vendredi 30 septembre 2011

Déficit primaire de l'État

Franz-Olivier Giesbert nous a fait une colère rentrée hier soir dans le show télévisé d'Alain Juppé arguant de l'inannité du débat - merci pour les copains d'avant lui - qui laissait de côté l'affaire de la dette monstrueuse qui engloutit nos impôts, pour s'attarder à n'en plus finir sur les humeurs, émois et manoeuvres d'un candidat putatif à la présidentielle de 2017. Lequel préférerait peut-être jouir à Dax de sa pension d'inspecteur des Finances. A mal escient car tout le monde s'en fout ! A preuve la charge outrée d'Harlem Désir sur les réalités du moment.
Ce matin, un des fondateurs du site d'information Slate.fr met le doigt sur une vérité "primaire" que même les candidats socialistes, de son bord donc, ne veulent aborder. Il s'agit du déficit budgétaire primaire de l'Etat. Nous n'entrerons pas cette fois dans les chiffres car les royalistes sont d'abord de grands romantiques, mais nous ne contournerons pas l'évidence.

Si le budget primitif hors-service de la Dette est en excédent, cela veut dire que les comptes d'exploitation dégagent de l'argent pour servir voire commencer à rembourser cette dette. Donc la situation globale est saine, il suffit de l'améliorer et de prendre patience, la dette va fondre à plus ou moins long terme. Si en plus cette dette est détenue par des nationaux (comme au Japon ou en Italie), elle est moins volatile et moins soumise aux attentes des marchés extérieurs.

Si le budget primitif hors-service de la Dette est en déficit, cela veut dire que la gabegie métastase dans une cavalerie fatale - emprunter chaque fois pour faire l'échéance - et que la Dette n'est pas en voie de résorbtion, donc transférée aux générations suivantes qui seront peut-être plus pauvres que les nôtres et déclareront la banqueroute.

La Haute Administration s'en inquiète assez pour publier des rapports donnant voies et moyens d'arriver déjà à un budget primitif sans déficit, mais elle ne parvient pas à convaincre les hommes politiques, complètement abrutis par les échéances... électorales qu'il leur faut franchir pour maintenir le niveau de vie de leur famille et assouvir leur position avantageuse d'élus.

Comme le dit Jacques Attali dans Slate.fr, c'est lui le fondateur signalé, si la croissance n'est pas au rendez-vous en 2012 - et la récession mondiale pointe l'oreille - alors les marchés ne retiendront que le creusement de la Dette et l'accroissement du risque souverain, en haussant dans un premier temps le prix de leur concours, aggravant terriblement les conditions d'exécution de ce budget au détriment de toute la société et de l'Etat lui-même, le service de cette p... de dette n'étant pas seulement supérieur aux dépenses d'éducation, mais devenant facilement le double !
La propension de ce blogue à positiver nous conduit à recommander à nos élus de faire appliquer les suggestions pressantes de la Haute Administration, à commencer par la destruction des niches fiscales vaines pour 50 milliards d'euros. A quoi devrait s'ajouter immédiatement quelques mesures emblématiques touchant au train de vie de l'Etat (Air-Farce One), et au subventionnement de maintes inutilités comme la Hadopi par exemple, la Halde :) etc... pour faire du bruit et réveiller l'électeur abusé.

L'article de Jacques Attali est accessible par ici.

mardi 27 septembre 2011

Projet de Projet pour la France

Un pays qui n'équilibre jamais ses échanges depuis dix ans est un pays qui saigne. Quand nous achetons cent dollars de quoique ce soit nous n'en vendons que pour quatrevingt-cinq. Les quinze qui manquent pour faire bouillir la marmite, nous les empruntons au-dehors, à tel point que la masse salariale de la fonction publique n’est pas complètement abondée par l’impôt. Une partie du traitement de chaque fonctionnaire est empruntée à l’étranger. Pourquoi se moque-t-on de la Grèce ? Normalement en droit naturel, prodigalité et oisiveté conjuguées sont passibles d'un grand coup de tomahawk sur le crâne après la prière de routine ! Notre génération babyboom est à tuer !
Avant que l’on distribue du Soleil-Vert à tout le monde par tirage au sort des numéros SS, nous devrions faire cadeau à nos héritiers d'un Projet qui remette ce pays dans l'axe de son influence traditionnelle, et quoiqu'en pensent les disciples de Charles Maurras, tout commence par l'économie.
De l'économie vient la puissance. L’intendance ne suit pas !
Les vaincus de la Seconde Guerre mondiale ont été politiquement nanifiés, ce qui a libéré leur énergie économique. Qui en 1945, sur les ruines fumantes de Berlin et de Tokyo, aurait prédit que ces deux nations deviendraient les deuxième et troisième puissances économiques mondiales dans le temps d'une seule génération ? Deux générations plus tard, ce sont les masses grouillantes du vieil empire céleste qui, à force de travail, redonnent à leur pays sa prééminence ancienne et sa richesse ancestrale. Au triptyque fameux… le travail vient d’abord. Souvenons-nous en !

Le Projet dont nous parlons aujourd’hui pour la France est, en résumé, de réduire et refonder l'Etat, pour distraire des ressources fiscales vers les domaines d'avenir parmi lesquels l'instruction publique et la recherche sont à privilégier. Peut-être devrons-nous mettre un mouchoir sur notre fierté et chercher chez nos voisins des modèles déjà testés qui marchent bien, cela nous fera gagner du temps, dont on n'a pas de reste. La Réforme peut se faire dans une loi-programme de dix ans après la rupture initiale de régime, à moins que l’on importe le nouvel Hercule, quelque Poutine ou Thatcher, auquel cas nous irons plus vite, avec un peu plus de morts (ou de déportés aux Kerguelen).

Ramenons dans un premier temps l'Etat central sur son périmètre régalien et renforçons-le afin que ces fonctions soient assurées réellement, sans être à la merci des alternances et caprices politiques, mais aussi des crises extérieures.
Il faut commencer par la justice. Le procès avorté de Dominique Strauss-Kahn a mis en lumière le vieil adage de cavalerie : si vous faites une connerie, faites-la vite ! Et le procureur de New-York jugeant l'impasse n'a pas tergiversé. Pas plus d'ailleurs quand il fallut entendre la plainte d'une femme de chambre peuhl. Cette justice populaire américaine nous a montré son équanimité et son souci de la dépense, et nous a fait douter de la nôtre qui n'en finit plus d'avancer sur les dossiers. Citons… ou ne citons rien il y en a trop, des années de procédure à se demander si les chargés de l'instruction y comprennent quelque chose. La Suisse dépense 140€ par an et par tête de pipe pour la juger, l'Allemagne dépense 106€, le Grande Bretagne 75 et la France 58 ! (source). S’il faut une meilleure organisation c’est d’argent dont on parle d’abord. Inutile d'épiloguer.

Vient ensuite la police. Comparable en effectifs à celle de nos voisins, elle est sous-équipée, mal commandée et démotivée. Elle subit sa condition d'enjeu politique, surtout depuis que le chef de la police est entré à l'Elysée. Les critiques fusent de partout pour l'atteindre lui à travers elle, et la réplique, faite d'effets d'annonce, est pire encore. C'est dans cette fonction que l'on peut le mieux juger de la pertinence de l’extraction d’une institution centrale hors des joutes politiques et donc du domaine public. Efficacité à coût constant. Il faut rééquiper notre police nationale, hausser le niveau de recrutement en même temps que celui des missions, et faire le ménage dans l'encadrement, accaparé par la carrière et les statistiques. Et bientôt lui faire confiance dès qu’elle aura retrouvé sa fierté.

La guerre est une affaire trop sérieuse pour être confiée aux militaires. C'est un peu vrai à voir les "monstres" que nos ingénieurs de l'armement produisent au jus de crâne, mais qui restent sur étagère car personne n'en veut. Les armées sont des organisations de temps long très mal gérées par les cabinets politiques de temps court. Les lois-programmes sont contournées par l'altération des crédits de paiement, le report des tranches, les transferts entre crédits d'investissement et crédits de fonctionnement, etc... Elles sont gérées sur une onde porteuse de pénurie dans le grand style des gouvernements rad-soc d'avant-guerre. On déclame à la Chambre et derrière on ne paie pas ! La fonction polémologique (dès fois qu’on me proposerait à l’Académie) doit être retirée à la dispute parlementaire, et l'armement défini par le combat et non par des rêves de grandeur. Nous savons tout faire et rien vendre. Une défense libérée des bégaiements ministériels et des injonctions industrielles pourra être durcie à coût constant afin d’atteindre un jour le cœur de cible qui est d’inspirer la peur. On pourra y revenir à l’occasion mais le Livre Blanc de Morin était une bonne base.


