lundi 30 novembre 2015

Le Jeu du prince


Avertissement : Cet article est paru dans Le Lien Légitimiste n° 65 de septembre-octobre 2015 (page 5), dans la rubrique Les Libres Propos de Catoneo. Comme le signale l'intitulé de la rubrique, ces propos peuvent se démarquer de la ligne éditoriale du journal mais pas toujours. A la relecture, ce billet m'est apparu théseux, limite emmerdant au sens où l'entendait Hubert Beuve-Méry. Il entre en archives Royal-Artillerie avec les quatre autres déjà publiés sur le même thème¹ sur votre blogue préféré.

(le roi est vissé à l'échiquier)
Le jeu du prince se joue chez les royalistes et uniquement chez eux, les autres ne le connaissent pas, enfin, quelques-uns quand même peuvent nous surprendre à regretter la disparition du chef inaliénable de la Nation (sacré monsieur Macron, il leur a flanqué une belle frousse), mais généralement on ignore qu'il puisse s'agir d'un jeu. Celui-ci a de particulier qu'il se joue en solitaire et que son adversaire est l'avenir. Il se présente comme un échiquier sur lequel, au milieu de tous les autres, un pion est impossible à déplacer, le roi justement et il n'y a qu'une pièce du roi. Le reste est fait de tours, de chevaux, de soldats et de fous diagonaux. Chacun se reconnaîtra. Jouer contre l'avenir revient à jouer contre qui le gouverne, et quoi plus sûrement ne le fait que les lois. Les lois règnent sur l'avenir ; les rites et les règles sur le passé. Enfermé dans les Lois fondamentales du royaume, le roi du jeu n'a aucune liberté de mouvement au plan des principes qui commandent le choix qu'en firent les sages. Il ne saurait fuir, on ne peut l'inter-changer, l'escamoter au profit d'un choix plus commode, adapté aux temps, une figure plus aimable, plus capable, plus consensuelle, non ! C'est un roi dicté. Comme on le dirait chez les gueux : il faut faire avec !
Les lois peuvent aussi ruiner l'avenir comme la Providence s'y essaie parfois. Que l'on se remémore la fin de l'Ancien régime et nous verrons qu'Elle préempta le meilleur pour laisser aux lois les trois autres, lois qui tranchèrent en faveur du plus faible comme si elles avaient souhaité que tout cela cesse ! Mais accuser les lois fondamentales d'aveuglement est une grande dispute que nous commencerons quand nous aurons terminé d'autres querelles qui minent le royalisme. Prenons-les pour le moment comme elles sont, fondamentales et sacrées.

Le retour d'une monarchie sur les terres du vieux royaume disparu convoque bien plus de qualités chez l'impétrant désigné que n'en montrera jamais aucun honnête homme. Caractère trempé dans un tempérament d'exception, une éducation poussée, une formation spéciale à l'emploi futur sont indispensables. N'est pas roi qui veut, on l'oublie trop souvent, et dans les sphères dynastiques plus qu'ailleurs. S'il est impossible de déplacer ou de retirer le pion roi du jeu, gagner la partie revient à déplacer une grande part des responsabilités nées d'une restauration sur ses épaules. Dans le costume à la bonne taille, exprimant toutes les qualités de sa gouvernance, le prince régnant prendra toute la gloire des succès ; insuffisamment formé, trop dilettante voire sous-calibré dans la fonction, il demeurera le premier responsable d'une restauration échouée (pour la quatrième fois !). Vu d'où revient la France après deux siècles de chaos, on s'accorde à juger que les deux premiers titulaires d'une monarchie revenue doivent être irréprochables dans tous les compartiments du jeu, la compensation d'un défaut dirimant par le secours d'un Conseil privé exceptionnellement efficace ne pouvant intervenir qu'à compter du troisième.
Alors il faut au prince se former à l'emploi et accepter le souci permanent d'éduquer sa progéniture à succéder, ce qui n'est pas particulièrement excitant dans une période préparatoire dont on ignore la durée qui peut être très longue. On souhaite pour ses enfants le bonheur et l'insouciance comme chez tout le monde, alors qu'on n'est plus tout le monde. A l'éducation heureuse il faut substituer le dressage. Ceux qui se disent héritiers des Quarante Rois ou ne consentent qu'à n'être seraient bien inspirés de jauger les prémices d'une usurpation par défaut de niveau et de mesurer les efforts supplémentaires pour y atteindre.

Le Duc de Berry - Louis XVI
Le dernier roi de France "sur-cultivé" fut le duc de Berry qui n'était pas particulièrement taillé pour le poste. Nous le disions plus haut. Bien que son précepteur, monsieur le duc de La Vauguyon, l'ait poussé en histoire, géographie, mathématiques, sciences, droit public, latin, grec, anglais, italien, allemand et escrime, sa pensée politique restera influencée par Fénelon à la demande de son père, et par les Lumières, la plus sûre façon de ruiner la charpente féodale qui tenait tout l'édifice. Ce bon roi Louis XVI, cultivé plus qu'aucun prince de son époque, n'était pas formé au métier de roi ; Choiseul du fond de son exil s'en désolera. Alors s'il faut assimiler les bases communes et engranger les connaissances les plus étendues comme tous les enfants de l'establishment, il sied quand on est prince d'apprendre en plus celles du gouvernement des hommes. Et ces matières sont des spécialités qui ne s'enseignent ni à l'université ni dans les écoles d'administration, mais dans le monde réel. C'est en ce sens que l'on promeut la supériorité de la monarchie qui tient son avantage de l'éducation précoce des princes à la fonction au sein de leur famille. C'est indéniablement spécial. Cet apprentissage particulier a aussi l'avantage de conférer progressivement une certaine autorité naturelle à l'élève qui se démarque de ses camarades d'étude quand il comprend le chemin d'exception sur lequel il avance.

