lundi 23 mai 2005

Le Duc chez le Marquis

En ces temps de campagne référendaire où l'oligarchie régnante pétrie d'inquiétude, tente par tous moyens de faire passer les tenants du non pour des attardés, le duc de France de passage sur les terres du marquis des Baux, fut reçu à la mairie du village le 19 mai dernier.
Royal Artillerie publie ici son remerciement en forme de déclaration. Ceux qui réclamaient un engagement de la Maison de France dans la procédure de choix en cours sont servis, royalement.

Monsieur le Maire,
Mes Amis,

Merci de nous accueillir, mon épouse, la Comtesse de Paris et moi-même. Les Baux-de-Provence, lieu chargé d’histoire, me touche au plus profond de l’âme et de l’esprit chaque fois que j’en foule la terre.
La magie opère à nouveau aujourd’hui, elle me permettra, peut-être, de vous apporter des paroles d’espoir.
La France et les Français vivent actuellement la mort programmée de notre Patrie et l’effacement de notre identité. Certains, dont je suis, osent clamer le danger de la disparition qui guette la France, car il semble exister une volonté d’éradiquer nos racines et de mettre fin à notre histoire, à l’image de ce que firent les américains en Irak, détruisant et volant les merveilleux vestiges de la civilisation plus que millénaire de Mésopotamie. Ont-ils voulu ainsi en effacer jusqu’au souvenir ? Est-ce cet exemple que nos dirigeants, à cours de ressource veulent imiter ?
Avec la panacée « Europe », poudre anesthésiante de notre entendement, on nous a promis la Paix. Tout au contraire la guerre stupide et meurtrière du Kosovo surgit un jour sur notre flanc. Certes on nous a expliqué, certains médias complices à l’appui, qu’il s’agissait simplement d’une opération de gendarmerie et que les morts n’en étaient pas puisque c’étaient des dommages collatéraux !…Mais de qui se moque-t-on ?

L’Europe également devait nous garantir un grand marché dynamique d’où le chômage serait extirpé, tel une mauvaise herbe. Je me souviens d’une entrevue que j’eus avec le Président Jacques Delors en 1994. Je lui posais une question :
« Monsieur le Président, quelle solution envisageriez-vous pour résorber le chômage ? »
Il me répondit : « Monseigneur, de toute manière 30% de la population restera sur le bord de la route, c’est inéluctable ! »
Comment se peut-il qu’un socialiste, un chrétien, l’initiateur du projet de « Nouvelle société » avec Jacques Chaban-Delmas, puisse tenir un discours aussi honteux et qu’il en accepte l’idée ?

La guerre économique, les stratégies de délocalisation et les propositions souvent malhonnêtes de certains patrons pour se défausser légalement, laissent en effet trente pour cent ou davantage de ces femmes ou de ces hommes sur le carreau. Cela nous rend malade. Certes on nous raconte la nécessité d’élaguer les branches mortes qui absorbent indûment la substantifique moelle des investissements productifs. A ce compte et à ce rythme il n’y a plus besoin d’ouragan pour mettre à bas notre économie. Laissons agir la majorité de la classe politique qui se défausse sur l’Europe, elle est plus efficace que la tempête de Noël 1999.

Si je vote non au referendum sur la Constitution c’est avant tout parce que j’ai confiance dans le bon sens des Français pour construire solidairement une autre Europe que celle que l’on nous impose. L’Europe du capital ultra-libéral dont on ne sait plus qui détient quoi et qui décide de quoi, doit mourir ce 29 mai, pour laisser place à l’Europe des peuples, l’Europe des Femmes et des Hommes qui veulent construire ensemble un avenir à l’échelle humaine, respectueux de la dignité de chacun et de l’identité de chaque peuple.
Construisons une Europe enfin démocratique dans laquelle on puisse discuter, cas par cas, des avancées souhaitables à mettre en place par des traités spécifiques, renégociables lorsque cela paraît nécessaire – car bien sûr il faut prévoir que rien n’est statique et l’évolution est souhaitable -.

Une Constitution devrait donc être un Corps de textes succincts et précis, qui ne définisse ou ne devrait définir que les axes et les rouages essentiels à la vie d’un pays, d’une communauté, et les rapports nécessaires entre le pays réel et l’Etat. Or le fatras de règlements pinaillés que l’on nous propose d’adopter le 29 mai, n’est pas une Constitution. Ce n’est pas, non plus, un traité, c’est un marécage nauséabond où nous perdrons notre liberté, notre identité et notre âme si nous avons le malheur d’y avancer un pied.

