mercredi 29 novembre 2017

Le gozzo de Djamel


Le bateau d'abord !

La précision du trait suggère qu'il fut dessiné face et profil au poste de carénage avant que d'être couché sous l'aquarelle. La carène de travail ventrue, son étrave forte sans capion, la falque large sur liston et le plat-bord sans cordon signalent presque à coup sûr un gozzo napolitain, du modèle connu dans tous les ports du sud de la méditerranée occidentale. Facile, l'artiste est algérois.

La poupe a été entamée ou coupée par l'artiste pour alléger un dessin très chargé. Du pont, il ne reste presque rien, emporté sans doute lors de l'échouement violent. La mer a défoncé le bordage tribord jusqu'à l'ambon de bouchain. Une grande antenne de voile au tiers, improbable encore à poste, un moignon de maître-mât très avancé pour dégager l'espace de travail mais qui exigerait de cabusser la grande antenne au beaupré en latine ou gênerait l'amure de foc en plan carré ; la fine antenne brisée d'un perroquet qui se déchire et les cornes à tramail que l'on devine à la proue laissant partir des filins, le bateau est bien observé. La voile verdâtre devient une toile à pourrir... Sur la grève la bourriche en osier, le petit fût bleu qui sert à tout, les avirons impuissants, les corps disparus des pêcheurs, l'histoire est achevée mais la mer s'acharne. Il y a surtout le ciel de la mer. Toute la force du tableau est dans le poids du ciel sur l'épave, carrément oppressant. Le bateau drossé à la côte finira dévoré entre l'indigo de l'orage et la turquoise des hauts fonds. Aucune autre issue à la tragédie que du bois flotté.


L'artiste ensuite !

Son nom ne vous dira rien. Il n'expose pas, enfin... non, il n'expose pas. Il s'appelle Djamel Ameziane et il a 50 ans ! Des gens informés ont reconstitué son curriculum vitæ sur la Wikipedia, que vous lirez en cliquant ici. Pendant son séjour à Guantánamo Bay il a peint plusieurs aquarelles, l'exercice faisant partie d'un programme de déradicalisation dont on a pu voir les productions dans une exposition Ode to the Sea au John Jay College (of criminal justice) de Manhattan (expo jusqu'au 26 janvier 2018 - catalogue ici). Les frémissements d'enthousiasme des marchands d'art ont convaincu le Pentagone que les œuvres appartenaient au programme, n'étaient pas monnayables et ne pourraient être remises à leurs auteurs, à part celles qui étaient déjà sorties du circuit, et pourquoi pas incinérées un jour pour faire de la place aux archives.

Je ne juge pas M. Ameziane, pour une raison très simple : il a été interrogé pendant six ans à partir de techniques d'aveu difficiles à affronter pour, à la fin, être extrader sans charge aucune vers son pays natal, l'Algérie. Il a tout subi. On sait que les Aussaresse de Gitmo pouvaient t'arracher n'importe quoi mais le bonhomme, capturé en 2001 aux FATAs par un chef de tribu locale et vendu à l'ISI pakistanaise, fut revendu aux Américains dans un lot de prisonniers, sans qu'il soit crédité d'un flagrant délit. D'un autre côté, les experts en confessions forcées ne sont pas parvenus à l'abrutir complètement puisqu'il réclame cinquante millions de dollars canadiens de réparations pour onze années de détention abusive* en partie dues à la complicité active des services canadiens, en sus des 8838 dollars US qu'il portait sur lui et que les Pakistanais n'auraient pas trouvés lors de sa remise aux Américains en Afghanistan et qui lui auraient été confisqués à Kandahar.
(*) Pour estimer ses chances, il faut lire le Globe And Mail de Toronto du 5 novembre dernier en [cliquant ici], c'est une grosse affaire !

La conclusion

Il y a des justifications sérieuses qui prendraient trois pages écrites serré, pour fonder cette rétention administrative d'œuvres. Mais justement ce sont trois pages de trop pour convaincre. Quand le prisonnier est reconnu innocent (sans débat contradictoire ni jugement au pénal), quel motif invoquer pour lui retenir son argent et ses peintures ? Tant les méthodes utilisées pour briser les volontés que la longueur extravagante de détention préventive, sont les ferments d'une haine inextinguible des anciens détenus de Guantánamo Bay envers les Etats-Unis, à moins d'être atteints du syndrome de Stockholm.
Depuis le début de l'aventure américaine au Moyen Orient on se demande si quelqu'un réfléchit ! Est-ce un maraboutage général des cerveaux au Pentagone et au Département d'Etat ? La guerre au fondamentalisme islamiste sanglant (rien ne dit qu'Ameziane y ait pris part) est autant psychologique que polémologique. D'ailleurs les Peace Corps de jadis travaillaient par l'esprit comme les officiers SAS français aux colonies. Les Etats-Unis ont-ils la légitimité de leur brutalité ? Non. Et tout commence ou recommence !



La note d'art

Shipwreck de Djamel Ameziane, Guantánamo Bay 2011, est une marine inspirée par la situation de prisonnier, que l'artiste a traité comme une nature morte, l'eau de la crique est calme. Œuvre aboutie de la meilleure facture, ne déparerait pas un catalogue de naufrages. Aquarelle de dimensions inconnues, format A3 supposé. Le cadre du tirage jet d'encre couleur fait par son frère au Canada en 2016 mesure 635mm sur 508 (25in.x20).

Un bateau navigant sous le même type de gréement, mais plus petit que le gozzo, à tonture prononcée et non ponté (c'est une filadière), vous est offert ci-dessous:



lundi 27 novembre 2017

Le QUAD ! Réponse à "One Belt One Road" ?

Le projet impérialiste des Routes de la Soie rencontre un indéniable succès dès lors qu'il draine d'énormes investissement chinois sur ses axes. Pour mémoire, le faisceau septentrional historique va déjà de la frontière du Turkestan chinois au pont d'Orsk sur l'Oural, par autoroute, pipeline et voie ferrée contiguës, à ce que dit la propagande céleste. Orsk est le poste-frontière entre Europe et Asie. Plus haut, le passage du nord-est que se réservait la Russie confiante en ses brise-glaces nucléaires est déjà parcouru par la marine marchande chinoise. Les travaux avancent bien sur le fuseau méridional qui aboutira à Singapour avec une dérivation à travers le Triangle d'Or vers le Rakhine birman (tiens !) et le Bangladesh (voir la carte et l'article de Royal-Artillerie en cliquant ici). La voie persique traditionnelle est assez avancée, jusqu'au port "alexandrin" de Gwadar. Gwadar est sur la mer d'Oman au débouché du Golfe persique ; Singapour est sur la charnière insulindienne. Tout ça pour dire que Pékin a largement dépassé discours et proclamations, ça bosse dur ! On n'est pas sur le canal Seine-Nord !

La tentative de capter toute la Mer de Chine méridionale par des moyens aussi insidieux que spectaculaires (bétonnage de récifs coralliens inhabités les transformant en porte-avions statiques) a fait comprendre aux grands pays du Pacifique que l'ambition de la nouvelle Chine ne se limiterait pas aux mers éponymes, mais atteindrait forcément les océans pour se protéger par un glacis liquide. L'idée de sécuriser l'Océan pacifique revient au Japon qui en 2007 proposa une Entente à l'Inde, aux Etats-Unis et à l'Australie. C'est après le grand tsunami en mer d'Adaman le 26 décembre 2004, quand les quatre marines se coordonnèrent pour porter assistance aux victimes, que l'idée d'un dialogue stratégique était venue à Shinzo Abe.

