samedi 27 février 2021

Discrimination, réalité ou argument ?

Ramzy Bedia
- Ramzy Habib El Haq Bedia -

C'est une mise au point définitive d'un certain Ismaël Saïdi, invité de Léa Salamé sur France Inter, qui m'a décidé de sortir du bois sur la prétendue discrimination à l'embauche des Arabes. M. Saïdi est d'origine tangéroise (comme JL Mélenchon mais lui est espagnol), belge et ancien policier. Après un master de sociologie, il écrit, filme et débat sur les milieux de l'immigration. C'est une pointure, une fois !

A Léa Salamé qui insiste pour lui faire dire qu'il est difficile de trouver un travail ou un logement pour un petit jeune de dix-huit ans quand on se prénomme Mohammed, il répond que ce n'est pas la norme, après avoir beaucoup ri de la question précédente tirée du même tonneau. Effectivement, les penseurs du calife en chemise de nuit et les sociologues payés au mois qui vivent sur la misère des gens, bourrent le mou de la jeunesse des cités pour accroître la revendication identitaire de certains jeunes en désarroi. Et ceux du programme de victimisation qui en réchappent - les plus nombreux finalement - sont systématiquement ignorés par les éditocrates officiels qui pontifient sur les ondes. Toujours réticent à m'insérer dans le débat sociétal, je fais une exception cette fois dans le cadre général de la réconciliation franco-algérienne en chemin, même si le bout du tunnel m'apparaît diablement obscur.

Ces derniers vingt ans de métier entre la France et l'Asie m'ont fait côtoyer des Arabes partout et surtout dans les services comme la banque et les transports, moins dans la fabrication, du moins au contact de la clientèle. Avant d'avoir entendu les récriminations habituelles sur les plateaux de télévision, je n'avais jamais pris conscience d'aucune discrimination des Arabes à l'embauche ; d'autant que la mode de franciser son prénom avait largement disparu dans les années 90 pour afficher fièrement ses origines. Combien d'artisans arabes ai-je rencontré en dehors de ma profession ? Pléthore ! Garagistes, chauffagistes, taxis, peintres, carreleurs et moins souvent des terrassiers ou des jardiniers ; allez savoir pourquoi. En ville, des mitrons, garçons-bouchers, épiciers, préparatrices en pharmacie, des radiologues et mon ophtalmo. Beaucoup d'entrepreneurs individuels dans la réparation informatique ou téléphonique et dans les services à la personne, et aussi beaucoup de journalistes des deux sexes que tout le monde connaît. Combien d'acteurs, d'actrices originaires du Maghreb dans le cinéma français ? Des tonnes. La discrimination ethnique est une absurdité qui se nourrit d'exception confirmant la règle. Madame Salamé est un joli perroquet.

Fille d'un haut-fonctionnaire international archi-connu et d'une mère riche à millions, Léa Salamé, qui a fait un beau parcours académique dans la ouate, n'a jamais "bossé" en vrai. La télévision n'est pas la vraie vie. Aussi voit-elle le monde à travers des articles de presse vite lus ou des résumés qu'on lui fait de traités de sociologie orientés. Sinon, comme Ismaël Saïdi et bien modestement le Piéton du roi, aurait-elle croisé au-dehors des centaines d'Arabes ayant réussi dans leur vie professionnelle, peut-être même des millionnaires montés à la force du poignet comme Mohed Altrad. Et si Forbes France n'en trouve pas dans le Top 50 des patrons français les plus influents sur les réseaux sociaux, c'est tout simplement parce qu'ils ont construit leur carrière en s'arrachant du rang et qu'ils n'ont pas le temps de lâcher le business pour venir faire les paons ; tandis que les vedettes de la bourse descendent de l'olympe des grandes écoles et croient devoir dire. Les Saadé de la CMA-CGM n'y sont pas, Iskandar Safa non plus. La liste des patrons arabes serait longue mais pour marquer le coup nous allons citer avec Capital.fr (clic) : Abdelkrim Benamar, algérien de Montfermeil, vice-président d'Alcatel-Lucent ; maître Haïba Ouaissi, marocain de Longwy, avocat au barreau de Paris , il n'est pas le seul ; Anissa Djaadi-Mezhoud, algérienne de Saint-Etienne, chargée de communication senior chez JC Decaux ; auxquels s'ajoute Fatiha Gas, algéroise, directrice de L'École supérieure d'informatique électronique automatique (ESIEA Paris) qui met son échec en ingénierie dans le privé sur le compte de sa féminité mais pas sur celui de son arabité... Tous ont à dire que le chemin du succès est celui de l'effort, pas celui des excuses. Et pour faire bon poids, faut-il donner la liste des élus arabes ou kabyles ? Au Palais Bourbon, El Guerrab, Hammouche, Khattabi, Laabid, Lakrafi, Laqhila, Mahjoubi ; et ma préférée, Samia Ghali au Sénat jusqu'à l'an dernier (d'accord elle est Chaouie) ; des centaines de conseillers régionaux, des milliers de conseillers municipaux, tous cheminent dans le mille-feuille politique français. On vit des Maghrébins dans les allées du pouvoir dès le quinquennat de Nicolas Sarkozy avec Abderrahmane Dahmane, Fadela Amara, Azouz Beggag, Nora Berra, Jeannette Bougrab et Rachida Dati. Gérald Moussa Darmanin est d'origine algéro-maltaise. Ce sont des gens comme eux qu'il faut inviter sur les plateaux de télévision quand on parle "banlieue" en prime time pour y distiller les recettes du succès, le travail et la persévérance, plutôt que des requérants de discrimination positive comme Belattar, Bouteldja ou Blanchard, autrefois Ramadan. C'est la vraie méthode pour ne pas désespérer les jeunes les plus fragiles des cités qui, le cerveau lavé, ne voient d'autre avenir que dans le trading de came, le rap, l'humour ou le foot, même si Mahrez, Salah, Benzéma et... le dieu Zidane y sont pour quelque chose. Aucune porte n'est fermée si l'on veut quitter cette prison mentale du fantasme de la discrimination ; et pour ce faire, il faut s'adapter au marché du travail et aux mœurs de l'entreprise, petite ou grande. Un peu de courage y aide, un soupçon d'opiniâtreté ne nuit pas !

Sabrina Ouazani

Pour compléter ce billet, il est utile de revenir sur l'affaire de l'enseignement de l'arabe à l'école. Ayant assez d'amis pour en perdre, je dis tout de suite que je suis pour. C'est Boutros Boutros-Ghali, alors directeur général de la Francophonie, qui suggérait que l'expansion de la langue française dans les pays arabes pour y contrer le globish était conditionnée par une certaine réciprocité, l'enseignement de l'arabe en France. Outre le fait qu'il y a environ trois cent cinquante millions d'arabophones dans le monde et que c'est donc une langue commerciale (même s'il existe des variants dialectaux), c'est une belle langue littéraire à la bibliothèque très fournie. L'apprentissage sérieux de l'arabe dans le système scolaire est un atout supplémentaire pour l'éducation de la jeunesse aux civilisations extra-européennes et pour la formation professionnelle des futurs commerciaux, à une condition : que la langue arabe soit incluse dans le circuit LV1, LV2 et ne soit pas une option ludique ouvrant la porte aux dérives communautaristes que l'on peut craindre. On sait depuis toujours que le monde arabe représente un potentiel considérable pour la France qui y jouit d'un préjugé favorable. Certes l'arabe est le latin du Coran mais ce n'est pas sa pratique qui va démultiplier les adeptes de la terre plate et ceux des houris toujours vierges à la fontaine murmurante du paradis. Dit en passant, le jardin islamique est insurpassable de beauté, de parfums, de silence et de chant d'oiseaux. Aller au jardin du Generalife de Grenade n'oblige pas à la circoncision à la sortie. Accessoirement l'enseignement de l'arabe en milieu scolaire, de plein pied avec les autres langues vivantes déjà au programme, marginaliserait les prêcheurs islamiques qui sont souvent de piètres locuteurs, à moins que les islamogauchistes de l'Education nationale ne les infiltrent dans le process, ce qui reste possible si le côté ludique est privilégié. Dernier coup de pied de l'âne, bien des profs de l'université médiévale de Montpellier furent au début de l'Ecole de médecine la plus réputée d'Europe des lettrés arabes sous l'autorité de l'évêque de Maguelone. On n'invente rien.

Ismaël Saïdi aura le dernier mot. Pour lui l’humour est un vecteur puissant pour faire passer des messages de cohésion et de fraternité indispensables à emprunter le droit chemin : « Le point fondamental, c’est de s’accorder sur un horizon commun ; non pas ce que l’on est ensemble, mais ce que l’on souhaite faire ensemble ».

Réussir sa vie ? Action !