Si je vote non à cette Constitution c’est en effet pour être libre et mieux promouvoir notre agriculture, notre pêche, notre artisanat et notre petit commerce, dans une Europe si possible débarrassée de l’étau mécanique d’un capital aveugle. Jusqu’à présent l’Europe n’a fait qu’appauvrir les jardiniers de nos terres et les laboureurs de nos mers au point de les mettre à la merci de grands groupes financiers, qui, par le jeu des prêts, des hypothèques et des incitations à se moderniser détiennent déjà 75% de la terre de France, mais également ce qui me semble grave, l’outil de travail de nos agriculteurs, de nos pêcheurs et parfois de nos petits commerçants. On nous demande de lutter contre l’esclavage. J’en suis d’accord. Commençons par redonner leur liberté aux agriculteurs, aux marins pêcheurs, aux petits commerçants en annulant la dette à la façon de ce qui fut fait pour le tiers-monde. Et construisons une autre Europe qui respire enfin la liberté.

Mes amis, plus que tout autre je me sens européen car je le suis par mon sang. Ma famille est exemplaire en ce sens. Par mariage, ma fille est Autrichienne et mes sœurs Belge, Allemande, Espagnole, et Italienne. Mes cousins sont Yougoslaves, Tchèques, Grecs, Roumains, Bulgares, Russes, Allemands, Danois, Belges, Luxembourgeois, Italiens, Espagnols et Portugais. Mais cela ne suffit pas pour construire l’Europe. Si je me reconnais européen comme vous c’est parce que nous sommes issus de la même civilisation judéo-chrétienne. Nous possédons en commun une même éthique et parfois nous savons donner le même sens aux mots, héritage commun d’une culture qui a puisé aux mêmes sources dont celles des Arabes du 10e siècle jusqu’au 14e siècle. Cependant le langage du politiquement correct, sorte de tumeur de l’esprit tente de nous imposer un modèle uniforme jusque dans le texte de cette Constitution déposée à la sauvette dans notre boîte aux lettres. Car les mots nouveaux ne font que recouvrir les réalités d’autrefois un peu comme Monsieur Jourdain qui s’aperçoit pouvoir écrire en prose… Ainsi à mes yeux l’Europe a toujours existé. Elle s’est construite depuis 2000 ans et nos ancêtres, les vôtres et les miens avons bâti une bonne part de l’Europe en construisant la France. N’ayons donc aucune honte à voter non pour mieux construire une autre Europe – demain ! – Certes la volonté librement exprimée de chaque peuple est nécessaire pour cimenter la future Europe que nous désirons. Mais elle suppose, cette liberté, elle suppose en contrepartie une écoute attentive de la part de nos gouvernants. Le gouvernement de quelque pays que ce soit a pour vocation de se mettre au service des peuples de son pays et non se servir auprès d’eux ou sur leur dos.

Toute politique juste a pour vocation le service du bien commun. Les qualités pour bien gouverner sont l’abnégation, l’écoute d’autrui (certains appellent cela l’amour), la force de caractère afin de promouvoir des lois empreintes de justice de paix et de liberté, sachant que la véritable liberté s’arrête où commence celle d’autrui.

Je voudrais conclure sur ces mots que saint Louis adressait à son fils dans son testament politique :
« Mon fils, lorsque le pauvre entre en conflit avec l’homme riche et que tu doives juger de cela, soutiens le pauvre jusqu’à ce que le droit des parties soit éclairci. »
En lisant le texte de la « Constitution » que l’on nous demande de ratifier, rien n’est éclairci à mes yeux. C’est pourquoi, soutenant les plus faibles, les plus démunis, je voterai NON à la Constitution.

Françaises et Français, mes amis, notre liberté est ce que nous possédons de plus précieux.
Vive la France.

Merci Monseigneur,
vive le roi !

jeudi 19 mai 2005

Escroquerie Démocratique

L'agitation politique actuelle montre à l'évidence qu'au-delà de la vertueuse explication de texte, les acteurs de la campagne électorale tirent sur tous les leviers de manipulation possible afin de faire triompher leur thèse et assurer la prébende. L'enjeu est tel qu'on ne s'en cache même plus.
Les Français comprendront-ils enfin que leur système électoral, même ramené à son extrême simplicité - oui ou non - est vicieux dès lors que l'analyse du choix est complexe, puisque la tentation est grande pour les politiciens de capitaliser sur leur bonne ou mauvaise mine plutôt que sur la mise au clair d'un dispositif abscons, par nature impossible à mettre à plat.

