lundi 28 février 2022

Stop ou encore ?

Tel Ajax qui massacra les bœufs d'Ulysse les prenant pour ses soldats, Poutine va-t-il se réveiller du cauchemar dans lequel il s'enferre ? Prisonnier d'un univers mental qui a décollé des réalités, le tsar bouffi de haine met en scène publiquement toutes ses décisions majeures avec le concours de généraux pétrifiés par la fuite en avant dont ils sont obligés de lui garantir une issue favorable. La longue table où se figèrent le ministre de la Défense, Sergueï Choïgou, et son chef d'état-major Guérrasimov, devient un meuble incontournable de la propagande du Kremlin.

table du Kremlin
La batterie de caméras qui scrute les réactions doit les mettre à l'aise !

Les quarante-huit heures nécessaires à la prise de Kiev et à l'exécution du "clown" ne cessent de s'étirer, les frères ukrainiens ayant montré un fort désaccord. Quant au soulèvement populaire contre les nazis de Maïdan prévu par le directeur du Renseignement extérieur Narychkine, il fait plus que tarder, sans compter qu'on n'a nulle part vu les enfants des écoles agitant des drapeaux russes au bord des routes au passage de l'infanterie portée. Hélas pour eux tous, au cinquième jour de la guerre, rien n'est acquis, ce qui ne veut pas dire qu'ils n'y arrivent pas bientôt et même avant, tant la crainte de lourdes sanctions court les chefs de bataillons russes engagés au sol.

On savait Poutine étanche aux effets des sanctions internationales, mais il n'avait certainement pas envisagé l'hypothèse d'une expulsion générale et rapide des intérêts russes en tout genre dans la plupart des pays du monde libre, jusqu'à se voir exclus des espaces aériens européens, des compétitions sportives en attendant celle de la FIFA. L'humiliation est le séquestre des avoirs convertibles de la Banque centrale de Russie et la chute vertigineuse du rouble qu'elle ne peut enrayer. Les alternatives au protocole de virements interbancaires Swift seront laborieuses et ralentiront durablement les flux financiers et commerciaux, outre le fait que toute confiance dans les ordres russes a disparu des écrans. La complexité des rétorsions financières et monétaires l'a tenu à distance des détails où se nichent les démons.
Le soutien affiché par la Chine lors des Jeux d'hiver à Pékin l'ont leurré, car mise au pied du mur, la Chine s'avère réticente à tenir à bout de bras le nouvel empire russe en voie d'effondrement économique et social qui, pis est, représente un adversaire géopolitique à échéance de vingt ans en extrême orient. Normalement la Chine prend des gages sur l'aide qu'elle procure, mais s'il est facile de voler le Burkina Faso au coin du bois, il est plus difficile d'en faire autant de la Haute Volta qui dresse seize cents ogives nucléaires vers le ciel à la fin de la discussion. La Chine ne se ruinera pas pour un autocrate en fin de course qui veut entrer dans l'Histoire... quand il s'agit plutôt de faire sa page dans l'histoire de la psychiatrie.

Si je ne doutais pas de la fermeté des réactions de l'anglosphère, j'ai été surpris par celles prises à si bref délai par la Commission européenne et par la Chancellerie de Berlin, entraînant dans leur sillage tous les pays d'Europe orientale et ce même jusqu'au Japon et en Corée du Sud. Nos partenaires européens ont considéré que le soutien aux Ukrainiens méritait bien qu'on ait froid dans les logis jusqu'à l'arrivée du printemps, dans vingt jours. Medvedev glosait sur le confort avilissant des démocraties, il prend lui-aussi une claque. Entretemps arrivent en Ukraine les matériels anti-char et sol-air en recomplètement des dotations perdues, sans même parler des Mig-29 de réforme que possèdent encore la Pologne, la Slovaquie et la Bulgarie. Nous avons finalement compris que l'armement était aussi un moyen de survivre.

De tout celà ne découle aucune victoire sûre des Ukrainiens qui ont affaire à un ennemi surarmé, déraisonnable, colérique et orgueilleux, capable d'avancer des missiles nucléaires en Biélorussie jusqu'à la frontière polonaise pour étendre la guerre à tout son fameux étranger-proche. Les Russes vont-ils eux-mêmes le stopper ? Les informations commencent à circuler, à mesure des communications d'expatriés russes en Occident qui appellent leur famille pour les tenir au courant, voire même de voyageurs bloqués chez nous par l'annulation des vols aériens, qui téléphonent en Russie les raisons de tout ça. Et vont commencer à rentrer... les sacs noirs. Le monde libre exulterait de joie s'il devait être privé demain de la vieillesse de monsieur Poutine. L'autre monde, de soulagement caché !

samedi 26 février 2022

Ad Hitlerum direct !

le Dictateur Chaplin

Est-il besoin d'égrener l'analogie des démarches de l'un vers les Sudètes, de l'autre vers le glacis impérial ? Même l'annonce faite au monde est dans la comparaison, Vladimir Poutine n'ayant cessé d'affirmer qu'il avait le devoir de garantir la sécurité des minorités russes (il ne dit jamais russophone) laissées à découvert par le ressac de l'URSS. S'y agrège la mission de sauver l'âme russe de la pourriture démocratique qui s'exprime dans des monstruosités telles que les trans, pédés, gouines, athées et métis, quand il ne célèbre pas la virilité de la guerre : la Tchétchénie a payé pour voir. Au tour de l'Ukraine ! L'autre analogie, plus récente, est son enfermement à la Howard Hughes, grandes tables, peu de contacts physiques, cercle restreint à trois ou quatre personne autorisées à l'approcher. Mange-t-il de bon appétit ? L'Union soviétique a laissé une armoire à poisons redoutables, Poutine a certainement un goûteur. Mais qu'importe, il va à la messe et la droite française (la vraie) en reste béate d'admiration. Qu'il ait fait tuer vingt fois plus de civils en Syrie que de combattants du djihad ne l'impressionne pas. La malle aux circonstances atténuantes est sans fond. Mais laissons la Collaboration future touiller le petit glaçon dans son petit verre à vodka, il est des choses plus graves nous concernant.

Le Ministère de la Défense envoie quatre Mirage 2000/5 en Estonie avec deux cents soldats (200!) ; et en Roumanie, un groupement tactique interarmes de cinq cents hommes (500!). Afin de rassurer les uns et les autres ?
A leur place je serais inquiet. Plus généralement les forces positionnées aux frontières orientales de l'Alliance sont plus des sonnettes d'alarme(1) que des buttoirs sur une voie d'invasion. Sauf peut-être en Pologne qui depuis toujours se méfie. Ceci pour dire qu'est venue, et malvenue, l'heure du réarmement de masse. L'Allemagne va nous plonger le nez dans les résultats de notre gabegie phénoménale pour nous lâcher en rase campagne parce qu'elle n'a pas décidé de payer son réarmement et le nôtre en même temps. Le char lourd franco-allemand vient de prendre un panzerfrost au flanc : qui fera les moteurs des nôtres ? L'avion du futur sera probablement abandonné par Berlin au profit des productions américaines sur étagère, à moins d'investir de grosses sommes dans la recherche aéronautique fédérale, ce dont elle a les moyens. Pour les hélicoptères, le coefficient élevé d'indisponibilité des Tigre l'a durablement défrisée, à se demander s'il était vraiment utile de concevoir un appareil capable de pratiquement voler sur le dos. Comptons sur nous-mêmes, avec des caisses publiques vides ! Nos partenaires européens se rendront compte si ce n'est déjà le cas que nos projets de coopération sous-entendent leurs concours financiers pour palier l'absence des nôtres ; en ce sens, on leur donne le levier de la définition des produits. Nous n'avons personne à dénoncer pour notre impéritie. Attendons-nous à payer cher les allocations sociales open-bar !
(1) Etat des lieux de la Bundeswehr selon Der Spiegel : risible ou tragique c'est selon. Pire que le nôtre : par ici. S'y ajoute le désastre de l'Ostpolitik, totalement ruinée par l'invasion de l'Ukraine et la menace nucléaire brandie par Poutine.


Plutôt que de sortir le modèle qui épatera le monde au salon de Satory, nos ingénieurs de l'armement friands de nouveautés ultimes devraient rechercher la masse en mêlée pour un combat continental et produire en quantités ce que nous savons déjà bien faire : chars Leclerc, canons Caesar, missiles, VBCI etc... Ne nous cachons pas qu'il sera difficile et cher de convertir une gendarmerie coloniale en corps d'armée vert-Europe. Mais nous n'avons plus le choix, à moins que ne meure de priapisme le petit tsar.

