jeudi 30 octobre 2008

Réforme départementale

balladurLe Comité Balladur est installé. Haro sur le département ! De tous bords on accable cette "antiquité" territoriale dessinée au compas équestre par la Constituante de 1789 afin de faciliter jadis l'administration de circonscriptions uniformes tant pour l'équipement (ponts & chaussées), la police, la justice que le fisc.
Le fabuleux désordre administratif de la France d'Ancien régime s'accordait mal aux besoins d'un gouvernement moderne, et déjà en 1665, le roi Louis XIV avait étudié les plans du conseiller d'Argenson, sans y donner suite au moment, sans doute parce que la départementalisation affaiblissait par contrecoup les fiefs des grands du royaume et les notables, suffisamment concernés déjà par leur réquisition à la Cour.

D'un côté donc, les Royalistes vomissent le département "révolutionnaire", de l'autre les fédéralistes s'en trouvent encombrés entre les comtés qu'ils attendent sous le nom d'agglomération de communes ou autres syndicats territoriaux et les länder qui les libèreront du poids de l'Etat dans leur marche en avant vers l'Europe Unie. Mais au final qu'en pensent les citoyens ? Un sondage involontaire fut la question des plaques d'immatriculation automobile. Le Français veut garder son "13", son "66", son "40". Seul peut-être le "75" est disposable.

Quand vous demandez à quelqu'un quelle est la circonscription de ses racines, car il s'agit bien de sol en l'affaire, il cite sa ville de naissance sinon celle où il a grandi et en même temps son département. A part quand elle est monotypée comme l'Alsace, la Bretagne ou le Nord-Pas-de-Calais, la région n'est pas ressentie, les gens ne se sentent pas "midi-pyrénéens" ni "poitevin-charentais". La tendance technocratique étant en plus d'agrandir les régions en en diminuant le nombre, les possibilités d'identification reculeront d'autant.

Ce département dont le périmètre est à une journée de cheval du chef-lieu, a taille humaine. On peut remplacer le cheval par le vélo ! C'est mode ! En outre, il est le plus souvent "charpenté" par une rivière et ses affluents qui l'identifient visuellement sur le terrain. Mais autant le citoyen finit par "faire corps" avec son département, autant reste-t-il étranger à "ses" services préfectoraux, sauf la DDE dont tout le monde se moque. Que sait-il vraiment du conseil général ? Il ne connaît pas même son conseiller local en dehors du petit tapage des cantonales, et encore moins le Conseil général comme enceinte décisionnelle, en dépit de coûteux panneaux publicitaires qui ornent les moindres travaux routiers.

Le département est à l'usage une circonscription identitaire assez forte, bien plus que la région, et une circonscription administrative efficace par expérience. C'est bien la circonscription d'action politique qui est redondante et qu'il faudrait supprimer en économisant le conseil, les conseillers généraux et leurs services. Manque de chance c'est le morceau départemental le plus difficile à détruire puisqu'il est un nid d'élus.
Une dernière fonction semble bien aller au département c'est la circonscription électorale d'arrondissement. Rêvons, 3 députés d'arrondissement par département multiplié par 100 départements, cela ferait 300 sièges à pourvoir au lieu de 577. La réforme rapporterait de l'argent. Et si nous supprimions le Sénat par derrière, nous serions riches.

carte départementale
Qu'en pense monsieur Balladur qui préside depuis hier le Comité pour la réforme (patissière) des collectivités locales ? Sans doute qu'il ne pourra contenter tout le monde et le roi. L'effervescence démagogique, le clientélisme induit et la créativité des prébendes associatives aboutissent à un foutoir comparable à celui que tentait de résorber Calonne (1634-1802) à la veille de la Révolution. Chacun à son étage fait tout et mal, affiche ses compétences contre celles des autres, mobilise des équipes et des crédits pour les distribuer dans le premier but d'asseoir son autorité. Mais à la collecte, la taxe professionnelle est en revanche votée à 6 niveaux, déresponsabilisant les décideurs !

Deux intentions se font jour : l'une est la spécialisation des collectivités locales qui tranchera une bonne fois cette stupide universalité de compétences. Un maire est responsable de tout ! L'autre devra combattre le jacobinisme ambiant en faisant du cas par cas, dans l'analyse de chaque collectivité. Fusions, suppressions, divisions sont à prévoir, autant dire du sang et des larmes pour les porteurs d'écharpes sans parler de la fronde parlementaire inévitable.

Recréer le département de la Seine en agrégeant une partie de la Petite Couronne à Paris, c'est le travail de Christian Blanc. Supprimer l'échelon départemental dans de grandes villes comme Lyon, Marseille, Lille-Roubaix-Tourcoing, Toulouse, Nice, Nantes, Bordeaux, Rennes et Strasbourg paraît sensé. D'autres pays ont créé des villes-état non-capitales avec succès : Hambourg, Brême, Shanghai, Chongqing, Tianjin. Incorporer les régions pauvres à des voisines plus riches n'est pas idiot. Pourquoi "uniformiser" le mode de découpage ? M. Sarkozy prône la souplesse quand il affirme favoriser une "diversification des solutions selon les territoires".

Une troisième idée est plus sournoise : calquer le découpage administratif français sur celui de l'Allemagne. Ce serait méconnaître les spécificités nationales et la construction historique de ces deux états, frères aujourd'hui mais pas jumeaux.

Pour une fois depuis bien longtemps les réformes tourneront donc le dos au caporalisme républicain. Ce n'est qu'un début, continuons le combat de la diversité pour un plus grand Bien commun à l'échelon du ressenti, c'est-à-dire dans ma commune et un peu alentour. Le reste au roi qui n'est pas mon cousin.


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mardi 28 octobre 2008

World Economic Forum

porte vitrée du World Economic ForumLe Premier World Economic Forum™ consacré à l'Europe et à l'Asie Centrale s'ouvre dans deux jours à ... Constantinople !
Que va-t-on apprendre au-delà de la ruine des croupiers de Wall Street ? Par exemple que la Turquie n'est pas en excellente santé depuis que les pouvoirs s'affrontent autour de l'islamisation forcée d'un peuple, soufi dans sa nature. Mais rien d'inédit là. Par contre, nous allons découvrir que l'économie turque est bien meilleure que celle de pays membres à part entière aujourd'hui de l'Union européenne : si l'on n'attend pas de miracles de la Roumanie et de la Mafia bulgare¹, on se sait pas de prime abord ce qui retient la Tchéquie ou la Pologne de pospérer après les injections massives de la Communauté et les investissements massifs des conglomérats privés. Mais on frôle la stupeur quand on nous dit que la Hongrie est l'homme malade de l'Union ! Et que la Biélorussie mange sa soupe sur la tête de tous ceux-là, avec les félicitations du FMI qui la cite en exemple !

Allons à Budapest.
Très officiellement les dirigeants hongrois redoutent un sort moins enviable encore que celui de l'Islande, qui a fondu les plombs le 14 octobre : bourse en chute vertigineuse de 76% dès qu'on a su que le total des dettes accumulées par les trois banques fraîchement nationalisées représentaient 12 fois le PNB islandais ! Cette déclaration malencontreuse des dirigeants hongrois a suscité la réaction du FMI qui s'est dit prêt à voler au secours de l'Etat magyar, ce qui par contrecoup a déclenché la panique, tout le monde étant sûr alors de l'état critique du pays.
De la crise politique latente depuis les révélations des mensonges du premier ministre en 2006 plus personne ne parle car la spirale qui s'ouvre sous leurs pieds est quasiment fatale, le pays étant à la merci d'une mise sous tutelle internationale comme une république africaine.

Situé en plus à l'extérieur de l'Eurogroup (et pas près d'y rentrer) le pays subit une spéculation sur le forint qui est devenue une piastre tout juste bonne à aller au marché, depuis que les emprunts des ménages sont, faute de confiance, libellés à 90% en devises étrangères, franc suisse et euro.

