jeudi 28 septembre 2006

Qui gouverne en démocratie ?

Un forumeur du Renouveau Français (ça vient de sortir, je crois) passait cette semaine le message ci-dessous chez Vive Le Roy.

"Une pub' du Gouvernement a attiré mon attention tout à l'heure en écoutant les infos. C'est celle dans laquelle une charmante dame demande à ce que les citoyens fassent appliquer la loi sur le handicap, favorisant une plus grande accessibilité.
C'est un très louable projet, mais également un signe patent de l'incapacité du régime à faire appliquer une loi ! Les citoyens élisent des représentants, leur déléguant des pouvoirs, et ces mêmes représentants chargent les citoyens de faire un boulot qu'ils leur ont délégué...."


Il est donc temps de mettre sur la nappe le pâté d'alouette-au-cheval de la démocratie française qui comme on le comprend, fonctionne avec un zeste de démocratie représentative dans un océan de démocratie populaire. Les pères de la démocratie lumineuse du XVIIIè doutant que le peuple réunisse ses intérêts particuliers en intérêt général, se sont échinés à construire une démocratie à étages, privilégiant justice et raison. Las ! Le gouvernement doit en appeler à la rue pour faire appliquer les lois promulguées par lui-même. A chacun son tour, l'Opposition en appelle aussi à la rue pour contrer les mesures gouvernementales qu'elle ne peut combattre au parlement. Légalité, légitimité sont devenus chez nous des mots creux. Le peuple est souverain. Manifeste-t-il un comportement de lemmings ? Qu'importe ! il est souverain !

modèle de bouffonA quoi servent dès lors les parlements, chambre de débat ici, de réflexion là, et de choix politiques toujours ? A rien ou peu de choses, nous diraient les Suisses qui lui confient le goudronnage de routes, l'encaustiquage des planchers de la confédération ou le graissage des téléskis, mais jamais rien d'essentiel. Les députés s'occupent ce matin de la castration des molosses.
Dès que l'on fait dans le sérieux, l'Helvète choisit lui-même. C'est la démocratie directe !
Il vient de saisir le taureau par les c...... cornes pour tempérer le tsunami migratoire, en se payant à l'unanimité des cantons, deux lois populaires simples d'application. En énoncer les termes ne dévoile aucun génie politique sauf celui d'une mise en application aisée, ce qui manque le plus à nos cabinets énarchiques.

Du pays, qui en mille ans d'histoire a inventé le chocolat et le coucou, on pouvait attendre une thèse sur la fraternité universelle régulée par les places libres à la cantine nationale. C'est exactement ça :
Grosso modo la loi sur les étrangers fait la différence entre européens et non européens et durcit les possibilités de regroupement familial pour ces derniers ; elle scrute les mariages mixtes, limite l'entrée des «cerveaux» extra-européens, et simplifie les contraintes à l'expulsion des récalcitrants par leur détention.

La seconde loi traite des requérants d'asile. L'administration devient inaccessible aux personnes démunies de pièces d'identité (élémentaire, mon cher Watson), et elle est autorisée à prendre langue avec le pays d'origine des immigrants. L'aide sociale est coupée aux personnes dont l'entrée sur le territoire a été refusée par les autorités. C'est du brutal.
Le peuple le plus confiné d'Europe a oublié un peu vite que son confort est aussi le fruit du travail de petites mains dociles venues d'ailleurs, sans parler des mandats Western Union que les gardes pontificaux adressent à leurs familles chaque mois !

La loi suisse d'asile n'est pas "eurocompatible" déclare Bruxelles, mais comme la Confédération ne fait pas partie de l'Union, elle a le droit de n'en faire qu'à sa tête ! La leçon populaire helvétique est-elle transposable en France ? A priori non. C'est un pays riche, enclavé et bien défendu, capable d'assouplir ses moeurs pour profiter du grand marché européen, jusqu'à la limite non franchie de son "helvécité". La Suisse nous montre comment pourrait réagir chaque pays européen au sein d'une confédération des nations. Finalement nous ne profiterons pas de l'exemple, l'Etat jacobin européen est lancé sur ses rails et a acquis sa vitesse propre. Il remet une constitution sur le métier (il a droit à 99 fois !), et vient d'agréger la Roumanie et la Bulgarie à l'escadre, ce qui ajoute un peu au camp des mendiants et diminue celui des clandestins.

Mais le sujet était la démocratie populaire.
Le virus est profondément incrusté dans les cellules politiques, quelque soit le bord. A gauche Ségolène Royal crée un programme présidentiel par osmose des avis de blogueurs sur son site dédié à la campagne. Les élus verts revendiquent la légitimité des saccages anti-OGM par la désobéissance civique. A droite, le ministre-candidat Iznogoud réfute les critiques sur la séparation constitutionnelle des pouvoirs par l'assentiment tacite à son égard qu'il a décelé chez les Français. Et c'est donc très normalement que l'Etat en appelle au peuple pour faire plier les élus sur les rampes publiques où pourront rouler les décapotables des handicapés. C'est une définition du contre-emploi en politique.

Non content de partager la Nation entre adversaires plus ou moins irréconciliables même dans les décisions de bon sens, la démocratie représentative d'étage national avoue que sa légitimité est entamée par l'exercice de la démocratie spontanée, et que finalement tout cela doit se régler en conciliabules d'arrières-salles comme on l'a vu pour le défunt Contrat Pour l'Emploi. Plus récemment les exagérations parlementaires (137000 amendements sur GDF-Suez) ont été réglés non par une quelconque procédure de sauvegarde du sérieux de l'institution, mais par tractations personnelles entre le président de l'Assemblée nationale et le chef du groupe socialiste qui finit par mesurer le discrédit politique qu'il avait déclenché dans l'opinion.
Finalement a-t-on besoin de deux démocraties concurrentes ? La représentative et la populaire ? Le Suisses ont répondu à leur manière en hiérarchisant par l'usage les domaines de compétence. A nous d'en faire autant mais pas forcément de même, en privilégiant la démocratie locale qui est complètement confisquée au-delà des municipalités, et en divisant l'étage national entre un exécutif de pouvoirs régaliens limités et complets comme en dispose la coutume de la Vè République, et un parlement dédié aux conseils, voeux, remontrances et approbation périodique de la charge fiscale. On y verrait plus clair.

Il faut une règle du jeu d'acception générale entre les acteurs politiques et la Nation. Sinon l'Etat sonne creux.

jeudi 21 septembre 2006

Cours de coup

Dans l'ordre d'entrée en scène ...
Thaksin Shinawatra, premier ministre issu du parti berlusconien "Les Thaïs aiment les Thaïs"
Sonthi Boonyaratglin, général musulman commandant l'armée de terre, nommé par le palais.
Bhumibol Adulyadej, roi septuagénaire de Siam, à poste depuis 60 ans.

L'environnement ......

Le chef du gouvernement, un milliardaire convaincu d'affairisme et de népotisme, a décuplé le mécontentement général en vendant pour 1,9 milliard de dollars son empire dans la téléphonie mobile à Singapour sans payer de taxes en Thaïlande. Après des élections anticipées, en avril, si frauduleuses qu'elles durent être invalidées, l'oligarchie se cramponnait. Les manifestations réclamant son départ se succédaient quotidiennement.
En réponse aux désordres fomentés dans le sud du pays par l'irrédentisme islamique, le roi Bhumibol, contre l'avis du premier ministre, avait nommé un général musulman à la terre de l'armée de terre, pour se donner les meilleures chances de réduire la rébellion.
Malgré une croissance de 5% le spectacle de l'oligarchie arrogante développait les frustrations de tous ordres et la société thaïlandaise était devenue instable. La fenêtre d'opportunité était brève : le premier ministre Thaksin Shinawatra partit parader à l'Assemblée générale de l'ONU. Qui va à la chasse ...

Le Déroulé ......
(courtoisie du quotidien The Nation de Bangkok )

Mardi 19
08:00 Thaksin Shinawatra depuis New York convoque une téléconférence avec tous les chefs militaires à Government House Aucun ne se déplace !
Le général Sonthi Boonyaratkarin, chef de l'armée de terre, déclare que la convocation est précipitée. La rumeur court la capitale qu'un coup d'état se prépare.
12:00 Après avoir terminé la téléconférence sur webcams avec Thaksin, plusieurs membres du gouvernement interrogent les journalistes sur la réalité de la rumeur qui les a atteint eux aussi.
18:30 Les Forces spéciales de l'armée de terre font mouvement depuis Lopburi et entrent dans Bangkok. Le général Prem Tinnasulalonda, président du Conseil Privé, sollicite une audience auprès de SM le roi, au motif officiel d'une cérémonie de récompense pour un certain Bau Kittiyakala.
18:55 La Thai News Agency rapporte que Thaksin reviendra à Bangkok ce jeudi au lieu de vendredi.
20:00 191 policiers reçoivent des fusils d'assaut M16 en préparation d'une mission anti-émeute.
21:00 Les Forces spéciales précitées arrivent au quartier général de l'armée de terre à Bangkok. Des internautes postent des messages sur pantip.com demandant s'il y a un coup d'état (ils en ont eu 17 en 70 ans).
21:10 Le camion de la chaîne TV Channel 5 qui appartient à l'armée, arrive au quartier général de Bangkok.
21:30 TV Channel 5 annule ses programmes et diffuse des chants patriotiques monarchistes. Les journalistes encore à Government House disent que la situation est normale mais des bruits courent que le vice premier ministre Chidchai Vanasatit et le ministre-général de la défense Thammarak Isarangkun ont été placés en garde à vue. Au même moment on apprend que Panthongthae, le fils de Thaksin, a quitté la Thaïlande pour la Grande Bretagne.
21:40 Un commando de la police arrive à Baan Chansongra, la résidence de Thaksin.
22:00 Les chars de l'armée prennent position à Bangkok sur le pont Makkawan Rangsan Bridge et sur l'avenue Rajdamnern Ave.
22:10 CNN rapporte la situation à Bangkok.
22:20 Thaksin déclare l'état d'urgence au téléphone depuis New York. Il délivre aussi deux ordres, l'un transférant Sondhi de son poste de chef de l'armée de terre au cabinet du premier ministre, l'autre nommant le général Rungroj Mahasaranond chargé de crise d'ordre et pour compte.
23:00 Le Conseil de la réforme gouvernementale (Administrative Reform Council = ARC) livre une première déclaration sur le réseau télévisé, annonçant que les forces armées et la police nationale ont pacifiquement pris le contrôle de Bangkok et des zones adjacentes. Des soldats investissent l'immeuble Shinawatra Building de la télévision iTV ainsi que la résidence de Thaksin.
23:15 Des soldats établissent une barricade d'acier sur Sri Ayudha road et sur Rajdamnoen road.
23:50 L'ARC délivre une deuxième déclaration (il y en aura 13) expliquant les raisons du coup d'état, en citant la désunion nationale et la corruption omniprésente. L'ARC déclare avoir prévu de rendre le pouvoir au peuple rapidement.