Entretemps, la paranoïa poutinienne a suscité le réveil de l'Alliance atlantique au contact. Finlande et Suède sont depuis hier menacées de représailles par Moscou si elles adhèrent à l'OTAN. La Suède est la plus avancée dans ce but, qui a rétabli la conscription et fortifie ses îles en Mer baltique. Un temps conciliante, elle a carrément choisi son camp (clic), peut-être au souvenir de la puissance redoutée qu'elle fut dans un lointain passé mais plus certainement par les violations répétées de ses eaux territoriales et de son espace aérien par les forces russes. La Finlande est sur la même ligne, qui attend un prétexte car elle a treize cents kilomètres de frontière commune avec le pays du fou. Sans doute se contentera-t-elle d'un accord de coopération atlantique et manœuvres mixtes.

Faut-il conclure ? N'attendons pas le 1er septembre 1939 pour relancer nos industries d'armement. Quant à les financer, je donne ma langue au chat ; mais M. Macron va nous dire tout ça dès son entrée en campagne.

jeudi 24 février 2022

Les zélateurs du Kremlin n'avalent plus !

La guerre est la pierre de touche de la carrure d'un chef d'Etat comme le feu est la pierre de touche de l'or, aurait pu dire Nicolas Flamel. Les candidats qui s'opposent au président Macron ont réagi à l'invasion de l'Ukraine par les armées de Vladimir Poutine, chacun à sa manière. La sélection complémentaire que la guerre leur impose a vite fait d'éclaircir leurs rangs. Alors que les candidats postés aux extrêmes "comprenaient" jusqu'à dimanche dernier les objections du président Poutine qui justifiaient toute menace non suivie d'effet, la guerre ouverte a réveillé l'instinct de survie, sauf pour un, comme nous allons le voir.

Marine Le Pen condamne sans ambiguïté : « Aucune raison ne peut justifier le lancement d’une opération militaire contre l’Ukraine par la Russie qui rompt l’équilibre de la paix en Europe... »; elle appelle à une conférence internationale sous l'égide de l'ONU à Genève sans doute. Que peut-elle faire de plus après l'étalage des relations qu'elle a eues dans le passé avec les chefs du Kremlin pour booster et financer sa candidature ? A mesure que la menace se rapprochera, son patriotisme non feint prendra les commandes chez elle et nul ne peut douter qu'elle fasse bloc sous l'orage avec les pouvoirs français.

C'est plus dur pour Jean-Luc Mélenchon qui historiquement relayait en boucle la propagande russe contre l'OTAN dont la désintégration arrangerait bien les affaires de Vladimir Poutine. Et il en remettait une couche il y a peu en déclarant que dans cette crise, c'était l'OTAN l'agresseur ; et que la prise des républiques populaires du Donbass était une réponse logique (clic). On sent derrière ses grandes phrases d'aujourd'hui une terrible déception qu'il faut vite noyer dans des conférences de la paix qu'il sait inefficaces à retenir son mentor dans sa bataille des moulins. Ainsi faut-il « une réunion immédiate de l'OSCE » et une délibération d’urgence de l’Onu pour obtenir « un cessez-le-feu immédiat et un retrait de toutes les troupes étrangères d’Ukraine ». Bien sûr, il suppose que des bataillons américains ou polonais sont tapis dans les fourrés pour envenimer les choses. On ne se refait pas à si bref délai ! L'affaire restera dans les nuées diplomatiques et ça lui conviendrait plutôt (clac).

Eric Zemmour
Eclairé au gaz russe, Eric Zemmour proclame sa condamnation d'usage de l'invasion tout en adoptant les revendications du Kremlin qui la justifient. Il avait montré le bout de l'oreille lors de la reconnaissance des deux Etats croupions du Donbass (clic) ; il y va carrément aujourd'hui en réclamant de faire droit aux demandes russes dans le cadre d'une conférence internationale sur la sécurité en Europe. Il sort en même temps du commandement intégré de l'OTAN, au moment où nos faiblesses militaires justifient plus que jamais une défense en coalition. Définitivement, un rat de bibliothèque n'a pas la carrure de l'emploi, même s'il y a plus mauvais encore et moins excusable : François Fillon est sur la même ligne, à 180 degrés, la thune est en péril, on aura tout compris.

Valérie Pécresse, comme à son habitude, se paie de mots et critique la forme. En fait, sur le fond, elle ne sait pas quoi faire, mais condamne fermement et exige des réactions fortes. Lesquelles ? Bien en peine de les trouver au fond du crâne, elle n'a pas bossé le sujet. Limites de la technocratie !

Yannick Jadot, Chritiane Taubira, Anne Hidalgo condamnent la déclaration de guerre sans arrière-pensées, Jadot demandant même de soutenir l'Ukraine par l'envoi d'armement. La sphère communiste (NPA, LO et PCF) condamne du bout des lèvres et partage les responsabilités par la formule Ni OTAN, Ni Poutine, on s'en serait douté.

Entretemps, les sanctions prises par le camp occidental ne sont pas minces et les perroquets qui proclament qu'elles ont toujours prouvé leur inefficacité n'ont pas bien lu ou compris le discours de Joe Biden ce soir : un trillion quatre cents milliards de dollars d'actifs russes aux Etats-Unis ne leur parlent pas ! Les Occidentaux - je n'ai pas le détail des sanctions européennes - gardent comme dernière cartouche l'expulsion des banques russes de la chambre de compensation SWIFT qui flinguera complètement le commerce russe, pour le cas où le Kremlin ferait assassiner le président Zélensky que Poutine, tout à sa haine de qui n'est pas lui, méprise souverainement ; jusqu'à le faire liquider par ses spetnatz au prétexte qu'il leur aurait tiré dessus par exemple quand ils sont venus l'arrêter au siège de la présidence à Kyiv. Un peu comme on le fit d'Allende au Chili. On commençait à s'emmerder.

L'Europe nue

Les efforts diplomatiques éperdus des chancelleries européennes qui ont été déployés pour prévenir une guerre ouverte en Ukraine n'ont pas abouti : oubliant qu'il commande un pays membre permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies, Vladimir Poutine attaque son voisin, lui-même fondateurs de l'ONU (on l'oublie), au motif indépassable dans sa paranoïa, qu'il lui appartient et qu'il est libre d'en faire sa chose. Malheur, a-t-il dit, à quiconque oserait se mettre en travers de la reconquête de sa propriété. J'avoue n'avoir pas cru à cette fébrilité de sa part en privilégiant un bluff diplomatique adossé à une menace existentielle qui en resterait au stade de l'intimidation. J'ai eu tort.

Nul ne sait jusqu'où l'affaire ira. Ecoutons nos polémologues qui font assaut d'alarmes : la Pologne et les trois Baltes seraient déjà menacés. Qu'en tirer à ce stade qui nous serve ? Une évidence : la diplomatie non adossée à la force n'en est pas une. Il est coutume de dire dans les écoles de guerre que celle-ci n'est que le prolongement violent d'une politique étrangère assumée (c'est de Clausevitz). Dans le cas présent, la maxime s'applique à la Fédération de Russie et nullement au bloc occidental qui n'a pas les moyens de la faire sur le continent qu'il prétend régenter. En ce sens, et même si ce fut mieux que rien, les rencontres à convaincre qu'avaient décidées nos dirigeants étaient vouées à l'échec sans menace actionnable dans la sphère polémologique. Prenons-en de la graine, si Poutine nous en laisse le temps.
avions de chasse SU-57

Un mot sur les sanctions internationales : la Fédération de Russie va en pâtir, et ses peuples d'abord : mais aussi profondément plongés dans une misère noire qu'ils le soient, ils devront compter dans cette dictature de brutes sur les corps de police à la mode d'antan décidés à les contenir par tous moyens. On les fera taire, on tuera ses chefs sans même se cacher. Le logiciel de la terreur est en place comme l'a montrée l'humiliation publique du chef du Renseignement extérieur Narychkine, au conseil de défense l'autre jour. On comprend aussi que les "tables" immenses n'avaient pas qu'un intérêt prophylactique sous Covid mais font parties de l'image du petit tsar proposée au monde. Les limites de la caricature du Dictateur de Charlie Chaplin sont franchies.

