lundi 30 mai 2016

Verdun, 100ème !

Royal-Artillerie va marquer le coup pour les cent ans de la bataille mythique de Verdun dont la mémoire a donné prise à de la politique politicienne de bas niveau de la part de nos dirigeants, et spécialement des milieux culturels qui n'avaient pas à s'impliquer dans ces circonstances. Laissons ! Faisons parler les acteurs qui sont, eux, la vérité de l'héroïque tragédie, car on ne la racontera jamais aussi bien qu'ils le firent eux-mêmes.
Un site nordiste [Chtimiste] a constitué des archives impressionnantes, desquelles nous tirons le mois de mai 1916 à Verdun. Par le lien suivant vous allez ressentir la bataille de mai [à la côte 304, à Douaumont, au fort de Vaux]. Avant de cliquer, un extrait du carnet de guerre du capitaine Delvert du 101ème RI (à dessein nous n'avons pas choisi un extrait d'horreurs):

Il faisait un soleil radieux. De mon créneau d'observation, je regardais la belle lumière blonde illuminer l'horreur de ce lugubre désert, lorsque, tout à coup (à mon poignet ma montre marquait huit heures), je vis en face de moi, de l'autre côté du ravin où dormait l'étang de Vaux, le plateau de Hardaumont se couvrir de larves grises. On eût dit une fourmilière quand on l'a frappée du pied.
Les boches attaquaient!...
Sous le ciel bleu, dans le soleil, je vis les larves grises aborder les tranchées du saillant. Des flocons de fumée blanche s'élevèrent: on se battait à la grenade... Je donnai l'ordre de tirer sur les vagues d'assaut qui se pressaient toujours plus nombreuses... Notre fusillade déchaîna celle de nos voisins de Sérajevo ; et, bientôt, ce fut un terrible duel au fusil avec nos voisins immédiats.
Cependant, à la lorgnette, je voyais les boches progresser vers la Caillette; d'autres, en file par un, glisser le long de la voie ferrée, puis aborder les pentes de Fumin et le ravin qui montait vers nous, la tranchée de la Digue que tenait notre 1ère compagnie (lieutenant Abram) était évidemment tombée en leur pouvoir...
Nul doute qu'ils ne projetassent d'enlever les unes après les autres les défenses extérieures du fort (de Vaux, ndlr) et de l'aborder ensuite. Ici, ils attaquaient le flanc gauche de la position; derrière nous, ils en assaillaient le flanc droit, par Damloup, la batterie de Damloup et le fond de la Horgne, que défendait le 1er bataillon du 142e régiment d'infanterie, tandis que le 2e bataillon tenait les abords du fort du côté de l'est, comme nous à l'ouest.
Si R3 et R2 cédaient à leur tour, je ne pouvais manquer d'être attaqué bientôt. Il était à peu près neuf heures. Le soleil rayonnait, splendide, et répandait sa lumière déjà morne sur ce champ de bataille. Je donnai l'ordre à Dubuc de distribuer des grenades en recommandant aux hommes de ne pas s'affoler et ne les lancer qu'à bonne portée. Nous n'en avions que quelques caisses et il était sage de prévoir un ravitaillement difficile [...]

En ces jours d'orages de fer, de glaise, de feu, de gaz, vivants et morts furent des héros, à leur insu au moment de l'action ; la moitié de l'effectif perdue, les compagnies continuent le combat, réagissent aux ordres, manœuvrent, chargent et meurent. L'éclat du courage et de la détermination de nos soldats éblouit bien trop ceux qui, à l'instar de la Chancelière, les reclassent aujourd'hui comme des "victimes". Victimes de la politique ? Ce statut passif est plus accessible aux médiocres qui nous gouvernent maintenant et qui manipulent le passé à l'avantage d'une posture angélique. Que ceux qui ne l'ont fait encore, lisent les carnets de guerre de Verdun ou de la Somme pour comprendre la race d'hommes que ce fut. Rappelons quand même cette bataille de la Somme qu'engagèrent les armées britannique et française en 1916 et qui fut aussi un monument de courage. Les pertes y furent plus grandes encore qu'à Verdun (443000 tués/141 jours contre 306000 tués/301 jours à Verdun) et les résultats tout autant mesurés. On reste sans voix.