La première mouture organisationnelle se heurta aux réticences explicites de l'Australie, fournisseur important de la Chine, qui se retira du projet en 2008. Canberra jugea à l'époque que la manœuvre d'escadres dans l'Océan indien attiserait la paranoïa d'encerclement de Zhongnanhai* et provoquerait un surarmement de la Chine. Dix ans plus tard, l'Australie reconnaît que rien n'a empêché l'hégémonisme chinois et le saccage des équilibres géopolitiques qu'il entraîne, encore moins sa propre retenue qui fut vaine en tous domaines même si elle a préservé ses échanges commerciaux avec son plus grand consommateur de produits miniers.
(*) nom de la cité interdite moderne de Pékin

Le dialogue stratégique vient de renaître sous l'acronyme QUAD aux Philippines en marge du sommet de l'ASEAN : Quadrilateral Security Dialogue. Moins romantique que l'arc démocratique du Pacifique comme le voyaient Shinzo Abe et Barack Obama, le QUAD réunit pour faire la guerre quatre pays qui en ont les moyens et qui ne se laisseront pas berner par les proclamations pacifistes de Pékin. On peut raisonnablement soutenir que l'élévation de Xi Jinping au trône impérial lors du 19è Congrès n'est pas étrangère à la décision australienne de rejoindre les trois autres. Sans une mèche au front ni la petite moustache, le projet de Xi est écrit, et en vente libre ! Pragmatique, l'Australie constate une posture chinoise très agressive en mer, que ce soit aux Paracels, aux Senkakus voire Taïwan, et que se multiplient les patrouilles de provocation en Mer de Chine méridionale et orientale où passent les vracs australiens. Les protestations n'ont aucun effet sauf à déclencher dans la presse communiste une logorrhée antédiluvienne sur la propriété imprescriptible des routes maritimes qui fatigue tout le monde.


Les quatre déclarations finales de Manille sont peu différentes quant à la sécurité, liberté de navigation, connectivité indo-pacifique, mais l'Inde y ajoute une fenêtre qui ouvre sur la participation d'autres pays dans l'avenir. L'Indonésie, les Philippines, le Vietnam et la Corée du Sud y réfléchissent déjà, quand passe l'escadre chinoise dans leurs eaux.

La Chine a bien senti le vent du boulet qui tua Nelson. Elle a réagi précautionneusement en signalant qu'elle espérait qu'aucune tierce partie ne soit visée par les déclarations de Manille. Demeure la question à dix balles :

Est-ce par le réarmement que l'on éloigne la guerre ou qu'on la rend inéluctable ?

On sait depuis le 19è Congrès national du Parti communiste chinois qu'un saut a été fait vers la dictature d'un homme dont la "pensée" vient d'être formellement inscrite dans la Constitution de la République populaire. Ce qui veut dire qu'il n'y aura qu'une ligne stratégique exposée, la sienne, toute autre étant passible d'assignation pour atteinte à la sûreté de l'Etat, critique de la loi fondamentale, mise en péril du Parti et tout le diable son train. D'où la balle méritée dans la nuque sur la place du marché à 11 heures du matin. Qui peut rester tremblant devant pareil défi ?


On peut aimer la Chine, sa culture trimillénaire intacte, son art de vivre spécifique, adorer les Chinoises, tout en gardant les yeux ouverts sur une oppression politique que rien ne fera mollir désormais. Une dernière remarque pour la route : quand le prince-héritier Xi Jinping fut confirmé au 18ème Congrès (en 2012), la victoire de la ligne d'ouverture libérale commencée par Deng Xiaoping était scellée contre la coterie néo-maoïste qui poussait vers la magistrature suprême le charismatique prince-héritier Bo Xilaï, empereur-maire de Chongqing. On peut douter que celui-ci (aujourd'hui en prison) aurait osé aller aussi loin dans la réhabilitation d'une discipline d'un autre temps autour de préceptes intangibles ayant fleuri sous la Révolution culturelle, et pour ce qui concerne l'étranger, dans la promotion d'un impérialisme à découvert sur toute l'Asie du sud-est. Comme quoi, la fonction créé l'organe.


samedi 25 novembre 2017

Angela Merkel nous plante !

L'hémicycle du Bundestag d'octobre 2017 ci-dessous montre à l'évidence que la coalition de Mme Merkel est très minoritaire, et plus encore si l'on sait que seulement 200 sièges sur 709 lui appartiennent en propre, 46 étant détenus par la CSU bavaroise. Si elle demande de nouvelles élections c'est parce qu'avec un noyau dur de 28,21% elle ne peut "menacer" aucune formation concurrente et qu'elle espère améliorer sa communication de campagne sur les thèmes qui bloquent, dont l'invasion consentie n'est pas le moindre. La démocratie parlementaire dans tous ses états.

Voir l'analyse des services du Bundestag en cliquant ici

Croit-elle améliorer ses positions dans un nouveau scrutin qui ne pourrait intervenir avant Pâques ? Rien ne l'assure d'expérience puisque la République fédérale n'a jamais été confrontée à cet émiettement démocratique depuis le régime de Weimar, et sous le regard amusé d'une extrême-droite à 92 sièges dont les motifs d'élection n'ont ni disparu ni faibli. D'aucun pensent à l'inverse qu'avec une participation très honorable de 76% en septembre, de nouvelles élections ne feront pas bouger les lignes suffisamment pour relancer les dés. Une reconduction de la coalition sortante ne produira pas la même politique car Martin Schulz n'y est pas à l'aise. La CSU sera tentée de durcir le ton et le SPD de se gauchiser pour offrir une réelle alternative au régime patriarcal rhénan. Une coalition reconduite, malgré l'hémorragie des voix, pourrait s'entendre sur toute une série de mesures mais devrait aller au Bundestag pour arbitrer librement les antagonismes qui surgiront immanquablement au conseil des ministres. Ce ne sera plus du tout la même gouvernance. Il faudra en permanence convaincre, démontrer, prouver, ce qui affaiblira la chancelière.

Le pronostic est que la carrière d'Angela Merkel est en phase terminale. Elle n'est plus la solution mais le problème¹. Le doute à ce niveau est un ferment de désintégration de la coalition démo-chrétienne où vont s'éveiller des sauveurs. Quoiqu'il en soit le charme est rompu et avec lui l'autorité naturelle de la Chancelière, tant au plan intérieur qu'au niveau européen.

Mutti devrait avoir la sagesse de quitter la scène et laisser les autres s'arranger sans elle, bien que la politique soit toute la vie de ce parfait caméléon, opportuniste en diable², élevé et marié deux fois dans le monde universitaire, sans enfants à elle. On devine le crèvecœur que représente ce genre de décision à seulement 63 ans. Quant à l'Allemagne ?
Les tirages augmentent, les radios-télévisions montent le son, mais la Deutschland AG s'en bat lec ! L'usine tourne à fond, les carnets de commande sont pleins, le chômage est au taquet, les soutiers affluent de partout, le fric rentre comme jamais. Alors la politique, vous savez... L'Allemagne n'ira pas plus mal, de quoi pousser Jean-Luc Mélenchon au bouillon de ciguë !


Mais c'est bien à Paris que les choses se compliquent. "Houston, on a un problème !".
Le plan Macron, qui malgré un savant emballage ne visait rien d'autre que l'émission d'eurobons de mutualisation des pertes sous une forme sophistiquée, est plus qu'en péril. Les Libéraux n'en veulent pas, mais pas qu'eux. Pourquoi dépenser le bon argent teuton à sauver la république des cochons français qui se vautrent dans leur bauge collectiviste ? D'autant que les promesses de redressement structurel se font attendre. Même Bruxelles en doute de plus en plus, qui annonce la non-conformité du projet de budget 2018 et suppute un magouillage futur pour sortir de la procédure de déficit excessif, qui nous est appliquée comme aux mauvais élèves de la classe européenne.

