jeudi 30 août 2007

Come Be My Light

soeur Mary TeresaJesus has a very special love for you. As for me, the silence and the emptiness is so great that I look and do not see, listen and do not hear.

La sainte des Egouts, bienheureuse Mary Teresa (1910-1997) vécut une grande partie de sa vie dans les tourments de l'Enfer si l'on prend au mot les Ecritures qui nous préviennent de la pire des punitions dans l'au-delà : être retranché de la vision de Dieu.

Le livre Come Be My Light qui vient de sortir aux Etats-Unis réunit la correspondance de mère Teresa avec sa hiérarchie, correspondance dans laquelle elle exprime sa souffrance de l'absence de Dieu et la peine insupportable qu'endure son âme.

Nous savions par des indiscrétions qu'elle avait été confrontée avec une relation démoniaque qui avait failli l'emporter, mais qui pouvait se douter de ce tunnel mystique de cinquante ans, même si l'histoire des saints nous familiarise avec ces longues périodes de terreur du silence divin.

Quelques mois avant de recevoir son prix Nobel de la paix à Oslo (11 déc. 1979) , où elle exalterait la présence du Christ dans le plus déshérité des pécheurs, elle confiait à son directeur de conscience :
"Jésus a un amour particulier pour vous ; mais pour moi le silence et le vide sont si grands que je regarde et ne vois rien, j'écoute et n'entends pas, ma langue murmure en prières mais ne dit rien, je veux que vous priez pour moi, pour que je Le laisse me prendre la main".

Mère Teresa et SS Jean-Paul II
Le recueil de lettres est déjà reclassé par les prélats américains au niveau des Confessions de saint Augustin tant est profond et sincère le dialogue avec un Christ qu'elle appelle au secours et qui ne parle plus. En 1947 elle avait relaté à son archevêque une extase qui avait déclenché son engagement vers les plus déshérités de Calcutta :

"[Jesus:] Wilt thou refuse to do this for me ? ...
You have become my Spouse for my love — you have come to India for Me. The thirst you had for souls brought you so far — Are you afraid to take one more step for Your Spouse — for me — for souls ? Is your generosity grown cold ? Am I a second to you?

[Teresa:] Jesus, my own Jesus — I am only Thine — I am so stupid — I do not know what to say but do with me whatever You wish — as You wish — as long as you wish. [But] why can't I be a perfect Loreto Nun — here — why can't I be like everybody else ?

[Jesus:] I want Indian Nuns, Missionaries of Charity, who would be my fire of love amongst the poor, the sick, the dying and the little children ... You are I know the most incapable person — weak and sinful but just because you are that — I want to use You for My glory.
Wilt thou refuse ?"

Au début de sa vie de religieuse, soeur Mary Teresa eut des visions qui la conduisirent dans l'intimité du Christ, une fois même elle parla au Christ en croix, et ces expériences atteignirent la limite de violence psychique qu'elle pouvait endurer. On mesure combien la longue absence ultérieure de "réponses" dut être éprouvante pour quelqu'un qui s'était approché si près du Ciel. L'agonie finale fut certainement terrible.

« Si un jour, je deviens une sainte, je serai sûrement celle des Ténèbres, je serai continuellement absente du Paradis. »

Time Magazine de cette semaine a fait un dossier magnifique de huit pages avec d'excellentes photos peu connues de mère Térésa. Ceux qui ne peuvent pas passer au kiosque voisin peuvent télécharger la version électronique en cliquant sur le titre de ce billet, avant que le dossier ne passe en archives payantes.

Come be my light
Come Be My Light du RP Brian Kolodiejchuk, postulateur de la Cause de béatification de Mère Teresa de Calcutta auprès du saint Siège.
416p. édition reliée qui sera publiée le 4 septembre, 22$95 prix normal ou 13$75 en pré-commande sous conditions chez Amazon.

On peut l'avoir immédiatement en eBook chez Random House pour 17$95.

mercredi 29 août 2007

Patrie et Nation

Une patrie, c'est la terre où reposent nos pères, "une terre que tous ses habitants sont intéressés à conserver parce qu'on n'abandonne pas son bonheur" (Chevalier de Jaucourt). Une patrie se parcourt, se contemple, se met en culture pour en admirer les fruits, et on en sent le sol quand on y marche dessus.

Une nation "est une âme; un principe spirituel. Deux choses, qui, à vrai dire, n'en font qu'une, constituent cette âme, ce principe spirituel : l'une est dans le passé, l'autre dans le présent. L'une est la possession en commun d'un riche legs de souvenirs, l'autre est le consentement actuel, le désir de vivre ensemble, la volonté de faire valoir l'héritage qu'on a reçu indivis" (Ernest Renan).

La confusion nation-patrie fut fréquente dans le passé quand on prenait la nation de la racine "nascere" (où l'on est né). Renan donne je crois la notion moderne juste. Pourtant la confusion est permanente dans les milieux patriotiques.

la Gaule à la veille de Vouillé 507
On commémore cette année le 1500è anniversaire de la bataille de Vouillé qui ouvrait aux hordes franques la porte septentrionale du Midi, région bénie des dieux qui goûtait au retour de la civilisation sous le gouvernement attentif des Goths. Barbares cultivés par une longue cohabitation avec l'Empire romain d'occident, ils lui étaient passés sur le ventre pour y établir leurs clans quand l'Etat impérial vermoulu s'effondra. Ils en reprirent les habitudes et renouèrent avec une administration minutieuse fondée sur le cadastre fiscal antérieur qu'ils poussèrent au plus loin de tous les recoins de leur nouvelle patrie. Les Wisigoths créèrent ainsi le régime foncier féodal dont certains lambeaux sont parvenus jusqu'à nous et qui fut la charpente de la France jusqu'en 1789. Leur droit fut consigné dans le Bréviaire d'Alaric publié en 506 à Aire-sur-Adour. Un grand colloque universitaire de trois jours y fêta son quinzième centenaire l'an passé.

affiche des XXVIII Journées d'archéologie mérovingienneLe royaume méridional était vaste, riche de tous agréments et produits de la terre, ouvert sur le monde par mille kilomètres de côtes bordant la seule mer utile de l'hémisphère, la Méditerranée, et moins de cent ans suffirent au nouveau pouvoir pour imposer une langue commune et des moeurs réglées à l'identique, de Gênes à Valence d'Espagne, dans ce que l'on appelle aujourd'hui l'Occitanie. La carte ci-contre est une tentative discutée mais utile.
On comprend que cette situation enviable ait attiré les mouches. Particulièrement celles qui moisissaient dans les brumes du Nord où rouillaient leurs armures.

Il faut toujours un motif supérieur dans les entreprises humaines de confiscation fondées sur la cupidité ou l'hégémonie. Le plus sûr est la guerre de religion dont l'Occident et l'Orient se serviront maintes fois. En l'espèce, il fallait exterminer les hérétiques ariens, surtout l'église wisigothe arienne constituée, pour rétablir la quiétude des catholiques romains par la paix des cimetières.

Alaric IILa bataille de Vouillé et la conquête du royaume wisigoth est expliquée de manière concise sur le site Clovis I auquel je vous renvoie. Un colloque se tiendra le mois prochain à Vouillé et Poitiers du vendredi 28 au dimanche 30 septembre 2007 dans le cadre des XXVIIIe Journées internationales d’archéologie mérovingienne. A voir le programme ce sera certainement passionnant.

Après Vouillé les ravages furent immenses. L'Occitanie réduite jusqu'aux Pyrénées qui bloquèrent Clovis, fut dépecée dans le style de partage des dépouilles en vigueur à l'époque, et le fabuleux trésor wisigothique d'Alaric récupéré par les Mérovingiens, sauf la partie cachée dans la région de Rennes le Château comme le pensent les fumeurs de shit à poêle magnétique.

La conquête des âmes par la Cavalerie allait dévaster trois fois encore le pays.
Les sectateurs du Prophète renforcés des Alains et Vandales de jadis, franchirent les Pyrénées et déferlèrent en 719 sur le Midi toujours instable depuis le VI° siècle. Les Francs qui vivaient de la mise en coupe réglée des paysans, de pillages et rapines sans rien produire eux-mêmes, suscitaient des résistances parfois très fortes des autochtones. Le désordre facilita la conquête maure et leur permit parfois à recruter localement des supplétifs. Charles Martel vainquit à Poitiers des compagnies gasconnes autant que sarrasines et descendit ravager l'Aquitaine et la Provence où il gagnera son surnom ! Il faudra attendre l'Empire carolingien pour que le pays retrouve une ère de paix et la possibilité d'une administration civile normale. Curieusement les communautés qui avaient survécu à la colonisation franque et aux Sarrasins s'épanouirent non pas dans le cadre urbain abandonné par les Romains, ni dans le cadre militaire laissé par les Francs, mais dans le cadre féodal et rural légué par les Wisigoths. Etonnant quand on note que le royaume wisigothique ne dura en tout et pour tout que 95 ans au nord des Pyrénées (412-507).