Budapest
Les déficits gouvernementaux se creusent depuis vingt ans et la dette dépasse les deux-tiers du PIB. Nous, français, connaissons tout ça par coeur, d'où l'intérêt de l'observation : dans ces circonstances alarmantes, le gouvernement ne cherche même plus à redresser sa situation - le peut-il encore - mais bricole dans les nationalisations libérales et convoque la "solidarité". A commencer par celle des pays frères du Comecon, venus eux-aussi en Europe occidentale pour faire les moissons mais peu enclins aux labours : un mini-sommet a réuni la semaine dernière à Varsovie les huit pays de l'Est : Pologne, Estonie, Lithuanie, Lettonie, Hongrie, Slovaquie, Bulgarie et Roumanie ; ils veulent faire bloc, contre ! Si la Commission a déclaré faire son "possible" pour la Hongrie - elle n'a aucun budget pour faire quoique ce soit de significatif - la Banque Centrale Européenne, bonne fille, s'est fendue d'un crédit de 5 milliards d'euros à la mi-octobre, confirmant à tous que la situation était presque désepérée. L'ambiance qui prévaut à Budapest est celle d'un pays assiégé économiquement, et encore doit-on se fier aux comptes publics officiels pour juger du péril. Comme au temps du Mur, il va suffire d'observer le sens de passage des valises.

Quand le président français réclame, comme le Hongrois, l'assouplissement des critères de Maastricht et un gestion positive des taux de base de la BCE, il appelle aussi à la solidarité, et cache notre situation exacte sous un orage médiatique de tous les instants. Mais la pièce écrite par les conseillers en communication de l'Elysée ne peut se jouer éternellement et les institutions financières responsables vont très bientôt baisser le rideau et couper la lumière en salle pour "compter". A ce moment, nous risquons nous aussi d'être très mal jugés dans la nudité d'une vérité bêtement comptable, et les adversaires impénitents de l'euro pourront alors avec raison nous dire que la monnaie unique a caché un temps l'étendue des dégats, tandis que si nous avions conservé le franc français, nous aurions été alerté beaucoup plus tôt par un infarctus sur le marché des changes qui aurait ruiné l'épargne des ménages ! Utile alarme !

GyurcsanyLe 18 octobre, le premier ministre Gyurcsany a décrété l'état d'urgence financier ! Une posture pour la galerie; mais la galerie ne le croit plus et gare ses sous, pas plus d'ailleurs que les Français n'ont confiance dans les déclarations assez vaseuses des services ministériels. A preuve, ils chargent leurs coffres.

Toutes les solidarités, toutes les contraintes règlementaires sont inopérantes sans la volonté farouche de gérer son pays comme on gère son patrimoine, en bon père de famille. Antienne royaliste s'il en est. Les bons exemples abondent autour de nous de pays au même stade de développement que le nôtre qui sont bien gérés. Inutile de fouiller dans les précis de finances publiques ou de suivre des cours de créativité démocratique, il suffit d'observer certains voisins, quoiqu'il en coûte à notre dispendieuse fierté.

La gestion déficitaire de la France depuis l'avènement de la coalition de gauche en 1981 est criminelle. Le vote d'un budget d'Etat déficitaire devrait être constitutionnellement interdit, et les trahisons antérieures du principe de sagesse passibles de la Haute Cour. Mais en France, tout finit pas des chansons : "les parents boivent, les enfants trinquent" !

Note (1) : le député bulgare Atanasov a déclaré que "si d'autres pays ont une mafia, en Bulgarie c'est la Mafia qui a le pays". Entretemps l'Union de monsieur Barroso veut se rattraper avec l'intégration de la Mafia croate sous la pression du vice-premier ministre tchèque qui prend les affaires européennes en main au premier janvier prochain. A côté des Croates, les Bulgares passent pour des Bambi.


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lundi 27 octobre 2008

23° Lien Légitimiste

drapeau blenc sur champ de lis d'or
La 23° livraison du Lien Légitimiste est tombée samedi chez ses abonnés à l'édition papier, heureux lecteurs. Même après des lustres¹ de royalisme on y apprend chaque fois quelque chose. Ce mois-ci j'ai pénétré l'histoire discrète en France de la jeune monarchie belge dans le second volet de cette saga recensée par Gérard de Villèle. Entre autres choses que j'ignorais, l'accouchement d'une nation belge attendra l'issue de la Grande Guerre et la juste fierté des peuples pour leur roi-soldat Albert Premier.

Albert sous le casque Adrian
Le jeune prince héritier Léopold (futur III) servira dès 1915 comme simple soldat au 12° de Ligne ! Il était dans sa quinzième année ; ces gens ne trichaient pas !
Par contre je connais mieux l'histoire africaine (le travail !) et tique un peu quand Bernard Lugan affirme que "le Congo belge fut la seule colonie à n'avoir rien coûté aux Belges, les autres colonies n'ayant été que gouffres financiers dont les puissances européennes et colonialistes ne sont pas encore libérées". OK, mais le Congo belge n'existait que par l'Union Minière du Haut Katanga qui exploita jusqu'à l'indépendance le territoire le plus prometteur d'Afrique après celui de l'Union Sud-africaine. Si vous ne chargez pas trop le compte d'exploitations en charges, le résultat en est amélioré. Il ne fut construit au Congo aucun état ni maillage administratif du modèle de ceux qui quadrillaient la zone coloniale française. Même très imparfaits, ils permirent chez nous la transition des années soixante.

Jean de La varendeDans ce numéro se termine la série La Varende, héraut de la légitimité. Quatrième volet en façon de péroraison sous la plume acide de Gérard Guillotel. On attend maintenant la publication du Journal de La Varende demeuré inédit pour obtenir l'imprimatur posthume de l'auteur sur son légitimisme. Un page plus loin, ce sont les Mélanges "à propos de choses diverses qui courent ici ou là ..." qui s'ouvrent par les mémoires de la Dame de Fer (publiés sous le titre 10 - Downing Street chez Albin Michel) évoquant le bicentenaire à Paris de la Révolution française. Pour une disciple d'Edmund Burke, cette orgie de meurtres et de guerres ne méritaient pas la commémoration hollywoodienne dans laquelle l'Etat français s'est vautré en 1989.

Vient ensuite une critique des deux livres parus cette année sur Louis XIII, l'un de Jean-Christian Petitfils, l'autre de Françoise Hildesheimer. C'est le second qui personnellement m'a le plus intéressé parce qu'il détaille minutieusement la conscience professionnelle propre aux Bourbons et surtout à ce roi au combien courageux mais disgracié par l'historiographie. A défaut d'acheter le premier qui est toute une somme et cher, on peut lire l'article du Lien pour n'avoir pas l'air idiot dans les dîners en ville.

Dans ses "Mélanges", Gérard de Villèle met côte à côte la reconnaissance des princes de France par la République à l'occasion de la visite du pape à Paris, et le discours sur la famille du Duc de Vendôme édité déjà sur Internet par AContreCourant. On notera, comme dans l'éditorial de Jacques Rolain, que le Duc d'Anjou s'est vu offrir la place protocolaire qui lui revient de droit, tant par les services de l'Elysée que par ceux du saint siège. Il est vrai qu'aîné des Capétiens, chef de la maison de Bourbon, bailli grand croix d'honneur et dévotion de l'Ordre souverain de Malte et titulaire du siège de Louis XVI à la société américaine des Cincinnati, ça pose !

Louis de Bourbon et Jean d'Orléans
Il ne manque au prince Louis qu'une secrétairerie d'Etat pour s'impliquer et prendre date et position sur les problèmes de notre pays. Va-t-on reconstituer le secrétariat politique du prince Alphonse, dissout à sa mort, il y a vingt ans déjà ? Les compétences ne manquent pas parmi ses fidèles et sympathisants, il ne s'agit que de les coordonner sur une charte rédactionnelle par le moyen d'un réseau virtuel comme en offrent les flux électroniques actuels.

On termine par l'éditorial.
Il met l'accent sur la visite du saint père et son désaveu de la Révolution. Les grâces qui lui sont faites par le présent locataire du palais comme la prévenance montrée à l'endroit de la maison royale tant par les invitations faites officiellement que par les compliments chaleureux faits en privé, laissent deviner un certain essoufflement des principes "inopérateurs" brandis encore aujourd'hui par des sans-culottes autistes. La révolution ne "fait plus recette"; qui s'en plaindrait ?
Reste à préparer maintenant la commémoration du 20ème anniversaire de la fin brutale du prince Alphonse de Bourbon, un certain 30 janvier 1989 à Beaver Creek (Colorado).

