lundi 30 novembre 2009

La trompe alpine du muezzin

J'attendais le dessin de Chappatte dans Le Temps de Genève pour lancer ce billet. C'est bien de cela qu'il s'agit : la "grosse caricature" danoise. On frémit à l'idée des représailles islamiques envers le christianisme de la part de pays tolérants comme tous ceux du Croissant Vert ; surtout depuis que le vénéré Tariq Ramadan a légitimé par avance les réactions islamistes, et il s'y connaît.
dessin de chappatte

Plus saine a été ce matin la réaction du recteur de la Grande Moquée de Paris qui encaisse le résultat en déplorant que la communauté musulmane ait mis beaucoup trop de temps à dénoncer le fondamentalisme, du même Tariq Ramadan. Pour ma part, je suis à jeun d'avoir lu en France la condamnation islamique des islamistes (mais je ne guette pas particulièrement cette communauté), par contre résonnent encore dans mes oreilles moult explications "circonstanciant" les effets de la propagande nauséabonde des salafistes et autres wahhabites, et par l'UOIF intégriste souvent. L'affaire des caricatures danoises fut le révélateur de l'intolérance native de ce mouvement religieux. On le savait déjà sans avoir voyagé dans aucun de ces pays malades du fondamentalisme, mais on ne l'avait pas expérimenté sur notre propre sol. Les Suisses font rebondir la preuve.

trompeAinsi nos voisins confédérés ont-ils jeté la bienpensance aux orties et ont appelé un chat un chat. Ce qui ne se fait pas. Les cris d'orfraie de la presse suisse et européenne préparent la risposte politique... de la démocratie chrétienne, qui n'entend pas céder sur le juste partage des consciences. On va mettre sur les estrades médiatiques les opposants au décret d'interdiction, suisses de la plaine ou du désert, socio-européistes et surtout La Banque.
Mais chez nous, c'est l'ineffable Dr Kouchner, toujours en remorque de la politique arabe du Quai d'Orsay, qui ouvre le feu sur le vote ô combien démocratique de nos voisins : M. Bernard Kouchner s'est dit "un peu scandalisé" par ce vote suisse à la radio, vote qui constitue selon lui "une expression d'intolérance"; "c'est négatif pour ce qui concerne les inquiétudes même des Suisses parce que si on ne peut pas construire de minarets, cela veut dire qu'on opprime une religion".
Que le peuple soit quelquefois souverain dans le système républicain ne l'effleure pas une seconde. Il faut dire qu'il ne privilégie ce système que s'il lui rapporte gloire ou prébende. Ce grand olifant est de nulle part. Quelle outrecuidance de la part du chef de la diplomatie française de "juger" notre voisin qui n'obéit qu'à ses propres lois ! Napoléon pas mort !
L'identité nationale fait-elle débat chez nous ? Qu'on tranche donc par un référendum ! Question de couilles, pas plus. Vous n'y pensez même pas, comme les eunuques de la Cité Interdite, arriver aux Affaires à Paris commence par l'opération et l'enfouissement de la preuve en bocal dans une anfractuosité d'un mur du Louvre !

hannibal KEn attendant que la République française se virilise, concédons que l'argumentaire des musulmans des cantons et de leurs soutiens domestiques appelant à tolérer l'intolérant était un chiffon rouge agité devant la vache Milka. En même temps, la Grande Jamahiriya arabe libyenne populaire et socialiste bloquait sur son sol deux ressortissants helvétiques depuis cinq cents jours en représailles à l'interpellation de Hannibal Kadhafi inculpé à Genève pour esclavagisme. Ils risquent maintenant de prolonger leur séjour tripolitain même si le Bédouin suprême récuse le terme d'otages.

La constitution fédérale étant depuis ce matin modifiée par l'interdiction d'ériger des minarets en Suisse, les muezzins helvétisants seraient bien inspirés de troquer l'appel du minaret impossible par la trompe alpine, au moins feraient-ils sourire, et pourquoi pas, attireraient-ils une sympathie qui leur a manquée hier. Et pour régler une bonne fois la question, avant d'aller devant des juges à Strasbourg ou La Haye, que le Saint Siège dépose donc des permis de construire en Algérie, au Soudan, en Arabie, au Koweït, en Iran, en Irak, etc... etc.
On s'amuse comme on peut.



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samedi 28 novembre 2009

Coupole et nation


Trente tonnes suspendues à cinquante mètres (ça paraît un peu haut par rapport aux photos. ndlr), la manipulation était périlleuse. Les élus étaient donc présents pour assister à cet évènement symbolique organisé spécialement le jour de l'Aïd el Kébir. La coupole de la mosquée de Strasbourg est posée, et Dailymotion a coupé les commentaires sur cette nouvelle. Royal-Artillerie risque de devenir le blogue des mosquées si les érections se multiplient, mais pour dire quoi ? Que la France change ?...

Strasbourg est une métropole un peu spéciale dans le coeur des Français, c'est le balcon oriental d'où l'on observe le jumeau germain¹ de la nation, notre Caïn. C'est la pointe de flèche du losange français, quelque part sa virilité aussi, et même si l'architecture de la nouvelle mosquée est réussie, même si l'on peut comprendre que les musulmans résidents aient droit à un lieu de prière dont ils puissent être fiers, ... ça me heurte. Trop vieux peut-être, rassis, racorni, carci ; mes enfants ne réagissent pas, c'est pour eux un non-évènement.

clocher gothique flamboyantLa France du XIX° siècle, qui s'est perpétuée jusqu'à peu près la décolonisation de l'Algérie (années 60), ne disparaîtra pas. Mais elle partagera et partage déjà le territoire avec d'autres nations. Je dis bien "nation". Les nouveaux venus qui arrivent en présentent vite toutes les caractéristiques, famille et bagages, moeurs publiques, revendications identitaires, communautarisme forcé. C'est toute la problématique du débat actuel de l'identité nationale, qui n'est pas si électoraliste que ça finalement, puisque c'est une question de ressenti personnel. Plus j'y réfléchis, plus je réduis l'identité nationale à la carte administrative éponyme dès lors que je ne perçois plus autour de moi la "nation". Le concept d'Ernest Renan, qui devrait subir le sort scolaire de la lettre de Guy Môquet - Aschiéri en mourrait - n'était pas déjà si concret qu'il participe aujourd'hui des sciences molles. Extrait :
« Une nation est une âme, un principe spirituel. Deux choses qui, à vrai dire, n'en font qu'une, constituent cette âme, ce principe spirituel. L'une est dans le passé, l'autre dans le présent. L'une est la possession en commun d'un riche legs de souvenirs ; l'autre est le consentement actuel, le désir de vivre ensemble, la volonté de continuer à faire valoir l'héritage qu'on a reçu indivis. L'homme, Messieurs, ne s'improvise pas. La nation, comme l'individu, est l'aboutissant d'un long passé d'efforts, de sacrifices et de dévouements. Le culte des ancêtres est de tous le plus légitime ; les ancêtres nous ont faits ce que nous sommes. Un passé héroïque, des grands hommes, de la gloire (j'entends de la véritable), voilà le capital social sur lequel on assied une idée nationale...» [texte intégral].