- Julia Boutros in Ana Betnafas Horiya/Je ne peux respirer que la liberté -

jeudi 25 février 2021

D'un pacte à l'autre

Il y a trente ans ce 25 février, les ministres des affaires étrangères et de la Défense du Pacte de Varsovie décidèrent à Budapest d'en cesser tous les effets. Conclu en 1955 sous l'égide de l'URSS pour répondre à l'intégration de l'Allemagne fédérale dans l'Alliance atlantique, le Pacte fut plus efficace à mater le printemps de Prague en 1968 qu'à poser des problèmes insurmontables à l'OTAN. La doctrine d'emploi était de reculer sur l'Elbe et au premier contact, de vitrifier le territoire occupé pour le reprendre sans aller au-delà de la Vistule, et de tenir le plateau de Bohème.

carte OTAN-Europe
Dès la dissolution du Pacte en 1991, les nations d'Europe centrale prirent des accords bilatéraux de collaboration militaire car l'effondrement du système de sécurité soviétique, aussi imparfait fut-il, les laissait à nu devant trois nouveaux défis :
- la réunification allemande qui recréait ce par quoi tout avait commencé ;
- la résurgence du chauvinisme et la mise en tension des minorités ethniques en grand désarroi économique, encagées dans des frontières plus ou moins artificielles comme on allait le voir en Yougoslavie, mais aussi dans les principautés hongroises hors de Hongrie ;
- les répliques à l'Ouest de la désintégration de l'Union soviétique qui pouvait agiter les minorités russes abandonnées par le reflux comme dans les pays baltes et plus tard en Ukraine. Un retour de flamme russe restait toujours possible sur le limes occidental dans le chaos du désespoir.

Au départ, les pays du bloc oriental, qui avaient l'habitude de travailler ensemble à partir d'économies complémentaires (la division internationale du travail), envisagèrent un système commun de sécurité dans le cadre de l'OSCE pour stabiliser la région libérée sans défier la nouvelle Russie. Les services de l'OTAN voyaient d'un bon œil la création d'une zone tampon mais dans chaque pays le débat s'instaura entre ceux qui voulaient une défense neutre et ceux qui prônaient une coopération pragmatique avec l'OTAN. Les opinions étaient divisées et contrairement à une idée reçue, les services atlantiques n'ont pas poussé leur avantage, le spectacle de la Yougoslavie en fusion leur prenant beaucoup de temps. Pour ce que j'en sais, en 1991, l'intégration des pays de l'Est n'était pas à l'agenda atlantique. Du tout !

Aussi quand certains dénoncent l'avancée de l'OTAN vers l'Est, il serait plus judicieux de voir la ruée vers l'Ouest de l'Europe orientale. Comment les choses se sont-elles passées ensuite ? Le bloc soviétique s'effondrant comme prévu en suscitant le chaos en Mer noire et dans le Caucase, les pays européens de l'Est ont vite compris qu'ils devaient s'adosser à l'OTAN parce que la question sécuritaire pouvait devenir sérieuse. Après de longues négociations trois pays furent acceptés comme candidats par Bill Clinton au sommet de Madrid en 1997 et deux pays furent refusés. Bill Clinton accepta la Pologne, la Tchéquie et la Hongrie. Il refusa la Roumanie et la Slovénie. Helmut Kohl qui avait négocié le départ des troupes russes de RDA, fut chargé d'arrondir les angles avec Boris Eltsine, ce qui n'empêcha pas le Kremlin de dénoncer l'élargissement comme une "faute" ! Parallèlement toutes les portes de la coopération euro-atlantique restèrent ouvertes, même et surtout avec la Russie. Se créa un conseil de coopération réunissant une trentaine de membres où l'on pouvait parler de tout, mais la question désormais à la mode devenait l'entrée des pays de l'Est dans la Communauté européenne. Ce sera la grande affaire, à cause des fonds de développement qui transformeront radicalement ces pays, l'OTAN devenant l'accessoire. Le raidissement russe avec l'arrivée de Vladimir Poutine au Kremlin qui annoncera le réarmement, poussera tous les pays du glacis soviétique dans l'Alliance. Même l'Albanie entrera dans l'OTAN !
Ainsi furent intégrées en 1999 les armée polonaises, tchèques et hongroises ;
En 2004, furent intégrées les armées bulgares, roumaines, slovaques, slovènes et celles des trois pays baltes ;
En 2009, suivirent les armées croates et albanaises ;
Puis le Montenegro en 2017 et la Macédoine du Nord en 2020.
Les pays d'Europe hors de l'OTAN sont la République d'Irlande, la Suisse, l'Autriche, la Suède et la Finlande, pays qui ont une tradition de neutralité, la Serbie, le Kosovo, la Bosnie-Herzégovine et les pays riverains de la Mer noire comme la Moldavie, l'Ukraine, la Géorgie qui participent d'un autre jeu stratégique. Mais la Suède resserre sa collaboration atlantique à cause des provocations incessantes de la Russie à son endroit.

Si l'on excepte le ferraillage en Mer noire, l'hostilité de basse intensité de la Russie à l'encontre de ses voisins occidentaux justifie la précaution atlantique. Et sans doute l'histoire retiendra-t-elle de Vladimir Poutine un manque de discernement voire de vista, et même carrément de niveau. Son pays de rente minière à la mode africaine pouvait se développer et se transformer en une grande économie moderne s'il avait suscité la confiance des partenaires européens (et japonais) et même celle de ses anciens "alliés". D'autant que la Russie dispose d'un territoire enclavé dans le Marché commun, Kaliningrad, l'ancienne Prusse orientale, qui pouvait offrir à l'industrie européenne conjointement à l'industrie russe une zone franche bien située, bien desservie. Au lieu de quoi le nouveau Csar a englouti des sommes colossales pour son prestiqe dans des nids de guêpes comme la Syrie ou la Libye et, qui pis est, affronte sans gros moyens en extrême-orient les appétits à peine dissimulés de la Chine populaire dont il devient le vassal dans l'Organisation de coopération de Shanghaï (OCS). Pour administrer un pays grand comme trente fois la France, étiré sur huit mille kilomètres et dix fuseaux horaires, la grande Fédération de Russie affiche aujourd'hui le PIB de... la Corée du Sud (source FMI). Tout est dit.

Poutine passe les portes dorees

jeudi 18 février 2021

Chacun les siens !

Sur le sujet précis que nous évoquons aujourd'hui, l'expression "à chacun sa merde" viendrait de Donald Trump (mais je n'ai pas retrouvé le tweet original parmi les onze mille tweets de sa présidence) et cela concernait bien sûr les déchets européens laissés en Syrie après la défaite de l'Etat islamique en Irak et au Levant.

Notre pays, perclus de précautions et inervé de trouille, refuse le rapatriement des freux et autres choucas du califat qui ont la nationalité française, et tint bon sous l'injure du 45ème président des Etats-Unis d'Amérique qui semblait avoir fait le tour de la question nous concernant. Heureusement qu'il a été débarqué par le géronte démocrate qui, n'en doutons pas, n'a pas meilleure opinion de nous, comme va le savoir bientôt notre pétulant président pour de rire.

En cent cinquante ans, nos aïeux ont fait trois guerres très meurtrières et y ont laissé des millions de morts parmi les nôtres comme parmi les autres. Mais ce pays jadis guerrier est aujourd'hui effrayé par une grosse centaine de prisonniers soldats du califat et par les veuves noires qui les accompagnaient partout. Nous allons revenir sur cet incoyable danger ! Mais c'est de leurs gosses dont on parle d'abord. Notre Etat les rapatrient à des conditions assez sévères ; en résumé, si leur mère captive les laisse partir, s'ils ont un point de chute en famille en France et/ou bien sûr s'ils sont orphelins ou gravement malades. On parle de deux ou trois centaines d'enfants de tous âges, pas de cent mille ! Qu'ont-ils fait ou pas fait ? Qu'ont-ils vu ou pas vu ? Qu'importe ! Nous les laissons vivre dans des conditions misérables alors que ce sont des petits Français, n'en déplaise aux normateurs battus en droit ! Le pays s'honorerait en annonçant leur rapatriement sans condition sauf celle de l'accord explicite de leurs génitrices. Evidemment, celles-ci s'accrochent aux gamins comme le noyé à la branche et finalement ne montrent pas plus de compassion envers leurs propres enfants qu'elles n'en ont montré sous le califat envers les ennemis capturés ou les gens qu'elles avaient à surveiller ; elles furent d'impitoyables kapo ! Mais qu'y peuvent leurs enfants ? Rien ! Leur refus de céder leur progéniture pour rapatriement devrait leur être imputé à charge, pareilles conditions de vie justifiant en France le retrait des enfants du ménage négligent. Le psychisme de ces enfants doit être reconstruit et plus jeune on commencera, plus sûre la guérison sera.

enfants français ISIS


Viennent maintenant les adultes, le plus souvent prisonniers dans des camps de fortune établis au nord de la Syrie sinon casernés en Irak où certains furent déportés par les Kurdes. L'effort de compassion n'est pas de saison, et rien dans l'histoire brève des horreurs du califat ne permet de trier les femmes des hommes. Les autorités françaises les laissent condamner par les Justices locales sous la condition que la peine de mort ne leur soit pas appliquée. Les procès sont expéditifs, les prévenus sont déclarés toujours coupables et envoyés croupir dans des prisons insalubres. Il n'y a pas de "justice" là-dedans même si c'est beaucoup demander pour le niveau d'exactions auxquel les soldats du califat se sont prêtés. L'analyse vétilleuse de la diplomatie française indique aux pays hôtes que nous sommes incapables de gérer directement quelques deux centaines de nos ressortissants, et finalement qu'ils nous font peur ! Ce qui n'est pas franchement glorieux pour nous qui donnons des leçons à tous et surtout au Moyen-Orient, où nous parlons plus souvent que nous ne sommes invités à le faire comme me le disait un ami libanais à propos du voyage pétaradant de notre monsieur Macron à Beyrouth. Ne devrions-nous pas commencer par ramasser nos propres déchets, où qu'ils soient, pour autant qu'on veuille bien nous les rendre ? Pollueur, payeur ! Vous reprendrez bien un Monchéri, monsieur le consul ?