Le Lien légitimiste est un bimestriel par abonnement. Il coûte 20€ pour 6 numéros et 10€ dans sa version électronique au format .pdf diffusée par courriel.
Adressez votre règlement par chèque libellé à l'ordre du Lien Légitimiste à l'adresse de Gérard de Villèle : 10, place Foire-le-Roi 37000 TOURS
Mél : gerardchezvillelepointcom.

Nouvelle adresse :
Le Lien Légitimiste
Petit-Prix
37240 La Chapelle Blanche Saint-Martin

Note (1) : 10 !


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samedi 25 octobre 2008

UK Royal Artillery

La vidéo du week-end vous est offerte par le cousin grand-breton.
Saluez le Royal Artillery de la Reine et montez le son ...

badge du Royal Artillery de la Reine



Royal Artillery Museum
Nous essaierons d'en prendre l'habitude, chaque samedi, une vidéo choisie !


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vendredi 24 octobre 2008

Le Sakharov à Hu Jia

C'est Hu Jia qui reçoit le prix Sakharov 2008 décerné par le Parlement de Strasbourg. Qui est-il ? Un fouteur de merde converti au bouddhisme tibétain lors des émeutes de juin 1989, nous disent les réactions officielles chinoises, un activiste hyperactif qui a couru les tribunes étrangères pour dénoncer la politique d'ordre, un criminel glauque condamné à 42 mois d'isolement à la succursale du Lao-Gaï¹ de Tianjin pour incitation à la subversion du régime ; ce qui est parfaitement avéré. Ne soyons pas naïfs. Son palmarès est dans la wikipedia.


Hu Jia et madame, Zeng Jinyan

« En décernant le Prix Sakharov à Hu Jia, le Parlement européen reconnaît de manière ferme et résolue le combat quotidien pour la liberté de tous les défenseurs chinois des droits de l'homme ». (HG Pöttering, président du Parlement)

Les ligues et les associations des droits de l'homme comme la Laogai Research Foundation sont ravies de ce choix. A priori, moi aussi ! A posteriori, la décision du Parlement européen conteste l'exercice outrancier de la souveraineté du pouvoir chinois sur ses peuples ; c'est une ingérence formelle ! Aucune attitude n'irrite plus le pouvoir chinois que l'ingérence étrangère dans ses affaires intérieures, c'est pavlovien depuis les Traités inégaux du XIX° siècle. Je serais bien en peine de prédire les développements que cette distinction lointaine vaudra à Hu Jia et les siens car le pouvoir est habitué à instrumentaliser le patriotisme endémique des Hans à des fins diplomatiques ; les Jeux olympiques de cet été nous ont montré comment. La chasse au yak, le SIDA caché, Tian An Men 89, sont-ils des dossiers qui le protègent ? J'en doute.

On comprend bien qu'une puissance de la taille de la Chine n'accepte pas qu'on lui dise où faire ce qu'elle a à faire, d'autant qu'aucun des donneurs de leçons n'a exercé de responsabilités gouvernementales sur un Etat unique d'un milliard trois cents millions de gens répartis en 82 peuples ! Nous souvenir de la manière dont nous "tenions" l'Empire français (pour ne pas parler de la méthode britannique) serait le commencement d'une lecture des contraintes affrontées par ces horribles communistes-capitalistes, que je déteste ! Mais admire un peu quand le moulin ralentit sur la Mancha !

Pour le moment, l'endroit le plus sûr pour le dissident couronné reste paradoxalement le cachot, sous les lasers de la presse internationale. Souhaitons-lui que la couronne ne soit pas d'épines !

canard de la Cité interdite
Ce que ne veut pas savoir Hu Jia (à moins qu'il ne fasse semblant) est la faiblesse de ses soutiens, faiblesse aggravée par la crise économique mondiale :
Sans parler de découplage entre les économies des pays riches et l'économie chinoise, il est certain que la récession va diminuer l'intensité des réciprocités. Si les tentatives d'intimidation du pouvoir chinois ont moins de levier (leverage) sur ses fournisseurs et investisseurs occidentaux c'est bien que ceux-ci sont par les temps qui courent moins acteurs qu'observateurs. Dans l'autre sens, les objurgations et remontrances habituelles de l'Ouest bien pensant glisseront comme l'eau de pluie sur les plumes du canard mandarin.

Le sommet de l'ASEM-7 qui réunit aujourd'hui à Pékin 43 pays [Chine, Japon, UE(27), ASEAN(10), Corée du sud, Inde, Mongolie extérieure et Pakistan] ne sera pas perturbé par le prix Sakharov ainsi qu'en a décidé le gouvernement du pays hôte et comme en ont convenu in petto les invités. En ce sens, c'est pour l'instant un pas de clerc des eurodéputés emmenés par le groupe des Verts. La meilleure issue pour Mr Hu serait une conspiration du silence en Chine jusqu'au jour de sa libération, même si l'agit-prop de Reporters Sans Frontières compte bien capitaliser sur cette affaire, quoiqu'il en coûte au lauréat, as usual.

KouzouliLes députés socialistes et communistes européens ont voté contre l'attribution du prix Sakharov au dissident chinois. L'auraient-ils donné au Biélorusse (humour)? Même après la chute du Mur, on ne peut se défaire à Gauche d'une certaine "compréhension" des problèmes assaillant les Grands Frères. Le sénateur Mélenchon nous en a fait la démonstration éclatante contre le féroce 14° dalaï lama qu'il passait d'avance par pertes et profits pendant les Jeux olympiques. Il y a des limites à la décence, mais Mélenchon "...ose tout, c'est à cela qu'on le reconnaît".

Les candidats déboutés étaient un opposant au despote éclairé au gaz russe Loukachenko (Alexandre Kozouline) incarcéré à Minsk, et un abbé congolais qui assure les bons offices de pacification en RDC (Abbott Apollinaire Malu Malu).
Malu MaluCe dernier, docteur en sciences politiques de l'université de Grenoble, risque sa peau depuis qu'il fait de l'ombre aux chefs des factions congolaises. A Strasbourg, il l'a échappé belle !
Finalement nos décorations à longue portée nous font plaisir à nous-mêmes et c'est bien ce qui compte. Tout dommage à l'élu prouverait s'il était nécessaire le bien-fondé de la distinction.

Note (1) : le Lao-Gaï (rééducation par le travail sans la joie) est le cousin du Goulag soviétique. Ses centres de détention sont des usines référencées au Dun & Bradstreet :
A Tianjin, la prison de Gangbei est la Tianjin Cylinder Liner Oil Pump Fty, et celle de Xiqing, la Tongnan Hardware Electric Appliances Products Fty.
Mais personne en Chine ne peut concevoir qu'un prisonnier se tourne les pouces.