Si l'Allemagne fait défaut sur l'engagement merkélien, le château de cartes de la réforme européenne qui sauverait la France par injection de crédits européens d'investissement s'écroule, puisqu'il était convenu d'amorcer quelque chose à Paris pour pouvoir revenir à Berlin aux petits-déjeuners de la Chancellerie du Reich. La complicité, feinte ou réelle, entre les deux parrains de l'Europe n'aboutit pas. Encore moins si les Libéraux du FDP entraient dans la coalition jamaïcaine. Et on ne va pas tarder à ressentir un frisson d'excitation chez le groupe de Visegrád renforcé de l'Autriche, comme en éprouvent des colonies avant l'indépendance ; mais aussi chez les bons élèves efficaces en gestion publique, négligés pour leur moindre taille par la team'com de l'Elysée, que sont les Pays-Bas, le Danemark, la Suède et la Finlande, la vieille Hanse en sorte.

En résumé et pour la France, qui est, je le répète, notre souci, les réformes courageuses du code du Travail et du système de formation professionnelle ne sont, vues d'ailleurs, que du simple bon sens qui a bien trop tardé chez le "pays qui sait tout". Elles ne peuvent cacher longtemps la perpétuation du cancer français avec son armée de feignants sur crédits publics, ses régimes communistes spéciaux, ses caisses vides. L'aura du sémillant président que le monde nous envie pourrait rapidement pâlir sans le soutien de l'Allemagne. Si le pronostic du retrait définitif d'Angela Merkel se confirmait, son successeur se ferait, n'en doutons pas, un plaisir de remettre en cause les facilités accordées au beau baratineur français, notre Justin Trudeau à nous, pour replacer la France face à sa gabegie éhontée. Contrairement à bien d'autres pays européens (Grèce comprise) nous n'équilibrons même pas notre budget primaire (avant service de la Dette) en écrasant le pays d'impôts et taxes ; de quoi recevoir un jour à la table du Conseil européen le fameux ¡cállate!³ du roi d'Espagne à Hugo Chavez. Ainsi disparaîtrions-nous du cercle décisif comme sous la présidence Hollande et nous n'accéderions même pas à la couronne de Reine des Gitans, lesquels sont bien meilleurs en gouvernance sans nous ! Ciel sombre pour une République soviétisée toujours en retard sur ses voisins !
(vendredi 24.11.2017)

Note (1):
Le président SPD Steinmeier consulte à tout va mais la répartition des sièges parle d'elle-même : tous les groupes sont en position de chantage. Les voici par ordre décroissant :
  • CDU (démocratie chrétienne) : 200
  • SPD (gauche sociaux-démocrates) : 153
  • AfD (extrême-droite) : 92
  • FDP (libéraux) : 80
  • Die Linke (gauche radicale) : 69
  • Les Verts (RFA charbon et RDA lignite) : 67
  • CSU (sous-groupe démo-chrétiens bavarois): 46
  • Non-inscrits : 2
  • Total 19è législature : 709 sièges
On remarque que l'alliance hypothétique des gauches et des verts (153+69+67=289) dépasse l'alliance CDU+CSU (=246). La majorité étant à 355, chaque coalition convoquerait 66 sièges dans le premier cas et 109 sièges dans le second. Plutôt que la coalition jamaïcaine de Mme Merkel menacée du chantage permanent des Libéraux, c'est un gouvernement minoritaire des gauches qui serait logique avec les résultats électoraux de septembre. Que fait M. Steinmeier ? Cherche-t-il 66 réponses ou 109 ? Ou les 153 permettant de reconduire la coalition sortante ?

note (2) : lire l'article d'Odile Benyahia Kouider dans L'OBS en cliquant ici.

Note (3) : La ferme !

lundi 20 novembre 2017

Acqua Alta au Grand Canal

Venu voir la grande marée d'automne qui préfigure le naufrage d'une cité promise au fond depuis toujours mais qui jamais ne sombre, je m'étonnais d'entendre derrière les carreaux la pulsation du Grand Canal dont on ne distinguait plus au bord que les pieux de quai dans la lumière grise du soir. On eut dit que la ville se lavait dans un immense bidet. Les palazzi éclairés qui dansaient sur l'eau participaient de cette éternité vénitienne que rien ne trouble, un miracle unique au monde. Et mon portable tinta. Quelqu'un rompait le charme pour me rappeler qu'on était vendredi et que rien n'était fait pour le billet promis :

Si jamais un consensus monarchique se fait en France, je ne l’imagine pas passéiste, mais au contraire éblouissant de nouveautés (Vladimir Volkoff dénoncé par Cheyenne Carron).

Et c'est bien là que tout commence !

Les royalistes français sont-ils un obstacle à la restauration monarchique ?
Question subsidiaire : pourquoi cela n'a pas vraiment d'importance ?

Soyez concis, je ramasse les copies dans trois quarts d'heure.


Le royalisme français est-il capable de porter un projet monarchique gagnant au XXI° siècle, c'est la question que ne se posent plus la majorité de ceux qui furent un temps et souvent demeurent, monarchistes. Non. Si le principe prime le prince, il n'a aucune concurrence de ce côté, les descendants de la vieille dynastie sont largement under average et le savent, mais les chapelles veulent ignorer ce défaut dirimant des projets royalistes !

Les chapelains pourraient brandir une autre citation de Vladimir Volkoff : Le discrédit des valeurs traditionnelles est destructeur de l'identité d'un peuple, même sans mauvaises intentions de la part d'un tiers (VV in La Désinformation), sauf que les valeurs traditionnelles du pays ne gisent pas toutes dans ce qui procède aujourd'hui des derniers Capétiens. La nation a expulsé de son corps une race finie et à défaut d'avoir pu la remplacer par une dynastie nouvelle aux yeux grand ouverts, instruite et décidée à commander, elle a dû se débrouiller pour faire avec ! Avec rien. Avec elle-seule ! Avec un régime pour lequel elle ne fut jamais faite, sauf à périr comme en 40. Elle va depuis lors comme un bateau sans capitaine de Charybde en Scylla jusqu'à attendre sans même y croire sa submersion par des peuples jeunes et pleins de vie, qui peut-être l'enterreront, du moins s'ils ne s'intègrent pas dans la matrice française. Nous en doutons de plus en plus. Dans Peuples & Patries Nietzsche n'anticipait pas la négrification de l'espace français mais sa probable germanisation sous la pression démographique, suivie d'une assimilation. Il fondait sa réflexion sur les valeurs éternelles de la France, mère de toutes les civilisations à l'ouest de l'Oural, et nous croyait capables de liquéfier le Hun, de digérer la barbarie importée. Il ne savait rien bien sûr des temps actuels et serait étonné de voir aujourd'hui qui digère qui. Mais sous la république faillie, à moitié dévorée, les valeurs sont toujours là ; il suffirait pour les sauver d'y ajouter la force de les défendre en imposant leur apprentissage, mais l'Etat nous tuerait plutôt, tant l'Ailleurs qui vient de loin a beau mentir !

La plus reconnue de nos valeurs est la finesse d'esprit portée par une langue mathématique qui l'améliore ; un art consommé aux fourneaux ; puis une certaine frivolité jusque dans le malheur qui permet de renaître ; un furieux enthousiasme à l'assaut malgré l'indiscipline génétique gauloise ; une prodigalité générale mâtinée de générosité ; un caractère inventif ; l'amour éperdu des chevaux et des femmes qui nous le rendent bien. Cette nation est faite d'ingénieurs-escrimeurs galants. Elle mérite sa perpétuation.