Ce fut le peuple barbare le plus prestigieux d'Europe, tant par sa longue histoire et ses origines mythiques - les rois descendaient du dieu Gaut - que par les traces qu'il laissa longtemps dans les esprits et dans l'art. Leurs vainqueurs se disputaient leurs utérus et certains les rattachent à la diaspora juive de Dacie. Les ancêtres paternels de Blanche de Castille portaient un titre d'empereur d'Espagne en héritage des rois wisigoths. Ils n'ont jamais complètement disparu.

La fois suivante fut la répétition de la même pièce. L'Eglise catholique romaine considéra insupportable que les populations occitanes lui préfèrent une religion duale de purs esprits comme le catharisme, qui dans sa propagation préfigurait d'ailleurs le prosélytisme huguenot. Le prétexte fut saisi à la fois par les Francimans et par l'Eglise romaine de confisquer ce Midi qui s'était détaché du Nord à la faveur des divisions de l'empire carolingien. On prêcha la croisade en terre chrétienne (un comble !) et la guerre fut atroce, menée avec une sauvagerie épouvantable par les armées des vassaux de Philippe Auguste. L'extermination des Parfaits et l'abaissement du Languedoc durera vingt ans, avec quelques chagrins comme la mort du roi Pierre II d'Aragon à Muret et quelques satisfactions comme celle du comte de Leicester sous les murs de Toulouse et du roi Louis VIII à Montpensier, qui avait préféré combattre les peuples latins pour plaire au souverain pontife plutôt que de bouter l'Anglais hors de France, qui était son vrai ennemi.

manuel de l'inquisiteurL'Inquisition sera mise en place à Toulouse pour purger définitivement l'hérésie. Les Belles Lettres ont réédité en 2006 le Manuel de l'Inquisiteur de Bernard Gui, le Bernardo du Nom de la Rose. Il faut admettre que ce fut un juge sévère mais juste et intègre, qui sur 650 prévenus n'en fit brûler que 47, une paille loin des espérances du romancier. Le catharisme écrasé continuera malgré tout son cheminement d'austérité dans les esprits et sera un terreau fertile pour la Réforme.

Le calvinisme sera le prétexte de la quatrième et dernière invasion du Sud à des motifs religieux ; mais en l'espèce, les Huguenots ayant beaucoup appris des déboires précédents, prirent le parti dès le début de se venger préventivement des Catholiques, ce qui fait que les torts restent partagés, ce que contestent les Protestants qui instrumentalisent la guerre des Camisards en toute mauvaise foi.

Nation et Patrie sont donc bien différentes. Il y a plusieurs patries dans la nation. Commémorer Vouillé en victoire nationale comme se proposent de le faire les 37è Journées Chouannes de Chiré-en-Montreuil ce week-end, est une hérésie. C'est pour moi un désastre, Vouillé 507 ! D'accord, quinze siècles ont passé cette année ; mais admettez que la France n'a pas quinze siècles à ce jour ! Ses "patries" sont bien plus anciennes et diversifiées qu'elle, pensez à la Bretagne de Merlin l'enchanteur, l'Auvergne avare de son soutien à Vercingétorix, la douce Provence romaine, terre d'empire puis pontificale, la Narbonnaise antique devenue Septimanie puis marche impériale de Gothie, le Pays basque fondé par les Atlantes ! (on me dit dans l'oreillette qu'on en doute).
Ces terres n'ont pas conservé que du folklore. A preuve le renouveau occitan un moment freiné par les deux guerres mondiales que la Nation dût engager, est vigoureux. Les noms des rois d'Aragon et celui des grandes maisons languedociennes, les Trencavel, Saint Gilles, Anduze, Armagnac, se rencontrent sur les plaques de rue. On en baptise les écoles pour élargir l'Histoire à toute la "nation occitane". Même l'université de Valence à l'extrême-sud s'en est emparée et fournit des recherches fouillées. Le catharisme renaît aussi de ses cendres parmi les fous, profitant du recul de l'Eglise romaine dont bien sûr on raconte à l'envi les excès inexpiables. La Nation ne peut être qu'un prisme.

Les nationalistes seraient bien avisés d'intégrer certains paramètres pour comprendre pourquoi les peuples de France ne font pas toujours bloc, pourquoi ils votent une fois non à la fédération européenne et deux ans plus tard oui à la même chose. Pourquoi aussi les religions officielles, chrétiennes ou musulmanes, sont débinées voire craintes. Les enjeux sont multiples dans les esprits, il n'y a pas de bons et de mauvais Français. Il y a de bonnes et de mauvaises mémoires.

On peut transporter sa nation, pas sa patrie. Quand je suis en Chine j'y entraîne ma nation parmi d'autres nations, j'ai même un passeport pour m'en souvenir, mais c'est ma patrie occitane qui me manque, moins que mon pagus, moins que ma famille.

pays de Nébian

mardi 28 août 2007

Diplomatie volontariste ou velléitaire

Sarkozy aux ambassadeursLe discours aux ambassadeurs du président Sarkozy ressemble à une loi-cadre de notre politique extérieure bien que les termes soient moins diplomatiques que ne le réclame normalement l'exercice. Cela nous change des rares discours du prédécesseur mêlant dans le même paragraphe le choux, la chèvre et le loup ! La feuille de route qu'emportent avec eux nos représentants diplomatiques, n'est sans doute pas la plus simple ! Jusqu'à se demander dès fois si cette propension à déclamer publiquement les programmes n'est pas la force même du ressort nécessaire à leur mise en oeuvre. Je fais ce que je dis !

L'action est lancée sur neuf axes. On en attendait sept pour faire un chandelier. Derrière les "comités de sages" et les mots "identité, valeurs, nation" qu'en est-il ?

Le G8 passe à 13. C'en est donc fini de la connivence occidentale qui permettait une fois par an aux équipes alliées de travailler ensemble sur les gros problèmes de la planète et d'évaluer les menaces posées par les exclus. Le G13 deviendra un forum médiatique comme un gros Davos, une occasion pour tous de passer à la télé en compagnie des plus grands. Finalement la dilution inévitable des convergences et les paillettes parfois agaçantes de la mise en page, finiront par le tuer. Est-ce le but ?

Union européenne. La construction institutionnelle devient une "priorité absolue". Le traité simplifié, qui a expurgé la constitution giscardienne de ses ambitions pour ne retenir qu'une mécanique, doit passer, au moins pour concourir à la gloire de l'originateur. Il n'est pas interdit de penser qu'il améliorera notre pouvoir décisionnel au Conseil. Tout le reste est assujetti aux conditions de mise en oeuvre et au dévoiement probable que la Commission opèrera. L'adjectif absolu nous indique qu'il sera ratifié par le Congrès de Versailles, excluant le risque référendaire au motif justifié qu'un second refus formel tuerait l'Europe.

A nos amis souverainistes, je ferais observer que pour obtenir un référendum sur cette épineuse question - sans prétendre ignorer que la réponse populaire est rarement donnée à la question posée - il vaut mieux gagner l'élection présidentielle. C'est ça la République, le vainqueur d'un jour divise, écrase et commande pour 5 ans !

L'Iran n'est pas admissible au club atomique.
Depuis l'effondrement du régime baasiste à Bagdad, la République islamique d'Iran n'est menacée par personne qu'elle puisse réduire au silence par l'arme atomique, la Russie étant trop grosse pour elle. Dès lors on peut partager l'opinion de beaucoup de chefs d'Etat de la zone, Israël et Egypte compris, que la quête nucléaire iranienne vise à favoriser son hégémonie sur tout le Moyen Orient. Qui ne serait d'accord avec cette précaution élémentaire d'un refus catégorique d'ADM pour un régime aussi agressif que celui de Téhéran ?
Il ne s'agit que de lui vendre la contrepartie. C'est un pays de bazars.

Irak et Etats-Unis. Même sous Chirac nous sommes restés des alliés responsables en dehors de la dispute irakienne, collaborant dans les domaines du terrorisme et de la traque afghane. Par contre les éclats inqualifiables de notre opposition à la guerre préventive d'Irak nous ont coupé de la discussion à bâtons rompus et sans arrière-pensées entre nous, ambiance nécessaire quand justement on veut se dire les quatre vérités.

C'est d'abord ce climat plus serein que le président Sarkozy veut établir avec notre allié de référence. A partir de quoi il pourra poser à son homologue américain la question qui fâche : « Al Qaïda vous a attaqué le Onze Septembre et vous a fait 3000 morts ! L'hydre n'a pas été réduite significativement depuis, ses responsables vous narguent, et vous avez rajouté 3000 morts de votre bord dans une guerre déjà perdue. Quelles sont vos intentions pour savoir si et comment nous pouvons vous aider. » Parce qu'en définitive ce sont les OPS français qui ont mis la tête de Ben Laden au net dans l'alidade de visée, par deux fois, pour se voir refuser l'ordre de tir ! Les Américains n'ont encore "rien vu".

Kouchner en Irak par Chappatte
Proche Orient. Il est significatif que dans cette partie du programme on se paye de mots, laissant de côté toutes précisions concrètes. Les acteurs sur zone sont tous en décomposition et il est inutile d'avancer des pions. Aussi « soutiendrons-nous toutes initiatives utiles » si d'aventure ...

