mercredi 31 octobre 2012

Google vs. Kane

Citizen Kane sur le bouillon
Les journaux que pille le géant de Mountain View - je vais être sympa, c'est ma logeuse - exploitent des schémas économiques corne-cul et s'en plaignent. Subventionnés à mort en France (car il en meurt, comme le journal russe France Soir), soutenus par la publicité des corporations commerciales et publiques comme la corde tient le pendu, ils cherchent de l'argent comme un Hébreu la manne au désert, au lieu de réinventer la fabrique de l'information adaptée, la fabrique pas l'information, adaptée non pas aux temps - le temps ne lit pas - mais aux clients. Couverts d'experts comme un chien de puces, ils se sont fait bourrer le mou sur la e-économie, un pied dedans, un pied dehors, changeant un peu mais pas trop, gardant les plumes d'antan pour afficher des signatures, faisant jeune, gratuit ! Que dalles ! Les quotidiens sont devenus "horaires", rafraîchissant leur production en continu ; ils travaillent 24/7 et saignent des frais. Les hebdomadaires s'y sont mis aussi, qui cannibalisent le créneau du quotidien et sont aux pièces pareillement. C'est le grand foutoir de l'information en continu, avec beaucoup de recopies, même entre grands titres. Et à la fin, le bénéfice est ce que laisse la publicité, s'il en reste !

Chacun des grands journaux de la planète a choisi sa voie et aucun n'en est content : le New York Times est en kiosque et en ligne, le South China Morning Post de Honk Kong est en ligne mais limite votre IP à deux articles avant de vous abonner, le Times de Londres est en kiosque et met en ligne une version d'accroche avec juste le début des articles, le Asahi Shinbun de Tokyo double ses éditions papier d'éditions digitales libres (dont une en anglais).


La plupart des internautes, n'ayant pas d'agrégateur maison qui monte à l'écran la sélection de sites d'information choisis, s'en remettent à des compilateurs automatiques comme Google News ou Yahoo News. L'article qui dans le tas les intéresse, ils vont l'appeler au site du journal pour le faire monter dans leur navigateur. Ceci suppose une édition digitale du journal, mais d'abord un kiosque de présentation, ce que fait Google puisque c'est de lui qu'il s'agit. Les journaux d'Europe occidentale se sont mis en tête de vendre au kiosque Google. Pas con ! Sauf que le tératosaure californien les envoie ch... en menaçant de les jeter du présentoir, car Internet cool c'est gratuit sous toutes apparences, l'argent pour l'affichage étant sur un second écran qu'on ne voit pas.

Qu'à cela ne tienne ont dit les journaux brésiliens, déréférencés à 90%, si t'en veux pas, j'le remets dans ma culotte, et de s'en trouver bien au plan économique. Pourquoi ? Parce que les internautes brésiliens ne sont pas des benêts et que s'ils veulent lire O Globo à l'écran, ils appellent le site http://oglobo.globo.com/ dans leur barre de navigation ou en favoris, et c'est parti ! Mais la raison du succès dans l'alternative n'est pas là.

Les journaux du Brésil, des Etats-Unis, d'Angleterre, du Japon, de Hong Kong, et nous pourrions continuer avec tous les grands journaux d'Amérique et d'Asie, ont un lectorat étendu. Les journaux français en comparaison n'en ont pas vraiment. Très mal gérés, leurs tirages sont ridiculement bas et les chiffres OJD sont forcés pour gratter sur les courses aux guichets publics, puisque les invendus sont énormes, dit-on ! C'est leur cancer depuis les années 70 quand ils sont entrés dans la spirale baisse des tirages/hausse du prix/diminution de la pagination. Quand je passe Le Monde ou La Croix à un ami d'Asie, il croit tenir en main une feuille confidentielle qui vit de scoops destructeurs tant le numéro est mince !
Sans subventions de tous ordres, il n'y en aurait plus aucun. Les prix sont du double de ceux des journaux étrangers, toujours plus épais. Par contre la qualité rédactionnelle des quotidiens français est infiniment supérieure à la moyenne mondiale, il faut le dire aussi.

Une expérience perso :
Je me suis abonné à bon prix au Figaro six mois par porteur cinq jours par semaine (OFUP à 68cts/j). Levé à 7:00:00, je descendais à la grille prendre le journal dans ma boîte à lettres verte à 7:30. Il y fut toujours ! J'ai déjeuné le coude sur mon journal tous les matins comme au Claridge ! J'ai dû interrompre cette livraison par suite de plusieurs absences. Je vais renouer le contrat pour six autres mois dès que je serai stabilisé. C'est vraiment l'usage le plus intéressant d'un journal, rien ne surpassant son édition papier de par la plasticité du support et la vitesse de consultation (voir la vidéo ci-dessous pour le "support"). Ce service pourrait-il "sauver" la presse quotidienne ? Les anglo-saxons ont inventé il y a longtemps le portage aux aurores. Essayons donc d'importer des idées ! Des fois qu'on ait trouvé quelque chose de bien ailleurs !


Et d'ici là, embauchons de vrais gestionnaires puisque nous avons déjà de bons rédacteurs. Les tristes capitalistes allemands qui se sont mis aux rotatives ont décidé de se passer de Google. Et les Belges, une fois ? Décidément, nous serons toujours en second.



Deux sites peuvent être consultés en enrichissement :
- l'article de la Wikipedia sur la crise de la PQN
- le compteur Mediatico qui recense des titres en ligne du monde entier.

lundi 29 octobre 2012

Les diamants de Mammy Wen

Wen Jiabao
L'incitation à établir sa famille le plus vite possible est de toujours chez les hommes accédant au pouvoir. Ceci motive la préférence pour la royauté puisque la famille en charge est établie de longtemps et n'a pas besoin de céder à cette avidité génétique de l'espèce. Puis il y a les andouilles. Qui se souvient des "40 brillants impériaux" de Valéry Giscard d'Estaing ? Ils lui coûtèrent son second mandat présidentiel quelqu'ait été le bien ou mal-fondé de l'histoire du Canard Enchaîné, le million de diamants ayant fini à seulement 111547 francs aux enchères. C'était un cadeau habituel de l'Empereur Bokassa Ier à ses hôtes. Pour Wen Jiabao, premier ministre de la République populaire de Chine, phare des nations, on ne parle plus de cadeaux mais de trafic, et l'affaire du New York Times fait plus de deux milliards de dollars ! Ecran noir sur Internet, direct !

C'est dans seulement dix jours que s'ouvrira à Pékin le Congrès du Parti communiste chinois pour approuver une transition politique accouchée au forceps dans les larmes et le sang. Les révélations du grand journal newyorkais sont une bombe atomique larguée sur le Grand Palais du Peuple au moment où la guerre à la corruption est l'ultima ratio qui justifie l'écrasement du camp de Bo Xilai, vice-roi de Chongqing (la patrie de Deng Xiaoping). Il vient d'être dégradé de tous ses titres, ce qui ouvre de fait le procès classique en sorcellerie. Revenons aux Happy Few.

Zhang Beili
Un peu comme dans le couple de l'Elysée c'est la dame qui porte culotte. Elle s'appelle Zhang Beili et c'est elle la vraie entrepreneuse du clan Wen. A tel point que la rumeur d'un divorce courut tant M. Wen s'effrayait des développements du bizness de son épouse. D'origine très modeste, les autres proches de M. Wen pètent aujourd'hui dans la soie, et mènent leurs affaires à travers des hommes de paille qui apparaissent dans moult compagnies, depuis les assurances jusqu'au traitement des eaux usées et des déchets hospitaliers. Sa vieille maman, pauvre institutrice en retraite goûte une fin de vie paisible dans un luxe mesuré à sa capacité d'encaisser le choc du surclassement. Elle détient 120 millions de dollars d'actions d'une compagnie financière, entre autres. Frère cadet, beau-frère, fils et fille sont aujourd'hui simplement riches, mais n'égalent pas la Reine du diamant, l'épouse de M. Wen. Qu'en dit le New York Times ?

« L'influence de Zhang Beili naquit dans les années 90 quand elle travaillait comme contrôleur au Ministère de Géologie. A cette époque, le marché chinois de la joaillerie était dans les limbes. Tandis que son mari travaillait à la cité réservée au pouvoir, connue sous le nom de Zhongnanhai, Zhang Beili établit les normes applicables au commerce des gemmes et bijoux. Elle poussa à la création d'un Centre national d'épreuve des pierres précieuses à Pékin et d'une Bourse de diamants à Shanghaï, deux institutions les plus puissantes de l'industrie.
Dans un pays où l'Etat a longtemps dominé le marché, les contrôleurs de la joaillerie décidaient eux-mêmes quelles compagnies pouvaient monter un atelier de taille de diamants et qui obtiendrait son ticket d'entrée sur le marché de la distribution. Les contrôleurs d'Etat formulèrent même des règles qui exigeait des vendeurs qu'ils achètent des certificats d'authenticité pour tout diamant vendu en Chine, certificats émis par le Centre d'épreuve dirigé par Mme Zhang.»