Reste la diplomatie. Nous avons une belle diplomatie que nous aimerions plus active, si encore les lobbies de tous ordres ne la doublent pas en permanence, comme le disait Jean-Christophe Rufin, de l'Académie française, ancien ambassadeur de Kouchner au Sénégal, débarqué pour inassouplissement de l’échine. Pour lui, Wade est une crapule, je partage. Avouons aussi qu'il n'est pas facile d'être l'ambassadeur de la Vulgarité quand vous avez un Balkany qui est chez vous chez lui, ou que votre action est filtrée par des Sirven, Falcone ou Papamadi Mitterrand pour ne pas entrer dans les dossiers en cours où nous croiserions tout le Levant des Echelles. Réhabiliter l'autorité de nos ambassadeurs est aussi important que d'éradiquer la corruption de certains consulats (?!).
Le ministre à la tête du Quai doit être compétent et passionné, connaître la trajectoire propre à son pays et avoir une prescience des évolutions. Le mettre en tutelle d'un conseiller élyséen en soupente est le plus sûr moyen d'épandre un certain autisme par tout le réseau et de saper l’autorité. Un pays un peu plus ambitieux que les autres mais disposant de moyens limités doit avoir l’excellence pour de vrai à la tête de sa diplomatie. Par chance nous ne sommes pas trop démunis.

Normalement arrivé à ce point, on fait un paragraphe sur la souveraineté monétaire. La monnaie étant sortie du champ public français pour cause de gabegie éhontée, nous économiserons l'espace et reviendrons sur le sujet dans vingt ans.

Le contre-pouvoir
Il y a une contrepartie à tout ça, que l’on appelle le contrôle des pouvoirs et les contre-pouvoirs. L’histoire a démontré que le despotisme éclairé est aussi rare que le génie. Le domaine régalien ne peut être la clôture des carmes déchaux. Si le domaine est dirigé, comme nous le dirons plus bas, par un cabinet d’hommes d’Etat pénétrés de leur fonction, il est financé sur l’impôt et donc par les contribuables. Il n’est pas envisageable de ne pas le contrôler a posteriori. La jauge la plus honnête est une culture du résultat, l’honnêteté des comptes étant assurée par la cour éponyme.
Il y a un vrai contrat moral à passer entre la Société et l’Etat régalien. La première remet entre les mains du second l’essence même du vivre-ensemble et se promet de ne pas le perturber par les caprices de l’Opinion, à charge pour lui de rester à sa place. C’est beaucoup demander à la Société, sachant surtout que la convalescence de l’addiction à l’Etat-nounou sera longue. Il est donc préférable que ce domaine régalien ne soit pas muré dans ses certitudes mais parle à dates convenues avec des représentants de la société qui lui transmettront leur vision de choses de l‘extérieur. Ce pourrait être la fonction d’un Sénat, représentant des territoires, ramené à des proportions compatibles avec le budget disponible. Le Sénat américain n’a que cent sièges. Arrêtons-nous à cent sièges.


Qui gouverne ?
L’exécutif « régalien » est organisé dans la plateforme politique de l’Alliance Royale. La construction date d’une époque moins bridée par les contraintes financières. Autant faire simple. Les ministères régaliens et les institutions transversales primordiales* doivent être coordonnées par le cabinet d’un ministre d’Etat. Et de plus, rien n’est besoin.
(*) Banque de France, Budget & Fisc, Cour des comptes, Conseil d’Etat, Insee…
La plateforme politique de l'AR est accessible par ici.

Ceci étant clair – quelle chance de faire des réformes par blog ! – comment en profiter ? La société civile libérée peut alors développer tous les atouts de notre économie (voir le billet correspondant en cliquant ici), l'Etat central assurant sans faiblir ses fonctions régaliennes dont il a déchargé le domaine public. Ce niveau « subalterne » est réglé par le principe de suppléance chaque fois que les individus, familles ou corporations ne peuvent faire avancer les choses de leur mouvement propre et remontent l’appel à solution à l’étage supérieur. Principe équilibré par le principe de subsidiarité qui recherche le plus bas niveau possible pour l’action publique dans un esprit de non-intervention. Tout le contraire de ce que nous subissons aujourd’hui où l’Etat est partout jusque dans les alcôves.

Le domaine public
On aura compris que la Société civile va dès lors s’autogérer dans son champ de responsabilités que l’on définirait ainsi : tout ce que nous voulons faire tous ensemble en dehors du domaine régalien. Nous l’appellerons « domaine public ». Dans ce domaine tout est à construire ou à finir de construire puisque le chantier de nos infrastructures administratives reste ouvert ad eternam : la décentralisation est en mouvement perpétuel. On oscille entre la satrapie régionale, la banque du défaut social de l’Etat central, la chambre d’investissements sans crédits, la seconde chance des battus de première division. L'arrivée de la Gauche au Sénat va bloquer la simplification du mille-feuilles, ou en bâtir un autre.
Il faut choisir entre la länderisation effective du territoire et l’uniformisation napoléonienne qui a fait aussi ses preuves dans l'édification d'un état moderne. Sans m’être fait une religion, je pencherais pour la seconde en l’état, à voir l’importance des doublons et des gaspillages, pour ne rien dire de la corruption locale et du népotisme généralisé. On ne peut annuler ces dérives que en remettant tout à plat et en régionalisant le budget et les impôts. Que le contribuable soit appelé à juger du développement de sa région dans les urnes plutôt que de s’exprimer sur la politique étrangère du pays !
Si a contrario l’Anschluss se précisait, un territoire ländérisé serait de meilleur assemblage avec notre cousin germain. Donc, ça reste ouvert.

Les infrastructures administratives du domaine public étant choisies, il serait à mon sens bienvenu de faire une large place à la démocratie directe, comme en Suisse. Rapprocher les pouvoirs élus des citoyens est un gage d'usage de cette denrée indéfinissable qu'est le bon sens. C'est toute l'histoire de notre déclin qui aurait pu être économisée, en termes de dettes sociales, valeurs civilisationnelles, gabegie évidente à tous étages (rapport annuel de la Cour des Comptes) sans parler du ridicule de certaines postures et lâchetés de classe qui emplissent les gazettes.

Dans ce domaine public "autogéré", il est deux exigences impérieuses à respecter pour l'avenir de ce pays en concurrence féroce avec toute la planète. C'est l'amélioration de l'Education générale et universitaire, et le renforcement de la Recherche & Développement. Nous ne partons pas de rien. Il est d'excellents points d'appui en France, mais nous sommes encombrés de bien trop de tabous hérités d'une part de la bolchévisation de la filière, et d'autre part de la suffisance des grandes écoles, qui exposées au grand jour du grand monde ne le sont pas tant que ça. En fait, c'est tout le but de ce projet de Projet, privilégier l'esprit qui pour le moment est notre seule rente.

En résumé, le Projet consisterait à bien délimiter et durcir le domaine régalien que l'on arrachera aux joutes démocratiques pour le confier à une autorité légitime indépendante des partis. Ces fonctions essentielles étant dès lors assurées quoiqu'il arrive, il ne s'agira plus que de libérer les domaines économique et public de toutes entraves politiciennes en faisant confiance au génie propre de cette "race", mais dans le cadre d'un contrat de résultat entre la Société dans son ensemble et les parties vives de la Nation.
Ce blogue promeut la solution monarchique pour faire précipiter ce domaine régalien en un composé homogène, sans s’appesantir à nouveau sur les avantages de ce régime (continuité du projet national, dignité, autorité morale naturelle, consensus minimum, représentativité de la nation). Tout le reste du pays étant livré à une bienheureuse anarchie.
L'autorité en haut, les libertés en bas (Ch. Maurras).

vendredi 23 septembre 2011

Le Principicule de Ramallah

S'ils en avaient su les conséquences, les Anglais n'aurait jamais laissé Arthur Balfour déclarer "bon pour la santé" le kyste juif en Palestine. Mais la posture, pour inquiétante qu'elle ait été aux yeux des bataillons arabes ralliés à la cause britannique, consolidait les soutiens financiers de l'Empire - la déclaration fut faite au moyen d'une lettre de Balfour à Walter Rothschild - et elle plaisait à la déjà puissante communauté juive de New York. Londres disposait à sa guise du territoire conquis sur l'Empire ottoman qui avait capitulé à Bersabée (Beer-Sheva) sept jours plus tôt. Si le Foreign Office était dans son droit d'imposer le "tribut du vainqueur", il fit preuve ici comme partout ailleurs¹ d'une étonnante courte-vue, à la limite du glaucome diplomatique. Disposer de la "res nullius" à la barbe des résidents était fort de café. Voir aujourd'hui l'équipe de chirurgie réparatrice, le Quartet², menée par un ancien ministre de sa Majesté, spécialiste incontesté de l'enfumage, est encore plus fort. Résultat ?

La Palestine moderne est devenue Terre de Haine, coupée en tous sens de barrières, chicanes, murs, fossés, levées de terre, tout y est fait pour que les enfants d'Abraham cessent de s'étriper, pendant le pillage des uns ou sous les roquettes des autres ; sans chercher à carrément les séparer, ce qui demeure la seule solution viable, et de force plus sûrement.
Aujourd'hui, celui qui a le dessous demande que le résidu de ses territoires soit érigé en Etat, afin de parler d'égal à égal avec les autres Etats du monde, mais surtout avec celui de son oppresseur. Si l'on comprend bien la revendication de dignité des habitants du zoo qu'Israël a créé, on ne peut qu'être confondu à la lecture des cartes. Le Kosovo est un astrakan onusien mais dans des frontières parcourables, ce qui peut motiver sa séparation de la Serbie sur une base ethnique même si elle est illégale.
La Palestine arabe n'est pas même le Kosovo. Elle est déjà coupée en deux, et sa moitié utile n'est qu'un patchwork d'enclaves qui ferait presque penser aux principicules de l'Italie des princes. Celle-ci disposait au moins de frontières extérieures, alors qu'on les refuse à l'Autorité administrative palestinienne. Je dis bien "enclaves".
En effet, lorsqu'on présente d'ordinaire la Cisjordanie, on la sépare bien d'Israël et l'on parle de colonisation de l'espace par l'implantation inlassable de ghettos juifs. Mais si on présente une carte de toute la Palestine, on voit clairement que les "enclaves" sont bien les districts sous administration arabe, au sein d'Eretz Israël. Le futur Etat arabe ne serait en fait accessible librement de l'étranger que par voie aérienne zénithale ; ses frontières terrestres et maritimes étant partout tenues par l'armée de l'Etat hébreu³.