Déjà qu'elle n'est pas si brillante, l'économie russe risque gros, qui devra mettre tous ses œufs dans le panier militaire pour parer à toutes représailles au sol ou dans les airs, et parce que Poutine ne voit plus que "ses" armées. Crève qui n'en est pas, ce n'est pas son problème tant que roulent les chars.
Plus finement : rien ne dit à ce stade que la Chine populaire ne soit pas contente in petto d'une crise économique russe puisque la seule force à sa mesure sur sa frontière nord serait durablement fragilisée, mettant Moscou en position de quémandeur. La Chine a un agenda éternel sur sa frontière steppique : reprendre la Mongolie (extérieure) et toute la rive droite de l'Amour. Outre le caractère "impérial" de ces territoires (comme Poutine avec l'Ukraine et la Biélorussie), ils regorgent de ressources minières. L'affaiblissement économique russe peinant à fournir chenilles et canons, missiles et munitions sophistiquées au front, lui offre le levier des secours financiers. Ce qui lui donne en même temps plus de liberté dans l'ingestion de ces pays voisins autrefois soumis à l'empereur de Chine.

Revenons ici. Nos dirigeants ayant, pour plaire aux masses laborieuses et démocratiques qui les élisent, tout misé sur le soft power, se retrouvent fort dépourvus quand la bise fut venue. Pour ce qui concerne la France, entre la fusée atomique sous-marine et le voltigeur de la Légion, il n'y a rien qui tienne au feu d'une vraie guerre plus longtemps qu'une semaine ; et notre aviation de chasse tiendra l'air cinq jours en cas de conflit continental selon un dernier rapport parlementaire déjà cité ici. C'est le leurre d'une sécurité par dissuasion nucléaire qui ne dissuade pas un ennemi passant sous le radar de la riposte finale qui rayerait notre pays de la carte. Il fallait une armée de mêlée, en coalition sans doute, qui fasse peur. Nous ne l'avons pas. Si les armées de Poutine se rapprochent délibérement des frontières polono-baltes, nous serons happés dans le conflit latent par l'article 5 de la Charte atlantique. Soit, à divers motifs rhétoriques fumeux, nous ne ferons rien comme en 1938 - il ne faut pas écarter cette dépression mentale de notre peuple avachi - soit nous répondrons présent dans l'honneur, mais avec quoi ? Une semaine de soutien aux Lettons ? Le roi Macron est nu.

C'est tout le modèle social français qui doit être repensé car il n'est à l'évidence pas protégé physiquement. Cesserons-nous la gabegie dans l'assistance aux rachitiques et difficiles à venir pour nous réarmer à hauteur de l'idée que nous nous faisons de la France en Europe ? Ou disparaîtrons-nous des pupitres décisionnels où notre logorrhée universaliste ravissait le monde depuis, paraît-il, 1789 ? Les interventions des candidats à l'élection présidentielle française deviennent complètement décalées à partir d'aujourd'hui. Tous ces programmes se fracassent sur le mur des réalités caché derrière le rideau des idéologies démagogiques. La social-démocratie en prend un sacré coup ! J'attends avec intérêt comment le président va vendre nos faiblesses consenties à l'opinion française. Quant à la présidence européenne...

mercredi 23 février 2022

Lassalle président !

En 2017, Jean Lassalle avait convaincu 435364 électeurs de voter pour lui au premier tour de la présidentielle, plus un, moi. C'est le score à battre en 2022. L'homme n'est plus à présenter, et les raisons de le soutenir n'ont pas changé depuis la dernière fois, qui sont :
  • Il avance sur des principes de pleine application et pas sur des promesses de plein vent ;
  • Son projet de régime refonde le gouvernement du pays (au sens large) sur la mosaïque ancienne des communes qui sont la chaîne et trame de la France ;
  • Il a un souci permanent du bien commun et le distingue bien des intérêts majoritaires ;
  • Il identifie parfaitement les lobbies industriels et financiers dont l'agenda est étranger au projet "France";
  • La république vertueuse (c'est le plus grand défi de la démocratie qui est par essence perverse) est son modèle indépassable ; il est donc adaptable ;
  • Son approche accouplant l'autorité naturelle en haut aux libertés basses est tout à fait maurrassienne mais il ne le sait pas, ce qui ajoute à sa sincérité ;
  • Il a un vrai tempérament, il est dur au mal et a su gagner sa vie, il bénéficie d'un vrai parcours professionnel et politique d'expérience.
Hâbleur et roublard comme un Béarnais ensouché depuis la nuit des temps, c'est moins le programme que l'homme qui me va. Il faut dire que la détestation des politocards qui ont hanté ce quinquennat en nous laissant une montagne de dettes et des déficits partout monstrueux, facilite le choix d'un député sincère et compréhensible par tous. Certes, j'en connais ses limites et quelques dissimulations mais le plaisir de l'aventure Résistons! l'emporte, jusqu'à vous engager aujourd'hui à lire son programme... depuis qu'il a obtenu ses cinq cents parrainages. Ben voyons !

Jean Lassalle

Le programme est fait de douze chapitres qui sont présentés sur le site officiel 2022 en cliquant ici. Nous allons en prendre deux, sans faire de la théorie ; restons "paysan", gens de pays :

(1) Décentraliser par subsidiarité ascendante

Pour une intercommunalité à taille humaine : abroger les lois NOTRe et Maptam :
La commune doit retrouver le choix d’intégrer ou non une intercommunalité à taille humaine et sans fiscalité directe ;
Restaurer les compétences des communes ainsi que leur autonomie financière et fiscale.

Reprendre la réflexion sur les régions budgétivores et peu efficaces :
S’orienter vers des Provinces historiquement, politiquement, économiquement et culturellement cohérentes ; ceci afin de valoriser les produits, les savoir-faire, les savoir-être et les langues patrimoniales. Ces provinces permettront enfin les vrais choix territoriaux de demain.

Rétablir les mandats de député-maire et sénateur-maire afin de renouer le lien entre les territoires et la représentation nationale.


La réorganisation technocratique des territoires a abouti à l'accroissement sensible de la distance entre décideurs et administrés à tel point qu'elle a créé par les communautés urbaines (mais dans les intercommunalités c'est pareil) une nouvelle caste de caporaux-chefs, crispés sur des pouvoirs bien plus étendus que leurs capacités propres. Mon exemple :
Ma ville de 35000 habitants est entrée (sans qu'on ne mette ça au vote des intéressés) dans une CU de soixante-treize villes, bourgs et villages pour un total recensé de 408000 habitants. Ayant subi un accident de voiture par la faute entière d'un chantier communal, j'ai pris langue avec le service juridique municipal pour être couvert de la franchise appliquée par ma compagnie d'assurance (avec le renfort de leur service juridique). Je fus renvoyé au service juridique de la CU qui a tout fait pour ensabler mon petit dossier (il n'était pas à la hauteur de leurs diplômes), mon assurance jetant l'éponge devant tant d'inertie 'apparemment' calculée. Serait-il resté à portée dans la commune où, depuis le temps, je connais du monde, que le dossier aurait été traité et finalisé sans problème entre gens de bonne compagnie ; j'en ai la preuve d'expérience. Je comprends donc tout à fait ce que Jean Lassalle veut dire.

Quant aux provinces historiques, je les prends tout de suite. J'ai vécu dans la Septimanie de Georges Frêche et je puis affirmer que l'historicité du territoire était un puissant moteur de dévelopepment, à vouloir redevenir Wisigoth et lui, roi Georges. Paix à son âme.

(2) La justice avant le droit

Renforcer la médiation dans le domaine de la justice :
Soutenir les modes alternatifs de règlements des différends (MARD) pour développer la négociation, la conciliation et la médiation, existant en trop petit nombre. Anciens juges, militaires, gendarmes, commandants de police, responsables syndicaux, cadres…, les médiateurs mettront leur savoir-faire au service de la France en permettant à la société de retrouver davantage d’harmonie. Plus nombreux, ils peuvent devenir les nouveaux juges de paix, qui intervenaient au niveau du canton jusqu’au milieu du siècle dernier. Le médiateur, tout en désengorgeant la justice, apporte une réponse non violente et non juridique à bien des conflits en restaurant le lien humain et en réparant le tissu social.