Pourquoi la monarchie est-elle la solution ? Pourquoi le retour de l'ancienne ne l'est pas ?

D'abord et surtout parce que dans le tumulte de la mondialisation, notre nation au tempérament dispersé a besoin de tenir le cap sur la longue durée si elle veut se retrouver en elle-même à la fin de la grande guerre des migrations. Mais tenir le cap, ce n'est pas résister aux éléments cramponnés à la barre comme le Cdt Delage sur le Danton, mais les créer ! Ceux qui ont lu l'histoire de France de Jacques Bainville savent que le pays avança autant que le roi tirait le char. Dès qu'il y montait pour se laisser conduire, ça partait en tous sens. Les Lois n'ont pas toujours choisi un Louis XI au moment décisif. Quand il eut fallu un politique amoral, elles nous offrirent Louis XVI le pieux. Malheureux roi qui porte une part de responsabilité dans la mort du principe parce qu'il ne sut prendre à bras-le-corps la Révolution annoncée par les meilleurs esprits du temps (qu'il avait lus en plus). Il disposait des hommes pour le faire et aurait pu acheter ceux qui lui manquaient. Dominer la Constituante en l'abreuvant de réformes pour lui montrer que l'imagination était au pouvoir (selon une formule récente) aurait consolidé sa fonction nouvelle. Tout changer, que rien ne change ! La plupart sinon toutes les réformes votées pendant ces deux années de transition étaient dans les tiroirs des ministres des trois derniers rois de France dont lui-même. Il fallait oser. Il préféra une carrière de saint que Rome ne canonisa pas, bien qu'il ait refusé la constitution civile du clergé qui participait du démontage de la charpente féodale mais demeurait subalterne en politique.

Si Louis XVIII parvint à recoller les morceaux d'une nation fatiguée, son frère Charles X n'osa pas être intelligent ; son propre fils Angoulême était un chevalier pré-Renaissance avec une belle tenue au feu mais moins attentif à la nation ; son neveu Chambord n'osa jamais quoique ce soit de plus que la chasse et un voyage discret à Versailles pour attendre les ordres de la chambre des députés. Du côté de l'Usurpation, on avait fini couleur muraille, claquemuré dans une masure à guetter la malle du Havre et embarquer incognito pour l'Angleterre. Cette dynastie passée par pertes et fracas dans trois guerres civiles devint une étude notariée où se pèsent les droits de chacun à régner sur du vent. La querelle actuelle entre Bourbons d'Espagne ou de partout et les D'Orléans de Juillet est le parangon du ridicule, puisqu'il s'agit de départager qui portera jamais une couronne que personne n'a les moyens (ni peut-être l'envie) de rapporter.

C'est quoi déjà le scénario du film ?

Feed your King
Il sera une fois quelqu'un de plus intelligent que la moyenne, qui ressentira un amour profond du pays où il vit, la France, et qui construira le projet de le maintenir au premier rang des nations sur un demi-siècle. Outre un esprit supérieur et une résilience à toute épreuve, il aura prouvé des capacités de leader et des compétences d'innovation dans les domaines du futur, ceux qui donneront forme demain aux civilisations de cette planète. Afin de poursuivre le projet national jusqu'à son terme, on lui laissera du temps sans autre limite que celle de sa vie ou de son propre mental. Et cerise sur le gâteau, il emportera l'enthousiasme, non des foules, mais de tous les innovateurs qui comptent en son "royaume". Y reconnaissez-vous quelqu'un ? Moi, pas pour l'instant ! Mais c'est bien celui-là que j'attends, sans compter sur la "Providence" que je suis las d'espérer.

Bien sûr nous entrons dans un monde quantique où les mathématiciens français ont une place éminente, mais on me dit aussi dans l'oreillette qu'Elon Musk lance un tracteur semi-remorque électrique de 40 tonnes et 500 milles d'autonomie. Tiens, un Français, Alain Thébault, va lancer sous régime VTC un taxi hydroptère Sea Bubble sur la Seine à Paris pour décongestionner le trafic. Uber et la NASA planchent sur un taxi volant sans pilote pour s'approcher du Cinquième Element de Luc Besson. Des licornes françaises performantes sautent dans le grand bain des GAFA (clic). Mon neveu est une pointure dans l'intelligence artificielle de la Silicon Valley. Les exemples de réussites françaises sont nombreux (ESA, Airbus Group...). Les pépinières innovatrices sont pleines. C'est dans le vivier de l'intelligence que l'on doit puiser les éléments du renouveau national, sans chercher à répéter des schémas perdants (les royalistes ont le choix) ni à suivre des parcours encombrés de renonciations honteuses comme les fameuses "carrières" politiques. On peut avoir une évocation concrète de cette révolution culturelle dans le succès inattendu d'Emmanuel Macron, même s'il n'a pas tracé à l'équerre l'épure qui nous sera indispensable pour continuer avec les autres grands pays. Mais ce sera un bon début pour nous s'il parvient à mettre en décharge les termites insatiables de la république obèse puis de comprimer la voracité de l'Etat ramené au régalien.

Est-ce pour autant l'homme providentiel qu'attend la France ? Oui, en un sens, à cause du vieux fonds gaulois, et c'est pourquoi le scrutin présidentiel donne au pays parfois un homme différent de la sélection autorisée, parce qu'il est désespéré et joue son va-tout. L'époque n'est plus à Cincinnatus ou au général Boulanger mais plutôt à Solon d'Athènes, un visionnaire constructif ex-nihilo. Un autre exemple plus proche de notre obsession nationale est Vladimir Poutine qui a ramassé la vieille Russie au ruisseau et l'a ramenée à la table des décisions, au prix d'un despotisme intérieur pas toujours éclairé mais efficace, ce qui lui vaut la reconnaissance des Russes humiliés. Notre pays a beaucoup d'atouts, outre sa légendaire beauté, mais consomme son capital en bien-être indu au lieu de l'augmenter pour le faire fructifier. Il faudra une main de fer pour rompre l'accumulation des facilités à compte d'autrui, autrui étant les enfants de nos enfants. Honte !

Comme nous l'ont montré les trente dernières années du déclin français, nous attendrons d'être rendus aux dernières extrémités pour donner l'exequatur au vidangeur de toute cette merde ! Cela ne se fera pas sans larmes de sel parce que la "longue maladie" est bien trop avancée parmi la nation. Elle a métastasé dans les propres cerveaux de ceux qui la dénoncent pour l'extirper, même le mien ; je m'en rends compte à l'occasion par des réflexes pavloviens de collectivisme, acquis au fil de l'immersion sociale, que je combats quand je me réveille ensuite.

L'avenir pourrait aussi s'écrire en deux temps et deux personnages : nettoyage à l'acide d'une démocratie usée et construction d'une France nouvelle par l'aristocratie scientifique du moment qui nommerait... peut-être un Doge, même si un prince de tradition issu de la génération montante faciliterait le plébiscite de la nation en transmettant dix siècles d'histoire. Les voyages forment la jeunesse s'ils déforment le pli du pantalon.


FIN


Reste plus qu'à attendre la note !




lundi 13 novembre 2017

Le coup mou catalan

Le royaume au sang noir a la chance d'être gouverné par une médiocratie périphérique qui le sauve des rusés et autres habiles en agitation, propagande et victoire. Avec 43% d'indépendantistes déclarés en Catalogne, Lénine en aurait fait une bouchée.