Si on retourne le long texte de Renan en tous sens, on perçoit très bien le liant des souches. On perçoit aussi très bien son absence entre "nous" et les communautés agglomérées administrativement à notre nation de jadis. La disparition des frontières européennes, l'occidentalisation généralisée de la jeunesse, complétée de la mondialisation vers les peuples en développement, gomment la perception de nation parmi les peuples résidents en France, et lui est substituée la perception d'une patrie. Pas toujours sur le territoire, de beaucoup s'en faut. C'est un constat.

attila
Pourquoi les peuples agrégés ne participent-ils pas au souvenir de notre histoire, à la capitalisation des legs du passé ? Entre cent raisons, parce qu'ils sont arrivés en France dans une période de déclin de notre pays. Nous reculons en permanence, nous ne suscitons ni enthousiasme, ni admiration, et cette distanciation s'est amorcée à la Débâcle de Juin 40. La grande nation était à terre, par sa faute. Malgré tous les subterfuges, les imitations de grandeur coûteuses, les succès industriels aussi rares que brillants, les fauteuils gagnés dans les enceintes internationales, nous n'avons pu nous relever et recouvrer le prestige perdu. Or le prestige est le premier facteur d'intégration des étrangers qui veulent pérenniser leur installation ici. La capacité d'intégration de la république avant-guerre nous l'indique. Il n'y avait aucun problème sérieux, sauf peut-être d'accent tonique.

Sur ce blogue, nous promouvons depuis le début une démarche de recherche de puissance - à notre juste et complète mesure - bien avant celle de la justice, des droits et surtout, du honteux bonheur de vivre à crédit sur la tête des générations à suivre. Le motif est d'abord économique avec les résonances diplomatiques nécessairement associées, mais le motif second est de retrouver le prestige qui éveille le respect. Le reste nous serait donné de surcroît.
Pour le coup, un changement de régime y contribuerait, en exaltant les meilleurs pans de notre histoire et en administrant ce vieux pays avec la compétence et le bon sens auquel il a droit.

Note (1): plutôt les deux demi-frères des Serments de Strasbourg (842)



mouton
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jeudi 26 novembre 2009

Dette Perpétuelle

JPCJean-Pierre Fourcade, sénateur UMP et membre éminent de la commission des Finances - il fut ministre des finances de Giscard d'Estaing - a mis les pieds dans le plat de purée de Bercy en créant le terme de "dette perpétuelle". L'Etat français est dorénavant en situation d'incapacité de rembourser les emprunts placés ci et là, il peine déjà à servir leurs intérêts. Cette dépense connue sous le nom de "service de la Dette" est déjà la troisième mission du budget général de la République, derrière les remboursements et dégrèvements et juste après l'enseignement scolaire. Mécaniquement, elle passera en tête en 2012. Autant dire qu'une part importante de nos impôts et taxes partiront en fumée.

DSKA l'inverse des dettes accumulées par nos voisins, la dette française est pourrie car elle a nourri essentiellement les dépenses quotidiennes de l'Etat. Quand l'Allemagne s'endettait pour reconstruire les infrastructures démocratiques des länder orientaux et pour achever son canal Rhin-Danube, l'administration française embauchait des papelards pour combattre le chômage. De cela il ne reste rien quand l'emprunt arrive à échéance.
Selon l'INSEE, ce sont 1428 milliards d'euros que doit la France au deuxième trimestre de 2009 soit 74% du PIB (produit intérieur brut). Le PIB de la France fait autour de deux trillions d'euros. Dans sa politique d'agitation tous azimuts mais qui au résultat ne diffère pas beaucoup de celle du chien crevé au fil de l'eau, le gouvernement de M. Fillon prévoit qu'elle atteindra 77% du PIB fin 2009, 84% en 2010, 88% en 2011, 90% en 2012 et 91% en 2013. On croirait qu'il gère la météo.
Croisons les doigts pour que les taux du marché ne remontent pas, ou que la notation "France" dans les agences de risque ne se dégrade pas, ce qui aurait pour conséquence immédiate de renchérir terriblement les nouveaux emprunts de cavalerie légale.

bureaucratieToute inversion de poussée passe par la résorption du déficit annuel structurel de l'Etat (hors service de la Dette) qui va atteindre 74 milliards en 2010. Aussi finement qu'on puisse chercher voies et moyens d'y remédier, on aboutit à une conclusion d'une simplicité biblique : il faut réduire la masse salariale des fonctionnaires, serrer partout les frais, et augmenter les rentrées fiscales, soit en majorant les taux, soit en élargissant l'assiette. Tout le reste est verbiage de politicien au pupitre.
A noter, pour les souverainistes pur sucre, que la dévaluation de notre monnaie, effectuée en sortant du système monétaire européen, nous coulerait définitivement - mise sous tutelle du FMI - car la Dette est libellée en euros ou en devises internationales et que son service par des francs dévalués nous ruinerait, sauf à séquestrer toute l'épargne populaire sous la clause de "retour à meilleure fortune" comme elle fut instituée pour le Crédit Lyonnais en déroute par ... M. Strauss-Kahn, actuel directeur général du Fonds monétaire international !
Sinon faire comme les soviétiques vis à vis des emprunts russes. La classe !

graphique Dette
Pour le moment, le citoyen lambda est préoccupé seulement pour le principe - la dette c'est mal - mais pas vraiment inquiet. Quand les impôts et taxes augmenteront (ça commence) en même temps que les services procurés par l'Etat diminueront tout en devenant payants, voire disparaîtront complètement, il ressentira plus fortement alors d'être le couillon ultime du système fabuleux de ... redistribution ... aux fainéants, forcément.
Dès ce moment le "Veau national" deviendra taurillon et cherchera la cause, les causes de son malheur fiscal. On a peut-être un peu vite désamianté les sous-préfectures.