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jeudi 23 octobre 2008

Le roi du temps long

montreLe roi est la clef de voûte institutionnelle idéale puisqu'il pérennise l'idée de Nation, l'incarne toute et la domine. Il sert de repère fixe dans les périodes de tumultes, apaise les contentieux, recherche le bien de chacun et de tous, et par éducation, est au fait de la chose publique très tôt dans sa vie. La charge de roi accumule l'expérience nécessaire à l'exercice de sa fonction pendant une période plus longue que la seule vie du titulaire au moment. Le roi dont le souci premier est le legs d'un héritage toujours mieux consolidé n'est prisonnier d'aucun dogme, d'aucune idéologie, d'aucune loi supérieure à celle qui le sacre. Le roi est enfin la garantie d'un rajeunissement périodique de la clef de voûte nationale quand s'ouvre sa succession. Le modèle est naturellement évolutif. [ Conclusion de l'A-propos ]

La conjoncture mondiale actuelle exacerbe la nécessité des politiques de temps long autant que la primauté retrouvée d'une certaine morale internationale sans laquelle la globalisation va s'effondrer sur elle-même ! Pour faire court, les peuples de ce monde s'inquiètent de placer des gens sérieux aux manettes de la planète et s'ils les trouvent souhaitent de n'en point changer à bref délai.
La monarchie n'est pas le seul régime de temps long mais le plus répandu et historiquement celui qui a fait ses preuves. Les empires, déclarés ou de facto, capitalisent aussi le vecteur temps long, ainsi que la Chine nous en fait la démonstration depuis trente ans. Le pouvoir central de l'empire céleste revenu explore les voies d'avenir sur une projection à cinquante ans et fait la démonstration d'une incroyable permanence d'efforts sur un cap déterminé au début du voyage, quelque soit l'état de la mer. Il s'agit de retrouver la puissance hégémonique de l'empire des Qing qui connut son apogée à la fin du XVIII° siècle et d'éviter la corruption du modèle qui intervint à la prise de pouvoir de l'impératrice douairière Tseu-Hi. On peut décliner trois axes d'efforts :

a.- construction d'une force militaire de format technologique avancé mettant définitivement la nation Han à l'abri d'une agression ; cette politique de sûreté valide la constitution de marches comme le Thibet, le Xinkiang, la Mongolie ;
b.- accumulation d'un capital de manoeuvre ouvrant des possibilités d'intervention à distance pour préserver les intérêts vitaux situés hors de la sphère de souveraineté (matières premières, voies de transport) ;
c.- capacité économique permettant d'arracher définitivement à sa misère endémique le peuple le plus nombreux de la planète (et accessoirement les minorités qu'il "protège") ; l'instrument de mesure comparée est le Japon.

Zhong Nanhai compound
On notera que les crises financière et économique sont intégrées par les Chinois sur ce vecteur temps cinquantenaire - 18 mois pour la première et 3-4 ans pour la seconde - ce qui n'est pas de nature à les faire dévier, même s'ils en profitent pour faire des ajustements difficiles en temps de "paix" dans leur secteur bancaire. On notera aussi qu'il n'y a plus aucune ambition idéologique à Zhong Nan Hai¹, au grand dam des derniers états staliniens qui - nécessité du commerce fait loi - sont rejetés aux égouts de l'histoire. Le Parti communiste défend son pouvoir comme toute communauté humaine le fait, mais quand même et surtout parce qu'il se sent investi d'une mission quasiment sacrée, celle que nous venons d'énoncer.

La France n'a pas autant d'autonomie que la Chine milliardaire en habitants et son champ de manoeuvre comme ses capacités ont été réduites au pantographe de la mondialisation qui l'a fait passer sous la taille critique. Mais le handicap de taille - que l'on peut combattre adroitement - est moins pénalisant que l'absence de permanence de nos axes d'effort. La Cinquième République dont on fête le demi-siècle cette année, a démontré l'inconstance de ce régime d'alternances, de joutes stériles, de jeux coupables. Au résultat - comme on dit au pas de tir - on obtient un pays essoufflé, sur-endetté, ne maîtrisant plus ses flux vitaux et ouvert sans réelle défense aux dangers de tous ordres dont le moindre n'est pas la substitution démographique. Nous exportons nos élites et importons les laissés-pour-compte de pays pauvres étrangers à notre culture.

6 présidents
Après le bluff grandiose de la période gaulliste qui, reconnaissons-le, fit illusion longtemps, jusqu'à ce que nous soyons mis au pied du mur lors de la première guerre du Golfe, vint la modernisation pompidolienne qui lança la chasse aux canards boiteux ! Succès confirmé par le président suivant, jusqu'à détruire toute l'industrie de la machine-outil française et des pans entiers de la métallurgie. L'Allemagne ne nous a pas imités (elle ne nous imite jamais) et l'on voit aujourd'hui le différentiel de compétitivité sur les marchés internationaux.

Le président Giscard d'Estaing s'attacha presque exclusivement à vider le programme commun de ses adversaires de toute substance, en appliquant les mesures que ces gens-là préconisaient, à l'exclusion des nationalisations que l'on savait anachroniques et pétrifiantes. Son successeur, friand de politique florentine, réduisit l'économie du pays au minimum vital et laissa au bout de quatorze ans, une dette énorme sous une bureaucratie pachydermique. Vint alors le "fort en gueule" sympathique prêté à la République par la Ville de Paris qui stérilisa presque toutes les réformes que son team de campagne avait identifiées ! Le régime passait à la sclérose en plaque sans aucun but à atteindre autre que celui de se survivre.

Nous en sommes aujourd'hui à vouloir réformer un pays qui travaille peu, imagine peu et reste addicté aux allocations de tous styles. Il a bien du courage monsieur Sarkozy pour remonter la France au rang naturel qui est le sien, et s'il ne peut le dire avant d'avoir atteint l'âge canonique où les mémoires deviennent bavards, il doit souvent penser que ce régime est le plus mauvais outil possible pour gouverner vers le succès :
Même avec une majorité confortable dans les deux chambres du parlement, il se heurte au sabotage perlé de son administration², à la contestation permanente de sa légitimité à l'enseigne de la seule démocratie valable, celle exprimée en voirie, et à la guerre d'usure des lobbies, sous-partis et corporations d'influence.
S'il fait quelquefois le "roi", ne doutons pas qu'il en regrette l'image d'Epinal même quand l'aisance de jugement n'est pas au rendez-vous de son conseil privé. Quel axe pour la France ? Une avalanche de mots creux submergeant de bonnes intentions.

Même inséré dans la cohésion occidentale, un chef d'Etat français permanent et professionnel peut accomplir le redressement du pays au motif déjà que le cap décidé peut être maintenu pendant tout le cycle de recouvrance. Quel est ce cap ?
Il ressemble à celui poursuivi par l'empire céleste émergent : la puissance.

Nous avons plusieurs fois développé une politique de puissance sur ce blogue. Le succès (éventuel) de cette démarche politique nous apportera à terme plus d'autonomie dans les enceintes internationales, réveillera le génie français et sa légitime fierté en mettant nos peuples en sûreté sur les plans économique et militaire. Si la démarche est menée de concert avec un réarmement moral et mental du pays sur des valeurs sociétales fortes, le pays que nos enfants découvriront alors deviendra cher à leur coeur, une vraie patrie.
On ne voit pas qui sinon un roi et le régime monarchique qui le sert feraient mieux sur cet axe d'effort.
Au roi, et vite !

drapeau blanc

Note (1) : C'est la cité (interdite) du pouvoir chinois depuis 1949
Note (2) : Bercy n'a pas encore édité ses instructions aux services pour l'application du Paquet fiscal de 2007



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mardi 21 octobre 2008

La crise révélation

warren buffett«C'est à marée basse qu'on découvre qui se baigne à poil»². C'est le sage Warren Buffet, nouveau gourou de Business America, qui eut cette formule heureuse quand Lehman Brothers s'est effondrée sur Wall Street. "In Warren We Trust" est bien la devise qui remplacera "In God We Trust" sur les banknotes depuis que les deux candidats à la Maison Blanche ont déclaré le vouloir comme Secrétaire au Trésor.
Il y a cinq ans, c'était "In Alan We Trust" qui avait porté la Bourse aux faîtes vertigineux dont elle chute aujourd'hui !
Mais si l'on sait que Lehman Bros était géré comme un casino et que des dizaines d'autres banques par le monde, ne voulant pas passer pour pauvres rats des champs, en faisaient autant pour se croire affutées, le reflux fait découvrir aussi de grosses entreprises abonnées à la cavalerie, qui rémunéraient leurs actionnaires par la marge de cession/acquisition d'actifs, et non pas sur leurs bénéfices d'exploitation comme c'est la règle. Le groupe d'investissement australien Macquarie qui a des autoroutes en France, des parcs d'éoliennes en Espagne, des ponts à péage au Portugal, des tunnels payants, des aéroports, des highways aux Etats-Unis, s'avère être géré par escamotages d'illusionniste, à la limite du principe pyramidal particulièrement meurtrier lors d'un retournement de conjoncture. Haro sur les banquiers certes, mais ils ne sont pas les seuls. C'est l'âme humaine qui court au fric !