On peut citer quelques unes de ces spécialités : les finances internationales immergées brassent soixante-dix trillions de dollars par an et les produits dérivés dix fois plus, ce qui fait presque dix fois le PIB mondial ; on ne peut bouder ces réalités. Il faut en suivre l'impact économique, à défaut de ne pouvoir toujours le précéder. Les infra-stratégies des grandes puissances ne sont pas contenues dans les déclarations et programmes des gouvernements éphémères, ce sont des tendances de fond ; un prince ne peut les ignorer car tous les pays sont aujourd'hui interdépendants et les axes de plus grand effort des puissances sont rarement parallèles. Savoir sous quel angle les unes et les autres croiseront-elles le nôtre est primordial. Les marchés de denrées et matières premières règnent sur les conditions de vie des pays producteurs et touchent des milliards de gens, c'est une activité primordiale dans la globalisation capable de grands désordres, ses mécanismes doivent être maîtrisés pour en anticiper les effets, trop souvent nocifs. Il est d'autres domaines que l'on peut classer comme spécialités dans la formation au gouvernement des hommes, droit public international, géopolitique environnementale, gestion des démocraties ouvertes...
Il n'est pas question ici de devenir expert dans ces choses supérieures, si l'on se souvient que l'expertise bouchent souvent la vision latérale par l'inclination naturelle à l'orgueil du savoir, mais on ne peut plus régner de nos jours sans être capable d'analyse des changements de son immédiat stratégique. Un chef d'Etat moderne ne peut plus déléguer le choix de ses orientations politiques à l'exégèse de ses conseillers. La décision est à prendre à la fin de l'exposé.

Roi n'est pas une sinécure, et Louis XVI s'en plaignait quand dans son testament il interpellait son fils qui pourrait avoir le "malheur de devenir roi". Le seul apaisement est que nul n'y est contraint. L'op-out préalable, l'abdication existent. Prince n'est pas facile non plus, généralement certes, mais plus encore en situation d'accéder. Tant que les difficultés de la charge sont éloignées, les candidats se déclarent, pensant peut-être à une "rente" de situation en devenir et l'accès au balcon des acclamations, mais dans le tumulte probable de la restauration ils seront peu nombreux à briguer le poste jusqu'au bout, jusqu'à ce qu'il n'en reste qu'un. Comme nous l'avons souvent dit sur Royal-Artillerie, nous le reconnaîtrons, le dernier debout à Paris au milieu des ruines fumantes de la démagogie écrasée sous le poids de ses mensonges et de son impécuniosité. Nul autre ne sera avant lui le premier à Reims à attendre l'onction car rien ne tombera du Ciel. Il faudra, messeigneurs, se construire à l'emploi pour se battre. Exercice passionnant quand on a de la marge.




Le Lien Légitimiste
2 Le Petit-Prix
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(1) Quatre billets ont paru sur ce thème :
- De l'Éducation des rois le 14.11.2008
- Du bon sens capétien le 7.02.2012
- Le Pentagone du prince le 7.09.2015
- Spécialités du pentagone du prince du 5.10.2015


lundi 23 novembre 2015

FLVCTVATNECMERGITVR

La communauté citoyenne dans toute sa diversité est condamnée à vivre ensemble ou à périr dans la sauvagerie d'une guerre civile de tous contre tous. Bien que la France ne soit pas le pays de la mesure - les dévastations de nos révolutions sont explicites - elle n'a pas vécu cette douloureuse expérience depuis les guerres de Vendée, même si certaines périodes y ressemblaient fort, comme la Commune de Paris ou la seconde moitié du régime de Vichy. Une guerre civile est carrément atroce et doit être évitée ; relire pour s'en convaincre Les grands cimetières sous la lune de Georges Bernanos, récit de proximité écrit en 1937 à Palma de Majorque.

Les contradictions sociales du pays réel d'aujourd'hui sont les antagonismes de demain matin, qui seront proclamés légitimes par les factions. Ces contradictions de tous ordres ne sont pas réparables ni par décret ni par incitation morale. Elles sont trop anciennes, profondes et racialisées pour être contenues par autre chose que la force du pays légal. Qu'on me démontre le contraire par le raisonnement en évitant la citation des grands érudits morts ! Un état des lieux le plus réaliste possible est à faire avant que de vouloir réorganiser nos territoires, et les statistiques ethniques y aideront beaucoup. Avant de conjurer la guerre civile il en faut connaître les ressorts parce que ce n'est pas qu'une affaire dialectique : il ne suffit pas de la condamner du haut des pupitres, il ne suffit pas de faire l'inventaire des partis présumés vouloir en découdre ; il en faut comprendre la chimie de base et trouver les détonateurs. Je soupçonne l'Administration de disposer de données fiables permettant une photographie fidèle de notre société, données traitées à l'insu des aboyeurs d'hémicycles. On verra bien, en attendant, il faut freiner des quatre fers dans la pente.

Selon Maurice La Châtre*, bon communiste de la première race, la guerre civile, "la plus affreuse de toutes", est fomentée par les intérêts des puissants qui parviennent à rallier un fraction importante du peuple à leur cause et le fait combattre à leur profit. Pour un Rousseauiste tel que lui, tout le mal vient d'en haut : "Les guerres commencent par l'ambition des princes et finissent par le malheur des peuples".

La situation au début de ce XXI° siècle a ceci d'inédit que la menace de guerre intestine est actionnée depuis l'étranger sous couvert d'une purification des mœurs décadentes d'une civilisation en déclin**, la nôtre. Au principe de rédemption des masses guidées par le démon, une secte puissante s'arroge le droit d'intervention dans notre avachissement avec un règlement de campagne écrit au Moyen Age qu'il faut appliquer ici aujourd'hui pour nous "sauver". La guerre civile, si elle éclate en France, sera pour eux une guerre sacrée justifiant toutes les abominations. Ils les ont déjà échantillonnées à la face du monde contre les non-musulmans de Syrie et d'Irak (et les Coptes) afin de nous montrer combien tout devient clair et simple pour un djihadiste, dès lors que le statut d'humain est refusé à leurs captifs.


la Gorgone tranchée


Une guerre civile commence à deux. Si le parti de l'étranger est facilement désigné depuis qu'il nous attaque ouvertement, qui représente le parti de France ? Et là nous sommes assez mal. Toute la classe politique aux affaires a négocié la paix sociale et civique des quartiers contre des empiétements tolérés sur nos us et coutumes qui font ce que nous sommes nous-mêmes et comment nous nous reconnaissons entre nous. La liste est longue, des jours de piscine aux moukhères à la cantine hallal. Je vous l'épargne.

