lundi 28 décembre 2020

Le Déclic

Les rois d'Europe ont souhaité un "Joyeux Noël" à leurs sujets dans de longues adresses télévisées où perçait leur inquiétude des conséquences humaines de la pandémie chinoise, et parfois celles plus sournoises d'une rupture des équilibres politiques comme en Espagne. Le président de la République fédérale d'Allemagne Steinmeier a souhaité le meilleur à ses concitoyens pendant huit minutes devant un superbe sapin de Noël. Ainsi en fut-il des autres présidents des républiques européennes ayant une empathie naturelle avec leur peuple, sauf ici. Le président de la République française n'a pas jugé opportun de nous souhaiter un bon Noël, il est parti se reposer au Fort de Brégançon avec Madame. Un tweet a minima a été publié par le Community Magager de Matignon pour juste marquer le coup. Ça n'est pas grave. Nul n'attendait en France un signe de gentillesse de la part d'un Jean-Kévin monté en graine "capable de transformer en merde tout ce qu'il touche" (Trump). Aussi a-t-il mieux valu finalement qu'il s'en abstienne, il ne nous a rien manqué ! Au soir des confettis, sarbacanes et tortillons, pour franchir la Saint-Syslvestre, le monsieur de l'Elysée se croira-t-il sans doute obligé d'émettre ses vœux à la Nation, avec deux prompteurs et un fond d'écran travaillé pendant une semaine au moins. Mais de cela, les Français s'en moquent.

Narcissisme, cynisme, mépris de classe

Il est plus facile de conquérir le pouvoir que de le conserver, disait Machiavel à sa façon et les locataires à bail précaire qui croient nous gouverner en font l'un après l'autre l'amer constat. Après Zébulon Premier, nous avons éprouvé Normal Premier et maintenant Zupiter Premier. Aucun de ceux-là ne redoubla et, pour le troisième, ne doublera ses points. Il y a beaucoup de raison à cela, mais le narcissisme pathétique, le cynisme assumé et le mépris de classe sont les ingrédients imparables de l'échec. M. Macron ne nous aime pas, parce qu'il nous juge inintéressants, et nous le ressentons. Un contributeur avisé postait hier sur Twitter un message de fine observation : « Emmanuel Macron n'a pas l'intelligence des situations ni la compréhension de notre nature humaine. Il est incontestablement doué pour séduire, pour plaire. Il charme ces dames et ces messieurs, il touche, il caresse, mais il méconnait les tréfonds des cœurs et des âmes. » C'est sans doute l'épisode des Gilets Jaunes, associé au marathon des one man shows en province où le fringant bonimenteur explosait les chronomètres, que son dédain s'est manifesté le plus sûrement à quelqu'un d'attentif. La presse applaudissait la performance en bras de chemise, les gens aussi. Mais faute d'empathie, rien n'en suivit ! Que dalles ! Walou ! وَلَوْ شَيْءٌ. A part d'ouvrir le robinet budgétaire des compensations, le mal-être profond d'une classe moyenne épuisée par le socialisme rampant des pouvoirs centraux n'a pas été affronté. L'économie de notre société fondée sur la redistribution et l'étrécissement de l'assiette fiscale convoquée à toujours plus, la prolifération des profiteurs au vu et su de tous, les privilèges indus et la morgue d'une classe politique lâche et dévalorisée que seule la proportionnelle pourrait régénérer, l'importation de pseudo-travailleurs concurrents sur un marché d'emplois bloqué, l'écologie punitive, rien ne fut traîté en profondeur bien qu'on en ait beaucoup parlé, parlé, parlé ! Pour être juste, citons quand même l'essai de blocage de la subversion islamiste qui semble devenir un souci politique et concurremment un souci diplomatique.

Le compostage des projets

Il reste cinq cents jours à tirer de ce mandat présidentiel. Si les cabinets ministériels ont pu travailler normalement avec les administrations subordonnées, nous n'avons vu en revanche presqu'aucune intention du chef aboutir. Les grands projets finissent en eau de boudin, sauf un.
- Retraite à points, confiée à l'endive de Bapaume, pétée de titres et d'indemnités, ruinée par l'impétrant.
- Réforme de l'Etat et contention de la dépense publique qui dévore la production de richesse, oubliées.
- Réforme fiscale, stoppée au milieu du gué puisqu'elle induisait la précédente.
- Réforme des clauses de gouvernance européenne au bénéfice des cigales, refusée par tous les Etats du Nord.
- Défense européenne, remisée sur l'étagère des grandes idées françaises non partagées.
- Diplomatie d'équilibre entre Washington et Moscou refusée par ses homologues qui n'ont pas acheté la mort cérébrale de l'OTAN.
La liste est déjà trop longue mais elle se terminerait par la suppression de l'ISF. Ouf ! Et tout de suite. On ne pouvait attendre d'avoir engagé des économies qui auraient justifié par après cette baisse (modeste) des recettes, il fallait envoyer le signal en tête de mat et rémunérer dare dare la bourgeoisie d'affaires qui avait tout misé sur le brillant jeune homme.

Ce bilan va être tiré tout au long de l'année préélectorale 2021 et les arguties rhétoriques des communicants en soupentes ne prendront pas sur la réalité des reports dilatoires, des oublis volontaires, des échecs. Certes, en démocratie, on peut gagner avec des vessies, des promesses, des synthèses combinatoires, surtout chez des peuples immatures qui n'attendent rien d'eux-mêmes et tout d'un Sauveur, mais le plus sûr moyen est de faire monter contre soi le plus mauvais adversaire disposant des plus larges résultats électoraux. Madame Le Pen est l'archétype du candidat "gagnant", gagnant pour l'autre. Le travail est lancé, comme on dirait en salle d'accouchement. Cinq cents jours ne seront pas de trop pour organiser le paysage politique du premier tour des élections présidentielles. Les couillons qui veulent y briller s'alignent déjà, à des motifs bien éloignés de l'impatience à gouverner. Même des brêles ont décidé d'y revenir pour voir leur visage dans les lucarnes et leurs discours résumés dans de vrais journaux. D'autres pensent au troisième tour des législatives dont les résultats détermineront le montant des subsides publics consentis à leur parti.