Les adversaires du retour arguent le plus souvent de l'incapacité de nos codes à condamner les crimes les plus terribles perpétrés en territoire étranger et la menace que représenteront les criminels un jour libérés de prison. Mais le plus drôle - si l'on veut - est que des centaines de djihadistes sont rentrés chez eux en Europe par leurs propres moyens avant que la nasse de la Coalition ne se ferme. Nous vivons avec eux sans le savoir, enfin, un peu quand même si les RG font leur travail.
Tous ces gens sont notre problème ! Pourquoi les criminels devraient-ils rester à charge des autorités locales, sous le régime en plus de nos propres lois qui interdisent la peine de mort ? Puisque nous n'avons pu les liquider au combat, nous devons gérer nos ressortissants quoiqu'il nous en coûte ! C'est ainsi que procèderait un grand pays. On savait bien que nous n'en étions plus un.

PS : en complément, une analyse de l'IFRI (clic) qui en vaut d'autres

lundi 15 février 2021

Du poids des princes

Contrairement aux autocraties démocratiques qui gouvernent par strates horizontales empilées afin de rémunérer au plus large leurs clients, les monarchies exécutives sont génétiquement pyramidales et réduisent la taille de la bureaucratie administrative à mesure que l'on s'élève dans la hiérarchie. Le responsable suprême ne peut donner ses ordres à des centaines de pions, mais se fie à l'excellence des ministres peu nombreux du Conseil qu'il a choisis hors des partis et qui partagent avec lui l'efficacité du commandement des hommes à la voix. Peu de papiers, des idées claires, une autorité naturelle sans arrogance et une tonne de bon sens. Les monarchistes rationnels dont je m'honore de faire partie, ne peuvent devenir royalistes que si les princes de l'Almanach les convainquent d'être faits pour l'emploi. Et pour ce qui concerne le royaume souterrain de France, l'écart est un ravin où périssent les meilleurs élans (et les lemmings). Les démonstrations de la pertinence du roi traditionnel achoppent parfois sur l'éventail du choix de l'impétrant. "Le prince" n'est pas gent ordinaire. Il est fait d'une glaise spéciale qui remonte loin dans le temps, pour les vrais du moins ! Les qualités requises sont celles des Atlantes qui portent les chaires des églises. Ecrasantes. Douloureuses. On ne devient pas prince, on l'est, on ne fait pas le prince sauf à vouloir divertir. Mais il peut arriver qu'un alignement rare de planètes crée un prince. Atout, poids, contrepoids, lest de quille, notre monarchie fédérative, sociale et décentralisée, comme la promeut adroitement le Groupement d'Action royaliste, ne pourra s'incarner dans un prince que si le nouveau titulaire de la charge est en capacité d'accomplir la mission confiée au modèle. On ne restaurera pas la monarchie pour cent jours. Ça ne se fait plus !

pentagramme
Royal-Artillerie a creusé plusieurs fois la question. Nous proposons quatre articles de 2015 (entre 24 libellés "prince" sur ce blogue):

- De l'âme des princes 
dont nous extrayons le premier paragraphe : « Nos âmes à l'image des dieux qu'elles ont contemplés dans leur vie antérieure* sont diverses et variées. Enfermés dans des corps qu'elles n'ont peut-être pas choisis, elle subissent la servitude de l'incarnation et s'abîment des passions qui les assiègent, sauf chez les princes. Des trois parties de l'âme platonicienne, c'est le νο̃υς qui domine chez eux et qu'on appelle raison, du même sang que celui des dieux. Les deux autres, l'appétit de la vie (ou les élans) et la colère (ou l'orgueil) y sont contenues par la première plus fortement que chez nous. Ceux d'entre eux qui ne le peuvent n'en sont pas. Nous avons coutume de révérer des personnes descendant de personnages illustres au seul motif de leur hérédité. C'est pure courtoisie.»

- Le Pentagone du prince 
dont nous extrayons l'entame : « Il y a quatre choses pour soutenir un monde : la connaissance du Sage, la justice du Grand, les prières du Pieux, le courage du Brave. Mais tout cela n'est rien sans celui qui gouverne et connaît l'art de gouverner (Frank Herbert, in Dune). C'est le pentagone du pouvoir. Cet art de gouverner s'apprend jeune. Il doit pénétrer le prince au fur et à mesure de sa croissance. C'est son sang, son âme, sa "spécialité".»

- Spécialités du pentagone du prince 
dont nous extrayons la conclusion : « Il faudra au prince pénétrer les arcanes du droit des Etats pour n'être jamais subjugué par les diktats que lui présentera la Faculté et garder le recul nécessaire qu'apporte la connaissance des "dessous" avant l'expérience à venir, sans oublier, comme le dit Herbert dans les archives du Bene Gesserit (T.v-XOX232), que la loi choisit toujours son camp en fonction des modalités exécutives ; la moralité et les finasseries juridiques ont peu de chose à voir avec elle dès lors que la véritable question qui se pose est : "Qui tient le manche du fouet ?". Bismarck avait compris qu'un prince dit le droit avant de le lire ! C'est une formation spéciale de l'esprit.»

- Le Jeu du prince 
dont on extrait l'entame : « Celui-ci a de particulier qu'il se joue en solitaire et que son adversaire est l'avenir. Il se présente comme un échiquier sur lequel, au milieu de tous les autres, un pion est impossible à déplacer, le roi justement et il n'y a qu'une pièce du roi. Le reste est fait de tours, de chevaux, de soldats et de fous diagonaux. Chacun se reconnaîtra. Jouer contre l'avenir revient à jouer contre qui le gouverne, et quoi plus sûrement ne le fait que les lois. Les lois règnent sur l'avenir ; les rites et les règles sur le passé. Enfermé dans les Lois fondamentales du royaume, le roi du jeu n'a aucune liberté de mouvement au plan des principes qui commandent le choix qu'en firent les sages. Il ne saurait fuir, on ne peut l'inter-changer, l'escamoter au profit d'un choix plus commode, adapté aux temps, une figure plus aimable, plus capable, plus consensuelle, non ! C'est un roi dicté.»

spirales

Le Temps comme souci


Comme à la fin de l'année 2018 où explosa l'insurrection d'une classe de mécontents soutenue par 84% des Français selon les instituts (i.e les gilets jaunes des ronds-points, non pas les hordes gauchistes qui suivirent par après), nous arrivons aujourd'hui au seuil d'une phase critique pour le pouvoir, qui va combiner le relèvement de notre économie au sens le plus large, le management d'une épidémie saisonnière étrange, fatale aux anciens, la défiance générale vis à vis des administrations qui ont été exposées au feu de l'actualité par un pouvoir politique inquiet, et trois élections, cantonales, régionales et présidentielle. Il ne manquera qu'un ouragan force 12 Beaufort le soir de Noël ! De cette phase, sauf l'ouragan, il ne ressort rien de très encourageant à poursuivre, sinon des opportunités à changer de paradigme une bonne fois, au gré des circonstances. Sommes-nous prêts ? Non ! Sont-ils prêts ? Non ! Le monarchisme français continuera d'avoir raison dans le cercle fermé des penseurs excentriques. Le royalisme français incantera sur le défaut d'appel du peuple à voir régner son prétendant et remettra le couvert pour la prochaine fois. En est-il partout pareil ? NON !

Trois pays nous font la leçon, à nous-autres royalistes : la Serbie, la Roumanie et la Bulgarie. Il ne se passe pas une semaine sans que les sites spécialisés dans les maisons royales ne citent une démarche publique ayant du sens de la part d'Alexandre et Katherine de Yougoslavie, de Margareta de Roumanie et Radu Duda, sans parler de l'ombre portée du Czar des Bulgares Siméon II sur le pays le plus difficle des Balkans après la Bosnie, prince qui a fait la démonstration de ses capacités à gouverner au quotidien. D'autres anciennes maisons royales s'impliquent en Europe dans les affaires publiques de leur pays. En France, les rares sorties sont cantonnées aux commémorations s'il y a une messe ! Certes l'Etat français mesure chichement leur participation à son programme mais il est d'autres manières subtiles d'ensemencer l'opinion à l'idée du roi, comme l'avait montré François Mitterrand lorsqu'il avait lancé le Millénaire capétien en 1987 avec le succès que l'on sait pour le duc de Cadix Alphonse de Bourbon. Où en sommes-nous aujourd'hui ?

Cinq maisons sont convocables en France :

La maison de Bourbon dont l'aîné est espagnol et français, qui est écartelé entre le combat franquiste vital pour la position sociale de sa famille et le soutien moral aux légitimistes français. On sait ce qu'il veut puisque ces derniers vœux ont déroulé ses convictions que partagent beaucoup de royalistes français, mais il n'a pas l'artillerie.