Pour la guerre annoncée on serait tenté de mettre sur le pavois le Front national, parti vierge de compromissions rédhibitoires. Malheureusement, outre le fait que ses dénonciations récurrentes ne sont pas transformables en mesures efficaces - il verse de plus en plus dans l'incantation - son logiciel va boguer en 2017 comme nous l'avons pressenti dans un billet de la semaine dernière (Roucasseries frontistes). Il va donc falloir faire avec l'establishment que l'Opinion essayera de retourner à son secours. Ce sera moins difficile qu'il n'y paraît puisque par définition l'establishment se gouverne par intérêts et défendra donc les "siens" à "nos" risques et périls. La bourgeoisie fera tout pour sauver ses biens nationaux et mettra un mouchoir sur le nez pour le bruit et les odeurs d'éventration.

Reste quand même l'hypothèse valide de pouvoir passer à côté de la guerre civile :

La Châtre n'a pas tellement tort dans sa dénonciation des puissants. Les musulmans qui sont entrés sur le territoire de la république après guerre nourrissaient l'économie de reconstruction du pays qui les faisait vivre en retour, et malgré les soubresauts de la guerre d'Algérie, faisaient chez nous leur pelote ou s'intégraient plus ou moins bien s'ils ne voulaient pas retourner au bled. Les générations suivantes, nées ici ou importées à divers titres dont celui du regroupement familial de Giscard d'Estaing, commencèrent à saturer les structures d'accueil jusqu'à envahir tout l'immobilier de reconstruction, ces futurs bidonvilles de béton appelés cités ! Déverser des milliards sur ces territoires soviétisés économiquement insalubres n'a pu tarir les ferments du désordre ni l'exaltation du repentir chez nous et chez nos zélites, quand nous fûmes déclarés coupables de leur propre misère. Et les descendants des anciens combattants si ce n'est ceux des esclaves noirs, d'enchérir sur les revendications de compensations pour des situations abolies ou éteintes dont ils n'ont pas souffert eux-mêmes. L'impéritie des pouvoirs publics, président en tête, a laissé monter dans tout le pays l'odeur pestilentielle d'un remord qui lui a coupé les jambes.

Et pourtant, les jeunes générations n'ont pas partout baissé les bras comme leurs aînés. Par exemple en zone grise, ceux qui veulent s'arracher à la stigmatisation s'arrachent d'abord aux cités et beaucoup réussissent leur vie chez nous ou chez nos voisins. Les autres se laissent couler dans la facilité de la haine de nous, haine qui se cultive tel un champ de patates dont on retire de l'argent comme le font certains groupes de rap et d'autres maisons de production audio-visuelle, sans compter les ligues morales collées au bouchot qui les engraisse. Détectant une terre fertile, sont intervenues de puissantes sociétés islamiques (que l'on doit distinguer des Etats hôtes pour être honnête) : les prêcheurs islamistes sont financés à bourse ouverte par les fondations missionnaires dont les caisses sont abondées par de riches familles arabes qui gagnent ainsi des indulgences pour leurs pêchés parisiens auprès des dispensateurs de justice immanente. Après une quinzaine de décadence à Paris, il faut revenir aux valeurs domestiques et que ça se voit ! Bien outillés pour reformater les esprits jusqu'à la radicalisation, les imams étrangers parviennent à transformer des esprits faibles en soldats disciplinés, jusqu'à l'abrutissement parfois ; la bêtise coagule dans les sociétés humaines, elle est souvent le meilleur moteur des conquêtes.
Il n'y a pas cent façons d'éviter la guerre civile*** mais une seule : couper d'abord les liens de la nation avec le parti de l'étranger, couper ne veut pas dire distendre mais trancher :

- expulsion des prêcheurs wahhabites et assimilés (on pourrait rêver que le CFCM se charge de les désigner) ;
- contrôle des zones de chalandise des mosquées salafistes et fermeture des locaux en évitant le phénomène de la ratière ouverte ;
- contrôle physique des nationaux radicalisés pour déradicalisation et expulsion des non-nationaux ;
- reprise en main de l'espace public partout ;
- rompre la solidarité presque instinctive qui unit toutes les fractions musulmanes face aux "mécréants" en condamnant les excuses aux déviants pour apologie du crime ;
- négocier un traité de non-ingérence réciproque avec la péninsule arabique dont les Etats se chargeraient de faire la police chez eux et n'interviendraient plus chez nous.
- Reste à la population à manifester publiquement sa défense des coutumes françaises et accepter le réarmement moral qui lui rendra sa fierté malgré les jappements des pourrisseurs qui ont conquis les tréteaux médiatiques. Si la classe politique ne parvient pas à nettoyer le pays, quoique le bon démagogue sache très bien suivre le mouvement d'opinion, il faut s'en débarrasser et passer à la démocratie directe qui élira, n'en doutons pas, un dictateur à la romaine pour faire le travail de vidangeur. Les Français aiment bien l'homme providentiel mais le système est verrouillé jusqu'ici par les partis politiques qui ont chacun le leur. Seule la haute administration de l'Etat régalien, dégoûtée de la pusillanimité des politiques peureux qui la met en danger, pourrait se charger de préparer cette substitution...

On ne manquera pas non plus d'inciter lourdement les théologiens musulmans à mettre à jour en France le Coran et réviser la Sunna - il y a de l'écho dans la société musulmane sur ce point - mais la Sunna est la base de toutes leurs divisions, divisions sanglantes, il faut le rappeler. L'affaire prendra quelques années du fait des combats internes entre les hérésies mais la pression devra être maintenue jusqu'au bout.


