier (1762-1794),
merveilleux constantinopolitain,
arraché trop tôt à l'affection des muses,
par la Connerie en bottes de fer.


Charlotte Corday
Charlotte Corday fut inhumée à 25 ans au cimetière de la Madeleine le 18 juillet 1793, après les gardes suisses des Tuileries, le roi Louis XVI, mais avant la reine Marie-Antoinette.

jeudi 1 décembre 2005

Ces Français oubliés

Lettre électronique du comte de Paris, novembre 2005
publiée par l'Institut de la Maison Royale de France.

blason de l'IRMF

En ce onze novembre, espérons que ce soit vraiment l'armistice et non pas simplement une trêve dans le chaos de nos banlieues.
Afin d'éviter que le sang ne coule, que la révolte ou même la révolution ne s'installent durablement, ayons le courage de constater que toutes les politiques menées jusqu'à ce jour en ce domaine ont échoué. Les habitants des banlieues sont au bord du colaps. Le drame n'est pas loin.

Le premier volet de l'échec de la politique des banlieues concerne l'Education Nationale. Qu'elle soit laïque ou confessionnelle, l' école devrait avoir pour vocation première de forger des êtres humains, de former des citoyens libres et responsables capables de s'assumer et de s'insérer dans la vie du pays.
Or depuis que les voitures brûlent, que les écoles partent en fumée et que le tissu économique de nos villes se désagrège, pas une seule fois je n'ai entendu prononcer les mots d'enseignement civique...
Une chose est vraie, bien que cela puisse paraître ridicule de nos jours, c'est que toute véritable politique doit être fondée sur des règles éthiques et ce dans toutes les sphères de la vie politique, y compris l'économie.
Or notre société qui se dit libre et civilisée se comporte vis à vis des faibles, des déshérités, des pauvres, des chômeurs, pire encore que du temps de la colonisation. L'appétit du pouvoir politique ou économique est devenu le seul moteur de l'ambition. On assiste alors au développement de tous les fanatismes, de toutes les escroqueries, à la prolifération des mafias, au manque généralisé de tolérance, mais surtout... à l'absence dramatique d'écoute envers autrui, cette écoute qui devrait être le début de l'amour du prochain et celui du respect de la dignité de l'autre. Le civisme c'est cela. En langage moderne; nous dirions fraternité et solidarité.

Le deuxième échec concerne un manque total de vision de la politique de la Famille en France. Qu'on le veuille ou non, que cela plaise ou non, il faut affirmer le rôle prépondérant de la Famille dans toute société. Elle peut-être comparée aux diverses cellules du corps humain. Elle a un rôle de cohésion entre les générations et devrait pouvoir être un atout primordial dans l'éducation des enfants. Mais si les parents eux-mêmes ne sont pas, ou ne se sentent pas intégrés, quel soutien peuvent-ils apporter à leurs enfants ?
En effet, il est urgent d'aider la Famille et de la protéger. Ainsi, sur le terrain, le logement est un point d'ancrage, encore faut-il que ce soit un véritable logement et pas un taudis ou pire encore... Toute la politique de l'urbanisation est à revoir. Il est urgent, gauche - droite confondues dans une même volonté, qui existe certes, mais éparse, de dégager un plan Marshall, un Grenelle, peu importe le nom pour l'avenir.
Cet engagement devra être tenu quelque majorité qui gagne demain ou après demain. Car la politique de la ville et celle de l'aménagement du territoire, son corollaire, sont par essence des politiques à long terme. Ce long terme doit pouvoir être garanti aux Familles. Cela fait partie de l'espoir.

Mais pour sauver du désespoir près de dix millions de Français, pour effacer la haine de leur coeur, il faudra revoir totalement notre copie économique. Laissons de côté idéologies et théories, tentons ensemble avec bon sens d'inventer l'avenir pour que nombreux soient les Françaises et les Français qui puissent trouver enfin du travail. Ce n'est pas la mondialisation qui résoudra de nos jours le drame du chômage ; en revanche, je rends hommage à l'immense bonne volonté et même à la volonté de ceux qui, par le moyen d'associations, soutiennent les jeunes et les aident à trouver un dynamisme dans un présent si difficile et pour un futur meilleur.
Il va donc être nécessaire pour les décideurs politiques mais aussi pour les acteurs économiques, syndicats ouvriers, agricoles et Medef de se concerter, d’oublier tout égoïsme sectoriel et de dépasser certains privilèges pour se mettre au service de la France et de ces trente pour cent de Français oubliés sur le bord de la route.
Car la seule vraie politique, la seule digne de ce nom est celle qui est au service du prochain, au service de la communauté, au service des générations actuelles et futures.

Alors, seulement alors, les "Français-oubliés" pourront être fiers d'eux-mêmes et de leur contribution au développement de leur pays, celui dans lequel ils sont nés, celui qu'ils ont choisi : la France.

Henri, Comte de Paris, Duc de France

Henri comte de Paris

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