« A telle enseigne que lorsque les dirigeants de Cartier ou De Beers allèrent en Chine dans l'espoir de vendre diamants et bijoux, ils durent rencontrer souvent Mme Zhang, qui acquit bientôt le surnom de Reine du diamant de Chine.
Le président de la Confédération mondiale de joaillerie en Suisse, Gaetano Cavalieri, dit qu'elle est la personne la plus importante là-bas parce qu'elle peut nouer les bonnes relations entre partenaires, partenaires chinois et étrangers.
Quelqu'un qui a travaillé avec Mme Zhang disait qu'elle a commencé à franchir la ligne jaune entre fonctionnaire d'Etat et femme d'affaires dès 1992. Comme patronne de la corporation d'Etat China Mineral & Gem, elle commença à investir de l'argent de la corporation dans des start-ups. Et quand son mari fut nommé vice-Premier ministre en 1998, elle s'occupa de monter des bizness avec des amis et ses proches.
En 1993 sa corporation facilita la fondation de Beijing Diamond, le gros détaillant en joallerie. D'après les registres d'actionnaires, une année après, un de ses jeunes frères, Zhang Jianming et deux collègues de son administration acquirent 80% de la société. Beijing Diamond investit sur Shenzhen Diamond dont son beau-frère, Wen Jiahong (le frère cadet du Premier ministre), prit le contrôle.
Parmi ses prises de participation réussies figure Sino-Diamond, une entreprise financée par la corporation d'Etat China Mineral & Gem qu'elle dirigeait. La société avait les liens d'affaires avec une autre société d'Etat gérée par un autre frère, Zhang Jiankun, fonctionnaire à Jiaxing, ville natale de Mme Zhang au Zhejiang. A l'été 99, après avoir verrouillé des accords d'importation de diamants avec la Russie et l'Afrique du Sud, Sino-Diamond fut introduit en bourse, levant 50 millions de dollars à Shanghaï. Selon les documents comptables, la souscription a rapporté 8 millions nets à la famille Zhang.»

Après l'épouse, on pourrait faire un livre rien que sur le fils du premier ministre, Winston Wen Yunsong, princeling de caricature, puis sur le beau-frère etc...

Li Keqiang, le nettoyeur
Dans son article (un peu rugueux tant il veut coller aux preuves) David Barboza signale que « les efforts manifestes à dissimuler la richesse reflète sa forte charge politique pour les élites qui gouvernent le pays ; la plupart d'entre eux sont énormément riches mais peu disposés à attirer l'attention sur leurs richesses. Quand Bloomberg News rapporta en juin que la famille du Vice-président Xi Jinping, mis en place pour devenir le futur président, avait amassé des centaines de millions de dollars d'actifs, le gouvernement chinois à bloqué l'accès au site Bloomberg à l'intérieur du pays.» C'est ce qui vient de se passer pour le site du NYT. Sauf que tous les Chinois ne sont pas confinés en Chine continentale et qu'à Hong Kong, Taïwan, dans toute la diaspora établie par le monde entier, on prend pour argent comptant les exploits de Papy Wen et de son cheval d'épouse.

Le plus grave est sans doute que l'information touche les étudiants chinois dispersés dans les meilleures universités occidentales, au moment de la célébration du Parti qu'ils suivent avec intérêt. Patriotes assurément, comme tous les Chinois, ils encaissent mal que soit étalée sur la place publique en détails et sur pièces les méfaits de la corruption endémique au régime. Si une partie pointe du doigt la malfaisance du journal newyorkais, la plupart demanderont des comptes au pouvoir qui semble bien aussi pourri que le soutenaient d'horribles activistes toujours prompts à dénigrer les dirigeants communistes.

Les hommes politiques sortants conservent normalement en Chine un forte influence depuis leur retraite, mais dans le cas de Wen Jiabao il semblerait que les révélations concernant ses proches, si elles s'avèrent fondées (précaution purement oratoire), plomberont son avenir politique. Sachant les rumeurs, il avait nié s'être personnellement enrichi au début de cette année. Mais si l'histoire seule sera autorisée à juger son parcours à la tête du gouvernement, comme il le dit lui-même, elle mettra en marge du chapitre le concernant des choses qui vont lui déplaire. Ne fait pas le Mazarin qui veut !

Li Keqiang qui sera nommé au Congrès, doit relever Wen Jiabao au mois de mars prochain ; il serait étonnant qu'il ne se passe rien concernant ce dernier pendant l'année 2013 parce que ce que tout le monde soupçonnait va éclater au grand jour. Bo Xilai a été abattu en passant par sa femme Gu Kailai; en fera-t-on autant de Wen Jiabao par Zhang Beili ?




Premier épilogue
Dans un communiqué paru samedi dernier et diffusé à la télévision de Hong Kong ainsi que dans le quotidien South China Morning Post, les avocats de Wen, maître Bai Tao et maître Wang Weidong, ont nié que Wen ait pu agir de manière non correcte et qu'il ait pu profiter de son mandat de Premier ministre ou en faire profiter sa famille.
Le journal affirme que la famille du Premier ministre a investi dans un projet immobilier à Pékin, dans une fabrique de pneus dans le nord de la Chine, dans une entreprise ayant participé à la construction de certains sites des Jeux olympiques de Pékin en 2008, notamment le "Nid d'oiseau", et dans Ping An, l'une des plus grandes sociétés de services financiers au monde.
[ndlr] Toute assignation du NYT débonderait la masse documentaire que le journal tient en appui de ses dires. Il ne reste au cabinet Wen qu'à jouer finement.


dimanche 28 octobre 2012

Le vote étranger

Je musais l'autre jour sur FR3, mon ADSL en panne me privant d'une course NASCAR (damned !). C'était un jaculateur précipité qui recevait une Sara-Djingé en un combat inaudible de mots dans lequel j'ai perçu que "la Révolution française avait accordé déjà le droit de vote aux étrangers". Elle se référait sans doute à la Constitution de l'an I (24 juin 1793). Pour mémoire, les articles 4 et 5 de l'Acte constitutionnel disposent que :

« Article 4. - Tout homme né et domicilié en France, âgé de vingt et un ans accomplis ; - Tout étranger âgé de vingt et un ans accomplis, qui, domicilié en France depuis une année - Y vit de son travail - Ou acquiert une propriété - Ou épouse une Française - Ou adopte un enfant - Ou nourrit un vieillard ; - Tout étranger enfin, qui sera jugé par le Corps législatif avoir bien mérité de l'humanité - Est admis à l'exercice des Droits de citoyen français.»
« Article 5. - L'exercice des Droits de citoyen se perd - Par la naturalisation en pays étranger - Par l'acceptation de fonctions ou faveurs émanées d'un gouvernement non populaire ; - Par la condamnation à des peines infamantes ou afflictives, jusqu'à réhabilitation.»

Notons en passant que le bénéfice disparaît pour celui qui change de nationalité. Cette constitution mythique, car très démocratique et moderne à l'envi, ne sera jamais appliquée, bien que ratifiée par référendum. Elle sera mise en boîte en attendant la paix qui achèvera la Révolution. C'est Thermidor qui "acheva" le travail et cessa la Terreur. La bourgeoisie régnante promulgua en 1795 la Constitution de l'an III qui réglait les affaires à son bénéfice. On y retrouve les étrangers dans les articles 10, 11 et 12 pour les exclure.

« Article 10. - L'étranger devient citoyen français, lorsque après avoir atteint l'âge de vingt et un ans accomplis, et avoir déclaré l'intention de se fixer en France, il y a résidé pendant sept années consécutives, pourvu qu'il y paie une contribution directe, et qu'en outre il y possède une propriété foncière, ou un établissement d'agriculture ou de commerce, ou qu'il y ait épousé une femme française.»
« Article 11. - Les citoyens français peuvent seuls voter dans les Assemblées primaires, et être appelés aux fonctions établies par la Constitution.»
« Article 12. - L'exercice des Droits de citoyen se perd : 1° Par la naturalisation en pays étrangers ; 2° Par l'affiliation à toute corporation étrangère qui supposerait des distinctions de naissance, ou qui exigerait des voeux de religion ; 3° Par l'acceptation de fonctions ou de pensions offertes par un gouvernement étranger ; 4° Par la condamnation à des peines afflictives ou infamantes, jusqu'à réhabilitation.»