La crise met en lumière aussi les limites de compétence et tempérament des dirigeants du grand monde. A la surprise générale, le chancelier allemand Merkel a franchi son seuil de Peter et depuis la déclaration de crise est en remorque du quadrille Brown-Sarkozy-Trichet-Juncker. On la dit en campagne contre ses alliés sociaux-démocrates de la coalition, mais la toise n'a pas de réglage en fonction des circonstances, vous la faites ou pas. Elle n'a aucune vista et ne peut sortir de l'ornière conservatrice tracée par la Deutschand AG qui lui dicte sa politique.

SarkozyA ce moment, on doit reconnaître au président Sarkozy une vraie pugnacité à l'international sur un champ technique complexe où peu l'attendaient. C'était pour tous l'ancien chef de la police, un avocat d'affaires rompu à la transaction fiscale, un chef d'Etat rolexisé. Et bien non ! Il rend à la France surendettée par ses prédécesseurs un peu de lustre. Barroso lui même en campagne pour son renouvellement ne le lâche plus d'une semelle dans l'espoir de partager l'aspersion d'eau bénite.

Hélas à Washington, le monde entier s'aperçoit que le directeur français du Fonds monétaire international n'est pas au niveau requis en temps d'orage, puisqu'il est capable de ruiner sa carrière pour une bluette hongroise. Le French lover s'est-il fait relifté avant de prendre l'avion, qu'il était un peu tôt pour se noircir à la liqueur de jouvence de l'abbé Souyri ? Quand on a la plus riche épouse du PAF, qui vous offre la meilleure bouée pour nager dans the Washingtonian Pond, c'est impardonnable de connerie. "De la renommée, il ne lui manquait que la disgrâce" écrivait son biographe quand il fut viré de Bercy en 1999 pour "affaires" (CGE, MNEF, ELF) ; mais le prof libertin effaça l'ardoise médiatique grâce à sa besogne d'économie politique au sein du parti socialiste et servit de repère de saine gouvernance, jusqu'à devenir "présidentiable" et tout de suite après, un "éléphant" de trompe basse.

DSKAu moment où la France a besoin d'une convergence sur ses thèses au FMI, le levier que l'on disait le meilleur de la nomenklatura française, vient de flamber sur l'axe de commande. Limite de l'ouverture à gauche, les compétences n'y sont pas inépuisables ! Si ce n'était lui, nous proposions Montebourg ? D'ailleurs n'est-ce pas un député socialiste qui a regretté le manque d'hommes d'Etat au parti socialiste ?
Outre sa vertu de dévoiler les nageurs à poil, la crise a aussi le mérite, quand elle supprime la croissance, de stigmatiser la bureaucratie. Cette magie de la croissance est nécessaire à la dissimulation de fautes de gestion des Etats. Par l'augmentation régulière des rentrées fiscales à proportion du taux de croissance de l'économie, elle masque l'inflation naturelle des aides en tout genre et l'élargissement systémique des périmètres du fonctionnement administratif.
Dès qu'elle cesse ou si elle s'inverse, apparaissent les privilèges exorbitants du nouvel ancien régime, la gabegie démagogique au bénéfice des clientèles électorales, les pertes en ligne de l'impôt et tous ces ponts construits vers nulle part. C'est un grand jour pour Philippe Séguin que celui où l'on déclare la croissance à zéro ! A l'émission des Quatre Vérités (FR2) de ce matin, Jean-François Copé, chefs des députés UMP, annonçaient la constitution de groupes de traque du gaspillage à tous niveaux ; la journaliste n'a pu se retenir de rire ... et son invité pas moins !

JF CopéSur le plan des idées politiques, on assiste à un aggiornamento profond de la droite libérale qui d'une certaine façon exemplifie la plasticité rapide du capitalisme, bien plus pragmatique que dogmatique. La gauche qui ne sait plus où elle est ne sait plus quoi dire. Elle prépare le sacre de Reims sous de vieilles lunes comme si de rien n'était. Enterré sous la coupole du colonel Fabien, le parti communiste se vautre dans le populisme le plus racoleur comme ses ennemis intimes de trotskiland, sans voir que les gens du commun ne sont pas aussi stupides pour ne pouvoir accéder à l'étage de l'économie politique. D'ailleurs passés les premiers jours de stupeur, les zincs résonnent de cycles, d'inter-bancaire, dérivés et leviers, et autres "explications" produites par la vanité de l'Ecclésiaste mais parfois pertinentes.
Les royalistes sont-ils si "beaux" ?

J'ai couru aux chapelles me mettre à jour. Si l'inversion des pôles fut annoncée il y a longtemps par Henri d'Orléans, c'est bien un phénomène de cette ampleur qui nous arrive dessus. Or les chapelles sont quasiment muettes sauf à commenter comme je le fais ici, et restent abonnées aux pieuses litanies. Le (ou les) dogme(s) sont intangibles et fournissent l'explication du vaste monde jusqu'à la fin des temps. Pourquoi se fatiguer puisque tout finira au Jugement Dernier et que par construction "nous" serons parmi les Justes !

La seule chapelle ayant développé une plateforme politique est l'Alliance royale ; les autres "réfléchissent". Que nous dit la plateforme d'actuel ? rien ! Sa cohérence pourrait souffrir sans doute d'une mise à jour précipitée - ce n'est pas facile de bâtir une plateforme politique qui tienne la route - mais la seule innovation est un éditorial (n°727) sur le plan Paulson du mois dernier.
L'analyse est intéressante et fouillée, le libéralisme échevelé dénoncé avec de vrais arguments, mais la conclusion n'en est pas une : on fait quoi ?
La voici :

logo AR« La responsabilité individuelle ne peut exister qu’avec la pleine maîtrise de son destin. Lorsque les finalités sont correctement alignées, les responsabilités individuelle et sociale se complètent et trouvent à s’exprimer dans la liberté d’agir et d’entreprendre pour la prospérité de tous. Les Etudes politiques de l’Alliance Royale ont engagé une réflexion de fond sur ces questions. Quel modèle de société ? Quelles institutions politiques ? L’économie n’est pas la finalité de la politique mais elle en constitue un des piliers essentiels. On ne peut pas aborder la question politique sans s’interroger de la façon la plus profonde sur ce système économique qui domine le monde d’aujourd’hui : l’Ordo Liberalis ».

Si le parti de l'Alliance jette sa gourme pour bifurquer vers l'école de pensée, il quitte le champ politique pour entrer dans celui de la physique sociale. Il y a pléthore de laboratoires d'idées et parmi eux de volumineux think-tanks qui occupent l'espace de l'intelligence politique, économique et sociale. Dans la mouvance royaliste, les "penseurs" sont l'effectif le plus nombreux. Bonne chance quand même, mais il va falloir fournir.

Note (2) :"It's only when the tide goes out that you learn who's been swimming naked."


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samedi 18 octobre 2008

Que joue la presse ?

le secrétaire d'Etat LaporteS'est joué mardi dernier le psychodrame de La Marseillaise lors de la rencontre amicale de football France-Tunisie. Le pouvoir qui avait glissé sur deux broncas précédentes s'est pour le coup décidé à réagir fermement sans aller jusqu'à virer le secrétaire d'Etat aux sports, demeuré planté là à essuyer l'insulte.
Demain, on arrêtera le match ! Ainsi les forces de l'ordre, dont on ne doute pas de la pugnacité, vont-elles expulser du stade et canaliser plus de cinquante mille personnes en colère ... vers Paris ! Je fais confiance aux hauts fonctionnaires de la police parisienne pour user au mieux de la méthode de raisonnement tactique appliquée à une émeute plus géante encore que celle de mai 68 au Quartier latin ! Et je plains par avance les sapeurs-pompiers.
Ne me demandez pas de réfléchir aux solutions possibles, c'est déjà se mettre en péril ... les abysses de la connerie ordinaire sont insondables par définition.