La combinazione

A chacun sa raison personnelle, une affaire entre soi-même et le peuple, disait le Général. N'importe qui peut y croire avec les parrainages suffisants, et c'est bien du n'importe qui ! Les sondages vont être commandés pour ajuster au mieux la communication du pouvoir envers les électeurs. Le mano le plus surveillé est le delta positif du score de Mme Le Pen qui signalerait aux faiseurs d'opinion que l'apocalypse est devenue possible. Elle représente le parti du mécontentement, et le pouvoir imbécile n'a eu de cesse d'y pousser. L'humeur du peuple est toujours très difficile à régler, un peu comme la longueur de dentifrice qui sort du tube, mais qui n'y rentrera jamais plus. Les crânes d'œuf qui gèrent l'affrontement social peuvent voir l'engouement des ronchons leur échapper et inverser le rang de sortie des urnes. En 2017 on avait obtenu un premier tour comme suit :

* Macron 8657326 (24,01% des voix)
* Le Pen 7679493 (21,30%), bascule au premier à 488917 voix
* Fillon 7213797 (20,01%), bascule au deuxième à 232848 voix
* Mélenchon 7060885 (19,58), bascule au troisième à 76456 voix
* Hamon 2291565 (6,35%)
* Solde 3155747 (8,75% à répartir sur 6 candidats)
* Total 36058813 (100%)

Marine Le Pen


La question est de savoir qui remplacera M. Fillon au quadrille, les trois autres étant des clients sûrs. Mais ceci n'a d'intérêt pour l'Elysée que si l'ordre d'arrivée est le même. Si Mme Le Pen sort en tête, ce sera le déclic, il y aura rallye des mécontents au second tour avec peut-être le renfort d'abstentionnistes atterrés, et rien ne dit qu'il soit compensé en totalité par une ruée des gauches contre le ventre encore fécond. S'il est juste compensé, elle passe ! Mais à deux conditions : l'une, qu'elle ait réellement envie de se taper la corvée d'un mandat présidentiel de cinq ans pour lequel elle montre peu d'aptitudes, l'acte manqué ça existe ; l'autre, qu'elle prépare sérieusement - avec un coach qui ne soit pas de son entourage et qui ose l'engueuler - le débat de second tour, l'humilité n'étant pas son point fort.

Retour aux fondamentaux perdants-perdants

Les lecteurs de Royal-Artillerie peuvent s'étonner que nous soyons rendus déjà aux élections du mois d'avril 2022, mais nous subodorons que le quinquennat actif de M. Macron est terminé. Dès après l'Epiphanie et à cause des "bascules" ci-dessus, lui et son team entreront en politique politicienne parce que plus rien n'est vraiment solide autour d'eux, alors que l'inquiétude du peuple croît devant l'impréparation manifeste des pouvoirs publics à vaincre le coronavirus chinois d'une part, et à remonter une économie affaissée par les confinements provoquant des destructions d'emplois de l'autre. Nulle réforme de fond n'ayant été lancée sérieusement pendant trois ans et aucune marge de manœuvre n'ayant pu être dégagée au plan financier, le pays est complètement assujetti au plan de solidarité européen, ce qui lui ôte toute chance de peser plus tard sur les assouplissements que nous ne manquerons pas de réclamer afin de palier notre gabegie chronique. Autant dire que le gouvernement de M. Macron ne sera pas à la fête et ses minions ont suffisamment fait d'études pour le prévoir. A défaut d'exister au sein de l'Europe sérieuse, nous ferons de la politique intérieure.

jeudi 24 décembre 2020

L'Accord de Noël

15:06 GMT - Comme celui du Good Friday entre les factions nord-irlandaises, l'accord anglo-européen du Brexit restera dans l'histoire comme le Xmas Deal. Il ne s'agit rien moins que de maintenir l'économie de la Grande Bretagne (celle d'Ulster y est déjà revenue) dans la zone de libre échange appelée "Espace économique européen" (EEE) en libérant les Communes des institutions normatives continentales. Avec quelques ajustements à la marge, c'est assez précisément la position dont voulait s'assurer Margareth Tchatcher quand elle entreprit son combat contre la Bureaucratie delorienne.

B. Johnson
On sait quels furent les ressorts du Brexit dans l'esprit populaire, choqué par l'envahissement dans tous les compartiments de la société britannique, et nous n'y reviendrons pas. Mais ce qui était impossible il y a encore quinze jours a été dénoué en moins de trois jours comme par miracle. Les correspondants permanents de presse à Bruxelles nous donneront le fin mot de l'histoire, mais d'ores et déjà, la conjonction de planètes (Saturne et Jupiter) appelée "Etoile de Noël" a moins fait pour l'accord que la conjonction de la Chancellerie allemande et de la Commission allemande, la première pressant la seconde de résister aux fédéralistes forcenés pour le bien des affaires de la Deutschland AG. Le perdant, s'il en faut un, c'est Michel Barnier et le team de négociation de trois cents experts qu'il avait réuni pour faire plier les maigres délégations anglaises successives ; quand celles-ci avaient joué la "géopolitique" contre la "logique impériale" ! On oublie que Theresa May avait en son temps abouti et que les Communes ont retoqué l'accord qu'elle avait obtenu au motif d'insuffisances graves... pour finalement avoir bien mieux : le beurre, l'argent du beurre et le cul de la crémière.

C'est une petite note pour faire date ce matin, mais on ne peut conclure sans rapporter la réflexion à chaud de Marc Fiorentino :

« Nous avons cru...
Qu’il n’y aurait pas Brexit. Et il y a eu Brexit.
Nous avons cru que le Brexit provoquerait un chaos, il n’y a pas eu de chaos.
Nous avons cru que l’Europe exploserait et que le Brexit provoquerait un effet domino, l’Europe n’a jamais été aussi unie que dans cette négociation et aucun pays n’a envie, pour l’instant, de suivre l’exemple de la Grande Bretagne.»
«Cela n'enlève rien...
Au caractère historique de l’événement.
La Grande Bretagne redevient une île.
La Grande Bretagne n’a jamais été vraiment intégrée à l’Union européenne.
La voilà à nouveau indépendante.
La phase transitoire pourrait être compliquée, mais à terme le calcul de la Grande Bretagne est simple :
Devenir la plaque tournante du commerce international et de la finance internationale.
Un paradis fiscal et réglementaire.
C’est notre scénario.»


Pas mieux ! Mais pour aller plus loin, il faut voir la synthèse en dix-sept pages sous forme de tableaux des accords sur le site SCRIBD - rubrique : Government Analysis of the Deal Document.
Le Royaume-Uni bat l'Union européenne 41 à 24, un score rugbystique !