La maison d'Orléans, dite de France, qui émerge dans l'actualité plus souvent pour des affaires d'argent ou d'héritage que pour son projet de restauration et dont l'héritier ne parvient pas à s'établir dans le monde d'aujourd'hui, vivant de rentes, subsides et soutiens amicaux. Il dispose de la légion d'Action française et de sympathies militaires qui en resteront au niveau de l'affection.

La maison impériale, dernière venue, souffre du défaut de pérennité - aucun des deux empires n'eut de succession, ce qui est la base d'une monarchie classique - mais en revanche elle peut arguer qu'elle fut battue chaque fois par la guerre étrangère, et non par la guerre civile qui emporta les Bourbons au moins trois fois en un siècle. Le prince Napoléon dispose de tous les atouts d'un prince appelé à régner tant par sa situation personnelle (HEC, Harvard) que par sa position sociale (Blackstone Londres). Mais il n'est pas intéressé à cajoler une cour de groupies ni à monter un second 18-Brumaire.

La maison de Bourbon-Parme et ses nombreux rameaux peu impliqués en France, à l'exception de Mgr Sixte-Henri, duc d'Aranjuez et régent de la Communion carliste traditionaliste, et de Mgr Charles-Emmanuel, engagé dans le mouvement légitimiste français et dans l'Ordre sacré militaire et constantinien de saint Georges. Celui-ci a l'oreille des pouvoirs publics.

La maison de Bourbon Busset sera toujours l'aînée des capétiennes au droit du sang et, à voir se chamailler les "dynastes", dissimulera un sourire énigmatique derrière l'écarlate de son bâton de bâtardise. C'est une maison impeccable qui s'attire le respect de l'Etat français.

chrysantheme stylise


Au résultat, la ressource est faible et appelle une seule question : est-il raisonnable au XXIè siècle de vouloir confier le destin d'un pays menacé de partout et de l'intérieur surtout, à celui que désigneront les lois de dévolution automatique de la couronne perdue ? Poser la question c'est y répondre, et je suis bien conscient que le vide créé donne le vertige. Mais le "restaurateur" ne pourra être ni moyen, ni passif. Avec l'aide de Dieu, il faudra propulser un champion. A défaut, le former déjà !

dimanche 14 février 2021

Acquitté coupable !

manchette de Forbes

Dans l'affaire du 6 janvier 2021, qui a vu le Capitole de Washington envahi par des hordes de mécontents amassés devant l'institution par les discours enflammés de la Maison Blanche, l'ex-président des Etats-Unis Donald Trump a été reconnu coupable par 57 sénateurs sur cent ce samedi 13 février 2021.

Le leader républicain Mitch McConnell, qui a voté l'acquittement par discipline partisane a déclaré à l'annonce du verdict : « There's no question — none — that President Trump is practically & morally responsible for provoking the events of [Jan. 6.]...The people who stormed this building believed they were acting on [Trump's] wishes and instructions.» (source Axios).

Trois séquences de cette journée du 6 janvier ont levé le doute quant au niveau d'implication de l'ex-président :

- la caméra de surveillance du hall d'entrée principale du Capitole a montré qu'une équipe d'activistes équipés et décidés ont brisé les ouvrants pour faire entrer les braillards. Vêtus de noirs, masqués et portant de gros sacs à dos, ils n'avaient pas prévu de pique-niquer sur les tapis de haute laine ! L'irruption de ces gens organisés démontrait le lien entre l'émeute et les appels à s'en prendre aux traitres proférés sur les réseaux sociaux que l'équipe présidentielle de communication suivait en continu depuis plusieurs jours en espérant une inversion de tendance par la peur à l'avantage de leur patron.

- Appelé en urgence pour faire monter la Garde après la mise en sécurité précaire du vice-président Mike Pence (que les assaillants voulaient pendre), Donald Trump a refusé sous le prétexte fallacieux qu'il s'agissait d'antifas, montrant par là qu'il ne pouvait surmonter son exaspération devant le refus d'obtempérer de Pence (celui-ci n'avait pas le pouvoir constitutionnel pour annuler la certification des votes des grands électeurs).

- La démonstration de la déléguée des Iles Vierges soulignant l'intention ou la bêtise du président immobile devant sa télévision au spectacle de l'émeute et ne faisant rien ! Comme le pyromane qui craque une allumette au pied du sapin, puis le voyant s'embraser, appelle les pompiers, conscient de sa faute. Si le même reste à contempler le brasier, ce n'est plus un accident !

Il n'en fallait pas plus pour condamner l'ex-président, même si la règle des deux-tiers s'est appliquée comme il en va pour destituer un président en exercice, alors que le gouvernement du pays n'était pas mis en danger par la procédure, bien que les faits ressortissent à son mandat. Pourtant la présidence du tribunal a été remise au doyen d'âge et non pas au président de la Cour suprême parce que l'accusé est déchargé de ses fonctions. Et Trump, qui semble ignorer le score désastreux pour son image et la condamnation morale qu'il induit, a aussitôt crié "victoire" ! On ne se refait pas !

Suivre les débats en direct sur CNN a permis de lire une page d'histoire en cours d'écriture, sans les commentaires vaseux des journalistes de plateaux français. Ainsi a-t-on pu mesurer le professionnalisme des procureurs démocrates qui ont cherché avec patience et pédagogie à convaincre les indécis de la partie adverse, tandis que les avocats de l'ex-président, confiants dans l'arithmétique, n'ont fait aucun effort de conviction, accumulant les arguments de procédure. Merci aux fournisseurs d'accès.

jeudi 11 février 2021

Dangereux Mister Xi !

Commence cette nuit à l'horoscope chinois l'année du Buffle. Sur les conseils d'un ami taïwanais (qui se reconnaîtra) j'ai relu les trente articles de la déclaration universelle des droits de l'homme des Nations-Unies à côté du speech inaugural de Xi Jinping au Sommet virtuel de Davos 2021. La Chine populaire coche d'une croix rouge la moitié des cases ! Faites le test vous-mêmes (clic)

Xi Jinping

Dans son discours impeccable qui a dû ravir tant d'otaries sinophiles, le président Xi Jinping s'applique à détruire les dispositions de plusieurs articles de la Déclaration (il est vrai, signée par la République de Chine de Tchang Kaï-chek) qu'il n'est pas loin de convertir en simples ingérences, à commencer par la fin du préambule onusien : « L'Assemblée générale proclame la présente Déclaration universelle des droits de l'homme comme l'idéal commun à atteindre par tous les peuples et toutes les nations afin que tous les individus et tous les organes de la société, ayant cette Déclaration constamment à l'esprit, s'efforcent, par l'enseignement et l'éducation, de développer le respect de ces droits et libertés et d'en assurer, par des mesures progressives d'ordre national et international, la reconnaissance et l'application universelles et effectives, tant parmi les populations des Etats Membres eux-mêmes que parmi celles des territoires placés sous leur juridiction. »

Dans le texte que nous allons analyser en version française, tel que diffusé par l'agence Chine Nouvelle-Xinhua (clic), le président Xi prend exactement le contrepied de cette universalité en proclamant sa différence : « Chaque pays est unique avec son histoire, sa culture et son système social. Aucun n’est supérieur aux autres. L’essentiel, c’est de savoir s’ils s’adaptent aux conditions nationales du pays, s’ils sont soutenus par le peuple, s’ils apportent la stabilité politique, le progrès social et la vie meilleure et s’ils contribuent au progrès de l’humanité. Les différences en termes d’histoire, de culture et de système social existent depuis toujours. Elles sont une caractéristique inhérente à la civilisation humaine. Il n’y a pas de civilisation humaine sans diversité, et cette diversité existe et existera pour toujours**. Ce qui est à craindre, ce n’est pas la différence, c’est l’arrogance, le préjugé et la haine ; c’est la tentative de créer une hiérarchie des civilisations et d’imposer l’histoire, la culture et le système social de l’un aux autres.»
Les différences partout, très bien, je suis pour. Mais dans les faits, sauf en Chine populaire ! Pourquoi dès lors se maintenir aux Nations-Unies si on condamne chez soi les principes qui ont fondé l'organisation ? Vu la lâcheté générale et la vénalité des clients de l'empire chinois, les inconvénients sont minces au regard des avantages procurés par les nombreuses agences qui dispensent services, conseils et subsides de développement, mais surtout pour la tribune ouverte sur le monde entier quand les alliances de couloir laissent un peu de temps libre.
**Voir l'article de Jean-Noël Poirier dans Causeur sur l'impossible assimilation chez les Confucéens

Multilatéralisme sauf chez moi !