Carme Forcadell, parlement de Catalogne
Ne doutant de rien, c'est pourtant ce vieux schéma que choisirent les catalanistes dès l'instauration de la Communauté autonome il y a quarante ans. Laver les cerveaux des générations montantes aux souffrances d'une République injustement vaincue, imposer par tous moyens une langue locale entendue de soi-seul, purger l'université des tièdes, multiplier les passe-droits aux pensent-droit, s'envelopper de la toge démocratique tout en travaillant les scrutins, exciter l'oppression franquiste en continu, et dans la pleine arrogance du sot, ignorer les avertissements de Bruxelles et Madrid. Le Parti communiste français suivait pareil schéma soviétique dans les années cinquante, c'est peu dire qu'il s'est planté, la société avança sans lui !

Dans ces circonstances dramatisées à outrance il fallait des pointures à la manœuvre plus qu'au pupitre. A part la tchache on n'a rien vu de probant. Embastillés sans résistance aucune, les ministres ont fini par "abjurer" leur foi et déclarer qu'ils œuvreraient désormais dans le cadre de la constitution espagnole de 1978 s'ils continuaient jamais à faire de la politique (mort de rire !). La présidente du Parlement de Catalogne a plié devant la Fiscalia, payé 150000 euros pris sur les dons et cotisations populaires, pour rentrer chez elle faire des tartes aux poires à ses gosses. Mais le plus beau est la fuite en Egypte du président de la République nouvelle, esquivant les sicaires d'Hérode !

Soraya de Santamaria
gouvernement de la Generalité
Justement, puisqu'on parle de Mariano Rajoy, revenons au principal. C'est un politicien très moyen avec une petite licence en droit de Galice, ayant grimpé les échelons dans l'écurie du phalangiste José María Aznar. Il tient dans son fauteuil comme bouche-trou de la charge de président du gouvernement afin que nul ne s'en empare parmi la classe politique espagnole passablement déconsidérée. Dans l'affaire catalane, après les semonces d'usage, il a malgré tout le mérite d'avoir écrit la jurisprudence des décrets d'application de l'article 155 de la constitution, inédit jusqu'ici, dont les termes vagues laissaient place à toute interprétation.
Ceci fait, il a passé la patate chaude à l'institution judiciaire qui, elle, ne fait pas de politique mais comme la Sainte Inquisition de jadis, applique des textes sans grand discernement, ce qui a fait peur aux catalanistes emprisonnés, menacés de trente ans de cage par un tribunal de lézards à sang froid. Derrière la présidente du Parlement de Catalogne, Carme Forcadell, ils ont tous levé les deux bras comme les Panoupanou du Congo, promettant de rester en pensées, en paroles et en action au sein du royaume honni. Bien qu'ancienne présidente de l'ANC (Assamblea Nacional Catalana) et égérie indiscutée du mouvement de libération catalan, elle n'a pas osé participer à la manifestation monstre de samedi dernier à Barcelone pour exiger la levée d'écrou de huit capitulards du gouvernement Puigdemont et des deux Jordi enchaînés à leur obstination séditieuse qui fait d'eux les bons lampistes. Reste le Dalaï Lama !

Ada Colau, alcade de Barcelone
Depuis la Belgique où il est assigné à résidence, Carles Puigdemont appelle au front patriotique pour les élections législatives du 21 décembre, mais les pertes de charge en ligne obèrent tout rassemblement des partis unis dans la précédente législature. Il lui faudrait être dans les couloirs du mouvement pour convaincre les uns et les autres d'une synthèse hollandienne, en dépit du fait qu'il ait fui comme un péteux, laissant tout le monde affronter la Santamaria. La CUP voulait récupérer sa posture révolutionnaire "sans frais" contre les partis bourgeois qui l'ont trahie, mais les militants chauffés à blanc ont forcé hier le politburo à aller aux élections ; les autres partis catalanistes veulent chacun compter leurs voix et iront dispersés tandis que l'alcade (Podemos) de Barcelone, Ada Colau, n'a pas assez d'insultes en rayon pour stigmatiser l'irresponsabilité des dirigeants indépendantistes qui ont joué avec la Catalogne jusqu'au "désastre" (sic) !

Comme Royal-Artillerie le suggère depuis le début de l'affaire, c'est le fric et le travail qui seront juges en dernier ressort. Les révolutions identitaires ou prolétariennes sont impossibles dans un monde brassé comme le nôtre, qu'on le regrette ou pas. Sauf imparable sursaut de la cause indépendantiste lors du scrutin 21-D, mais il faudrait dépasser 60% des sièges pour que ça fonctionne, la Catalogne va entrer en grand carénage à la Noël. Puisse le peuple pour moitié dégoutté, comprendre l'impasse d'une nostalgie romantique non étayée par les réalités de notre époque, même si le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point (Pascal). Le peuple fut sincère. Ses dirigeants n'étaient pas de taille (pour rester gentil); comme le dirait encore Marie-France Garaud : "nous attendions le marbre dont on fait les statues, c'était de la faïence à bidet".

On peut sur ce blogue poser la question au prince Louis-Alphonse de Bourbon, madrilène de souche et français de racines : « Qu'en pensez-vous franchement, Monseigneur, face au soleil levant ? »


Pica del Canigó 2784m



Catalunya triomfant,
tornarà a ser rica i plena.
Endarrera aquesta gent
tan ufana i tan superba.

Bon cop de falç !
Bon cop de falç, defensors de la terra !
Bon cop de falç !

Ara és hora, segadors.
Ara és hora d'estar alerta.
Per quan vingui un altre juny,
esmolem ben bé les eines.

Bon cop de falç !
Bon cop de falç, defensors de la terra !
Bon cop de falç !

Que tremoli l'enemic,
en veient la nostra ensenya.
Com fem caure espigues d'or,
quan convé seguem cadenes.

Bon cop de falç !
Bon cop de falç, defensors de la terra !
Bon cop de falç !

Bataclan 2017

Très réticent à ramener ma fraise sur la commémoration de la tragédie du Bataclan ainsi qu'on la nomme pour désigner l'attaque islamiste des terrasses de café et du music hall éponyme le 13 novembre 2015, je succombe néanmoins à une sourde colère au spectacle d'une "compréhension" des causes, qui va jusqu'à laisser dire à une journaliste de Mediapart que "l'islamisme n'est pas un phénomène grave".

Au plan des statistiques froides, c'est vrai, la route tue plus que l'islamisme. Mais la lutte contre le carnage routier est incessante et s'accompagne de mesures de plus en plus sévères ou contraignantes comme le nouveau contrôle technique de 2018 ou la multiplication des radars fixes non signalés et des radars embarqués. A dire vrai, la lutte contre l'islamisme radical (paraît-il que l'intégrisme n'en fait pas partie) me semble vraiment cool et n'atteint que les cons ! C'est d'ailleurs cette indicible connerie qui nous sauve ; seraient-ils intelligents qu'ils nous dévasteraient. On ne va pas expliquer ce point ici, évidemment !!! Le film anglais Four Lions a tout dit en son temps (2010).

Des structures d'intelligence richement dotées sur fonds publics réfléchissent aux causes et conséquences de ces évènements, et pour ce qu'en donnent les rapports qu'elles diffusent, il s'agit plus entre elles d'un concours de compilations que de recherche des remèdes. On les appelle "think tank" mais où est le "think" dans tout ça.
On ne se trompe pas si on énonce une seule vérité qui écrase toutes les autres : la haine de nous. Ces gens recuisent dans leur cœur une haine de nous, Français et occidentaux, depuis l'enfance parfois comme l'a démontré le procès d'Abdelkader Merah. Tout le reste en découle mais c'est bien cette haine incandescente la source originelle de leurs abominations.