Afrique. On l'attendait sur ce domaine car le continent noir est l'enfant chéri de la République. Les réseaux Foccart, Pasqua et Papamadi ont été démantelés sous la présidence précédente pour être remplacés par d'autres, plus strictement économiques. Les pivots militaires sont maintenus à grand frais mais la contemplation de la situation terriblement dégradée ne peut suffire, non plus que la remise des clés au NEPAD qui a fait la démonstration de sa vacuité en l'absence de tout investissement extérieur lourd. On sait bien que le développement de l'Afrique est primordial si on veut sauver les équilibres démographiques en Europe, mais ayant tout essayé, il est temps de passer à une vraie guerre, la guerre à la misère. Sans concessions ! Sera-ce la teneur du discours sarkozien annoncé pour le 25 septembre à New York.

Plutôt que de proposer l’électricité nucléaire aux « pays musulmans » (entendez aux Arabes et aux Iraniens qui sont capables de se payer l'équipement) il serait plus juste de construire une grille énergétique sur toute l’Afrique noire, pour débiter du courant à faible prix jusqu’au dernier village. Lénine disait que le communisme c’était « le pouvoir des soviets plus l’électrification du pays tout entier », pour les soviets on verra plus tard, mais pour l’électricité ça urge.

Russie. Le comportement hégémonique du Kremlin pose un faisceau de questions stratégiques graves. On peut regretter que le programme d'hier ne développe pas les intentions françaises, à moins qu'il ne s'agisse que de contrer le nouveau Csar en coulisses pour ne pas effrayer les intérêts économiques français en Russie. « Quand on est une grande puissance, on doit ignorer la brutalité » a-t-il dit néanmoins à l’intention de Vladimir Poutine. Mais dans cette question nous sommes impuissants seuls.

Défense. Notre position sur la défense en Europe n'est pas claire. « Avancer de front vers un renforcement de la défense européenne » ne veut rien dire. Il n'y a que deux objectifs à mettre en ligne : (1) une intégration militaire partielle mais réelle des forces françaises, britanniques et allemandes sur les théâtres d'opérations européens, et laisser rejoindre les autres ; (2) une mobilisation budgétaire importante qui ne peut être décrétée présentement chez nous en l’état de nos finances publiques. Cela implique de mettre de l'ordre sérieusement dans nos propres affaires.

Nous n'avons rien à dire en Asie, ni en Amérique du Sud. La France entre dans son costume de puissance régionale. Quand il aura été parfaitement retaillé, l'Europe nous disputera le siège de membre permanent du Conseil de Sécurité de l'ONU. Mais est-il plus sûr pour notre nation d'être forts dans sa zone naturelle d'influence plutôt que faibles et dispersés de par le monde entier en y exerçant une vocation universelle que bien des peuples ignorent ? On ne peut courir le 3000 steeple avec des galoches de 45 si on chausse du 41. Je préfère le recentrage continental, quitte à se rédéployer dans une décennie si nous avons réussi le recalibrage.

« Une France plus forte chez elle est la condition de son influence au-delà des frontières » aurait dit monsieur de La Pallice. C’est basique mais c’est en résumé le reproche principal que fait Nicolas Sarkozy à Jacques Chirac, d’avoir tout laisser couler à l’intérieur au bénéfice de son agit'prop internationale. Ce qui l’obligea à ravaler ses rodomontades chaque fois qu’on demandait à la France de concrétiser ses positions. Je ne sais si le sursaut nécessaire se produira avec son successeur. Pour l’instant tout est calme. Les Français assistent blasés au spectacle, sachant bien qu’il n’y avait aucune alternative.

Bien dommage que l'Alliance royale n’ait pu accéder à la campagne officielle pour faire la différence et passer un message cohérent et nouveau. Il en serait resté quelque chose, surtout dans le domaine régalien.

Juste avant ce discours aux ambassadeurs, le chancelier allemand Angela Merkel était en visite à Pékin. Le ton n'était pas très diplomatique non plus et les Chinois qui jusque là comptaient sur l'indulgence du pays le plus puissant d'Europe au motif des échanges juteux dont il bénéficie, ont rencontré une "habituée" de la chanson communiste née en RDA, qui appelle un chat un chat et le ciel de Chine un cul de four. Elle sait que le buzz du protocole de Kyoto est lié aux Jeux olympiques de 2008 et elle ne se prive pas de ce levier écologique pour tempérer l'offensive chinoise vers l'Europe en l’obligeant à ralentir ses usines polluantes. Diplomatie active les pieds au sol au bénéfice de tous. Décidément on ne les refera pas nos cousins-germains !

lundi 27 août 2007

Monarchisation de l'Elysée

armes de France

A l'issue de ses Cent Jours, l'agitation fébrile du locataire suprême plaît à 71% des Français. Enfin de la téléréalité politique avec un candidat au parler vrai ! Qu'adviennent donc les chagrins d'amour, les accrochages politiques, les drames domestiques ou les grandes trahisons préludant aux retrouvailles mouillées, afin que la représentation soit parfaite, enterrant les Khalankoué aux Philippines et toutes ces îles de la Tentation vulgaire. On a l'émission en grand et les épisodes hebdomadaires, l'un chassant l'autre comme il convient dans un bon scénario.

Les jaloux n'en peuvent plus, jusqu'à même se rallier à l'opinion générale pour masquer le peu de succès de leur ire rentrée. Les docteurs de la loi théorisent pour surfer sur la vague médiatique et voilà l'explication lâchée : normal, nous sommes en monarchie républicaine ! Et même des constitutionalistes renommés comme Guy Carcassonne, Jack Lang voire Patrick Devedjian s'abandonnent à cette turquerie. J'ai cherché longuement pourquoi. Et j'ai trouvé, jusqu’à changer de taille de chaussettes !

Pérennisez la fonction de chef d'Etat en plaçant un roi (ou la reine des Roms) à la tête du pays, vous neutralisez d'un coup l'expression la moins gérable du suffrage universel, l'élection présidentielle. Si les propagateurs de la nouvelle foi parviennent à se faire entendre, ils privilégieront un roi du modèle scandinave, la Scandinavie ayant une excellente réputation en France avec Volvo et Ikea. Ce roi règnera sans gouverner, ce qui n'est pas dans la réalité profonde des monarchies du Nord mais il sera pressenti comme tel par les Français. Dès lors le "pouvoir" reviendra au Premier ministre qui recouvrera tous les attributs constitutionnels de la V° République et qui sera le vrai patron du pays comme en Grande Bretagne, la dynastie restaurée jouant le rôle de "sleeping partner".

Le schéma devient très intéressant pour l'ambitieux qui brigue la charge la plus haute car le champ de manoeuvres sera fortement réduit, pour ne concerner que le parti politique auquel il s'inscrira et ultérieurement les Chambres. Il lui suffira de savoir faire carrière pour éventuellement "parvenir", et les questions de marketing populaire, d'image, de buzz médiatique deviendront secondaires. C'est le mafiatage qui l'emportera à tous coups. Beaucoup de nos hommes politiques ont des prédispositions utiles.

le microcosme

Dans le système républicain français, ce que redoute le plus un homme politique qui fait carrière en viager dans le "microcosme", c'est la période électorale. Vaincre le complot du silence, les Guignols de l'Info et convaincre la France du Vingt-Heures n'est pas à la portée de tous. D'excellents grands commis de l'Etat sont de piètres bouffons et en pâtissent. Par contre "gérer" adroitement une circonscription législative est bien plus facile, et même dans la trivialité du vulgum pecus à ce que j'observe sur la mienne. A partir de là, les dés sont beaucoup plus largement distribués - ah, l'égalité des chances ! - et tout éventuel projet de monarchisation de l'Elysée devrait attirer des supporters dans le camp politique, du moins ce qui s'estiment à la hauteur de l'enjeu.

Dit en passant, une monarchie constitutionnelle n'est pas du tout à l'image du couple présidentiel que nous percevons et la stigmatisation présente est une facilité dialectique débouchant sur l'accusation d'absolutisme. Ce qui n'est pas tout à fait faux, puisque Monsieur Sarkozy a plus de pouvoirs que le roi Louis XIV ou Bertrand Delanoë ! Néanmoins nous savons qu'il n'y a pas même copie de l'original, les maisons princières qui fournissent le matériau royal sont d'un autre niveau. Du moins souhaiterions-nous qu'elles s'y appliquent.

Dans Le Figaro de samedi dernier, le pontife stratégique Alexandre Adler nous annonçait la réunion prochaine de la Wallonie française à la République. L'Etat belge s'effondrant sur ses bases après seulement 177 ans d'existence, il libèrera de sa charge écrasante la jeune tige belge de la vieille maison de Saxe-Cobourg & Gotha, nous laissant l'opportunité de la récupérer pour Paris en même temps que Liège et Namur ! Il n'est pas mal Albert II, roi des Belges et duc de Saxe. Il a lui l'expérience, et nous referons le royaume d'Arthur Pendragon, puisque c'est la même maison qui règne outre-Manche sous le nom emprunté de Windsor.