John Travolta"From Paris with Love" : la transmutation en or du plomb des cités a échoué. EuropaCorp se retire sur son aventin de proximité : la Cité du Cinéma à Saint-Denis ; enfin, dès que les plâtres auront séché, courant 2009.
A ce que nous dit la presse généralement bien informée de la saga des ghettos, les figurants résidents, ne connaissant pas les us de la profession, voulaient toucher des cachets en proportion du budget de la production, et encaisser le prix de l'image, entendez, les prises de vue de "leur"cité ! Ils ont appuyé leur détermination dans la prise d'otage de Montfermeil City par l'incendie de dix véhicules que le producteur avait garés là pour les besoins du tournage. Cette appropriation d'un territoire par la force n'est pas forcément un fait nouveau dans l'histoire des conquêtes, du moins est-il convenu que les nouveaux maîtres organisent le banal et le vulgaire au bénéfice de toute la communauté ayant survécu à la guerre d'invasion. Ce qui n'est pas exactement le cas dans nos ghettos BBB : les guerriers dépendent des allocs quand ils ne vivent pas de rapines ou de l'élevage des drogués !
Ne me demandez pas de réfléchir aux solutions possibles, c'est déjà se mettre en péril sous le feu de batterie de la HALDE ; il n'est permis que de "les" comprendre.

Joseph FouchéLe John Edgar Hoover français qui survécut à huit ministres de l'Intérieur grâce à ses calepins nous dit à juste raison son étonnement de voir des scellés de justice diffusés par la presse. Que sert-il de juger la basse police, elle est aussi vieille que "le plus vieux métier du monde" avec qui parfois elle ne fait qu'un. C'est un travail de vidangeur assez nauséabond mais indispensable à l'exercice de tout pouvoir car la nature humaine est la plus complexe des organisations. Même les entreprises font leur basse police à l'intérieur pour sonder sans douleur coeurs et reins. Il ne sert à rien de charger l'ancien patron des Renseignements Généraux, c'est un métier qui demande des aptitudes rares, comme bourreau ou fossoyeur. Louis XVI en eut-il eu un meilleur qu'il aurait peut-être sauvé sa tête.

Dans le cas des carnets noirs du Point, l'osmose justice-presse mesure la déliquescence du régime actuel, fondé en droit sur la vertu. On brandit à tout bout de champ la "séparation des pouvoirs" mais on laisse libre d'entrée le plus dangereux, le quatrième. Ce pouvoir de presse qui ameute au premier signal le populaire, ce pouvoir perfusé au scandale qui se vautre dans le malheur tout en le protégeant de la médecine qui le réduirait, ce pouvoir illégitime moralement qui fait et défait les trois autres, ce pouvoir fermement établi dans la conscience collective devrait être la première cible d'une rénovation politique de notre société. Responsabilité, déontologie, on en entend trop souvent parler pour croire qu'il s'y règle. A son encadrement il oppose la force des lobbies malfaisants que son abaissement avantagerait, n'avouant jamais qu'il est devenu le plus puissant d'entre eux.

crieur electroniqueDans le cas de la bronca du Stade de France, la presse s'est épanchée très tôt sur "ses" prémonitions, sur les sifflets inévitables de l'hymne national, convoquant avent le match pour faire sérieux le secrétaire d'Etat en personne, lui qui jura devant l'objectif de FR2 qu'il quitterait la tribune sur le champ ! Pour sûr l'audience devait être forte dès l'ouverture des hostilités, et les annonceurs d'écrans obtinrent ce qu'ils avaient payé.

La même chaîne FR2 monte à Montfermeil pour comprendre les "jeunes" incendiaires, mal dans leur peau de faux-français (c'est moi qui les qualifie ainsi) qui, une fois le tournage fini, auraient dû assister au remballage de la production sans qu'il ne leur reste rien de plus que leurs cachets de figurants ; une misère par rapport à ce que peut rapporter une semaine d'activités normales. Que voulaient-ils sinon fixer leur tribut à la société active. La démarche qui consiste à tenir la balance égale entre les victimes et les victimes des victimes entretient l'égalité constitutionnelle de traitement d'une couche sociale à qui on devrait simplement botter le cul. Le ministre Sarkozy abandonna le projet Kärcher aussitôt qu'il lui mangeait des voix. Et c'est chaque fois pareil ... le compte des espérances en voix détruit le bon gouvernement des hommes.

kiosque des grands boulevards
Cette propension à dramatiser pour assurer le tirage est un vice intrinsèque à la presse populaire. Les titres doivent faire mouche en souvenir de l'époque où ils se criaient. Cette liberté de la presse arrachée dit-on par la Révolution serait un des droits fondamentaux de la démocratie : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'Homme : tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre à l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la Loi (art.11 de la DDHC) ».
Qu'on ne s'y trompe pas quand même, fonder la légalité du pouvoir et celle de la violence qui lui est attachée sur le sentiment populaire exprimé au suffrage universel, oblige à "construire " ce sentiment dans le sens de la pente jusqu'à obtenir une majorité convergente relative, que la mécanique institutionnelle transforme comme par enchantement en majorité absolue. La presse est donc essentielle à la démocratie puisqu'on lui confie la formation de l'Opinion. L'instruction publique n'est pas dans le même wagon mais fait partie du même train, à la réserve près qu'elle ne forme pas le citoyen plus longtemps que vingt ans en moyenne ; alors que la presse est à la manoeuvre jusqu'à sa mort !

Faut-il un code de presse à l'instar du code civil, surtout depuis qu'Internet a englobé cette fonction ? Question à creuser.


PS positif : je m'étonne souvent de l'approche mesurée des actualités par la presse non-hallal Bolloré qui disribue matin et soir ses deux gratuits avec une demi-colonne nous expliquant le saint catholique du jour !



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vendredi 17 octobre 2008

Collège Kléber Haedens

J'ai toujours eu une affection particulière pour Kléber Haedens (1913-1976), le cinquième houzard de l'apocalypse nationaliste.
Après le journaliste et le critique, j'avais commencé le romancier et l'essayiste par la fin - relire Adios chez Grasset - et n'eus de cesse de remonter son chemin rugbystique et littéraire jusqu'à l'embut de départ.
Ecrivain élégant, fidèle et puissant, il laissera dans la mémoire des lettres d'abord son Histoire de la Littérature française. Il était aussi "perdu d'afición" ce qui ne gâche rien.
Dans un billet d'avril 2006, j'anticipais le 30ème anniversaire de sa mort pour permettre aux lecteurs de ce blogue de chercher un de ses ouvrages chez les bouquinistes d'ici là. Bref rappel :

« Kléber Haedens est né en décembre 1913 à Equeurdreville près de Cherbourg dans la famille d'un militaire de carrière. Papa était officier d'artillerie. Cela lui permet d'entrer en 1927 au prytanée de La Flèche en classe de quatrième. Elève atypique, il dédaigne les sciences et préfère nettement les lettres et le rugby, nous dit la mémoire de l'école. Il y apprend néanmoins la rigueur et gagne son côté physique. Mais il diverge vers une école de commerce (Bordeaux) et fort en chiffres, ... change à nouveau de direction en entrant au journal Les Ecoutes. La guerre survient, replié à Lyon, il écrit dans l'Action Française, Présent, l'Alerte, Idée, et Compagnons. Après la guerre, il monte à Paris et s'adonnera à la critique littéraire, le reportage et les lettres. Il fondera et dirigera lui-même Le Magasin du Spectacle, revue mensuelle de théâtre et cinéma. Avec toujours un amour profond du rugby et une révérence marquée pour William Webb Ellis, son prophète en Ovalie. »
Tout le billet ici.
On devrait l'honorer.

aneMais non ! Dans le ramas de battus qu'abrite le MODEM, il est des jean-de-la-lune sans talent qui jalousent la gloire des morts jusqu'à agiter le "dis moi qui tu aimes" pour juger au fond : un conseiller municipal battu de La Garenne-Colombes souffre d'érection mentale depuis que son maire, enfin ce n'est pas le sien puisqu'il est dans l'opposition municipale mais sans doute un redoutable faussaire à la solde du cabinet noir de l'Elysée, a décidé de donner le nom de Kléber Haedens au nouveau collège de la ville. N'étant parvenu à défaire démocratiquement la majorité du conseil municipal sur ce point, le conseiller Modem qui jauge la légitimité d'un vote à son résultat, interpelle par courrier tous les conseillers généraux du département des Hauts-de-Seine sur cette grave bavure a-républicaine dès lors que les collèges sont sous la coupe des départements.
Kléber Haedens serait un auteur de “la mouvance maurrassienne, nationaliste et royaliste” (sans blague !); il a "côtoyé des amis qui, pour la plupart, n'ont pas eu un rôle exemplaire pendant la Seconde Guerre mondiale" (on veut des noms !) et a écrit dans un journal de Xavier Vallat, ex-commissaire aux questions juives de l'Etat Français, Aspect de la France. D'accord, Vallat n'était pas le meilleur choix pour le blanchissage de l'AF.