L'islamo-gauchisme français a bien détecté cette source mais pense y remédier en nous faisant aimer d'eux. C'est puéril ou naïf. La haine recuite ne s'étanche jamais ! Inutile de les "comprendre", eux ne le veulent même pas et resteront sourds à nos explications, faveurs, repentirs, bougies et peluches ! Bizarrement ce sont les femmes nées en milieu musulman qui ont compris la niaiserie de l'islamo-gauchisme et je suis heureux de ne pouvoir les citer toutes tant elles deviennent nombreuses, à l'exception de Wafa Sultan qui la première à ma connaissance, avait parfaitement décortiqué dès 2009 la morbidité de l'islam dans son fameux A God Who Hates.

Si j'avais la recette pour venir à bout de la haine islamiste à notre endroit, je la vendrais et serais riche. A défaut, il y a quand même des précautions simples qui n'exigent pas de réviser la constitution ni de promulger des lois tapageuses (donc aucune gloire politique, hélas) :
- Ne pas naturaliser des gens qui n'ont pas démontré leur respect du pays ;
(donc pas de naturalisation sans casier vierge (jamais chargé) et avis motivé de la DGSI)
- Déchoir de leur nationalité les combattants français de groupements armés hostiles (art. 25 du Code civil à lire ici). Contourner le risque d'apatridie en créant une nationalité exotique comme on le fait des pavillons de complaisance ; les Kerguelen c'est bien !
- Lutter intelligemment contre les discours de haine qui sont le fonds de commerce de certaines associations comme le PIR, mais il y en a beaucoup d'autres non déclarées. J'ai la recette mais je ne la donne pas !!!
- Rendre la vie impossible aux semeurs de haine en les poussant à l'expatriation, comme l'a pratiquée l'Algérie avec succès après le putsch de 1991. Renseignez-vous, moi je sais déjà !
- Muscler encore plus le renseignement avec les pays originels qui partagent le même intérêt que nous dans l'éradication des malfaisants.

Cela fait-il "intellectuel" de rajouter qu'il serait temps que l'institution judiciaire prenne la mesure du désastre social auquel aboutit l'absence politique de toute gestion de la haine ? Alors je le dis. La Justice porte un lourde responsabilité dans le mépris que manifestent certains groupes délinquants à l'endroit des services publics dont profitent leurs familles.

D'aucuns diront que ce blogue ne manie que la répression et ignore la prévention. Oui, aujourd'hui, 13 novembre ! Au Bataclan, tandis que la Préfecture de Police peinait à réunir en plein Paris des moyens lourds (voir le rapport Fenech à partir de la page 53), les enfants perdus de la république éventraient, étripaient, émasculaient, énucléaient, égorgeaient les blessés au nom d'un Dieu qui les vomit sans doute. Mais cela il n'est bon ni de dire ni de voir ! On va demander des explications aux think-tanks. Les âmes des victimes reposent-elles en paix ? J'en doute !


le massacre enfoui

samedi 11 novembre 2017

Le Danton (1909-1917)

Les billets commémoratifs de Royal-Artillerie publiés pour le onze novembre n'ont jamais fait sa part à la Marine nationale. Voici pour l'avant-dernier, une évocation des batailles navales de cette année 1917.

La Mission du Centenaire recadre la guerre maritime à l'intérieur d'une note donnée par le professeur Frank :

« Les batailles en mer sont moins sanglantes mais décisives en 1917. La bataille du Jutland de la fin mai 1916 avait confirmé l’incapacité de la marine de surface allemande face à la supériorité de la marine britannique même si celle-ci avait subi des pertes plus importantes dans cet affrontement naval. Au blocus maritime infligé par la Grande-Bretagne qui provoque de graves pénuries, préjudiciables à ses industries de guerre, à son ravitaillement et au moral de sa population, l’Allemagne répond par l’attaque des navires de commerce par ses sous-marins. En janvier 1917, elle décrète même "la guerre sous-marine à outrance" dont les premiers succès sont indéniables. En avril, plus de 860000 tonnes de bâtiments marchands sont envoyés par le fond. Après les empires centraux, les alliés connaissent donc à leur tour de sérieux problèmes de ravitaillement. Mais, le Royaume-Uni, avec l’aide des Américains, gagnent cette bataille de l’Atlantique en organisant des convois pour protéger les navires civils. Les pertes tombent à 400000 tonnes en décembre et à 300000 au début de l’année suivante. La dissymétrie est rétablie : les pénuries frappent plus durement l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie que la France ou la Grande-Bretagne. Surtout, même si les Allemands en ont mesuré le risque, la guerre sous-marine provoque l’entrée en guerre des Etats-Unis contre eux.»

Ah, les aquarelles de marine !

La France avait laissé l'Atlantique orientale et la Mer du Nord à la Royal Navy pour mettre ses plus gros moyens navals en Méditerranée afin de protéger ses convois coloniaux et le débouché du canal de Suez. En Méditerranée la 1ère Armée Navale fit face aux marines des empires centraux et jusqu'en 1915 à la marine italienne. Les Austro-hongrois opéraient à partir des ports de l'Adriatique-nord comme Trieste et Pola (à la pointe de l'Istrie) où ils hébergèrent deux croiseurs allemands venus en renfort.

Une curiosité d'abord : En avril 1917 arrive à Malte le contre-amiral japonais Kōzō Satō sur le croiseur Akashi avec deux flottilles de quatre destroyers japonais (9 navires en tout) pour libérer la Royal Navy de ses missions d'escorte au commerce. L'Akashi était un croiseur de la classe Suma sur plans japonais (post-Bertin) mais surentraîné par les dommages subis lors de la guerre russo-japonaise de 1905-1906, croiseur qui avait fait entre autres la bataille de Chemulpo, le blocus de Port-Arthur, la bataille de Tsushima, jusqu'au blocus de Tsingtao en 1914. Le 1er juin, une troisième flottille de quatre destroyers rejoint Malte derrière le croiseur Izumo qui relève l'Akashi. Fin 1917, la Marine française se fait livrer à Port Saïd douze destroyers de fabrication japonaise du type Kaba. Elle avait déjà acheté 34 chalutiers nippons en 1916 pour les transformer en patrouilleurs. Même si les choses se gâteront plus tard, il y avait à cette époque une proximité certaine entre les militaires français et nippons, depuis Napoléon III en fait. L'ingénieur naval Emile Bertin (1840-1924) travailla quatre ans aux arsenaux nippons pour construire la flotte de l'empereur Mutsuhito. Les Russes lui doivent le désastre de Tsushima où 45 navires du Czar furent coulés par les fabrications et copies "Bertin", mais surtout parce qu'il avait fait assimiler le combat d'escadre aux amiraux nippons.

Aujourd'hui nous allons évoquer la classe révolutionnaire* Danton, des cuirassés lancés à partir de 1909 dans le cadre du Plan naval de 1905. Cette série "surclassée" par les Dreadnoughts anglais fit quand même le job au convoyage et sur le barrage du canal d'Otrante ; le principe de la cuirasse compartimentée sauva des milliers de vies dont celles de l'équipage du Voltaire torpillé deux fois au large de Milos en Mer Egée, qui put rejoindre Toulon. Le Danton, premier de la série - sa fiche détaillée et ses campagnes sont ici - était un cuirassé de 145 mètres de long et 18500 tonnes, propulsé par les nouvelles turbines à vapeur Parsons donnant 22500 chevaux ; le monstre filait 19 nœuds mais était limité en rayon d'action par une forte consommation des soutes dans ses 26 chaudières à charbon. Son armement était composé de deux tourelles doubles de 305mm, six doubles de 240, seize canons Schneider de 75, dix canons rapides Hotchkiss de 47 et deux tubes à torpilles de 450mm.