On en vient maintenant au multilatéralisme censé corriger l'hégémonie américaine qu'il ne nomme pas : « Nous devons poursuivre l’ouverture et l’inclusion et rejeter la fermeture et l’exclusion. Le multilatéralisme signifie que les affaires internationales doivent être gérées avec les consultations, et que l’avenir du monde, déterminé conjointement par tous. Créer de petits cercles ou déclencher une nouvelle guerre froide, chercher à exclure, à menacer et à intimider, recourir arbitrairement au découplage, à la rupture d’approvisionnement ou aux sanctions, et créer l’éloignement ou l’isolement ne peuvent entraîner le monde que dans la division, voire dans la confrontation. Nous ne pouvons pas relever les défis communs dans un monde divisé, et la confrontation nous conduira à l’impasse.»

carte Mer de Chine
C'est sur ce point-là qu'il faut poser la question aux riverains de la Mer de Chine orientale et surtout à ceux de la Mer de Chine méridionale, sur un arc de tension qui va de la Corée du Sud jusqu'à l'Indonésie. Sauf avec les Corées, la Chine populaire est en posture menaçante de guerre ouverte avec tous. Ces deux mers (au nord et au sud de Taïwan) sont destinées à devenir des mers intérieures de la Chine populaire avant le centenaire de sa création. Le Parti communiste chinois, saisi d'un hubris tétanique, ne souffrira aucun embarras et se met en conséquence dans la position de devoir engager n'importe où un conflit armé. Il croit en sortir vainqueur par le volume du tonnage engagé sur mer et les nombreuses batteries d'artillerie à longue portée massées sur les côtes. Conscient que l'échec éventuel de la conquête d'un territoire comme Taïwan (qu'il n'a jamais administré) signerait l'effondrement honteux du Parti (cf. cette analyse), on se doute que la destruction systématique des infrastructures de communications et des villes sera prioritaire en ce cas, quitte à faire reculer l'île de cent ans ou plus, sans même parler des dommages collatéraux aux populations civiles qui n'auront eu que le tort de croire les représentants qu'elles ont élus. Les empires aiment bien punir leurs vassaux infidèles et comme ils ne souhaitent pas y revenir, il faut que la leçon entre dans les chairs.

Dans ce discours de Davos, M. Xi récidive plus loin en qualifiant d'ingérence toute curiosité des pays étrangers sur la gouvernance du Parti : « Les différences en termes d’histoire, de culture et de système social ne sont pas un prétexte pour se livrer à l’antagonisme ou à la confrontation, mais une impulsion qui nourrit la coopération. Il faut respecter et concilier les différences, s’abstenir de s’ingérer dans les affaires intérieures d’autrui, et régler les divergences par les consultations et le dialogue. L’Histoire et la réalité nous enseignent maintes fois que dans le monde d’aujourd’hui, choisir la mauvaise voie de l’antagonisme et de la confrontation, qu’elle soit sous forme de guerre froide, chaude, commerciale ou technologique, c’est pénaliser les intérêts de tous les pays et le bien-être de tous les peuples.»
Comprenez : Mes camps de Ouighours sont à moi ! Occupez-vous des vôtres, et si vous n'en avez pas, c'est que vous ne savez pas gouverner. On capture, on mate, on assimile ! En phagocytant les nations de proximité, le Parti communiste élimine la confrontation et l'antagonisme sur le limes impérial et les déplace plus loin, selon le vieux précepte de ce qui est à moi est à moi, ce qui est à toi, on en discute ! C'est ce qui fonde le rapport d'hostilité sino-indien mais rien ne dit que l'agressivité se polarise au Ladakh. Il fait chaud à la frontière du Yunnan où le pouvoir birman ne contrôle pas les ethnies rebelles qui menacent les communautés han et les ouvrages d'infrastructure chinois. Il fait chaud à Hong Kong où le Parti a dû déchirer le traité international anglo-chinois pour surmonter l'insurrection.

Union européenne et Chine Populaire


Revenons au concret. La Commission européenne soumet au parlement de l'Union un accord réciproque d'investissements paraphé en grande pompe d'ordre et pour compte les industries européennes vivant de la grande exportation, c'est-à-dire l'Allemagne et ses sous-traitants orientaux et lombards. Beaucoup s'offusquent qu'un accord soit passé avec un Parti esclavagiste qui ne respecte rien ni personne encore moins sa signature, comme celle apposée sur les accords de rétrocession de Hong Kong. Auxquels je répondrai : "faut voir !"

DS PSA avec Sophie Marceau
* Inauguration de l'usine PSA de Shenzhen pour les DS *


S'il n'est pas besoin de pousser l'analyse pour obtenir l'intime conviction que la Chine de monsieur Xi a muté en une tyrannie féroce***, il nous faut garder la tête froide. Où est notre intérêt ? Sauverons-nous un cinquième de l'humanité avec nos petits bras musclés, un milliard trois cents millions de gens gérés comme des numéros par un empire autocratique qui a remplacé les bons auteurs marxistes par le 1984 de Georges Orwell ? Assurément non. Mais si les pays de l'OCDE ont longtemps caressé la chimère d'une libération sociale intérieure par des échanges économiques intenses - et jusqu'à l'arrivée de M. Xi, rien ne lui donnait tort - il est prouvé qu'aussi étroite sera la fente qui laisse passer le jour, la lumière de l'Ouest érodera le complot communiste d'abêtissement des foules. Nous avons coutume de dire ici que c'est le Coca Cola, le rock n'roll et le Lewis 501 qui ont ruiné le Mur de Berlin. Tout ce que nous passerons en Chine populaire par les canaux de la coopération économique et industrielle entamera les certitudes obligatoires des commissaires politiques qui sont revenus dans les entreprises et dans les universités diffuser le projet archaïque d'une société matérialiste réglée par Marx, Engels, Lénine et Staline. Il faut leur pourrir la vie, avec adresse et être plus retors qu'eux, même si le défi est de taille parlant de Chinois.

C'est dans ce but que les idiots utiles comme Jean-Pierre Raffarin le seront vraiment. Promener sa bonhommie en défonçant les portes ouvertes de la fausse liberté finira par user la détermination des plus cons qui seront bien obligés de mettre le costume à la mode de chez nous et suivre l'étiquette étrangère. Il en faut comme lui des milliers ! Et si la procédure fait tourner les usines VW, PSA ou Siemens, où sera le mal ? De toute façon nul n'infléchira de l'extérieur la coercition que le Parti communiste inflige aux peuples de Chine populaire mais on l'aura autrement ! Rien ne dit non plus que l'ethnie Han, fatiguée d'être gouvernée par un président disposant pour tout titre du certificat d'études et encombrée d'une myriade de petits sectionnaires zélés, recrutés pour leur obéissance aveugle aux consignes, ne se lève pas un jour en nombre. Les émeutes rurales sont monnaie courante même si elles ne sont plus rapportées par les journaux depuis quelques années, sous peine d'être qualifiées d'atteinte à la sûreté de l'Etat. Le pogrom anti-musulman d'Urumqi perpétré par les commerçants chinois de la ville en 2009 fut spontané. Après tout, on leur a appris la révolution. A moins que ce ne soit du côté des états-majors que l'on s'inquiète des dérives polémologiques de politiciens aussi stupides que corrompus, qui veulent chacun leur petit paragraphe dans la grande page d'histoire de la Chine présomptueuse qui se refermera un jour comme le royaume voisin des Kim ! On les aura à l'érosion !

***Radio Free Asia (clic) signale qu'un tribunal de Maoming City (province du Guandong) a condamné à quatorze ans de prison (14!!) Niu Tengyu (23 ans) pour avoir associé le nom et une photo de la fille de Xi Jinping dans un,e discussion sur un forum China Wiki : elle s'appelle Xi Mingze. Vingt-trois autres prévenus ont comparu pour le même motif, on ne connaît pas les sentences ; les avocats ont été interdits, bien sûr. Au bout de 14 ans Niu Tengyu aura l'intelligence d'une laitue. Ils font appel - on ne rit pas. Ayez pitié !

Pense-t-on pour finir que les déboires de Jack Ma, patron d'Alibaba, bloqué en bourse et retiré de la circulation pendant plusieurs semaines pour revenir le cerveau lavé, comme les arrestations arbitraires d'hommes d'affaires étrangers sous des prétextes futiles, soient de nature à conforter l'enracinement des oligarques chinois en territoire communiste ? C'est juste une question... perfide.

Ceux qui se sentent en manque d'approfondissement à la lecture de ce simple billet pourront lire la recension de Charles Parton du communiqué officiel émis par le Cinquième Plenum du Parti communiste chinois, à la demande de Bill Bishop (Sinocism) : China – A Look Ahead to 2021 and Beyond. Idéal pour briller dans les dîners (clandestins) en ville.