Et les choses en restèrent là jusqu'à ce que François Mitterrand déniche ce ferment de dispute, prisé des internationalistes, pour faire grandir le Front national au détriment des partis de gouvernement à droite. Dans le Lien légitimiste¹ n°47 qui vient de tomber dans les boîtes, le fondateur de la revue demande à Royal-Artillerie de "réfléchir" de manière intéressante, ce à quoi nous ne pouvons qu'obtempérer. Notons en passant que ce n°47 reprend une contribution de Gérard-Michel Thermeau sur l'exercice effectif du droit de vote sous la Révolution, qui relativise la générosité des textes législatifs.
Que demandaient les 77 députés socialistes dans l'appel du Monde ? Que M. Hollande applique immédiatement et sans délai la 80ème proposition du programme électoral de François Mitterrand, laissée de côté pendant quatorze ans, à tous motifs machiavéliques. Aux mêmes causes les mêmes effets, le président Hollande reporte la mesure pour les mêmes raisons, il a besoin de cette écharde pour attiser le Front national contre l'UMP. Une fois celle-ci ôtée et la cicatrisation complète, la disposition extravagante de 1793 ne lui servirait plus à rien, le veau national étant sans mémoire.

Qu'en est-il au fond ? D'appeler sur les listes électorales des citoyens étrangers à la Communauté européenne pour les scrutins municipaux, au motif qu'ils contribuent et subissent au même endroit que les Français, d'une part aux impôts locaux, d'autre part la gestion communale. Mais l'argumentaire des 77 est faux :

  • le facteur "moeurs" n'est pas un motif de révision constitutionnelle (car il faut modifier encore notre constitution) et la proportion de Français jugeant la mesure utile ou juste s'est effondrée
  • palier la désaffection des nationaux dans les scrutins locaux est un leurre, l'exemple des pays voisins où la participation n'est pas obligatoire montre que peu de résidents étrangers s'inscrivent sur les listes et qu'au final moins de 10% votent
  • l'espoir caché de voir les "étrangers" renforcer les bataillons d'électeurs de gauche risquerait bien d'être déçu, beaucoup d'entre eux ne supportant ni les dérives communistes (asiatiques) ni l'avachissement des comportements sociaux (musulmans), prônés par les tenants de la libéralisation à outrance des moeurs sexuelles (ndlr : je sais des Marocains et des Chinois naturalisés qui votent FN).
  • Quant à arguer de l'alignement souhaitable de nos lois sur les préconisations du Conseil de l'Europe ou du "Parlement européen", c'est carrément risible tant qu'on prétendra que le peuple ici est souverain, ce qui est risible aussi mais sacré !



La seule "avancée" serait la justification "censitaire" de l'accès aux urnes qui, dans un pays où la moitié des ménages ne paie pas l'impôt sur le revenu, mettrait en question leur capacité à voter la confiscation des revenus d'autrui à travers leurs élus. Il ne suffit pas d'être citoyen, faudrait-il encore "exister" comme tel dans notre république !
Le vote des étrangers est donc une menace politicienne mise en musique jadis par le maître florentin qui fonda la Gauche paléolithique. Cette proposition à éclipses en restera là, comme peut-être le mariage gay qui a du plomb dans l'aile depuis que chacun commence à voir où nous conduit la réécriture du Code civil. Se lovant dans le bronze du modèle, François Hollande va jouir de ses combinaisons politiques, des effets sur la Cour d'enthousiasme et de déception qu'elles inspireront. Finalement, il faut tuer le temps.



PS : voir aussi notre billet "Agiter le tapis" où il est question de l'étranger en situation de voter, le refusant.



(1) Le Lien légitimiste
Petit-Prix
37240 La Chapelle Blanche Saint Martin
Bimestriel publié en ligne (10€) et par voie postale (24€)


vendredi 26 octobre 2012

Senkaku/Diaoyu, le facteur américain

Note liminaire : Dans la série « Senkaku » nous abordons le paramètre américain, mais vu du côté chinois. Il a fallu compiler un peu les bons auteurs et deviner ceux qui sont de faux journalistes mais de vrais experts, parfois officiers généraux de l'Armée populaire de Libération. Ainsi le Major General Yin Zhuo, Directeur du Comité d'experts sur le renseignement naval, qui signerait d'un simple ZYH ses chroniques que l'on trouve ci et là (signalement Chinascope).

Billets précédents sur le sujet :

USS George-Washington
Peu de gens ont analysé le facteur américain dans la dispute sino-japonaise actuelle au prétexte de la neutralité affichée par le Pentagone et le Département d'Etat. C'est ne pas vouloir voir que depuis quelques temps la Chine ressent une certaine pression provoquée par le retour des Etats-Unis sur la zone Asie-Pacifique. Cette pression est citée explicitement dans plusieurs disputes territoriales, spécialement en Mer de Chine orientale et méridionale, et Pékin a toujours dénoncé la main invisible des Etats-Unis, ce qui n'est plus un artifice de propagande aujourd'hui. Le 3 août dernier, l'International Herald Leader a publié un commentaire titré Les Etats-Unis attisent le feu en Mer de Chine méridionale les accusant de semer la discorde dans la région. Et le rédacteur de préciser dans son poulet : « Nous sommes convaincus que la déclaration américaine sur la Mer de Chine méridionale envoie deux messages : l'un destiné aux Philippines et au Vietnam les assurant que les Etats-Unis sont en appui et qu'ils ne doivent pas avoir peur de se confronter à la Chine ; le second, suggère aux pays de l'ASEAN que sur le problème de Mer de Chine méridionale les Etats-Unis peuvent parler pour eux sans arrière-pensée et qu'ils ne doivent pas hésiter à faire bloc pour tenir tête à la Chine sans crainte ni inquiétude »(1).

La Chine ne s'est pas gênée pour dire à Hillary Clinton que la Mer de Chine méridionale n'était pas la Mer des Caraïbes(2). Quand Léon Panetta, Secrétaire à la Défense, fit sa dernière tournée au Japon et en Chine, les observateurs s'attendaient à ce qu'il offre ses bons offices pour résoudre les conflits entre ces deux pays, à quoi le gouvernement chinois répondit par avance dans un communiqué publié par l'agence Chine Nouvelle (Xin Hua) : « Les Etats-Unis ne sont pas qualifiés pour agir en médiateur parce que les Etats-Unis sont en partie responsables des causes de la dispute sur les îles Diaoyu »(3).

Le Liaoning chinois (sans avions)
Et les autorités chinoises de laisser courir dans des supports médiatiques officiels des analyses visant à révéler la conspiration yankee, jusqu'à « prouver » que la rétrocession des îles Senkaku au Japon lors du protocole de 1972 était un coin délibérément planté entre les deux empires. La « fabrication » de cette dispute ne viserait qu'à ancrer le Japon au flanc des Etats-Unis et empêcher tout rapprochement politique entre les deux acteurs majeurs du sous-continent. C'est faire bon marché du report à meilleure fortune de l'extraction de cette épine maritime ainsi qu'en avaient convenu les premiers ministres respectifs Kakuei Tanaka et Zhou Enlai quand ils avaient signé en 1972 les accords de rapprochement (en fait une perfusion financière de la Chine). L'affaire avait été remise sous le tapis par Deng Xiaoping en 1978, car il avait toujours autant besoin des Japonais pour, entre autres projets de développement, construire une flotte marchande en leasing. Ce qui en dit long sur la realpolitik locale.
Certes la Chine d'aujourd'hui n'a plus besoin de cette perfusion, ce qui lui délie les mains, mais une grande partie de son industrie tourne sous capitaux étrangers, donc nippons, et elle ne peut se permettre d'effrayer le singe en tuant le poulet.

Par ailleurs, il n'est pas politiquement correct d'avouer que le Dongbei chinois (ex-Mandchoukouo) est très ouvert aux investissements nippons quoiqu'il soit écrit d'horreurs dans les livres d'histoire. Un blocage de cette coopération serait très mal ressentie là-haut où l'effondrement de l'industrie lourde maoïste n'a pas été complètement compensé. Alors mourir pour trois cailloux inhabitables, jamais !

En Europe nous avons à peine sourcillé quand Barack Obama déclara au début de son premier mandat que l'avenir était à l'Ouest, mais les Chinois ont pigé très vite que les Américains, partis des Philippines en 1992, allaient revenir. Et de fait ils avaient capturé un avion-espion en 2001 qu'ils avaient posé à Haïnan, puis les choses s'étaient calmées. Mais depuis lors, les Etats-Unis ont fait des manœuvres militaires fréquentes avec le Japon, la Corée du Sud, les Philippines et le Vietnam, en Mer jaune, en Mer de Chine orientale et en Mer de Chine méridionale. Le syndrome de l'encerclement stratégique est à son comble dans les états-majors.