Mercredi 20
00:39 L'ARC délivre une troisième déclaration annulant la constitution, le cabinet des Sceaux et la cour constitutionnelle.
01:24 L'ARC délivre sa quatrième déclaration disant qu'en l'absence de premier ministre, le pouvoir passe au chef de l'ARC. La déclaration prévoit que là où il n'y a plus de ministre ce sont les secrétaires permanents qui prennent en charge leurs ministères respectifs.
08:00 Le porte-parole de l'ARC annonce que le général Sonthi fera une déclaration à la télévision à 9 heures. Il annonce aussi que les stations de télévision peuvent reprendre leurs programmes normaux mais la plupart continuent à relayer les signaux de Channel 5, sauf iTV qui diffuse son programme de nouvelles du matin.
08:50 Les fonctionnaires permanents et les recteurs des universités convergent vers le quartier général de l'armée pour faire leur rapport à l'ARC. Khunying Jaruvan Mainthaka, le président de la Cour des Comptes (auditor-general) adresse un pouce levé aux journalistes en entrant.
09:16 Sonthi apparaît à la télévision à côté du chef de la police nationale et des commandants des autres forces armées pour une conférence de presse de 4 minutes. La première partie de sa déclaration est similaire à la première déclaration de l'ARC. Il dit que l'ARC a dû se saisir du pouvoir pour résoudre les problèmes causés au pays par le gouvernement de Thaksin. . Après que Sonthi ait terminé de lire sa déclaration, un porte-parole annonce que le pool TV est démonté et que chaque station de télévision reprend ses programmes normaux.
09:50 Une source à New York dit à la radio que Thaksin hésite à partir pour l'Angleterre.
10:00 Sondhi Limthongkul, un responsable du parti PAD (People's Alliance for Democracy) adversaire de Thaksin, annonce que la manifestation prévue dans la soirée est annulé, et remercie le chef de l'armée de terre d'avoir monté ce coup d'état.
10:15 Chamlong Srimuang, un autre responsable du PAD, passe devant le quartier général de l'armée en taxi. Les gens l'applaudissent et le taxi continue sa route.
10:40 Un porte-parole de l'ARC annonce sur le pool TV qui se maintient, la cinquième déclaration invitant les étudiants à prendre part aux réformes politiques. Le porte-parole indique que le général Sonthi attend de recevoir leur part à l'ARC leurs suggestions.
10:42 Un porte-parole de l'ARC lit la sixième déclaration de l'ARC annonçant que l'ARC se soucie des problèmes des agriculteurs et étudie les moyens de les aider, ce qui rend inutile toute manifestation de leur part pour le moment.
10:45 Un porte-parole de l'ARC lit la septième déclaration de l'ARC proclamant que les rassemblements politiques de plus de cinq personnes sont interdits. Le porte-parole lit également la huitième déclaration de l'ARC qui menace de mesures drastiques à l'encontre de tout commerçant qui amasserait denrées et marchandises.
Un porte-parole lit ensuite la neuvième déclaration de l'ARC annonçant que l'ARC adhèrera aux traités des Nations-Unies et à ceux des autres organisations internationales, aussi bien qu'elle développera et entretiendra de bonnes relations avec les autres pays.
10:46 Un porte-parole de l'ARC lit la dixième déclaration de l'ARC annonçant qu'elle recherche la collaboration des mass media pour présenter au public des nouvelles et des informations exactes.
10:52 Un porte-parole de l'ARC lit un ordre du général Sonthi adressé au ministère de l'information et des technologies de la communication, de vérifier et censurer toute diffusion d'informations pouvant affecter le travail de l'ARC.
10:58 L'ARC délivre sa onzième déclaration pour nommer les membres du conseil comme suit :

1. Le commandant suprême, le général Ruangroj Mahasaranon, devient Premier conseiller de l'ARC.
2. Le commandant en chef de l'Armée de terre, le général Sonthi Boonyaratglin, devient président de l'ARC.
3. Le commandant en chef de la Marine, l'amiral Sathiraphan Keyanon, devient vice-président de l'ARC.
4. Le commandant en chef des Forces aériennes, le maréchal de l'air Chalit Pookpasuk, devient second vice-président de l'ARC.
5. Le préfet général de police, le lieutenant-général Kowit Wattana, devient troisième vice-président de l'ARC.
6. Le secrétaire général du Conseil national de sécurité, le général Winai Phatthiyakul, devient secrétaire général de l'ARC.

13:00 Chalard Worachat, figure emblématique des droits constitutionnels, et plusieurs autres personnes, sont arrêtées pour rassemblement de plus de cinq personnes.
13:15 L'ancien premier ministre du parti Thai Rak Thai, le parti de Thaksin, Surapol Kiartchaiyakorn, est aperçu en fuite à bord d'un véhicule militaire vers l'aéroport Chiang Mai Airport par des soldats.
13:30 L'adjoint au préfet général de police, Priewphan Damapong, beau-frère de Thaksin Shinawatra, va de lui-même au rapport devant le chef de la police nationale, en conformité avec l'ordre reçu de l'ARC.
14:00 Le leader de l'ARC, le général Sonthi a dit à des diplomates étrangers une heure auparavant qu'un gouvernement civil serait nommé pour gérer le pays dans les deux semaines.
14:30 Thawee Kraikupti, ancien premier ministre du parti Thai Rak Thai, proteste contre le coup d'état au Monument de la Démocratie. Il est emmené par des soldats.
15:00 Une source militaire annonce que 15 camions de soldats en armes arrivent à Bangkok en provenance du camp de Pawai.
Sonthi répond aux questions des journalistes lors d'une conférence de presse et leur dit qu'une constitution provisoire sera rédigée sous deux semaines. Après quoi un cabinet sera formé qui passera une année à rédiger une nouvelle constitution de Thaïlande.
Sonthi dit aussi que la nouvelle Commission électorale a été dissoute en même temps que la constitution a été abolie.
16:55 L'ARC publie une déclaration demandant aux agences de la fonction publique, aux entreprises d'état, aux écoles, aux banques et à la bourse de Bangkok d'ouvrir leurs portes normalement jeudi 21.
18:00 Environ 100 soldats du 26è Bataillon de cavalerie de Phechabun arrivent à Pathum Thani avec dix tanks et dix camions. Il se déplacent sur la route Rangsit-Nakhon Nayok et atteignent le check point de Pathum Thani tenu par 7 chars. Après une courte discussion, le convoi de 10 tanks et 10 camions continue sur Bangkok.
19:00 Un porte-parole annonce que Sonthi a été nommé président de l'ARC sur invitation de sa majesté le roi.
19:04 L'ARC publie son ordre n°7 pour se diviser elle-même en quatre divisions pour répartir les responsabilités. Les quatre divisions sont l'ARC proprement dite, le secrétariat, la division du conseil, la division des affaires spéciales.
19:10 L'ARC publie l'ordre de maintien du conseiller d'état Khunying Jaruvan Maintaka à son poste. L'ordre supprime le conseil d'état mais maintient Jaruvan ainsi que les disposition du décret SAC.
19:29 Un porte-parole de l'ARC déclare que l'ARC n'a imposé aucun couvre-feu et que chacun peut vivre sa vie habituelle.
21:45 L'ARC publie l'ordre de venir au rapport au quartier général de l'armée pour l'ancien ministre de l'environnement Yongyuth Tiyapairat et pour le chef de cabinet de l'ancien premier ministre, Newin Chidchop, jeudi midi !
22:00 L'ARC délivre sa treizième déclaration pour maintenir en vigueur la nouvelle commission électorale, afin qu'il soit procédé normalement aux élections locales et à celle des conseils.

Jeudi 21
09:11 L'Agence France-Presse rapporte depuis Singapour que le bath thaï a ouvert en hausse sur les marchés asiatiques, recouvrant la plupart du terrain perdu mercredi. Le bath est à 37.5150 contre dollar en hausse sur les 37.68 de mercredi.
10:35 Des soldats arrivent à la maison de l'ancien ministre de l'environnement Yongyuth Tiyapairaj dans Chiang Rai's Mae Chan district pour le repérer, mais la maison est fermée et il est introuvable.
11:00 Le PAD, parti du People's Alliance for Democracy, annonce qu'il cesse d'exister dès lors que son but de renverser le gouvernement Thaksin a été atteint.
11:45 Le chef de cabinet de l'ancien premier ministre, Newin Chichob, se présente au rapport de lui-même à l'ARC. Il arrive au quartier général en voiture et baisse la vitre pour saluer les journalistes, mais il est hué par les gens présents, qui crient "Dictator" et "Corruptor".
13:00 L'ancien ministre de l'environnement,Yongyuth Tiyapairat, se présente de lui-même à l'ARC.
13:40 La voiture de Newin sort en trombe du quartier général de l'armée sans qu'on sache s'il est dedans ou pas.
14:00 Newin confirme au portable à un journaliste de The Nation qu'il est détenu par l'ARC.
14:25 Le vice premier ministre déposé, Somkid Jatusripitak, rentre d'un voyage en France. Il confie aux journalistes qu'il n’a rien décidé encore pour son avenir politique.

Cette nuit les forums de discussion sur Internet sont actifs en Thaïlande. Discutez avec eux

La finition ......

Le ménage politique est en cours, il vise essentiellement les caciques du parti berlusconien TKT (Les Thaïs aiment les Thaïs) qui sont pratiquement tous en fuite, mais pas seulement. Des concussionnaires notoires de l'administration sont mis au placard en attendant d'être évalués.

Petite analyse ......
L'importance du mécontentement populaire a créé les conditions préalables de la nécessaire neutralité du peuple.
Sachant le roi extrêmement soucieux des peines endurées par les Thaïs sous le gouvernement de l'oligarchie libérale, s'il n'est pas indiqué qu'il ait été mis dans la confidence, il est évident qu'il a été informé dès le départ du coup d'état et sans doute des limites à atteindre. Le roi est prévenu à 18:30 aussitôt que les Forces Spéciales sortent de leur caserne. Quand le coup est achevé le lendemain à 19 heures, le roi adoube son général musulman chef de la junte provisoire. Les troupes arborent les rubans jaunes de la monarchie du Siam depuis la première heure. Vu l'engouement des Thaïs pour leur roi, l'affaire est terminée.

Les rapports faits par des touristes et des expatriés convergent sur la paix civile apparente, et sur une satisfaction populaire évidente. Parallèlement l'administration et les gouvernements locaux après un hoquet, se sont remis au travail, avec peut-être moins d'empressement à réclamer des gratifications de leurs administrés. Vive la décentralisation.

Par le roi l'Etat demeure, la Nation continue.


le char et les rires

mardi 19 septembre 2006

Le pape a ses raisons que la raison ...

TincqHenri Tincq, horrifié que le pape ait renversé la tasse tiède de la tisane oecuménique de son prédécesseur, nous inflige cent lignes de bien-pensance pour corriger le saint-père dans Le Monde de ce soir. Pas moins ! Il rage d'être ringardisé par un pape aux idées claires qui déteste rien plus que le syncrétisme compassé et convenu de toute la presse catholique de masse. Benoît XVI a des idées sur le dogme, sur la pourriture doctrinale de l'Eglise, sur le silence de Dieu ! Alors qu'il faudrait qu'il parle sexe et sida, mariage des curés, ordination des femmes, pour qu'on puisse vendre de l'audience ! Ce pape est "contre-productif" ; il nous ruine !