Un très bon article synthétique d'E24 pour continuer ce billet, par ici.


marianne enchainée au boulet de la dette
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mardi 24 novembre 2009

Saint-Nicolas 2009

blason d'ourscampQu'y a-t-il de commun entre saint Corbinien de Freising et le "bon" saint Eloi ? L'ours ! Si le premier en partance pour Rome vit son mulet tellement dévoré par un "pé descaous" qu'il dut tranférer de l'un sur l'autre le bât et toute sa fortune, le second subit l'attaque de son chariot et y attela le goinfre en lieu et place du boeuf qu'il lui avait mangé. Les armes du cardinal Ratzinger, héritier des archevêques de Munchen u. Freising, racontent cette histoire, celles de l'abbaye d'Ourscamp aussi.
Ourscamp est en Picardie près de Compiègne, et Lys de France y organise cette année sa fête traditionnelle de la Saint-Nicolas, patron des enfants sages.
Au programme du dimanche 6 décembre :
10 h : Messe à la chapelle ND d'Ourscamp
12 h : Déjeuner
14 h : Vernissage de l'exposition "Saint-Nicolas" à la librairie de l'abbaye
15 h : Conte musical pour les petits "St Nicolas et les trois petits enfants" raconté au piano par Mlle Virginie Benat et accompagné des chants traditionnels de Noël
16 h : Arrivée de Saint Nicolas et de son âne
17 h : Chocolat chaud et friandises
Plus page suivante ...

MarchalExposition Saint-Nicolas
La librairie de l'abbaye expose les oeuvres de l'imagier d'Epinal Jean-Paul Marchal. Artiste réputé qui exporte par le monde entier, il grave lui-même ses plaques et tire à l'ancienne sur presse à bras. Une présentation virtuelle de quelques productions de l'Atelier du Moulin vous en dit un peu plus sur le site "Imagerie d'Epinal". L'expo sera certainement très intéressante, et les images plein format sont vendues à des prix raisonnables, de 11 à 20€ selon la taille.
M. Marchal a été fait chevalier des Arts et Lettres cette année, ce qui n'est pas encore une distinction galvaudée dans le milieu des artistes-artisans.

Abbaye d'Ourscamp
Les ruines majestueuses de la vieille abbaye cachent une vie très active de la communauté des Serviteurs de Jésus et de Marie qui est dans l'orbite de l'Ordre de Cîteaux de la Commune Observance. Retraites spirituelles, préparation aux sacrements (baptême, confirmation des adultes, mariage), révisions de cours, manifestations culturelles, une grande activité ... dans un certain silence. Un site très bien fait vous accueille ici.

abbaye
Rejoindre Ourscamp :
A cinq minutes à pied de l'abbaye, il y a une gare à Chiry-Ourscamp où passe le Paris-Saint-Quentin. Voir les indications données par les moines.
Par la route, l'abbaye est à 100 km de Paris par l'autoroute A1 sortie 10 (Arsy). De Lille, il faut faire 150 km ; sortie 12 (Noyon). Sortir sa carte Michelin ou allumer son GPS, c'est après que ça commence.

Participation :
Adhérents Lys-de-France : 16 € par personne. Non-adhérents : 18€. Par chèque à l'ordre de Lys de France posté à :
BP 80 434
7327 Paris cedex 07


Le site Lys-de-France organise un co-voiturage. On peut aussi s'inscrire en ligne.


image d'Epinal St Nicolas
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lundi 23 novembre 2009

L'Équation de l'Ultra

équation sur vitrailPenser, cet exercice qui nous fit un jour descendre de l'arbre est dangereux. Vous risquez la libération de votre esprit et franchir sur le sérac de votre témérité intellectuelle, la crevasse qui sépare l'hétéronomie¹ de l'autonomie¹. L'esprit libre vous fait "libéral". Quelque sorte de monstre enfanté loin du regard de votre Créateur par un démon rousseauiste, voire pire, maurrassien peut-être. Sans l'avoir cherché, autonome, vous bravez les forces supérieures auxquelles appartient votre destin (toute référence mythologique pourtant fort commode serait ici une insulte au Magistère) et ce que vous concevrez de la sorte sera à chaux et sable non amalgamés, inliés, vite érodé, vite ruiné. La liberté de penser offense les dieux ! Vous vous croyiez libre ? Folie, vous devez obéir à l'Invisible, même s'il est acté chez tous les peuples de la Terre que "Les hommes naissent libres et égaux en droits". En principe, fini donc le Code Noir, fini l'acquisition légale de pouvoirs in utero. On n'y reviendra pas. Jamais ! Euh ... la liberté de conscience ? Vous n'y êtes pas du tout.

Penser conduit à rompre la laisse dès lors que cet exercice intellectuel rend l'esprit vagabond et le détache des vérités révélées par les puissances transcendantales qui peuvent en faire, si elles veulent, du petit bois. Vous devez étudier la Révélation sans la penser. Apprendre par cœur le Magistère de l'Eglise - les madrasas sont un exemple à suivre -, ingérer la Somme de saint Thomas d'Aquin et les commentaires autorisées de l'époque moderne, apprendre les Lois Fondamentales à leur dernier stade de pétrification, et ne faire aucun bruit susceptible de réveiller la Providence qui cache sa montre dans son gousset.

D'ailleurs, les clubs royalistes adeptes de l'hétéronomie sont des cercles d'études et jamais de pensée. Ils sont les conservateurs de la vraie foi royaliste, et contre cela il n'y a rien à dire. Le dogme est connu pour n'y point revenir. Un dogme n'est pas évolutioniste. Les hésitants peuvent passer par le blogue du Trône & l'Autel. Respectueusement et trivialement aussi : il en faut ! Même si le profil mental de l'Ultra est exactement celui du taliban.
Qui ?
Du taliban.

talibansLes talibans sont des « néo-fondamentalistes » qui visent au retour de la pureté originelle de l'islam. Au contraire des islamistes vulgaires, ils veulent d'abord réislamiser les mœurs, la justice, les êtres humains avant de construire un Etat. Même s'ils marquent une préférence pour le califat, la forme de l'État, son régime politique, n'a pas d'importance pour eux, à la condition de respecter la loi divine². Et seuls ceux qui l'ont étudiée, c'est-à-dire les talibans, sont à même de l'expliquer aux fidèles et d'en assurer le respect.
D'où le néologisme que l'on croise dès fois sur les fora où l'on s'énerve : "catholiban, va !".
A preuve, dans la définition ci-dessus il n'est que de changer les termes "islamiste" par "royalistes", "réislamiser" par "rechristianiser", sachant que ceci ne peut être l'œuvre que de la FSSPX. Auriez-vous reconnu quelqu'un ?