Global Times (Huan Qiu) rapporte une déclaration conjointe de dix major-généraux intitulée, « Se préparer à battre le Japon ! ». Dans la déclaration, Luo Yuan dit que « la dispute des îles Diaoyu touche non seulement le sentiment nationaliste des Chinois, mais aussi les intérêts stratégiques vitaux de la Chine ». Wang Haiyun a développé ensuite que « les escadres de la Mer du Nord, de la Mer de Chine orientale et de la Mer de Chine méridionale devaient être augmentées ; les ressources financières du pays doivent être dirigées au bon endroit »(4).


la flotte nippone d'auto-défense en manoeuvre
Brève synthèse :

On peut retenir trois choses des déclarations chinoises tant officielles que officieuses.

(I). Il est quasiment sûr qu'en prenant les Etats-Unis comme bouc émissaire, les officiers généraux chinois repoussent aux calendes toute confrontation directe avec l'Empire nippon parce qu'ils n'ont pas d'aéronavale. Le déplacement du Deuxième Corps d'Artillerie sur les côtes du Fujian, pour en menacer l'archipel des RiuKyu (Okinawa) au lieu de masser l'escadre, et l'appel à investir dans l'armée navale en font foi.

(II). Dans une Chine confrontée à de sérieuses difficultés économiques et sociales on peut comprendre que la dispute des Diaoyu-Senkaku soit un dérivatif populiste, mais pour les états-majors, il s'agit d'abord de conforter leur avenir au milieu des désordres possibles en renforçant leurs pouvoirs de contrainte et auto-protection, d'où l'appel à investir plus encore dans un flotte de classe océanique. Le syndrome de l'encerclement y est vivace, la Chine, immense empire, n'ayant aucun accès à l'océan (on l'oublie).

(III). Les Chinois négocieraient-ils les îles contre un renversement d'alliance des Japonais à leur bénéfice, expulsant les Etats-Unis de "leurs eaux" ? C'est ce qu'ils cherchent à faire accroire, mais les Japonais les connaissent de longtemps et ne prennent pas la posture pour argent comptant.


En conclusion, la dispute va revenir progressivement au niveau émotionnel zéro comme en avait convenu dans leur sagesse les anciens premiers ministres précités. Le phasage délicat entre la transition politique de cet hiver qui n'est pas de tout repos et le cycle économique dépressif (en dessous de 8% de croissance, la Chine connaît de gros problèmes sociaux) vont appeler les acteurs du parti à plus de mesure. Les mouches changeront d'âne.


le pont-cadeau de la ville d'Osaka à la ville de Dalian






mercredi 24 octobre 2012

Homoparentalité pour les nuls

25 octobre : mobilisation de l'Alliance VITA de Nantes à Montaigu. Le piéton ira à sa façon, par la digue.
J'ai longtemps repoussé l'article sur le mariage et l'adoption gay par crainte de finir cloué au pilori en plein hiver, cul nu ! Mais justement c'est l'hiver de l'intelligence auquel nous accédons avec le débat forcé par le lobby LGBT¹, renforcé du tapage de politiciens de rencontre en mal d'audience. J'ai cherché aussi un canevas à broder qui me retienne de dire des choses que je regretterai fatalement par après, mais c'est le Grand Rabbin de France, Gilles Bernheim, qui me fit l'offre. Ainsi bordé, j'aborde, le sabre dans le dentier. Que le grand cric me croque !

« Ce qui pose problème dans la loi envisagée, c’est le préjudice qu’elle causerait à l’ensemble de notre société au seul profit d’une infime minorité, une fois que l’on aurait brouillé de façon irréversible trois choses :
- les généalogies en substituant la parentalité à la paternité et à la maternité,
- le statut de l’enfant, passant de sujet à celui d’un objet auquel chacun aurait droit,
- les identités où la sexuation comme donnée naturelle serait dans l’obligation de s’effacer devant l’orientation exprimée par chacun, au nom d’une lutte contre les inégalités, pervertie en éradication des différences.»
(Gilles Bernheim - Son essai sur la revendication homosexuelle en débat est accessible en ligne ; ne vous privez pas de le lire, je n'en fais pas recension ici.)

Au mur dans ma maison il y a des portraits généalogiques, des grand-pères de ma lignée et d'autres par alliance. Comme par un fait exprès ils en ont tous bavé au XX° siècle, par le feu, le froid de la guerre et la faim, autant qu'ils ne s'en sont jamais plaints. "Dis pépé, on va marier les tantes maintenant et leur donner des gosses à élever". Si j'osais leur dire ça en face, ils sortiraient du cadre. "C'est au nom du progrès, pépé !". Jamais je ne pourrais le faire, déjà que je n'ose en parler à aucun étranger tant j'aurais honte pour mon pays.

Ceci n'a rien à voir non plus avec le respect commun qui est dû à tout un chacun, quelle que soit son orientation affective, dans la mesure où il suit les codes sociaux de la nation, les "rites" disait Confucius. L'orientation sexuelle de chacun ne regarde que soi, jusqu'à ce qu'elle enfreigne la loi d'airain de la Nature ou entrave la Tradition primordiale qui fonda les sociétés humaines. Il n'y a pas de "progrès" autre que scientifique ; seulement des variations de priorités et des accommodements avec la précarité de la vie. Les sociétés n'avancent pas vraiment, surtout au bord de la falaise comme aujourd'hui.
Malgré cette mise au point, je m'attends à ce que les sectionnaires khmers-verts du canton viennent me finir au marteau pour avoir invoqué la Nature qui est leur propriété. Dans une optique de décroissance, l'essai de stérilisation des sociétés de lemmings que nous sommes devenus, pourrait être de bon aloi bien que de mauvais genre, s'il n'y avait ce corollaire impossible de l'enfant-jouet. Et s'il est permis de se foutre du monde sans entraves, la liberté de chacun s'arrête quand même où commence celle des autres. Les "autres" peuvent être aussi les enfants.

A y regarder de plus près, le mariage homosexuel est tellement proche du carnaval qu'après tout on pourrait bien faire les "fous" de temps en temps et d'aller acclamer de jeunes mariés unisexes survivant au ridicule de l'imitation, l'adjoint au maire plié de rire à lire les recommandations légales, le défilé des toilettes échappées de la cage aux folles, les éphèbes aux cils faits bien serrés à la culotte, les petits amours dorés jetant du riz de leur corne d'abondance sur les marches de l'hôtel de ville, on pourrait même annoncer la cérémonie en faisant passer dans les rues une voiture rose surmontée d'un haut-parleur hurlant, nous invitant tous au cirque... puisque le PACS ne suffit apparemment plus.
Mais l'adoption, ça n'est pas possible. Et c'est de cela qu'il faut parler surtout.

Comme le dit Gilles Bernheim, « Le droit à l’enfant n’existe pas. Il n’existe pas de droit à l’enfant, pas plus chez les homosexuels que chez les hétérosexuels. Personne n’a droit à avoir un enfant, au prétexte qu’il désire avoir un enfant. Non, le droit à l’enfant n’existe ni pour les hétérosexuels, ni pour les homosexuels. Un couple désireux d’avoir un enfant peut décider de s’unir pour le concevoir. Un couple désireux d’adopter un enfant peut faire les démarches nécessaires. Mais aucun de ces couples n’a droit à l’enfant qu’il désire, au seul motif qu’il le désire. On peut refuser un agrément à un couple hétérosexuel si l’on considère que les conditions optimales pour la construction de l’enfant ne sont pas réunies. On peut considérer par exemple qu’il vaut mieux confier un enfant à un couple jeune ou en bonne santé qu’à un couple âgé et à la santé fragile... L'enfant n'est pas un objet de droit mais un sujet de droit.» Le prochain dîner du CRIF risque d'être mouvementé pour les invités politiques de gauche abonnés depuis des lustres à cet adoubement annuel.

A quel motif priverait-on un enfant adoptable d'un père ou d'une mère ? Pour satisfaire au principe d'égalité de tous en ses désirs ? C'est extravagant, glauque, pénible même à observer. Pourquoi faire endurer à un gamin qui n'a rien demandé le bombardement de sarcasmes de ses camarades de primaire ou au collège quand ils apprendront - car tout se sait - qu'il "vit chez deux pé...beeep, hi, hi !" ; si le principe sacré d'égalité n'a pas même conduit les deux parents dans la cour de l'école le jour de la rentrée. Et, de vous à moi, mais n'en dites rien, le sujet n'est pas prisé des ligues antiracistes, cette culture de la Diversité qui s'insinue partout promeut des réflexes sociaux qui vont contredire la belle "avancée des droits et le progrès des valeurs" puisque l'on sait qu'aux pays d'origine de ces nouveaux arrivants, on châtie, psychiatrise et même pend haut et court les homosexuels.