Un paragraphe dans cette longue tartine que vous pouvez avaler en cliquant ici : admirez le choix des mots et leur densité dans le texte :

"Plus que d'inexpérience, c'est de méfiance qu'il faut parler à propos de ce pape. Son secrétaire d'Etat, numéro deux de la Curie, chargé de la diplomatie vaticane, a été volontairement recruté, contrairement à tous les usages de la maison, en dehors du sérail des diplomates de métier. Benoît XVI a préféré se rassurer en choisissant un autre proche théologien, le cardinal Tarcisio Bertone, qui fut son complice à la congrégation de la doctrine de la foi."
L’article est illustré de la pire photo du pape que l’on ait dénichée aux archives.

Manque de chance pour le cuistre titulaire de la chaire catholique au Monde, il est des voix dans la Oumma qui s'élèvent aussi pour saluer la lucidité de notre saint-père. Incroyable mais vrai ! Il faut les dénoncer dare dare à l'islam satellitaire de contrôle théologique que nous signale le journaliste parisien, afin que les nervis de l’orthodoxie sévissent à leur endroit !

MeddebL'écrivain tunisien Abdelwahab Meddeb se fend d'un article courageux dans le Nouvel OBS qui mérite un coup de chapeau pour prendre ainsi son lectorat à rebrousse-poil.

Extrait : "Dans son discours de Ratisbonne, le pape a touché du doigt les germes de ce que j'appelle dans mes ouvrages "la maladie de l'islam", qui est aussi la base de l'islamisme. La question de la violence dans l'islam est une réalité. Quand le pape a évoqué le rapport très étroit de cette religion avec la violence, il a dit la vérité, même s'il ne faut pas séparer l'islam de la raison. J'aurais souhaité qu'un imam ouvert et éclairé se saisisse de son discours pour ouvrir le débat, en reconnaissant que Benoît XVI avait en partie raison. Car il n'y a pas une seule et unique doctrine islamique, mais des textes qui méritent un débat et une analyse. Le monde musulman aurait besoin de se confronter à une effervescence intellectuelle. Au lieu de cela, il n'a réagi que par l'indignation." (18.09.2006)
Le reste de ce remarquable article en cliquant ici.

Ainsi donc la pape, dans l'obscurité de l'université de Ratisbonne, aurait ressenti quelque chose d'essentiel dans le bouillon des fermentations islamiques, quelque chose de "non-raisonnable". Qui de bonne foi aurait vraiment besoin du bagage papal pour comprendre que l'islam est une communauté ouverte à tous les excès, et où la raison dispose d'un tout petit strapontin sans voix au chapitre. Les manifestations hystériques de la Rue arabe mais pas seulement elle, montrent bien que la raison n'a aucune place dans le débat.
Le silence obsédant des autorités religieuses sur le Onze Septembre, comme les manipulations tardives de l'opinion à propos des mauvaises caricatures danoises, donnent plutôt le sentiment que les instances de contrôle suivent le courant du moment, par application de la politique du chien crevé au fil de l'eau. On accompagne ainsi la pire des guerres civile en Irak - les détails vous hérissent les cheveux sur la tête - dans l'attente du vainqueur auquel il faudra bien se rallier si l'on veut persiter à pontifier sur le coran.

Et pourtant l'islam c'est autre chose !
Une grande civilisation engloutie que l'on transforme peu à peu en cancer redoutable, au point de devenir l'ennemi numéro un de la planète ! Le Moyen Orient est observé par le reste du monde, et l'islam déjà ressenti comme un grave danger en Extrême-Orient. Son prosélytisme est mis partout sous surveillance. A l'instar du dicton sur la monnaie, on devrait dire que le mauvais islam a chassé le bon.

Le prétendu fondamentalisme médiéval du wahhabisme est un recul sévère de la condition humaine, qui se nourrit de la misère des peuples abandonnés de leurs dirigeants politiques, à défaut de la fragilité mentale de laissés-pour-compte.

Il faut cependant ne pas tomber dans le manichéisme bushien, et affiner notre approche, sinon déjà les termes de notre confrontation à cette lame de fond qui pourrait se lever dans le Croissant Vert. Il faut étudier l'islam dans toutes ses chapelles pour favoriser l'islam de paix. Il existe. Le soufisme en fait partie.

Ne tombons pas dans le piège de la dénonciation globale qu'on nous tend. Encore moins dans celui de la flagellation, n'en déplaise à Petit Tincq qui déjà se couche sous le chat à neuf queues dont il sent la morsure avant même de le recevoir.
Pauvre de nous avec de pareil experts !

samedi 16 septembre 2006

Une diplomatie en bloc

Ministère des Affaires Etrangères

Les clés de partage du monde fini changent à chaque décennie. Le prestige ne suffit pas à conserver des positions avantageuses, surtout quand il est entamé par la médiocrité des dirigeants de passage. Les nations s'observent et se classent entre elles sur des critères neutres comme leur masse de production, l'étendue de leurs territoires, leurs richesses intrinsèques ou leurs rentes de situation, leurs forces armées, leur capacité à rallier autour d'elles d'autres nations, leur savoir, leur histoire.

La place qui est prise par l'un l'est aux dépens de l'autre ; on le voit prosaïquement dans la course à l'énergie que nous font subir les empires émergents. Dans ce grand partage la place de la France décroît proportionnellement à sa démographie relative, sa production, sa force. Le constat déjà ancien amena les responsables politiques à créer le concept de la main française dans le gant européen pour rattraper aussi longtemps que possible les effets de notre déclassement mondial. La manoeuvre a réagi aux commandes autant que nos partenaires l'acceptaient. Elle a finit par gripper avec l'imbécile élargissement de la Communauté européenne qui a dilué les nerfs et le sang de l'Union en important des obsessions extérieures aux intérêts légitimes de la péninsule occidentale. Finalement on risque bien d'aboutir à une sorte d'AELE bureaucratisée. Que d'efforts pour arriver si peu loin !

Sans verser dans le ralliement que M. Régis Debray suggère dans son excellent ouvrage "L'édit de Caracalla", dans lequel il demande la citoyenneté étasunienne pour tous les Occidentaux, nous constatons que nous ne ferons plus rien de notable seuls aujourd'hui ; hormis de l'agitation médiatique qui ne trompe que les militants les plus convaincus des partis au pouvoir, et les rationnaires de notre diplomatie. Les trois domaines de prédilection que nous avons choisis dans le volet précédent sont donc le droit international, l'environnement et la francophonie. Essayons de les articuler et de les promouvoir sur le vaste monde. Nous observons que s'ils sont universels par vocation, ils ne sont pas hégémoniques par essence. On peut donc introduire ce triptyque dans un concept d'alliance sans déclencher les hostilités.

Contrairement aux assertions un peu rapides de Monsieur Coûteaux, la politique de bloc est puissante en elle-même. Corrélativement elle démultiplie la puissance relative de chacun de ses participants qui doivent y exercer leurs talents et y impliquer leurs ressources. Certes elle abaisse un peu les orgueils nationaux, mais est-ce si grave ?
Par contre la politique de bloc vise à garantir la survie des nations qui le composent dans un monde hyper-compétitif qui va devenir peut-être une foire mondiale d'empoigne. Ne dit-on pas que si la Chine et l'Inde décrétaient devoir atteindre le niveau de vie occidental il faudrait une seconde planète Terre pour les satisfaire ? Quelqu’un a-t-il entendu ces deux empires nous rassurer en affirmant qu'il n'en était pas question pour eux ?
Alors faisons bloc !

Quel bloc ? Nous n'avons qu'une alternative : soit le bloc atlantique tel qu'il est dessiné par l'Alliance atlantique, soit le bloc européen en travaux. Tout autre choix est contreproductif en termes de puissance. Quels sont-ils quand même ?
Un bloc latino-maghrébin ou méditerranéen, l'Union latine ? Elle n'accèdera pas à l'étage de puissance nécessaire.
Un bloc franco-africain ? Outre le fait que nous n'avons plus les moyens financiers de ce leadership, nous risquons d'être engloutis par le continent noir.
Un bloc franco-russe, avec quelques autres peut-être ? C'est un rêve russe que de fédérer une grande partie du sous-continent occidental en lui offrant ses ressources énergétiques et l'espace. La clé du problème serait l'Allemagne , serait-elle disposée à renverser un jour ses alliances en amenant la France avec elle ? J'en doute fort depuis sa réunification.

Revenons aux deux premiers.
Nous faisons partie du bloc atlantique mais de manière déshonnête, en profitant de la protection offerte car nous sommes au coeur géographique du dispositif, mais en instrumentalisant notre différence dans divers chantages à l'exception. Ce n'est pas exactement un comportement d'allié. Il eut mieux valu en 1966 rompre carrément et sortir de l'organisation diplomatique; mais on savait déjà qu'à échéance nous allions disparaître des écrans internationaux sauf à nous jeter dans les bras de l'URSS. Notre position actuelle - un pied dedans un pied dehors - est ridicule et nous dessert, car à chaque fois que l'Alliance est convoquée à la résolution de questions sécuritaires, il y a toujours un ordre du jour alternatif à celui que les Français pourraient souhaiter. cf. le Liban, on a coupé radio-Paris pour se brancher su radio-Rome.
A noter que dans ce bloc atlantique, les trois domaines que nous avions choisis (sans demander la permission à personne) sont viables, développables et in fine rémunérateurs.

Voyons maintenant le bloc européen.
Le soft power a ses limites d'autant qu'il ne s'exerce apparemment que par élargissement de l'Union. On phagocyte nos problèmes après entropie des moeurs de l'intrant. Si elle veut être entendue au-delà des questions agricoles, l'Europe doit pousser ses dents, et se faire craindre. On arrive vite au dilemme de la défense européenne qui n'est perçue par aucun pays de la même façon. Sauf la France et la Belgique paraît-il. Le coin le plus profond dans le projet est celui des pays de l'Est. Ils n'ont aucune confiance pour leur sécurité dans les grands pays européens, et se sont groupés sous le parapluie américain aussitôt qu'il leur fut possible sans déclencher de réactions fatales d'une Russie subitement assiégée. Ce sont de vrais alliés des Américains. Ils ne croient pas que les quatre pays occidentaux de la Vieille Europe mettent jamais les moyens d'une défense inexpugnable sur la table. Le destin tragique du Liban vient de le leur rappeler. Nous avons tous pleuré l'arme au pied !
On peut dire, je crois, que pour les deux générations montantes, une défense européenne de niveau mondial, et en conséquence, un bloc européen puissant, n'aboutiront pas. Sauf pour la France à vouloir persévérer dans le rôle du Guignol des traboules, il faut donc retourner au bloc atlantique.