On revient sur terre ?
arc de triomphe casséLe déclin de notre pays pourrait-il être enrayé par un changement de régime politique ? Chacun sait qu'il faudra plus que ce changement pour remonter la pente, et d'abord vaincre l'affaissement moral de la société française qui plombe littéralement le pays. Mais, ceci étant, d'aucuns pensent (oui, oui, ils osent) que remettre une monarchie en tête de pyramide serait une solution apportant aux corps sociaux les garanties de base assurées par l'exercice inentravé et désintéressé des pouvoirs essentiels de l'Etat, ceux que l'on qualifie de "régaliens" (les bien nommés). En forme de slogan : sortir l'Essentiel du jeu politicien.

Les chemins qui y conduisent sont divers, mais une certitude est d'acception commune : "on ne fait pas boire un âne qui n'a pas soif" ; essayez ! Des siècles d'implication volontaire des corps sociaux dans le Politique - les Etats-Généraux ce n'est que ça -, ont convaincu le citoyen qu'il fallait au moins lui demander son avis, directement ou pas, voire même faire semblant, mais aller chercher d'une façon l'autre son acceptation ou sa neutralité désintéressée. En résumé, il faut travailler l'Opinion.

La monarchie ne sera pas possible si les corps d'influence politique qui charrient publiquement les scories de la propagande révolutionnaire, restent les seuls en scène, à la débiner au moindre prétexte. Les raisonnements monarchistes, leur articulation dialectique et les images porteuses d'affect, doivent être entendus et le moins mauvais vecteur de cette propagande est de créer le marché d'opinion qui éveillera l'intérêt des médias mercantiles. Beurrrrk ! D'où le travail de réacclimatation de l'idée royaliste en France au niveau de la particule élémentaire qu'est l'individu (le pécheur de l'ultra), par tous moyens, même les plus anodins s'ils sont redondants et nombreux. A ce titre, la dernière émission³ "Des Racines et des Ailes" sur la cathédrale de Reims fut exemplaire d'une bonne propagande, même involontaire. Ces particules ionisées royalement se multipliant, créeront le marché précité, ce qui y attirera les faiseurs d'opinion et les dictateurs de la mode, jusqu'au déclenchement d'un effet boule de neige.
Je crois que Thierry Ardisson laboure ce sillon, mais quelques autres aussi, comme Lorant Deutsch, Patrick Besson, Didier Barbelivien ou paraît-il Isabelle Adjani et (au-delà de ces pitons dialectiques) des dizaines encore plus ou moins discrets mais dont les noms chantent au public.

affiche électorale Alliance RoyaleDe ces chemins, le parti de l'Alliance Royale a choisi la notoriété par le combat politicien de plein jour et s'est organisé en conséquence, avec une plateforme politique, des sections locales, des programmes électoraux appropriés à chaque scrutin, etc...
A quoi le catholiban-ultra dit STOP !
Approcher le peuple sous tout autre angle que celui du troupeau de brebis pasteurisé par la Révélation est impur. Faire seulement mine de lui demander son avis établit la "souveraineté populaire" et exalte le péché mortel du "suffrage universel". La démarche est salissante pour l'âme, et l'on se doute bien qu'il n'est de meilleur nettoyant de l'âme que le brasier du bûcher. A cette proclamation, le royco collant s'interrompt, pose la brosse dans le seau et roule les affiches. Quoi faire alors ?
"Attendre la Providence en étudiant ses enseignements, sachant que le roi est désigné d'avance, ce qui est rassurant, et se confire en espérance par la prière".
Finalement, pas si taliban que ça ! Le vrai de vrai empoche son coran, sort le sabre et va couper des têtes !

Moralité : ne pensez pas, avalez ! soyez une oie pieuse assidue au gavage et vous serez sauvée. "Royalistes, le roi ne vous concerne pas", telle est l'injonction de l'ultra.
Et paradoxalement, je suis d'accord avec lui. Comme dit quelquefois sur ce blogue, ma seule ambition une fois le roi revenu est d'imiter Cincinnatus, suivre mes grands bœufs blancs sur le sillon fumant de la glaise d'octobre, et laisser les choses politiques aux mains de professionnels qui y risqueront leur peau. Chacun son métier ; mais qu'on ne vienne pas me disputer la liberté de conscience, sauf à risquer l'éventration.
Mais pour y atteindre, à mon nirvana du royaume revenu, il faut d'abord se sortir les doigts du c.l et ne pas s'abîmer en dévotions. Pour le prie-dieu, il sera toujours temps !

Ôtez les tapons de fût !



Note (1): Au sens politique, on dit qu'une collectivité, un pays... sont autonomes quand ils s'administrent selon des lois qu'ils se sont eux-mêmes données, au lieu de les recevoir de l'extérieur. En philosophie, ce terme désigne la libre disposition qu'a une personne de sa volonté. Si celle-ci est entravée, soumise à des contraintes extérieures, ou invalidée par des impulsions non contrôlées, il y a hétéronomie.
Note (2): chez le catholiban, la loi divine exige la monarchie absolue transcendée de droit divin et exercée selon les lois fondamentales du royaume de France. On peut bien sûr partager cette définition sans cotiser à la Sainte Inquisition.
Note (3): voir dans les archives de FR3, l'émission du mercredi 11 novembre 2009 et ses trois sujets : "dynasties", "le sacre", "une cathédrale pour l'éternité".



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samedi 21 novembre 2009

Rompuy, ça clashe déjà !

Les chefs de gouvernement ont choisi le plus petit dénominateur commun pour mettre à la tête du Conseil un président qui ne fasse pas d'ombre aux superpointures. L'heureux élu est un fédéraliste avéré et un taxeur de première...