Augmenter le nombre de magistrats effectifs dans le tribunaux :
Organiser autrement leur recrutement et leurs détachements, à hauteur d’un tiers des promotions par concours et deux tiers par passerelle (sur concours 3e voie et/ou dossier), réservée à des praticiens des professions judiciaires ayant au moins quinze ans de pratique. S’agissant des magistrats administratifs, éviter le développement d’un corporatisme déjà présent.

Lancer un plan de construction de prisons afin de garantir que les peines courtes seront appliquées et que les conditions d’hygiène et sécurité seront respectées :
Elles devront être à taille humaine. Les TGI pourraient y contribuer, permettant de préparer une éventuelle reconversion.

Améliorer le dispositif de l’aide juridictionnelle :
La formation en prison doit faire l’objet de partenariats plus importants avec le monde professionnel. Il s’agit de former les détenus et de préparer leur reconversion en association avec les entreprises.

Légaliser le cannabis, en encadrant strictement sa vente et en dédiant une grande part des recettes à la lutte contre l’addiction.


Revenir aux juges de paix qui n'avaient pas démérité, comme les avoués d'ailleurs, désengorgerait les couloirs judiciaires autant qu'elle nourrirait la Chicane qui semble en avoir besoin. Remonter nos effectifs de magistrats en prétoires au niveau de nos voisins européens ne serait pas dommage. Que du bon sens ! Pourquoi ne le fait-on pas ? Pour garder ailleurs des crédits d'assistance sociale clientéliste ? Le pognon de dingue serait mieux placé à apaiser les temples du droit en France. Reste à traiter la question de la production législative ininterrompue qui noit tous les codes de la république. Je vais lui en parler.

Quant à la légalisation du cannabis : c'est par là.

vers Lourdios-Ichère

Est-ce bien utile de voter pour un candidat qui peine à percer dans les sondages d'opinion à cinquante jours du scrutin ? A quoi je répondrais : est-ce bien utile de voter ?
L'assemblée nationale est devenue le bureau des pleurs, un guichet, ma tante ! Le président élu s'époumone à mentir devant le mur de l'impossible. Le protocole de choix d'un chef d'Etat est faussé par l'essence même de la démocratie, relisons Tocquieville et Proudhon. Alors profitons de l'attention qu'y portent les Français pour faire avancer quelques idées simples en attendant que les loges royalistes décident de descendre dans l'arène et d'entrer en mêlée.

mardi 22 février 2022

Poutine, on peut aussi en voir la fin

"Grotesque" est une épithète traduite en plusieurs langues que l'on retrouve dans les réactions internationales au discours mégalomaniaque de Vladimir Poutine hier soir et à l'envahissement immédiat du Donbass oriental par les troupes russes. La mise en scène du Conseil de défense dans une rotonde du Kremlin, avec les conseillers playmobil rangés en demi-cercle à trente mètres du Tsar, est invendable. Le Guardian préfère l'adjectif "absurd" dans un article au vitriol (clic) qui n'est pas dans ses habitudes.

Vladimir Poutine

Tant le discours s'ensuivant que la posture et la crainte inspirée au petit personnel vertement tancé lors du conseil, sont l'image composée d'un pouvoir au seuil de la démence. Il faut lire la traduction en français du discours-fleuve du 21 février pour comprendre - si l'on a quand même quelques bases historiques - l'étendue de la paranoïa fondée sur une méconnaissance profonde des attentes du peuple ukrainien, peuple nié, aujourd'hui libéré de la propagande moscovite ; les autres, à l'Est, sont perdus sur ce plan, leur cerveau étant lavé en continu par les services d'intoxication mentale. Ce document historique est accessible ici. Un grand merci à Maël-Georges Moullenc. Poutine y parle de "génocide" au Donbass en oubliant de citer le vrai génocide : l'holodomor.

Dans la partie d'échecs Est-Ouest, l'Occident subit ce tantôt la diagonale du fou et perd des pions. Mais les pièces majeures sont intactes, la tour orientale du jeu russe faisant même défaut au Conseil de Sécurité des Nations Unies quand le représentant chinois réaffirme l'inviolabilité des frontières internationales, celles d'Ukraine comprises. D'ailleurs on pourrait faire un long article sur les craintes et conséquences du soutien apporté au Kremlin par le pouvoir chinois, qui mesure aujourd'hui le prix de l'aventure. Dégradation possible des marchés de consommation occidentaux clients incontournables, fébrilité des marchés financiers de devises, valeurs et titres, désorganisation des flux énergétiques imprévisibles, poids des rétorsions en Russie qui déclenchera un appel de Moscou à faire bloc, ce dont les Chinois n'ont pas envie.

A court terme, Poutine bande comme un cheval : il entre au Donbass avec l'intention mal cachée de le conquérir tout entier (les deux oblasts de Lugansk et de Donetsk sont contrôlés encore au deux tiers par Kiev), provoquant une guerre inévitable, que l'Ukraine risque de perdre jusqu'au Dniepr. Mais à long terme il perd tout, et c'est tant mieux si l'on veut que le peuple russe soit libéré de ses autocrates qui lui pourrissent la vie depuis toujours. Avant deux mois...
  • Les convictions anti-russes des Ukrainiens seront parfaites. L'histoire ancienne des peuples frères aura coulé à pic.
  • L'OTAN, l'axe du Mal, sera revigoré à l'Ouest et au sud de la Russie, et les budgets de défense européens vont reprendre des couleurs qui avaient bien pâlies, ce qui irritait terriblement Donald Trump. Les "neutres" ne le sont déjà plus, Finlande et Suède ont senti le vent du boulet et collaborent avec l'OTAN au quotidien. Restera l'Autriche pour héberger des conférences !
  • Les minorités russes aux pays baltes vont être obligées de choisir entre leur intégration et leur rapatriement, car elle deviennent pour les gouvernements de Vilnius, Riga et Tallin, l'ennemi intérieur. L'enclave de Kaliningrad devient un gage, malgré ou à cause de l'installation de fusées Iskander à capacité nucléaire ; les alliés peuvent l'étouffer facilement. On n'est pas loin d'un nouveau rideau de fer, remonté cette fois par les Occidentaux.
  • La réorientation de la stratégie énergétique de l'Union européenne devient plus facile puisque le partenaire russe s'avère ouvertement hostile à l'Europe occidentale et menace l'Europe orientale.
  • L'industrie de pointe russe va subir de graves défauts d'approvisionnements que les ressources chinoises ne pourront pas annuler (à moins de capturer Taïwan !).
  • Certains pays du tiers-monde - et le Keyna est intervenu au Conseil à New York - vont prendre leurs distances avec l'Etat lépreux de Russie dont la fréquentation ouvrira la porte aux remarques et rétorsions occidentales.
  • Et pour finir, l'oligarchie russe sera menacée dans son expatriation de fortune, pour satisfaire le caprice d'un ancien officier du KGB qui a pris le melon.
  • Je ne parle pas du système SWIFT : c'est un monde à part, mais si vous n'en êtes pas, vous êtes coupé des échanges commerciaux que portent les flux financiers instantanés. Les pseudo-alternatives sont un leurre. Reste l'interdiction de trafiquer en dollars US : pour un exportateur net d'hydrocarbures et de minerais, cette interdiction qui va peser sur tous les clients étrangers deviendra vite intenable, au vu des sommes astronomiques engagées chaque jour.

Nota bene : A l'heure où nous mettons sous presse, on ignore les sanctions décidées en Occident contre la Fédération de Russie.


Question, les industries européennes qui ont monté des chaînes de production en Russie tiendront-elles le coup assez longtemps pour passer le choc final ? Leurs homologues russes vont-ils réagir à leur tour contre la politique étrangère du Kremlin ? Le grotesque absurde de la clique d'anciens espions qui gouverne le pays doit les y inciter. J'avais le pressentiment, quand ont commencé les manœuvres de diversion en Biélorussie, que Poutine courait à sa perte parce qu'il allait s'attaquer à une complexité qui le dépasse ! Il s'y hâte lentement, mais y va !

mercredi 16 février 2022

Sept atouts français

Chose promise... (clic) !
Notre pays jouit de sept atouts, deux majeurs, cinq mineurs. Les deux premiers sont les fondamentaux qui entraînent tous les autres et que chacun connaît : une géographie, une civilisation. La France est le seul pays au monde réunissant les avantages suivants :

L'atout-maître géographique

  • Pays de finistère adossé à son continent de référence par des chaînes de montagne, traversé de fleuves et rivières navigables qui se jettent dans cinq mers différentes. Pour les sixièmes : ce sont la Mer du Nord, Manche, Mer celtique, Golfe océanique de Gascogne et Méditerranée. Les six grands fleuves : Rhin, Meuse, Seine, Saône-Rhône, Loire d'aval, Garonne d'aval.
  • Pays de zone tempérée aux terroirs diversifiés cultivables du nord au sud, permettant l'agriculture la plus large en variétés, du houblon à l'olive. Même les zones de montagne produisent.
  • Deuxième zone économique exclusive au monde (ZEE) avec nos possessions d'outremer dispersées.