L'administration Bush n'est pas éternelle à la différence du gouvernement Chirac qui risque bien de se continuer avec M. Sarkozy. Le bilan des huit années du clan Bush-Cheney sera forcément débiteur. Aurions-nous été moins véhéments dans notre opposition à la guerre jusqu'à froisser profondément l'Amérique, que nous pourrions déjà en retirer quelques avantages moraux. Le gain moral dans un domaine - ici celui du droit international et de la perception des fermentations arabes - est toujours un bon levier applicable au domaine voisin - par exemple l'environnement et le réchauffement climatique. Ayant eu raison dans le premier cas, nous serions écoutés plus attentivement sur le second. Il suffit de rester ... docte et ne pas s'envoler dans un remerciement d'académicien quand on parle devant l'Assemblée des Nations Unies contre notre allié de référence. Le comble de l'avanie gratuite.

Nous devons revenir au bloc atlantique sans arrière-pensées, non pour y faire valoir nos différences ou notre exception française - quelle foutaise - mais pour contribuer à la promotion des trois domaines de prédilection, sous notre marque ! C'est faisable. Deux de ses domaines sont d'ardentes obligations universelles, le troisième, la francophonie, sera la récompense de notre industrie diplomatique. C'est à notre portée budgétaire. Nos partenaires accepteront que nous jouions dans ces compartiments. Dans quinze ans nous aurons recouvré le lustre diplomatique que nous n'aurions jamais dû laisser ternir dans des compromissions peu dignes de notre histoire et de notre rang.
Appelons l'imagination au Quai d'Orsay. Ca urge !


NATO works, something else might not

vendredi 15 septembre 2006

Le roi de Carthage

armes de la nouvelle Carthage
Le mouvement monarchiste tunisien renaît de ses cendres. D'aucuns s'interrogent déjà de savoir s'il ne serait pas venu le temps de remettre les clés à la prestigieuse dynastie des Bey, quand le président-empereur Ben Ali aura rendu son paquetage au Créateur.
L'article du Réveil Tunisien que vous pouvez lire en cliquant sur les armes du royaume ci-dessus décrit complètement la démarche royaliste. C'est un modèle d'argumentaire par sa précision et le ton mesuré choisi par les rédacteurs. Mais le plus surprenant n'est-il pas le projet de charte rédigé complètement en 45 articles, annexé au site¹ ? L'offre politique de rechange au régime actuel, qui a eu ses mérites aussi, est parfaitement aboutie, claire et honnête. Le nouveau régime sera démocratique et laïque. Nous avons choisi quelques larges extraits plus significatifs. Qu'ils nous pardonnent le caviardage. Il faut se référer à l'article très fouillé du Réveil Tunisien pour saisir l'ensemble de ce projet¹. Ce billet n'est là que pour allécher le distingué lectorat. Voici l'entame :

"Un demi siècle après la fin du Protectorat français, et alors que des pays africains moins développés économiquement et socialement que la Tunisie tels le Sénégal, le Bénin, le Mali, le Cap Vert et même le plus pauvre pays au monde, Haïti, ont accédé à la démocratie et leur peuple à la liberté, le régime tunisien maintient le peuple tunisien depuis 1956 dans un état de tutelle politique, morale et psychologique qui fait de lui un peuple déprimé et malheureux. La France, l’Algérie et les Etats-Unis sont les premiers appuis inconditionnels du régime. La France soutient le régime destourien depuis qu’elle lui a remis les reines de la Tunisie en 1956 sans aucune consultation populaire.

L’alternative : une nouvelle monarchie, populaire, constitutionnelle, démocratique et laïque
Le système monarchique ne représente pas un obstacle particulier à la démocratie. Le fameux régime républicain de Bourguiba n’est pas plus démocratique que ne l’était le régime des Beys. Une monarchie peut être aussi bien démocratique, moderniste et respectueuse des droits de ses citoyens qu’une république. La république n’est pas impérieusement synonyme de démocratie, la monarchie n’est pas nécessairement synonyme de tyrannie. Toutefois, le régime monarchique constitutionnel et démocratique est plus adapté à notre mentalité arabo musulmane. Il peut sérieusement constituer une réelle alternative à la panne démocratique que vit la Tunisie depuis 50 ans et présente des avantages politiques qui manquent cruellement à une république.

1) Grâce aux alliances royales, la monarchie est un facteur d’unité nationale et de paix internationale

2) Le monarque est le symbole de nation et son emblème dans le monde. Ne disposant d’aucun pouvoir politique, en monarchie constitutionnelle et démocratique le Bey ou le Roi est le père de la nation. Il est situé au-dessus de la politique politicienne. Il est l’incarnation de l'Etat bienveillant, le symbole du pays à travers les méandres du politique, du changement de gouvernements et de députés. Il transcende les clivages politiques, surmonte les soubresauts des mouvements sociaux. Il représente la continuité de l'Etat à travers les générations et les ages. Disposant du droit de grâce, il représente la clémence. Il est là pour réconforter la nation dans ses heures difficiles, pour donner du baume au cœur, dispenser la bonne parole, s’occuper des œuvres charitables et humanistes. Jouant un rôle honorifique et protocolaire, il inaugure les œuvres importantes et les réalisations du pays, léguant au premier ministre le temps de s’occuper des choses sérieuses en politique. Avec les princes, il est l’ambassadeur itinérant du pays et son visage souriant et accueillant. Il fait la promotion du pays auprès des autres nations et présente son meilleur visage aux peuples du monde. Il est le rempart du pays en cas de grave crise politique et le recours ultime en raison de sa fonction inamovible.

3) La monarchie renvoie au merveilleux et offre l’image d’une famille idéale au peuple. Dans le fonctionnement des sociétés arabes caractérisées par leur mode de fonctionnement paternaliste ce rôle est primordial.

4) La monarchie représente l’enracinement d’un Etat dans l’histoire. A l’encontre des présidents de la république parachutés d’on ne sait d’où, le roi constitue un lien historique sûr entre le présent d’un peuple et les générations disparues dont ses prédécesseurs et ancêtres furent les régents. Le prince héritier représente pour sa part la lueur de l’espoir, l’attachement d’une nation à son avenir. On fête sa naissance, on accompagne sa jeunesse. Le fait qu’il soit sous l’attention de tout un peuple empêche ses potentiels dérapages. Il est bien formé, instruit dans les meilleurs écoles dans le pays et à l’étranger, il est préparé à exercer ses fonctions de régent convenablement patiemment dans des conditions optimales.

5) La monarchie est une réponse à la farce républicaine. Contrairement aux républiques monarchiques du monde arabe qui par le truchement d’élections truquées perpétuent le règne d‘un « président de la république » pendant des décennies, la monarchie n’a pas besoin de stratagèmes pour perpétuer le règne de son monarque. Il est là pour toujours.

6)Une monarchie laïque, peut concilier la religion du peuple avec la nécessaire laïcité de l’Etat. Cette fonction pourrait constituer une alternative et une solution idéale entre les tenants d’une laïcité à la française, et une « laïcité musulmane ». Le roi, formé adéquatement en sciences des religions et en théologie musulmane depuis sa prime jeunesse, pourrait être le guide religieux des musulmans, le chef spirituel de toute la nation et le protecteur des autres religions dans nos pays arabo-musulmans. Le premier ministre, détenteur du pouvoir exécutif effectif, est ainsi débarrassé de traiter hypocritement de la religion, soulagé du fardeau d’affirmer à tout bout de champ « son attachement aux valeurs de l’islam » et pouvoir conduire ainsi une politique franchement laïque qui traite toutes les religions du pays sur le même pied d’égalité, sans aucune ségrégation ni distinction."

Suit le catalogue des réformes de base appliquées à des citoyens libres dans un royaume démocratique. Et de commencer par raccrocher le pays à sa vraie naissance en tant qu'Etat en le renommant "Royaume de Carthage". C'est la revanche de Didon ! Carthage, 814 avant Jésus-Christ ça fait une sacrée rallonge en amont de l'invasion arabe de 714 après JC. Le premier roi se titrera-t-il Hannibal II ?

Il convient d'abord de substituer par référendum populaire une vraie monarchie constitutionnelle et parlementaire à la fausse république autocratique actuelle. Mais c'est sans doute l'attelage de l'islam et de la laïcité qui est le plus adroit. Par chance Bourguiba comme son successeur, ont privilégié la laïcité comme rempart aux fermentations islamistes. Mais la poussée de fondamentalistes est contenue aujourd'hui par la force d'une répression impitoyable. Dans le projet monarchique, le roi étant constitutionnellement musulman, au-dessus d'un Etat constitutionnellement laïque, l'islam a l'oreille du souverain, bénéficie du prestige de la fonction et s'échappe ainsi de sa condition de paria. Le tempérament modéré des Tunisiens doit leur permettre de réconcilier leur foi avec le régime, en ayant la garantie qu'au quotidien il n'y aura aucun privilège du fait d'une quelconque religion ou pour l'athéisme.

Les quatre principes laïcs sont applicables : liberté de conscience (et droit de ne pas croire), liberté de culte, non assujettissement de l'Etat à une religion, égalité de traitement des religions. Il n'est pas dit que la mise en oeuvre de la laïcité soit si facile, mais les arguments sont disponibles pour convaincre. Il faudra parler. Le site du Réveil Tunisien est très complet sur le sujet religieux que nous ne faisons qu'effleurer.
Et on arrive vite aux réformes politiques du projet :

- Constitution de partis politiques démocratiques défendant les intérêts particuliers, et liberté d'opposition autonome politiquement et financièrement. C'est leur choix.
- Protection de la liberté de la presse.
- Rétablissement les libertés publiques et privées.
- Sacralisation des scrutins électoraux (on est en pays arabe quand même).

Suivent les réformes économiques et sociales, plutôt d'orientation libérale :
- Libérer les forces productives du pays du carcan bureaucratique (pour qui connaît, ce n'est pas triste)
- Simplifier la fiscalité dans un souci de justice
- Protéger la famille contre sa dislocation, mais dans le respect des libertés individuelles qui autorise le divorce, en séparant le principe de ses conséquences. C'est assez fort quand même !
- La mission de l’Etat étant de contrôler et non de gérer, dégraisser l’administration et la privatiser en transférant la majorité de ses attributions aux notaires.
- Faire du logement un droit garanti par la constitution.
- Solidarité pour la santé de tous, dans un système mixte, public ou privé.
- Indépendance de la Justice .

Suivent ensuite les réformes de l'enseignement (l'anglais deviendra la deuxième langue officielle au détriment du français et de l'arabe classique) ; la révision de la politique étrangère sur quatre axes : le Monde Arabe, la question palestinienne (et donc Israël), la France et l’Union européenne, les Etats Unis d‘Amérique ; la réforme des forces de sécurité, armée, gendarmerie et police (c'est peut-être un point faible du projet).

La réorganisation de l'Etat et les réformes nécessaires sont ramassées dans une charte de 45 articles qui constitue le programme du MRT, le Mouvement Royaliste Tunisien. On quitte cette offre de restauration monarchique impressionné par la maturité du projet, et par la clarté des exposés. Prenons-en de la graine.
Laissons-leur la conclusion qui est déjà une ouverture :

"Ce projet a esquissé les grandes lignes du programme du Mouvement Royaliste Tunisien dans l’objectif est l’instauration d’une monarchie populaire, constitutionnelle, démocratique et laïque en Tunisie. Un programme qui essaie d’apporter des réponses aux questions politiques, économiques, sociales et culturelles qui secouent la Tunisie en ce début de XXI siècle. Il ne s’agit là que d’un projet qui reste ouvert à tous les propositions de mes concitoyens. Leur contribution à ce projet, chacun dans son domaine, est vivement souhaitée. Elle nous permettra de donner corps à notre opposition de manière concrète et réaliste."