Deux photos pour se recueillir et un dernier commentaire d'actualité :

Ossuaire de Douaumont





L'organisation d'un festival musical "pour les djeunes" en marge du centenaire de Verdun a présupposé qu'ils ne s'intéressent pas à leur histoire. C'est faire preuve de mépris des générations montantes de la part de l'oligarchie régnante qui les cantonnent dans des occupations futiles et la consommation d'idioties. Quatre mille d'entre eux, Français et Allemands, se sont prêtés en toute sincérité à la scénographie de dimanche, et la photo de cette foule multicolore debout devant les croix des combattants ensevelis exalte l'avenir qu'elle porte sur ses épaules. Elle va saisir avec courage un monde à moitié détruit dans ses modèles politiques et sociaux, ce monde que nous leur laissons rongé par la gangrène gazeuse du socialisme débridé dont ils régleront la note.

Que reste-t-il du bois de Cumières ?


Pour finir ce billet d'hommages, quelques strophes de Guillaume Apollinaire, engagé volontaire puis sous-lieutenant au 96è RI, qui fut gravement blessé d’un éclat d’obus à la tempe droite au Bois des Buttes (Chemin des Dames) le 17 mars 2016.

Si je mourais là-bas sur le front de l'armée
Tu pleurerais un jour, ô Lou, ma bien-aimée
Et puis mon souvenir s'éteindrait comme meurt
Un obus éclatant sur le front de l'armée
Un bel obus semblable aux mimosas en fleur

Et puis ce souvenir éclaté dans l’espace
Couvrirait de mon sang le monde tout entier,
La mer les monts les vals et l’étoile qui passe
Les soleils merveilleux mûrissant dans l’espace
Comme font les fruits d’or autour de Baratier

Souvenir oublié vivant dans toutes choses
Je rougirais le bout de tes jolis seins roses
Je rougirais ta bouche et tes cheveux sanglants
Tu ne vieillirais point toutes ces belles choses
Rajeuniraient toujours pour leurs destins galants

Le fatal giclement de mon sang sur le monde
Donnerait au soleil plus de vive clarté
Aux fleurs plus de couleur plus de vitesse à l’onde
Un amour inouï descendrait sur le monde
L’amant serait plus fort dans ton corps écarté

Lou si je meurs là-bas souvenir qu’on oublie
- Souviens-t’en quelquefois aux instants de folie
De jeunesse et d’amour et d’éclatante ardeur -
Mon sang c’est la fontaine ardente du bonheur
Et sois la plus heureuse étant la plus jolie

Ô mon unique amour et ma grande folie

A Nîmes, le 30 janvier 1915




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lundi 23 mai 2016

Des racines européennes

L'astrolabe de Chaucer (début XV°) est-il andalou comme semblerait le revendiquer l'Institut du Monde arabe ? Certes, l'instrument à viser le ciel qu'inventèrent les astronomes grecs de l'Antiquité fut bien perfectionné par les savants arabes et spécialement par Al-Zarqali à Tolède, mais on admet que c'est le collège Merton (Oxford) qui fit la meilleure synthèse des traités d'astrolabe jusqu'à ce que les Portugais en produisent une version embarquée pour améliorer la navigation hauturière. Dans un tout autre domaine, Jean de La Fontaine fit son miel des fables d'Esope mais aussi de celles du Kalila wa Dimna, pompées du sanskrit par les Perses qui les passèrent aux Arabes, traduits à leur tour par les Castillans, leurs voisins de palier, qui les passèrent aux Français en 1644. D'où viennent les bains turcs de Budapest ? Des thermes romains peut-être ? ETC...

On apprend que notre pape Francesco aurait hésité à proclamer les "racines chrétiennes" de l'Europe. Et pourtant ! Quelle mouche a piqué le pontifex romain à se risquer sur ce terrain pour aussitôt retirer son pied ? On dirait du Hollande. Mon petit doigt me suggère qu'il n'a pas voulu remettre du charbon dans les chaudières polonaise et autrichienne qui font une crise d'urticaire musulman carabinée et parce qu'aussi la chose est en débat au Parlement européen. Benoît XVI était plus courageux... à Ratisbone. Bien sûr, aucun continent n'a vu pousser qu'une seule espèce d'arbre. Même l'empire chinois - le plus ethnocentré avec l'Egypte pharaonique - a été labouré en tous sens par des civilisations allogènes. Qu'on se souvienne que les clercs tibétains avaient la haute main sur les affaires spirituelles de la maison impériale et que les jésuites européens contribuèrent grandement au progrès de la dynastie mandchoue des Grands Tsings (la dernière).