L'atout-maître civilisationnel

  • La position finistérienne de la France en fait une cage de football : elle arrête toutes les influences surgissant à son orient, qui sinon tomberaient à l'eau ou en barbarie.
  • Fille de Rome, elle-même fille de la Grèce, la France a conjugué à sa façon la tradition de sagesse de l'une et celle d'efficacité étatique de l'autre pour produire très tôt une civilisation propre, capable de rayonner à son tour sur toute la planète. Peu de pays ont fait cette conversion ; l'Angleterre un peu, qui fut rongée par son mercantilisme.
  • Le français est le "grec moderne". Abîmée par les cuistres de l'Education prétendûment nationale, la langue française est encore préférée pour sa précision, sa ressource syntaxique. Pour les secondes, voici quelques auteurs étrangers connus ayant choisi d'exprimer leurs idées, leurs rêves, leur idiosyncrasie en français : Eugène Ionesco, Emile Cioran, Milan Kundera, Pablo Neruda, François Cheng, Samuel Beckett, et quantité d'autres moins connus en Afrique du nord et noire, en Asie du sud-est, en Amérique du sud. La Francophonie, décalquée des empires français, a produit des auteurs remarquables par leur plume, dont le dernier prix Goncourt au Sénégalais Mohamed Mbougar Sarr. Et le peuple français, contrairement à d'autres, continue à lire.
  • La conjugaison d'influences prestigieuses dans les arts et dans la conduite des mœurs politiques sur une trajectoire de mille ans, avec la pratique d'une langue exceptionnelle a fait précipiter un esprit particulier de finesse et de paradoxe que tous les grands de jadis s'approprièrent et qu'aujourd'hui encore, l'élite intellectuelle se flatte d'assimiler. A la fin du monde, il restera beaucoup de la France sur cette planète. Ce qui explique la place de première destination touristique.
  • Enfin la Loi. Făguó en chinois désigne "le pays de la loi" 法國. C'est le pays des droits de l'homme et de l'esprit des lois. Faut aussi faire avec !

fusée Ariane 6

De ces deux atouts-maîtres découlent les cinq autres :

  • (3) Une production agricole variée de qualité avec pour dérivé, la première gastronomie du monde, en constante évolution et qui garde son rang. Le Michelin est le saint graal de tous les restaurateurs de la planète Terre.
  • (4) L'industrie aérospatiale qui fabrique des aéronefs de guerre et des avions commerciaux de toute taille, des fusées balistiques et des missiles de guerre, des vecteurs spatiaux gros porteurs comme la fusée Ariane, des satellites en tout genre et des composants sophistiqués de recherche orbitée au besoin.
  • (5) Le luxe, et c'est le moment de le dire : que le monde entier nous envie !. L'Oréal, LVMH, Hermès sont les GAFA français qui rachètent en continu des succès étrangers. Nous sommes imbattables, la place de Paris est la capitale mondiale du luxe. Que la Ville y concoure mieux ne pourrait nuire. A l'occasion, signalons une filière méconnue : la filière française du cuir d’excellence, qui représente cent trente mille emplois dans 9400 entreprises et produit 25 milliards d’euros de chiffre d’affaires, la moitié exporté (le saviez-vous ?).
  • (6) L'ingénierie nucléaire. Si l'industrie nucléaire française a pâti de choix politiques contestables parce qu'exclusivement électoraux - la démocratie en action - l'ingénierie elle-même et la recherche ont survécu. Au moment où la crise climatique relance la production électrique nucléaire, la filière atomique redevient un domaine essentiel du futur, et nous y avons de l'expérience, parfois de l'avance (Iter). Aucun pays ne peut décider demain de s'y lancer sauf à accepter d'en voir quelque résultat trente ans plus tard. Oui, c'est un vrai atout pour ce pays sans rente minière.
  • (7) La panoplie d'armes. Elle est complète. Nos trois armes sont performantes en qualité et celle de dernier recours, la dissuasion nucléaire, à jour. C'est une base sine qua non pour édifier une armée de capacité continentale. Nous en serions moins loin si nous avions pu nous entendre avec le pouvoir britannique qui partage avec nous quelques synergies industrielles et diplomatiques. Tout dépend bien sûr de la mission assignée à nos armées. Mais disposant de la deuxième ZEE au monde, il n'est pas difficile de comprendre que la composante navale doive être privilégiée, si toutefois nous voulons nous y maintenir. Comme nous le disions en pied d'article sur les Sept Plaies, la composante "armée de mêlée" doit aussi être renforcée à la hauteur de la menace russe revenue en Europe pour continuer à soutenir nos alliés orientaux. Arrive ici la question subsidiaire de l'OTAN.
    Rappel : Royal-Artillerie considère l'OTAN comme le meilleur outil de défense sur étagère aujourd'hui, comme nous le montre encore la crise ukrainienne. Mais autant nous renforcerons nos propres forces, d'autant nous élargirons nos capacités d'autonomie stratégique. Ce n'est donc pas une question de verbe, d'orgueil ou de slogans électoraux, c'est bêtement une question d'argent ! Passer les crédits militaires de 2 à 4% du PIB obligera à trouver dans la dépense publique les économies à hauteur de ce défi.
Sept, c'est tout !

dimanche 13 février 2022

Vertige du chaos LR

En attendant la guerre d'Ukraine, la vente des promesses continue. Si Poutine déclenche les hostilités - il est cornérisé et son ego souffre : Biden va lui piquer sa carte bleue - la campagne électorale française sera terminée. Le président sortant rempilera au dernier jour du délai légal et passera au premier tour avec 75% des voix ! Le peuple ne va pas risquer un débutant au bruit du canon.

V. Pécresse
Sur la guirlande à bouffons, c'est Valérie Pécresse qui tient le pompon. Après le meeting au Zénith de Paris, ce dimanche après-midi, il n'y a plus de discussion possible, l'égérie des Républicains de gouvernement est nulle à l'oral. Pas de spontanéité, sauf un peu à la fin puisqu'on lui avait dit de parler d'elle. Pas d'enchaînements, pas d'aisance naturelle, un micro de tête pour marcher sur tout l'estrade et prendre l'auditoire à témoin, mais elle est restée planquée derrière le pupitre, une récitation de slogans lus et relus en groupe de travail, récitation hachée par les chœurs de groupies qu'elle écoute six fois avant de redémarrer jusqu'au prochain arrêt. Certes, les mesures ne sont pas mauvaises pour la France, autant qu'on pourra quand même les payer après l'atterrissage, mais il ne s'agit pas de ça : la course au second tour se joue à trois plus un. Et plus que jamais, il s'agit de la rencontre d'un "homme" et de la Nation. Ces trois-là plus l'autre doivent enthousiasmer l'auditoire, emporter les gens dans un rêve construit, certes crédible mais qui les emballe aussi. Ce que savent faire Eric Zemmour et Jean-Luc Mélenchon ; Marine Le Pen un peu moins mais de mieux en mieux. Une heure de récitations écrites par M. Stéfanini et de dérapages contrôlés par Eric Ciotti fut une purge. C'était chiant ont dit certains.
Et pourtant, qui pouvaient lui donner du courage, peu nombreux les caciques absents : Rachida Dati fit le voyage pour bien montrer que ses critiques n'étaient que techniques, François Baroin surprit par sa présence (il était au Trocadéro), les quatre concurrents du congrès LR étaient tous là qui parlèrent, mais qui, habitués des meetings politiques, ne furent certainement pas convaincus. Gérard Larcher. J'ai comme bien d'autres la perception qu'elle est manipulée par des marionnettistes, on voit les fils en plus, et que malgré sa détermination à être la cheffe, elle n'a pas brisé le moule de terre cuite du congrès de décembre pour voler de ses propres ailes. Et cela, je crois, tous les téléspectateurs s'en sont rendus compte.