Le Buffle exprime la force tranquille dans une résilience infatigable. Souhaitons que l'Occident sache l'exercer !



un enfant jouant de la flute traversière sur un buffle d'eau

dimanche 7 février 2021

Rompre le maléfice

C'est un article que j'aurais aimé ne jamais écrire mais il faut dire stop ! Le site de François Davin, La Faute à Rousseau (clic), nous apprend que le comte de Paris assigne la Fondation Saint-Louis pour un million d'euros. Ignorant les termes exacts de l'assignation, je n'en discuterai pas la praticité, mais connaissant en revanche tenants et aboutissants de la relation conflictuelle entretenue par les parties depuis l'emménagement du prince à Dreux, je produis les éléments d'une supplique à cesser ! Au nom de Dieu, de saint Eloi, de saint Harpagon, arrêtez, Monseigneur, de brasser l'argent d'autrui ! Travaillez pour le vôtre !

photo de famille du comte de Paris

La Fondation Saint-Louis fut montée par Henri l'Ancien (†1999) sur le socle de la Société civile de la Forêt de Dreux, créée après la loi d'exil de 1886 par les D'Orléans pour protéger et gérer en indivision la succession immobilière de Louis-Philippe Ier et par la suite la fortune du duc d'Aumale. Après les dilapidations récurrentes d'icelui pour financer à grand train une prétendance inaboutie qui le plongera dans les eaux noires de la vindication - il cherchera à ruiner ses enfants -, un sursaut d'orgueil du vieux prince épargnera les gros morceaux situés en métropole comme le château d'Amboise et le domaine de Dreux principalement, avec les archives de la Maison de France. Une fondation est une structure accueillant des biens inaliénables qu'elle affecte à une œuvre d’intérêt général à but non lucratif. Elle est régie par le droit écrit (voir le Dalloz) et non par la coutume. Nous ne sommes pas en Angleterre. Mais c'est à la coutume que se réfère le prince Jean en dénonçant une déviation par le conseil d'administration de la Fondation Saint-Louis des "intentions" originelles de son grand-père et surtout, à l'oubli de préséance à son endroit, chef de maison, prétendant au trône et héritier direct du fondateur dans l'ordre de primogéniture mâle ! Il veut gouverner la fondation. Hélas ! Tout fut fait par Henri l'Ancien pour que sa descendance, impécunieuse par habitude plus que par inclination, ne puisse vivre sur ce patrimoine en le monétisant voire le mettre à l'encan. Avait-il raison de se méfier ? Bien sûr que oui, toutes les ventes aux enchères d'objets du patrimoine royal de la famille ont prouvé que la situation des uns et des autres ne permettait pas d'oublier ces valeurs au fond des tiroirs de chacun, valeurs qui ne méritaient sans doute pas d'être transmises à leur propre descendance. Il fallait encaisser !
S'ajoute à cette revendication patrimoniale, le droit d'usage de la maison Philidor** du domaine de Dreux concédé verbalement à Marie-Thérèse de Wurtemberg par Henri l'Ancien, pour qu'elle y vienne aérer sa nombreuse progéniture les week-ends d'été et pendant les vacances scolaires, depuis que son mari, le père de Jean, avait abandonné le domicile conjugal de Paris pour rejoindre l'amour de sa vie. Le petit-fils dit avoir hérité du droit d'usage. C'est très curieux d'aboutir mentalement à cette conviction, d'abord parce que la bénéficiaire de ce droit est toujours de ce monde et qu'il est surprenant de plaider en France aucun droit sans titre. A-t-il de mauvais conseils ?
** du nom d'une famille de musiciens de cour qui y vécut


Dans l'article de La Faute à Rousseau (repris du journal Le Parisien d'ailleurs) il est cité une réaction du père de Jean, Henri l'Artiste (†2019), qui recadre l'usage de cette maison en ces termes : « J’apprends que tu emménages à Dreux. Si ta mère a eu un droit d’usage sur le presbytère sa vie durant, ce droit ne s’applique pas à nos enfants. J’aurais préféré que ce soit toi qui m’informes de tes intentions de vive voix.» Et le même de morigéner son fils pour qu'il déménage illico presto. Je passe sur les démêlées qui s'en suivirent entre la famille occupant sans titre les lieux dans toute leur extension et la fondation propriétaire légal. Elle oubliera de remplir la cuve à fuel domestique et le prince en montrera une forte irritation jusqu'à prendre à témoin publiquement ses sympathisants... mais de quoi ? D'une négligence, d'un affront ? La dispute ne cessa de prendre des tours dans des chicayas minables jusqu'au départ précipité de la famille dans le sud-ouest l'an dernier (dixit la comtesse de Paris Philomena) pour protéger les enfants de la turbidité du marigot drouaisien. Entretemps, le prince a trouvé une amie à la mairie, qui monte régulièrement à la "maison" pour faire tourner le compteur électrique et tirer la chasse. Finalement c'est triste et malheureusement dans l'ADN de la famille : quand on n'a pas d'argent, on n'en gagne pas, on en cherche !

carte postale maison Philidor


Après le décès d'Henri l'Ancien, sa veuve Isabelle avait, sur ses biens propres, légué à son petit-fils aîné une belle forêt au Nouvion-en-Thiérache, où d'ailleurs les dernières propriétés de Madame ont été vendues récemment par les héritiers. L'intention de feue la comtesse de Paris était plus de le poser socialement que de lui donner un moyen de subsistance ; les forêts rapportent peu mais sont le plus sûr conservateur de capitaux à long terme, auxquels peuvent s'adosser par exemple des garanties d'emprunt... Bref ! Ne travaillant plus, il s'en fit le gérant (?!), puis vendit la forêt pour vivre. Il y a une "énigme Jean d'Orléans". Après de longues études en France et aux Etats-Unis, il a travaillé comme consultant (donc en libéral) chez Lazard, chez Deloitte et à la Banque populaire, sans parvenir à se fixer ; puis vinrent les années sabbatiques qui durèrent jusqu'à un siège d'administrateur à la Fondation Lejeune, position qui ne rapporte que des jetons de présence outre l'hostilité de certains courants sociaux, mais qui n'est toujours pas un métier. Plus dérangeant, lors de la succession d'Henri l'Ancien, ses oncles et tantes attaquèrent les dispositions testamentaires, la gouvernante Friesz et la Fondation Saint-Louis pour captation d'héritage. Jean d'Orléans s'en désolidarisa et signa un solde de tout compte pour signifier qu'il se satisfaisait du peu. Mais quand la hoirie gagna plus tard son procès, il revint sur son abandon et réclama sa part.

Difficile d'en vouloir à Jean d'Orléans, traumatisé par la séparation de ses parents et par le conflit ouvert entre son père et son grand-père dans lequel ce dernier l'enrôla en 1984 en éliminant son père de la succession dynastique pour le nommer dauphin. Cette jeunesse compliquée et défavorable à la construction psychique d'un jeune homme a fini par le détourner d'une carrière honorable dans la haute banque au profit de la chimère royaliste qu'il poursuivit, qui pis est dans une concurrence malsaine avec son propre père qui chevauchait la sienne ! On vit les partis royalistes se ranger derrière l'un ou l'autre, et s'agrégèrent à chacun des prébendiers en attente, des courtisans de rencontre, venus compenser à leur contact une vie fade. Par bonheur, dès le jour de la mort de son père, le prince Jean interrompit les nominations aux ordres de fantaisie qu'adorait le défunt jusqu'au plus loin du ridicule, amenant à Saint-Germain-l'Auxerrois des chevaliers en armure polie-miroir pour la messe annuelle de Louis XVI. Si l'on n'en vit aucun aux funérailles de Dreux, il y vint du beau monde*** pour réconforter la famille en deuil et le nouveau comte de Paris spécialement.
*** le prince Albert II de Monaco, la reine Sophie d’Espagne, l’impératrice Farah d'Iran, le prince héritier du Maroc Moulay El Hassan, le prince et la princesse Philipp de Liechtenstein, la princesse Guillaume de Luxembourg, la princesse Léa de Belgique, le prince Emmanuel-Philibert de Savoie, les archiducs Karl et Georg d’Autriche, le grand-duc Georges de Russie, le prince Leka d’Albanie, le prince héritier d’Égypte Mohamed Ali Fouad et son épouse, le duc et la duchesse de Castro, Sixte-Henri de Bourbon-Parme, Carlos de Bourbon-Parme, Maria Pia de Savoie…(source Point de Vue)


Jean d'Orléans s'est donné à fond dans plusieurs essais de communication, donnant des conférences plutôt courues en province, organisant l'association Gens de France pour faire masse. Mais ce qui aurait dû être le prolongement d'une carrière professionnelle réussie est devenu la carrière elle-même, dans la précarité que l'on sait en pareilles aventures. Comme disait une fois le duc de Séville à propos de la prise d'intérêt d'Henri l'Artiste sur l'Ordre de Saint Lazare, y nommant grand-maître son neveu Charles-Philippe : « il faut souvent sortir des sous, beaucoup, et je ne vois pas un jeune homme impécunieux s'y maintenir longtemps !» De fait, ce fut court ! Pas d'argent, pas de Suisses ! Quand on n'a pas d'héritage, il faut le construire, à défaut, en épouser un comme s'y résolut le grand-maître !