Bonne chance à la Tunisie, euh ... à Carthage !

Note (1) éditée en février 2011 : le lien du Réveil Tunisien peut être brisé par suite d'un déclassement de l'archive. Mais le texte des 45 articles de la charte "monarchiste" est accessible sur le site de Me Chaabouni : Tunisie Démocratique et Laïque en cliquant ici.

jeudi 14 septembre 2006

Une diplomatie refondée

Après avoir critiqué la "diplomatie souverainiste" que Paul-Marie Coûteaux a promu dans le trimestriel Les Epées n°20 sous le titre "Une politique de rechange", nous arrivons aux propositions.
Il est loin le temps de l'omniprésence française sur les théâtres diplomatiques du monde, où les choses et les gens se réglaient en français. Il reviendra peut-être un jour. En attendant notre insurgence par l'inlassable industrie des générations futures cherchons que faire pour relever immédiatement notre diplomatie.
Mon parti-pris est de nous économiser la colère du constat ; ou le résultat de l'autopsie si vous préférez.
Partons de zéro.

Quels sont les atouts de la France vis à vis du monde extérieur, et parmi eux, ceux qui peuvent être adossés à des positions intérieures solides ? Nous verrons aussi tous les inconvénients de nos manques et de nos défauts. Il suffit de parler à nos amis et à ceux qui le sont moins.
En tête - l'industrie du luxe (le Papou sait que Chanel 5 est fait en France même s'il ignore tout à fait où ça se trouve)

Puis, plus ou moins dans l'ordre de fréquence des citations :
- la culture classique (et tous les arts, jusques et y compris l'école impressionniste) et l'attrait touristique;
- la gastronomie et la viticulture;
- la philosophie des Lumières (ça ne nous arrange pas beaucoup, nous) et tout le XVIII° siècle en général;
- l'industrie de pointe, l'aéronautique (Concorde) et le spatial (Ariane);
- l'industrie nucléaire (ITER nous renforce bougrement en prestige même si nous devons repartager beaucoup derrière);
- l'industrie ferroviaire (le TGV).
Et dans un second train de citations on va trouver pêle-mêle, l'armement, les French Doctors, la langue française (grec mathématique moderne), la Légion Etrangère, le non-alignement (grâce à De Gaulle), les joueurs de foot (Zidane, Henry), l'Institut Pasteur.
Curieusement absents : l'industrie navale, hors de France on ignore que le Queen mary 2 vient de Saint-Nazaire ; l'industrie céréalière et laitière ; l'industrie automobile (sauf à citer Citröen et ses suspensions) ; les sports d'hiver ; l'industrie pharmaceutique; le bronze-culs méditerranéen (l'Italie et l'Espagne font plus grand que nous dans le genre) et la bancassurance.

Maintenant que nous manque-t-il pour soutenir nos ambitions historiques ?
- Les moyens budgétaires. Nous en sommes à servir la Dette Publique avec le déficit qui la creuse !
- Une armée à longue portée, et l'escadre qui va avec (ne parlons même pas de la frilosité d'engagement des Etats-Majors et du commandant suprême);
- La solidité de notre coalition de clients qui sont tous à vendre pour une valise de dollars en Suisse;
- Des communautés expatriées nombreuses et soudées;
- Quelques succès diplomatiques, même modestes.

On aperçoit déjà que notre axe d'efforts tendra vers le qualitatif plutôt que vers le quantitatif. C'est de l'humour mais pas seulement.
La France peut avoir une influence décisive dans le monde, en privilégiant les hautes sphères de l'excellence à travers sa diplomatie. L'effort sera énorme au niveau consulaire, me dit-on dans l'oreillette. Certains pays sont déjà prêts à nous écouter si nous sommes sérieux. La Chine nous désigne sous le nom de Fa Guo, ce qui veut dire le Pays de la Loi !

la Justice par Raphaël
I.- Prenons donc en compte le droit international et ses évolutions en tous domaines et pas seulement dans les compartiments qui nous touchent. Précédons le mouvement pour une fois. Nous avons les compétences même si elles sont rares, et peu entendues si elles ne travaillent qu'en français. Dans quelque temps notre voix dans les enceintes internationales sera écoutée plus attentivement. Triplons, quadruplons les chaires de droit international, et que nos universitaires publient sans freins, harcèlent les instances judiciaires, contestent leurs jugements, élaborent des jurisprudence, noient le domaine carrément. C'est moins cher qu'un porte-avions et ça ne coule pas !

fjord en péril
II.- Un autre axe de rayonnement est la qualité de vie. Nous actionnons ici trois atouts, la gastronomie et viticulture, le luxe, les arts, en sus de notre agriculture que l'on peut instrumentaliser dans cette direction (on le fait déjà dans une structure séparée du Quai d'Orsay). Devenons donc les champions de la sauvegarde de l'environnement. Il est irritant de voir le flambeau saisi par la Nouvelle Zélande, justement par ceux qui ont peu d'efforts à faire au-delà de la méthanisation de l'air ambiant par un cheptel pléthorique ! Nous pourrions être un puissant laboratoire d'idées, ce qui équilibrerait notre affichage atomique, et serions sûrs d'être pré-éminents quand les conditions de survie de la planète seront discutées au plus haut niveau. Il paraîtrait que le jour du grand forum se rapproche à grand pas d'après Al Gore. L'environnement est accessoirement un formidable réservoir d'emplois.

pays francophones
III.- Voulons-nous un troisième axe pour être tout à fait cartésiens ?
Choisissons dans nos atouts la culture, le tourisme, les arts et ficelés avec le non-alignement, mettons-les au service de la francophonie. C'est le seul projet bien entamé, mais il prend de la bande, faute de moyens et d'enthousiasme. La francophonie ne pourra véritablement jaillir comme l'autorise la qualité universelle de la langue-porteuse que si l'on avance sur une base de réciprocité. C'est Boutros Boutros Ghali, ex-secrétaire général de cette vénérable institution, qui le recommandait. Promouvoir l'arabe classique en France déclenchera une promotion du français classique en Egypte. Faisons-le aussi avec le mandarin, le japonais, ou le malais, dans des programmes d'échange ambitieux avec des pays capables de financer leur quote-part. La langue est le fourrier de tout le reste, mais on ne peut plus l'imposer comme au XIXè siècle avec un fusil chassepot. Il faut ruser !

Pour mobiliser notre diplomatie sur ces axes et compte tenu des moyens disponibles, il est probable qu'il nous faudra démonter une partie de notre réseau actuel, abandonner des domaines qui ne rapportent rien ni en prestige, ni en audience, ou pire qui nous desservent ; et nous recentrer sur les cibles qui résonnent bien quand on les touche. Il est présomptueux de commencer une liste des branches mortes, mais une piste de réflexion serait de constituer un réseau Union européenne qui rassemblerait à peu de frais les intérêts de tous sur des destinations exotiques de peu de retour sur investissement. Le Vatican ? La Bolivie ? On pourrait mêrme confier la clé de ces ambassades communes à Malte et à Chypre, qui ont conservé le génie de la négociation orientale. A poser aussi la question de la pertinence des ambassades réciproques au sein de l'Union européenne à l'époque du portable !
Nous renforcerions alors nos positions dans les zones stratégiques sur les trois axes précités.

Et l'excellence cultivée partout comme des champignons de Paris nous garantira sans doute de conserver notre siège décisif aux Nations Unies.
Même pauvre et malade, on ne jette pas le professeur !

Il ne reste plus maintenant qu'à lancer notre "trois-mâts" sur l'océan des nations. C'est ce que nous aborderons dans le troisième et dernier volet.

mardi 12 septembre 2006

Religion d'état par Mickaelus

Royal-Artillerie ouvre son blogue à des contributeurs de qualité. Par exemple Mickaelus que j'ai rencontré sur le nouveau forum Vive Le Roy. Laissons-lui maintenant toute la place.

Je veux donner mon avis brièvement sur ce sujet, à savoir l'opportunité ou non d'une religion d'Etat catholique en France, sans aborder son implantation soit dans un contexte royaliste, soit républicain - l'étude du cas polonais pourrait être intéressant par exemple.

Tout d'abord j'observe que la France est née du baptême de Clovis, et que c'est bien la religion catholique qui se trouve au fondement culturel de notre nation dans une large mesure. Comme à Rome le rappel des origines de la cité était primordial, il me semble que ce devrait être le cas pour la France, sans compter que l'Eglise catholique, si je la considère d'un point de vue temporel, est la continuatrice, du point de vue de la civilisation, de l'Empire romain, dans l'incarnation de la trinité autorité-religion-tradition. On n'a pas idée de ce que briser un tel héritage, une telle continuité, va avoir comme répercussion - car malgré les déboires déjà visibles nous sommes loin d'avoir bu la coupe jusqu'à la lie. La préservation de la religion catholique a donc un rôle qui tend à préserver l'identité de la France, telle qu'elle est née et s'est perpétuée pendant des siècles, sachant que si cette religion est toujours présente en France, elle a été minée par l'oeuvre destructrice de 1789 et les années suivantes - y compris, de façon plus lointaine, par 1905 - de sorte que la mise en place des idéaux républicains d'homme abstrait comme individu et unité de base a préparé les déconstructions modernistes que nous sommes en train de vivre : mort de la nation, destruction de la famille, acculturation totale par un métissage intense. Si un mouvement de réaction n'est pas enclenché, la France ne sera plus jamais France.

Je veux revenir sur l'utilité de cette religion d'Etat à propos de l'identité nationale. Comme on l'a dit justement dans les pages précédentes, la laïcité n'est pas tolérante mais exclusive en ce qu'elle impose un sens à l'Etat, en ce qu'elle présuppose la validité du primat de l'individu et de l'homme abstrait. Or j'affirme que l'homme n'est rien dans l'abstrait, qu'il est d'une culture et d'une histoire données, et que comme patriote le relativisme me paraît antinational. Je précise de plus que la composition religieuse d'une nation n'est pas sans effet, et qu'on ne peut pas reléguer comme le voudraient les laïcs la ou les religions dans la seule sphère du privé. Cela est strictement impossible, impensable et dangereux. C'est une utopie qui tend à nier la réalité d'une nation, à croire à cet individu abstrait républicain qui n'existe que par la volonté d'artificialiser l'être des citoyens en faisant comme si leur existence se pouvait dissocier. Toujours est-il que la France nous propose un exemple frappant avec l'implantation d'une religion qui justement ne reconnaît pas cette séparation artificielle entre le public et le privé, je veux parler de l'islam. Et cela montre les limites de la laïcité qui empêche l'unité d'une nation et sa juste définition. Partant du principe qu'une société multiculturelle est une société multi-conflictuelle, je pense que la laïcité, qui a pris en compte un fonds culturel judéo-chrétien sans prévoir la possibilité de l'intrusion d'une autre culture dans la nation, a échoué et montré son incapacité à pouvoir cimenter autrement qu'artificiellement une nation. Ainsi dans le cas de l'islam, forcée de tolérer la liberté de culte pour une religion qui nie pourtant son fondement, la laïcité ne peut se maintenir en France vis-à-vis de la communauté musulmane qu'en castrant le Coran, en invalidant toute une partie de son message. Ce dérapage historique que nous sommes en train de vivre me paraît important et place la France face à elle-même et la survie de son identité et de sa culture catholique. Pour toutes ces raisons, à côté de l'artificielle laïcité, je soutiens que la religion d'Etat catholique est le vecteur le plus efficace d'unité culturelle.