Avant ce meeting pour rien ou pas grand chose sauf en factures, 40 millions de clandestins ont passé la frontière de Schengen l'an dernier : Valérie Pécresse ne comprend pas ce qu'elle dit, elle ne lit pas ce qu'on lui tend, elle ne vérifie pas. Elle n'a pas vu l'hénaurmité du chiffre. Le vrai chiffre est de 0,2 millions. L'emploi visé me semble au-dessus de ses capacités. Je ne veux pas d'une forte-en-thème à l'Elysée dans les griffes de ses conseillers ou ministres rusés qui passeront la journée à avancer leur propre agenda. Si elle semble réussir à la tête de la région Ile-de-France, elle n'a pas l'épaisseur politique de l'incarnation attendue - on a déjà donné avec François Hollande - elle n'a pas le look de l'emploi, ni la voix, ni le regard... ni le discours. D'ailleurs, elle avait quitté le parti des Républicains parce qu'elle refusait les thèses radicales de Laurent Wauquiez et d'Eric Ciotti, thèses qu'elle embrasse aujourd'hui après avoir repris sa carte pour concourir. Elle avait même créé un parti à sa main, Soyons Libres ! Valérie Pécresse n'est qu'ambition.

Si elle n'accède pas au second tour (et s'il y en a un) le parti ne résistera pas aux forces carriéristes centrifuges qui commencent à le disloquer. Et Sarkozy n'est pas venu, qui a jugé dès le début - ça a fuité - qu'elle ne ferait pas l'affaire. Si sa volonté est de faire battre l'extrême-droite à tout prix avant d'entrer au quartier VIP de la Santé, il se déclarera sans honte pour Emmanuel Macron aussitôt que Pécresse sera dans les décors, et peut-être même avant (la grâce présidentielle ça existe aussi). Les téléphones LR vont sonner ce soir, les effluves du chaos.

Aussi terrible que cela puisse paraître, en période de fortes turbulences - normalement ça devrait péter mercredi prochain sur la frontière ukrainienne si l'on croit les agences - nous allons reconduire le même, par précaution. Il est vrai qu'aucun de ses contempteurs ne donne confiance. J'aurais vu un Barnier, de la tête et des épaules, mais les casques à pointe des LR lui ont préféré Ciotti. Erreur tragique, il va nous rester Justin Macron. Les peuples en démocratie ont les chefs qu'ils se donnent !

vendredi 11 février 2022

Sept Plaies françaises

En son temps, Alain Peyrefitte écrivit Le Mal français : la France avait loupé la Réforme et était tombée du côté obscur de la force archaïque et hiérarchisée à outrance. L'Europe protestante allait briller de mille feux - la banane bleue d'aujourd'hui - quand nous resterions empêtrés dans les génuflexions, la corruption cléricale et des règles obsolètes en tous domaines, agravées par un contrôle social, parfois féroce, qui aboutira à la sanglante Révolution française. En gros, bien sûr, en gros ! Mais nous n'allons pas faire le procès de la Révocation de l'Edit de Nantes, décision malheureuse pour la seule gloire du roi, qui allait déclasser durablement le pays dans les arts et les métiers. Les canons de Gribeauval furent forés par les Maritz, fondeurs protestants de Berne, car nous n'en avions plus. Ce n'est pas le vrai sujet.

Marianne en larme

Le vrai sujet est que la France a atteint un palier de décadence si bas qu'il faut sans doute chercher en nous-mêmes les raisons de cet effondrement historique parce que les causes extérieures n'expliquent pas tout. Le constat est très simple parce que chiffrable (tous les ministères produisent des chiffres, des bilans). En aucun des cas cités il ne s'agit de sentiment, de perception. Non, des faits absolus :

- Déficit commercial humiliant comparé au résultat de tous nos voisins ;
- Dette colossale gagée sur rien ni quedalle pour un pays avec tant d'atouts ;
- Déficit budgétaire primaire avant service de la dette (l'Italie est en excédent) ;
- Déficit budgétaire total agravé par une gestion électoraliste de la pandémie ;
- Déficit social (CNAM, CNAV, Assedic) insoutenable qui nous oblige à faire la pute sur le Golfe ;
- Désindustrialisation quasiment achevée par le patronat mondialiste (toute relance augmente les importations) ;
- Souveraineté alimentaire en péril malgré la PAC organisée à notre profit (même là nous avons merdé);
- Souveraineté énergétique perdue - 16% de gaz russe - (on la retrouvera peut-être dans quinze ans par les EPR et les SMR) ;
- Insécurité générale, impossible à combattre avec les armes législatives émoussées par la naïveté de gouvernements tétanisés par des "valeurs" de gauche.
Ceci est le constat, volontairement abrégé. Quelles en sont les causes ? A mon avis ?

Il y a sept causes, toutes humaines, les 7 plaies françaises :

  • (i) Une classe politique sous-calibrée et vénale par défection des vraies élites qui font carrière ailleurs que dans le marigot politicien.
    Dans sa vie professionnelle ou civile chacun de nous a croisé des types qui en imposaient, de grande culture, d'autorité naturelle et toujours les plus aimables. J'ai rencontré parmi ceux-là il y a longtemps le Cévenol Julien Tardieu, maire de Paris, comme le sénateur aveyronnais Raymond Bonnefous. Des gens que l'on écoutait avec attention et respect. Aujourd'hui la ville de Paris est dirigée par une inspectrice andalouse du Travail qui désespère de son arrogance ses équipes municipales et dont le seul talent politique fut de se glisser dans son emploi en détournant l'esprit de la loi PLM, sans avoir jamais gagné un arrondissement parisien. Quant à la vénalité de notre classe politique, sa corruption est de notoriété publique, et quand s'y ajoute l'avarice d'un François Fillon, stipendié par une société du Kremlin, il n'y a plus qu'à tirer l'échelle.

  • (ii) Une immaturité politique chronique du corps électoral qui court après les vessies éclairées et rechigne à lanterner ses représentants.
    Que notre classe politique ne soit pas au niveau (elle vote par clientélisme toutes les calamités budgétaires) est une chose, qu'elle soit élue est plus grave. Les Français n'aiment que le spectacle politique, pas la politique de la cité. Ils n'y comprennent rien et ne savent toujours pas que les milliards qui volent au-dessus de leurs revendications sont tirés de leur poche. Les peuples voisins le savent, eux !

  • (iii) Une classe de grands patrons cooptés qui sédimentent dans les conseils d'administration et ne défendent qu'eux-mêmes.
    Il y a une arrogance très française des anciens élèves de nos grandes écoles qui ne connaissent personne de plus intelligent qu'eux. La plupart sont des super-employés payés une fortune, qui n'ont pas la fibre patrimoniale de certains homologues étrangers dont l'entreprise est leur enfant. Quand nous sommes opposés à eux, nous perdons presque à chaque fois parce que ceux-là sont habités par leur boîte quand nous, nous y habitons ! La râclée emblématique fut le contrat nucléaire civil perdu par la crème atomique française aux Emirats au bénéfice des besogneux du coréen KEPCO (Hyundaï).

  • (iv) Un peuple dont le cerveau a été javélisé à l'assistanat public du berceau à la tombe et qui choisira toujours l'avantage immédiat.
    Si nous sommes fiers d'être le peuple des droits de l'homme quoique dans le passé nous imposâmes les nôtres sans trop chercher ceux des autres, nous sommes devenus depuis la récompense du CNR-1945 à un peuple battu le "peuple des droits" tout court. Des droits à ! Des avantages acquis ! De la "lutte" ! De la grève ! etc... ou, pour faire plaisir à M. Zemmour : « nous avons trop revendiqué, nous n'avons pas assez servi !» (PP capitulant en juin 40). Notre appétit insatiable d'allocations en tout genre, notre complexe égalitaire, notre soif de loisirs, ont fini par ruiner notre modèle social auquel s'accrochent encore quelques fous, inconséquents et parfois bêtes à manger du foin. Les Français ont mis la France en coupe réglée. Chapeau les cons !