Arthur Astier de Kaamelott

dimanche 26 août 2007

Le manuscrit médiéval

La Fondation Paul Getty avait organisé il y a quelques années à Los Angeles une très belle exposition thématique sur la fabrication de livres au Moyen Âge. On y décrivait les matériaux et techniques qui produisirent ces somptueux manuscrits enluminés. Enluminés parce que les images brillantes posées sur ces textes "faits main" sont appelées enluminures à cause de l'éclat de couleurs obtenu par l'or, l'argent, le minium (qui donna le nom de miniatures) et autres pigments utilisés pour les produire.

lettrine
L'exposition Getty séquençait les quatre étapes de la production, fabrication du parchemin, écriture, enluminure et reliure. Nous avons retenu cette présentation parce qu'elle est à la fois complète et concise. Remerciements au Getty Center.

Cette expo participe d'un programme plus vaste appelé "Making of" qui explore l'histoire des techniques dans divers domaines de l'art.


Fabrication du parchemin

confection du parchemin
La plupart des manuscrits médiévaux furent rédigés sur des peaux animales convenablement traitées appelées parchemins ou vellum. Le papier comme nous le connaissons ne fut diffusé en Europe qu'à partir de 1450. Les peaux étaient d'abord trempées dans une solution de chaux pour assouplir la fourrure ou la pilosité qui était ensuite complètement éliminée. Pendant son séchage au cadre tendu, la peau était raclée avec une lame incurvée. Au fur et à mesure du séchage les liens de tension étaient ajustés pour que la peau reste tendue. Ce passage au cadre pouvait être répété plusieurs jours jusqu'à obtenir l'épaisseur la plus mince possible.

L'image ci-dessus illustre la mise au cadre d'une peau d'astrakan appréciée pour sa souplesse et son grain. C'est un montage moderne.


Ecriture

réglage du parchemin
Après que la surface du parchemin ait été préparée, il était réglé (rayé) à la pointe de plomb ou par de l'encre colorée afin d'obtenir les guides d'écriture. Dans ce livre de prière on peut voir que le réglage très fin est fait à l'encre rouge. Les lignes servaient à la fois de guide au scribe et participait aussi au design de la page.
L'écriture était appliquée à la plume d'oie ou de cygne. L'extrémité de la plume était taillée en fendue pour former le bec d'écriture dans une largeur de trait voulue, en formant aussi un petit réservoir d'encre. Le résultat sur la feuille, lettre rondes ou angulaires, trait plein ou délié dépendait dd l'angle de taille du bec, de la longueur de fente et bien sûr de l'adresse du scribe.


Enluminure

eluminure du parchemin

Le terme vient du latin illuminare qui veut dire éclairer. Il décrit l'éclat, la lueur, créé par la mise en couleur de lettrines et images destinée à embellir les manuscrits, le plus souvent à base d'or et d'argent. Pour faire une enluminure, l'artiste traçait d'abord les contours du dessin à la pointe de plomb ou à la plume finement encrée. Puis il peignait les surfaces devant recevoir la feuille d'or avec une substance poisseuse comme de la glaise fine ou de la sève d'arbre par exemple. La feuille d'or (minuscule) était apposée au bon endroit et lustrée pour obtenir un reflet brillant qui étincelait quand la page était tournée. (note gracieuse du copiste : le transport de la petite feuille d'or se fait par électricité statique chargée sur une petite brosse en poil de chat que l'on frotte sur sa joue avant d'attirer la feuille posée sur un petit présentoir non magnétique ; l'adhésivité du dessin arrache alors la petite feuille à la brosse).

Au final l'enlumineur appliquait des teintes obtenues à partir de divers agents colorants comme les minéraux du sol, les teintures organiques extraites de plantes et certains colorants (al)chimiques. Ces pigments étaient d'habitude mélangés au blanc d'oeuf pour obtenir une teinture appelée "tempera". Le bleu soutenu de l'enluminure choisie ici vient certainement d'une poudre de pierre moulue tandis que le fond est une feuille d'or pur.


Reliure

reliure médiévale
Une fois les parchemins écrits et enluminés, ils étaient pliés et réunis en assemblages qui préfiguraient la mise en page du récit. Ces assemblages étaient cousus ensemble sur cordons ou lanières de cuir qui leur servaient de support. A la fin du cousage les extrémités des supports étaient lacées le long de rainures creusées dans les feuilles de bois qui formaient la couverture et le dos de l'ouvrage.

La reliure était d'habitude recouverte en cuir ou en tissu décoratif. Les ornement les plus surprenants du livre relié présenté ici sont les coins de métal et les médaillons en relief qui protégeaient le livre posé sur une surface quelconque ou un lutrin oblique. Le morceau de parchemin inséré dans le médaillon central était à l'époque de couleurs brillantes, en jaune, vert et bleu, créant ainsi un effet miroir coloré sur la couverture.

Le Getty Center est situé 1200 Getty Center Drive à Los Angeles (Californie).

vendredi 24 août 2007

Souverainisme

Qu'est-ce le Souverainisme ?

Un article de Vexilla Regis y répond.

Il est le mouvement par lequel les Français, venus de tous les horizons politiques, entendent restaurer l'indépendance de la France, sa souveraineté nationale et populaire. Les souverainistes ne sont pas ennemis de l'Europe. Ils entendent restaurer l'autorité de la République, une et indivisible. Ils considèrent que le seul cadre de la démocratie est la nation. Ils veulent que la France retrouve sa place dans les affaires du monde. (Bertrand Lambert, 2004)
Les souverainistes considèrent que la France doit garder la maîtrise de sa politique étrangère, de sa défense et sécurité, de sa politique économique et de son agriculture.

Qui de français n'est pas d'accord sur cette proclamation ? Pourtant elle mérite une analyse approfondie car s'y trouvent réunis tous les arguments souverainistes. Laissons à part le cadre démocratique large qui est hors sujet dans nos convictions. L'exaltation d'une pleine et entière souveraineté dans les domaines précités renforce-t-elle le pays ou pas, car finalement derrière les slogans il ne s'agit pour les sociétés humaines que d'accompagner le passage sur terre de chacun d'entre nous dans les meilleures conditions de sortie. Autrement dit le souverainisme renforce-t-il la société française au profit de ses composants dans sa diversité ou pas ? Chacun sait ici que je suis modérément sceptique sur l'efficacité du souverainisme pour nous protéger et nous armer dans le monde d'empires qui se dessine dans ce siècle, principalement à cause de son décalage par rapport aux réalités. Notre souveraineté est menacée et mérite d'être renforcée au bon endroit, mais le souverainisme s'ensable et nous affaiblit quand il retourne nos propres amis contre nous, eux qui ne veulent pas couler mais se battre !

chapeaux melons dans les sables mouvants

Une politique étrangère indépendante, oui ! Pour faire quoi ? Langue au chat !

Le chat distingue la politique étrangère de la diplomatie, comme il le ferait du dessein et de l'outil nécessaire. La France a l'ambition de promouvoir ses intérêts à l'étranger. Elle n'y cherche pas toujours son avantage, en quoi elle a bien tort comme le souligne Hubert Védrine, mais si elle s'y prend mal c'est peut-être aussi que sa diplomatie n'est pas au niveau requis.

S'il y a "action" diplomatique dans un programme de politique extérieure, il faut accepter l'évidence que la moindre avancée doit s'articuler avec des moyens budgétaires et des moyens militaires conséquents, sinon c'est pure agitation, comme on le voit présentement au Liban. Nous payons l'inertie de Chirac dans la dernière offensive israélienne, inertie camouflée par une agitation onusienne hors de propos quand le même se défila au dernier jour. Quel emplâtre !

Une politique étrangère souveraine actionne soit une diplomatie de puissance, soit une diplomatie discrète de bons offices comme la pratique la Norvège. Entre les deux, c'est de l'administration consulaire ! Entre les deux il n'y a que des coups à prendre. A preuve l'opposition tonitruante de la diplomatie française à son allié de référence pour empêcher la guerre d'Irak : Nous avons récolté un tonnerre d'applaudissements, sans empêcher la guerre, ni améliorer aucune de nos positions sur la zone d'effort, bien au contraire. Le retour en piste de Bernard Kouchner devrait nous réinsérer dans la sphère décisionnelle d'où nous fûmes chassés par le pas de clerc de Villepin laissant accréditer l'idée qu'il préférait Saddam Hussein à Georges Bush.

Partant du postulat que le talent diplomatique est au rendez-vous - le Quai n'en a jamais manqué - la ressource budgétaire et le format de nos forces sont primordiaux en appui. On comprend déjà que pour retrouver tous nos moyens il est urgent de réparer l'Etat, et de se défaire de la gabegie endémique de type soviétique qui le ronge. Le recul de François Fillon sur le non-renouvellement des fonctionnaires pensionnés n'est pas un bon présage. Parlons maintenant défense.

La défense souveraine est un mythe très vendeur mais un mythe. Jamais depuis les guerres du Consulat nous n'avons mené de guerre seuls. Soit nous ne pouvions nous calibrer par rapport à la menace que nous voulions affronter, soit nous manquions simplement d'une clef stratégique. En 1939, nous dûmes nous entendre avec la Grande Bretagne, non seulement pour les renforts qu'elle allait débarquer sur le front de la Mer du Nord, mais tout bêtement parce qu'elle fournissait l'essence ! Depuis lors nous ne nous sommes engagés à notre main qu'en Indochine et en Algérie. Nous avons perdu tout seuls à Dien Bien Phu, nous avons gagné tout seuls à Alger une guerre que nous avons perdue à Evian avec panache ! Mais chaque fois souverainement !