J'aimerais dire encore comme l'affirmait Benoît XVI que le Christ ne prend rien, mais au contraire donne tout. Ce qu'il faut comprendre c'est que le message catholique n'est pas un message de despotisme et de soumission comme peut l'être celui de l'islam, mais un message de responsabilité de l'homme dans la vérité du Christ Sauveur, qui sait l'homme pêcheur et pardonner qui se repent. Alors comment ne pas comprendre que cette religion qui est notre identité, notre histoire, un trait d'union avec Rome, protège en réalité nos valeurs occidentales et qu'aucun homme libre un tant soit peu responsable n'a rien à y perdre ? Car faudrait-il croire que l'Etat n'a pas à prôner la responsabilité morale du citoyen ? Si, il le doit, car tel est l'avantage d'un système qui a pour tâche de proposer un vrai idéal spirituel tout en comprenant la faiblesse de l'homme. Tel est l'avantage de ce qui tend vers la vérité et ne se vautre pas dans un relativisme destructeur qui prive l'homme d'une part de lui-même, car tout homme recherche sa part spirituelle quand l'histoire la lui a ôtée. Liberté, responsabilité, exigence, progrès humain, voilà ce qui peut être proposé. Unité morale également, avec la sauvegarde de la famille et de ses valeurs, ainsi que la promotion de la vie depuis sa conception, car le multiculturalisme est également moral. Pour en revenir à la première phrase de ce paragraphe, aucun athée vertueux n'aurait à se plaindre d'un tel système, à moins de croire que l'histoire de France n'est rien, que l'unité et la cohésion nationale ne sont rien, que la responsabilité et l'exigence ne doivent pas être proposées à tous.

Pour conclure, je dirais que comme alternative à une laïcité déconstructrice et artificielle, un royalisme catholique serait le restaurateur d'une France pleinement elle-même, dans son histoire et ses valeurs. Je n'ai pas justifié la Foi en Dieu ci-dessus car de toutes ces valeurs elle me paraît une évidence. Que si les athées ne s'accrochent qu'à une raison qui ne peut pas découvrir pleinement la vérité révélée qui nécessite la foi, qu'ils voient tout le bien qu'une France réconciliée avec elle-même et son histoire pourrait retirer de la religion catholique restaurée dans sa prime magnificence, car le Christ ne prend rien mais donne tout.

Mickaelus
Forum Vive le Roy, le 11.09.06

lundi 11 septembre 2006

Une grande diplomatie

Dans la dernière livraison des Epées (N°20), le député européen Paul Marie Coûteaux, nous propose une politique internationale de rechange, fondée sur la diplomatie gaullienne qu'il a connue de près, au sein du sérail gaulliste avec Michel Jobert entre autres.
"Le but de la France n'est pas la puissance mais la liberté".
Les non-inscrits peuvent comprendre bien autre chose que la liberté par rapport à l'empire germain mâtiné de romanité. La terre d'ici est le Frankreich, pas le Frankland ! Rive gauche du Rhin, nous sommes un empire libre à nous tout seuls ! C’était quelque part le Serment de Strasbourg.

Il y eut un peu de puissance quand même dans notre histoire. Pour conquérir surtout cette rive gauche indéfinissable dès lors que le Rhin s'éparpille en Hollande. A défaut, nous avons prolongé le Rhin vers le sud, si loin qu’un jour il prit sa source à Fachoda ! Le délire colonial a participé de l'éternité de la mondialisation que relève Monsieur Coûteaux, et bien dans une démarche hégémonique comme le démontre l'auteur du billet. Mais aujourd'hui, si la globalisation et l'hégémonie partagent le même champ de manoeuvre, je suis moins convaincu du ressort hégémonique qui déclencherait cette entropie mondiale à tous coups. Que serait d'ailleurs la globalisation anglo-saxonne dont on se plaint aujourd’hui, si un petit homme avisé n'avait pas renversé les tables idéologiques de son immense pays, la Chine, et ne l'avait jeté ce faisant dans le chaudron du capitalisme sauvage ? Rien de plus qu'une OCDE élargie à quelques tigres asiatiques de quatrième zone.

Le succès de la globalisation est dû à la convergence des convictions économiques d'acteurs majeurs. L'impérialisme aussi sournois soit-il, n'y arrive pas seul. L'ensablement américain au Moyen Orient nous le confirme, l'hyperpuissance ne dicte pas sa loi dès lors qu'il n'y a plus convergence des autres, mais nous le savions déjà au souvenir de tous les empires effondrés. Il n'empêche que la globalisation est largement souhaitée dans le tiers-monde car elle a cassé le syndrome du sous-développement chronique. Et souhaitée d'abord par le seul empire survivant, l'Empire céleste, qui se métamorphose depuis cent ans en toutes sortes d'avatars pour redevenir bientôt ce qu'il fut de plus grand dans le passé, à condition que son peuple accepte le projet et taise ses impatiences. Profitons-en pour dire que l'altermondialisme est une idéologie de gavés, même si des incidences négatives de l'ouverture des marchés et du protectionnisme symétrique sont relevées dans le monde de l'agriculture. On les surmontera un jour.

Diplomatie gaullienne
Monsieur Coûteaux ne nous démontre pas la supériorité de la diplomatie gaullienne, il nous vante ses axes d'effort et sa plasticité. Au résultat comme on dit au pas de tir, je ne discerne pas sur ses cibles l'avantage acquis !
Les grands desseins qui sous-tendirent les voyages exotiques du général - comme celui de Mitterrand à Cancun d'ailleurs - se sont tous enfuis devant la réalité de nos moyens effectifs sans commune mesure avec l'annonce fracassante de leur mise en oeuvre. Que reste-il du discours de Phnom Penh, rien ; du discours de Montréal, Starmania, du discours de Mexico, le mano en la mano, c'est-à-dire rien.

En revanche chacun a compris depuis longtemps, et les intéressés les premiers, que l'instrumentalisation du rapprochement franco-allemand visait à hausser la France dans la Communauté européenne à un niveau d'influence ou de nuisance sans rapport avec son propre poids économique voire politique. On aperçoit le bout de ce dessein aussi, et les Allemands sont usés par cette usurpation !
Mais la seconde partie du billet me semble plus décalée par rapport au monde imminent.

Europe politique
La question de la réforme de la construction européenne n'est pas une probabilité : la question est déjà posée. Le choix n'est pas entre la destruction de l'Union et l'intégration des gouvernements nationaux, mais entre la fédération et la confédération, car personne ne quittera l’Union. Et c'est sans doute par la convocation des peuples (ou parlements) à ce choix que l'on sortira définitivement du dilemme stupide provoqué par la fédéralisation technocratique furtive. Eut-on appelé les nations à s'exprimer sur la queue de trajectoire dès avant Maastricht que nous aurions économisé beaucoup d'énergie à tous les niveaux.
En passant, ce ne sont pas les crises monétaires qui dégénèrent en crises financières mais l'inverse. La monnaie unique est mise en péril par la gabegie administrative d'Etats mal gérés, et n'a pas d'influence notable sur leurs économies, sauf à fluidifier les échanges dans la zone euro.

Multilatéralisme :
Monsieur Coûteaux veut contenir l'hyperpuissance par l'atomisation des responsabilités qui lui sont extérieures, car j'ose croire qu'il n'envisage pas de lui retirer celles qu'elle exerce déjà, bien ou mal. Le contrepoids serait donc "Une multitude de centres politiques disposant d'une marge d'initiative plus ou moins large, constitué par des puissances fort diverses". C'est une construction intellectuelle. Allons aux arguments.

La politique des blocs qui serait archaïque, a abouti cependant à l'écrasement d'un bloc par l'autre, et le perdant disparut non par implosion spontanée provoquée par le réveil des nationalismes, mais sous les attaques soutenues du vainqueur.
Même si le discours est tabou en France où on se réchauffe au petit bois de nos trahisons, le Pacte de Varsovie a toujours eu peur de l'OTAN même si le "french denial" de 1966 lui a donné un temps de respiration. La Guerre des Etoiles de Ronald Reagan après le déploiement massif de missiles tactiques en Europe occidentale, qui prédisait qu’il n’y aurait pas de « cadeaux », obligea l'URSS à dépasser son niveau de développement technologique à un point tel que la course aux armements lui pompa dès lors tout son sang. L'affaire finit en infarctus, malgré le diagnostic lucide de Mikhaïl Gorbatchev, les coronaires étant déjà bouchées. On ne pouvait à la fois percer le bouclier anti-missiles américain et donner de l'ananas en boîte aux Biélorusses. Les Polonais, les Tchèques, les Hongrois, les Allemands qui fuyaient ou s'ameutaient, n'avaient pas de revendications nationales plus que le désir de se mouvoir librement en Europe et de consommer tout ce qu'ils avaient fini par entre-apercevoir à l'Ouest. Ils avaient été vaccinés contre le nationalisme par leurs régimes. Prenez les évènements jour par jour et vous observerez que d'un côté, les peuples de l'Est voulait s'enivrer de libertés de tous ordres, et de l'autre côté, la nomenklatura avait l'obsession de limiter la casse pour ses positions personnelles. Elle y est partout parvenue sans actionner la nation, sauf en Slovaquie. Ce n'est qu'aujourd'hui que l'on remarque une posture nationaliste en Pologne, encore qu'elle ne soit pas aussi populaire qu'on le prétend dans le milieu souverainiste français, et moins affirmée que le consumérisme triomphant. Les seuls pays qui ont actionné leur nationalisme au départ sont les pays baltes, à cause de l'importance de leurs communautés russes.
Le bloc n'est donc pas l'axe du mal. Il a vaincu !

La conjugaison "déclin de l'Empire mondial/émergence de puissances relatives" n'est pas une évolution réelle qui obligerait à une diplomatie mobile et fluide, où l'on renverserait les alliances de demain sur celle d'hier au gré de nos intérêts du moment. Cela s'appellerait-il encore de la diplomatie ? L'empire mondial (du grand capital) ne semble nulle part en déclin même si la participation française s'estompe. Les déboires de la croisade américaine n'obèrent pas l'avenir des Etats-Unis plus que le nôtre. Le bloc anglo-saxon est à la peine mais ne recule pas notablement.
Par contre il n'y a pas émergence de puissances relatives comme l'annonce Monsieur Coûteaux. Il y a émergence de deux formidables empires qui, au pantographe de la globalisation, vont bloquer sinon réduire les ambitions des puissances de second rang (nous n'en sommes pas) et ridiculiser celles des puissances de troisième rang (le nôtre). Or pour tenir tête aux empires déclarés en Inde et en Chine, il ne suffira pas aux Européens d'être ensemble, mais unifiés sous un seul et unique numéro de téléphone - comme le disait Henry Kissinger. Et l'on retourne au bloc.