Le cuirassé Danton, escorté par le contre-torpilleur Massue (un bâtiment de la classe Claymore lancé à Toulon en 1906 avec des tubes de 450mm, commandé par le Lieutenant de vaisseau Cantener), appareilla de Toulon le 18 mars 1917 à 17h30 pour Corfou avec 946 officiers, officiers-mariniers, matelots d'équipage et 155 marins passagers rejoignant leur bord en Adriatique. Le signalement de sous-marins ennemis en Mer Tyrrhénienne obligea le commandant, capitaine de vaisseau Delage, à modifier sa route en choisissant la côte occidentale de Sardaigne plutôt que de doubler le Cap Corse vers Messine, et à se prémunir contre toute surprise en doublant ses vigies ; le convoi avançait en zigzag ; ce qui ne suffit pas.

Au milieu de la journée du lendemain (rapport du naufrage ici), par brise de nord-ouest, mer clapoteuse peu "lisible", au large de l'île San Pietro à la pointe occidentale de Sardaigne, la vigie de hune signala un sillage suspect à 500 mètres seulement. Un coup de canon de 47 fut tiré au jugé. A 13h17 selon la radio, le Danton recevait par son bâbord avant sous la chambre de commande de la tourelle de 305 puis en plein flanc au niveau des machines contre la chambre des dynamos, deux torpilles allemandes du sous-marin U-Boot 64 (Kapitänleutnant Robert Moraht - 1884-1956) qui sera grenadé et canonné ensuite le 17 juin 1918 par HMS Lychnis.

Le commandant Delage engagea le combat, mais les équipements électriques tombaient en panne les uns après les autres, jusqu'à la barre qui devint inopérante. Le contre-torpilleur qui ouvrait la route rebroussa chemin pour grenader le submersible. Dix minutes passées, le navire commençait à donner de la bande et les potences électriques des canots étaient inutilisables. L'équipage évacua sur ordre en se jetant à la mer pour rejoindre le Massue et un peu plus tard les chalutiers accourus sur zone. La ceinture d'acier alvéolée donna le temps nécessaire au Danton pour évacuer son équipage mais c'est l'honneur qui engloutit le commandant qui refusa de quitter la passerelle. Il y eut 296 morts, congestionnés ou noyés. Le grand Danton mit une demi-heure pour chavirer sur son bâbord et partir au fond, Delage restant cramponné à la passerelle criant "Vive la France". Ironie du sort : Delage était sous-marinier dans l'âme, ayant commandé auparavant le Gymnote, le Gustave-Zédé puis la 1ère Flottille sous-marine de Toulon en 1909.


Mais Joseph Delage (1862-1917) était plus que cela : il sortit de l'Ecole navale à dix-huit ans. Après une carrière dans l'Empire comme à l'Hôtel de la Marine à Paris, il entre en guerre à la tête du 1er régiment de fusiliers-marins et toujours devant aux combats d'Ypres, de l'Yser et de Dixmude, il est blessé le 23 octobre 1914, ce qui ne le prive pas de commander encore la manœuvre... Bref, un sacré tempérament de gaulois indestructible. On le retrouve en photo en août 1915 dans les tranchées à Furnes en conversation avec l'amiral Ronarc'h... puis il embarque à Toulon sur le Danton à la Noël 1915.

Des sondages hollandais pour un tracé de gazoduc repérèrent la gigantesque épave en 2008 par plus de mille mètres de fond. Bizarrement la descente du navire l'avait fait dériver de plusieurs nautiques, les coordonnées de 2008 ne correspondant pas à celles de 1917 (25 milles au SW du phare de Capo Sandalo), ce qui nous indique qu'il avait une carène fluide. La Marine de guerre perdit 19945 marins auxquels s'ajoutent 3200 marins au commerce (source Paul Chack). Quant à la brigade de fusiliers-marins de l'amiral Ronarc'h qui combattit sur l'Yser, elle fut consommée en totalité en seize mois (6500 hommes) selon ses propres mémoires. A l'armistice de 1918, les pertes matérielles françaises totalisaient 4 cuirassés, 5 croiseurs, 6 croiseurs auxiliaires, 23 contre-torpilleurs, 13 sous-marins, 75 avisos, patrouilleurs et chalutiers réquisitionnés. La guerre maritime ne s'achèvera pour la Royale qu'en mai 1919 quand cesseront les opérations de supériorité navale prévues en Mer Noire par l'armistice de Moudros entre les Forces de l'Entente et l'Empire ottoman (30 oct 1918).


Hommage à nos marins morts pour la France !

19 mars 1917, le cuirassé Danton va chavirer par bâbord


* Six cuirassés : Danton, Voltaire, Diderot, Condorcet, Mirabeau, Vergniaud
** Source principale Marine nationale
*** Ndlr : les billets du Onze Novembre sont tous libellés "1111"


Epave du Danton latitude: 38°45'51''  longitude: 8°11'01''


lundi 6 novembre 2017

Le dilemme des Chrétiens d'Orient


- Dinanderie d'argent du VIIè siècle avec saint Julien d'Emèse à cheval -

Une exposition sur les chrétiens d'Orient est proposée à l'Institut du monde arabe de Paris jusqu'au 14 janvier 2018. Allez-y, c'est bien. Lire la présentation de l'expo par l'IMA en cliquant sur l'assiette est très instructif. Plus vieilles communautés orientales du Moyen Orient avec les communautés hébraïques et zoroastriennes, les chrétiens reçoivent l'assaut des musulmans sunnites travaillés au corps par la propagande wahhabite de l'Université et des imams. S'y joignent les barbares du califat pulvérisé et par endroit les Turcs.

Le mouvement laïque baassiste de Michel Aflak (1910-1989) qui s'étendit sur toute la Mésopotamie et influença l'Egypte nassérienne fut le seul à garantir par défaut leur place aux chrétiens d'Orient à travers, malheureusement, deux dictatures féroces que sont et furent celle des familles Assad en Syrie et Hussein en Irak.

L'amalgame est vite fait entre la manifestation de la foi et les positions de pouvoir prises par certains chrétiens dans les gouvernements ou les armées. Si l'Irak chiite a purgé complètement sunnites et chrétiens de son administration - on a vu en 2014 décamper de Mossoul son armée de "militaires" chiites payés au mois, laissant derrière elle ses arsenaux pleins -, la Syrie d'Assad a enrôlé beaucoup de chrétiens pour pallier la désertion de cadres démocrates ou carriéristes, attendant à Paris un morceau de la proie.

Le pouvoir irakien a poussé à l'exode pour redistribuer les accaparements obtenus à ses propres clients. Le pouvoir syrien, bien que dérivant de la même branche islamique (chiite-alaouite) a maintenu la laïcité de sa constitution puisque minoritaire en démographie. Même si les chrétiens furent brimés sous Hafez el-Assad pour faire sa place à la communauté alaouite, le régime de son fils ne peut se couper des dix pour cent chrétiens de la population totale, qui lui sont favorables implicitement, même s'il est régulièrement interpellé sur des réformes à faire par certains penseurs chrétiens. Le cas des églises de diverses obédiences est à part. Elles sont maintenues dans l'expression visible de leur foi comme preuve rusée d'une fonction Père de la Nation que Bachar el-Assad aime cultiver. Quoiqu'il en soit, il ne sont pas pourchassés et voit l'Alaouite comme un rempart.