Hors d'un réseau d'alliance, nous ne pouvons mener que des opérations ponctuelles de traque ou de gendarmerie qui n'interpellent en rien notre souveraineté. Quand celle-ci est menacée nous sommes "obligés" de serrer les rangs avec nos alliés de par la taille des théâtres d'opérations où nous sommes convoqués. Alors à y être, autant y être à fond.

Il faut ici tenir compte de la posture de demi-traître que De Gaulle choisit de prendre en 1966 dans l'Alliance atlantique quand il rêvait d'être le point de passage obligé du dialogue Est-Ouest. Ce projet qui ne plaisait qu'à lui fut torpillé par un U2. Cette dérobade à l'alliance a beaucoup entamé notre crédibilité, même si celle de nos unités ne fut jamais mise en cause. C'est depuis ce jour funeste que l'imprévisibilité des responsables politiques français est entrée dans la grille d'analyse de nos amis. Le président actuel tente de renouer des liens traditionnels sans être assuré de recouvrer la crédibilité antérieure. Il a le mérite de le tenter.

Sans ce faux-pas gaullien nous aurions pu avancer nos pions dans l'Alliance jusqu'à en devenir les patrons en Europe parce qu'à cette époque nous étions la quatrième puissance économique du monde (eh oui !), bien devant le Royaume Uni, et que la plupart des états-majors importants de l'Alliance étaient alors en France. Mais il était plus confortable mentalement de couper les ponts avec morgue que de forcer notre avantage au quotidien de bas en haut de l'échelle en positivant dans la recherche d'un accord. Du rêve gaullien de souveraineté triomphante il ne reste rien car c'était un château de cartes, pas même un souvenir car il ne s'accomplit jamais.

Une puissance de grande tradition militaire comme la France - nous avons dévasté dans l'Histoire tous nos voisins à l'exception de Monaco - ne peut être partie prenante d'une alliance en acceptant un strapontin. Ce qui est le cas présent. Les négociations de marchand de tapis que le président Chirac mena avec les Etats-Unis pour échanger notre retour au bercail contre un grand commandement allié - on pensait aux flottes OTAN de Méditerranée - ont échoué pour la raison très simple que les Etats-Unis, l'Italie, l'Espagne et la Grèce n'appréciaient que leur sécurité la plus essentielle fût débattue au bazar de Téhéran par un pays qui était volontairement sorti du jeu quand il était dangereux ! La suite allait leur donner raison lorsque survint l'affaire irakienne.

La France, quelle que fut la pertinence de son analyse stratégique au Moyen-Orient, menaça ses propres alliés d'un veto au Conseil de Sécurité de l'ONU, alors qu'il lui aurait suffi de développer à fond ses remontrances, publiquement, et de s'en tenir là, en attendant que la suite lui donnât raison. Auquel moment elle aurait cueilli les lauriers de son excellente expertise et aurait acquis par cela une autorité bien plus grande que sa taille réelle. Nul de nos amis n'oubliera le refus de répondre de Dominique de Villepin à la question de savoir qui des Etats-Unis ou de l'Irak de Saddam Hussein il souhaitait la victoire quand la guerre fut déclarée. L'honneur c'est comme les allumettes, ça ne sert qu'une fois, disait Pagnol ! Nous avons déconné.

Et pourquoi finalement ces bravades de coq ? Parce que les armées françaises ne sont pas au format de nos ambitions diplomatiques. Nous escomptons combler l'écart par une arrogance et une ingérence de tous les instants qui ne trompe personne. Personne ne nous écoute sauf nos chefs d'état de la Françafrique, tant que les transferts suivent. Néanmoins l'accueil fait récemment par le président irakien à M. Kouchner indique que les réparations de notre influence ont commencé. Il sera quand même très dur de poursuivre dans l'état déplorable de nos finances publiques. Enverra-t-on la Légion au Kurdistan (humour) ?

Pour avoir des armées de bon niveau technique au bon format, il faut des finances saines et abondantes : ce qui entraîne une gouvernance de qualité, une fonction publique ramenée à l'échelle d'un pays moderne, la promotion de l'efficacité à tous les étages, la limitation des subsides sociaux aux capacités contributives de la nation. Un peu plus de patriotisme ne nuirait pas. Alors nous pourrons baliser notre souveraineté, au sein de l'Alliance atlantique, jusqu'à y faire partager certaines de nos vues multilatéralistes comme le pôle européen de défense ou le développement différent des pays musulmans. Elles soulageront l'effort militaire américain en Europe et ailleurs. Ils apprécieront c'est sûr, à condition que nous paraissions sincères ! Nous retrouverons un jour les coudées franches mais paradoxalement en groupe.

Sécurité intérieure

Toute l'affaire tourne autour de la sécurité migratoire. Cette préoccupation "occupe" les souverainistes à temps plein dès qu'ils ont estimé anéantie la dérive européiste. Le référendum de mai 2005 les avait déchargés du front européen, en quoi ils ont eu tort pour eux-mêmes car il fallait battre le fer quand il était chaud et avancer eux-mêmes le fameux "plan B" ; au lieu de quoi ils ont compté sur l'abattement apparent de la bureaucratie européenne et se sont fixé sur l'immigration et les accords de Shengen qui ne ressortissent pas à la Commission de Bruxelles ; le souverainisme passa dès lors dans le camp identitaire en y perdant beaucoup de plumes. Les scores du FN et du MPF ont été sans appel et Dupont-Aignan dut aller à Canossa pour refermer la tombe politique qui s'ouvrait sous ses pieds.

Dans le monde libre et ouvert, imaginer régler nos problèmes d'immigration par un dispositif du type nord-coréen est ridicule. Je ne crois pas me tromper beaucoup en disant qu'un Français sur quatre ou cinq est déjà d'origine étrangère, et que le vocable "Nation" recouvre un patchwork ethnique et culturel que l'on peut regretter, mais qui est le vrai tissu social français de notre époque. Les souverainistes, n'ayant rien à proposer sur la "nationalisation" de ce quart ou vingtième d'aliens, ne s'inquiètent que de tarir la ressource ayant compris qu'ils ne renverseront plus le flux car les déportations massives sont aujourd'hui mal vues en dehors de la Yougoslavie ou du Soudan ! Ils ont partiellement raison, sans toutefois remettre en cause nos propres attitudes ou nos mauvais plis qui créent l'appel d'air du tiers-monde vers l'Europe. Certaines provinces françaises ont réagi sans attendre les tribuns nationaux, on les repère au fait que derrière les bennes à ordures du petit matin les leveurs de poubelles sont du type leucoderme. Nous en reparlerons quand nous reviendrons si jamais sur la cause de notre désintérêt national pour les corvées nécessaires à la bonne marche de la cité, car la question est à clés multiples et nous esquivons toujours celle qui nous embarrasse !

Agriculture.

Sans l'Europe il n'y aurait plus d'agriculture française sauf dans les cultures maraîchères en périphérie des agglomérations urbaines et dans les niches gastronomiques traditionnelles. La poussée des consommateurs avides de meilleurs prix nous aurait obligé à importer l'essentiel de nos besoins à partir des marchés mondiaux, toujours moins chers. Tout le boeuf serait argentin, le mouton néo-zélandais, le blé américain, le soja brésilien, et le vin ... même le vin, viendrait de l'hémisphère sud ! Ce que défend la Confédération Paysanne est légitime, mais il faut aussi défendre aux plus hautes instances notre agriculture commerciale car elle est une vraie richesse et un levier de pouvoir important pour la France (détestable arme alimentaire mais efficace). Et ceci passe par la politique agricole commune et l'OMC !

Politique économique.

Une politique économique souveraine a pour emblème la Chimère. C'est un combat de tous les jours à l'étage des entreprises dans un espace grand ouvert, et lorsque les vents nous sont contraires dans nos segments de marché, il ne sert à rien d'en blâmer les institutions de surveillance. Peut-être devrait-on se rapprocher du bon sens gaulois, un peu comme l'Allemagne le fait du bon sens germain.

Soumise au même environnement économique que nous, et lestée de la reconstruction des länders communistes, elle persiste à vouloir triompher sur les marchés mondiaux : excédents commerciaux réguliers par milliards de dollars, croissance 2006 à 2,8% ! On peut expliquer cela en dix pages ou deux lignes. En deux lignes, l'Allemand préfère l'industrie à toute autre activité. C'est génétique ! Il y excelle et chacun le sait par tout le Globe jusqu'à Port Moresby. C'est pour lui un domaine de seigneurs ; le reste est ouvert aux compromissions morales, au finassage, et le domaine de la finance, carrément sulfureux. L'industrie ne ment pas, elle en meurt ! Nous eûmes une industrie française ronflante, mais ce n'était pas la tasse de thé de l'oligarchie aux manettes, ses difficultés périodiques emmerdaient nos dirigeants qui prirent un malin plaisir à la débander. LIP c'est fini, ALSTHOM pour un franc symbolique à Daewo, etc. et ce sont des gaullistes qui s'exprimaient ainsi.