A partir de là et pour consolider la paix acquise à l'intérieur, la majorité silencieuse, nous tous, doit signaler son acceptation des différences par ce qu'on appelait jadis l'urbanité des comportements sociaux. Vivre ensemble plus que jamais, mais sans eux, ceux qui nous détestent en tant que nation, ceux qui non seulement veulent notre mort mais nous tuent. Soyons aimables avec autrui qui vient en paix, et particulièrement curieux des mœurs culinaires et chorégraphiques qu'apportent chez nous les invités depuis leurs lointains ailleurs. Mais pas avant que les dispositions ci-avant n'aient été appliquées complètement. A défaut de quoi, le futur sera particulièrement bruyant en France. En attendant...




So, ring the bells that still can ring
Forget your perfect offering
There is a crack in everything
That's how the light gets in

The birds they sang at the break of day
"Start again", I seem to hear them say
Do not dwell on what has passed away
Or what is yet to be

Ah, the wars, they will be fought again
The holy dove, she will be caught again
Bought and sold and bought again
The dove is never free

Ring the bells that still can ring
Forget your perfect offering
There is a crack, a crack in everything
That's how the light gets in

We asked for signs, and the signs were sent
The birth betrayed, the marriage spent
Yeah, the widowhood of every single government
Signs for all to see

I can't run no more with that lawless crowd
While the killers in high places say their prayers out loud
But they've summoned, they've summoned up a thundercloud
And they're going to hear from me

Ring the bells that still can ring
Forget your perfect offering
There is a crack, say crack in everything
That's how the light gets in

You can add up the parts, but you won't have the sum
You can strike up the march, on your little broken drum
Every heart, every heart to love will come
But like a refugee

Ring the bells that still can ring
Forget your perfect offering
There is a crack, a crack in everything
That's how the light gets in

Ring the bells that still can ring
Forget your perfect offering
There is a crack, a crack in everything
That's how the light gets in
That's how the light gets in
That's how the light, gets in.
............................


* M. de la Châtre (1814-1900), Dictionnaire universel, Paris 1856
** C'est un peu vrai...
*** Le danger de guerre civile doit être prévenu en dehors des opérations de guerre extérieure contre l'Organisation Etat islamique en Syrie et en Irak. Les deux sont nécessaires mais le nettoyage du terrain national doit assécher les facilités d'accueil du terrorisme en France.

lundi 16 novembre 2015

Roucasseries frontistes

Même si les attentats de Da'ech à Paris ont remis du charbon dans la chaudière à Marine, rien ne pouvait tomber plus mal avant les élections régionales pour le Nouveau-Front-national que le départ d'Aymeric Chauprade et de Jean Roucas. Le pitre que nous aimons bien s'est vu ostracisé par la profession et par les loueurs de salles ; il doit gagner sa vie en suant sang et eau comme tout un chacun depuis le départ d'Adam du jardin d'Eden. On comprend bien qu'il n'ait pu longtemps résister à la promesse de l'ermitage, d'autant qu'il est assez intelligent pour comprendre que les penseurs du Front, en sus de quelques bonnes idées, racolent sur un catalogue adaptable à chaque auditoire et n'ont aucune colonne doctrinale au-delà des incantations de préaux ! Les contradictions politiques sont légion en tous domaines et le chapitre économique parfaitement décalé voire ringard. Même Jean-Luc Mélenchon ne s'y risquerait pas autant ! On pourrait en faire la liste mais il est plus intéressant de comprendre avec Bertrand Renouvin pourquoi le FN est génétiquement stérile pour l'exercice du pouvoir. Nous utilisons son découpage comme guide-âne (clic) :

Le parti est (était) divisé en trois, ce qui augure mal de l'axe politique décisif à mettre en œuvre en régions, sans même parler des législatives de 2017 qui convoqueraient une fusion des courants.

Dans l'ordre d'apparition :

Premier bloc autour du fondateur Jean-Marie Le Pen et de son plus fidèle soutien Bruno Gollnisch : les « vieilles chemises » de l’extrême-droite qui cultivent un nationalisme xénophobe et ne reculent pas devant les contre-performances de déclarations outrancières qui ruinent l'effort de propagande précédent.

Deuxième bloc autour de Florian Philippot, énarque très présent dans les médias : un courant néo-gaulliste qui défend les services publics, le Plan quinquennal et réclame le retour à la monnaie nationale, sans insister sur l’immigration, qui sera traitée cas par cas avec déjà un quota acceptable depuis peu.

Troisième bloc autour d’Aymeric Chauprade, ancien professeur à l'Ecole de Guerre de Paris et de Kénitra, un courant qui endosse le « choc des civilisations », le grand remplacement camusien et appelle à la remigration surtout dirigée contre les musulmans. Sa vidéo de l'université d'été 2014 du FNJ est explicite :


On voit déjà que les trois blocs ne sont pas miscibles, donc en concurrence. Le thé dansant de la Waffen SS autrichienne ne peut cohabiter avec les gaullisteries de Philippot, qui lui même a du mal à percer le plafond d'érudition géopolitique d'un Chauprade.

Et là on en vient au problème Marine Le Pen. Laissons dire Renouvin qui est limpide sur la question : « Elle ne peut espérer se maintenir par des compromis car toutes les tendances du Front national proposent des ruptures radicales : sortie de la zone euro, nettoyage ethnico-religieux, rejet des élites… Ces radicalités juxtaposées permettent de rassembler le jour du scrutin des électorats très différents en jouant au législateur qu’on ne sera pas. » En résumé, l'essai de 2017 ne pourra pas être transformé car la majorité parlementaire sera improbable, les antagonismes étant trop forts. Les élections régionales, si elles permettent au Front national d'accéder par la proportionnelle à cet étage administratif, révéleront sans doute ce désordre qui sinon fusera sous le tapis jusqu'à la présidentielle.