Noël 2020

Deux mille et vingt ans plus tard, nous entrons dans le souvenir du plus beau conte de Noël que l'humanité n'ait jamais produit, et puisque les Evangiles de la sainte Eglise nous en disent si peu, nous empruntons l'histoire au protévangile de Jacques le mineur, fils de Joseph de Nazareth, qui aurait (??) verbalisé ces merveilles à la manière des contes orientaux, de ceux qu'on écoutait le soir à la lumière de la lampe à huile pour enrichir des rêves imminents. Ce protévangile est une très vieille affaire dont on parlait déjà au deuxième siècle. Le texte retenu ici est tiré de l'ouvrage "Les Evangiles apocryphes traduits et annotés d'après l'édition de JC Thilo par Gustave Brunet" (Franck libraire, Paris 1848), accompagné de ses notes savantes. Il est accessible en ligne si l'on clique ici. Le texte original est celui du manuscrit sur vélin du quatorzième siècle, conservé à la Bibliothèque du Roi à Paris. Il faut le lire avec l'œil émerveillé du bédouin, et sous cette condition, il est très intéressant. On y retrouve toutes ses petites choses de la vie qui humanisent les prémices de la mission du Christ Sauveur et qui sont à l'origine d'une piété de charbonnier sans laquelle les religions meurent de sècheresse comme la main de Salomé. Les premiers évêques ne s'y étaient pas trompés qui usaient de ces évangiles apocryphes dans leurs homélies. Voici les cinq petits chapitres de la Nativité, mais tout le reste est à lire par le lien précité.


icône JMJ


Chapitre XIII


Il arriva, peu de temps après (ndlr: après que Marie ait fait vœu public de chasteté au Temple de Jérusalem), qu'il y eut un édit de César-Auguste enjoignant à chacun de retourner dans sa patrie. Et ce fut le préfet de la Syrie, Cyrinus, qui publia le premier cet édit. Il fut donc nécessaire que Joseph avec Marie se rendît à Bethléem, car ils en étaient originaires ; Marie était de la tribu de Juda et de la maison et de la patrie de David. Et lorsque Joseph et Marie étaient sur le chemin qui mène à Bethléem, Marie dit à Joseph : « Je vois deux peuples devant moi, l'un qui pleure et l'autre qui se livre à la joie.» Et Joseph lui répondit : « Reste assise et tiens-toi sur ta monture et ne profère pas de paroles oiseuses.» Alors un bel enfant, couvert de magnifiques vêtements, apparut devant eux et dit à Joseph : « Pourquoi as-tu traité de paroles oiseuses ce que Marie te disait de ces deux peuples ? Car elle a vu le peuple juif qui pleurait, parce qu'il s'est éloigné de son Dieu, et le peuple des Gentils qui se réjouissait, parce qu'il s'est approché du Seigneur, suivant ce qui a été promis à nos pères, Abraham, Isaac et Jacob. Car le temps est arrivé pour que la bénédiction de la race d'Abraham s'étende à toutes les nations.» Et lorsque l'Ange eut dit cela, il ordonna à Joseph d'arrêter la bête de somme sur laquelle était montée Marie car le temps de l'enfantement était venu. Et il dit à Marie de descendre de sa monture et d'entrer dans une caverne souterraine où la lumière n'avait jamais pénétré et où il n'y avait jamais eu de jour car les ténèbres y avaient constamment demeuré. A l'entrée de Marie, toute la caverne resplendit d'une lumière aussi brillante que si le soleil y était, et c'était la sixième heure du jour ; et tant que Marie resta dans cette caverne, elle fut, la nuit comme le jour et sans interruption, éclairée de cette lumière divine. Et Marie mit au monde un fils que les Anges entourèrent dès sa naissance et qu'ils adorèrent, disant : « Gloire à Dieu dans les cieux et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté !»
Joseph était allé chercher une sage-femme et lorsqu'il revint à la caverne, Marie avait déjà été délivrée de son enfant. Et Joseph dit à Marie : « Je t'ai amené deux sages-femmes, Zélémi et Salomé, qui attendent à l'entrée de la caverne et qui ne peuvent entrer à cause de cette lumière trop vive.» Marie, entendant cela, sourit et Joseph lui dit : « Ne souris pas, mais sois sur tes gardes, de crainte que tu n'aies besoin de quelques remèdes.» Et il donna l'ordre à l'une des sages-femmes d'entrer. Et lorsque Zélémi se fut approchée de Marie, elle lui dit : « Souffre que je touche.» Et lorsque Marie le lui eut permis, la sage-femme s'écria à voix haute : « Seigneur, Seigneur, aie pitié de moi, je n'avais jamais soupçonné ni entendu chose semblable ; ses mamelles sont pleines de lait et elle a un enfant mâle, quoiqu'elle soit vierge. Nulle souillure n'a existé à la naissance et nulle douleur lors de l'enfantement. Vierge elle a conçu, vierge elle a enfanté, et vierge elle demeure.» L'autre sage-femme nommée Salomé, entendant les paroles de Zélémi, dit : « Ce que j'entends, je ne le croirai point si je ne m'en assure.» Et Salomé, s'approchant de Marie, lui dit : « Permets-moi de te toucher et d'éprouver si Zélémi a dit vrai.» Et Marie lui ayant permis, Salomé la toucha, et aussitôt sa main se dessécha. Et, ressentant une grande douleur, elle se mit à pleurer très amèrement et à crier, et à dire : « Seigneur, Tu sais que je T'ai toujours craint, et que j'ai toujours soigné les pauvres, sans acception de rétribution ; je n'ai rien reçu de la veuve et de l'orphelin, et je n'ai jamais renvoyé loin de moi l'indigent sans le secourir. Et voici que je suis devenue misérable à cause de mon incrédulité, parce que j'ai osé douter de Ta vierge.» Lorsqu'elle parlait ainsi, un jeune homme d'une grande beauté apparut près d'elle et lui dit : « Approche de l'enfant, adore-le, et touche-le de ta main, et il te guérira, car il est le Sauveur du monde et de tous ceux qui espèrent en lui.» Et aussitôt Salomé s'approcha de l'enfant et l'adorant, elle toucha le bord des langes dans lesquels il était enveloppé, et aussitôt sa main fut guérie. Et, sortant dehors, elle se mit à crier et à raconter les merveilles qu'elle avait vues et ce qu'elle avait souffert, et comment elle avait été guérie ; et beaucoup crurent à sa prédication, car les pasteurs des brebis affirmaient qu'au milieu de la nuit ils avaient vu des anges qui chantaient un hymne : « Louez le Dieu du ciel et bénissez-le, parce que le Sauveur de tous est né, le Christ qui rétablira le royaume d'Israël.»
Et une grande étoile brilla sur la caverne depuis le soir jusqu'au matin, et jamais on n'en avait vu de pareille grandeur depuis l'origine du monde. Et les prophètes qui étaient à Jérusalem, disaient que cette étoile indiquait la nativité du Christ qui devait accomplir le salut promis, non seulement à Israël, mais encore à toutes les nations.

Chapitre XIV


Le troisième jour de la naissance du Seigneur, la bienheureuse Marie sortit de la caverne et elle entra dans une étable, et elle mit l'enfant dans la crèche, et le bœuf et l'âne l'adoraient. Alors fut accompli ce qui avait été dit par le prophète Isaïe : « Le bœuf connaît son maître, et l'âne la crèche de son Seigneur.» Ces deux animaux, l'ayant au milieu d'eux, l'adoraient sans cesse. Alors fut accompli également ce qu'avait dit le prophète Kabame : « Tu seras reconnu au milieu de deux animaux.» Et Joseph et Marie demeurèrent trois jours dans cet endroit avec l'enfant.