Ça fait petit joueur, mais il faut bien exister d'une façon ou l'autre en politique : avec un pinceau à la queue il nous ferait bien un second « Coucher de soleil sur l'Adriatique », le bougre ! En place de Belgique devant tout le monde !
Il faut dire à la décharge de l'hurluberlu garennois que le maire, chef des urgences à l'hôpital Beaujon, a le mauvais goût de faire campagne de médecin militaire en Afghanistan et s'en vante, ce qui n'est pas vraiment tendance.

Pr JuvinEn plus, ce dangereux activiste de la cause sarkozienne promeut "des gens qui n'ont eu que le tort d'être des écrivains de droite au temps de Sartre" et persiste dans des lectures saines : Les hommes de bonne volonté de Jules Romains, Les silences du colonel Bramble d'André Maurois, Journal d'un attaché d'ambassade de Paul Morand, L'orage approche de Winston Churchill ; il ne semble pas connaître les littérateurs obscurs ni les dogmes moisis des petits maîtres de la gauche plurieuse, et affiche en bibliothèque des Haedens, Bourbon-Busset, Romilly, Murakami, Némirovsky, bref, il aime les textes ! Comment peut-il cumuler plusieurs vies - il est aussi conseiller général et membre de la fondation Alzheimer - alors que le conseiller de deuxième classe Boronali ne parvient même pas à assouvir la moitié de la sienne ! Le maire carbure-t-il au Maurras comme Guaino ? Peut-être lit-il du Raspail aux waters !

M. Juvin, tient un blogue qui nous dit tout. Courez-y et sauvez¹ le collège Kléber Haedens dès fois que de moins vaillants se couchent sous les cris du "politiquement rentable".


Note (1): 25.10.08 - Le Conseil Général des Hauts de Seine, arbitre en dernier ressort, a entériné le choix du Conseil municipal de La Garenne-Colombes. L'incident est clos.


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mercredi 15 octobre 2008

OIF et crise mondiale

affiche 12° OIF QuebecLes francophones tiennent leurs assises à Québec le week-end prochain dans le cadre du XII° sommet de l'Organisation internationale de la Francophonie présidée par M. Abdou Diouf. Le secrétaire général de l'ONU, M. Ban Ki-moon, ouvrira le ban vendredi soir (pas fait exprès). Le programme ambitionne de creuser quatre questions :
- démocratie et Etat de droit, gouvernance économique, environnement et la langue française.
Mais il se pourrait, qu'en raison de la forte présence de "pays du Sud", une vraie dispute s'ouvre sur les dommages collatéraux que le Tiers-Monde va subir du fait de l'engagement monstrueux de disponibilités par les pays de l'OCDE dans le but de sauver leur système bancaire et freiner la récession qu'ils attendent de pied ferme. "Qui se soucie des écuries quand brûle le château ?" (c'était de Louis XV, paraît-il, avant qu'il ne largue ... le Canada).

Les trois premiers enjeux programmés m'apparaissent assez convenus - on pourrait sans peine rédiger d'avance le communiqué final de chacun - pour ne pas dire "bidon" dans une assemblée pour la francophonie qui devrait s'investir à fond dans le rayonnement de la culture et de la langue française, à travers des agences exécutives spécialisées comme l'Alliance française et quelques autres à créer dans le monde numérique. Mais les bureaucraties de l'étage international aiment bien ces "panels" filandreux sans surprises sur le climat, l'eau, la gouvernance démocratique, les droits de l'homme. Cette fois, elles n'ont rien pu préparer parce qu'elles ne pilotent rien.
La crise financière s'invite sans carton au dernier moment. Un désastre pour les plumitifs !

M. Abdou DioufM. Diouf qui a l'oeil vif et surplombe les problèmes déclarait hier : « La crise bancaire, la crise financière et avant cela la crise alimentaire, la crise énergétique: tous ces problèmes devront être au menu des chefs d'Etat et de gouvernements » A la corbeille, deux ans de travail du secrétariat de l'OIF ! (actualité de la préparation du XII° sommet sur Canoë info).

Les pays du Tiers-Monde subissent depuis quelques années les effets de la lassitude des pays développés qui mesurent la stagnation de certaines situations économiques et sanitaires, sinon même leur dégradation, en dépit de contributions soutenues. Nous avons déjà parlé ici de la difficulté de déclarer une vraie guerre à la misère sur le tissu politique actuel complètement inadapté et prédateur. Deux billets entre autres à noter :
- limite de la globalisation : Fin de l'utopie globale
- corruption morale : Dakar Africa

enfants d'AfriqueDepuis lors - et c'est bien en Afrique que tout va plus mal - le Zimbabwe a tourné à la tragédie au point que ses habitants fuient vers l'Afrique du Sud pour y subir de véritables pogroms. L'Afrique du Sud n'a résolu aucun de ses problèmes socio-économiques fondamentaux et la fin prometteuse de l'apartheid a juste renouvelé la classe des négriers. Ses résultats, masqués par des rentes minières importantes, sont accablants et le pays est rongé par le SIDA dont l'épidémie était niée par l'ex-président Mbeki. Or la RSA est la seule locomotive de l'Afrique australe pour ne pas dire la seule locomotive d'Afrique noire. Autour d'elle, on voit les crédits budgétaires détournées pour suréquiper des armées nationales de guerre civile comme le montrent les saisies de navires en mer d'Aden et dans le canal de Mozambique. De la Somalie au Niger les troupes sans soldes rodent, tuent, encaissent. Et dans certains pays plus calmes, les escadrons de la mort présidentielle n'en font pas moins mais en nocturne ! Tout espoir de développement est vain dans ces conditions, et il n'est pas besoin de pousser les études pour s'en rendre compte ; quinze jours de voyage en Afrique noire expliquent tout. D'accord, on y croise partout des Chinois ; c'est mauvais pour le français.

Le XII° sommet de l'OIF devra constater que, si les 3 trillions de dollars qui viennent d'être affectés par les pays de l'OCDE au combat économique et financier contre la psychologie des gnomes ne sont pas retirés des flux financiers de la planète, ils ont été quand même spécialisés. Cette spécialisation va naturellement réduire sinon assécher le flux secondaire des opérations banales dans lequel entrent les crédits de développement du Tiers-Monde. Au déclassement de priorité vitale pour "nous" (le château, les écuries) s'ajoute la lassitude dénoncée ci-dessus.

La plainte attendue des pays du Tiers-Monde et surtout ceux du Tiers-Monde africain ne sera pas écoutée tant que la gabegie administrative et le drainage militaire continueront. Quelles que soient les promesses affichées à destination des opinions nationales, les crédits du quotidien vont se tarir vers les régions douteuses en crise et en guerre. Hors la pacification forcée du sous-continent noir, il n'y a pas d'issue. La guerre à la misère (une vraie guerre) ne sera jamais lancée par le Nord avant un désarmement général des satrapes fous et des ogres.