La vraie question que doit se poser un royaliste à l'annonce de l'assignation de la Fondation Saint-Louis est un doute : le prince Jean est-il encore dans les lices du tournoi ? Ayant des difficultés à accumuler et gérer un patrimoine, en commençant tout simplement par travailler, peut-il défendre la cause monarchiste en s'y impliquant comme prétendant s'il ne coche pas au moins les cases managériales ? On est en 2021, sire ! Quelle prise son apparente oisiveté donne-t-elle à nos adversaires ? Est-il conscient du décalage entre la vie désuète de rentier qu'il affiche publiquement et la vie active de ses concitoyens, surtout de ceux qui sont à la peine dans une société où la concurrence fait rage ? Est-il audible ? Sa situation personnelle atténue la portée de ses prises de parole souvent pertinentes.

le jeune Gaston d'Orléans

En attendant les réponses, nous insisterons à chaque occasion pour que les enfants du comte de Paris soient incités à faire des études et éduqués à la valeur "travail" qui est une obligation morale, sociale et religieuse, afin de couper le fil de l'oisiveté qui peut ruiner une réputation. Et l'expérience des dévoiements antérieurs aidant, souhaitons que Gaston ne soit pas dirigé vers un lycée agricole parce qu'il aime les animaux, comme le fut son grand-oncle François (†1960), mis en pension chez les Oratoriens de Pontoise avant d'être jeté chez les Frères des Ecoles chrétiennes de Beauvais pour devenir technicien agricole. Il serait "utile" qu'il fasse de vraies études dans les sciences exactes pour gagner une position sociale au mérite, s'il veut un jour prétendre conduire le mouvement monarchiste au succès, parce que c'est de cela qu'il s'agit. Le dauphin montre beaucoup de qualités qui annoncent des lendemains qui chantent et seront donc joyeux, ce serait si dommage qu'il les gâche. Haut les cœurs !

vendredi 5 février 2021

6 février 2021

Pont de la Concorde vers le Palais Bourbon


L'émeute du 6-février-34 est un marronnier nationaliste, plus particulièrement commémoré chez l'Action française, à tort peut-être. Nous avons déjà fait le tour de la question toutes ces années passées (clic) et en avons conclu, comme le Groupement d'Action Royaliste, que Charles Maurras était un immense maître à penser et jamais l'organisateur d'aucun coup de force. L'aurait-il voulu quand même, qu'il ne disposait pas des cadres capables d'aboutir. Maurice Pujo dans une explication ultérieure le disait autrement (clac) mais cela revenait au même : l'Action française n'était pas dans l'action !

Aujourd'hui, le mouvement royaliste de référence, la Vieille Maison, s'est reconvertie en "école de pensée" tout en faisant sortir dans la rue ses sections de militants ci et là en France pour coller, défiler parfois et vendre le journal. L'impact est pour l'instant modéré.

Dans un entretien donné à Romain Ducoulombier par Olivier Dard pour la revue ANR PAPRIK@2F en 2015*, on peut lire en réponse à la question d'actualité de l'émeute :
Pensez-vous que la France soit aujourd’hui dans une situation analogue à celle du 6 février 1934 ?
« [...] On peut sans doute voir au moins deux points communs. Le premier est un pessimisme profond associé à l’idée de déclin voire de décadence et qui résonne comme en écho entre les années trente et aujourd’hui. Il y a bien une crise d’identité même si elle est formulée différemment.
J’y ajouterai, en m’excusant de me citer, la question du « choix impossible », sous-titre que j’ai donné il y a quinze ans à l’ouvrage que vous mentionnez. J’entendais signifier par là que les décideurs avaient une meilleure connaissance des enjeux et des mesures à prendre pour redresser le pays que la mémoire, très négative sur cette période, en avait retenu. Pourtant, un mélange de fatalisme et d’impuissance qui n’excluait pas chez certains les rodomontades régnait sur le pays et se traduisait par une crise de la décision. Je vous avoue qu’en observant l’actualité, je ne suis pas sans y penser.»
*source : Le 6 février 1934 n’est nullement un coup d’État fasciste.

En février 2021, nous découvrons une société divisée entre jouisseurs et trimeurs, matée par la pandémie du coronavirus chinois, une crise relativement mal gérée par les équipes en place (la France est 73è sur 98 pays classés de la Nouvelle-Zélande au Brésil selon Lowy Institute, Sydney). Les handicaps français ont explosé et l'enflure de l'Etat est masquée par la mise en œuvre du collectivisme invasif qui prétend régler la santé de tous et de chacun au débit de la peur de la mort, à partir de la grille de décision jacobine. Les décisions d'autorité suintent d'un empilage incroyable de strates administratives dont les responsabilités s'annulent, mais qui sont typiques de l'usine à gaz socialiste montée en quarante ans pour nourrir le plus de militants possible. On trouve sur Internet des organigrammes de ce foutoir unique au monde, qui font doucement marrer tous nos voisins et au-delà ! Nous allons finir par être le contre-exemple académique de la performance administrative qu'on enseignera dans les universités. Il restera à stopper l'ENA et en raser les bâtiments jusqu'aux fondations pour que reste en mémoire sa nocivité. On ne gardera que le mur du quai, le portail principal, et ça se visitera !

Organigramme Santé France


Bien que nous ayons un Etat profond encrassé, un exécutif pagnolesque, une chambre basse de godillots complètement déconsidérés et un sénat aussi inutile qu'idiot utile des pédomanes (la chambre des 13 ans), la peur est trop grande pour que se lève la révolte populaire (dixit Machiavel). On a écrit beaucoup d'ouvrages sur la gestion des foules et de l'opinion dont l'application est mesurable aujourd'hui et dont on ne doute pas que le pouvoir les ait lus. Ce six-février sera un mauvais souvenir et pas plus, mais ne disparaîtra pas. Nous le terminons par ce mot de Brasillach dans Notre Avant-guerre :
« Si le 6 fut un mauvais complot, ce fut une nuit de sacrifices, qui reste dans notre souvenir avec son odeur, son vent froid, ses pâles figures courantes, ses groupes humains au bord des trottoirs, son espérance invincible d’une Révolution nationale, la naissance exacte du nationalisme social de notre pays. Qu’importe si, plus tard, tout a été exploité, par la droite et par la gauche, de ce feu brûlant, de ces morts qui ont été purs. On n’empêchera pas ce qui a été d’avoir été.»

la garde mobile à cheval en rang sur le pont de la Concorde

mardi 2 février 2021

Comment va-t-on du virus au roi ?

Le Piéton a été approché par une jeune journaliste de la Radioactive qui voulait connaître les incidences de la crise sanitaire sur la pensée et la propagande du royalisme (c'est moi qui le dit comme ça, puisque je ne veux pas citer mot à mot un message personnel). Sur le moment je lui ai répondu que la monarchie, que je prônais ab-solu pour gouverner le domaine régalien strict, n'était pas impactée puisque protégée des influences extérieures à son projet. Et je l'ai adressée aux porte-paroles officiels du mouvement royaliste...

bureau d'une journaliste de radio

Mais à la réflexion (on me dit dans l'oreillette qu'il fallait commencer par là) on s'aperçoit que s'il n'y a pas d'inflexion de l'axe de propagande monarchiste, plusieurs paramètres ont été modifiés en périphérie du projet, à commencer par les excès de la mondialisation qui donnent du grain à moudre pour l'autosuffisance du pays dans les domaines essentiels que sont les molécules-bases stratégiques et la munition de l'infanterie. Mais finalement c'est bien le principe de subsidiarité qui en prend un coup.

Pour contrer la pandémie chinoise, nous nous sommes embringués dans une européisation de la réponse qui nous a fait perdre trois mois dans l'approvisionnement des vaccins, pour commencer, et on ne sait combien de semaines maintenant que les usines pharmaceutiques peinent à fournir à nos conditions. Quelle mouche a piqué le gentil M. Macron pour remettre la clé de la riposte à la Commission de Bruxelles, sachant la lourdeur bureaucratique d'une administration fédérale qui n'est jamais comptable de ses résultats ? Un tropisme napoléonien sans doute. Si nous avions dû, pour des raisons de coûts de développement et de logistique, nous associer à quelques-uns, nous aurions été mieux inspirés de prendre la Grande Bretagne comme chef de file puisqu'elle a gagné à Waterloo. Ceci vaut pour autre chose.

Le Ministère de la Défense nous passe en ce moment des images de l'entraînement de forces spéciales provenant de pays tiers européens, Estonie et Tchéquie jusqu'ici, dans le cadre d'intervention de la force Takouba au Sahel. Avec le renfort allemand dans l'instruction des recrues africaines, celle des Anglais dans l'aéromobilité et quelques autres qui ont détaché des moyens en soutien sur nos arrières, la chimère d'une défense européenne continue de vivre sa vie en attendant la conjonction des astres. Nous avons plusieurs fois démontré qu'elle en resterait à sa nature de chimère puisque aucun pays européen n'entend troquer la sécurité projetée par la France contre la sécurité établie par l'OTAN. L'affaire des vaccins nous montre autre chose : c'est le leadership et la capacité de réaction.

La coordination et la cohésion obtenues à la suite du Brexit ont permis de grouper les négociations de commandes des vaccins, la bureaucratie ayant pris son tribut en matière de temps. La procédure (qui a quand même abouti) est inapplicable en matière de guerre, ce qui pose la question de l'entité décisionnaire à la faire. Que les dépenses préparatoires à la guerre soient mutualisées, pourquoi pas d'autant qu'elles le sont déjà pour l'avion de combat du futur, le char lourd franco-allemand, des missiles etc... mais cette communauté de défense s'arrête à la première sirène d'une attaque ! Il sera extrêmement difficile de faire réagir dans les temps un gouvernement national, et à moins qu'une grave crise internationale n'ait mis tout le monde sur le pied de guerre, on voit mal les pays débattre d'une stratégie de protection et riposte à la vitesse des missiles balistiques. Palier cette phase de compression de la décision oblige à refaire un commandement intégré et souverain en la matière : on l'a déjà, il est à Mons en Belgique et s'appelle le SHAPE.