Chapitre XV


Le sixième jour, la bienheureuse Marie entra à Bethléem avec Joseph, et après que trente-trois jours soient accomplis, elle apporta l'enfant au Temple du Seigneur, et ils offrirent pour lui une paire de tourtereaux et deux petits de colombes. Et il y avait dans le Temple un homme juste et parfait, nommé Siméon, qui était âgé de cent treize ans. Il avait eu du Seigneur la promesse qu'il ne goûterait pas la mort jusqu'à ce qu'il eût vu le Christ, fils de Dieu, revêtu de chair. Lorsqu'il eut vu l'enfant, il s'écria à haute voix, disant : « Dieu a visité Son peuple, et le Seigneur a accompli Sa promesse.» Et il s'empressa de vivre, et il adora l'enfant, et, le prenant dans son manteau, il l'adora de nouveau, et il baisait la plante de ses pieds, disant : « Seigneur : renvoie maintenant Ton serviteur en paix, suivant Ta parole, car mes yeux ont vu le Sauveur que Tu as préparé dans la présence de tous les peuples, la lumière pour la révélation aux nations, et la gloire de Ton peuple d'Israël.»
Il y avait aussi dans le Temple du Seigneur une femme, nommée Anne, fille de Phanuel, de la tribu d'Asser, qui avait vécu sept ans avec son mari et qui était veuve depuis quatre-vingt quatre années ; et elle ne s'était jamais écartée du Temple de Dieu, s'adonnant sans relâche au jeûne et à l'oraison. Et s'approchant, elle adora l'enfant en disant : « C'est en lui qu'est la rédemption du siècle ».

Chapitre XVI


Deux jours s'étant passés, des mages vinrent de l'Orient à Jérusalem, apportant de grandes offrandes, et ils interrogeaient avec empressement les Juifs, demandant : « Où est le roi qui nous est né ? car nous avons vu son étoile dans l'Orient et nous sommes venus pour l'adorer.» Cette nouvelle effraya tout le peuple, et Hérode envoya consulter les Scribes, les Pharisiens et les Docteurs pour savoir d'eux où le prophète avait annoncé que le Christ devait naître. Et ils répondirent : « A Bethléem, car il a été écrit : Et toi, Bethléem, terre de Judas, tu n'es pas la moindre dans les principautés des Juifs, car c'est de toi que sortira le chef qui gouvernera Mon peuple d'Israël.» Alors le roi Hérode appela les mages, et s'informa d'eux quand l'étoile leur avait apparu. Et il les envoya à Bethléem, disant : « Allez, et informez-vous avec soin de cet enfant, et, lorsque vous l'aurez trouvé, venez me le dire, afin que j'aille l'adorer.»
Les mages étant en chemin, l'étoile leur apparut, et, comme leur servant de guide, elle les précéda jusqu'à ce qu'ils fussent arrivés à l'endroit où était l'enfant. Les mages, voyant l'étoile, furent remplis d'une grande joie. Et, entrant dans la maison, ils trouvèrent l'enfant Jésus couché dans les bras de Marie. Alors ils ouvrirent leurs trésors, et ils offrirent de riches présents à Marie et à Joseph. Et chacun d'eux présenta à l'enfant des offrandes particulières. L'un offrit de l'or, l'autre de l'encens, et l'autre de la myrrhe. Lorsqu'ils voulurent retourner auprès du roi Hérode, ils furent avertis en songe de ne pas revenir vers lui. Et ils adorèrent l'enfant avec une joie extrême et repartirent dans leur pays par un autre chemin.

Chapitre XVII


Lorsque le roi Hérode vit que les mages l'avaient trompé, son cœur s'enflamma de colère, et il les envoya chercher sur tous les chemins, voulant les prendre et les faire périr. Mais comme il ne put les rencontrer, il dépêcha à Bethléem ses sbires, et fit tuer tous les enfants de deux ans et au-dessous, suivant le temps dont il s'était informé auprès des mages. Et un jour avant que cela n'arrivât, Joseph fut averti par l'Ange du Seigneur, qui lui dit : « Prends Marie et l'enfant et mets-toi en route à travers le désert qui va en Egypte.» Et Joseph fit ce que l'Ange lui prescrivait.


dessin tente bédouine


Fin de l'extrait de la Nativité. En fait, de la naissance du Christ on ne sait ni le jour ni l'heure, ni les circonstances, mais les Pères de l'Eglise construisirent une chronologie acceptable en pays païen d'évangélisation en faisant coïncider la naissance du Sauveur avec la renaissance du soleil au solstice d'hiver, Sol Invictus, une fête romaine. Le besoin des foules de fidèles d'en savoir toujours plus, ajouta la crèche à la doctrine, l'âne et le bœuf, pour finir par la crèche provençale qui cherche aujourd'hui encore à nous émouvoir. C'est une belle histoire.
Nous prenons ce protévangile comme la tradition affirme qu'il fut transmis aux premiers Chrétiens sans en faire l'exégèse qui en romprait le charme. Un autre texte met en scène la sidération des gens que Joseph croise sur son chemin vers Bethléem :

Trouvant en cet endroit une caverne, il y fit entrer Marie, et il laissa son fils pour la garder ; puis il s'en alla à Bethléem chercher une sage-femme. Et lorsqu'il était en marche, il vit le pôle ou le ciel arrêté, et l'air était obscurci, et les oiseaux s'arrêtaient au milieu de leur vol. Et regardant à terre, il vit une marmite pleine de viande préparée, et des ouvriers qui étaient couchés et dont les mains étaient dans les marmites. Et, au moment de manger, ils ne mangeaient pas, et ceux qui étendaient la main, ne prenaient rien, et ceux qui voulaient porter quelque chose à leur bouche, n'y portaient rien, et tous tenaient leurs regards élevés en haut. Et les brebis étaient dispersées, elles ne marchaient point, mais elles demeuraient immobiles. Et le pasteur, élevant la main pour les frapper de son bâton, sa main restait sans s'abaisser. Et regardant du côté d'un fleuve, il vit des boucs dont la bouche touchait l'eau, mais qui ne buvaient pas, car toutes choses étaient en ce moment détournées de leur cours. Et voici qu'une femme descendant des montagnes lui dit : « Je te demande où tu vas ? » Et Joseph répondit : « Je cherche une sage-femme de la race des Hébreux. »

Ce n'est qu'à l'avènement de la triste raison que les Apocryphes et leurs merveilles furent relégués au rayon des curiosités. La conception du Christ et sa naissance sont un mystère que les quatre évangélistes n'ont pas creusé, à l'exception de Luc qui mit les anges et les bergers dans la corbeille de naissance, et de Matthieu qui choisit, lui, d'y mettre les rois-mages et les saints innocents. Paradoxalement, aucun des quatre ne fit l'impasse sur Jean le Baptiste, fils du prêtre Zacharie et d’Élisabeth une cousine de la Vierge Marie, dont la vie et les proclamations semblent avoir eu pour eux plus de significations que les circonstances détaillées de l'avènement à Bethléem, circonstances qui firent ensuite le bonheur des conteurs.