L'Europe commence à l'Île de Fer (longitude 18°W de Greenwich aux Canaries), c'est d'ailleurs son méridien zéro traditionnel - n'en déplaise aux Rosbifs - et elle se termine à la ligne de partage des eaux que constitue la chaîne des Monts Oural, soit à la ville de Magnitogorsk (59°E) pour fixer un peu mieux les idées. A l'exception de la Thrace turque, de l'Albanie et de la Bosnie Herzégovine, retournées en profondeur par les Ottomans, l'Europe actuelle a toujours un socle chrétien. Mais si elle embrassa la foi chrétienne à mesure que les empereurs romains d'orient et d'occident se convertirent, des temples, édicules et fontaines sacrées préexistaient en ville comme en forêt par tout le continent. Les grandes religions polythéistes classiques et barbares, qui construisirent ces édifices et ces mythologies, tinrent le pays très longtemps avant la conversion ; imaginez que Troie fut prise au XIIè siècle av.JC.
Les monothéismes qui les écrasèrent parvinrent à régner sans partage jusqu'au XIXè siècle, en s'entre-déchirant au nom du même Dieu, ce qui est rare dans l'histoire de l'Humanité. Oui, les racines chrétiennes de l'Europe y existent indubitablement, elles portent les fondations des cathédrales, elles ont bu le sang des schismatiques et des impies, elles ont gardé les ossements des croyants à millions, mais le sol en contient bien d'autres qui les ont plus ou moins nourries. Les fontaines en alcôve de nos forêts ont vécu le remplacement de leur statue miraculeuse tant qu'elles ont coulé. Qui était celle qui précéda le druide gaulois ? Qui lui fut substituée par le prêtre romain ? Quelle sainte catholique y fut accueillie ? Par chance les imams détestent les statues.

Si l'Europe fut un continent en guerre civile perpétuelle - elle en mourra en 1945 - l'histoire retiendra d'abord dans les grandes épopées ses opérations extérieures : le combat acharné des armées croisées contre les armées arabo-musulmanes qui se firent une guerre de deux cents ans au Proche Orient. Les conséquences en furent grandes tant sur le développement de l'occident médiéval que sur celui de l'orient islamique, mais on n'en retient aujourd'hui que l'humiliation des Arabes alors qu'à la fin ce sont eux qui vainquirent ! Comme quoi, la mauvaise foi est la chose la mieux partagée. L'Europe renvoyée sur ses terres allait s'élancer à la Renaissance sur toute la planète et son empreinte y demeure presque partout.
Alors pourquoi l'Europe cherche-t-elle ses racines ?

Est-ce un quelconque signe ? Oui. De décadence ! De dévirilisation ! Les Portugais de la circumnavigation, les Espagnols de la Conquête, les Hollandais, les Anglais, les Français des empires coloniaux ne cherchaient pas leurs racines. Ils étaient en phase de découverte du monde et d'asservissement des peuples nouveaux, captant le plus possible de matières, marchandises et denrées à transformer et consommer. De nos jours, on dirait qu'ils étaient dans leur phase de "mondialisation". D'ailleurs Royal-Artillerie avait fait un article célèbre en ce sens (L'Esprit de l'horizon).

Mais l'expansion est terminée pour l'Europe*. Il faut dire que deux guerres mondiales atroces provoquées par elle ont fini par l'assagir, sans la guérir quand même d'une certaine arrogance : l'Europe s'invite presque partout dans la solution de conflits, pour proposer aussi son modèle démocratique et ses codes sociaux comme remèdes ultimes aux imperfections de l'espèce humaine. Une civilisation est toujours satisfaite de sa propre supériorité et répute ses marges en barbarie. Elle cherche à bloquer le temps de sa suprématie jusqu'à ce qu'il s'échappe de ses mains par la supériorité acquise sur le limes contre elle. C'est d'Ibn Khaldoun (Tunis, 1332 - Le Caire, 1406), premier analyste anormatif des sociétés humaines et théoricien des civilisations.