Il n'y a pas de souveraineté économique pour un Etat s'il ne cherche à favoriser la puissance économique de la nation. Encore doit-il se garder de jouer lui-même la partie à peine de couler le navire car il faut partout des pro. Une économie forte tous azimuts est moins sensible aux attaques extérieures quand elle peut actionner des représailles, attaquer elle-même sur ses propres bases, se défendre par l'offensive. En revanche le patriotisme économique est un cautère sur une jambe en bois, réclamé quand on n'a plus rien à dire ! Sans puissance il tourne au folklore. Les accords franco-allemand sur EADS - joint-venture extra-bruxelloise souvent vantée dans le milieu souverainiste - viennent d'être conclus à nos dépens, pour la bonne raison que nous n'avons pas les moyens financiers de menacer nos partenaires d'un retrait du projet commun sur nos propres usines. Ici tout le monde s'en cache.

Quels sont nos axes à privilégier qui sont nos socles d'expansion économique et politique ? Nos domaines de prédilection s'appellent aujourd'hui aéronautique, nucléaire, ferroviaire, bancassurance, culture, luxe, etc. Renforçons-les jusqu'à devenir en quelques secteurs clés la référence mondiale incontestée. Plus petit ça le fait pas ! La démarche doit être offensive, voire hégémonique sur certains secteurs.

Non ! Le repli sur ses propres méditations quant à la dureté des temps derrière des frontières, toujours poreuses, le retrait de l'Union européenne, l'abandon de l'euro pour revenir à la piastre française, tout cela n'a rien de "français" au sens classique. Nous n'avons jamais été aussi peureux !

Que triomphe le souverainisme et reviennent les rois, ils seront épouvantés par le complexe de château-fort qui aura saisi la nation, juste au moment où le monde entier est accessible à notre génie, bien au-delà de sa légende. Ils y verront des Puy du Fou partout !

Conclusion.

La souveraineté renforcée n'est pas un faisceau de slogans lancés sur les zincs de l'honorable corporation des limonadiers mais un programme complexe qui demande des délais importants pour se réaliser. J'aurais plus de considération pour les souverainistes que j'aime bien quand même, s'ils poussaient leurs analyses à fond et les mettaient en cohérence, afin de sortir un schéma présentable et "workable" comme disent nos ennemis héréditaires. A lire les chefs de file qui privilégient l'effet à la cause, on en est loin.

Il s'agit pour nous d'être les plus forts possibles pour défendre nos intérêts dans les enceintes de coordination mondiale plus efficacement. Cela requiert des entreprises leaders et un consensus patronal sur un projet français, un tissu économique sain et combatif, des diplomates pugnaces et cultivés de taille internationale, des chefs d'entreprises orientés "monde", et assez vite tous apprendre que le mot "lobbying" n'est pas le synonyme anglais de corruption ou mafiatage, mais une organisation d'efficacité professionnelle avec ses codes.

le cuirassé Yamato
Nous sommes convoqués à une démarche de puissance, exclusivement. Inutile de se le cacher, de creuser des tranchées comme en 14 ou de lancer un cuirassé des années quarante, pour apaiser l'émoi des populations légitimement inquiètes ! Il suffit d'annoncer le Projet à long terme, et de s'y mettre tous.

Un roi ferait bien ça !

 

lundi 20 août 2007

Convaincre le dix-huitième

... puis le 19è, le 20è et ainsi de suite jusqu'au cinquante-et-unième puisqu'il nous est dit par les sondages que dix-sept Français sur cent étaient cet hiver favorables à la monarchie.

L'AF2000 a publié un dossier très complet sur la supériorité de la monarchie, dans son numéro du mois d'août. Ceux qui n'ont pu le prendre en kiosque peuvent accéder au dossier sur le blog royaliste de JP Chauvin, en 4 billets, mais c'est un acte militant d'acheter le journal. Voici les liens :

I.- Les arguments historiques ne suffisent pas
II.- Long terme, naissance, monarchie
III.- Monarchie et intégration politique
IV.- Le roi n'est pas un homme seul

On peut en dégager les axes de propagande suivants, même s'ils ne sont pas développés de cette façon par l'auteur du dossier :

- "Demain le roi !" plutôt "qu'avant-hier les 40 rois", sans pour autant les oublier.
- Démonter le formatage républicain, la matrice, sans tomber non plus dans l’occultisme ou le complot des Illuminatis.
- Avantages du temps long. L'heure est au développement durable.
- Réintégrer le citoyen en politique en utilisant la formule monarchiste pour obtenir le seul vrai précipité de Nation qui dure.
- Dissocier l'affect populaire à l'endroit du prince de l'auto-conscience exprimée par un peuple fédéré.
- Préférer la famille éduquée en continu dans ses fonctions arbitrales et de représentation à la "famille Colgate" parvenue au faîte du pouvoir pour un éphémère feu de paille médiatique.
- User de l'avantage procuré sur la scène internationale par un monarque pérennisé.
mapemonde
Chateaubriand écrivit en 1816 un plaidoyer pour la monarchie constitutionnelle (De la monarchie selon la charte) dont nous extrayons le paragraphe détaillant la charge et la fonction du monarque britannique, chez qui il avait vécu sept ans. C'est une lecture des droits concédés par le Bill of Rights de 1689, qui déborde un peu la coutume établie aujourd'hui mais le principe demeure :

ChateaubriandLe roi dans cette monarchie est plus absolu que ses ancêtres ne l'ont jamais été, plus puissant que le sultan à Constantinople, plus maître que Louis XIV à Versailles. Il ne doit compte de sa volonté et de ses actions qu'à Dieu. Il est le chef ou l'évêque extérieur de l'Eglise gallicane. Il est le père de toutes les familles particulières, en les rattachant à lui par l'instruction publique. Seul il rejette ou sanctionne la loi : toute loi émane donc de lui ; il est donc souverain législateur. Il s'élève même au-dessus de la loi, car lui seul peut faire grâce et parler plus haut que la loi. Seul il nomme et déplace les ministres à volonté, sans opposition, sans contrôle : toute l'administration découle donc de lui ; il en est donc le chef suprême. L'armée ne marche que par ses ordres. Seul il fait la paix et la guerre. Ainsi, le premier dans l'ordre religieux, moral et politique, il tient dans sa main les moeurs, les lois, l'administration, l'armée, la paix et la guerre. S'il retire cette main royale, tout s'arrête. S'il l'étend, tout marche. Il est si bien tout par lui-même, qu'ôtez le roi, il n'y a plus rien.

C'est presque une anticipation du président omniprésent de la Vè République (humour)! Malgré cela notre offre politique est excentrique (et pourquoi pas la reine des gitans, s'écriait Pompidou à l'annonce du parrainage gaullien au bénéfice du prince d'Orléans). Cette offre est très décalée du mainstream qui utilise aujourd'hui la notation républicaine comme un rempart moral contre l'incivisme et la corruption, alors même que la fracture politique essentielle en démocratie mine la société et interdit le consensus souhaitable. Face à cette concurrence qui prend de l'ampleur à mesure que les problèmes sociétaux appellent plus largement l'Etat à responsabilité jusqu'à le dévoyer de son propre projet, les militants royalistes devraient disposer du minimum vital pour fonder leur plan dialectique. Certes ils s'appuient sur une doctrine de physique sociale développée par l'Action Française avant-guerre, mais qui a subi l'usure des ans et surtout l'outrage de fréquentations réprouvées. Ce qui manque aujourd'hui c'est : un prince, un schéma institutionnel.

A la question "qui", nous voilà partir dans des considérations vaseuses avec ou sans-Utrecht (imaginez la perplexité de votre interlocuteur), à la question "comment", nous répondons "euh ... ça dépend" ! Les évocations que j'ai eu le loisir de mener pendant ces vacances avec des non-initiés autour du projet monarchique, ont toutes conduit rapidement à la question : "Qui sera en charge ?". Yves-Marie Adeline en campagne présidentielle avait été confronté à cette question récurrente et sa pirouette sur l'abondance du choix était un point faible de son argumentaire car l'esquive était visible et confirmait la gêne. Le délit d'imprécision lui valut la torpille du prince d'Orléans qui en pleine campagne de parrainages donna le sien publiquement à monsieur Sarkozy.

frisbeeQuestion cruelle pour nous autres : Sont-ils, nos princes, spectateurs amusés de notre propagande littéraire et militante, assurés d'attraper au vol la couronne qui sera lancée comme un frisbee ? L'état de décrépitude des vecteurs de communication laisse croire tout au moins qu'ils n'ont aucun souci de convaincre et qu'ils sont peut-être les premiers providentialistes du mouvement. En réaction à cette imprécision institutionnelle, nous passons nos humeurs en nous abandonnant à cette querelle dynastique qui finira par nous couler aux yeux du peuple ; vous savez le peuple ? Celui du besoin duquel naît le droit du prince, même muet. La dispute des princes me fait parfois penser aux deux lettrés du Jiangsu évoqués par Chateaubriand.