On relèvera le paradoxe entre la zone d'influence russe et la zone d'influence américaine. En Syrie, s'exerce une réelle pacification multiculturelle, en Irak, le pouvoir a beaucoup de mal à cacher son parti-pris contre tout ce qui n'est pas chiite, jusqu'à lâcher les hyènes des milices Sadr sur les villes reconquises pour étancher leur soif de sang sunnite.

L'actualité oblige à dire un mot du Liban, même s'il ne participe pas à la querelle présente. Relevons juste que le premier ministre sunnite Hariri, bloqué au royaume des Séouds, aurait échappé aux sicaires du Hezbollah allié du président maronite Aoun qui s'est rangé derrière les flagellants chiites ! Le chef des Druzes Joumblat aurait préféré qu'il combatte l'accaparement du Sud-Liban par la République islamique d'Iran. Au péril de sa vie ? (Clic : actu sur l'Orient-Le Jour de dimanche 5.11.17) Le Liban est un monde à soi-seul, un chaudron où bouillonnent tous les problèmes du Proche-Orient. Qu'il soit aussi un Etat chrétien ET musulman est exemplaire si, il fonctionne, ce que certains détestent. Aussi est-il déstabilisé en permanence. Les Libanais de tous bords ont pris le parti de vivre de crise en crise. En voilà une encore avec la démission surprise de Saad Hariri, qui tiendra bien jusqu'à l'Epiphanie !

L'avenir des chrétiens d'Orient n'est pas écrit. Peut-être que la lassitude populaire devant les massacres gratuits et les destructions immenses changera les mentalités musulmanes et laissera sa place à chacun. Comme on dit, la "Rue arabe" peut aussi en avoir marre des imams et autres feignants encore en chemise de nuit à midi passé, qui ne cessent de prêcher la haine d'autrui.
Pour le moment, on ne peut compter que sur Vladimir Poutine pour éviter une reprise de l'urticaire islamiste envers les communautés orthodoxes, mais jusqu'à quand ? Ses moyens d'intervention sont limités et dispendieux. Les autres communautés chrétiennes dépendant de Rome sont moins assurées de leur survie avec un pontife particulièrement indulgent sur la mise en mouvement des masses islamiques en quête de prestations sociales meilleures qu'au pays. En attendant le beau temps, on ne perd pas son temps en soutenant l'association SOS Chrétiens d'Orient qui en plus est classée à droite toute par la presse conforme !


Autres billets de Royal-Artillerie sur la question :
- Chrétiens perdus par l'Empire (2007)
- Syrie, une laïcité sans avenir (2013)
- ND du Liban (2016)

Autres structures d'aide aux chrétiens :
- Œuvre d'Orient (Eglise catholique)
- Portes Ouvertes (Eglise réformée)


samedi 4 novembre 2017

Comme qui dirait du jour au bout du tunnel !

Où bien Carles Puigdemont est le génie méconnu que la Catalogne attendait depuis Charlemagne, sinon quelque Salvador Allende en fuite avant que Rajoy-Pinochet ne le cloue à la porte de la Moncloa ! Le fait est que l'application stricte (dura lex sed lex !) des lois sédition et rébellion dévie beaucoup d'eau vers la turbine indépendantiste.

La cote de l'indépendance catalane a monté subitement dès l'incarcération des ministres séditieux à Madrid (après celle des deux chefs ultras, les Jordi) à tel point que dans l'hypothèse d'un scrutin législatif demain dimanche, la libération de la communauté autonome l'emporterait, de justesse certes, mais l'emporterait en droit ! L'Indépendant de Perpignan publie (clic) un sondage du Centre d’estudis d’opinió (CEO) de la Generalitat en date du 1er novembre, qui donne 48,7% d'opinions pour l'indépendance contre 43,6% de non (le solde ne sait pas). En juin, les résultats du CEO étaient inversés : 41,1% pour et 49,4% contre, ce qui conduisit la coalition catalaniste à mafiater le référendum du 1er octobre.

On comprend bien désormais pourquoi les partis indépendantistes se ruent sur les élections régionales organisées par M. Rajoy le 21 décembre (à l'exclusion de la CUP anticapitaliste qui boude). Favorisés par une fusion des partis rebelles, les résultats dans la droite ligne du sondage seraient une magnifique revanche sur la dictature espagnole. Imaginez déjà la libération des martyrs de la prison Soto del Real sous le crépitement des flashes et le retour de Puigdemont en gare de Gérone avec deux drapeaux catalans croisés au nez de la locomotive !

Comment l'opinion a basculé ?

Par l'émotion ! En démocratie, l'émotion joue des tours aux raisonneurs. Bien sûr que la Justice espagnole est indépendante et applique les lois. Les gens qui tiennent les stylos de la rigueur judiciaire, comme Carmen Lamela sont irréprochables. Mais l'affaire n'est pas qu'anticonstitutionnelle malgré les avertissements explicites du Tribunal constitutionnel aux dirigeants catalans ; elle fut, demeure et sera politique aussi. Ce qu'a bien vu le président en exil au point de presse de Bruxelles mardi 31 octobre. Accordons-lui d'avoir anticipé la conversion de l'opinion.

L'émotion submerge les réalités, les cruelles vérités économiques par exemple, et emporte les cœurs vers un plébiscite pour l'indépendance. Les lendemains ne chanteront pas, mais le dicton "mon verre est petit mais je bois dans mon verre" aura l'avantage, d'une courte tête ou mieux, va savoir !

Il serait présomptueux ici de prédire ce que fera le pouvoir espagnol en cas de victoire démocratique des indépendantistes au scrutin législatif du 21 décembre. Un référendum national ? Déclencher la lourde procédure de la révision de la constitution de 1978 ? Laisser partir la belle province à la dérive ? Il est plus intéressant de s'inquiéter de l'Europe.



Comment basculera l'Europe ?

Les dirigeants européens unanimes excluent déjà la province rebelle de la Communauté. Mais ça c'est avant ! Avant le 22 décembre 2017. Les traités, directives et règles tiendront-ils longtemps à la poussée d'une libération des peuples ? Car le 22, la Catalogne Libre ne sera plus seule. La casserolade va gagner tout le continent au seul motif d'une victoire sur l'oppression des Etats-nations obsolètes pour garantir le bonheur des peuples, etc. Que cela soit très romantique, voire enfantin, n'en diminue pas la force. Les peuples ne sont pas adultes, c'est pourquoi ils ont de temps en temps des tyrans.

On peut parier que le Roussillon français va défiler et faire le plus de bruit possible, les Corses profiteront de l'embellie souverainiste, les Basques sortiront le drapeau de l'Euzkadi à Saint-Jean de Luz. Mais ce sont les régions lourdes que les pouvoirs européens peuvent craindre, au premier chef desquelles le Pays basque espagnol, l'Ecosse, les Flandres belges, la Vénétie. Si le concert de protestation contre l'exclusion est bien réglé, la Commission ne tiendra pas le choc. S'y agrégeront ensuite les régions folkloriques menées par des suceurs de roue en Bretagne, Alsace, Lombardie, Bavière peut-être pour augmenter le vacarme et la vieille Galice. A partir de là, tout peut arriver. Même Poutine peut s'introduire dans le désordre européen. Super-gag !
Un absent de marque au débat espagnol : Don Felipe régnant !


Une question transcendantale : la gare de Perpignan restera-t-elle le «Centre cosmique de l'Univers» ?



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