En résumé, et définitivement, sans même parler du défaut éducatif probable (j'assume), on ne peut pas exposer un orphelin qui en a déjà pas mal bavé dans sa courte vie, à ces risques d'ostracisation grave pour son développement psychologique ; et la réplique toute prête d'une nécessaire rééducation des jeunes esprits qui l'entoureront, par la "théorie fumeuse du genre" ne tient pas. Elle s'écroulera avec raison sous les quolibets des classes de collégiens. Mondo Cane, dès l'enfance. Que ces messieurs-dames en couples stériles par construction volontaire se fassent une raison ; leur désir de parentalité va se heurter à la Loi naturelle qui ne les a pas prévus dans l'Evolution. Qu'ils vivent tranquillement leur bonheur caché ou pas comme tout un chacun. Inutile de s'en plaindre au Créateur, Dieu est mort !


Postscriptum
Bien que cette opportunité démocratique terrorise monsieur Mamère, délié de ses électeurs qui lui ont donné pleins pouvoirs, comme il le dit, il n'y a pas besoin de s'abaisser à organiser un référendum sur l'artifice de l'homoparentalité, même si nous sommes parvenus à une époque similaire à celle de la Rome décadente, quand la déchéance des moeurs se conjugue en progrès de l'espèce libérée. Le pays a d'autres soucis que ces gamineries de vouloir jouer avec les mots et les droits. Pour l'adoption, c'est niet ! Qu'on promulgue l'option d'un mariage civil pour les gays, lesbiennes et polygames musulmans de ce pays, si ça amuse nos législateurs, aurait pu dire Mitterrand ; le café depuis si longtemps déborde qu'on n'est plus à ça près, mais qu'on ne nous interdise pas de... pouffer de rire !




(1) lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres !


Commentaire précis rapporté du forum VLR :
On parle partout de "mariage gay", c'est faux, tout du moins dans l'esprit de l'avant-projet de loi. Il ne s'agit pas de faire un PACS bis ou un PACS amélioré. Il ne s'agit pas d'un contrat qui ne concerne pas le mariage. C'est l'Institution même du mariage qui est modifiée.
Ce qui permet, sans le dire, d'appliquer très concrètement, au passage, la théorie du genre, en la rendant légale.
Il faut donc bien comprendre que ce n'est pas un mariage gay, à côté du mariage classique, ce ne sera qu'un seul et même mariage !
En choisissant cette option délibérément, cela permet implicitement d'ouvrir l'adoption aux couples homosexuels... mariés.
Mais oser effacer du code civil les mots de "père" et "mère", ça, c'est un crime contre notre histoire, contre notre droit... et contre la réalité.
La république s'enfonce dans l'idéologie, d'une teneur qui est de celles qui donnent lieu aux "heures les plus sombres de notre histoire" : afin que la réalité corresponde à l'idéologie, on supprime légalement cette réalité, qui, par définition, n'existe donc plus. Adieu "papa", "maman", "mari", "femme", "époux", "épouse".
Cela va à l'encontre de la formation même du droit, qui consacre un usage, améliore les situations existantes, détermine la norme.
Le droit, en ces mains socialistes totalitaires, devient une arme politique.
C'est pourquoi, si l'adoption est inquiétante, certes, elle l'est beaucoup moins que la réforme du mariage.
Car cette réforme du mariage et du Code civil ne s'appliquera pas seulement aux homos, mais à TOUS, et dans VOS futurs livrets de famille, ou ceux de VOS enfants !
(Pays de Caux - 24.10.12)

mardi 23 octobre 2012

Le violon de M. Montebourg

A quoi lui servirait-il sauf à pisser dedans ? Des analystes sérieux payés au mois égrènent les revers du ténor des prétoires et nous en montrerons quelques exemples pour nos lecteurs de l'Ardèche. Attaquant les "patrons-voyous" - il n'y en a pas d'autres - d'avoir plombé tous ses espoirs de démondialisation protégée en ayant caché leurs intentions funestes, l'amant d'Audrey a porté le fer où ça devait faire mal : le blocage ex-abrupto des décisions économiques de ces entreprises irresponsables. Sauf que depuis la mort de M. Mitterrand, la gestion des affaires a été retirée à l'Etat Français, les performances ayant été absolument époustouflantes : Crédit lyonnais de M. Haberer (supervisé par M. Trichet!), France-Télécom de M. Bon, la liste fait 1 mégaoctet, je vous en fais grâce, mais rajoute aussitôt que les mêmes, une fois privatisés comme Dexia, ou mises entre les mains des mêmes hauts-fonctionnaires se croyant "à la coule", comme la Générale des Eaux, ont couru à de nouveaux désastres¹.

Ainsi donc M. Doux, menacé personnellement par le bouillant ministre, a déposé en catastrophe le bilan du groupe à Quimper pour le vendre par appartement, démantèlement explicitement exclu par le ministère ! Mise en cause tout aussi personnellement au motif présumé d'avoir pillé la société malade, la famille Peugeot fut déférée au tribunal d'un expert incontestable (dit-on), M. Sartorius, qui s'est empressé d'avaliser le plan de redressement de M. Varin, pdg de PSA, au grand dam de M. Montebourg qui n'avait dès lors plus de coupable à montrer du doigt. Qu'à cela ne tienne, le génie de la Bastille a retourné le fût du canon encore tiède contre le hollandais Unilever pour lui arracher l'usine marseillaise de Fralib et sa marque de thé "L'Eléphant", en les priant en plus d'acheter la production du repreneur du site, la Communauté urbaine de Marseille. M. Poman, pdg d'Unilever, n'a toujours pas compris pourquoi il devrait perfuser une usine subventionnée (à Marseille en plus) qui veut entrer en concurrence avec ses autres productions et à laquelle il aurait dû faire cadeau d'une marque. C'est sans compter avec l'énergie du désespoir, Arnaud se jette alors sur Sanofi pour lui intimer l'ordre d'employer en France. Le directeur général Viehbacher ne cherche même pas à expliquer que sa firme se retirait d'un certain segment de marché devenu stérile pour se développer ailleurs, ce qu'on ne peut lui interdire. Sanofi est mondial. Ensuite, en vrac, Air France, Arcelor-Mittal, Carrefour, Alcatel-Lucent, Electrolux, Pierre & Vacances, groupe Dim-Playtex-Wonderbra, Société Générale, Coop Alsace, Petroplus, Lohr, Caddie, SNCM, Rio Tinto, Sodimédical, Technicolor..., il en manque c'est sûr, comme Good Year, LyondellBasel, etc.

Seulement, derrière le décor, il y a des gens qui perdent leur travail. Ce qui en soit ne serait qu'un mauvais moment à passer s'ils ne vivaient pas dans une société de plus en plus figée dans des principes désuets. Les ouvriers sont pris dans la nasse idéologique. L'économie moderne est organisée sur un modèle de régénérescence perpétuelle. Les activités obsolètes meurent et leur mort dégage des moyens de développement pour des activités nouvelles. Les soutiens bancaires, les investissements ancillaires et les moyens de production libérés par les cadavres sont redistribués aux vivants. La force de production fait partie de ses moyens, elle en est même le premier atout. S'il peut y avoir des décalages pour chaque situation particulière entre la mort d'activités et la renaissance des autres, dans l'adéquation aussi des compétences, la masse globale de l'économie vivante assure un renouvellement des emplois. La seule condition est de ne pas freiner la renaissance et quand on peut, l'aider. D'où l'importance du foisonnement des innovations, de la créativité des personnes et des équipes, de leur motivation, et d'un soutien à la recherche. Sauf que le modèle soviétique français ne s'y prête pas du tout, à preuve on continue à vouloir punir le succès, la surtaxe de 75% est emblématique ; on se demande même, au vu de la minceur probable de la collecte, si ce n'est pas seulement l'emblème qui était recherché ! A destination de qui le message, reste un mystère.

En attendant la révolution des moeurs économiques - c'est à dire le départ des incapables - il faut parer au plus pressé pour sauver du travail. Et la seule voie ouverte qui aurait quelque effet serait un choc fiscal pour écraser le coût final de production par transfert des contributions patronales vers la plus large assiette fiscale possible, permettant aux entreprises de réafficher des tarifs plus attrayants. Ceci annoncerait une hausse de la CSG, de la TVA, les deux modérées par des réductions drastiques des dépenses inutiles de l'Etat au sens large, un des plus dispendieux d'Europe.
A quoi M. le ministre Sapin répond que « le sujet ce n'est pas l'ensemble des entreprises françaises, c'est le commerce extérieur. Le secteur qui est dans la compétition internationale, il faut le soutenir, il y a des mesures à prendre, y compris des mesures qui peuvent porter sur le coût du travail » ignorant ce disant que tous les plans sociaux ne sont pas des plans "export", il y a aussi une défense contre l'import à assurer. Il dit, pense et réfléchit, reporte ses conclusions en janvier 2013, pendant que l'économie saigne. Lui et ses copains de la promotion Voltaire déambulent de rapports en conférences, se donnent du temps, temps qu'ils n'ont plus. En vérité, il leur est impossible de reconnaître que les dernières mesures du gouvernement Sarkozy-Fillon (tva sociale) étaient sur le bon axe, quand leur président a déroulé comme seul programme électoral l'impéritie des prédécesseurs et l'annulation obligatoire des décisions prises. Gouvernés par des freluquets, nous allons payer très cher nos choix démocratiques. Cela devrait-il nous servir de leçon ? J'en doute !