Que va-t-il rester à Barroso - qui est peut-être mort à l'heure où nous mettons sous presse, puisque rien ne vient de la Commission -, que va-t-il lui rester n'est déjà plus le sujet, si Herman Van Rompuy parvient à lever l'impôt européen en dehors des contributions étatiques, ce dispositif étant la dernière garantie de la voix prépondérante des nations. Y réussirait-il qu'il enterrerait Barroso et sa fonction d'adjudant-major.

Ceux qui se sont imaginé qu'ils "driveraient" facilement le petit flamand connaissent son habileté politique ; aussi ne seront-ils pas surpris de se faire mettre à sec d'ici peu. Cherchaient-ils peut-être un autre qu'eux-mêmes pour réaliser leur rêve hégémonique sur le modèle étatsunien qui les fascine ?

C'est au château de La Vallée de La Duchesse - où furent menées les discussions préalables au Traité de Rome - que M. Van Rompuy s'est déboutonné devant les Bilderbergers le jour de sa nomination. La queue de trajectoire sera de construire un budget "fédéral" à la mesure des ambitions du Traité de Lisbonne, qui sera abondé par des taxes écologiques et la taxe "Tobin" sur transactions financières, celle de Gordon Brown.
Si tout budget grossit naturellement, celui-ci gonflera volontairement.
Pour information les services de la présidence du Conseil sont estimés en poids à mille fonctionnaires internationaux, au départ.

Deux pays se dressent déjà contre la revendication fédéraliste du nouveau président: le Danemark et le Royaume-uni. La France ne s'inquiète de rien tant elle se sent forte d'avoir "fait" l'élection de van Rompuy ! A la fin, ce sera à l'Allemagne de décider.
On sait sa réponse...... Ouf !

C'est le Times de Londres qui a cafté. Ici.


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vendredi 20 novembre 2009

Une semaine moins ordinaire

le doigt de TitiFut-ce encore l'ennemi héréditaire anglais ou le tricheur international italien, que la France aurait acclamé la double main de Titi Henry. Mais contre la petite et fière Irlande, le vol du match fait peigne-cul ! Personnellement, j'ai coupé le poste au coup de sifflet final pour n'avoir pas à subir le triomphe arrogant d'une équipe de mercenaires à la réputation surfaite, commandée par un staff sans âme ni talents. "Dominés dans le jeu, dévorés dans l’état d’esprit, surclassés dans la maîtrise tactique, les Français n’ont dû leur salut qu’à la triche" (Tribunepsg.football.fr). Sans le gardien trapéziste Hugo LLoris, on en prenait quatre.
Je ne parle même pas de la lâcheté des spectateurs politiques qui, en empathie obligatoire avec l'équipe sous l'oeil des caméras, se sont réjouis de cette qualification, la fin absolvant le moyen...

Quant aux autorités sportives, il suffit d'empiler l'arbitre suédois malvoyant, le président de la FFF Escalettes, looser cramponné à la mangeoire, et le bouffon Platini* de l'UEFA pour comprendre que le fair play, c'est un mot ... anglais. Ecoeuré !
Seuls les professeurs d'éducation physique¹ ont quelque part sauvé l'honneur de la nation en ruant dans les brancards du consensus honteux. Mais cela faisait peu de monde à s'exprimer publiquement, au milieu d'ailleurs du vacarme algérien et de ses dommages collatéraux. Leur déclaration n'a même pas été relayée. La joie légitime de voir son équipe nationale en Afrique du Sud s'est éteinte mercredi soir.
*Hors-terrain, Platini est un piètre dirigeant sportif. C'est mon avis depuis la Coupe du Monde à Mexico.

domenechQuand nous nous couvrions de honte à Saint-Denis, les Français d'Algérie envahissaient les Champs-Elysées à l'enseigne du croissant rouge, faisant mentir la fable qui veut que l'identité nationale soit unique et exclusive de toute autre. Quand le Portugal vient en France, les drapeaux lusitaniens fleurissent au même endroit. Il a du pain sur la planche, Eric Besson, s'il veut captiver l'audience au-delà du périmètre de la droite nationale ! Le pays réel est composite, autant dire qu'il devient inexplicable en version accessible par tout un chacun. Dans l'oeil de chaque individu la nation rétrécit au bénéfice de la patrie, que celle-ci soit charnelle ou fantasmée. Après tout Jean Raspail est patagon et personne ne le lui reproche. Il faut dire qu'à sa façon il n'emm... que les Anglais !

Que penser en même temps de l'indulgence prévisible d'une justice politisée envers les marins corses qui ont pris le commandement sur la passerelle du ferry Pascal Paoli en septembre 2005 ? La mine triomphante du consigliere Talamôni est à l'aune de l'affaissement de nos institutions essentielles. La Justice en fait partie. Le môme de treize ans, qui partait fumer ses profs au calibre 12 comme dans un jeu vidéo, a plus de souci à se faire. Il est bon pour la castration mentale. J'ai appris aussi cette semaine que la loi Hadopi est une menace pour les croyants. Sept millions d'euros de budget plus les frais, sans les hamacs. A voir la tronche des clercs missionnés pour la chasse aux pirates, on se doute que ne seront pris que les neu-neu qui surfent sur un poste à galène.

Mosconi et Talamoni à Marseille
Le seul rayon de soleil était sur Orléans où la cigogne, hâtée par le jetstream d'altitude, a déposé un petit Gaston au bon poids pour son âge. Gaston d'Orléans ? Ça me dit quelque chose ? Sa fille peut-être... Qu'importe ! Longue vie au petit Gaston. Il a des modèles à imiter et ce n'est pas Mr Demesmaeker qui dira le contraire, une fois.


Note (1): Le syndicat de professeurs d'éducation physique (SNEP-FSU) condamne et récuse les déclarations du sélectionneur R. Domenech et de certains joueurs selon lesquelles «l’essentiel » en sport c’est de gagner. Silence sera-t-il officiellement fait sur la manière dont la qualification a été acquise ? Tous ces commentaires rejoignent malheureusement ainsi une philosophie « très moderne » selon laquelle dans tous les domaines, y compris en sport, la fin justifie les moyens... (communiqué complet).



daul Kim
*Daul Kim s'est pendue hier dans sa piaule*
**I Like to Fork Myself**

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mercredi 18 novembre 2009

Métropoles territoriales

fillonLa réforme territoriale sera parmi les plus éprouvantes pour la Nation gauloise où pullulent les présidents d'agglo, de conseil, de cercle, de club de boules ou de foot-à-sept, ou de pédalage... Pensez que le noir Fillon va détruire le bonheur de vivre de trois mille propriétaires de fiefs en les rayant du cadastre politique. On a bien radié les chômeurs par centaines de mille, direz-vous, mais le petit reître s'attaque là au coeur de meule du gruyère républicain, à la base de toute la nomenklatura qui, même médiocre, caresse l'espoir d'un tour de piste au Sénat de la République. Combien connaissez-vous de sénateurs ? faites le test.
L'Express a fait une synthèse utile. On y accède par ici ; conseillers territoriaux, compétences générales ou spécialisées, statut de métropole, intercommunalité et taxe Chirac professionnelle, tout est évoqué.
Que leur reproche le pouvoir ?