L'impotence à échéance des empires ne les menace pas immédiatement. On pourrait même parler d'un arc septentrional entre les Etats-Unis et la Chine, rapprochés par le passeur russe. Ils sont obligés de se parler entre eux. De ce fait ils annihilent les efforts diplomatiques de nos pays de ligue 2. Exemples :

Nous avons fait un vacarme du diable depuis que les Etats-Unis se sont effacés à notre profit au Liban. D'avoir coupé les ponts avec le président oculiste syrien y a beaucoup aidé. Les hasards de l'orgueil des nations nous ont présenté ensuite une guerre sur un plateau. Si l'on veut bien ranger les violons dans le vestiaire ad hoc, on s'aperçoit que nous n'avons été d'aucun secours à nos amis libanais retrouvés. Nous n'avons pas pu contrer les bombardements au nord du Litani, pas même sur Beyrouth. Nous n'avons pas brisé le blocus maritime israélien. Toutes choses à notre portée. Nous avons dû attendre le bon vouloir américain pour obtenir le cessez-le-feu de Tsahal, qui craignait plutôt de s'enliser sans meilleur résultat que celui acquis. A la fin nos positions onusiennes ont été déclassées par la pusillanimité du président français qui craignit subitement l’aventure d’un corps expéditionnaire sans les garanties les plus fortes de la communauté internationale. Quelle preuve de courage et d'autonomie ! Nous avons disparu - sauf des médias français - sans combattre.
Nous avons débarqué quelques jours après ... deux cents militaires du génie, derrière le masque déconsidéré de la FINUL. Il est "antinational" de dire que faute de fermeté de notre part, le dossier libanais a été pris en charge par l'Italie, qui a mis les moyens convenables sans barguigner. Même si Prodi et D'Amato ont expliqué le contraire pour la Mare Nostrum, l'Italie a réservé sa politique indépendante pour plus tard, et a joué le bloc. Efficace !

L'autre exemple est l'affaire iranienne.
La France participe à un groupe de contact qu'on appelle "5+1" après avoir participé à la troïka ouest-européenne sur le dossier nucléaire, troïka qui tenta de mener en vain des marchandages de bazar. Se hasarder au bazar avec Téhéran était très présomptueux. Le résultat de cette paisible confrontation est pour le moment nul et non avenu, à un point tel que l'Iran - imitant en cela le petit Satan - s'assoit délibérément sur la résolution 1696 des Nations Unies lui enjoignant de cesser son hostilité à l'AIEA. La suite du scénario est déjà écrite. Les pays européens, hormis la Russie qui est dans l'arc septentrional, ne vont pas jouer dans cette pièce.

Le nerf diplomatique
Une grande diplomatie, fluide, indépendante, si tant est qu'elle soit souhaitée - il est des pays qui s’en passent - mobilise de gros moyens. Et c'est là que tout s'effondre. Nous cherchons déjà à partager nos représentations diplomatiques avec l'Allemagne ; et nous prenons des ris partout dans la voilure de la francophonie. La France n'a plus et pour longtemps les moyens financiers de projeter ses ambitions aussi loin qu'elle possède encore des territoires. Une diplomatie ultramarine est un leurre de plus, un échappatoire dialectique. Que faire alors ?

Nous en parlerons dans un prochain billet en partant du postulat de départ de Monsieur Coûteaux :
"Le but de la France n'est pas la puissance mais la liberté".

Le Bloc Notes de Paul Marie Coûteaux est accessible en cliquant ici et le site des Epées en cliquant .

dimanche 10 septembre 2006

Populisme

PeltierGuillaume Peltier, cornac du sous-préfet aux champs, Philippe de Villiers, s'est torturé une semaine pour trouver le slogan qui allait percer le mur d'indifférence qui sépare son mentor et client de la Vallée des richesses en perspective printanière.
"Nous, c'est la France des bistros, c'est pas le Paris des bobos",

Guidel en Morbihan a eu la chance d'assister à l'Université d'été du Mouvement Pour la France. Ceux qui pensaient qu'une UDT était l'occasion de ressourcer une doctrine - il y a "université" dans le nom - en seront pour leurs frais. La hauteur de vue la plus élevée, telle qu'elle fut rapportée du moins par les médias français, arrivait à peine au ras du zinc. Faut-il donc beaucoup mépriser le peuple et l'électeur pour racoler avec une entame aussi primaire que celle consistant à opposer la technocratie parisienne au bon sens paysan de nos vieilles provinces. Il ne connaît peut-être ni les uns, ni les autres.
Nous avions besoin peut-être d'un tribun populiste supplémentaire, mais nous n'avons pas trouvé un présidentiable, pas même un primo-ministrable. Un animateur ? Sans doute !

Ceux des royalistes qui caressent le rêve d'un nouveau George Monk devraient prendre un peu de recul pour s'apercevoir que monsieur de Villiers s'est tout à fait perverti dans le jeu parlementariste jusqu'à n'utiliser plus que l'outil le plus immoral de la démocratie, la démagogie, qui reste le vecteur le plus sûr vers les prébendes. Il n'a jamais manifesté aucune équivoque sur sa carrière républicaine.

Citons néanmoins les cinq points de son programme d'été !

MPF 2006En tête, subventionner la France rurale.
Pourquoi lui opposer les apparatchiks ? Ils règnent sur l'Agriculture depuis cinquante ans en protégeant les paysans de toute fiscalité.

Deuxièmement, protéger la famille contre les imitations.
La vraie question reste les allocations familiales dès le premier enfant pour inverser la tendance démographique nationale ; mais où trouver l'argent ? En taxant les bobos ?

Troisièmement, abolir les 35 heures pour pouvoir relever le pouvoir d'achat.
Gagner plus en travaillant plus, pourquoi pas, mais est-ce un programme articulé vers une refonte du Code du Travail ?

Quatrièmement, immigration zéro, assortie d'une politique de co-développement avec l'Afrique.
100% d'accord, mais la France en banqueroute ne parviendra à rien en dehors d'une grosse machine mondiale capable de déclarer la guerre à la misère. Il ne s'agit plus de creuser des puits ou de cimenter des écoles de brousse. On en est aux milliards de dollars maintenant pour faire décoller l'Afrique avant qu'elle n'explose en Europe. Or monsieur de Villiers est réfractaire aux coopérations internationales qu'il ne gouverne pas ! Et il en passera de l'eau avant que la France impécunieuse gouverne qui que ce soit hors de chez elle.

Cinquièmement : "une Europe nouvelle avec les patries plutôt que l'ancienne Europe avec la Turquie".
Les deux questions se posent. Elles sont très importantes. Pourquoi les amalgamer ? Pour faire rire au lieu d'approfondir.

Cinq piliers de campagne électorale estivale c'est maigre. On pourrait lister les questions oubliées par le MPF. Mais sans doute risquent-elles de passer un peu haut par rapport au zinc du bistrot national. Malgré tous ses efforts de provocation médiatique, Philippe de Villiers reste bloqué à deux pour cent des intentions de vote. La preuve que le peuple français n'est pas aussi primaire qu'ils l'ont décidé avec monsieur Peltier.

Ils sont contre l’immigration sauvage, comme nous ; contre les rave parties à drogue, comme nous ; contre les règlements de chasse de Bruxelles, comme nous ; contre la dictature des folles, comme nous ; contre les ligues exogènes, comme nous. Mais ils n'ont pas compris que le peuple attend quelqu'un d'un peu plus "relevé" que soi, d'un peu plus haut dans la sphère de la raison, qui en sait un peu plus que lui dans la sphère de la connaissance, quelque "monsieur Plus" !

Il ne sert à rien de chercher à appâter le peuple en feignant de se mettre à son niveau supposé. C'est compliqué finalement un peuple souverain ! Et ingrat en plus, comme le disait le haut général qui reconnaissait là une marque d'esprit fort.

Notre distingué vicomte a beau aller à la messe en famille avec le loden réglementaire, avoir un timbre de voix perché qui sied à l'aristocratie rurale, laisser transparaître une autorité de chef (féodal) dans son Conseil départemental, cacher au fond de sa serviette de vrai cuir son diplôme technocratique de l'Ecole Nationale d'Administration, n'avoir jamais voulu faire carrière dans la haute administration, avoir réussi dans ses entreprises folkloriques, ce monsieur est un démagogue. Du moins s'il ne l'est foncièrement, a-t-il choisi ce biais pour percer.

Royaliste, sauf à le convertir, passe ton chemin.

jeudi 7 septembre 2006

TRACT

tract AFE_R

Les lycéens d'Action Française diffusent actuellement le meilleur tract que l'on ait vu depuis longtemps.

Fini les photos choc, le sang poisseux sur la guillotine, la mitraille, les casques ou les pavés.
Un texte incisif, complet, accrocheur et didactique à la fois, sans véhémence.

Bravo à eux ! La relève est assurée : suivez mon regard ...... !


tract AFE_V

mercredi 6 septembre 2006

Chouans du Midi

Chouan du ForezMes lectures estivales m'ont conduit en Aveyron et dans le Gard sur la trace des chouans méridionaux de l'époque révolutionnaire. Réconforté d'apprendre que le drapeau blanc avait flotté aussi au sud du Massif central, je me plongeais dans les relations locales des évènements. Pour vite déchanter.

"Ils étaient travailleurs de la terre, domestiques, tisserands, fabricants de bas, cordonniers, aubergistes ou propriétaires terriens. Ils quittaient leurs foyers pour défendre la religion et le roi, mais finirent par piller et rançonner les républicains, entraînés par quelques bourgeois, nobles et prêtres exaltés pour une cause qui se perdait. De la politique au banditisme, ils ont allègrement franchi le pas. Aveyronnais, lozériens, héraultais ou gardois, ils ont défrayé la chronique de leurs temps, pour ne laisser que quelques souvenirs déformés dans la mémoire populaire." ( Les brigands du Bourg, chouans de l'Aveyron).

A part quelques purs comme Marc-Antoine Charrier qui périt sous la guillotine en juillet 1793 à Rodez pour avoir obtenu des succès militaires dans le Gévaudan (il prit Mende), la majorité des troupes étaient plutôt formées de guérilleros de rencontre. Arrêtons-nous sur Charrier quelques instants avec Rémi Soulié qui en parle dans son ouvrage "Le Vieux Rouergue".