  • (v) Une classe de hauts fonctionnaires qui a capté l'Etat à son bénéfice et décide de tout dans un complexe de supériorité (le néo-colbertisme sans Colbert).
    L'impéritie de la classe politique - et ça remonte à loin - a obligé l'Administration à prendre le pouvoir pour que la maison France soit tenue. Ainsi le pays a-t-il traversé la IVème République sans graves dommages (mise à part la guerre socialiste d'Algérie) et même avec quelques succès. La fabrique des hauts fonctionnaires supplanta rapidement dans la conduite du pays les anciens élèves des Grandes écoles d'ingénieurs et d'artillerie parce qu'elle tint très tôt les cordons de la bourse et qu'une partie considérable de cette aristocratie est entrée dans les hémicycles de décisions politiques auxquelles elle aurait dû être naturellement subordonnée. Cette classe - La Casta en Italie - est inexpugnable. Elle fait même la pluie et le beau temps, et quand l'orage gronde, elle fait élire l'un des siens, Emmanuel Macron, qui la protègera.

  • (vi) Une immigration de peuplement délibéré, au motif de dénatalité des souchiens, qui appauvrit le niveau moyen général, les caisses publiques et qui bourre les prisons.
    Que la terre soit basse, qu'au cul des bennes puantes l'odeur soit incommodante, que les chantiers de plein vent soient fatigants, froids ou trop chauds, que le BTP paye mal, que le travail posté en usine use prématurément la santé etc... oblige à importer des nègres. Il est carrément stupide de les prendre en otage dans la dénonciation de nos insuffisances. Il faut bien faire tourner les bétonnières et cuire le pain. Que par contre on légalise les regroupements familiaux de gens uniquement intéressés par les prestations sociales et qui pis est pour certains, transportent de chez eux une haine viscérale de la France, est d'une grande idiotie. Nous savons quels imbéciles ont signé.

  • (vii) Une orgie soviétique de normes, règles, correctifs en tous domaines pénétrés par l'Etat qui veut absolument tout contrôler avec des administrateurs de terrain sous-formés ou incapables. D'où le blocage de la créativité, de la recherche, de l'entreprenariat et surtout de l'enrichissement personnel qui reste ici un péché.
    Le paysage normatif et réglementaire français est tellement monstrueux que je ne vais pas épiloguer. A notre propre vice jacobin - les "bureaux" de Maurras - nous avons ajouté celui de la technocratie européenne qui produit du texte à jet continu, étant jugée et payée à la ligne !

Est-ce la peine de développer plus encore ? Chaque lecteur de ce blogue a déjà compris : il ne suffira pas de "réformer" le pays. D'ailleurs avez-vous entendu un candidat à la présidentielle prendre à bras le corps une des sept plaies ? la sixième par M. Zemmour, mais qui ne résout pas le problème posé par la paresse d'un peuple amolli.
Aucun candidat n'a la carrure pour conduire la révolution nécessaire, que le peuple n'acceptera pas en plus ! Ce pays irréformable va donc être exposé en proie dès que les taux d'emprunt dépasseront nos capacités de service de la dette parce qu'il faudra taper où les Français sont le moins prêts à recevoir des coups : les prestations sociales, ce fameux pognon de dingue qui nous fait champion du monde de l'Etat providence à compte d'autrui. Autrui étant nos enfants et leurs propres enfants.
Demain, les 7 atouts français ?

Nous n'avons pas parlé d'une autre grave question : nos armées, surestimées en capacités de combat intensif. Entre la dissuasion nucléaire et nos unités (très entraînées certes) de gendarmerie coloniale, nous avons des unités de démonstrateurs, nous n'avons pas la masse critique dissuasive dans aucune des trois armes. C'est le CEMA Lecointre qui l'a dit juste avant de partir. Faut-il faire un article sur cette supercherie ? Pas la peine. Le site Atlantico s'en est occupé. L'obsession islamiste et le maintien de l'ordre africain dévorent les crédits qu'il faudrait allouer à l'armée de mêlée pour faire peur sur le continent et à la Marine pour tenir l'outremer. Nous en sommes loin. Lire l'article.
Dieu contienne la Russie !

mardi 8 février 2022

Psychothérapie du Csar

le Kremlin
Cinq heures de discussions pour rien avec M. Macron ? Pas vraiment. Les "observateurs" payés au mois sont à jeun d'avancées concrètes... Quelles avancées concrètes leur faudrait-il ? Si vous allez chez le psy pour analyse il n'y a pas "d'avancées concrètes", seul votre cerveau est exploré afin d'en modifier les logiciels à la marge. Cinq heures d'analyse de Vladimir Poutine n'est pas du temps perdu si l'on veut bien considérer que le tsar est en échec dans son chantage ukrainien mais qu'il est parfaitement capable de se jeter dans la guerre pour desserrer l'étau psychologique dans lequel il a glissé sa tête. Tout dépendra maintenant du doigté que le docteur Macron a mis dans son travail.

En 2014, les Ukrainiens étaient partagés sur l'insurrection de Maïdan, sur l'accord d'association avec l'Union européenne et personne ne parlait de l'OTAN. L'armée ukrainienne était une gigantesque casse militaire. La capture sournoise du Donbass avec ensuite distribution de passeports russes, la destruction en vol du Boeing 777 de la Malaysian Airlines, la capture de la Crimée de Simféropol (passe encore pour Sébastopol) avec un référendum bidon de rattachement à la Fédération, la nationalisation de la mer d'Azov par le pont de Ketch, les manoeuvres russes permanentes sur la frontière, toutes ces actions ont changé l'eau du bocal mental ukrainien. Si les Russes restent des frères, parfois hostiles quand même, le Kremlin est vu comme une famille de la mafia oligarchique au pouvoir ; le rapprochement avec l'Union européenne est jugé comme une nécessité pour sortir le pays de sa crasse soviétique ; l'armée s'est rééquipée en rénovant tout l'héritage du pacte de Varsovie et en important de l'Ouest des armes modernes ; l'OTAN est désormais en Mer Noire, déploie ses bataillons en Roumanie et sur les frontières baltes ; la Finlande autrefois active dans une neutralité russophile collabore à l'OTAN, la Suède fait de même, réarme et rétablit la conscription, et pour finir, enfin presque ; l'enclave de Kaliningrad est désormais un gage et le gazoduc à pomper des devises convertibles est en grave péril. On ajoutera le renouveau d'intêrêt du Pentagone et de la Maison Blanche pour les complications européennes alors que tout avait été fait par l'Administration Trump pour à terme laisser l'Europe vivre sa vie. Nous ne pouvions que nous entendre avec Moscou, s'ils y mettaient un peu du leur. Chapeau l'artiste !

Alors, que M. Macron ait accouché les obsessions de M. Poutine, secrétées par une paranoïa endogamique en cercle fermé de politiciens sous-calibrés, a permis de lui faire comprendre que personne à l'Ouest ne voulait le renverser par quelque révolution de couleur que ce soit ; parce qu'au bout du bout, c'est ça sa plus grande crainte : une insurrection démocratique à Moscou suscitée par les agences américaines. D'où le détournement des soucis de l'opinion russe vers un affrontement construit de toutes pièces pour libérer l'Ukraine. Il faut souhaiter qu'Olaf Scholz qui va lui succéder au chevet du patient saura apaiser ses bouffées de chaleur et continuer le travail de divan. Saura-t-on lui faire accepter l'idée que tout l'Occident s'en fout de la Russie actuelle tant qu'elle envoie du gaz et des wagons de minerais ? Faut pas le vexer non plus ! L'autre levier d'un apaisement est justement l'oligarchie que l'Occident menace dans ses avoirs externalisés et son patrimoine étranger. L'accumulation de toute une vie de pillages et corruption ruinée pour faire peur aux demi-fachistes de Kiev ? C'est too much !