Nous finirons ce billet de saison par le minuit-chrétien de mon enfance ; paraît-il qu'il est à l'index aujourd'hui parce qu'il commence par "l'homme-dieu" et qu'il efface le péché originel !


Minuit, Chrétiens ! C’est l’heure solennelle,
Où l’homme Dieu descendit jusqu’à nous
Pour effacer la tache originelle,
Et de son Père arrêter le courroux.
Le monde entier tressaille d’espérance,
À cette nuit qui lui donne un Sauveur.
Peuple à genoux, attends ta délivrance,
Noël, Noël, voici le Rédempteur,
Noël, Noël, voici le Rédempteur.

De notre foi que la lumière ardente
Nous guide tous au berceau de l’enfant,
Comme autrefois une étoile brillante
Y conduisit les chefs de l’Orient.
Le Roi des rois naît dans une humble crèche ;
Puissants du jour, fiers de votre grandeur,
À votre orgueil c’est de là qu’un Dieu prêche :
Courbez vos fronts devant le Rédempteur,
Courbez vos fronts devant le Rédempteur.

Le Rédempteur a brisé toute entrave
La terre est libre et le ciel est ouvert.
Il voit un frère où n’était qu’un esclave :
L’amour unit ceux qu’enchaînait le fer !
Qui lui dira notre reconnaissance ?
C’est pour nous tous qu’il naît, qu’il souffre et meurt :
Peuple, debout ! Chante ta délivrance,
Noël, Noël, chantons le Rédempteur,
Noël, Noël, chantons le Rédempteur.

Texte : Placide Cappeau ; musique : Adolphe Adam




Joyeux Noël à vous tous !

lundi 21 décembre 2020

April et les impuissants

Miss Provence 2020


Quand la beauté inaccessible déclenche l'ire des impuissants, c'est ce à quoi dut faire face Miss Provence, la première dauphine de Miss France 2021, à l'énoncé de ses origines israélo-serbes. Aixoise de naissance, il a suffi d'un mot pour que s'enflamment les pithécanthropes des réseaux sociaux contre la finaliste "juive". La honte couvre de son noir manteau les soutiens pavloviens de la cause palestinienne à l'occasion d'un concours de beautés, au moment même où le monde arabe l'abandonne.

En reconnaissant l'Etat hébreu, le royaume chérifien, où règne un commandeur des Croyants, acte une lassitude légitime des revendications impossibles des partis palestiniens qui ne semblent pas très concernés de faire combattre leurs soutiens arabes dans une guerre de cent ans !

Pourquoi les factions palestiniennes ont-elles jusqu'ici bloqué toute solution raisonnable de l'antagonisme israélo-palestinien en exigeant le retour d'exil des réfugiés et la ville de Jérusalem pour capitale, quand il est clair que ces conditions ne seront jamais acceptées par leurs vainqueurs ?
Parce qu'elles avaient jusques à l'an dernier le soutien indéfectible et financier des Etats arabes, les organisations ont privilégié la politique du hamac, laissant pisser le mérinos en confiant leur destin à des puissances cousines qu'elles pensaient avoir convaincues de la sacralité de leur cause. Les cousins ont fini par se sentir encombrés et pénalisés jusque dans leur recherche de sécurité.

L'Egypte, la Jordanie, les Emirats, Bahrein, le Soudan et le Maroc ont jugé que cette guerre éternelle méritait d'être perdue pour ôter un point d'infection chiite au Proche Orient, au moment où la République islamique d'Iran cherche par tous les moyens à sauver le régime des mollahs du naufrage économique ; un des meilleurs moyens en dernier ressort étant une guerre ouverte !

L'imbécilité des dirigeants palestiniens augmente la cruauté de la situation sur le peuple palestinien, qui, comme bien des peuples du monde, est réaliste. La Rue palestinienne voit bien que les chimères des politiciens, outre qu'elles les enrichissent considérablement, n'ont aucun avenir à l'échéance d'une vie d'homme. Et sans doute, au fond de leur cœur, sans qu'il en transparaisse rien, certains apprécient maintenant une denrée devenue rare, la promesse d'une amélioration de leur sort si le monde arable se détend. Justice, principes, droits sont autant de desserts pour ventres bien nourris. Quand on prend le temps de les connaître par les reportages ou les livres qu'ils écrivent, on s'aperçoit que les Palestiniens de base aspirent d'abord à des améliorations simples et parfaitement possibles : du travail, un logement, l'école pour les enfants, un système de soins et une économie qui tourne. Les grandes envolées de jadis les indiffèrent, même si la coercition habituelle des sections du parti en convoque beaucoup à protester dans les rues contre les "traitres".

dessin de Chapatte


J'espère avoir l'occasion de parler un jour à ces gens, en France, loin des regards et des oreilles trop attentives, pour juger sans filtre où se situe le centre de gravité de leurs envies. Les aboyeurs de la cause palestinienne n'ont plus aujourd'hui que la solution de former des meutes cybernétiques pour déverser leurs frustrations sur les juifs, depuis que les pays arabes les ont lâchés. April Benayoum qui est une jeune femme splendide et presque juive par son père (c'est la mère qui transmet la judéité chez le peuple élu), nonobstant l'éclatante beauté de la calvadosienne, aurait mérité le diadème. Nous avons eu lors de ce concours un festival d'yeux bleus, ranimant la celtitude et la vikinguerie de notre vieux peuple que les cuistres cathodiques harcèlent de "questions" sans réponses ; la réponse étant toujours dans la question en matière d'intégration ou de diversité. Miss Provence a les yeux verts et ça lui va bien au teint ! J'avais voté Miss Alsace.

mardi 15 décembre 2020

La mise au pas de Hong Kong

La newsletter hebdomadaire d'Axios China est tombée dans les boîtes ce matin. Son principal sujet est la mise en œuvre de la loi chinoise de sécurité nationale sur le territoire de Hong Kong, loi rédigée en termes vagues permettant d'y pendre opposants et factieux. La newsletter en anglais de Bethany Allen-Ebrahimian est accessible par ici, et ci-dessous traduite sous la règle belle infidèle en français, suivie des commentaires d'usage.