Si l'on efface le trait noir qui n'est pas matérialisé sur le terrain, la carte ci-dessous, extraite des accords d'Oslo, montre la situation d'enclaves arabes (zones A et B) par le choix d'une couleur unique (le blanc) pour tout l'espace sous occupation israélienne :

Plutôt que de cajoler le gouvernement palestinien sur la forme et le temps de sa demande de reconnaissance, comme le font les gouvernements occidentaux, il serait plus sérieux de lui dire en face que son projet n'est qu'un changement de statut sur le papier qui ne lèvera pas le joug israélien et ne lui apportera, s'il aboutissait, que les effluves d'une liberté formelle qui se dissiperont au premier vent contraire. A charge de la communauté internationale, dirigée bientôt par de nouveaux et riches maîtres, de remettre les choses au carré en tenant compte de la réalité des vivants plus que de l'expérience des morts.

C'est un des mystères de la diplomatie moderne que de s'acharner dans l'erreur.

Notes :
(1) Hors du continent américain, tous les points de frictions internationales actuelles portent la marque du Foreign Office.
(2) États-Unis d'Amérique, Fédération de Russie, Union européenne et Organisation des Nations unies.
(3) La frontière égyptienne de la Bande de Gaza sera réinvestie par Tsahal si le nouveau pharaon dénonce le traité de 1979.

dimanche 18 septembre 2011

Utrecht, 299 jaar oud binnenkort !

On se souvient que la précampagne d'Yves-Marie Adeline pour la présidentielle de 2007 avait été polluée par une question récurrente que lui posaient les passants auxquels il annonçait l'offre politique royaliste et que l'on compacterait comme ça : "Pour quel prince roulez-vous ?". La réponse esquivait la Querelle d'un "je ne sais pas au moment, mais les princes de la maison de Bourbon sont bien assez nombreux".
« Quid de la question d'une restauration, se demandait au mois d'août dernier Gérard de Villèle, dans le numéro 40 du Lien Légitimiste. Elle pourrait, suggérait-il, se poser à tous si l'Alliance Royale réussit à présenter un candidat aux prochaines présidentielles, candidat qui avancera l'idée référendaire pour ré-instaurer la royauté en France... Espérance !». Cet envoi de Villèle conclut une page très intéressante sur les conséquences dynastiques de la paix d'Utrecht vues sous un angle inédit.
Pour la candidature, on y est, le candidat de l'AR s'est déclaré hier à la Biennale Blanche de Paris. C'est donc M. le comte Patrick Cosseron de Villenoisy qui défendra les couleurs royalistes dans ce tournoi sans règles ni morale, autres que celle sélectionnant les candidats par le barrage des parrainages dans le vivier des sortants. Signe distinctif : porte une épée en épingle de cravate à défaut de lui battre la cuisse. Ça ne se fait plus certes - pour le moment - mais signale un candidat offensif qui exaltera et les règles et la morale et le roi. Royal-Artillerie fera campagne, SDLPV.
Revenons à Utrecht si donc la même question est de nouveau posée par les piétons qui passent.

Utrecht 1713 ! La paix d'Utrecht est considérée comme le début de la diplomatie moderne. Ces traités marquent la fin de presque deux siècles de guerres et conflits religieux en Europe. En 1713, la richesse de la vie culturelle de la ville d'Utrecht participa à l'empathie des différentes cultures apportées par les délégations étrangères, qui ne manqua pas de rapprocher les points de vue. Les préliminaires aux articles négociés donnent le ton de l'enthousiasme de commande qui ouvre une période de paix perpétuelle.
(Voir pour comprendre la version française du traité franco-anglais du 11 avril 1713).
Est-ce le dernier traité international d'importance rédigé en original latin ? Il mettait fin à la guerre de succession d'Espagne (Charles II de Habsbourg était mort à Madrid sans enfants) au bénéfice de l'Angleterre, du Saint-Empire et des Pays-Bas et au détriment de l'Espagne et de la France, alliées par un pacte de famille depuis que le fils du Grand Dauphin régnait à Madrid.
Le fait majeur pour la suite fut d'élever l'Electeur de Brandebourg au titre de Roi de Prusse. A part ça, il ne reste de ce traité que le transfert à la couronne britannique des possessions françaises du Canada oriental, la frontière franco-italienne en Savoie et l'annexion de Gibraltar. Un site canadien explore le volet américain de ce traité dans un dossier très bien fait que l'on consultera en cliquant ici.

Mais au Roycoland la paix d'Utrecht est restée comme la Durandal plantée à Roncevaux qui partagerait les couronnes de France et d'Espagne en interdisant toute réunification des royaumes voisins. Ce que Napoléon parviendra malgré tout à réaliser dans son plan de guerre contre l'Angleterre, mais de manière éphémère, jusqu'à Trafalgar. Si le royaume castillan existe toujours, son cousin français a disparu corps et biens dans les remous révolutionnaires du XIX° siècle, ce qui paradoxalement a nourri la Querelle dynastique franco-française au motif qu'on ne se dispute jamais aussi bien que sur des espérances.
Utrecht est le brevet d'hispanité des Bourbons d'Espagne promouvant symétriquement l'exclusivité des Orléans à la couronne de France par défaut d'héritier direct de la branche Bourbon de France (le petit-fils de Charles X est mort sans enfants). Du moins sont-ce les seconds qui s'en prévalent, et les premiers qui drosophilent.

Dans ce 40ème numéro du Lien Légitimiste¹ paru le 25 août dernier, Gérard de Villèle, faisant la critique du nouvel ouvrage de Daniel de Montplaisir « Louis XX petit-fils du Roi-Soleil », évoquait donc la clause dynastique d'Utrecht à la lumière des attendus de la Cour internationale de Justice de La Haye consultée par l'auteur en la personne de son ancien président Gérard Guillaume. Cette exégèse de la Paix d'Utrecht conduite sur de nombreuses pages justifie à elle-seule l'achat du bouquin que l'on qualifie partout d'utile, ce qui n'est pas un mince compliment dans la sphère royaliste où les hagiographies pompeuses sont la règle. Il ressort de la discussion que la clause d'ordre public rebus sic stantibus ouvrirait le chemin des constatations que les deux couronnes sont définitivement séparées depuis 1975 (avènement de Juan-Carlos Ier) et que, s'il en était besoin, la chose pourrait être actée dans un addendum, le traité restant en vigueur pour préserver ses clauses territoriales.

Est-ce si simple ? Si ce n'est l'un c'est l'autre ? Des esprits dérageants refusent de s'en tenir aux Capétiens directs et contestent que la restauration de la monarchie ne puisse être que la renaissance du royaume disparu et la résurgence de ses lois. Ça se discute, même entre amis.
L'histoire de France est celle des surprises, des aubaines et fatalement des "usurpations". Les ruptures dynastiques furent nombreuses et celle que nous endurons a déjà 141, 163 ou 181 ans selon l'année zéro du temps décompté². Qui interdirait une restauration qui n'en soit pas une ? Je ne devine aucune force en capacité de l'imposer, et même si un courant carolingien se mêlait à la dispute dans le cadre élargi d'une Europe occidentale vouée à se confédérer comme au temps du Saint-Empire pour survivre au choc des empires orientaux renaissants, il ferait du chiffre. Et le retour des Carolingiens annulerait l'usurpation de 987. Ça vous la coupe.

Utrecht 2013 ? Trois cents ans auront passé. La République en banqueroute, ayant achevé la confiscation de l'épargne des ménages pour survivre dans ses "valeurs" et ses prébendes, s'effondre. Hier soir, les ministres se sont réfugiés chez leur maman comme en 68, les ministères ont fermé leurs lourds portails que personne ne garde plus. Les arsenaux, les paieries générales sont barricadées et les agences de la banque de France aussi. On ne trouve plus de piles pour la radio, ni de bougies. Les députés se terrent en province comme des proscrits, Marseille vient de s'ériger en émirat, l'Aquitaine, la baronnie de Laàs et le Pays Basque ont proclamé leur sécession, le maire de Paris porte un casque à plume rose pour gambader sur le balcon de l'Hôtel de Ville cherchant d'un oeil la caméra de CNN, et le préfet de police de Paris attend des ordres d'où qu'ils viennent. Les régiments sont consignés dans leurs quartiers et leurs armureries gardées par des adjudants.
Le président du Conseil Constitutionnel, capturé sur la route d'Evreux, proclame à l'enseigne du sphynx dans le micro d'Al-Jaezira que la République est abolie et que les décombres de l'Etat sont remis au ci-devant Prince de X..., seul présent debout au milieu des ruines.
Qui va franchir le cordon de la garde du prince débarqué au Palais-Bourbon, en brandissant l'exemplaire original du traité d'Utrecht pour l'adouber dans sa future fonction, ou la lui interdire ? Le maître du moment ne sera pas celui des Lois, en ces heures tumultueuses le maître est le Chaos. Vaincra celui qui le sert pour le tuer après. A l'intention des musaraignes du Renseignement Intérieur, je signale que c'est de la fiction pour un prochain film ukrainien.