Contrairement à nos frayeurs, ce ne sont pas les Musulmans dispersés et largement en retard aujourd'hui dans tous les compartiments du jeu (sauf les maths) qui vont nous supplanter dans les enceintes décisionnaires, mais les empires nouveaux et renaissants, à diverses raisons que nous avons maintes fois exposées sur ce site. L'affaire se joue entre la thalassocratie anglo-saxonne, l'empire continental chinois et l'empire vide des glaces russes. Les Musulmans sont-ils du renfort dans ce choc des quatre mondes (j'y compte encore l'Europe) ? J'en doute. Du moins ils n'ont rien prouvé en ce sens jusqu'ici. Qu'ils ne cherchent pas en revanche à imposer leurs modes sociétaux, perclus d'obsessions génitales et de discriminations sexistes. Merci. Nous allons garder nos clochers et nos fontaines miraculeuses où l'on jette des pièces de monnaie, nos martyrs et nos saints dans des statues en plâtre, toutes nos racines antiques et modernes, nos femmes en jambes et en cheveux et notre joie de vivre !

« Nos ancêtres les Gaulois » par Toutatis, on n'en démordra pas !
- Vous reprendrez bien un peu de sanglier ?
- Désolé, j'ai piscine.

Piscine du harem de Jean-Léon Gérôme (1876, L'Ermitage)

* Note : Pour mesurer le point d'aboutissement du déclin relatif de l'Occident et compléter la théorie d'Ibn Khaldoun, il faudrait lire Mass Flourishing de l'économiste américain Edmund Phelps, prix Nobel d'économie 2006, qui soutient que "le plus tragique dans notre déclin est bien que l'Occident ne soit même plus l'Occident" (Princeton University Press, 2013).
Rappelons aussi l'ancien de référence : Oswald Spengler et son Déclin de l'Occident (Gallimard, 1931) dont les intuitions sont de pleine application aujourd'hui :
- capitalisme financier international en lutte contre les économies nationales
- presse vendue à la ploutocratie qui mute de la liberté à l'asservissement
- réseau mondial de communication uniformisant la pensée
- morosité démocratique après la mort des idéologies
- migration des prolétariats étrangers concurrents des classes ouvrières nationales
- destruction de l'environnement par une technique déchaînée
- choc civilisationnel (merci au Pr Gilbert Merlio)


lundi 16 mai 2016

Verdun 1916-2016

Le Faubourg Pavé


« Situé au cœur du champ de bataille de Verdun, le Mémorial de Verdun, actuellement en rénovation, rouvrira ses portes en février 2016 et deviendra à cette occasion centre d’interprétation de la bataille de Verdun. Sa scénographie, totalement renouvelée, fera découvrir au visiteur sur trois niveaux l’expérience de la vie combattante du soldat allemand et français. Le dernier niveau permettra une vue dégagée sur le champ de bataille, jusqu’à l’Ossuaire de Douaumont » (Mission du Centenaire de la bataille de Verdun).

Il y a certainement de bonnes intentions à cette mise en scène, destinée aux générations nouvelles qui s'éloignent des souvenirs terribles racontés jadis à la veillée. Mais que veut dire cette valorisation de l'enfer ? Car ce fut un véritable enfer. Des livres de témoignages ont été écrits sur cette bataille mythique, il suffit d'en lire un pour en ressortir effrayé ; il n'est nul besoin d'une scénographie renouvelée, forcément complaisante aux thèmes du moment. Cent cinquante mille soldats de part et d'autre ont péri, quatre cent mille blessés, sept cent mille victimes en tout dans une unité de temps et de lieu ramassée autour de Verdun. Est-il besoin d'en rajouter pour comprendre ou bien sont-ce des idiots que nous avons engendrés ?