"Il y a dans le Kiang-Nan, province la plus polie de la Chine, un usage : deux mandarins ont une affaire à traiter ensemble ; le mandarin qui a reçu le premier la visite de l'autre mandarin ne manque pas par politesse de l'accompagner jusque chez lui ; celui-ci à son tour, par politesse, se croit obligé de retourner à la maison de son hôte, lequel sait trop bien vivre pour laisser aller seul son honorable voisin, lequel connaît trop bien ses devoirs pour ne pas reconduire encore un personnage si important, lequel ... Quelquefois les deux mandarins meurent dans ce combat de bienséance, et l'affaire avec eux. (Chateaubriand, opus cité).
L'accessoire (la bienséance) a pris le pas sur le principal (l'affaire débattue) pour l'occulter complètement jusqu'à la fin ultime des égarés, sauf que la courtoisie est absente de "notre" dispute dynastique. Je comprends les survivantistes qui n'ont pas à subir ces imprécations auxquelles s'abandonne la base dans le silence complice de l'encadrement.

A voir la véhémence de cette lutte parmi les partisans de chacun, véhémence opposable au vide programmatique dans lequel elle résonne, on peut légitimement s'inquiéter de la conversion prochaine de la France au royalisme. Et nous chevaliers, artilleurs, manants ou simples piétons du roi de nous battre en aveugle, pour la promotion de principes politiques assez datés dans un schéma institutionnel imprécis, le tout dans l'ignorance des convictions princières. Lourd !

Paul Turbier disait un jour que "le seul travail qui devrait nous occuper de chaque matin à chaque soir est la visibilité du principe royal. Je ne suis même pas sûr que l'incarnation du principe soit, dans les temps que nous vivons, indispensable sauf, ce qui n'est pas le cas, si cette incarnation rendrait évident et clair le principe lui-même."

C'est toujours vrai, sauf que la visibilité en question mérite aussi, à défaut d'incarnation évidente, une concrétisation schématique. Sinon nous parlons dans le vide, et quand nous-mêmes comprenons bien l'articulation des principes convergents de la royauté, il faut avoir la modestie de se douter que nous ne sommes pas suivis par les tiers au Projet, parce qu'à l'excentricité de nos propositions, nous surajoutons la géométrie variable des sous-ensembles flous d'application.

Cette période estivale succède à un intense bouillonnement institutionnel porté par le débat présidentiel quinquennal. C'est l'occasion de réfléchir à l'édification d'une monarchie moderne, c'est-à-dire acceptable par les non-initiés. Il faudrait donc s'inquiéter d'un schéma institutionnel clair et approuvé ! Pour ma part et nombreux sont ceux qui me le reprochent, j'ai le sentiment maintes fois exposé dans ces colonnes, qu'un monarchie constitutionnelle à la scandinave n'a que des avantages pour revenir au royaume. A charge ensuite aux titulaires de prouver que le projet est améliorable pour le bien commun de tous, à commencer par le plus moyen des Français moyens, et pour le plus grand profit de la Nation en tant qu'entité fédératrice.
A défaut de quoi ils fourniraient la preuve ... qu'une monarchie active ne relève que de l'utopie intellectuelle - ce qui n'est pas bien grave - et ne revient en fait qu'à pérenniser honneurs et privilèges au bénéfice d'une caste nouvelle qui aurait vaincu la précédente comme il en va à date fixe en République.

La promotion de cette monarchie à la scandinave pivote forcément sur une famille du modèle royal avec le roi, la reine, le dauphin, la dauphine, la reine-mère, la calèche, la garde emplumée et la cour du palais de gravier blanc. La fonction politique proprement dite intéresse moins le "citoyen" qui entend d'ailleurs le rester. Problème : nous n'avons pas à ce jour le modèle incrustable dans l'ektachrome illustrant le principe.

drapeau diagonal fleurdelisé
Ne nous décourageons pas et même sourions d'aise, cette monarchie soft plairait déjà à dix-sept pour cent des Français qui n'en connaissent pas d'autre ; cette proportion est stable depuis le premier sondage fait, je crois me souvenir, en 1987. C'est un capital de sympathie à ne pas dilapider. Peu de formations politiques ont obtenu un socle de départ équivalent sans propagande massive, pour ne rien dire du pilonnage de ce nouveau siècle. Comment faire fructifier ce capital ? Quelles sont les voies à emprunter et limites à ne pas franchir ? Les voies ne m'appartiennent pas, mais je distingue bien les limites.

Quand il s'agit de cultiver un jardin politique de cette ampleur, je ne crois pas qu'il soit nécessaire d'embourber le mouvement royaliste dans des combats de société qui fatalement le fractureront. Il n'est pas utile non plus de braquer d'entrée ceux qui nous prêtent une oreille intéressée, par des positions "nationalistes" d'un autre temps, connotées des grands massacres du XXè siècle. Qui donc va donner à tous et chacun de nous le canevas de cette mise en culture pour que le potager ressemble enfin à quelque chose ?

Quand le comte de Paris appela l'an dernier les réflexions de ses partisans et au-delà, dans le but de les synthétiser dans un livre blanc à publier avant la campagne présidentielle, je me suis réjoui du déclic. On irait au fond des choses par la masse des contributions soumises, et la fusion des idées allait enfin nous le donner ce canevas tramé sur les réalités du jour ! Hélas, trois fois hélas, le Livre Blanc n'est pas venu quand la fièvre institutionnelle agitait l'Opinion, occasion privilégiée de placer le projet monarchique en coin dans la dispute républicaine médiatisée. Il n'a toujours pas paru, du moins n'en a-t-on informé ce contributaire-ci. Il n'est pas trop tard cependant, puisque les institutions sont remises officiellement sur le tapis vert par le pouvoir actuel, sauf qu'il ne servira plus d'outil de conquête électorale avant cinq ans.
Il pourrait dans l'intervalle nous servir de "guide-ânes".

dimanche 5 août 2007

Le Royal-Artillerie

le lis brodé du blogue Royal-Artillerie ©SMCCe blogue monarchiste a pour nom Royal-Artillerie et parce qu'on ne m'a jamais posé la question du pourquoi de ce nom, je m'empresse de rendre à César ce qui finalement n'est à personne sauf à Jean-Louis Vial dont l'excellent site vous dirait tout sur le Royal-Artillerie d'ancien régime. L'artillerie comme toutes autres armes du roi c'est sur Nec Pluribus Impar, en lien sur la page Roycoland de ce blogue. Remerciements empressés.

Le blogue va sur ses trois ans et 300 billets si la cadence est maintenue. Fait d'articles inégaux mais sincères, Royal-Artillerie ne roule pour aucune chapelle et n'a pour ligne éditoriale que le bon plaisir ou les humeurs de son rédacteur, soutenu par une unique ambition : participer à l'acclimatation parmi son lectorat d'une monarchie retrouvée, après deux siècles d'errements politiques. Du moins s'y essaie-t-il, nous n'allons pas plus loin !

Certes la France des républiques et des empires a connu de grands moments et un rayonnement comparable à celle des rois, mais pour cent raisons qui me dispensent d'en citer une, ces régimes n'ont su continuer le projet capétien qui visait à maintenir la primauté française dans son espace naturel d'Europe occidentale.

Le pays éreinté par deux guerres mondiales et embourbé depuis les années 30 dans un crypto-marxisme qui lui coupe tout élan, est relégué au second rang ; souhaitons qu'il s'y maintienne ; il est au seuil de la banqueroute sociale et affaissé moralement. Il n'est que temps de revenir à un système qui a fait ses preuves, en l'adaptant aux temps présents, sans méconnaître non plus les raisons de son ultime échec.

Le blogue n'a jamais franchi encore la barre des mille clics hebdomadaires et peut-être devrais-je m'en inquiéter. La restauration se vend-elle si mal ? Revenons aux canons.

Quel est donc ce fameux régiment qui a donné son titre à Royal-Artillerie ?

drapeauUn régiment d'infanterie ! Héritier des Fusiliers du Roi créés par Louvois pour la défense des batteries, le Royal-Artillerie naîtra en 1693 de la réorganisation générale des régiments d'infanterie à treize compagnies de 55 hommes. On le retrouve en 1720 sur les registres de la Régence au moment où il participe à la réforme des unités de l'armée de terre par réunion au régiment Royal Bombardier, créé lui en 1684 pour l'artillerie de siège et de place. S'y agrégera le corps des mineurs et les compagnies d'ouvriers pour former le Corps Royal de l'Artillerie et du Génie. En 1755 lui seront adjoints les Ingénieurs.

Le Corps Royal de l'Artillerie et du Génie se compose alors : d'un état-major de 31 officiers, de 5 bataillons d'artillerie à 10 compagnies, de 5 compagnies d'ouvriers, de 5 compagnies de mineurs et enfin de 300 Ingénieurs ordinaires du Roi. Les compagnies d'artillerie sont de 72 hommes, celles d'ouvriers de 40 hommes et celles de mineurs de 50 hommes. Ces cinq bataillons sont envoyés à La Fère, Metz, Strasbourg, Grenoble et Perpignan, où une école permanente est établie dans chacune de ces places.

Fin 1756, le Corps est renforcé d'un sixième bataillon d'artilleurs et de deux compagnies supplémentaires de mineurs et d'ouvriers. Les six bataillons d'artillerie comportent 16 compagnies de 50 hommes (2 compagnies de sapeurs, 9 compagnies de canonniers, 5 compagnies de bombardiers). L'état-major de chaque bataillon est formé d'1 colonel-commandant, 1 lieutenant-colonel, 1 aide-major, 1 sous-aide major, 1 aumônier, 1 chirurgien. Le colonel et le lieutenant-colonel sont sans compagnie et roulent avec les colonels et lieutenants-colonels de l'infanterie suivant le rang de leurs corps. Les 6 premiers capitaines des six bataillons, le premier capitaine des mineurs et le premier capitaine des ouvriers ont rang de lieutenant-colonel.