La guerre de tranchées. Comme à l'époque du Haut Moyen Âge, chaque baron "bétonne" sa position, barre les routes budgétaires de l'adversaire, prélève l'octroi sur services rendus, actionne son pouvoir de nuisance, fragmente les décisions collectives, et délibérément encrasse les rouages de l'Etat en ses territoires, espérant comme les escargots, mourir debout au rempart. Les réactions des maires sont significatives d'une colère de propriétaires que l'on exproprierait pour faire passer une autoroute sur leurs terres. Or ces gens-là, tous sympathiques, n'ont jamais nulle part acquit leur charge par acte notarié moyennant quelque prix que ce soit à régler. Même s'il est très difficile de leur faire comprendre que leur circonscription électorale ou leur mairie ne leur appartient pas, leurs électeurs n'ont pas besoin d'études fouillées pour comprendre que le mille-feuille territorial leur coûte la peau des fesses, dans la redondance des bâtiments, secrétariats, services d'assemblée, parcs à voitures, fêtes promotionnelles en tout genre, revues périodiques coûteuses et gratuites, et surtout disputes d'ego et entraves en tout genre. Entre l'Etat central de Paris et la commune de tradition (agglomérée ou pas) il n'est besoin que d'une seule structure de cohérence budgétaire. On peut l'appeler "région".

La défense de Paris
Chacun des édiles est braqué sur le scrutin "territorialisé" en n'y cherchant jamais la représentation de la vérité - elle n'existe pas dans le corps électoral - mais seulement ses chances d'en être. La tentative de fraction des hémicycles à la proportionnelle pour représenter tout le monde est très mal vécue par les élus enracinés, parce qu'elle diminue les postes nominatifs au profits des sièges de liste, parachutables par les partis. Dans les mois qui viennent on s'amusera de voir que toute l'affaire est menée politiquement sur ce volet électoral. Du reste, nos prébendaires n'ont rien à faire vraiment. Ceux qui paient le cirque actuel paieront le cirque futur. Il est néanmoins une mesure que je voudrais détailler : la création de métropoles.

La France n'a que deux "grandes villes" de taille très différente d'ailleurs, Paris et Lyon. D'expérience, on sait que le développement économique se fait dans une certaine émulation entre tous les acteurs, à commencer par les unités de recherche et la symbiose des facteurs de production. C'est pourquoi on parle souvent de pôles. Mais à l'échelle du Village Global on raisonne en puissance des villes. Les grandes métropoles qui font l'économie et quelque part aussi l'Histoire, sont peu nombreuses. Il ne s'agit pas que d'être très peuplée ; c'est pourquoi je ne retiens pas Marseille et sa misère. Ces villes les voici : New York, Tokyo, Pékin, Shanghaï, Londres, Hong Kong, Paris et Francfort. Deux métropoles pourraient rejoindre ce groupe à terme, Moscou et Milan. On n'a utilisé que les doigts des deux mains.

Lyon
Même s'il est exclu que Lyon rejoigne à son tour le peloton de tête - nos taux de croissance sont trop faibles et pour longtemps - il est de l'intérêt du pays que les interlocuteurs "publics" français soient recalibrés en crédibilité et capacité de conclure. Demain plus qu'aujourd'hui, nous aurons des échanges avec les ressortissants des grandes métropoles étrangères et il faut grossir (en muscle pas en graisse). Reste à se disputer sur la toise, les périmètres et les diamètres. Pour le moment, les huit métropoles territoriales seraient, après Paris dans le périmètre de l'ancienne Seine : Lyon, Lille, Marseille, Bordeaux, Nantes, Nice, Strasbourg et Toulouse. Elles apparaissent définies en termes démographiques, ce qui voile la roue de la fortune. Je ne pense pas que les trois dernières aboutissent à plus loin que la création de postes administratifs en nombre et juteux. Toulouse n'a pas d'hinterland ; Strasbourg est coincée entre le pôle de Bâle et la future connurbation Nancy-Metz-Epinal ; Nice devrait s'allier à Gênes - son grand port naturel - pour produire un certain effet, mais Gênes est "gouvernée" par Milan.

Moscou

Comme toujours dans un régime "clients" la décision technique doit faire plaisir à tout le monde, et dans trente ans nous subirons le même différentiel de taille et d'influence économique qu'aujourd'hui. Mais, comme on dira alors, "sorry, ce ne fut pas faute d'avoir essayé". On aurait pu se limiter à Lyon, Lille et Bordeaux.


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mardi 17 novembre 2009

Obama vend les Droits

jeunes filles à l'Hôtel de Ville de S'haiLa transcription du discours de Shanghaï est enfin accessible sur le site de la Maison Blanche. C'est un bel exercice oratoire qui confirme que le candidat Barack Obama était de loin le meilleur et méritait son élection. Comme au Caire, comme à Strasbourg, il tient la pose sans une note, avec un seul verre d'eau. Il nous confirme aussi que la réunion de Pékin ne sera pas le nouveau Yalta augurant du G2 dont tout le monde parle. Même si la communauté de valeurs a été abandonnée car impossible à créer et faire vivre - tant pis pour le dalaï lama - la communauté d'intérêts capitalistes qui la remplace, va formater tout l'hémisphère asiatique et influencer au-delà la relation atlantique qui n'excite pas beaucoup le président américain. Mais sur la scène médiatique on ne peut pas étaler ce cynisme, même si dans la première moitié de l'exposé, le président signale que le commerce sino-américain est passé de cinq millards de dollars en 1979 à quatre cents milliards aujourd'hui. Alors on vend de l'Histoire et les Droits, même en sachant que les autorités chinoises à aucun niveau n'achèteront rien. L'important est le raout télévisuel. "En direct de Shanghaï" voici l'exposé présidentiel :


La transcription complète put être lue en cliquant ici.