A cette commémoration - qui devrait être à mon avis purement militaire, mais ce n'est que mon avis - est-il nécessaire d'ajouter un festival, quelque "Rock in Douaumont" ? On comprend l'émoi du pays à l'annonce de la participation au concert d'un rappeur français qui chante sa détestation des mécréants*, des pédés, des youpins. Forcément ça fait tache. Des Français de simple bon sens se sont levés contre l'infamie. La réaction de la sphère "culture officielle" à ce qu'elle appelle la fachosphère est misérable. La Gauche est celle du pourrissement général et pis qui est : elle se dévore elle-même. Les cris d'orfraie des représentants emblématiques de ce que l'on nomme les minorités visibles ou protégées, ciblées par le rappeur, sont là pour le prouver, à applaudir au barbarisme d'André Bercoff qui parle de "conosphère" contre la "fachosphère".
* kouffar dans le texte, pluriel de kâfir, injure coranique stigmatisant l'infidèle

Tant et si bien que ses propres supplétifs en agit'prop ont commencé à lui casser la gueule. On ne compte plus les permanences socialistes saccagées par les antifas, le black block et autres intermittents du pavé. Pour nous laver de cette odeur de lisier, je vous passe la chanson qu'aimaient nos poilus quand ils revenaient en position de repos.
Repos, vous pouvez fumer.





lundi 9 mai 2016

A la rencontre de cette insurrection qui vient

 

Où l'on entrevoit une possible solution pour que la France retrouve son roi : faire abstraction de ce qui est, de ce qui fut, pour envisager ce qui pourrait advenir… Sans idée préconçue…

 

Avertissement : Ce billet a paru dans Le Lien légitimiste n°68 de mars-avril 2016. Un royaume décentralisé tel qu'il est ébauché ci-dessous aurait mieux résisté à la Révolution parisienne de 89. A force de tout ramener à Paris, on a pu tout commander à partir d'un seul bouton sous la main du roi. Il a suffi d'enlever cette main et d'en mettre une autre. La marche à la centralisation royale a ruiné la charpente féodale qui tenait tout. Si les grands féodaux avaient été respectés dans leur système "foi et hommage" jusqu'au plus petit des tenanciers (comme en Languedoc), des provinces entières auraient échappé aux calamités révolutionnaires.
Lors de la Révolution culturelle en Chine, qui fut un énorme désastre, certaines provinces (comme le Yunnan) restèrent à l'écart. Les Brigades de gardes rouges furent stoppées en frontière intérieure par le général commandant le gouvernorat sous peine d'être purement et simplement fusillés sur place. Certaines des provinces basses du Tibet impérial (rattaché) purent ainsi rester à l'écart des dévastations morales et matérielles.
Le jacobinisme centralisateur est utile pour changer de régime mais il faut l'abandonner immédiatement après. Ce billet entre en archives RA sous le libellé LLL.

 


La décrépitude de la vie politique française, le désert d'idées directrices hormis la remouture d'une République sixième, la méfiance généralisée de la nation à l'endroit des gouvernants qu'elle regrette d'avoir choisis, l'abus de disputes personnelles et de gesticulations médiatiques au plus haut niveau de l'Etat, et l'infâme dictature des communicants, convoquent plus que jamais dans le champ de nos réflexions un peu de ce que Charles Maurras nommait la "Physique sociale". Le salut dans la politique ?
Il n'est nul besoin d'être un observateur autorisé pour apercevoir autour de soi un début de sidération du peuple, abruti par des années de facilités à crédit, quand il découvre le champ de ruines : un pouvoir divisé sans soutien ni dans le pays ni dans les institutions, un parlement stérile transformé en syndicat de godillots repus, un chômage de masse maintenu par magie à dix pour cent de la force de travail, une dette publique sud-américaine et pour couronner le tout, le triple déficit : budgétaire, social et commercial, qui ronge notre société comme un cancer. Pendant ce temps notre cousin germain a clôturé l'exercice 2015 en positif dans tous les compartiments du jeu, tous ! Ici, le plus beau pays du monde est ruiné par ses propres habitants. Il est en négatif partout.

On peut soutenir que la banqueroute générale résulte d'un affaissement moral et mental des Français, incapables de s'arracher à la glaise du déclin, jouant aux élections comme au sweepstake, basculant la majorité du jour sur celle d'hier avant que d'en jeter les huiles au recyclage, avant quer de sortir de l'histoire. La disparition de notre identité serait darwinienne, la loi de l'Evolution étant d'abord celle de l'attrition des inadaptés. Auquel cas, il faudrait accepter la curatelle européenne qui se dessine puisque nous montrons à tous que nous sommes impuissants à nous gouverner par nous-mêmes. On peut en revanche jouer une autre hypothèse, à savoir que notre situation catastrophique est la conséquence logique d'institutions qui ne sont pas adaptées à notre être nation. C'est bien sûr à démontrer, mais en ce cas, nous, les monarchistes, aurions quelque chose à dire aux autres.