Jimmy Lai

Grosse affaire à Hong Kong, le pire scénario se précise. La Loi de Sécurité nationale imposée à Hong Kong par Pékin dérape, en suivant le pire scénario que ses critiques craignaient. A la une des journaux, une vague d'arrestations au titre de cette loi draconienne a culminé la semaine passée avec le déni de mise en liberté provisoire du patron de presse pro-démocratie Jimmy Laï.
Le 11 décembre dernier, M. Laï qui édite le tabloïd Apple Daily réputé pour sa critique ouverte des autorités de Pékin, a été arrêté pour « collusion avec des puissances étrangères » et inculpé d'après les dispositions de cette loi. Une libération sous caution lui a été refusée et les poursuites judiciaires ont été reportées au mois d'avril 2021, le parquet demandant ce délai pour analyser plus de mille messages du compte Twitter de M. Laï - une façon impudente de reconnaître que ce qui est mis en examen c'est la liberté d'expression de M. Lai NDT : dit autrement, on inculpe d'abord et on en cherche les raisons ensuite au filet dérivant).

En fond d'écran, la Loi de Sécurité nationale qui a été imposée à Hong Kong par le législateur chinois à Pékin, subvertit la magistrature jadis indépendante de la cité et impose des peines sévères pour des crimes et délits vaguement définis, y compris la sécession, le terrorisme et la sédition. La manière dont Pékin instrumentalise la loi est claire maintenant. Au-delà de l'effet de glaciation qui provoque une vague d'autocensure, la nouvelle loi a déjà été invoquée pour inculper plus d'une douzaine de personnes, y compris plusieurs militants et commentateurs pro-démocratie. Avec l'imposition de cette loi créatrice d'une atmosphère de peur, les autorités hongkongaises se sont enhardies à sévir contre les protestations et la liberté de parole.

Cette atmosphère délétère a facilité la publication de sentences très dures, même sans invoquer la dite-loi. Les militants pro-démocratie Agnès Chow et Joshua Wong, connu dans le monde entier pour leur rôle de meneurs lors de la révolte des parapluies en 2014, ont été condamnés début décembre pour les manifestations de protestation qu'ils conduisirent en 2019. Mlle Chow a de plus été inculpée au titre de la Loi de Sécurité nationale.

Le chef du gouvernement de Hong Kong, Mme Carrie Lam, a défendu cette loi à plusieurs reprises, affirmant qu'elle ne serait employée que contre les élements radicaux et les ennemis du peuple, pendant que Zhang Xiaoming, un haut dignitaire chinois chargé des affaires de Hong Kong disait que cette loi « punirait un tout petit nombre de criminels qui mettraient gravement en danger la sécurité nationale ». Mais des juristes hongkongais et d'ailleurs avertirent que cette loi pourrait être appliquée plus largement afin de broyer toute organisation de la société civile. Jérôme Cohen, expert en droit chinois, écrivait en juillet dernier que l'impact de la loi sur Hong Kong serait déterminé par la façon dont Pékin entendrait l'y appliquer.

Quid de la suite ? Les militants hongkongais cherchant asile ou un statut de réfugié aux Etats-Unis rencontrent aujourd'hui beaucoup d'obstacles. Il y a un grand intérêt au Congrès et chez l'Administration Trump pour aider les habitants de Hong Kong à trouver refuge aux Etats-Unis. La Sous-commission aux frontières et à l'immigration du Comité judiciaire du Sénat américain va tenir une audition demain 16 décembre, avec pour témoins Nathan Law et quelques autres.

En résumé : L'arrestation de M. Laï révèle les pouvoirs et les intentions originels de la loi - inculper légalement le mouvement pro-democratie pour sédition, et l'écraser en conséquence.
Fin de la newsletter d'Axios sur ce sujet


le marteau du juge brise Hong Kong



Commentaires Royal-Artillerie


Nous sommes nombreux en Europe à avoir anticipé la queue de trajectoire d'une loi répressive communiste dont les dispositions floues permettent d'y faire entrer toute sorte de désobéissance civile, à commencer par la plus légitime, celle de l'ouvrir ! Tous les pays de l'Est ont connu ce type de lois qui habillait d'un manteau judiciaire les pires répressions. Quels que soient les rondeurs, les sourires, les toasts et les menues attentions, les communistes restent sur l'axe de la justification de tous moyens pour atteindre la fin recherchée, la plus évidente était toujours de perpétuer le Parti, sa nomenklatura, ses hiérarchies, les privilèges exorbitants qui s'y attachent. La fronde des Hongkongais - et il n'y a pas que la jeunesse du territoire à s'ébrouer - a commencé dès la restitution et le traité anglo-chinois, et ce, en dépit de toutes les assurances données alors par les officiels chinois. Mais tant de détails ne collaient pas au quotidien qu'un courant d'exode temporaire naquit rapidement, et ceux qui en avait l'envie et les moyens recherchèrent une nationalité et une résidence de secours. Le Piéton a vécu cela de l'intérieur. Avoir son mot à dire en tant que citoyen et donc réformer le Conseil législatif colonial fut le combat politique dominant. Après avoir observé l'évolution de l'opinion et mesuré les effets du principe "un pays, deux systèmes", une crainte de démocratisation sauvage a saisi les caciques de Zhongnanhaï, et plutôt que de négocier habilement en attendant la fin de la période de transition, Xi Jinping a fait, pour le vingtième anniversaire du retour à la Chine, sa grande parade militaire à Hong Kong dans le plus pur style sudaméricain, avant de décréter que la maison était cernée. Un peu d'intelligence ne nuit pas ; mais quand vous avez fait inscrire votre propre jus de crâne dans la constitution du pays, vous êtes moins tenté de penser finement. La transfusion démographique par importation de continentaux pour qui c'est une récompense dont ils sont redevables aux cadres du Parti local, a commencé dès la première année. Et d'abord dans les maternités ! Il suffisait de laisser grandir cette population redevable pour convoquer un jour un référendum de fusion des sytèmes qui annulerait le plus "démocratiquement" du monde le vieux traité colonial. Mais un communiste ne sait pas gérer l'imprévu ni la diversité, et moins encore le désordre. Aussi le Central, outre sa loi, a-t-il nommé comme proconsul continental à Hong Kong, Luo Huining, le chef du Parti du Shanxi dont la réputation de répression n'est plus à faire - celui-ci s'étant particulièrement fait remarquer dans la répression des chrétiens de la province après s'être fait la main sur les Tibétains. Quand on sait ce dont a besoin le Shanxi, on voit le niveau du Gauleiter !