Ce sont les administrations républicaines qui ont inauguré la transformation intérêts contre valeurs. Au temps des traités inégaux, les Américains avaient une approche mystique de la Chine impériale et déversaient des missionnaires à pleins bateaux. Ayant soutenu le perdant lors de la guerre civile et sino-japonaise, ils perdirent de ce fait le crédit accumulé par un "charity business" de profondeur. Ce sont les missions américaines qui s'enfoncèrent le plus loin dans le pays en concurrence des Missions de Paris, parmi les plus étoffées.

Obama refléchitMille ans plus tard, par le succès de leur modèle économique, les Etats-Unis ont fait émerger à nouveau l'Empire du Milieu qui devient leur plus direct contempteur. Dans la veine wilsonienne, ils appellent les Chinois à partager le coaching du monde, à gérer ensemble l'attelage infernal de la dette américaine et des réserves monstrueuses de dollars chinois, et à étendre une sorte de pax américano-chinoise au-dessus des contestations les plus outrées de leur puissance partagée : Corée du Nord et Iran. Pour faire joli, on met dans le panier le réchauffement climatique en espérant convertir l'Empire au nucléaire, même si ce n'est pas l'urgence sur un mandat de quatre ans.

La Chine a certes réouvert les canaux de communication car elle partage la même perception des dangers précités, même si elle en joue autour du tapis vert. Par contre, flattée certainement de la constitution de ce G2, elle n'en demeure pas moins en retrait, car elle ne veut surtout pas que sa politique intérieure soit mesurée et corrigée en fonction des effets produits à l'extérieur, effets qui seraient appréciés par le partenaire. Ce qu'attend la Chine est plus prosaïquement que le marché intérieur américain redémarre. Pour la philosophie, il sera toujours temps.
Finalement c'est trop tôt pour eux. Ils doivent d'abord dominer hégémoniquement toutes les marches de l'Empire avant de "collaborer".
Taïwan a beaucoup à perdre de ce rapprochement, mais les dissidents chinois aussi.


S'hai nord
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S'hai Pudong

lundi 16 novembre 2009

Identité "France"

affiche électorale RoyalLe spectacle de la démocratie populiste n'en finit plus de démolir la crédibilité de ce régime, pour le moins celle des politiciens qui en vivent, et ce n'est pas l'intrusion de madame Royal sur la scène à Peillon dans un moment de creux médiatique, qui leur fera remonter la pente. Déçue sans doute que le kit BSEC* donné aux lycéennes de Poitou-Charentes afin que les caméras fassent point-net sur elle, n'ait pas explosé l'Audimat, la passionaria va-t-elle décroiser les jambes à la terrasse du Grand Café cet après-midi, pour enfoncer le clou dans la croix de Martine Aubry ?
Tout est possible. L'encombrement commence ; les camionnettes de la presse "people" stationnent en double file. Blanche, rose, noire, bleu pâle ou quelque champagne affriolant ? On me dit dans l'oreillette qu'elle est de la "génération collant" et qu'on ne verra rien. Damned ! Rappelez la voiture du Royal-Artillerie !
*Baisez Sans Entraves Chéries

éric bessonPlus fin en communication est le débat lancé par Eric Besson sur l'identité nationale française. Si Martin Hirsch n'a pas freiné le cri du coeur et pouffe en appelant à l'identité européenne, d'autres se sont méfiés ; et même notre jolie Rama Yade a zappé le cirque "national" pour s'impliquer à fond dans les vestiaires de joueurs. Elle était au Havre pour la transat Jacques Vabre, puis à Dublin pour la petite victoire des Bleus, puis à Bercy pour consoler Monfils... déchaînée la gazelle ; distancer la Bachelot en tailleur jaune Giani Forté, toujours ! Mais pas chez Besson.

Le concert de louanges des fayots de la Sarkozie est misérable de convenu. Leur distribue-t-on des fiches de conduite au Conseil du mercredi ? Mais plus intéressante est l'opinion des faiseurs d'opinion. J'en prends sept, comme les nains, au hasard : Plenel, Rioufol, Onfray, Finkielkraut, Zemmour, Juppé, Julliard.


(1) Edwy Plenel :
L'identité nationale c'est de la boullie pour les chats tant les racines sont nombreuses : « Elle est faite d’idéaux partagés, de politiques menées, de buts et d’objectifs à atteindre, qui sont matière mouvante et changeante, au croisement du passé et du présent ». Ugh !

(2) Ivan Rioufol :
les racines du pays sont judéo-chrétiennes et gréco-romaines et devraient être constitutionnalisées. Je pense qu'il s'est fait plaisir sans trop comprendre la question.

(3) Michel Onfray :
identité de la raison et de l’intelligence, par la Révolution française, « une certaine conception de la République qui fait preuve d’ouverture, de solidarité et de fraternité ». Indémodable, il sera exonéré de TVA.

(4) Alain Finkielkraut :
tout viendra de la connaissance de la civilisation française et de sa langue exceptionnelle. D'accord. C'est la meilleure réponse ; la voici in extenso :
« Plutôt que par des symboles, l'amour de la France s'acquiert par la familiarité avec la langue portée par la littérature française. L'amour de la France n'est pas un but, il est une conséquence possible de la connaissance de la civilisation française ».

(5) Eric Zemmour :
le compromis diversitaire du modèle rêvé anglo-saxon contredit l'assimilation républicaine traditionnelle. La position des pouvoirs est donc « l’antithèse de notre bonne vieille assimilation qui imposa la culture française, sa langue, son histoire, son mode de vie, aux vagues passées d’immigrants. ». C'est un peu à côté de la plaque, mais il veut sans doute dire qu'on doit "éduquer" les nouveaux. Alors d'accord.

(6) Alain Juppé :
le crâne d'oeuf répond par réflexe en convoquant un grand ancien pour nous montrer sa culture. Ernest Renan a déjà tout dit. On le savait bien, mais il a passé de l'eau sous le Pont de Pierre depuis lors. Rame, Alain.