Roucas n'a peut-être pas vu l'emboîtement du schmilblick mais Chauprade, si ! Apparemment (pour l'instant du moins), son départ clair et net n'entraîne pas le bloc camusien derrière lui. On va quand même récupérer au Figaro sa déclaration de rupture pour la suite. Ses motifs sont carrés :

1.- amour-propre : il a été déssaisi de toutes ses responsabilités par mafiatage du bloc Philippot ;
2.- amour-propre : ringardisation du programme économique. C'est invendable à l'étranger où il va souvent et passe pour un dinosaure marxiste dans ce segment primordial ;
3.- question d'ego : caporalisation au bureau politique qui lui reproche d'avoir extradé les pilotes d'Air Cocaïne en affaiblissant l'image du parti.





Conclusion

On savait que le Front national était le parti du mécontentement (et d'ailleurs légitimement). L'aggiornamento de la firme Le Pen par la fille du pirate, qui a priorisé le raccolage tous azimuts afin de crever le plafond des extrêmes droites françaises, l'a transformé en aggrégats de mécontents, parfois opposés. Comme le signale très justement Renouvin, la Vè République marche sur deux jambes, un exécutif fort et une caution démocratique par une chambre basse de godillots en soutien. Or les tendances ne sont pas miscibles et même avec un programme commun de gouvernement, il apparaîtra vite que chaque projet de loi divisera l'hypothétique majorité, jusqu'au renversement du cabinet Philippot et dissolution de la Chambre. Ce n'est pas le bloc ancestral qui renâclera à ruiner l'accession si on veut bien se remémorer le nombre de fois où le Menhir cassa la baraque électorale par des outrances hors d'âge !

Voter pour le Front national rénové ne peut l'être dans l'espoir de voir s'appliquer un programme performant de redressement du pays. Il n'existe pas ; ils ne l'ont pas. Voter pour le Front national est le choix d'un chaos politique d'abord, social ensuite et politique pour finir. Trois fois ! Le scénario est assez facile à écrire avec pour acteurs : le secteur protégé avec ses deux millions de surnuméraires, les régimes spéciaux soviétiques, les forces vives du secteur marchand, les partenaires étrangers aux champs politique et économique, les prêteurs sur gage qui nous permettent de faire la soudure entre le 10 novembre et le premier janvier. La décrépitude de la république sur tous les plans appelle à faire table rase d'un système irréformable. Le mieux-disant des systèmes de remplacement en termes d'efficacité est le système monarchique, à la réserve près que les monarchistes (ou royalistes) ne sont pas prêts, et loin s'en faut ! Le chaos frontiste fera une magnifique page d'histoire et un océan d'explications savantes, mais nul ne sait sur quoi il débouchera. La mise en tutelle comme en Grèce ? Je n'en sais rien.

Communiqué du Duc d'Anjou aux attentats de Paris

 

Au moment où la lâcheté provoquant l'horreur endeuille Paris et la France toute entière, je fais part de ma profonde émotion.

Mes pensées et mes prières vont aux victimes et à leur famille. Aux morts et aux blessés innocents. Aux gardiens de la sécurité et de la santé.

Au-delà de la douleur et de l'indignation, face à cet acte de guerre, il appartient à tous d'être responsables et confiants en l’avenir.

Comme en d'autres temps troublés, la France retrouvera sa paix et sa grandeur par l'union autour de ce qui a toujours fait sa force et sa constance, ses valeurs, puisées aux sources de son histoire.

Louis de Bourbon, duc d’Anjou
14 novembre 2015


Éloge de la beauté des femmes


Texte tiré des Confessions de Félicula écrites par Ernest Renan sur les origines du christianisme dans la capitale des Gaules et publiées en 1914 par Noémi Renan. Sauf dans la répartition des dons entre les sexes, son propos n'a pas pris une ride quand on le rapproche des conventions sociales islamiques d'aujourd'hui concernant la femme. Arrivent donc à Lyon, derrière les Smyrniotes, une cohorte de saints de Phrygie prêchant l'ascèse totale. Felicula ne se convertit pas à cette nouveauté :

« J'éprouvais pour ces saints une sorte d'aversion. Ils me faisaient scrupule du moindre ornement, d'une coupe élégante de la robe noire que portaient toutes les sœurs, d'une disposition heureuse de la bande de pourpre que leur condition permettait à certaines. Un tour heureux donné aux cheveux leur paraissait un crime. J'avais pour disposer les bandeaux blonds de ma chevelure un petit art discret de jeune fille. Ramenant sur l'arrière les abondantes masses que me fournissaient mes tempes et le sommet de ma tête, j'en formais par derrière une masse enroulée que retenait une bandelette infibulée d'or. Ils blâmaient ce très innocent artifice. Cette horreur de la beauté me paraissait un blasphème. Pourquoi Dieu a-t-il créé la femme belle, si cette beauté est pour le mal ? Dieu tenterait donc à plaisir sa créature ? Non, j'ai toujours cru et je crois encore, malgré les malheurs de ma vie, que la beauté vient de Dieu, et constitue le meilleur trésor de la femme, même quand elle la garde pour elle seule. Les dons de l'homme sont la force, le courage, la science, le génie. Le don de la femme est la beauté. Par l'éclat seul de sa beauté, elle apprend et prouve ce que le docteur enseigne péniblement et avec de longs détours. Elle est un abrégé de la bonne création, l'argument suprême de Dieu ; car sa beauté n'est au fond que l'argument de sa bonté intérieure, de ses vertus.

Je sais bien que l'insupportable Fulgentius faisait quelquefois en ma présence d'odieux sophismes sur ce point. "La beauté des femmes, disait-il, me rappelle les temples de l'Egypte. Le dehors ne prouve rien pour le dedans. Voyez le dehors; que c'est beau ! que c'est saint ! Entrez-y; savez-vous ce qu'il y a derrière tout cet appareil ? Quelque bête immonde, un bouc, un serpent." Oh! le vilain homme ! Qu'il était loin des voies de Dieu !

La preuve, c'est qu'une femme bonne n'est jamais laide. Sa bonté peinte sur sa figure est sa beauté. Nos vieilles diaconesses ne sont jamais laides. Une jeune fille charmante et modeste est toujours assez belle.