Ceci pour suggérer aux tuteurs de rois, docteurs de la monarchie, qui tranchent et coupent dans le vide d'un royaume aboli, que le prince en situation peut ne pas être désigné par les anciennes lois mais par les circonstances, et que nous le prendrons tel qu'il vient. Il n'y aura pas de "rectification" ultérieure, de querelle dynastique lancée à la face de la Nation par les Planqués de la lutte quand l'écume des désordres sera retombée.
Il n'y a pas de premier à Reims, et peut-être même pas de sacre du premier impétrant. Il y a un homme debout, seul au moment avec lui-même, entouré de fidèles qui l'observent ; il y a un jour, un seul jour ! Peut-on dès lors rédiger un programme ? La seule loi sera celle de la nécessité, on ne refera pas le faux coup de Chambord (merci M. Guillotel - LLL40°- d'avoir désiller nos yeux). On ne loupera pas une restauration sur un principe.

Nous avons la chance d'avoir deux champions en santé, bien mariés, volontaires désignés par leurs troupes certes, mais qui vont finir par y croire. Ils sont imprégnés des prémices d'un destin qui les dépasse ; il faut être un peu impressionné soi-même pour paraître grand sous la charge. Sans préjuger de leur résilience ni de leurs chances, j'ai le pressentiment qu'ils se battront l'un comme l'autre, avec leur intelligence et leurs soutiens.
Pour expliquer la suite au monde ébahi - sacrés Français quand même - le plus simple serait bien sûr d'avoir à montrer au balcon du Ministère de la Marine³ l'héritier présomptif de Louis XIV et Grand-croix d'honneur et dévotion de l'Ordre souverain de Malte ! Mais les Pays-Bas réarmeront, me dit-on dans l'oreillette ! Alors on prendra qui veut.


Note (1): bimestriel sur abonnement à souscrire chez :
Le Lien Légitmiste, Petit-Prix, 37240 La Chapelle-Blanche Saint-Martin
pour 10€/an en version électronique. On peut obtenir le n°40 pour 4€.
Note (2): 1830, 1848 ou 1870
Note (3): ... que l'on sauverait des griffes mercantiles et qui ferait un palais royal plus convenable que la bonbonnière à pouffiasses de l'Elysée

jeudi 15 septembre 2011

Bancreuses

Ce billet a paru en version expurgée dans l'Action Française 2000 du 15 septembre en page 2 sous le titre "Indice de confiance : zéro". Depuis la rédaction de ce billet, les choses se sont aggravées. Le défaut partiel grec (>21%) est quasi certain à fin octobre pour tous les acteurs de marché, et les gouvernements font leurs calculs pour recapitaliser leurs banques chargées de bons "latins", mais les fonds de renationalisation n'existent pas dans les caisses des Etats et les emprunter sur le marché plomberait encore plus la Dette publique. Malgré les cessions d'actifs décidées cette semaine pour atteindre les ratio prudentiels de Bâle III, toute baisse des cours pèsera sur la capitalisation des établissements, devenus proies faciles pour les émirs et les Chinois. Que feront les nouveaux maîtres de ces banques reste une énigme, mais il est peu probable qu'ils désavantagent l'économie de leurs pays d'origine, au détriment peut-être de la nôtre. Malgré leur ton assuré à défaut d'être rassurant, les dirigeants européens, des Etats comme de l'Union, ont montré leur insuffisance. Les nations leur en tiendront compte. Ce billet passe à la trappe à piges que constituent les archives de Royal-Artillerie.

G7 : l'enjeu des appels du FMI et de la BCE n'est pas mince. Il ne s'agit que de recapitaliser de 200 milliards les banques d'Europe afin qu'elles puissent supporter l'affichage des bons douteux dans leurs comptes. A défaut de quoi, elles resteront suspectées d'infection et quand le vent de panique se lèvera, tout le secteur se protègera des métastases de la faillite en bloquant ses transferts. Sans liquidités, le moteur bancaire calera, et nous ferons la queue aux guichets comme à Tripoli !
Le FMI par la voix de son Administrateur-gérant Lagarde appelle à recapitaliser les principales banques d'Europe occidentale parce qu'elle sait (ou a appris à son arrivée à Washington) qu'en cas de turbulences, elles ne tiendront pas le choc, malgré les tests de résilience signalés presque partout positifs. Les fonctionnaires de l'Agence bancaire européenne (EBA) s'en tiennent au succès de leurs simulations et récusent cette demande avec dédain. La présidente du Medef dit ne pas comprendre, c'est inquiétant mais elle n'a fait que SciencesPo. Le président Jouyet de l'Autorité des marchés financiers (AMF) ne demande lui que la recapitalisation des plus petites, et les professionnels du secteur, non impliqués dans les affaires politiques, avouent que les banques européennes sont au fond du trou (dixit Chahine Capital) après avoir perdu 900 milliards de capitalisation en cinq ans ! On n'y comprend rien, sauf si l’on sait que les tests de résilience étaient biaisés par des provisions bien insuffisantes pour palier la restructuration de la dette grecque, pire un défaut. Or de défaut on ne parlait que de ça à Marseille, et de la liquidation de l'Etat grec mis sous tutelle. De ces nouveaux bons russes, la BCE de M. Trichet en a pris pour 45 milliards : Jürgen Stark, son chef économiste, vient de démissionner.

Le bon sens commande donc que les banques détentrices de bons GiPSI¹ se recapitalisent à hauteur des encours douteux dans des délais assez rapides si l'on estime, comme les acteurs de marché, que l'orage va éclater soudainement, ou plus longs, si l'on est optimiste comme un dirigeant politique. Christine Lagarde est passée d'une condition à l'autre et a changé d'opinion, avec un creux à l’estomac car ses experts, rentrés d'Athènes, ont la conviction que la Grèce ne peut pas faire face. L'Etat grec à la merci de ses fonctionnaires rechigne à faire de l'argent par les privatisations (50 milliards attendus) puisque ce serait autant de niches, postes, fromages et prébendes qui disparaîtraient ; et la nation hellène rechigne à contribuer au redressement des comptes publics en cessant de frauder le Fisc car ce serait germaniser sa culture inimitable. Le Pib recule, les déficits croissent, la dette enfle, la phlébite ! Les marchés paniquaient déjà la semaine dernière en rehaussant les taux des obligations grecques à moins d'un an à 72%, et à 47% pour celles à deux ans ! Les latins malades n’en sont qu’à 15%.
Avant de continuer il faut comprendre la notion d’ « évènement de crédit » : c'est une dégradation des termes d’exécution d’une obligation entraînant automatiquement celle du niveau de confiance. Le rééchelonnement des obligations grecques, accepté finalement par Merkel, participe de ces évènements. L'agence internationale de garanties MiGA² et les banques ayant vendu des polices assurant les obligations nationales contre le risque souverain (CDS) craignent d’être appelées en garantie par l’ « évènement », avant même la déclaration de défaut. Les plus chargées en CDS vont plonger car elles n'ont pas le cash pour tout payer. Inutile d’expliquer que tous ceux qui détiennent beaucoup d'obligations grecques, garanties ou pas, vont également plonger. Les mauvaises langues des salles de marché n'appellent-elles pas la Société Générale "le mort qui marche"³ ? Le mauvais scénario prend forme puisque, faute de confiance en leurs consoeurs, les banques européennes parquent de plus en plus de liquidités au jour le jour chez la Banque Centrale Européenne qui les rémunère à 0,75%, liquidités qu'elles commencent à retirer du marché. L'huile du moteur épaissit dangereusement même si avec 170 milliards garés ces jours-ci on reste en dessous des 400 milliards gelés à Francfort en 2008 après la faillite de Lehman Brothers.
L'implication sur les clients est directe. Les entreprises verront s'assécher leurs découverts. Elles devront à leur tour raccourcir ou cesser le crédit client et n'accepter de commandes que payées comptant, si l'on trouve du liquide ! Les investissements seront refusés par les banques. Les retraits des particuliers seront rationnés.

Pendant ce temps, dans des hémicycles déconnectés du monde, il est des gens bizarres qui approuvent le surendettement de leur pays, déjà criblé de dettes, pour quinze milliards d’euros à « prêter » à l’Etat grec qui va disparaitre ; et qui au même moment surtaxent la société française de onze milliards pour entamer un reflux des déficits. Bien sûr, ce ne sont pas les mêmes postes comptables et l’emprunt grec de l’Agence France-Trésor (AFT), inscrit en trésorerie, n’aggravera pas les comptes budgétaires, mais en fin d’exercice dans le compte global "France" il n'y aura aucune contrepartie à ces quinze milliards donnés et perdus. Les Agences noteront l’aggravation de nos finances : le AAA deviendra AA, voire BBB ou pire, et le prix du refinancement de la dette courante sur les marchés s’accroîtra dans des proportions que l’Etat français ne pourra pas supporter.
Le pouvoir noie le poisson dans la réelle complexité de la situation, mais au résultat, c’est assez simple. La dette gérée par l’AFT est de 1320 milliards et sa durée de vie moyenne était de 7 ans et 38 jours au 30 juin. Le taux moyen courant à 7ans est aujourd’hui de 3,25%. Passer seulement à 4% hausserait le montant des nouveaux intérêts de 23%, et de 54% si on passait à 5. Or pour le service de cette dette, nous levons 220 milliards cette année (dont 120 pour les coupons d’obligations). Rapporter ces valeurs au budget annuel de la Justice par exemple (7 milliards) mesure le danger. Devra-t-on confisquer l’épargne ? Mais non, nous emprunterons !