(7) Jacques Julliard :
la conscience nationale est en évolution constante. « Il n’y a pas que le présent qu’on s’invente en commun. Le passé aussi doit être créé. Les derniers arrivants en France se valoriseront par rapport à la nation, seulement s’ils se constituent un passé commun ». C'est beau, mais comment faire ? L'Union Française de jadis cherchait à construire un passé commun, exalté dans le présent. On devrait ne laisser passer que les bateaux ressortissant à l'ancien empire.

D'autres ont envoyé leur petit pensum chez Eric Besson. Vous pouvez les lire en cliquant ici.

J'aurais pu choisir Mouloud Anouit, Dominique Soppo, Faouzi Lamdaoui, mais je ne les considère pas compétents.

carte d'identité 3°République
Et Royal-Artillerie ?
L'identité nationale se matérialise par la carte éponyme. Tout le débat est dans l'octroi de cette carte et il serait tellement plus simple de décider des critères d'attribution au lieu d'ouvrir la porte du ministère à la philosophie. La démarche d'acquisition doit être volontaire et passer par un examen d'aptitude. Sans transformer la carte en brevet de francité, on peut quand même réclamer une adhésion aux valeurs constituant le pays, celles de notre constitution. Le reste est bavardage. Mais c'est bien le but : occuper l'espace médiatique, ... et nourrir les blogues.


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vendredi 13 novembre 2009

Quitter Kaboul ?

Karl EikenberryAu jeu de cartes des Sept Familles, celui que j'aime le plus de la famille "America" c'est le "whistleblower". Le mec tout seul tout droit qui siffle l'alarme au milieu de la cour ! Et là-bas personne ne le dégomme au fusil à lunette comme ici. Dans l'affaire d'Afghanistan, il s'appelle Eikenberry, lieutenant-général ambassadeur des Etats-Unis à Kaboul. Il vient de dire publiquement à Barack Obama que le pays de résidence était pourri jusqu'à l'os, l'os étant Hamid Karzaï. Et il en connaît un rayon le bougre puisqu'il fut dans la coopération américano-afghane à Kaboul de septembre 2002 à septembre 2003 (OMC-A)¹, puis lors d'un second tour, exerça des responsabilités au plus haut niveau pendant un an et demi comme chef des Forces combinées. Ses états de service ont motivé le choix du Département d'Etat comme ambassadeur à Kaboul car il connaît à fond les conditions de coopération avec les structures afghanes. Malgré un faciès très affirmé, ce n'est pas le casque à boulons, il parle couramment le chinois et fut licencié d'histoire chinoise de l'université de Nankin. Mais adepte du parler franc, son avis brutal est comme un coup de boule au commandant en chef McChrystal qui réclame quarante mille GI's pour gagner la guerre d'Algérie. Eikenberry dit "zéro".

Robert GatesLors du huitième conseil de guerre du 11 novembre à Washington, quatre options étaient sur la table du président. Une chose est sûre puisqu'elle a été dite par le "ministre de la défense" Robert Gates à l'issue du conseil, le président a demandé qu'on pousse l'étude d'une cinquième option : le désengagement et une stratégie progressive détaillée.
Nul ne sait s'il prendra sa décision, pour finir la guerre en Afghanistan, ou pour arbitrer une dispute envenimée à Washington entre les analystes froids derrière Jo Biden, le vice-président, qui jugent le dossier pourri par les Afghans eux-mêmes, et les va-t-en-guerre du Pentagone qui raisonnent en termes de brigade : une brigade ! Ça va mal ? deux brigades ! Ça va mal ? trois brigades ! Ça va toujours mal ? Pas possible ! On lui demande de 10000 à 40000 hommes supplémentaires pour tenir les infrastructures utiles en province, et repousser les talibans dans les grottes. De l'avis des opérateurs impliqués sur le terrain, c'est le boulot de l'ANA (Armée nationale afghane), la coalition pouvant apporter la logistique et l'appui-feu.
Mais pourquoi voudriez-vous que les soldats réguliers risquent leur solde à la pointe du fusil si des "croisés" se chargent de tout le boulot dès que c'est difficile. D'un autre côté, si les talibans mettaient au tapis une ou deux compagnies ANA, le recrutement s'en ressentirait. Cet imbroglio faisait jusqu'ici l'affaire du cabinet Karzaï qui n'avançait surtout pas plus vite que les crédits de paiements internationaux, et vaquait à ses propres affaires plus souvent qu'à son tour. Il pourra se retirer riche.

voltige ANASans doute Eikenberry a-t-il discuté le coup avec Rory Stewart (résident permanent du Foreign Office à Kaboul) et celui-ci l'a convaincu s'il en était besoin, que les tribus n'accepteraient d'autre joug que le joug afghan, fut-il encore suffisamment lourd pour les dissuader de le repousser. La stratégie de la tâche d'encre a bien marché en Irak, mais dans leur plaidoyer pro domo, ses instigateurs américains ont minimisé le rôle de la reconstruction de l'armée irakienne qui y a beaucoup aidé, autant d'ailleurs que l'achat des chefs sunnites.
La seule réponse possible à la résilience talibane est d'accroître les moyens d'enrôlement (des soldes plus attrayantes) et ceux de formation d'une Armée nationale afghane digne de ce nom, et fière d'elle-même avec de l'artillerie, des blindés et un peu plus tard des hélicoptères ; même si on doit garder derrière la tête que l'Afghanistan Etat-nation n'existe qu'en temps de guerre et qu'il se liquéfie dès la paix revenue.

La France, puissance coloniale de référence, au même titre que la Grande-Bretagne, sait bien que le mitage du pays avec des petites garnisons ne sert qu'à se faire couper le bout des doigts. Ça fait mal. Elle sait aussi que le maître du jour n'est pas celui de la nuit, et que la complicité ethnique est le meilleur liant d'un peuple chez lui. Et finalement aussi, que l'homme est un grand comédien devant l'Eternel, qui jouera le rôle imposé pourvu qu'il lui rapporte un peu, et sera même capable d'en jouer trois différents sur deux tours de cadran.

La vraie cible est al-Qaïda. Avec le renfort effectif du Pakistan qui a décidé de bouger contre les "étrangers"² au Sud-Waziristan, que l'Amérique se venge donc, et que nous rentrions tous ensuite. L'Afghanistan n'est pas notre jardin. Il faut en convaincre le président américain qui semble aussi peu préparé à l'international que ses prédécesseurs.

talibans sur un piton

Note (1): Office of Military Cooperation-Afghanistan
Note (2): Tous les faciès non pachtounes, non tadjikes ou non hazaras




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