Pothinos (ndlr: premier évêque de Lyon) voyait bien mes innocents artifices et ne les blâmait pas. Irénée ne les voyait pas. Sa sainteté était née avec lui et l'occupait tout entier. Jeune, il était vieillard pour les sens et la sagesse. Quand je voyais louer les grands artistes qui ont fait les statues célèbres qu'on propose à notre admiration, je ne pouvais m'empêcher de penser que la femme qui se pare ou travaille à parer les autres est un grand artiste aussi. Dans l'âge actuel du monde, âge de péché et d'intempéries, la nudité étant justement interdite, l'art de parer la femme avec ses vêtements est le premier des arts. Et peut-être qu'un jour, quand, avec l'innocence et le chaud soleil du royaume de Dieu, reviendra le temps où tous iront nus sans rougir, regrettera-t-on le temps où l'attrait divin de nos formes était dissimulé en partie et rendu par là plus attrayant. J'imagine qu'on en conservera quelque chose, et qu'après la résurrection, il y aura place encore pour cet art divin, par l'emploi discret de certaines bandelettes, par l'agencement de certains bandeaux...»

[Ernest Renan (1823-1892) - manuscrit inachevé]

samedi 14 novembre 2015

Spéciale Dernière


Vendredi 13, ça ne s'invente pas : à peine assoupi qu'un texto tinte dans mon vieux Nokia : « Hollande fait une déclaration sur les attentats ». J'allume le poste, l'Etat d'urgence est décrété en France... deux kamikazes n'ont pu entrer au Stade de France (France-Allemagne 2-0) et se sont fait sauter dehors ; une voiture fait les rues des quartiers-est en tirant sur tout ce qui bouge ; le Bataclan est investi par des terroristes ! C'est tout ? Non ! Les médias embrayent comme en janvier, les experts affluent dans les micros et cela devient vite insupportable. L'Île de France se ferme. Les frontières se ferment. Samedi sera un jour "fermé". Le bilan est lourd ce matin, on va vers les deux cents morts**. On compte huit terroristes à visage découvert dont sept se sont fait sauter à la fin et un d'abattu dans l'assaut du RAID.

Le bal des faux-culs est ouvert : pas d'amalgame, les déséquilibrés furent-ils poussés au crime par la misère ambiante aux cris de "Dieu est grand et Mahomet est Son prophète" ? Le CFCM condamne*. On s'agite beaucoup dans les hautes sphères et la partie émergée de l'iceberg gouvernemental est forcément celle de la communication. Espérons que Gaspard Gantzer de l'Elysée ne va pas à nouveau organiser une marche monstre place de la République.

Hommage soit rendu aux forces de l'ordre à Paris. Mais le Français moyen a aussi le droit de réfléchir, même dans la peine.

Origine des protagonistes (situation à 10:15 samedi)

Les témoignages de rescapés indiquent que les assassins sont Français. Le choix du suicide en queue de trajectoire indique, lui, que les cerveaux ont été profondément conditionnés et probablement dans une zone de guerre. On pourrait facilement soutenir que survivre à une attaque aérienne française en Irak peut motiver la vengeance du moudjahid, mais nous n'avons frappé que trois fois ! Il ressort de cela que les migrants sont hors de cause.

Sûreté nationale

Avec ou sans fiches "S", avec ou sans "Loi Renseignement", la preuve est faite, s'il en était encore besoin, que la menace s'adapte rapidement à son environnement sécuritaire quand elle ne précède pas son évolution. Le dispositif de riposte décrété en janvier 2015 n'est d'ailleurs toujours pas achevé, la bureaucratie y travaille...
Avec un vivier de plusieurs centaines de djihadistes français formés au Proche et Moyen Orient, immergés eux-mêmes au milieu de milliers de sympathisants comme le poisson dans l'eau - les clameurs de joie arabes et les klaxons dans le 93 et le 95 sont-ils de l'intox ? - la prophétie d'une attaque générale de Paris intra-muros n'est pas un scénario de jeu-vidéo. Si pour huit types on décrète l'Etat d'urgence, que fera-t-on pour cent types décidés à en découdre ?

Logiciel kamikaze

Hier matin, les huit moudjahidine se sont réveillés morts dans leur tête ; il n'y avait plus qu'à y aller pour connaître son avenir ailleurs. L'avantage du suicide est de couper les ponts avec l'organisation et de supprimer la complication de l'exfiltration du "soldat". L'enquête va s'enfoncer dans les analyses pour déterminer tous les paramètres de ces crimes mais au final, cela ne servira qu'à écrire la page d'histoire du vendredi 13 novembre 2015. On saura qui est mort et après ?

Contre-attaque ici

Il n'est plus que temps de prendre des mesures d'ordre public de simple bon sens. On les connaît :
- fermer les mosquées salafistes (au premier soupçon légitime) et expulser les imams manu militari vers leur pays d'origine ;
- entrer dans les cités et récupérer tout l'armement ;
- actionner la légitime défense automatique des policiers contre tout porteur d'arme à éliminer dans le périmètre des zones de non-droit ;
- rafler suspects et sympathisants avérés (ceux qui caillassent les ambulances), expulser les étrangers et stocker en camp "S" les nationaux radicalisés ;
- ré-appliquer la double peine, radiée par Sarkozy, pour désengorger nos prisons.

Contre-attaque là-bas

La France ne peut pas laisser le crime impuni, pas plus que la Russie d'ailleurs. Quand le vin est tiré il faut le boire, et les bases de l'Organisation Etat Islamique doivent être traitées sérieusement dans une logique de guerre. On se demande jusqu'ici à quoi sert le tohu-bohu de la coalition occidentale (tuer Djihadi John ?) et serait-on mieux inspiré de nous coordonner avec les Russes pour en finir une bonne fois en laissant aux puissances célestes le soin de trier le bon grain de l'ivraie.


Une marque de la zone !!!