Notes
(1) GiPSI (acronyme de tzigane ) : Grèce, Irlande, Portugal, Spain-Espagne et Italie
(2) MiGA appartient au Groupe Banque Mondiale. Ce groupe puissant associe trois banques internationales spécialisées (BIRD, SFI et BM), l’agence de garanties MiGA et une cour d’arbitrage, la Cirdi
(3) L'action SocGen a perdu 84% de sa valeur en 5 ans, devant le Crédit Agricole qui n'a perdu que 83% et largement devant la BNP qui en est à moins 63%!

lundi 12 septembre 2011

Atout France

Il y a une semaine, dans un post qui a marqué son temps - c'est-à-dire trois minutes - et dont la lecture est recommandée à SciencesPo sous le titre "Le fascisme peut passer, la preuve !" nous rappelions que la France a besoin d'un Projet avec un grand P.
Discuté maintes fois sur ce blogue¹, le voici enrichi des réflexions qu'exigent les incantations politiciennes de campagne. Partant du pronostic qu'en 2012 et quelque soit le vainqueur à l'Elysée, mille intérêts se ligueront contre la kärcherisation des écuries d'Augias, nous bâtissons le Projet sur le fumier existant en espérant que le bon sens y soit convoqué le plus souvent possible.

Les deux pieds dans la merde comme un vrai coq gaulois, nous avons décidé de compter nos billes. La queue de trajectoire du Projet étant l'équilibre de nos échanges et le retour en puissance du pays dans sa zone traditionnelle d'influence, Europe continentale, Méditerranée et Afrique noire occidentale, il convient de s'intéresser d'abord aux atouts de la France qui, s'ils ne sont pas nombreux, ont quand même le poinçon d'excellence. Aéronautique, nucléaire, automobile, astronautique, agriculture commerciale, ferroviaire, navale, gastronomie, missilerie, luxe et BTP.
Ce que nous faisions moins bien, nous ne le faisons plus, les délocalisations ont tranché. La bancassurance est aussi un atout majeur mais nous n'avons jamais pu transformer l'essai et devenir des références mondiales ; notre latinité peut-être ; la consanguinité de l'Etat et des banques sans doute ; les copains-coquins ; l'absence de capitalistes réellement propriétaires de leurs fonds qui sont leur propre banque et n'ont pas besoin de "tour de table" pour agir.
Il y a donc onze domaines ; à vingt pages pièce, ça fait une thèse que nous vous épargnerons en oubliant l'histoire de chacun. Aux faits, direct :

Aéronautique
Personne ne nous dispute un savoir-faire de premier ordre. Quelles que soient les coopérations, Concorde, Airbus, Rafale, sont français. Et le troisième va commencer à se vendre après les démonstrations libyennes, puisqu'il a surclassé l'Eurofighter Typhoon par sa versatilité et son endurance.
Avec des groupes puissants comme Dassault, EADS, Thales, Safran, Zodiac, et quelques autres un peu moins grands, nous avons tout pour réussir dans ce secteur de pointe. Privilégions-les chaque fois que possible.

Nucléaire
C'est le gros morceau d'avenir. Malgré tous les inconvénients de la filière, cette énergie est celle de demain pour deux motifs au moins : on ne fournira pas l'énergie suffisante à onze milliards d'hommes avec des moulins à vent ; la fracturation du noyau atomique pour en libérer son énergie phénoménale est un palier dans la conquête de la matière par le génie humain. Les miroirs convexes sont bien aussi, mais on ne joue pas dans la même cour technologique. Les pays émergents l'ont bien compris qui privilégient tous la filière nucléaire au grand dam des écologistes de hamac qui leur font les gros yeux et voudraient les laisser au temps de la lampe à huile, bio !

Automobile
Certes deux millions de véhicules fabriqués en France ne font plus le poids comparés à la production chinoise, et nous sommes condamnés à échéance à monter en gamme. Mais nous avons les bureaux d'étude capables d'innover et de surprendre ; à moins bien sûr qu'ils ne s'endorment et soient remplacés par des bureaux chinois ou coréens dans la même marque automobile. On pense au bureau Peugeot de Shanghaï qui crée de bien belles choses avec 400 ingénieurs. Nos ingénieurs de chaînes sont aussi très pointus dans la fabrication de petites voitures peformantes et économiques. Le marché est mondial et nos constructeurs doivent l'être aussi. Ce n'est pas catastrophique qu'ils montent des usines sur les marchés destinataires si l'esprit et la technique hyper-pointue restent en France. Mais ce n'est pas gagné d'avance contrairement à d'autres atouts dont nous disposons.

Astronautique
On pense à Ariane, système franco-européen qui prend régulièrement des parts de marché, mais aussi à toute notre industrie de satellites qui n'est le second de personne. Mais la belle Hermes ne sortira pas de Toulouse (photo). Au moment où la NASA lève le pied et où la Russie rencontre des problèmes d'obsolescence de ses lanceurs Soyouz, il ne faudrait pas (quand les finances seront rétablies) succomber à la tentation d'un grand projet pharaonique européen pour la gloire, mais se concentrer plutôt sur la recherche et développement de vaisseaux faciles à vendre maintenant, un peu à l'allemande, en privilégiant l'exploitation rémunératrice des cartes en main. Heureusement que les déficits nous freinent dans notre propension gaullienne à tutoyer des étoiles toujours hors de portée. Au fait, nous avons déjà parlé du bouclier anti-missile dans l'AF2000 ici.

Agriculture commerciale
C'est notre domaine le plus fragilisé. La révision de la Politique Agricole Commune est réclamée par de nombreux pays qui n'ont pas un secteur primaire de la même importance que le nôtre. Nos adversaires sont toujours les mêmes, menés par la Grande Bretagne qui favorise l'importation à bas coûts de produits alimentaires fabriqués en masses. Il faut dire que leurs talents culinaires les obligent à tout prendre !
Dans les ajustements nécessaires à la préservation ou la réparation de notre environnement - les algues vertes sont une honte - il faut garder à l'esprit, au-delà de l'autosuffisance des approvisionnements, que notre agriculture est un poids lourd à l'exportation et donc qu'elle rentre des sous dont nous avons plus que jamais besoin.
Sans traiter la question des OGM, peut-on quand même dire sans se faire insulter que nous sommes le seul pays où on laisse faucher les champs d'OGM, où on laisse détruire les laboratoires de recherche. Les autres avancent et nous devrons un jour leur acheter des licences ! En ce sens M. José Bové aura bien mérité de Monsanto qui lui votera une pension à vie, pour à sa mort l'empailler dans le hall du siège social à Saint-Louis (sur un tracteur de fer blanc).

Ferroviaire
Un peu alarmé de la progression du TGV chinois sous licence gratuite Siemens, je m'en suis ouvert à des amis continentaux pour apprendre que s'il était un transport en Chine qu'ils ne prendraient pas, c'était bien le TGV. Non pas seulement pour la technologie Siemens qui lors de la percussion des TGV de Wenzhou (23.07.11) s'est avéré carrément inférieure à la technologie française de la rame-flèche - le train s'est plié en accordéon et les voitures ont sauté le pont dans la rivière - mais surtout pour la ligne au sol. Sa signalisation et son ballast 100% "fonctionnaire chinois" qui font partie intégrante des systèmes de trains rapides, ont été minés par la corruption de l'administration des travaux publics.
Dans le transport urbain, les Canadiens nous ont taillé des croupières, ce qui a réveillé Alstom qui est sorti de son schéma "polytechnicien" - je dessine un train que je ne prendrai jamais - et qui revient avec des rames modernes qu'elle peut montrer ailleurs dans le monde. Si nous reprenons des couleurs, exportons-les. La SNCF fait quand même 25% de son chiffre d'affaires à l'étranger !

Navale
C'est un secteur d'excellence dans lequel nous souffrons beaucoup de la concurrence de tous nos voisins, faussée, comme chez nous d'ailleurs, par les subventions publiques. Nous savons tout faire, du sous-marin au paquebot géant en passant par les frégates et les porte-avions. Mais nous vendons peu, et parfois à perte, car les prix sont tirés.
Le globe étant majoritairement une planète d'eau, un pays qui veut rester dans la course en tête ne peut pas se passer d'une navale puissante. Et maintenir cette industrie va coûter cher, en attendant la renverse, car il y en aura une lorsque les niveaux salariaux auront monté chez nos concurrents asiatiques. Mais ils ont de la ressource : déjà débarquent de leurs navires à Rotterdam des barges chaudronnées en Chine auxquelles il ne manque que les moteurs, les auxiliaires et les apparaux de manutention. Nos usines de moteurs, bien que passées parfois sous contrôle étranger, doivent être défendues et aidées sur les DOM-TOM déjà, puis dans des projets marins subsidiaires de grands contrats. C'est important même si le retour sur investissement en est différé.