La répression multiforme actuelle dépasse déjà le mouvement politique puisque sont mis en œuvre les moyens de contrôle des passeports BNO (British National Overseas) et des transferts bancaires à l'étranger émis par les Hongkongais de souche. Un sentiment de nasse commence à prévaloir chez tous ceux qui rêvent de partir et cela n'augure rien de bon pour la suite. Pour l'instant la population expatriée n'est pas visée mais chaque étranger travaillant à Hong Kong est informé des captures sauvages d'expatriés en Chine populaire à tout motif et représailles. Peu à peu on sent la mise sur le qui-vive de cette population très sensible à la sécurité des personnes et des fonds. La place financière de Hong Kong, jusqu'à hier troisième place mondiale quand même, n'a de richesse que d'hommes. L'Etat-cité de Singapour aimerait bien leur parler.

dimanche 13 décembre 2020

La maison de thé

affiche de cinéma
Il y a dix-sept ans aujourd'hui disparaissait à 89 ans Tian Xie qui réalisa, entre autres, La Maison de Thé (1982 茶馆), un film d'atmosphère respectant l'unité de lieu, adaptation à l'écran de la fameuse pièce de Lao She créée en 1957. Même s'il est bien sûr enrichissant de suivre le texte finement ciselé, il n'est presque pas besoin de comprendre le mandarin pour apprécier l'image pointilliste d'un des moments les plus vrais de la Chine ancienne au crépuscule de l'empire des Grands Tsings, tant le jeu des acteurs est "parlant" et précis, surtout au premier acte que nous proposons ci-dessous.
Synopsis d'AlloCiné : Pekin 1898, à la veille de l'écroulement de la dynastie Tsing. Wang Lifa est propriétaire d'une maison de thé et s'occupe d'une foule bigarrée. On y trouve Chang Siye, le redresseur de torts, Qin Zhongyi qui reve de sauver la Chine par l'industrialisation, Pang, l'eunuque en quête d'une concubine, Liu le cinglé. La politique, les conflits entre seigneurs de la guerre, la résistance aux Japonais vont souffler comme une tornade sur le cher établissement de Wang Lifa.
La pièce a été traduite en français et se trouve dans le commerce. Quant à la maison de thé, Lao She a donné son nom à un établissement très touristique ouvert en 1988, pas loin de la place Tian An Men, que recommandent les guides.



CHA GUAN

mercredi 9 décembre 2020

Louis de Bourbon entre dos aguas

Frédéric de Natal, pigiste cybernétique, commet sur son blogue une charge contre Louis-Alphonse de Bourbon à la manière de Philippe Delorme, sarcasmes à la fête ! Tant que le lire est gratuit, c'est son droit, approximations comprises, et c'est par ici !

Si vous venez de lire cet article, la porteuse du signal est le détournement des fonds et intérêts du prétendant légitimiste, de la cause française vers la bataille espagnole. Celle des Franco et celle, plus politique, du parti Vox. Si vous êtes pressés, tout est dit : ici la cause, d'un cimetière l'autre ; là-bas la bataille !

Louis de Bourbon


Pourquoi Louis-Alphonse de Bourbon s'est-il investi autant en Espagne depuis les lois et projets scélérats du tandem Sanchez-Iglesias ? Sans doute parce que sa famille maternelle a été mise en danger par la "revanche" annoncée des perdants de la guerre civile espagnole de 1936-39, classe martyrisée, qui sont parvenus aux affaires maintenant. Peut-être aussi que le silence assourdissant de la Casa Real au moment de la remise en cause des accords de la transition démocratique et du pacte de neutralité qu'elle induisait, l'a décidé à l'ouvrir. D'autres ont suivi, comme cette dame sur le parvis de la basilique des Los Caïdos lui criant le 16 juillet 2018 : « Eres nuestro rey !» (ndlr: ce ne sont pas "des nostalgiques du franquisme et autre monarchistes désabusés, carlistes de passage" mais une dame seule dont l'image m'est restée).

Elevé surtout par sa grand-mère Carmen Franco à Madrid - sa mère, un tourbillon - il lui fut enseigné les bons travers de la geste franquiste plus souvent que les souffrances des républicains de l'époque. Il en conçut une certaine admiration du Caudillo, non pas tant celui de la guerre que celui de la reconstruction de l'Espagne, ses ponts, ses routes, barrages et canaux, son agriculture, son industrie, le développement économique de la côte et l'émergence d'une classe moyenne affairée qui va avec. Ce sont des faits ; il s'en tient là. Au plus devrait-on lui reprocher un manque de curiosité. Mais s'il s'est rapproché du parti Vox, ce n'est pas pour une communion de sensibilité à l'endroit de l'œuvre franquiste. C'est que ce parti revendique les valeurs traditionnelles portées par le franquisme, certes, sans être un parti franquiste. Quel est-donc ce parti ?

Vox est tout simplement un parti traditionnel de droite comme en avaient tous les pays européens il y a quarante ans. Si on l'examine de plus près on devine qu'il n'est extrême en rien, même si ceux qui veulent noyer le chien disent qu'il a la rage ! Déjà c'est une dérivation du Parti Populaire intervenue quand le vieux parti conservateur a glissé au centre pour continuer à extraire des voix, et dans le projet de rapprochement avec les institutions européennes qui prisent les valeurs décadentes comme elixir de paix sociale.
Respect de la vie et protection de la cellule familiale, libéralisme économique assumé et flat tax, justice universelle déconnectée des codes communautaristes, modération des dépenses sociales et du clientélisme, unité du royaume réinventé par le "régent", renforcement du domaine régalien (le bien-nommé), immigration choisie, haine du marxisme-léninisme ; et sioniste par moment. Vox couvre un champ socio-politique plus large que les partis d'extrême-droite auxquels les éditocrates de gauche veulent l'assimiler.
Louis-Alphonse de Bourbon, n'y voit rien à jeter ! Et pour la première fois depuis qu'il a été poussé sur la scène historico-politique par les partisans de feu son père, il trouve en bas de chez lui un mouvement en activité, disposant d'élus au congrès et en régions, en capacité de peser sur des orientations qu'il approuve, que demander de plus ? S'y agrège le confort ambiant d'une classe d'âge dans laquelle il entre de plein pied, et dans sa langue maternelle !

Bien sûr, il peut déclarer à l'occasion qu'il reste prêt à répondre aux Français qui lui offriront la couronne, sachant bien que ce n'est pas demain la veille - ce que sa propre mère lui serine depuis la disparition du prince Alphonse. Le choix n'en est donc pas un : d'un côté, le nôtre, un club de chevalerie impécunieuse, dont les capitaines entreprirent jadis de le "dresser" au métier d'éternel prétendant ; de l'autre, la jeunesse et l'action ! Il a 46 ans, une famille adorable, un vrai métier, des titres, des sous, du sang royal...... à quel emploi ?