En résumé, la pandémie a légèrement amélioré la propagande monarchiste dans le sens d'une facilité accrue à faire la démonstration d'un régime meilleur, comparé à l'existant, pour la seule raison d'une liberté retrouvée dans les choix essentiels par le rapatriement des compétences stratégiques entre des mains qui ne tremblent pas en fonction des sondages, ce qui n'induit pas de sortir de l'Union européenne. En ce sens, la question de la jeune journaliste de France Inter était pertinente et la réponse du Piéton trop abrupte.

rose rose

lundi 1 février 2021

Un Brexit gagnant est dans les tuyaux

Ça fait un mois que le Royaume-Uni de Grande Bretagne et d'Irlande du Nord a largué le continent et les relevés géodésiques n'ont alerté d'aucun glissement des amers. La reine Elisabeth II va fêter ses soixante-neuf ans de règne le 6 février prochain, et le fringant duc d'Edimbourg passera le siècle le 10 juin. La descendance est assurée, la Firme donne le ton à la presse people. Des Anglais mieux informés que Stéphane Bern soupçonnent la reine d'être in petto une brexitrice refoulée. Rule, Britannia ! Britannia, rule the waves ! Quant aux spécialistes payés au mois, ils nous ont expliqué la rupture systémique en détails qui finalement se résument au déshuilage des procédures commerciales et à la quarantaine bancaire.

Elisabeth 2


A ceux qui ont pris le blogue en marche*, nous conseillons de consulter la mise en ligne du dossier par Matignon en cliquant ici ! Effectivement les Britanniques se plaignent des difficultés rencontrées en frontière de la Communauté européenne dans des procédures qui pour eux ressemblent à une punition, comme les certificats sanitaires, formulaires douaniers, listes de colisage modélisées, les factures commerciales internationales, lettre de voitures, connaissements et tout le diable son train. Choses inconnues d'eux jusqu'ici quand il était aussi facile d'aller de Manchester à Czerwionka-Leszczyny comme autrefois de Nantes à Montaigu.


Ils devraient s'en consoler pour une seule raison : contraints et forcés, les plus petits producteurs britanniques apprennent le métier d'opérateur international. Ils s'arment pour le commerce à la grande exportation. Dans trois ans, ils seront des concurrents redoutables urbi et orbi travaillant de conserve avec leurs transitaires anglais dans le monde entier, Europe continentale y comprise bien sûr. Nous les avons forcés à se former.

Entretemps Boris Johnson et ses successeurs accroîtront au maximum l'attractivité du royaume pour les talents créatifs, les entrepreneurs au grand large, les fous d'argent ! Ayant rompu avec les avares bataves, les chanoines rhénans et les communistes français, ils mettront au service des idées ce que l'Angleterre a toujours su faire mieux que les autres : la liberté dans l'imagination. Et certains ne s'y sont pas trompés comme le patron de Nissan UK qui, actant l'absence de droits et quotas, a célébré les futurs succès de son usine de Sunderland qu'il va convertir aux modèles de demain. S'ouvrant sur tout le Commonwealth sans demander les permissions réglementaires à Bruxelles et approvisionnant tous ses intrants européens sans contraintes démesurées, l'industrie britannique peut reprendre des couleurs dès lors qu'elle reste adossée aux usines allemandes et italiennes et qu'elle a toute liberté de navigation.

Un autre avantage de la séparation est de recouvrer l'agilité du gouvernement. La preuve en est faite, là, tout de suite, dans le management de la vaccination contre le coronavirus chinois. Quand la Commission recherchait le consensus des vingt-sept pays pour le plus petit dénominateur commun à ceux qui voulaient le vaccin ARN et à ceux qui voulaient un vaccin à souches mortes, le Royaume-Uni n'avait pas à perdre de précieuses semaines en cohésion, la cohérence y suffisait. Puis Bruxelles passa un mois dans des réunions de marchands de tapis avec les laboratoires pharmaceutiques pour obtenir le plus bas prix possible d'un produit en cours de développement (c'est énorme de bêtise) pour, à la fin, montrer un retard de trois mois (3!!!) sur la procédure britannique. D'un côté, on va à l'essentiel - vacciner la population le plus vite possible pour bloquer l'affaissement économique et sauver des vies - de l'autre, on s'emploie à réaliser pour s'en vanter ensuite l'exploit bureaucratique de mutualiser les commandes, mais dans les délais abscons d'une fédération de papier, alors que la Santé reste dans l'Union une compétence nationale.
Le Spiegel (clic) s'en prend très vivement à la présidente allemande de la Commission, Ursula von der Leyen, pour son arrogance, ses ambitions de carrière et sa faible compétence dans l'emploi, toutes choses qui dans ses postes précédents ont été remarquées avec une adresse certaine à se défausser sur autrui quand elle n'abandonnait pas le poste avant l'audit. AKK qui lui succède au ministère de la Défense à Berlin, n'a pas encore terminé de passer la serpillière sur l'ère Von der Leyen et le ministre allemand de la Santé tire à boulets rouges sur la Commission européenne et sa présidente (lire l'article). Les Anglais ont certes aussi leur bureaucratie, mais ils savent la shunter dans l'urgence. Ça leur a fait gagner des guerres dans le passé.

Reste la question qui hantait M. Barnier : Singapour-sur-Tamise. La City de Londres est un des géants mondiaux de la bancassurance et le traité l'empêche de démarcher librement la clientèle continentale. Il est certain que ces dispositions réduisent la masse des dépôts bancaires et la collecte de primes. Mais le savoir-faire, le talent et la perversité financière sont toujours les moteurs de la City avec trois marchés de capacité mondiale qui n'ont pas de concurrents continentaux, je cite : le London Stock Exchange comme bourse des valeurs et leur introduction, le London Metal Exchange comme marché des non-ferreux et de l'acier, le London Bullion Market pour les métaux précieux, et le marché interbancaire des capitaux parmi les plus fournis et achalandés de la planète. S'ajoute le Llyod's, leader incontestable dans l'assurance et la réassurance. On voit bien qu'on n'est pas chez les miquets ! Mais d'autres que le piéton impécunieux le verront aussi. Et s'il est plus difficile aujourd'hui de vendre un plan d'épargne-logement anglais à madame Michu, le phare de l'ingénierie financière hors-normes et hors-réseau brillera désormais de mille feux puisque la surveillance de Bruxelles aura baissé d'intensité. D'ailleurs tous les discours ronflants de l'Europarlement contre les paradis fiscaux n'ont jamais entamé les capacités créatives de la perfide Albion. C'est là-bas qu'aurait dû aller M. Cahuzac lors d'un week-end shopping avec la belle-fille de Michel Drucker. Et puis, comme nous le montre l'actualité des bourses chaque jour (MNI), la haute finance aujourd'hui, c'est le cerveau d'un gnome génial, une tablette connectée où il faut, et un rail chaque matin. Penser à changer de narine. Le reste vient naturellement et c'est de l'or.

le Ring du London Metal Exchange

Une incidente d'actualité : depuis hier dimanche, "les demandes pour les visas British National Overseas (BNO) sont ouvertes. Les citoyens de Hong Kong détenteurs de passeports BNO ont le choix de vivre, travailler et étudier au Royaume Uni, libres d'y reconstruire leur vie. Nous sommes fiers de ce jour historique par lequel nous honorons notre promesse aux Hongkongais" dixit la ministre de l'Intérieur britannique Priti Pratel. C'est indéniablement du renfort pour le royaume. Hong Kong est troisième au classement PISA, la plupart des immigrants sont des gens formés dans des métiers d'avenir, sinon fortunés. Il leur suffira de se maintenir cinq ans (je vous fais grâce des détails) pour obtenir la citoyenneté britannique de plein droit. On estime que sept mille réinstallations sont déjà effectuées, l'argent continue d'affluer pour couvrir le reset hongkongais. La Chine populaire enrage et, avec un culot monstre après sa brutale reprise en main de l'ancienne colonie contrevenant au traité anglo-chinois de 1984, dénonce une atteinte au droit international ! Rien n'effraie plus les communistes que de perdre leur pantalon en public.

Ceci mis à part, des difficultés sont attendues avec l'Ecosse et peut-être l'Irlande du Nord, qui sentent la courroie de la camisole se détendre. Mais si la prospérité revient au Royaume-Uni, ces nations de rugby pèseront les inconvénients d'un désarrimage, dont la faisabilité pratique n'est pas démontrée, à l'aune de celui enduré par la Grande Bretagne dans la procédure européenne. Le vice caché du royaume est peut-être dans le timing. L'incarnation de l'unité britannique est une reine très respectée mais à la fin d'un long règne, finissant en vrille, dont le successeur aura beaucoup de mal à obtenir l'oreille des milieux d'affaires, et dont le fils du sus-dit est un gros point d'interrogation, ou d'exclamation comme on veut. La classe politique, aussi corrompue que la nôtre, devra néanmoins faire le pont entre les institutions de la couronne et les institutionnels de la finance et de l'industrie, ce qui n'est pas écrit d'avance ! Mais l'histoire a montré que les peuples britanniques en danger pouvaient précipiter en cohésion solide entre deux disputes, comme les Afghans un peu. Le Piéton leur souhaite sincèrement de réussir, non pour l'exemple (on a déjà dit pourquoi ici) mais pour le bonheur de nations courageuses qui font notre admiration aussi souvent qu'elles nous agacent. Sacrés Godons !

coquelicot

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