Gastronomie
Nous sommes la référence mondiale. En passant, merci à Michelin, notre petit "livre rouge" à nous. Nos grands chefs n'ont pas usurpé leur réputation, nos écoles sortent en continu une relève talentueuse, nous ne risquons que de développer encore notre hégémonie, si nous ne nous jetons pas dans la mode des menus sectaires et sans saveurs de l'empire écologique qui nous menace dans nos assiettes, au motif facile de notre santé.
Nos vins que l'on disait concurrencés par les productions des fermes à pinard du nouveau monde, montent en gamme régulièrement, et sont de plus en plus prisés par ceux qui les boivent sans y rajouter du Coca ! Nos fromages sont inimitables, même par les Hollandais, l'autre pays du fromage... et pour une fois dans l'assiette, nous faisons la nique aux Chinois qui dans ce domaine se disent à la fois sel de la terre et sucre du ciel. On les aura comme à Verdun, et tant pis pour le cholestérol, il faudra bien partir un jour de toute façon.

Missilerie
C'est un domaine moins connu mais nous faisons des missiles qui touchent. En Libye nous avons explosé le tableau noir. Nous devrions persévérer aux premières places, à moins que le "fils de" qui préside à la moitié du secteur et dont la réputation de dilettante n'est plus à faire, ne sacrifie la filière... au tennis qu'il comprend mieux. Restons sérieux. Avec des missiliers aussi pointus que les associés dans MBDA et des acteurs de la filière comme Thalès, nous devrions rester dans le petit groupe de tête pour aborder un jour aux rives du "bouclier anti-missiles" avec nos amis anglais.

Luxe
Pareil. C'est un secteur dont nous sommes inexpugnables et prédateurs de concurrents, à croire que nos chefs d'entreprises ont apostasié. Le Chanel Five, Opium ou Shalimar bien sûr, mais n'importe quel flacon doré "Machin Paris" s'arrache. On peut prospérer dans la mode ailleurs même à haut niveau, mais la consécration c'est une griffe de Paris. Le luxe est français d'abord, puis d'ailleurs. Les petits marquis qui font semblant de nous gouverner n'offrent pas autre chose à leurs conquêtes. Le Comité Colbert, lobby utile, veille.

Mais pour que tous ces secteurs croissent et embellissent notre quotidien par la multiplication d'activités périphériques et de sous-traitance, il faut libérer les énergies et la créativité en faisant reculer les contraintes idéologiques qui nous brident depuis la sanctification de la social-démocratie. Le Mur de Berlin est partout tombé sauf en France.

Le onzième atout n'est pas aussi flamboyant que les dix autres puisque nos concurrents ont beaucoup appris de nous, et que les champs d'exercice de cette activité est immense chez eux en comparaison du nôtre. Ce sont les travaux publics.

BTP
Nous avons des groupes mondiaux de BTP. Bouygues, Vinci, Eiffage sont des monstres adossés à une vrai industrie de base nationale représentée dans le monde entier par Ciments Lafarge, Saint-Gobain pour le verre et le solaire et Schneider Electric pour l'énergie électrique. Les marchés énormes des empires émergents suscitent l'établissement de groupes nationaux de BTP aidés parfois par les pouvoirs locaux désireux de garder des devises ; c'est le cas de la Chine en pleine frénésie de construction dont les entreprises prennent des adjudications à l'étranger (Algérie, Tunisie, Pologne,...). Mais si le projet à l'appel d'offres est "impossible" on le donne encore aux Français, comme le démontre la filiale hongkongaise de Bouygues, Dragages HK, qui prend des tunnels entre et sous les tours !!!

Ses onze atouts sont les leviers de notre renouveau. Inutile de nous disperser, devenons, redevenons leaders mondiaux et le reste nous sera donné de surcroît. C'est ce que nous verrons dans un prochain billet qui détaillera le Projet (CLIC).


Note (1): Posts antérieurs consacrés à ou évoquant le Projet : taper "pouvoirs régaliens" dans la barre de recherche : il en sort huit pages

mardi 6 septembre 2011

Onze-septembre et 10 ans

Des centaines de milliers de blogues parlent cette semaine du Onze-Septembre et pour une fois Royal-Artillerie ne fera pas bande à part. Pas de révélations, un retour sur images et quelques réflexions post-mortem.

Evacuons mon témoignage insignifiant qui fait partie de la règle du genre. Onze septembre 2001, début d'après-midi, je travaille sur une cotation de composants électronique obsolètes en écoutant distraitement RFI sur mon transistor de poche. Flash-info : un avion de ligne a percuté une des tours de Manhattan à New-York. Je pense à une avarie de moteurs, une erreur du contrôle aérien, pas une seconde à l'erreur de pilotage. Les images arrivent et je me souviens d'avoir pensé qu'ils avaient eu du pot car l'avion avait tapé en haut de la tour ; "ils", les occupants de l'immeuble. Et je retourne à mon travail fastidieux, la radio toujours allumée.
Un quart d'heure plus tard, RFI qui avait embrayé sur une émission spéciale, annonce la percussion d'un second avion sur la tour jumelle de la première, et cette fois à mi-hauteur. Je comprends alors que c'est un attentat. La suite, chacun la connaît sur terre. J'en étais effaré mais pas complètement surpris, je ne saurais dire pourquoi. Après plus de trois mille morts, il reste de ce drame un bon millier de cadavres en morceaux enchevêtrés dans les ruines profondes des deux tours. L'espace au sol ne peut être rebâti.
Que cherchait à faire al-Qaïda ? Dans son délire de restauration du Califat avant la Conquête du monde, le Mahommet-Nouveau-est-arrivé avait compris que l'obstacle majeur était les Yankees qui barraient partout le passage. Le fameux théologien sunnite Abdullah Yusuf Azzam, mentor¹ d'Oussama et de milliers de moudjahidine n'avait-il pas déclaré : « Après l’Afghanistan, rien dans le monde ne nous est impossible. Il n’y a plus de superpuissance qui puisse s’opposer à Dieu ». Complètement intoxiqués par leur propre propagande, les chefs de La Base (al-Q.) avaient donc choisi de rejouer en Afghanistan la pièce russe qui leur avait si bien réussi, pièce dans laquelle Oussama Ben Laden avait tenu un petit rôle contrôlé par la CIA. La queue de trajectoire de ce projet échevelé obligeait à faire venir l'infanterie américaine au sol pour l'humilier et la battre, et le plus sûr moyen d'y parvenir était l'outrage inexpiable à New-York. Sans doute encouragés par l'issue de la guerre au Vietnam en plus de la retraite afghane des armées de Brejnev, l'état-major terroriste a cru pouvoir plier l'hyperpuissance avec des compagnies de freux chauffés à blanc. Hélas pour eux, ils n'avaient pas le pied marin et avaient négligé la guerre du Pacifique. On peut battre les Etats-Unis sur des théâtres d'opérations extérieurs, comme à Pearl Harbor, voire à Mogadiscio en petit format, mais on ne peut "vaincre" les Américains qu'aux Etats-Unis, et jusqu'ici cela ne s'est pas produit ! Même avec ces diables de Hessois de Georges III.

Qu'importe ! Le premier attentat contre le World Trade Center du 26 février 1993 avait démontré que détonner une grosse charge en pied d'immeuble n'était pas suffisant pour le faire s'effondrer, mais que l'émoi provoqué par l'ébranlement et la mesure de cet audace était considérable. Il suffisait (?!) de monter en gamme, et ça leur a pris huit ans. On connaît la suite dont nous livrons un déroulé en pied de post pour les lecteurs martiens. Welcom to Real Artileri !
Les administrations américaines successives ont eu à coeur de venger 3333 compatriotes en éradiquant sans procès tous les responsables et leurs légataires. L'affaire est en cours. Elle ira à terme quelque soit l'environnement politique ou diplomatique du moment.
Atiyah Abd al-Rahman, de nationalité libyenne, commandant en second de La Base au Warziristan, a été tué par un drone le 22 août. On notera que depuis la saisie des disques durs dans la maison de Ben Laden, l'interrogatoire des chefs, comme celui-là ou comme Ayman al-Zawahiri l'Egyptien, est devenu superfétatoire. L'élimination ciblée est efficace et économise temps et débours.

Reste la question des franchises. Cette nouvelle génération de moudjahidine est qualifiée du préfixe "auto-". Elle est auto-radicalisée, autonome du leadership d'Al-Qaïda-canal historique, auto-financée, auto-didacte, et moins efficace que l'ancienne. Sans connexions vers l'état-major central, ces franchises ne sont pas filtrées et agrègent le pire (le kamikaze incandescent) et le mauvais (le bandit de grand chemin). Livrées à elles-mêmes et cultivant les trafics en tous genres, elles sont actives au Sahel, en Somalie et dans l'Hadramout yéménite, et à bien regarder, dans des zones déjà de non-droit ou abandonnées par leurs gouvernements, soit par négligence, soit par défaut de moyens, soit par imbécillité ou corruption des états-majors. C'est pour cela qu'il est peu probable de voir prospérer des franchises al-Qaïda en Libye ou en Egypte et même au Pakistan. A noter aussi que les franchises non-arabes sont peu persévérantes, peut-être parce qu'elles sont d'une certaine façon snobées par les patrons arabes qui les labélisent avec dédain. Quoiqu'il en soit et même si le monde est réputé n'être jamais parfait, il n'est pas prudent de laisser enfler ces poches qui peuvent blinder leurs positions et devenir les nouveaux furoncles du terrorisme si des camps d'entraînement de type afghan y sont établis. Ne s'agit-il dès lors que de les casser militairement ? Oui, si l'on pouvait traiter l'infection en 48 heures et basta ! Mais nous savons que le plus fort des tonnerres comme à Tora Bora n'est parfois qu'une excoriation. Il faut conjuguer la force et l'esprit.