Nos ancêtres les Gaulois...

Le substrat gaulois du pays crée naturellement le désordre, chaque hutte au village devient un parti. Les royalistes d'ailleurs connaissent bien le syndrome gaulois : la vérité royaliste est tout entière dans sa chapelle, à la voisine est l'hérésie. Ce désordre était pourtant un champ de libertés autant qu'il fut combattu continûment par le pouvoir central qui finit un jour par généraliser ses propres lois d'application universelle bien plus faciles à gouverner depuis Paris, bien plus facile aussi à retourner contre lui que ne l'était le fourmillement des coutumes. Boiffils de Massanne (1824-1907) ne disait-il pas qu'aux jours de la Révolution, « la dynastie capétienne avait accompli l'œuvre de la destruction du Moyen Âge lentement, patiemment, quelquefois à regret. Sortie des entrailles de la Féodalité, un pressentiment secret lui disait que cette œuvre était un suicide. 1789 se chargea de le lui prouver. »

Après la centralisation royale, le jacobinisme révolutionnaire, le césarisme policier de l'Empire et jusqu'à l'Etat des Bureaux d'aujourd'hui , les pouvoirs ont toujours forcé nos différences dans un moule unique pour en faciliter l'administration et mettre le pays en coupe réglée au bénéfice des maîtres du moment. Mais sous le couvercle de l'Etat total la pression finit par devenir trop forte et périodiquement le couvercle a sauté : 1789, 1830, 1848, 1870, 1936, 1947, 1958, 1968 puis plus rien. Plus rien dès lors qu'on a pu acheter la paix sociale en débondant les foudres de l'assistanat généralisé : les trente glorieuses des cigales régulées par le socialisme fiscal jusqu'à l'emprunt international s'il n'y suffit plus. La classe dirigeante achète littéralement sa pérennisation quoiqu'il puisse en coûter à la nation jusqu'à la cachexie. Perpétuer un déficit de 20% des comptes budgétaires est du vampirisme qui devrait être passible du pieu couronné d'aulx.

Mais, à quelque chose malheur est bon, les guichets sociaux sont en passe de tarir, l'épargne placée, menacée de séquestre, devient peu sûre, les perspectives d'amélioration de son sort se ferment (de 24% à 31% de chômage chez les jeunes générations selon la filière scolaire), émigration soutenue des plus vaillants. Mécaniquement le couvercle doit sauter. Sauf à sauver l'essentiel, et c'est l'objet de ce billet, il faut vider l'abcès : que le couvercle saute donc, que la petite union soviétique française se liquéfie, que la Nomenklatura parte pour Coblence et que le peuple parle ! Sauver l'essentiel, de quoi s'agit-il ? des fonctions de gouvernement qui ensemble identifient un Etat.

La parole à la nation...

Saurons-nous vendre à l'immense cohorte des mécontents le découplage des domaines régalien et public ? Pourquoi ? Pour que la démocratie directe, dont on dit tant de bien avant de l'essayer, réorganise partout et librement l'Etat de proximité par le débat ouvert et l'arbitrage aux voix à la manière du cru ; mais après, et seulement après que l'on ait sorti de la dispute générale le domaine régalien qui signe encore la France : savoir, le Trésor public, les forces de l'ordre intérieur, les armées, la Justice haute, la diplomatie. Tout le reste au débat dans nos cent républiques !