Johannesburg
Nous sommes loin des problèmes de la langue française. D'ailleurs le président français n'assistera pas à la séance plénière consacrée à cette question.
Le billet Dakar-Africa se terminait ainsi :
« C'est à ce chantier de démilitarisation contre développement, exploré par mon jeune et brillant ami sénégalais, que les pays occidentaux et africains devraient s'atteler, et ne plus se cacher derrière le (gros) doigt des ONG et des bailleurs de fonds internationaux qui versent sans discontinuer leurs aides routinières au tonneau des Danaïdes, pour sauver l'honneur.
L'histoire a montré que de vastes espaces de paix sont une base certaine d'enrichissement mutuel. Le problème n'est plus seulement économique, ni humain, mais politique au sens noble. Est-il nécessaire de concrétiser au même moment une nouvelle situation apaisée par une organisation transversale ? Jusqu'ici ces tentatives ont été risibles, mais avec les jeunes générations compétentes et affranchies des réflexes tribaux, le continent pourrait tenter alors de se réunir afin de vivre sans nous. »

Rien à changer !



afrique iceberg
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mardi 14 octobre 2008

Europe-nations

Ceci est la nouvelle mouture du billet d'hier rendu obsolète par la réaction des bourses du Monde. Il s'est passé quelque chose hier ; en Europe.
Alister DarlingLa réunion de l'Eurogroup ce dimanche à l'Elysée a accouché de cinq mesures (texte de la déclaration commune en cliquant ici) :
A court terme, (1) forcer les banques à se prêter de nouveau entre elles en leur offrant une garantie d'Etat sur les nouveaux prêts. Cette garantie sera délivrée à titre onéreux. Ce dispositif n'est pas obligatoire par tout l'Euroland mais les Français jouent sur la masse critique de garanties données par les quatre gros PIB européens : Allemagne, Royaume-Uni, France et Italie. Les autres suivront ou pas, qu'importe.
(2) Recapitaliser les banques fragilisées "dans le respect des intérêts des contribuables", en contrepartie de plans de restructuration et sans égard pour les dirigeants et les actionnaires. Les Etats doivent déclarer leur enveloppe et leurs modalités nationales au 15 octobre.
(3) La BCE de Francfort fournira des liquidités aux banques contre des créances industrielles, les créances bancaires brûlant les doigts de tout le monde.
(4) Les normes comptables bancaires seront modifiées immédiatement(?) pour que, comme aux Etats-Unis, les actifs détenus par les banques ne soient pas dévalués systématiquement selon les cours de la Bourse.
(5) Une cellule de crise européenne doit être mise en place pour mercredi afin de "renforcer les procédures d'échange d'informations entre les gouvernements, le président en exercice du conseil européen, le président de la Commission, le président de la BCE et le président de l'Eurogroupe". On acte que la coordination n'existe pas pour l'instant et on se méfie de la présidence tchèque qui arrive. Résultat ?...

... ça a marché !
Les pays ont coordonné l'effet d'annonces et les opérateurs des bourses européennes ont compté 1700 milliards d'euros de garanties interbancaires et de recapitalisations : 11% de hausse en moyenne sur les places de Londres, Paris et Francfort, toutes les autres ayant rejoint.
Wall Street a "suivi" dans la soirée pour aligner sa meilleure humeur à plus 11% également. Le dollar remonte !

pièces sur graphique boursier
Sur quoi se fonde cet optimisme ? Sur la convergence des assauts américain et européen. Mais d'abord sur la vigueur de la réaction américaine dès la mi-septembre, même si la décision du président Bush d'offrir Lehman Bros en victime expiatoire à Mamon fut une connerie. Paulson, Bernanke et Nancy Pelosi ont pris l'ours par les oreilles (le taureau par les cornes c'est quand la bourse monte) et après quelques vapeurs parlementaires, ont décrété les mesures de choc.
Le second poumon économique de la planète ayant, après moult tergiversations, décidé la même thérapie sous l'impulsion de Gordon Brown et de Nicolas Sarkozy, les marchés mondiaux ont fini par être impressionnés et les 5000 gnomes qui nous pourrissent la vie ont couru au rallye pour ne pas être exclus de l'embellie.
Tokyo en pleine dépression nerveuse clôture ce matin en hausse de 15%, du jamais vu !

D'un côté, l'administration américaine a montré à ses créanciers du monde entier qu'elle était sur le pont, pavillon de beaupré déployé, offensive et souveraine ; de l'autre, la convergence forcée, au même instant, des trois gouvernements principaux du continent européen a obtenu les mêmes résultats. Un pays moyen a fait cavalier seul qui a vu sa bourse continuer à se liquéfier : la Russie. Une autre bourse s'est dévoilée pour ce qu'elle était intrinsèquement, un "géant-casino" : Shanghaï.

Ce ne fut pas chose aisée de ce côté de l'Atlantique. Le 4 octobre, Merkel torpillait le plan de 330 milliards de Lagarde parce qu'elle ne voulait pas que du bon argent allemand aille sauver des tocards bataves, belges ou français. L'Irlande, la Grèce puis la Grande Bretagne agirent alors seules en fonction de leurs intérêts propres même si Gordon Brown supplia ses partenaires européens de l'imiter. Mais il n'attendit pas ; comme Merkel pour l'aigle noir de Prusse, il fonça pour l'Union Jack. Le 7 octobre, la réunion des ministres des finances européens aboutit à une déclaration "morale" à l'eau de rose, et le 15 les bourses européennes s'effondraient devant le vide politique. C'est une vieille histoire : pas de volonté commune, pas de queue de trajectoire, pas de pouvoir réactif. La vieille dame discute, négocie, jalouse, diffère. Rien d'équivalent à la vitalité des Etats-Unis qui ont un seul chef d'Etat, un Secrétaire du Trésor aux trois-huit et un président de la Réserve fédérale, prêteur en dernier ressort et de son propre chef. Et pourtant l'Europe des Nations que l'on croyait remisée sur l'étagère des vieux machins, a précipité pour la première fois dans un nouveau composé de puissance "souveraine". Vient peut-être de naître le second pilier du Monde, accouché en dehors des institutions bureaucratiques de Bruxelles. On n'a plus vu la Commission dans ces épisodes.

Bémol : Les mesures prises dimanche restent dans le style "convergent", du moins sur le papier, car des aggravations inédites dans certains pays peuvent les remettre en cause ; et c'est sans préjuger du dumping rampant entre Européens et de l'honnêteté des banques. Il ne faudrait pas qu'une partie des 1700 milliards soit détournée du financement de l'économie par les directeurs aux abois pour solder des positions de marché périlleuses. Mais c'est une autre affaire.

Eurogroup et RU
Cette Europe des Nations peut creuser des tunnels, lancer des navires, construire des centrales nucléaires, des avions ou des films, mais elle n'avait pas d'état-major de temps de guerre. La Commission enflait comme la grenouille de la fable diluant son efficacité autant qu'elle soignait son prestige, jusqu'à oser féliciter par la voix de Barroso le président français de l'Union pour sa bonne gestion du dossier russo-géorgien ! Confusion des genres, le maître d'hôtel décore le lord du manoir !
Or ce retournement de crise n'a été possible que par la constitution d'un triumvirat soudé, au moins le temps de l'action. C'est une démonstration en vraie grandeur. Le bouillonnement du monde créera d'autres crises dans les domaines économiques ou militaires et l'on sait maintenant que la fusion momentanée des Allemands, Français et Anglais portera au front la puissance nécessaire, avec le renfort souhaité des autres pays (surtout Bénélux et Italie).
C'est la Commission qui a perdu gros. Elle peut être cantonnée demain dans un rôle d'intendance, et probablement que la fonction supranationale de "haut représentant pour la politique étrangère et de sécurité commune" a pris un sacré coup dans l'aile. Merkel et Brown ne rattraperont pas la bureaucratie qu'ils haïssent, et Sarkozy a montré plusieurs fois son irritation à son endroit. Le président tchèque qui prend le relais au premier janvier 2009 est eurosceptique. Barroso peut très bien être renouvelé dans sa fonction avec le titre de "Regiment Sergeant-Major", c'est son seuil de "Peter".

Symétriquement nous savons que seuls nous ne nous en sortions pas. Pire nous risquions de dévisser et sortir de l'Eurogroup ! Nous aurions pu alors glisser sur la pente latine traditionnelle, dévaluer de 50% le nouveau franc et quelques mois plus tard, devenir - sous les applaudissements souverainistes - la première économie africaine ! Enfin premiers quelque part !

Peut-être est-il arrivé le jour de sortir de la tranchée et de proclamer la Nouvelle Triplice, ou quelque Conseil des Nations qui comptent (encore), gouvernant un "sénat" des 27, 30 ou 40 ; qu'importe !
Il s'est passé quelque chose hier !


triplice druidique
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