(1) Cette difficulté est due en particulier à toute une génération de hauts fonctionnaires ultralibéraux. Bien que dépourvus de toute expérience du marché et de la concurrence, ils se sont imaginés, à partir de la fin des années 1980, que, puisqu’ils avaient été bons élèves à l’école pendant leur adolescence et qu’ils avaient passé avec succès des concours très difficiles à l’âge de 20 ans, ils allaient pouvoir sans problème faire des miracles sur le marché mondial si on les propulsait du jour au lendemain à la tête de grandes entreprises nouvellement privatisées. Mais quand les clients, les fournisseurs et les banquiers n’ont plus été des copains de promo de l’ENA, les choses se sont rapidement gâtées… (Guillaume Duval)


En postscriptum, les compliments de M. Debard (Mitsubishi France) : « Je ne comprends pas ce ministre qui ne connaît pas ses dossiers de l'automobile qui représente 25% des revenus de la France et 10% de l'emploi dans notre pays, car il n'y a pas seulement les constructeurs mais aussi ceux qui travaillent par ou pour l'automobile directement ou indirectement. Cet abruti mental, ce débile, augmente les malus écologique, réduit la vitesse des conducteurs sur le périphérique de Paris et pourrit la vie des automobilistes...» (La Provence du 23.10.12) De qui s'agit-il ?

dimanche 21 octobre 2012

La république des profs

Quel plus beau métier que celui de professeur ? Instruire nos chères têtes blondes et frisées, tant des rudiments de la connaissance du monde que de ceux du vivre ensemble. Transmettre le "savoir", en insistant souvent pour que "ça rentre" dans la caboche des poulbots plus attirés par la vie des fenêtres de la classe que par celle du tableau noir (vert). Récompenser les meilleurs, encourager les moins bons ; au seuil du sacerdoce, la fonction sociale de professeur mérite le plus profond respect. Qu'il ne soit jamais admis qu'on les batte, à tel effet que le sursis devrait être exclu des condamnations pour violence envers le corps professoral, voire la peine de mort appliquée comme on devrait le faire des meurtres de policiers, avec exposition du pendu bien sec à la grille du bahut. Non mais des fois !
Hélas, il est une imperfection dirimante du "grand oeuvre" : le lamentable classement des enfants de ce pays comparés à tous leurs voisins. On accuse les méthodes, le pédagogisme, le laisser-faire général de l'institution, la faible résilience des maîtres en ambiance de combat, toutes choses qui s'aggravent d'une résistance bizarre au changement, au bouleversement plutôt, tellement le mammouth pue les gaz. Mais je ne suis pas venu aujourd'hui réformer l'Education nationale !

Qu'est-ce qu'un enseignant ? Quelqu'un qui est entré à l'école vers trois ans et n'en est ressorti qu'à 60 ! S'il connaît à fond son sujet, il est court d'expérience du monde extérieur et s'en fait une idée en étudiant les idées des autres. Mais ne pratique pas ! Comment ce régime politique at-il dérivé jusqu'à mettre aux commandes de l'Etat d'éternels apprentis ? Et cette castration économique (indolore) des titulaires de postes de la fonction publique est évidente chez la plupart des responsables politiques, surtout de gauche. Le pire est que ces professions de l'esprit sont sûres de leur compétence universelle. Prenez monsieur Montebourg. Il vante la marinière française à 49 euros pièce. Le défi français n'est pas de fabriquer en France ce qui se vend en France, mais de vendre à l'étranger de nouveaux produits français en quantité suffisante pour couvrir ceux que nous importons. Libérons donc la créativité et le capital-risque ! C'est si dur à comprendre ?

Louis Gallois
L'opposition explicite entre le gouvernement Ayrault et tout le monde de l'entreprise, petites et grandes, révèle l'affrontement de deux mondes quasiment impénétrables, celui du rêve et celui des réalités, chacun entendant imposer, qui sa philosophie, qui sa pratique, à l'autre. La lettre ouverte d'un vigneron à Pierre Moscovici, ministre des Finances, déroule d'abord les motifs d'incompréhension qui tiennent avant tout à un choix de vie bien différent, le risque d'un côté, la rente des concours de l'autre, mais débouche sur des propositions concrètes d'amélioration des conditions d'exercice de son métier, conditions nécessaires à tirer la croissance réclamée par tous, mais qui se heurteront à une idéologie archaïsante que nous sommes les seuls à défendre encore ! On peut lire cette longue lettre ouverte par ici.

Ce qu'il y a de plus agaçant est cette inclination des profs à donner des leçons sur des sujets qu'ils ne maîtrisent pas : l'entreprise c'est du finno-ougrien pour eux. Même des économistes distingués, appelés à donner des conférences par le grand monde, brossent leur vanité de macro-économie mais n'entendent rien à l'entreprise, au charbon, au cambouis dont ils se méfient mais voudraient bien en être. Dominique Strauss-Kahn en est le prototype : les 35 heures sont une faute inexcusable et il n'a cessé de faire la danse du ventre dans les clubs d'entrepreneurs à jouer au "patron".

Leur sont soumises aujourd'hui les conclusions du travail de Louis Gallois¹. C'est, à la louche, un desserrement de l'étreinte fiscale par transfert des coûts du modèle-social-que-le-monde-nous-envie sur les ménages, et réduction drastique de la dépense publique qui gangrène tout. Si M. Gallois ne le dit pas, il le pense, ce sont deux millions de fonctionnaires qu'il faut virer, comme l'ont fait les Allemands et bien d'autres. Qu'en faire ? les donne-t-on à l'Afrique noire qui est sous-administrée ? Sinon ne soyons pas si fiers, copions la procédure suédoise ou canadienne, danoise ou allemande... ils ont réussi l'impensable ; avant d'étudier de plus près la réforme italienne de M. Monti.

Choiseul, "vice-roi"
A chacun son métier. C'est le vieux principe de la monarchie. Les clercs sont écoutés après le thé de cinq heures mais n'entrent pas au Conseil. Les canons étaient faits par des ingénieurs (Gribeauval) qui tiraient avec, les navires de guerre construits par des ingénieurs (Sané) qui naviguaient dessus, et la bataille menée par des états-majors couverts de boue. Le reste est du Barry Lindon, le morne Ayrault est au final un simple prof licencié d'allemand, l'autre un polar de concours. Nous n'irons pas loin avec des gens aussi justes en taille. Leurs homologues ne s'y sont pas trompés qui les traitent par-dessus la jambe. Le hall de l'ONU était aux deux-tiers vide le 25 septembre lors du discours à la planète de M. Hollande. Ses exhortations sont toutes restées lettres mortes ; le Rwanda de Paul Kagamé, à juste titre dénoncé deux fois par la France à New York et à Kinshasa, fait son entrée au Conseil de Sécurité. La Syrie détonne ses bombes au Liban et nous y provoque ; Walid Joumblatt nous traite de salauds de laisser faire ça sans armer l'insurrection ! Nous parlons, nous n'imaginons rien.

L'imagination au pouvoir ? Le terme d'apparatchik n'a jamais été aussi vrai qu'au début de ce quinquennat hollandien, avec les centres décisifs staffés de fonctionnaires créant en continu des groupes d'études ou réflexion pour palier leur incapacité à comprendre. Cette situation n'est pas que la vanité des incapables mais aussi le fruit du parlementarisme. Le parlementarisme pervertit la démocratie en ce sens qu'il sélectionne les plus malins à brasser de l'air sur la base d'émotions de leur électorat sans tenir compte des compétences à gérer. Un Raymond Barre s'est planté à l'élection présidentielle par défaut de charisme démagogique alors qu'il était la solution aux déboires économiques du pays. Le système de choix pousse aux commandes le plus grand commun dénominateur de chaque parti politique, le meilleur au mafiatage des congrès, forcément un politicard. Et s'il n'a pas l'expérience personnelle des défis économiques - quand donc l'aurait-il accumulée ? - son habileté à passer devant à l'échelle de coupée ne nous sera pas d'un grand secours, nous le voyons bien aujourd'hui.
Que les fonctionnaires retournent à leur bureau, que les profs rentrent à l'école. Dans l'état de déshérence où elle erre, l'école a vraiment besoin d'eux, ils y sont à leur place et carrément irremplaçables. Au gouvernement, non ! Il y faut des pros !