Réflexions in cauda

Il n'y a pas que des "victimes innocentes". Ceux qui ont élus ou laissé passer les crapules de l'islamisation du vieux pays sont coupables au titre du principe de souveraineté du peuple. La démocratie est un régime de large responsabilité. L'islam charrie des scories très violentes. Coupables aussi ceux qui laissent couver le feu de tourbe de la guerre israélo-palestinienne et donne la libre-pratique de l'apartheid en solution de rechange d'une colonisation des nappes phréatiques de Palestine. Coupable aussi une classe politique flirtant avec des Etats islamiques douteux ; coupable un peu notre président, comme son prédécesseur, de s'être mis à la remorque des Américains sur une zone d'intérêt extérieure à l'Alliance atlantique. Nous avons une certaine légitimité historique à venir sur les Echelles du Levant (depuis Godefroy de Bouillon) mais qu'allons-nous faire dans la galère irakienne où tout nous est étranger !

Nous aimerions que le pouvoir soit moins calculateur, moins électoralisé, et fonde son action sur le simple bon sens.


(*) Le Conseil français du Culte musulman a pris le parti de ne pas être plus impliqué dans la dénonciation des actions terroristes invoquant Allah que ne le seraient la Conférence des évêques de France ou le Consistoire central israélite. On aimerait qu'il s'implique au moins dans la dénonciation publique des mosquées déviantes en les bannissant. Mais, gouverné par l'UOIF, il fait profil bas et service minimum.

**Postscriptum du 20.11.15-18:00 : Mise au point dérisoire mais tout de même nécessaire avant l'archivage de ce billet : une semaine après l'attaque on dénombre 130 morts et 350 blessés dont certains sont toujours dans un état critique.



A tous ces morts pour rien ! RIP

lundi 9 novembre 2015

11 Novembre 2015


Ils ont tous disparus. De quelque bord qu'ils furent, ils représentèrent une génération courageuse capable d'affronter la voracité des Etats. Une pensée spéciale pour les nôtres, la fine fleur du pays fauchée par l'offensive à outrance à la mode du temps. Cette année¹ nous parlons du 348ème RI, régiment de forteresse à Givet (52è Division d'infanterie de réserve). Ce régiment fera presque toute la guerre sur la Meuse. Son historique régimentaire a été publié en 1921 à Mulhouse (clic). Les pages 32 à 63 listent les morts et disparus (environ 36 noms par page).

La 52ème division de réserve a connu des tentatives de fraternisations à la Noël 14 de la part d'unités bavaroises qui lui faisaient face, au grand dam du commandement prussien. Le lecteur trouvera ci-dessous deux pages d'un journal d'opérations qui les évoque (source). D'autres divisions connurent aussi des échanges de politesses, de cigarettes et même des visites de tranchées ennemies à la Noël !

52°DR 1/2
52°DR 2/2


Mais ce ne fut pas toujours la guerre sans haine : dans le Journal d'opérations² de la 52ème DR on trouve page 12 une notice recopiant à la main une nouvelle du Temps de Paris daté du 15 février 1915 sur la bravoure française et sur une certaine sauvagerie allemande. La voici :

A Haybes, entre Vireux et Fumay, les maisons sont détruites. Là, l'occupation a été fort dure. De nombreux civils ont été fusillés ; un infirme fut enterré avec sa béquille sortant de terre, et les soldats du kaiser y fixèrent un drapeau allemand. La cause de ces violences est dans la résistance des douaniers et de 400 réservistes (ndlr: de la 52è DR), dans la nuit du 23 au 24 août (ndlr: 1914). Les Allemands disaient que cette résistance leur avait coûté 1500 hommes et retardé l'arrivée de 4000 hommes à Rocroy en temps voulu pour couper la retraite des Français qui se repliaient de Charleroi sur les Ardennes. Les Allemands ajoutent que sans ce retard ils seraient arrivés à Paris.

vignette du 348
A commandé au 348 du premier jour de la guerre au 27 février 1918, André Guesnier, chef de la première section à la 24ème Compagnie à la déclaration de guerre et capitaine de la 20è Compagnie (CID - centre d'instruction divisionnaire) à la fin. Le régiment fut dissous au mois de mai 1918 et ses effectifs reversés au 99ème. Son livre de chevet (si l'on peut dire) ou plutôt son livre d'évasion, était Fragments intimes d'Ernest Renan parus en 1914, qui ne le quittèrent jamais. Cet ouvrage posthume compile Patrice, ses lettres à Liart (depuis le Séminaire d'Issy), Confessions de Felicula (sur la première chrétienté de Lyon) et d'autres petits fragments. Il est assez surnaturel de lire ce bouquin, trouvé en brocante, en sachant qui le lut le premier, dans quelles circonstances de bruit, de fureur et de doute.
Renan est comme quelqu'autre que nous citons souvent ici, un océan. Il donnait à méditer. J'imagine le lieutenant Guesnier en train de lire cette page dans la tranchée pendant la guerre de positions qui nous coûta si cher :
La vérité est loin de ce qu'on appelle le bon sens, qui n'est qu'un ramas d'opinions, d'habitudes, de conventions : quand nous la verrons, la vérité, nous seront tout étonnés de la trouver, et chacun dira : Je ne croyais pas que ce fût cela. C'est là l'idée qui me domine : le peu de certitude de nos connaissances, le peu de vérité que nous possédons, et sur ce point la lecture de Pascal est loin de me détromper. On a beau dire : cet homme-là est presque sceptique ; cela est frappant : le plus forte tête qui ait existé n'a osé presque rien affirmer : et il est de fait que plus un homme est savant, plus il a approfondi les connaissances humaines, moins il est affirmatif, plus il tremble, plus il restreint ce fameux chapitre du bon sens, qu'on voudrait faire si large. Les ignorants au contraire ne doutent de rien, ils tranchent tout, tout est évident, clair comme le jour ; il faut avoir perdu l'esprit pour ne pas voir cela : voilà leurs formules. D'où par analogie, je suis tenté de faire ce raisonnement : quand on ne sait rien, on ne doute de rien ; quand on en sait peu, on doute peu ; quand on sait beaucoup, on doute beaucoup ; donc, si on savait tout, on douterait de tout, et toute la science se réduirait à voir l'incertitude de toute science. C'était bien cela dans l'esprit de Pascal. Oh ! qu'il a de belles choses là-dessus ! Voilà un homme qui était au-dessus des préjugés, et pourtant il a été chrétien, cela est démonstratif. Tu vois que j'ai une propension violente au scepticisme³, ou plutôt au kantisme, car c'est surtout le système de Kant qui me fait impression, et il est de fait que je n'ai rien vu de décisif contre sa philosophie, du moins jusqu'ici...
(d'une lettre à François Liart du 3 mai 1842)

Je ne sais qui des lignes ennemies lisait Kant, peut-être en quelque régiment de réservistes prussiens aventurés sur la Meuse depuis la vieille Poméranie. Finalement la philosophie ne sut vaincre la polémologie, en ce qu'elles marchent toujours de conserve dans l'histoire des hommes, irraisonnables comme jamais.