Aussi doit-on simultanément réfléchir aux causes du recrutement apparemment facile de moujahidine par cette chaîne Bricorama du terrorisme afin de les supprimer chez nous (les causes), et de forcer quelques autres à les supprimer chez eux. Le réveil citoyen des révoltes arabes montrent qu'un état d'esprit a changé et qu'il est fort peu probable que les gens échangent le joug qu'ils affrontent aujourd'hui dans la rue pour celui du fondamentalisme dont ils ont des exemples précis chez eux ou chez leurs voisins. Quoiqu'en disent les défenseurs de l'Ordre pour l'Ordre à n'importe quel prix, autant que les collatéraux en sont payés par les autres, la chute des tyrans ou autres despotes n'est pas l'amorce du chaos, même si les sociétés sont mises en désordre le temps que la lie se redépose au fond ! Et plus la distance sera prise avec les religions, mieux ça ira pour tout le monde, y compris pour les dévots de tous bords. Les Arabes veulent vivre normalement, comme nous, mais chez eux. Quel scoop ! Est-ce un effet heureux de la globalisation ?
Sans doute aucun ! Vive les réseaux sociaux transfrontières.

Note (1): on ne comprend rien à al-Qaïda si on ignore l'influence décisive d'Abdullah Azzam qui a prêché et publié considérablement sur la lutte à mort des Musulmans contre tout ce qui ne l'est pas. La Wikipedia a fait une très bonne notice qu'il est inutile de refaire en moins bien. Cliquer là. Voir aussi le court article de Chris Suellentrop par ici.

Déroulé succint du 9-11:
9.09.2001 Assassinat du Commandant Massoud au Takhar par deux Tunisiens d'al-Qaïda. Détruire la cohésion de l'Alliance du Nord favoriserait l'intervention américaine au sol, ceux-ci n'ayant plus de supplétifs faisant le travail de déstabilisation du gouvernement taliban de Kaboul.
11.09.2001 - 8:46 NYC : Un 767 percute la Tour Nord du World Trade Center de New York.
11.09.2001 - 9:02 : Un second 767 percute la Tour Sud du WTC.
11.09.2001 - 9:37 WDC : Un 757 percute une aile du Pentagone à Washington.
11.09.2001 - 10:03 : Un 757 ciblant la Maison Blanche est crashé au sol par les passagers révoltés au sud de Pittsburgh.
13.09.2001 - L'Alliance du Nord survit à l'assassinat de Massoud et ses brigades se confédèrent militairement : Mohammed Fahim Khan (tadjik) + émir Ismail Khan + Gulbuddin Hekmatyar (pachtoune) + général Dostom (ouzbek) + Karim Khalili (hazara).
14.09.2001 - Les pays de l'OTAN se déclarent solidaires des Etats-Unis au titre de l'article 5 de la Charte atlantique.
15.09.2001 - les Forces spéciales américaines arrivent chez l'Alliance pour coordonner les bombardements.
20.09.2001 - Les Etats-Unis commencent les vols de reconnaissance en Afghanistan.
22.09.2001 - L'Alliance du Nord attaque le front taliban partout.
7.10.2001 - La campagne anlo-américaine de bombardement commence.
Octobre 2001 - Dans une longue interview à Al-Jaezira, Ben Laden justifie l'attaque comme une rétorsion pour les souffrances palestiniennes (clic CNN) mais n'en revendique pas l'instigation.
2.11.2001 - L'Alliance du Nord et les Américains attaquent ensemble et prennent en tenaille Mazar-e-Charif qui tombe le 9.
14.11.2001 - Chute de Kaboul, prise par les Tadjiks contre l'avis de Zaher Shah.
12.12.2001 - Début du pilonnage de Tora Bora où est présumé se cacher Oussama Ben Laden. 80% des effectifs d'al-Qaïda sont tués et les 2/3 des cadres.
27.12.2001 - Ben Laden en fuite félicite les "19 martyrs" du Onze-Septembre et laisse planer le doute sur son implication.
2004 - Dans une vidéo non datée, Ben Laden revendique l'organisation des attentats du Onze-Septembre. D'aucuns disent qu'il se vante.
2.05.2011 - Oussama ben Laden est tué par les SEALs à Abbottabad (Pakistan).

samedi 3 septembre 2011

Renier l'État

Quatre septembre 1870, proclamation de la République à Paris. Quatre septembre demain, l'Etat de la nation la plus riche d'Europe, établie sur le plus beau des pays, a créé huit millions de pauvres. Mazette ! C'est l'Etat lui-même qui le dit et s'en désole, ce qui nous fait une belle jambe ! Si "les chiffres de la misère nous renseignent d'abord sur la misère des chiffres" selon Malliarakis, on les sait faits de grands amalgames de carottes et de navets et que ce pauvre moyen est une construction. Mais on peut au moins se fier à l'évolution de cette population statistique signalée par les mêmes paramètres : elle croît ! Je parlais justement de ça dans le train en disant à mon voisin que nos malheurs étaient anciens. Le bonheur de tous peut s'opposer au bonheur de chacun s'il s'agit pour les décideurs de faire des scores. Dépassant sa fonction première qui est l'organisation des corps constituant la société, libre chez nous depuis les Gaulois, l'Etat a petit à petit envahi la sphère individuelle et organise maintenant le cœur et le cerveau du citoyen au motif de la santé publique et du vivre-ensemble. L'homme retourne au stade du singe nu, l'Etat sait tout de lui, le guide ou le contraint. Il ne peut tenir compte que de grands agrégats et néglige chacun. Seuls les malins s'en sortent. Mon voisin hochant la tête, j'ai embrayé.

Etat-nation, la fierté de la France royale et républicaine, le concept a sacrément dévié. Etat & Nation, ces entités sont différentes par essence, leur union participe de la puissance de ce pays aussi longtemps que l'un et l'autre restent sains et d'accord. Nous en sommes loin aujourd'hui surtout du côté de l'Etat.
Une nation est avant tout du ressenti et sa définition est plutôt dans l'absence de définition même si Renan l'a faite¹. La nation française est la communion de talents, souvenirs, réflexes et défauts qui firent la renommée de cette race qui n'en est pas une non plus, mais d'acception universelle quand même et parfois d'admiration : « Français ? Ah !»
Pareil pour la nation allemande. Elle n'eut pas besoin d'Etat pour exister depuis aussi lontemps que la nôtre, et en usa beaucoup, des petits états comme des grands, jusqu'à l'avènement du Diable de Poméranie qui fut leur Napoléon. On peut les passer en revue, ces "races" d'Europe sont difficilement miscibles, même quand les souches partagent leurs racines, voir l'issue de l'idée yougo-slave. C'est comme ça. Le Danois est-il un peu norvégien qu'il se refusera d'être assimilé à un Allemand. Quoi de plus différent qu'un Italien et un Espagnol, à cause des ingérences séculaires du second ? Le Suisse est inimitable et le Belge synthétique pas moins. Le Hollandais est rat mais ne veut rien savoir de l'Ecossais. Quant à l'Anglais, prononcer le mot est déjà changer de planète.
La nation ne se résume pas au décompte des habitants du pays immatriculés à la Sécurité Sociale. Il est des résidents bien installés qui ne seront jamais de cette nation. Les croisant à Mourmansk, Bamako ou Port-Moresby, personne ne leur répondra : "Français ? Ah !" ou bien "Ha ! ha ! Deutschen, Mercedes gross panzer, yawol mein führer, ha ! ha !" c'est comme ça. Nous n'y pouvons rien. Et la souche ici n'y est non plus pour rien. A preuve, Lagerfeld Karl ; à contre-preuve, Joly Yeva ; sans preuve, Noah Yannick de Sedan ou pour preuve, Besson Yasmine, butin de premier choix à conserver dans le Projet².
Plus encore, la nation déborde largement les frontières reconnues du pays puisque nous avons des millions de compatriotes travaillant ou bullant dans des pays étrangers ou lointains, qui font partie de l'élite de la nation par leur génie propre, leur goût immémorial de l'aventure, leurs obsessions culinaires, leur réputation surfaite de lovers et ce chic indéfinissable du french kiss qu'ils cultivent pour être reconnus.

A part de la nation est l'Etat !
L'Etat est au départ l'organisation interactive des corps constituant la nation, par consensus ou par la force. La structure étatique la plus courante est la pyramide, même si la pointe est creuse comme en république. L'Etat français est napoléonien d'origine. Qu'il soit vu de l'intérieur ou de l'extérieur, il est perçu comme le fils de l'empire. On le visite à Paris de l'Arc de Triomphe aux Dôme des Invalides. Presque toutes les grandes structures étatiques françaises viennent du premier ou du second empire. C'est comme ça. Les rois ont ébauché l'Etat, l'empire l'a fait comme Sony des rêves consuméristes, la république l'a débauché. D'ailleurs, l'Etat des rois est tombé (trois fois) en conséquence de désordres sociaux intérieurs voire de simples humeurs ou rumeurs (1830) quand celui des empires, s'il est tombé lui-aussi par trois fois, fut battu par la guerre étrangère, ce qui fait une grande différence. Quant à la république, glissons, mortels que nous sommes, en 40 elle s'est chié dessus ! Pendant la rigueur le rire continue.