(1) Postscriptum du 22.10.12
Pendant plusieurs semaines, dès que l’on parlait compétitivité, le gouvernement répondait : attendez le rapport Gallois ; depuis quelques jours, il répond : oui, bon, d’accord, mais il n’y a pas que le rapport Gallois dans la vie. En réalité, il se passe simplement ce qui se passe depuis toujours en France avec les rapports ! C’est-à-dire que le rapport Gallois ne dit pas ce que voudrait entendre le gouvernement ; et donc minimisons le rapport Gallois (Dominique Seux aux Echos sur la rapportite).

samedi 20 octobre 2012

Le phare d'Agincourt

Note liminaire
En préparation du grand marchandage entre le Parti communiste chinois en phase de transition et le gouvernement du Japon sur la dispute du plateau continental de la Mer de Chine orientale, Royal-Artillerie prolonge sa présentation des îles Senkaku de plusieurs billets analysant des points particuliers d'échauffement. Après les îles continentales de la République de Chine (Taïwan) incrustée dans les eaux territoriales de la province du Fujian, voici une notice sur l'île de Pengjia qui fait office de balise nord à la grande île de Taïwan. C'est à partir de cette île que sont basées les revendications de la République de Chine (ROC).
Cette notice a paru sur "Les 7 Mers" et est rapatriée sur Royal-Artillerie pour archivage.


Phare de Pengjia
Peu de marins connaissent le phare d'Agincourt et pour cause, il n'existe pas sur les cartes sous ce nom. D'où lui vient d'ailleurs ce nom est un mystère puisque la présence européenne sur les rives nord de Taïwan fut espagnole, mais l'île d'Agincourt est signalée par l'escadre française d'extrême-orient lors de la campagne de Keelung en 1884 pendant la guerre franco-chinoise.

Agincourt, de son vrai nom Pengjia (122°04'20"E, 25°37'55"N) est une petite île volcanique très ventée de 165m d'altitude et 114 hectares (périmètre de 4300m), avancée en Mer de Chine orientale, qui annonce la grande île de Taïwan aux navires venant du Nord. A dessein, elle porte un phare blanc depuis cent ans. Possession de la République de Chine à 33 milles nautiques du port de Keelung, elle entre dans l'actualité par sa proximité (76 nautiques) des îles Senkaku que se disputent le Japon, la Chine communiste et Taïwan. La République de Chine y maintient une garnison de 40 hommes pour marquer son territoire mais d'abord pour le service du phare et celui de la station météo marine (alerte au typhon).

Le signal du phare est un flash blanc toutes les 15 sec, 145m au-dessus de l'eau, portée 25 milles, occulté par la terre sous 2 milles dans le secteur 264-316°. Le débarquement (interdit) se fait sur un quai naturel non abrité, assez "sportif" si la houle s'en mêle.


Géographiquement la partie méridionale des Senkaku/Diaoyu appartient à Taïwan, et le président Ma Ying-jeou (en photo) est venu à Pengjia le 7 septembre dernier proclamer à la face du monde l'impérissable souveraineté formosane sur l'archipel.

Pour appuyer sa revendication, une flotte de 80 chalutiers taïwanais avait fait route depuis Keelung vers les eaux territoriales des Senkaku (limitées à 12 milles) pour y défier les garde-côtes nippons qui ne s'en sont pas laissés compter. Ils ont déjà repoussé un navire chinois de surveillance des pêches et tournent comme des dobermanns à la limite des eaux japonaises. Ils ont jusqu'ici l'avantage du... déplacement et une batterie de pont (Bofors 40/L70 autocanon).


garde-côtes classe HIDA
L'île de Pengjia étant occupée en permanence depuis au moins cent ans, elle peut revendiquer une zone économique exclusive (ZEE) autour d'elle dans la limite des 200 nautiques, ce qui englobe les Senkaku inhabitées qui sont limitées, elles, aux douze milles de base, selon la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, Partie VIII, art. 121 (Les rochers qui ne se prêtent pas à l’habitation humaine ou à une vie économique propre, n’ont pas de zone économique exclusive, ni de plateau continental). Ce qui nous promet de beaux développement dans le futur.

L'île est interdite d'accostage.


- île taïwanaise de Pengjia -


vendredi 19 octobre 2012

L'arme fatale de M. Cahuzac...

... n'a qu'un coup !

Quatre-ving-dix pour cent des Français ne subiront pas de surpression fiscale, annonce le morne Ayrault. Dix pour cent seront appelés à contribuer à une meilleure justice, tant les cadeaux furent gras sous le quinquennat précédent. Et les mesures de justice fiscale vont faire le buzz dans l'Hémicycle à partir de maintenant à la lecture des amendements parlementaires sur le budget 2013.
Depuis deux mois - on ne savait rien avant - les conseillers juridiques et fiscaux de la place travaillent soixante heures par semaine pour fournir aux ayant-biens leurs hypothèses de surtaxation pour le quinquennat de M. Hollande, afin que ceux-ci prennent les décisions de sauvegarde qu'ils jugeront appropriés pour leur famille. Il est à parier que les assiettes qui n'auront pas disparu du Rôle début 2013 le feront en cours d'année, à la fois parce que les décrets d'application donneront exactement le périmètre menacé aux cabinets-conseils, d'une part, et que la récession économique attendue par tout ce qui n'est pas au gouvernement, va accumuler les nuages d'orages sociaux sur le pays, orages qui finissent plutôt mal ici. M. Cahuzac sera bien aise de passer ses textes courageux mais le coup parti, il n'aura plus besoin de cartouches car les cibles se seront évanouies. Un gouvernement imbécile frappe sur le capital disponible et sur les esprits capables de le transformer. Typiquement socialiste ! On reparlera après ça des Emigrés pour faire bon genre.

Non, DSK n'est plus là
Fleur Pellerin, ministre délégué chargé des Petites et Moyennes Entreprises, de l'Innovation et de l'Economie numérique (ça fait beaucoup même pour un charmant conseiller référendaire à la Cour des Comptes), ne voit rien partir : « Pour l'instant, il n'y a pas de signe d'un quelconque exode fiscal ». Parce que ceux qui caltent lui téléphoneraient auparavant pour leur quitus fiscal ? Il faudra attendre, chère Fleur Pellerin, les déclarations d'impôts de mars 2013. Si Madame le ministre délégué sortait un peu plus souvent de l'Etat et de ses pompes, elle apprendrait des trucs pas bien. Les bureaux d'acclimatation fiscale de Belgique et du Royaume-Uni, comme ceux d'Irlande et des Pays-Bas, du Grand Duché et même du Bade, comme bien d'autres encore - on part aussi pour Séoul, chère Médème - pourraient lui dire combien ils remercient le cabinet Ayrault de ses encouragements au départ. Ils sont en train de faire fortune.

"Barrez-vous !" disaient trois bouffons sur Libération, en écho à l'insulte calculée de David Cameron au G20 de Los Cabos : « Quand la France instituera un taux de 75% pour la tranche supérieure de l'impôt sur le revenu, nous déroulerons le tapis rouge et nous accueillerons plus d'entreprises françaises, qui paieront leurs impôts au Royaume-Uni. Cela paiera nos services publics et nos écoles.» Le pauvre M. Sapin qui croit flotter avait répliqué que le tapis coulerait dans la Manche (?!).

C'est au tour du maire de Londres, Boris Johnson, énivré peut-être par l'indéniable succès des Jeux Olympiques, qui envoie sa flottille à Dunkerque embarquer les talents en partance : « We say to the people, not since 1789 has there been such tyranny in France, I am very keen to welcome talented French people to London.» C'est clair et net, la peste socialiste renoue avec l'ancienne tyrannie de la Convention aux yeux des Anglais !


ciel de propagande de la mégapole anglaise

Mais plus grave sans doute est l'activité de l'officine londonienne de récupération des états-majors du CAC40, créée par le cabinet Cameron, qui leur déroule réellement le tapis rouge en prenant en charge la recherche de logement, celle d'emploi ou d'occupation pour les conjoints, des écoles ou des places à l'université pour les enfants... à seulement 2h30 de Paris sans prendre l'avion ! Un blocus continental de la Perfide Albion est plus que jamais indiqué pour sauver la matière grise.


Si ça vous tente, débroussaillez d'abord le sujet avec l'APCE française qui vous dévoile ici l'atterrissage en Grande-Bretagne, par exemple. En plus c'est un royaume ! Que demande le peuple ?

jeudi 18 octobre 2012

Un cas d'école de délocalisation

Où l'on mesure à quel point l'esprit revendicatif domine le partenariat social.