Et quoi de mieux pour arracher ce domaine essentiel à la dispute démocratique que de le sanctuariser en le remettant à une monarchie héréditaire ? On élimine, ce faisant, la compétition sauvage pour le pouvoir suprême, c'est-à-dire l'hystérisation partisane des conflits d'intérêts. Nous retrouvons l'autorité naturelle en haut, aisément consentie dès lors qu'elle n'empiète plus sur les libertés publiques d'en bas. Ce pouvoir régalien disposant de l'Etat essentiel, sera relativement économique (c'est prouvé), fort par construction, arbitral par destination, indépendant des lobbies qui débordent rarement du cadre économique et social - lequel cadre ne sera plus de son ressort -, neutre dans ses conseils et soucieux de l'intérêt général dans la hiérarchisation des préférences publiques s'il est sollicité pour un choix. Souhaitons-lui d'éviter la dérive hégémonique d'une étatisation rampante à la manière de Louis XIV qui conduisit ses successeurs à en finir avec le vieux désordre libertaire gaulois. C'est dans ce mouvement de centralisation autocratique que nos ancêtres allaient progressivement subir l'uniformisation obligatoire des mœurs publiques, le casernement des âmes, le lavage de cerveau de la conscription militaire, jusqu'à la dictature actuelle du ministère de la Pensée conforme. Organiser depuis Paris l'étage subalterne à l'identique partout en France serait renouer avec le jacobinisme qui nous a abrutis. C'est dans l'anarchie localement contrôlée que gît notre salut, les pouvoirs se répondant petit à petit à mesure de leur renaissance jusqu'à un état d'équilibre. Chaque région atteindra le sien.

C'est donc aux étages subalternes que se passeront les choses intéressantes. L'anarchie convoque obligatoirement la participation de tous. Et c'est bien ainsi que fonctionnaient nos paroisses d'antan. Contrairement au roman républicain, on votait assez souvent en province sous l'Ancien régime, sur de nombreux sujets d'intérêt immédiat. En ville, nul édile ne se serait risqué à décréter de son propre chef quoique ce soit modifiant la coutume, des hordes de notaires y veillaient. Il est des relations très distrayantes du maquignonnage démocratique dans l'élection des milices par exemple, ou de négociations byzantines entre la ville et le château sur la propriété des chemins de ronde, le crénelage des tours, des disputes épiques avec le subdélégué local pour les ponts et chemins. Demain, de nombreuses assemblées locales (municipales, cantonales, départementales) ou régionales organiseront l'espace au niveau de compétence retenu pour chacune, ainsi que se tisseront les solidarités élémentaires des classes, familles et métiers.

Le Gaulois d'antan est devenu entre-temps ingénieur. Faisons-lui confiance. Il reconstruira son environnement économique et social, et il ne lui faudra pas longtemps pour apprécier la protection offerte par le détenteur de l'Etat essentiel qui l'aura libéré de La Politique comme souci. Quand on sait le nombre incalculable d'associations en tout genre qui prospèrent en France, on n'a aucune crainte à avoir pour que la nation entre en débat aux niveaux pertinents et aboutisse. Il est impossible ici d'en décrire les mille cheminements.

Reste une question qui préoccupe le politicien de métier : comment la nation sera-t-elle représentée à la fin de la révolution, pour savoir en fait s'il sauvera la prébende. Pour ne pas alourdir le sujet, nous laisserons à un prochain billet le plaisir de convoquer l'assemblée nationale qui votera l'impôt nécessaire au fonctionnement du domaine régalien.

Vers une restauration...

Au bout du compte, nous assisterons à la naissance de la pyramide maurrassienne : l'autorité en haut, les libertés en bas, que le Martégal comprimait dans un slogan : l'anarchie plus Un ! C'est là toute la force du pacte autorité/libertés : la revitalisation des territoires, la liberté de créer, d'entreprendre, de vivre comme on l'entend foisonneront à l'ombre tutélaire d'une monarchie essentielle, distante et sûre, cantonnée dans un domaine régalien précis dont elle ne débordera pas, apte à nous protéger, apte à gérer en toute expertise notre environnement géopolitique.

Quant à la monarchie elle-même, allons au plus facile et prenons pour roi qui voudra bien mettre ses titres en jeu, qui voudra bien sortir de la rente perpétuelle d'espérances fuyantes, qui voudra bien entrer dans un statut nouveau pour lui et sa famille, statut exigeant, quasi-sacrificiel au sens où le décrivait Gabriel Privat dans ce journal : « le souverain est le seul véritable prisonnier de France, prisonnier du service de l'Etat, garant obligatoire de l'unité nationale, ainsi que toute sa famille. Il est la seule victime nécessaire au maintien de l'institution, c'est une sorte de sacrifié. » (cf. LLL n°65, p.18-19)

Au seul péril de réussir, nous devrons suspendre pour le temps de l'instauration les effets des lois de dévolution de la couronne au motif que le mort saisit le vif en France et que le dernier roi n'avait saisi que le vide ; lois fondamentales qui finirent par stériliser le modèle jusqu'à son évaporation. Messieurs, revenons à Senlis avec une seule question à poser aux impétrants : Qui veut se battre ?