L'artillerie est de plus dotée d'une organisation administrative autonome avec son propre trésorier ordinaire des guerres. Les artilleurs servent aussi bien dans le service, c'est à dire à la fabrication, le contrôle, la gestion des pièces, de la poudre et du matériel de l'artillerie que dans l'arme en batterie.

en batterie
Il est parfois difficile de suivre les bataillons au cours des campagnes car ils sont cités par le nom de leur commandant et ce dernier se retrouve successivement à la tête de bataillon différent selon sa progression hiérarchique.

Bataillons d'artillerie durant la Guerre de Sept Ans :

Le 1er bataillon s'appelle bataillon de Chabrié de janvier 1753 à janvier 1759 ou il devient Loyauté jusqu'en mars 1761 ou il devient Saint-Auban. Ce bataillon sert de 1757 À 1758 à l'armée du prince de Soubise, puis en 1761 il est à l'avant garde de l'armée du prince de Condé, il est à Unna, au siège de Meppen. Pareil pour les autres.

Le second bataillon s'appelle de La Motte de décembre 1751 à janvier 1759 ou il devient d'Invilliers jusqu'en mars 1761 ou il devient Loyauté jusqu'en 1765. En 1756 le bataillon est envoyé en en Allemagne, 1757 il est de la bataille d'Hastembeck, puis en 1758 de celle de Krefeld et au siège de Munster, en 1760 à Korbach, Warburg et Clostercamp.

Le troisième bataillon s'appelle de Soucy de mars 1749 à janvier 1759 où il devient de la Pelleterie jusqu'en avril 1762. En 1758 il est affecté sur les côtes de Normandie, en 1760 il rejoint l'armée d'Allemagne, en 1761 il est à Meppen.

Le quatrième bataillon s'appelle de Menouville de décembre 1754 à janvier 1759 où il devient de Beausire jusqu'en 1769. En 1757 ce bataillon est à l'armée du maréchal d'Estrée.

Le cinquième bataillon s'appelle d'Aumale de décembre 1755 à juin 1756 ou il devient Loyauté jusqu'en janvier 1759 puis il devient Chabrié jusqu'en mai 1759 ou son colonel-commandant est tué au milieu de ses pièces à la bataille de Bergen ; lui succède M. de Villepantour jusqu'en mai 1765. En 1757 une partie du bataillon est affecté sur les côtes de Méditerranée, l'autre est avec l'armée du prince de Soubise. En 1758 sur les côtes de Bretagne où il participe à la bataille de Saint-Cast. En 1759 un détachement est à l'armée de Broglie, 1760 armée d'Allemagne, 1761 Cassel.

Le sixième bataillon s'appelle de Cosme de janvier 1757 à janvier 1759 où il devient du Mouy jusqu'en février 1761 puis prend le nom de Loyauté jusqu'en mars 1761 ou il devient d'Invilliers. Il fait les campagnes de l'armée d'Allemagne, en 1758 on le retrouve à Gutzelberg, en 1759 à Minden, 1760 Cassel, Korbach, Warburg. En 1761 une partie du bataillon sert à l'armée du prince de Soubise tandis qu'un détachement assure la défense de Belle Ile.

En 1761 le Royal-Artillerie est augmenté de trois nouvelles brigades à huit compagnies en provenance de la Marine, commandée chacune par un capitaine de vaisseau. Trois nouvelles écoles sont créées à Brest, Rochefort et Toulon. En 1765, par la réforme Gribeauval, sept brigades de l'artillerie de terre sont converties en un nombre équivalent de régiments portant le nom des villes où ils ont leurs écoles : La Fère, Metz, Besançon, Grenoble, Strasbourg, Auxonne et Toul. La huitième est rendue à la Marine ; la séparation est définitive.

C'est le roi de Prusse qui le premier fit suivre ses groupements d'infanterie de pièces d'artillerie à cheval en appui-feu. Jusque là l'artillerie était statique. Mais ce furent les Autrichiens qui lors de cette longue guerre, construisirent un système rationnel et homogène avec ses trains d'équipage. Gribeauval s'en inspirera en le perfectionnant jusqu'à donner à la France la meilleure artillerie d'Europe. Tout le système Gribeauval avec les planches du Musée de l'artillerie en cliquant ICI.

le Gribeauval
A la mort de M. de Gribeauval (1789) les troupes du Corps Royal d'Artillerie comprennent les effectifs suivants :
- 7 régiments à 20 compagnies de 71 hommes, soit 9.940 hommes ;
- 6 compagnies de mineurs à 82 hommes, soit 492 hommes ;
- 9 compagnies à 71 hommes, soit 639 hommes ;
soit un total général de 11.071 hommes. Les régiments provinciaux (uniformes blancs) donnent un appoint de 9.940 hommes. Le Corps Royal devenu de l'Artillerie et des Colonies comptent 115 officiers et 1760 hommes auxquels les compagnies d'ouvriers ajoutent 12 officiers et 219 hommes.
Enfin, les huit compagnies d'invalides de l'artillerie créées en 1759 et affectées au service des places et de la défense côtière, portent l'effectif total de toutes les troupes d'artillerie à 1.200 officiers et 23.000 hommes. C'est considérable.

A la fin du règne de Louis XVI, l'uniforme de l'artillerie est le suivant : habit bleu, revers, collet, veste culotte et contre-épaulette en drap bleu, parements, doublures et passepoil écarlates, boutons jaunes. Les différents grades se reconnaissent à l'épaulette. L'uniforme des régiments provinciaux, les "réserves", sont blancs avec collet et parements bleu-roi et boutons blancs.

L'artillerie a deux drapeaux, l'un blanc, c'est le drapeau-colonel, l'autre gorge de pigeon et aurore par opposition, l'un et l'autre traversés d'une croix blanche semée de fleurs de lys sans nombre en souvenir de la tenue exceptionnelle des Fusiliers du roi au siège de Cambrai (1677). La hampe est d'azur, semée de fleurs de lys d'or.

Tous ces régiments s'illustreront dans les guerres de l'Ancien Régime, le 2è (Metz) et le 6è (Auxonne) seront à Yorktown, puis dans celles du Consulat et de l'Empire et bien au-delà à travers les deux guerres mondiales. Certains parviendront jusqu'à nous comme le 1er « Royal d'abord, premier toujours ».

pucelle du 1erRALe 1er Régiment d'Artillerie comptait sur ses rôles un certain Lt Napoléon Buonaparte. Il fit Valmy, Les Pyramides, Marengo, Austerlitz, Friedland, La Moskova, Sébastopol, Verdun, Gembloux, ... Il déploie aujourd'hui le lance-roquettes multiples capable de neutraliser 300 hectares en moins d'une minute. Il est cantonné à Belfort.

Le 3e Régiment d'Artillerie fut le premier à servir à Mailly-le-Camp en Champagne le système d'arme nucléaire tactique Pluton. Avec le retrait du Pluton, il fut dissous en 1993. Le 4e Régiment d'Artillerie a connu le même destin avec les plutons de Laon-Couvron.

Vive les artilleurs ma mère ... surtout celui de Metz !

jeudi 2 août 2007

CMRDS Ultime appel

 


HÂTE-TOI !
chevalier à la francisque
Les coeurs vaillants iront à Lignières du 17 au 26 août goûter aux joies intellectuelles et physiques du 54è Camp Maxime Real del Sarte. Programme complet et convivial sans équivalent dans la sphère militante royaliste. Dans le doute, ne pas s'abstenir, il est encore temps de sonner à la grille du parc (sur Internet).



bannière CMRDS

feu d'artifices au château

Le château c'est ... ICI

Le programme jour par jour de l'UDT c'est ... LA


Journée portes ouvertes du 25 :


SAR le prince Sixte-Henri de Bourbon Parme et les étudiants de l’université d’été d’AF (54è Camp Maxime Réal del Sarte) ouvrent leurs portes, cette année encore, dans le cadre prestigieux du château de Lignières en Berry, le samedi 25 août 2007.
Une journée y est organisée autour du prince Sixte-Henri et de nombreuses personnalités venues entourer et féliciter les étudiants, dirigés cette année par Thibaud Pierre et Alexis Charvet. Ouvert à tous, merci de prévenir.

Au programme :

10 h 00 : Une table ronde sur les élus locaux
12 h 00 : Apéritif amical, autour des stands de l’Action française et de ses amis
12 h 30 : Déjeuner autour des princes
14 h 15 : Conférence sur les nouveaux défis du combat souverainiste
16 h 15 : Conférence sur l’actualité de la pensée de Charles Maurras
18 h 15 : Pot de l’Amitié
20 h 00 : Dîner-barbecue

Toute la journée, tables d’auteurs et de journaux, rencontre avec des princes au fait de la société contemporaine et des enjeux politiques, avec les étudiants et leur encadrement, les personnalités régionales, les personnalités de l’Action française.

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