"Notaire à Nasbinals, sur le plateau d'Aubrac, aux confins du Gévaudan et du Rouergue, l'« infâme » et le « traître » Charrier, ancien député du Gévaudan aux Etats Généraux de 1789, ami du comte d'Artois qui lui confia le commandement des deux provinces, avait pris la tête d'une bande de « brigands fanatiques et superstitieux» que révoltaient les persécutions religieuses organisées par les dévots de la Raison. Malgré les consignes des princes en exil, Charrier ne put retenir des troupes lasses d'attendre. Revêtu de l'uniforme aux couleurs royales et aux boutons fleurdelisés, cocarde blanche au chapeau, il s'empara de Rieutort, de Marvejols, de Mende et de Chanac, où les populations l'accueillirent dans l'allégresse, à grandes volées de cloches. Informé par le vicaire de Recoules d'Aubrac qu'une puissante armée républicaine s'apprêtait à déferler sur la Lozère et l'Aveyron, sans espoir de renforts, Charrier fut contraint de licencier ses chouans, qui se dispersèrent sur la Montagne. Pendant trois jours, nouveau Jonas, figure prédestinée de la Sainte Face, il trouva refuge dans un souterrain qu'il avait aménagé sous une grange, près de la Borie Grande, où il fut délogé par dix gendarmes que Baptiste Séguy, son fermier, avait été forcé de renseigner. Après une nuit passée dans une cabane, sur la route qui sépare Nasbinals d'Aubrac, puis une halte à Espalion dont la population avait été invitée à ne pas mettre les sabots dehors, Charrier arriva à Rodez où l'attendait une série d'interrogatoires citoyens." Et cela finit mal !

En Aveyron ils furent dénommés "Brigands", dans le Gard "Vendéens". Leurs exactions furent assez graves pour qu'on en fusillât les chefs dans des pays où nulle exécution n'était intervenue aux heures les plus chaudes de la Révolution.

Sans faire l'historien amateur, ce qui frappe lorsqu'on ressort de toutes ces lectures - il faut aussi fouiller le fonds de la Société des Arts et Lettres de l'Aveyron tant que j'y pense - c'est finalement le peu d'écho de ces mobilisations royalistes parmi les manants ainsi que parmi les seigneurs du Midi. L'Armée régulière du Midi était aux ordres de Montesquiou-Fezensac. L'Armée Catholique du Midi n'a quant à elle jamais pu former un bataillon complet et fut massacrée à Jales par les Gardes nationaux, faute d'effectif (200 morts).
On a deux types de comportement selon que l'on observe le Rouergue ou les Cévennes occidentales qui le prolongent.

Le Rouergue (ou Aveyron) est encore à cette époque la terre des Ruthènes avec une unité ethnique très ancienne. C'est un pays loyal qui renforce l'Auvergne depuis les Gaulois, qui aime l'ordre et la légalité. Le royaume de France le rattachera à l'Aquitaine malgré sa continentalité. La Réforme aura peu mordu sur ce territoire sauf au contact du Languedoc dans des vallées urbanisées.

Le Languedoc est la chair attachée à la Voie Domitienne, pays de contrastes - mer et montagne -, d'invasions, de métissage. La Réforme y fit de grands ravages, mais pas plus qu'antérieurement l'Eglise romaine. Les peuples languedociens n'eurent pas de comportements de masse, sauf à se départager selon l'ancienne ligne de fracture huguenote. Et les exactions furent assez terribles à la Révolution sous ces motifs.

Le Rouergue protégea tant qu'il put ses prêtres réfractaires, et se vengea de ses enfants dévoyés (l'affaire Fualdès) mais ne s'insurgea pas comme le fit le Vivarais. En revanche la défense du pré carré paysan l'empêcha d'applaudir à la conscription napoléonienne et à toute forme de collectivisme. Toujours du côté de l'Ordre (le moins nouveau possible), le Rouergue ne changera finalement de convictions ... qu'en 1942 à l'invasion de la Zone libre, et formera des maquis redoutés.

L'histoire de la baronnie d'Hièrle (Le Vigan) confirme plutôt un détachement des Languedociens de l'Ancien Régime, système complexe fourmillant de contradictions et d'injustices qui avait été rapidement rangé au rayon des antiquités. Comme l'a dit Boiffils de Massanne dans son histoire de Sumène : "Ces jours de 1789 furent illuminés d'un clair rayon d'espérance. Si jamais on a pu se croire à la veille d'une Rénovation Universelle, si jamais le règne de la Justice et de la Vérité parut près d'advenir, c'est à ce moment là."
Les heures inquiétantes ou terribles de la Révolution furent-elles acceptées au Sud plus facilement qu'à l'Ouest ou même en Rouergue ? Peut-être par la mémoire d'exactions étrangères en tous genres qu'avaient subies les générations précédentes, depuis l'invasion sarrazine, la croisade des Albigeois, l'Inquisition, puis la dictature de la Réforme et jusqu'aux Dragonnades qui l'éradiqua complètement ? Les terres du Sud furent en permanence des terres de conquête musclée pour la captation du foncier et de ses accès à la mer internationale, sinon pour le rapt des consciences. Les gens avaient l'habitude des victoires à leurs dépens ! Cette fois le mouvement nouveau prétendait remettre la justice entre les mains des justiciables, raboter les privilèges fiscaux, abaisser l'arrogance féodale et celle des clercs. Il convainquit au moment, protestants en tête. Même si la Révolution s'avéra une gigantesque escroquerie substituant aux puissants d'hier les possédants du jour, leurs fonctionnaires, et les nouveaux enrichis qui rallieraient bientôt l'Ordre du 18 brumaire !

Les Bourbons, gens du Nord, héritiers des francimans, mal acceptés dans les fiefs languedociens, n'avaient pas une large affection populaire au Sud du Tarn. La décapitation du roi ne leva aucune émeute dans les régions que j'ai parcourues par ces textes.
L'Eglise romaine de son côté, en inquisition permanente sur ces terres d'hérésie, était devenue une croix lourde à porter, et son abaissement ne suscita que peu de réactions, d'autant que ses rangs fournissaient de larges cohortes d'éclairés.
Ainsi les bandes prétendument catholiques et royales menées par des bourgeois a priori sincères ne recrutèrent pas au-delà des gens désoeuvrés, ou de certains qui n'entendaient pas attendre réparations d'une justice sereine à venir. La chouannerie méridionale ne fut-elle qu'un habillage de compagnies éphémères de brigands ?
Ca fait mal de le dire.
Que les sincères reposent en paix !

Les régimes qui succèderont à l'Empire disparaîtront les uns après les autres sans susciter beaucoup d'intérêts des peuples méridionaux qui avaient déjà beaucoup donné pour l'Histoire.

"Préférez la famille à la Cité, la Cité à la Province, la Province à l'Etat, l'Etat à l'Humanité. Défiez-vous de ce qu'on appelle l'Intérêt général et souvenez-vous que la société est faite pour sauvegarder les intérêts particuliers" dit le sage de Sumène. "Ne courez pas à notre exemple après une chimère : l'Egalité, et après une rêverie : la Fraternité. Que chacun réponde de ses actes."

A l'évidence ceux qui connaissent les moeurs du Midi savent que la maxime a été entendue.

mardi 5 septembre 2006

EPEES, le numéro 20

J'ai reçu Les Epées.
N°20 avec une reproduction des Capétiens Partout du peintre Georges Mathieu sur la première et la quatrième de couverture, comme ci-dessous. La livraison a fière allure.

par Georges mathieu


Après un éditorial sur le patriotisme, le sommaire, c'est du 380 de marine : Manifeste Capétien, six salves en dix-huit pages.

  • " C'est Capet qu'il nous faut" par Les Epées (est-ce collectiviste ?) orné d'un texte du duc de Guise de 1936 et d'une photo rassurante de notre duc de Vendôme.

  • " L'avenir dure longtemps" par Clapas et Foubert, genèse de l'idée capétienne, article illustré cette fois de la meilleure photo du défunt comte de Paris, entre celles de Boutang et De Gaulle.

  • " Une république capétienne ?"par Marsala, ou comment le vice électoraliste s'est insinué dans le projet crypto monarchique de la Vè République.

  • " Une politique de rechange" par PM Couteaux, éloge de la diplomatie gaullienne, que je ne partage pas complètement mais c'est une autre histoire.

  • " Les Capétiens partout" par Henry Lebal, exégèse de la toile de Mathieu. Et enfin ...

  • " Note critique sur les projets de la VIè République" par Rouvillois ; c'est définitif !

Un petit reproche : j'aurais aimé voir un signe de courtoisie envers l'aîné de la famille. Mais bon, la mise en page ...

Voici ma photo préférée du prince qui a tapoté la joue du gamin en galoches que j'étais, un matin d'hiver sur le quai d'une gare de province, il y a longtemps. J'avais préparé mon "vive le roi" mais trop ému, ne pus sortir un traître mot, pas un cri.

Henri d'Orléans



Pour parvenir à ce dossier il vous faut déjà bousculer du monde.
Benoît de Coligny décortique le populisme sarkozien et JB Barthélémy nous met le nez dans la forfaiture démocratique que représente la captation du non référendaire par la nomenklatura européiste qui continue sur un projet mort-né à nourrir sa chimère fédérale. Mais on n'y est pas encore. Alexandre et Sonia Poussin ont traversé l'Afrique à pied. Certains ont plus de RTT que d'autres. Eux ce fut pour trois ans ! Un album sublime est né, "Africa Trek" chez Actes Sud.
Hommage à Philippe Muray, à la recherche du réel perdu par Serge Degrim. Puis en écho, la réédition d'un texte de PM Coûteaux paru dans l'Indépendance, "L'Europe comme un sarcophage".
On monte enfin dans le vaisseau capétien.
......

Epuisé mais ravi, à la nuit tombée il faut reprendre des forces car on se heurte déjà à Julien l'Apostat et sa légende noire ; puis deux pages de BD, excellentes comme chaque fois.

On arrive enfin aux Lectures, ouf ! Trente pages, mazette !
C'est le festival de critique littéraire par les pointures de la maison. Qu'ils me pardonnent aux Epées si ça part en vrac, mais je n'arriverai jamais au bout.

"Les Prophètes du Passé" de Barbey d'Aurevilly pour Torquemada, "Maugis" de Christopher Gérard, "Bivouac d'un hussard" de Jacques Perret, "La gym de tous les dangers" de Raphaël Majan, "Paul Morand, un évadé permanent" de Gabriel Jardin, "Gay Vinci Code" de Pascal Fioretto, "Exercices de lecture" de Marc Fumaroli, "La Consolation" de Philippe Le Guillou, un article fouillé sur Michael Oakeshott; on peut continuer avec "Oakeshott, le scepticisme en politique" de Quentin Perret, "Leo Strauss, une autre raison" de Corinne Pelluchon, "Les anti-lumières" de Zeev Sternhell, "La France excédée" de Jacques de Guillebon, "L'histoire, la guerre, la résistance" de Marc Bloch en Quarto Gallimard. Robert Grégoire décortique ensuite la dette publique en compagnie de Philippe Marini et Jacques Marseille, juste après, une brève sur "Les 300 jours de Verdun" de JP Turbergue, "Cette France qu'on oublie d'aimer" d'Andreï Makine, "Les caves du métropole" d'Augustin Dubois.

En finale, une nouvelle décapante de Philippe Mesnard, "La Pléiade du Dictateur" ou comment faire entrer SAS, le Club des Cinq et Oui-Oui dans la prestigieuse série muséiculte de Gallimard. Il y a quelques clés qui tournent bien.

Je le répète chaque trimestre. Abonnez-vous, 18 euros par an, c'est le meilleur rapport qualité-prix de la place, et royaliste en plus ! Les vingt numéros sont tous "collectors".



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