Il s'agit d'une entreprise que je connais bien pour y être allé charger vingt fois. Coincée entre la RN13 à quatre voies et le village d'Orgeval (Yvelines) bâti jusqu'à sa porte, une des premières maisons de commerce de thé d'Europe avec 25 millions d'euros de CA, a décidé de délocaliser son site de production. Un port aurait été une bonne implantation pour du commerce intérieur et extérieur, et le groupe italien Illy de Trieste qui la contrôle depuis 2004, avait offert des conditions avantageuses pour relocaliser la production au port de Trieste. Quasiment tout le thé du monde sort du canal de Suez, c'était mieux qu'Anvers ou Hambourg.

Mais la famille Jumeau-Lafond qui succéda aux Dammann ayant reçu patente sous Louis XIV pour le commerce de cafés, thés et chocolats, a préféré rester sur ses terres où elle emploie 170 employés fidèles et apparemment heureux de leur sort ; à savoir personnellement que c'est la seule usine dans laquelle j'ai pénétré où chaque employé croisé vous dit bonjour en vous regardant d'un sourire ! Le patron a décidé de délocaliser de... 49 kilomètres à vol d'oiseau ! Dans les entrepôts vides de Philips à... Dreux ! Il double sa surface de production sans accroître ses charges.

Didier Jumeau-Lafond
Des Quarante-Sous d'Orgeval à la rue de Réveillon à Dreux, Michelin m'offre un trajet économique de 63 km en 50 minutes pour 7,17€ de carburant. C'est pas la Turquie ! D'accord, cela représente sur une année de 46 semaines travaillées à 4 jours et demi, la coquette somme de 3300 euros de carburant plus l'usure de la voiture, mais en région parisienne ce n'est pas extravagant.
Qu'à cela ne tienne, Didier Jumeau-Lafond qui prenait évidemment avec lui les 122 salariés du site d'Orgeval, proposa à ceux qui ne pouvaient pas déménager tout de suite à Dreux, une Renault Twingo gratuite pendant 3 ans et cent euros par mois d'essence pendant 2 ans ! Insulte paternaliste, et la CGT de crier au "patron-voyou" pour toucher des primes de licenciement améliorées. Aux Prudhommes !
La majorité des salariés suivirent l'entreprise (70/122) mais 50 refusèrent et 41 ont suivi la CGT. Un an après, les Prudhommes de Poissy viennent de leur accorder le "licenciement de confort" selon les termes de Me Bourhaba, avocat des plaignants, en une indemnité d'un an de salaire, ce qui fait un décaissement de près de trois millions d'euros pour la trésorerie de l'entreprise.

Damman Frères à Dreux a remonté son effectif, passant de 122 à 170, faisant tourner à plein Pôle Emploi et Cap Emploi, récupérant au passage des laissés-pour-compte de chez Philips. L'entreprise a désormais tout l'espace convenable pour se développer et peut compter sur la solidarité de ses nouveaux collaborateurs. Les vainqueurs de Poissy peuvent maintenant chercher un job sereinement, mais de futurs employeurs du canton poseront tous la même question que vous devinez : où étais-tu en 2011 ?

Petit bout par petit bout tout s'explique et le "droit" des travailleurs a prévalu. Mazette ! Ils sont désormais chômeurs dans leur droit et porteront les stigmates de la rigidité cadavérique en période de crise ! Notre société est très malade de son modèle paléo-socialiste qui nie toute souplesse dans la gestion et le développement des entreprises, ce que réclame un grand patron comme Carlos Ghosn quand il traduit la flexibilité par : amener l'effectif sur les sites qui ont des commandes à livrer ! Pendant ce temps nos concurrents progressent sans génie mais avec leur simple bon sens.

Moralité, si Dammann Frères était parti à l'étranger (Tournai n'est qu'à 215km), personne ne pouvait plus l'ennuyer, mais M. Jumeau-Lafond, malgré une décision qu'il juge sidérante, demeure "patriote" !






PS : DHL ferme son site de Dreux et octroie un plan social mais ne reprend personne ailleurs ; 108 salariés au tapis.


mercredi 17 octobre 2012

Un bouchon de champagne sur le torrent khmer

SM Norodom Sihanouk
Le cercueil du roi-père des Khmers est arrivé ce matin à Phnom Penh. Son prénom, de Sihahanu signifiant "gueule de lion", était son étendard. Comme le racontait le bon docteur Blaggi qui fut son "agent" dans la Chinatown parisienne, il détestait qu'on tue le lion dans ses parties de chasse et fit un jour des remontrances appuyées à celui qui l'avait sauvé d'un tigre. Choisi par le gouverneur-général Decoux dans la pépinière royale pour succéder à son grand-père, il ceint la couronne à dix-huit ans, à peine sorti du lycée Chasseloup-Laubat de Saigon (il n'y avait pas d'établissement de second cycle à Phnom-Penh). C'était largement trop jeune pour gouverner mais ce n'était pas ce que lui demandait la puissance coloniale. Débutant son règne en 1941, il montrera tout le long de sa vie une incroyable plasticité face aux évènements, toujours tragiques, que subit son royaume ; roi, prince-héritier en hommage à son père, régent de la reine-mère, premier ministre, président, roi à nouveau... il abdiqua enfin quand la bise de l'âge fut venue pour devenir "roi-père", laissant bien des observateurs dans la perplexité (voir les métamorphoses du Dieu-roi dans la Wikipedia).
Norodom Sihanouk fonda avec Senghor, Bourguiba et Diori la Francophonie en 1970 en créant à Niamey l'Agence de coopération culturelle et technique (ACCT).

Son successeur
François Chalais, grand reporter à l'ORTF, qui le connaissait bien nous raconte dans Les Chocolats de l'entracte sa dernière rencontre à Paris : « Malgré sa quarantaine à peine entamée, il paraissait très fatigué. Découragé, même. Il disait alors que, si on ne voulait plus de lui, il partirait. Qu'il voulait surtout éviter ce dont il avait le plus horreur : la guerre civile et le sang innocent répandu. Plusieurs fois, devant l'Assemblée nationale, il avait offert sa démission. Chaque fois, cette espèce de deuil que l'on pouvait lire dans les yeux de son peuple avait retenu sa décision. Alors, il souriait de nouveau, retardant ce séjour en France, dans une clinique de Grasse, qui était indispensable à sa santé. C'est parce qu'il se sera attardé, une dernière fois, un peu plus longtemps que de coutume, dans ce refuge si souvent remis à des temps qu'il croyait meilleurs, que ses conseillers et des députés (pratiquement tous nommés par lui et en apparence à sa dévotion) ont organisé la rébellion. S'il avait été à Phnom Penh, ils n'en auraient jamais eu la hardiesse.»

Si son inclination pour un marxisme rural à la chinoise fait peu de doute, on cherche encore l'idée directrice personnelle dans sa "politique" à partir du moment où il obtint le retrait du protectorat le 17 octobre 1953. Sa vision oudinique du pouvoir ne lui permit de rien construire dans la durée à Phnom-Penh, mais on lui accordera que personne à l'époque dans la région ne fit mieux.
Profitant de la vie comme un satrape - il prit sept épouses qui lui donnèrent quatorze enfants - il sera sans surprise chassé du pouvoir pendant la guerre américaine par un général de son entourage réputé efficace, Lon Nol, un homme à poigne, bon administrateur formé par les Français, mais... malade ! L'irrésolution du commanditaire yankee ruinera le pays !

la relève
Réfugié en Chine après un détour par Pyongyang, il se trouve être chez les propres mentors des monstres barbares qu'il fuyait, récupérant bientôt les Khmers Rouges dans son nouveau parti politique de résistance à l'occupation libératrice perpétrée par le Vietnam. Sur ordre de Pékin, il reprend le titre de président du Kampuchea démocratique, régime génocidaire que l'on sait. C'est à dater de ce jour que s'est éteinte ma considération déjà bien entamée pour ce qui n'était au fond qu'un sauteur, intelligent mais trop compulsif de mon point de vue.

Malgré tout, il a démontré la force du principe monarchique qui sauva la cohésion du pays menacé de chaque côté par ses voisins. Ses sujets-concitoyens vénèrent à travers lui et son fils aujourd'hui une dynastie qui remonte à l'an 478 de notre ère, dont la branche post-angkorienne actuelle débute en 1431. Et la belle légende va continuer après lui.





Il est mort d'une crise cardiaque le 14 octobre à Pékin, sans doute à l'Hôpital militaire 301, le Val de Grâce chinois. Le pays a décrété un deuil national d'une semaine. Il faudra trois mois au dictateur Hun Sen pour organiser ses funérailles grandioses dans la grande tradition royale khmère. Le peuple est sincèrement affecté.

Paix à son âme !


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