- Entre Dos Aguas (Paco de Lucia (1947-2014) -

jeudi 3 décembre 2020

Valéry Giscard d'Estaing †

Ce titre dans "ce" blogue nous signale qu'il est mort. Sa vie fut, malgré ce qu'on va dire aujourd'hui, une légende faite d'intelligence aiguë comme disait Antoine Pinay, d'une autorité indiscutable et de grande vanité tout à la fois. Les gazettes lui ont reproché mille choses parce que son comportement distant mélangé à ses postures populistes attiraient naturellement l'antipathie du quatrième pouvoir. Et ce, sans parler de la particule que son père avait conquise de haute lutte au Conseil d'Etat où lui-même siégeait !
A ceux qui lui dénient encore d'avoir relevé un nom disparu par le biais d'une lointaine parentelle, je propose de consulter les almanachs nobiliaires pour mesurer l'ampleur de cette pratique, sans parler des particules de fantaisie qui font la dernière page du Journal officiel de la République française, et m'ont fait rire chaque matin pendant douze ans. Cette vanité a permis de restaurer le château d'Estaing et d'embellir ce village rouergat, cela me suffit à lui accorder pour l'avenir les pleines armes qu'il dessina pour un de ses petit-fils :



La presse va faire le bilan de sa présidence. Pour ce qui me concerne, je n'apporterais qu'une réflexion personnelle sur cette époque : malgré les évènements de 1968 qui avaient révélé la précarité sociale des classes laborieuses, Pompidou, président, avait déclaré que la modernisation du pays laisserait de côté les inadaptés aux emplois du futur. Ce fut sans doute la grosse erreur de son mandat car elle instilla la crainte de l'insécurité chez toutes les familles ouvrières et cette inquiétude diffuse devint le meilleur terreau des revendications démagogiques de Gauche, qui allaient être verbalisées dans le Programme commun de gouvernement, archaïque certes mais facile à comprendre. Giscard d'Estaing parvenu aux affaires en 1974 s'attela aux réformes sociétales dans le but déclaré de vider le Programme commun de sa substance, sauf que la chose en fut confiée aux comptables de son ancien ministère. Ils lissèrent si bien les courbes que les avancées en devinrent imperceptibles, avancées que les chocs pétroliers anéantirent. Le ministre Barre qui succéda au pétéradant Chirac, devint le héraut des sacrifices demandés au Labeur en contrepartie de nouvelles libertés pour les gens de biens (ceux qui avaient du bien). Les éléments précurseurs de la bombe de 1981 étaient réunis. Elle péta, parce que Giscard d'Estaing n'avait pas fait la révolution sociale que les évènements de 1968 exigeaient mais que les gaullistes de gauche avaient déjà indentifiée. On n'imagine peu aujourd'hui le retard que ce pays avait pris sur tous ses voisins dans les années 60 pour toutes choses de la vie courante, y compris un contrôle des changes tatillon alors que le budget de l'Etat était en équilibre. Sauf que la confiance n'y était pas, à tel point que le fameux "emprunt Giscard" gagé sur l'or de la Banque de France aurait été impraticable autrement.

Valérie Giscard d'Estaing fut un président représentant parfaitement l'élite française de l'époque dans ses qualités et ses travers. Il ne voyait la grandeur de la France qu'à travers celle de la Communauté européenne qu'elle dirigerait. Il fut le père du traité constitutionnel rejeté en 2005, qui, s'il avait gagné le référendum, lui aurait ouvert le chemin de la présidence d'une Europe nouvelle, fédérée sur une trajectoire de puissance. Paix à son âme.

mercredi 2 décembre 2020

Coronaviral ! Mon cousin.

Vous avez dit "coronaviral" ? Quand M. Pozzo di Borgo tweeta hier que les Français revenant des stations de ski étrangères seraient mis au lazaret, j'ai répondu aussitôt que c'était un gag de la twittosphère comme on en voit tant. Jusqu'à ce que ce midi dans ma lucarne bleue, je vois M. Castex de Prades chez M. Bourdin du Vigan affirmer sans rire que la police de l'air, des frontières et la gendarmerie alpine allait chopper les évadés du confinement pour une mise en quarantaine de sept jours ! Après avoir bu un verre d'eau, je me suis dit que la sonnerie s'entendait de loin, c'est même à ça qu'on la reconnaît. Dans la même fenêtre de propagande, j'entendis le présentateur nous affirmer que M. Macron allait demander à nos voisins de fermer leurs stations de ski pour le solstice d'hiver au seul motif que les stations françaises ne seront pas praticables autrement qu'à raquettes, et qu'il est inadmissible au nom de la concurrence non faussée qu'ils promeuvent leurs pistes de ski. Sans limites, vous dis-je, même géographiques !

M. Jean Castex


Nous avons eu l'attestation obligatoire dérogatoire de confinement pour sortir le Youki dans le cas où la BAC en maraude ne verrait pas la laisse et le fauve attaché ; l'interdiction d'accès aux rayons non essentiels du supermarché pour ne pas désespérer le petit commerce parfaitement non essentiel ; la "jauge" des trente orants de cathédrale obligeant les curés à de multiples fournées ; voici qu'aujourd'hui on va patrouiller cols et chemins creux comme de vulgaires patriotes de la Génération Identitaire ! Skis aux pieds, à l'épaule, sans skis ? Le pandore des neiges n'a pas fini de demander des instructions à la base sur le talkie-walkie. Duel à mort entre Kafka et Ubu ! Cela me fait penser aux films en noir et blanc où la colonne de fuyards juifs est repérée dans le blizzard par la section de Gebirgsjägers autrichiens à cinq cent mètres de la Suisse. Tirera, tirera pas ? Ma question de contribuable : M. Castex va-t-il débloquer des crédits exceptionnels d'essence pour les hélicoptères ?

La tentation est grande dans ce billet d'asséner quelques vérités bien que d'autres plus talentueux s'en chargent déjà. M. Castex n'est pas issu de la génération spontanée, mais du lent mûrissement politique de la Classe aux affaires qui s'acharne à produire du second choix, un peu comme dans le secteur automobile. Et pourtant, tout le prédisposait sur le papier aux plus hautes fonctions : Gersois de souche depuis le temps des Wisigoths, maire en pays catalan bien qu'énarque (mais promotion "Victor-Hugo"), administrateur minutieux et éprouvé dégageant une certaine autorité, on s'étonne que Matignon l'ait si vite transformé en Fernandel de Brescello, ses apparitions les plus pénétrées déclenchant immanquablement les rires ! La faute sans doute aux coaches de communication du Château qui ont voulu faire du paysan madré, à la Chirac un peu, un bourgeois gentilhomme. Il n'en rate pas une, à moins que ce ne soit un rôle convenu avec la professeure de théâtre qui gouverne l'Elysée !
Il restera dans les Annales de l'an 2020, (Quand la France s'effondra), les stations de ski françaises ouvertes pour leur bon air, sans bars, sans restaurants ni remontées mécaniques pour des raisons que la raison ne connaît pas.
Mais l'année n'est pas terminée ! Attachez vos ceintures !

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