Les mêmes "observateurs" avancent une stratégie sino-russe que nos projets de rétorsions auraient provoquée. C'est oublier que Moscou est dans le pacte de Shanghaï depuis le début pour la simple raison que la Fédération est partie intégrante, et pour beaucoup, de la géographie de l'extrême orient. Maintenant, tenir la dragée haute à d'éventuels contempteurs sur sept mille kilomètres de longitude avec le PIB de l'Espagne, est une sacrée gageure, surtout si des moyens considérables se retrouvent bloqués sur la frontière européenne et baltique afin de montrer aux foules qu'elles sont bien protégées des hyènes, chacals et autres charognards occidentaux la bouche en sang. Et puis la Syrie, la Libye, le Sahel... ça commence aussi à faire beaucoup. M. Macron n'a sans doute pas cherché à percer les intentions du Kremlin au Mali - on les devine - mais peut-être a-t-il signalé à son hôte qu'il risquait bien de lui laisser très bientôt le bâton merdeux malien, plus facile à prendre qu'à lâcher ! Les Wagner n'y suffiront pas !

samedi 5 février 2022

L'âne du jour

F. de La Rocque
Lt-colonel François de La Rocque
Président des Croix de Feu
Le 6 février tombe un dimanche cette année. En 1934, c'était un mardi de vent froid, ce qui n'avait privé les ligues patriotiques de marcher sur le Palais Bourbon pour dénoncer une fois encore une classe politique pourrie jusqu'à l'os. Chaque année ou presque, Royal-Artillerie fait un "petit quelque chose" pour le 6 février 34 où nous eûmes des morts.
On aurait de quoi démontrer que ce funeste jour fut le jour zéro du déclin de l'Action française qui avait conduit l'insurrection, et, partant, celui du royalisme populaire. Chauffés à blanc, les sections de camelots s'avèreront impuissantes à franchir le rempart des gardes mobiles et républicains dont on fit donner la cavalerie. Sera établi pour longtemps que tout combat contre la Gueuse devra se faire en alliance, voire en coalition. Et les premiers surpris au soir de l'émeute furent peut-être les camelots invincibles qui surestimaient l'effet d'entraînement et apprirent que les autres mouvements "dégagistes", Croix-de-Feu en tête, n'étaient pas royalistes, eux. Ils surent aussi que les grands noms de l'AF étaient absents, Charles Maurras écrivant son article au vitriol au siège du journal. Pour faire plus court encore, l'Action française est devenue le 7 février 34 un journal d'opinion, des lecteurs, et c'est tout ! Peu à peu, les "activistes" s'adressèrent en nombre aux mouvements fascisants qui naissaient en Europe pour régénérer par l'esthétique païenne une civilisation avachie, sans faire confiance aux princes moins encore aux rois.

Aujourd'hui, l'Ecole de pensée pense et distribue les bons points en maître d'école, mais elle ne sera pas au moulin tant occupée qu'elle est au four, à cuire son pain de presse. Les masses mécontentes de la Vè République, que les partis politiques ont détournée à leur profit, ne cherchent qu'à chasser la canaille des hémicycles comme elles attendent que d'autres chassent la racaille des cités. Le dégagisme fut le ressort de l'élection d'Emmanuel Macron et l'arrivée en force à l'Assemblée nationale d'une députation de puceaux leva bien des espoirs d'un renouveau, d'un rajeunissement. Mais au lieu d'apporter la fraîcheur attendue en ces lieux moisis par l'histoire, ceux-là se sont laissées circonvenir par les vieilles crapules politocardes qui, elles, en avaient gardé sous le pied et surent les contenir à coup d'arcanes et de réglements.
Si elles aspirent à une république propre, intègre et juste, les masses mécontentes ne considèrent pas (encore) qu'une monarchie soit une clef de résolution du problème. Demandez-leur. On est dans la même configuration qu'en 1934 : un mécontentement général dans le pays, mesuré à 84% par les sondeurs avant la grande manifestation des Gilets jaunes du 24 novembre 2018 : pas d'appel au roi ! Se pose la question des moyens de conviction de ces masses puisque jusqu'à plus ample informé nous vivons encore et pour longtemps sous la loi du Nombre. Après avoir bien pensé, où faut-il aller ensuite pour renverser ce régime une bonne fois ? J'allais répondre "aux armureries", mais c'est plutôt ma langue au chat !

Si les grands noms de l'Action française (à part Maxime Real del Sarte) étaient aux abonnés absents, Drieu La Rochelle, lui, était à la Concorde, comme Brasillach d'ailleurs. Il en dit long et aussi :
« Un énorme flot noir, luisant de bourguignottes, qui depuis un moment s’amassait un peu à droite du pont s’enveloppe d’un léger nuage… Les revolvers partent… Le flot noir s’élance, craquant de cent coups de pétards, et s’élance furieusement, dirigeant tout sur les Champs-Elysées ; serrant de près, je vois l’escadron brandissant ses sabres qui s’élance aussi. C’est une course gémissante à travers pelouses et bosquets. Les paquets de mobiles bondissent partout, tiraillent. Ils tirent bas ; je ne vois que deux blessés et deux ou trois balles claquent sur le bitume autour de moi. Je suis dans les allées, je crois que les chevaux n’iront pas entre les arbres. Je souffle. Mais une troupe de chevaux arrive du côté de Boissy-d’Anglas. Je me planque derrière un arbre, à genoux. Des cavaliers m’arrivent à droite et à gauche et me lancent leurs sabres. Je reçois un léger coup sur l’épaule, de très loin. Le type à casque me hurle son cri. Je repars jusqu’au Rond-Point. Les masses de mobiles suivent. Au Rond-Point, les fuyards furieux brûlent un autobus. La nuit, les espaces déserts dévorent peu à peu la foule qui s’en va, haineuse et revancharde.»


violettes
in memoriam Robert Brasillach
† 6 février 1945
R.I.P.

jeudi 3 février 2022

Offre de soutien AF aux candidats

La grille de soutien de l'Action française aux candidats à la présidence de la République est publiée (clic). Le Bureau politique jugera de l'intérêt de chacun sur la base de neuf intentions précises (le découpage est de Royal-Artillerie):
bannière AF

  • l'indépendance programmée du pays en sortant à terme de l'Union européenne ;
  • la sortie de l'OTAN ;
  • le retour à une monnaie nationale ;
  • la souveraineté juridique en proclamant la prééminence des cours françaises sur toute cour extérieure au pays ;
  • la restauration des libertés basses en déjudiciarisant l'expression d'opinions et la recherche historique et en supprimant les passes ;
  • le retour de l'éducation des enfants à la sphère familiale ;
  • le réaménagement du territoire en stoppant la métropolisation ;
  • la réindustrialisation du pays ;
  • brider l'immigration et combattre le communautarisme.
Le communiqué du BP se termine ainsi :
« L’Action française n’ignore pas que le régime républicain, indépendamment de la bonne volonté de patriotes sincères, interdit toute politique efficace de long terme dans ces domaines. Elle soutiendra toutefois tout candidat qui fera siennes ces exigences d’intérêt national, puis tout dirigeant politique qui les mettra en œuvre dans le souci du Bien commun. Elle n’en continuera pas moins de lutter pour préserver l’héritage et ramener l’héritier, la monarchie royale étant seule à même d’assurer une politique pérenne garantissant le salut de la nation et la prospérité des Français.»

fleurdelis AF

Commentaire :

Nous pourrions évaluer le "programme d'action" point par point mais nous préférons le mettre en situation.

Aucun des candidats déclarés à ce jour ne promeut le Frexit ni de quitter l'Eurogroupe. Les difficultés que rencontre la Grande Bretagne dans la mise en œuvre du Brexit, alors qu'elle est une île britannique déjà séparée de l'Union, anticipent l'impossibilité géopolitique de la sécession. Concernant la monnaie, les candidats ont compris le refus catégorique de tous les peuples gitans d'abandonner l'euro en 2008, aucun n'ayant confiance dans une piastre nationale locale. Les Français, pareil ! Aucun candidat ne propose non plus de sortir de l'Alliance atlantique ; les plus téméraires exigent de sortir du commandement intégré de l'OTAN, ce qui dénote un défaut d'analyse du sujet "défense". A priori donc, l'Action française n'adoubera personne, sauf à marquer son intérêt à l'occasion pour telle proposition de l'un, telle proposition de l'autre ; faudra-t-il encore disposer des moyens de se faire entendre.

Nous aurions préféré que l'AF fasse à grand bruit la démonstration concrète, rapide et actualisée de l'impérieuse nécessité d'un retour de la monarchie sur le domaine régalien, qui est le plus maltraité par le pouvoir et le plus essentiel pour l'Etat ; plutôt que d'égrener des mesures, pour un tiers infaisables, pour les deux tiers noyées dans le vacarme de la propagande électorale dont les chaînes bombardent l'opinion, car ils sont nombreux les candidats à la réindustrialisation dans un réaménagement du territoire. A défaut de le voir paraître dans la presse mainstream dans les jours qui viennent (pour le 6 février ?), nous penserons que ce communiqué est à usage interne, même s'il est déjà référencé chez Google-actualités par la clé de recherche "action française".

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