Ce petit rappel étant fait, on observe que l'Etat d'aujourd'hui, nourri sur la Bête comme jamais en temps de guerre dans l'histoire de ce vieux pays - mais nous sommes en paix - est en faillite (d'accord M. Fillon), et qu'en conséquence il menace la Nation de son propre écroulement. Que feriez-vous dans un château branlant en cas de tremblement de terre ? Vous en sortiriez ! Les outils de gouvernement au sens large sont devenus les adversaires de la Nation, et leur réunion dans peu de mains son ennemi mortel. A voir le nombre de défilés contre lui il devrait s'en inquiéter. Mais non, en la personne des locataires du moment il se pavane dans les lucarnes bleues et ceux qui veulent s'y loger au terme du bail font parti des rebuts de fabrique n'ayant aucune autre compétence que le verbe, préfabriqué. La pré-campagne électorale nous indique de tous bords le niveau confondant du débat, carrément enfantin. DSK montrera-t-il sa bite dimanche au balcon de la mairie de Sarcelles ? Le peuple attend sur la place de recevoir la semence du nouveau Priape.

Soyons sérieux. Ayant accumulé des dettes pharaoniques à faire la pute à l'œil, l'Etat cherche en vain aujourd'hui le guichet de surendettement sur les marchés qui le guettent, et à défaut se vengera sur ceux qu'il considère comme ses obligés, nous ! On connaît la procédure dès lors que l'épargne populaire est grosso modo du même niveau que la dette souveraine et que les appels des créanciers se feront plus pressants. Argentine quand tu nous tiens, par les joyeuses !

La nation peut couvrir "sa" dette avec du délai. C'est vrai. Le comble de la stupidité serait d'en confier le règlement à un état anthropophage comme le nôtre. Il faut que nous nous débarrassions d'abord de l'Etat, qui tel la baleine crevée sur la plage commence à empester, avant d'être tous malades, c'est à dire avant que la nation n'ait à payer sur son patrimoine et son travail non seulement les frasques propres à la social-démocratie perverse, ce qui est normal et justice pour des cigales, me direz-vous, mais encore la survie quotidienne du pachyderme à l'agonie qui va littéralement bouffer le prix du Risorgimento comme du pudding. Et comment feriez-vous, vous qui êtes si malin, me dira-t-on ?

Easy, man ! Mais c'est pas dans les livres !

Evaluons les services publics essentiels et organisons-les au niveau de chaque département, seule circonscription administrative décalquant l'Etat central à petite échelle et dotée d'expérience. Le caisses sociales sont également départementalisées (CPAM, CAF), le Trésor aussi par ses paieries, de même que la Banque de France. Ne restent hors-champ départemental que les académies de l'éducation nationale, la police, la justice, les affaires étrangères, les armées. Quatre pouvoirs régaliens, comme c'est bizarre, mon cousin. A pouvoir régalien, traitement royal.

Peu de papiers ou de rapports, mais du contact direct (c'est bien plus facile que sous Louis XIV) et des décisions propres à chaque fonction, sans traverse interministérielle. On ne tâtonne pas, on réfléchit et on ordonne. Les ministres régaliens sont à Matignon, un vice-ministre sur place actionne et gère le ministère concerné. On fait confiance jusqu'à sanction.

Les effectifs de police et de gendarmerie sont à l'étiage, comme ceux des armées, donc pas de temps à perdre en réorganisation ; on commande, c'est tout. Il faut traiter l'administration diplomatique et l'Education nationale par la clôture des embauches ; les services désertés sont fermés jusqu'au retour à meilleure fortune.
Reste à démonter l'Etat pléthorique au même moment que l'on actualise l'état départemental :

- Gouvernement de vingt techniciens à Matignon.
- Contrôle des frontières et versement d'une prime de zèle à la Douane.
- Fermeture de la Bourse.
- Blocage général des prix intérieurs et loyers. Réquisition des logements vides depuis un an.
- Dissolution de la Chambre avec rupture des contrats EDF. Mise à pied des personnels parlementaires (traitement de base maintenu) avec priorité à l'embauche en usine.
- Mise en vacances parlementaires du Sénat sine die.
- Dissolution des assemblées régionales et fermeture des préfectures de région ; personnel de la préfectorale redéployé, contractuels licenciés avec priorité à l'embauche dans le bâtiment et travaux publics.
- Fermeture des Conseils, Cours, Bureaux, Commissariats, Offices, Loges, Agences, Ligues, nationaux et régionaux, émargeant au budget général et mise en congé sabbatique de tous les effectifs titularisés jusqu'à résurrection des structures indispensables. Les effectifs des commissariats stratégiques sont versés dans les sociétés privées qui en étaient l'exécutif.
- Fermetures des ministères non régaliens avec rupture des contrats EDF. Mise à pied des effectifs ministériels avec maintien du traitement de base et priorité pour les prochaines vendanges.
- Ouverture de tous les services publics de proximité le samedi après passage au 48 heures dans la fonction publique de terrain.
- Les ministres régaliens délèguent des commissaires dans toutes les structures administratives qui leur sont subordonnées jusqu'au niveau départemental. Ils rendent compte et transmettent les ordres de Paris.
- Les décaissements publics se font en espèces.
- Le couvre-feu est établi sur toutes les communes agrémentées d'une cité turbulente.
- Dynamitage spectaculaire de l'Ecole nationale d'administration concédé à Jean-Paul Goude.
- Lancement aux chantiers de Saint-Nazaire des Liberty Ships pour le programme de recyclage des parasélites aux Kerguelen.
- Référenda d'indépendance dans tous les DOM-TOM et à Rodez.
- Pas besoin de décréter l'arrêt du pullulement des subventions si les ministères d'ordonnancement n'existent plus. Tout le monde bascule sur autofinancement ou disparaît. Ceci est d'abord vrai pour les syndicats qui se nourrissent de l'Etat pour le miner. Pour jouer franc-jeu, ils doivent appeler à cotisation.

On me dit dans l'oreillette que ça fait un peu "Révolution Nationale, nous voilà". Tant pis ! Un pays avec une histoire si riche est à la merci des duplicata. On a compris quand même qu'il faudra préalablement gagner les élections présidentielles, après que les agences de notation nous auront retiré le troisième "A", et appeler nos concitoyens à un sursaut de civisme, ce dont notre beau pays a une longue habitude.


Quelqu'un au fond de la salle m'a demandé si nous ne dépiterions pas les masses. Pourquoi le pays s'arrêterait-il ? De surprise ? Pendant trois jours. Mais la France qui se lève matin ne changera pas ses habitudes s'il y a de l'essence et du pain. Pourquoi n'y en aurait-il pas ? On se surprendra vite à constater que la destruction (quelquefois provisoire) de toutes ces inutilités n'affectent pas beaucoup la vie quotidienne des Français, même si les queues aux guichets d'assistance s'allongent dans un certain désarroi pendant une certaine période aussi difficile à prédire que le refroidissement du canon. Mais le génie gaulois est bien celui de la démerde, ceux qui ne l'ont pas prendront l'avion, ça nous fera de l'air. Le 6 mai 2012 sera-t-il ce vibrant Vaffanculo Day de la nouvelle France que nous attendons tous³ ? Rire et rêver !
Les Grecs devraient essayer ce programme et défrayer Royal-Artillerie de ses coûts phosphorants.

Il restera ensuite trois chantiers d'importance inégale qui pourront être ouverts, enfin :
- la réforme fiscale ou comment vider le Loch Ness.
- la réforme du ministère de l'Education nationale. Fukushima, à côté c'est Playmobil...
- la concertation la plus large sur un modèle institutionnel nouveau, exempt des miasmes mortels de la social-démocratie de masse, adapté au nouveau projet français - car il en faudra un pour que ça marche -, un modèle qui fonctionne à moindre coût.
J'ai mon idée. Vous aussi. On en reparle ? Cessez votre rire niais ! Je vous téléphone.

J'entends dans ma rue les cornemuses de Sainte-Anne s'approcher et les galoches des blouses blanches monter déjà l'escalier. Il est temps de fermer Ubuntu !


Notes :
(1) Charles Maurras, qui parlait souvent de la nation, avait une formule saisissante : le gouvernement des vivants par les morts.
(2) Le Projet pour la France, déjà exposé sur ce blogue, se concentre dans la recherche d'une puissance économique par tous moyens. On y reviendra encore.
(3) Le Vaffanculo Day est une initiative de l'amuseur public italien Beppe Grillo pour écarter des prébendes républicaines tous les repris de justice par un référendum d'initiative populaire. Il recueillit 336144 signatures en 2007 largement plus que les 50000 requises, mais en dépit des textes, la Nomenclatura classa le projet qui renvoyait 25 députés dans leurs foyers sans compter les procédures en cours. La seule manif de Bologne du 8 Septembre 2007 réunit 50000 personnes (cf. V-Day).

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