Le bureau de vote d'Alfred Bramtot, 1891 Posted by Hello


Nous reproduisons la partie la plus intéressante d'un article de Georges Rousseau publié par la Restauration Nationale de Hilaire de Cremier et nous la titrons:

La Sphère démocratique

"Nous autres, royalistes d’Action Française, ne sommes pas des ennemis de la démocratie par idéologie et encore moins au nom dont ne sait trop quelle nostalgie fascisante : nous sommes pour la démocratie quand elle fonctionne et contre ce système quand il ne marche pas. Or, l’observation révèle que la démocratie ne peut fonctionner convenablement que lorsque les électeurs d’une communauté donnée connaissent suffisamment bien les problèmes qui se posent à cette communauté et peuvent donc porter un jugement valable sur ces problèmes. En pratique, ces conditions sont surtout remplies au niveau de la commune. Ceci est particulièrement vrai lorsque la commune est de petite dimension, mais cela s ‘applique aussi lorsqu’une commune est grande car elle alors scindée en arrondissements, de sorte que les problèmes restent à taille humaine. Il en est de même au niveau des cantons, qui recoupent souvent nos anciens « pays », et des arrondissements, collectivités locales qui regroupent deux ou trois cantons : si les problèmes qui se posent à ces collectivités particulières sont plus compliqués que ceux qui se posent à une commune, ils restent cependant à la portée de la compréhension des électeurs, qui en outre connaissent souvent personnellement leurs représentants aux conseils de ces communautés.
Au delà de ce cercle vertueux, la démocratie cesse d’en être une. Elle se transforme alors en oligarchie, système dans lequel le pouvoir est accaparé par un petit groupe d’hommes. Il n’y aurait que demi-mal si ceux-ci étaient réellement des personnalités reconnues au titre de leurs compétences et des services qu’ils ont rendus à cette collectivité. Hélas, le système électif aux plus hauts niveaux de l’Etat vicie tout : soucieux de la réussite de leur carrière personnelle, beaucoup de représentants des départements et des régions, de députés et de sénateurs, et les présidents de la République eux-mêmes, deviennent les otages des partis et de leurs idéologies respectives. Au lieu d’être d’authentiques représentants de la population, défendant ses besoins réels et ses intérêts matériels et moraux, ils deviennent alors des apparatchiks, rabâchant sur ordre des slogans idéologiques.
Le summum de l’escroquerie démocratique est atteint lors des référendums, car en général les questions posées dans ces consultations dépassent largement la compréhension de la plupart des électeurs. Nous en voyons un exemple éclatant sous nos yeux ; c’est celui du référendum qui va se dérouler dans les jours qui viennent : on a envoyé à chacun de nous une brochure de 191 pages contenant les 448 articles du «Traité établissant une constitution pour l’Europe » et les protocoles et annexes. Combien d’électeurs ont-ils compris le sens de ces textes touffus, ce qui d’ailleurs demanderait la connaissance des traités précédents ? Poser la question, c’est y répondre…"

G.Rousseau, RN, 6 mai 2005


Royal Artillerie ajoute un commentaire conclusif pour boucler la boucle, enfin, y tendre.
Dans le périmètre de conscience du citoyen, la démocratie politique est le meilleur système de choix. Sans peut-être aller jusqu'à la démocratie directe permanente qui trop souvent avantage les échauffements populistes, le dépositaire du pouvoir local peut décider de consulter le peuple par référendum, autant que ce dernier peut également prendre l'initiative d'exprimer collectivement son choix. Le référendum n'est pas intrinsèquement une escroquerie. A l'inverse, la procédure peut représenter le meilleur "lave-mains" politique pour trancher une alternative inextricable. A ne pas négliger !
Par contre la campagne référendaire en cours menée tambours battants par la nomenklatura républicaine* laisse pointer de sous les casquettes démocratiques les longues oreilles du mépris bourgeois à l'encontre du corps électoral universel, traité à longueur de colonnes comme un benêt incapable d'embrasser la synthèse de ce formidable ouvrage qu'est le traité constitutionnel de Valéry Giscard d'Estaing. Les arguments, de chaque bord d'ailleurs, sont putassiers et destinés ouvertement au veau national.
Hier une nouvelle marche a été descendue par le pouvoir central qui est passé de la crise politique éventuelle en cas de victoire du non, au chaos économique annoncé. Il leur reste une bonne semaine pour trouver l'argument massue qui captera ces deux pour cent d'indécis qui ne cessent de sauter la barrière de majorité. Pourquoi ne pas noyer carrément Pasqua dans le pétrole saddamite et Villiers ou Chevènement dans une sale histoire.
Mais vous n'y pensez pas, chère médème !

Deux articles ont paru dans Steppique Hebdo autour de la consultation en cours, Si Vis Pacem et De l'Autisme en Politique.

Note (*) : Oui, république et démocratie sont deux soeurs mais il arrivent parfois qu'elles se crêpent le chignon.


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