(1) Les "Onze Novembre" de Royal-Artillerie :
*2007 − *2008 − *2009 − *2010 − *2011 − *2012 − *2013 − *2014
(2) Source Mémoire des Hommes

(3) le jeune Renan sait déjà qu'il doute de sa vocation malgré les efforts de piété qu'il montrera dans les Principes de conduite de 1843.

lundi 2 novembre 2015

Le bonneteau corrézien

Marion Maréchal nettoiera les écuries de Vauzelle
Les élections régionales ne seront peut-être pas le désastre annoncé pour la Gauche officielle si le Front national perce dans deux régions au moins, le Nord-PDC et la région Provence-etc. Certes la Nomenklatura prendra deux paires de gifles mais elle a cela de très catholique qu'elle les supporte bien. Le pouvoir catalan qui ameute sans relâche contre les marinistes, braque le projecteur de DCA sur un pronostic favorable au Front à deux effets : banaliser la présence des marinistes dans le champ politique principal et donc booster les suffrages indécis en leur faveur ; noyer la communication des droites coalisées - émiettées bientôt après les Primaires des républicains - dans le secret espoir (secret, pas tant que ça) de voir le challenger à la présidentielle Bismuth terminer le premier tour en troisième position. C'est le coup (bien involontaire jadis) de Chirac en 2002. Contre Marine Le Pen et sa cour, la Promotion Voltaire garderait une chance d'un sursaut anti-fachiste tétanisant le pays survolté par les médias subventionnés. On a vu de quoi ils étaient capables en 2002 justement. La fille du Pirate n'a aucune chance d'accéder aux affaires contre la coalition de la peur et de la bien-pensance.

Même chassée des régions, la Gauche officielle pourra gouverner - d'une émeute à l'autre, mais la Garde veille sur les palais - comme le fit la Droite officielle en son temps, qui n'avait plus que l'Alsace dans sa giberne. C'est d'ailleurs là que l'on remarque combien cet étage administratif n'est pas une strate de gouvernement mais une sinécure pour les politiciens ou apparatchiks battus au plan national. Les régions ne font pas de politique ni la politique. Ce sont des bureaux déconcentrés et très chers à maintenir.

Victoire à la Pyrrhus pour la Droite, le team Sarkozy met pleins phares sur le cauchemar annoncé puisque gagner dix régions par exemple ne résout rien. D'où l'investiture d'une femme politique de division II à l'élection en Île-de-France, région qui est pourtant l'une des plus importantes d'Europe. La Gauche ne cherche pas non plus un candidat alléchant quand elle investit Don Bartolone, parrain du 9-3, président désormais fantôme de l'Assemblée nationale, une vieille carne de la démocrassie dénoncée par... la Cour des Comptes. On en arrive au cas Sarkozy.

Le même logiciel sans Buisson ? Du cirque ! 
Le piéton du Roi a relu quelques billets publiés sous sa présidence pour se voir confirmé qu'il n'a pas changé d'un iota. Il reste le Petit Reître, colérique et hyperactif comme les maîtresses d'école de jadis en attachaient au radiateur dans les classes primaires. Tout à sa réélection légitime - il a entendu le Cri sourd du Pays qu'on enchaîne - il navigue au plus près, comme avant, comptant sur son ingéniosité politicienne pour faire face aux déconvenues possibles. Il n'a pas l'air de voir plus loin que, dans son genre, Bernard-Henri Lévy. L'affaire Morano est exemplaire d'une brutalité retrouvée mais naturelle, qui accroche un wagon complet de mécontents au train du Front national. Fallait quand même le faire alors qu'elle avait toute la majorité silencieuse derrière elle.

Sarkozy gagnera-t-il les Primaires des républicains ? Je crois que oui, car il bénéficie comme Justin Bieber de forts contingents de groupies sans cervelle qui battent des mains comme les otaries à chacune de ses apparitions. C'est imparable, et tant monsieur Fillon que le géronte Juppé devraient bien se garder d'insulter l'avenir s'ils veulent avoir leur rond de serviette à la table du futur shadow cabinet, car ils se feront rincer en 2017.

La régie me demande dans l'oreillette ce que feront les royalistes. A quoi je réponds mezzo voce que je n'en sais pour l'instant rien, me retenant d'aller sur les sites de combat politique afin de détecter depuis l'extérieur le moment où leur audience publique brisera le mur de discrétion qui les enferme. Espérons des chapelains une démarche de notoriété pugnace en cette période de déclin national, propice aux opportunités de changement de paradigme. Mais pour ce faire il faut du nerf, le nerf de la guerre, de l'argent !

Sur ce, je propose de voter aux élections régionales pour un programme honnête et réalisable afin de ne pas jeter le bulletin puisque ce niveau d'expression démocratique est le niveau légitime le plus haut dans l'esprit monarchiste, en ce qu'il n'entame pas les pouvoirs régaliens. Trouverait-on une tête de liste qui mène une campagne intelligente et qui aurait prouvé une certaine maîtrise politique dans ses capacités d'assimilation de dossiers compliqués, que le vote sincère en serait de beaucoup facilité. Je cherche déjà... en vain.

Nous reparlerons du bonneteau hollandien pour 2017.

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