Ndlr : « L'Insurrection qui vient » est le titre d'un brûlot anarchiste publié en 2007 aux Editions de La Fabrique et qui attira l'attention du public à l'occasion de l'affaire de Tarnac. Après cela il fut diffusé en espagnol, anglais et allemand partout en Europe.


lundi 2 mai 2016

Colloque en mai



« A l'heure où toute la classe politique et journalistique, de Zemmour à Mélenchon, fait le constat de la faillite du régime et quand les sondages se succèdent pour appeler au pouvoir un homme fort et un arbitre au-dessus des partis, on pourrait croire que la réforme de nos institutions et l’interrogation sur l’incarnation du pouvoir en la personne du Roi ont le vent en poupe et qu'un boulevard s'ouvre vers Reims. Pourtant, il n’en est rien et l'idée de recourir à l’alternative monarchique pour régler nos problèmes semble totalement absente dans les arcanes du pouvoir.
« Il nous apparaît important, avant la course au pouvoir de 2017, d’ouvrir des perspectives pour une politique durable. Que nous dit l’abstention record aux différentes élections sur le jeu des partis ? Pourquoi la question du régime de la VIème République à la Monarchie se pose aujourd’hui de manière cruciale ? Quel régime est le plus adapté à promouvoir et à défendre l’intérêt national ? Comment peut-on constater le désastre de cette république sans se poser la question du régime ? Comment, en 2016, ne pas être royaliste ?
« Notre force est d'avoir raison » disait le grand penseur de l’Action française, et nous souhaitons ouvrir le débat, confronter nos points de vue avec des adversaires que nous considérons comme des "républicains intelligents". Républicains versus royalistes, rassemblés autour d’un même amour de la France car c’est le Bien Commun qui doit triompher.
« Notre colloque – qui alternera discours, tables rondes, entretiens et débats – se veut ouvert à tous les courants de l’échiquier politique dans la mesure où ils acceptent le débat courtois et intelligent. Ce colloque pourra être suivi dans toute la France en streaming.»

« Dans un premier temps, nous établirons les constats et l’analyse des causes de la crise du système actuel. L'Homme révolté de 1789 a-t-il accouché d’un Homme libre ? La crise anthropologique est-elle irrémédiable ? Peut-on vivre la "fraternité" dans une société qui a tué le(s) père(s) ?
« Puis nous tenterons de définir les fameuses "valeurs républicaines" si souvent invoquées mais jamais expliquées. La République a-t-elle trahi les espoirs la Révolution française ? Devons-nous sauver la République ou la France ? Que reste-t-il des "droits de l’Homme" et de la devise républicaine ?
« Enfin, nous imaginerons comment restaurer la France. Le changement de régime est-il possible ? Est-il souhaitable ? Le réenchantement de la politique peut-il passer par le retour du Roi ? Un Roi pour quelle monarchie ? Finalement, la monarchie n’est-elle pas la meilleure des républiques ?
« Nos échanges se feront en dehors de toute préoccupation politicienne : nous souhaitons traiter du régime de la France non en fonction des idéologies, des modes ou des préjugés, mais au regard du seul critère de l’intérêt national, dans un double souci de paix et de justice sociale.» (mise en bouche du CRAF).

Samedi 7 mai à 14h au Forum de Grenelle
5, rue de la Croix-Nivert Paris XV°, M° Cambronne
Colloque d'Action française avec des acteurs de terrain et des pointures comme sur le trombinoscope :


...mais on pourra parler aussi avec Jean-Philippe Chauvin, Marion Sigaut, Pierre de Meuse, Reynald Secher, Pierre Muller, Benoît Dakin, Vincent Coussedière, Roland Hureaux, Geoffroy Lejeune, Dominique Jamet, Antoine de Crémiers, François Marcilhac...

Renseignements et inscriptions en s'adressant à :
contact@actionfrancaise.net et sur www.jesuisroyaliste.fr

La manifestation est clôturée par un banquet royaliste à 20 heures (option).
Le lendemain, c'est La Jeanne 2016 à 10H à l'Opéra.

Tarifs standard :
- Colloque simple : 10€
- Colloque + banquet : 30€





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