jeudi 28 avril 2011

Revue d'équipage

Quarante-trois pour cent des électeurs convoqués ont voté pour quelqu'un au premier tour des cantonales, quand le choix était donc le plus large, à défaut d'être attrayant. Si l'on ajoute aux abstentionnistes les réfractaires au suffrage universel - ceux qui ne sont pas inscrits¹ à divers motifs, autour de 10% selon l'INSEE - ce sont 67% des gens en âge de voter qui ont refusé de jouer le jeu démocratique, soit les deux tiers ! Et pourtant les cantonales qui gouvernent l'action des départements sont les élections de proximité qui impactent le plus les conditions sociales du citoyen, même s'il ne le sait pas toujours.

On peut parler d'une fracture entre le corps social et le corps civique, malgré un accroissement global des inscriptions sur les listes électorales. Ce qui n'est pas paradoxal : veni, vidi, egredi !
Un régime, fondé sur la légitimité du Nombre, qui n'amuse pas la moitié au moins du corps civique devrait s'inquiéter et se poser la question de sa survie. A voir les joutes en petit bassin qui se déroulent quotidiennement sur l'Elorn² on comprend vite que le péril n'est pas en vue et que la lutte est lancée pour cinq ans de prébendes juteuses comme l'explique bien Yves Méra dans le 38° Lien Légitimiste. Ambassades et maroquins, commissariats à prendre et hautes autorités, coupe-files d'élus grassement défrayés en sus de l'ordinaire, tout cela tiendra bien encore cinq ans, merde ! Silence la chiourme.

On pourrait passer les pitres en revue, ça plaît généralement sur Royal-Artillerie. Commençons par le moins pire. François Hollande nous la joue au corrézien honnête, pour changer. Adepte de la social-démocratie redistributive, il nous promet 50 milliards de manne en cinq ans, à tirer le sang des pierres. L'Etat-providence étant ruiné par le principe électoral lui-même qui récompense les bien-votants à chaque fois, les pierres sont vous et moi ou plutôt l'épargne populaire que les agences de notation prennent déjà en gage de dernier ressort (comme en Argentine) pour nous maintenir les A.

Aux lisières de son camp, notre Chavez marocain braille sur les antennes comme le goret de Fualdès, espérant du boucan une prébende d'Etat que lui confiera le socialiste vainqueur pour le faire taire. Son résultat de premier tour lui dira s'il accède à la table d'hôte. Vous avez reconnu le stalinien³ chéri des médias, Jean-Luc Mélenchon, qui reviendrait ainsi à son premier emploi de lambertiste accouru au succès. Il se fait les communistes de bon coeur.

Le plus sûr d'en être est sans doute aucun Dominique Strauss-Kahn, non point pour ses compétences économiques souvent brandies sinon prouvées, mais parce que le grand courant des Vosges au flair intrompable vient de se rallier. Jack Lang a choisi le vainqueur. L'opulence de sa condition sociale le lestera-t-elle du dégoût des envieux ou de l'arrogance des ingrats ? On le saura vite dès qu'il sera déclaré... gagnant dans les dîners en ville.

Le Ubu du cirque électoral est sans doute ce pauvre Nicolas Hulot, incapable de dire trois lignes en français facile sans les lire sur un pense-bête. Il y a un peu de déclamatoire dans l'exercice et il lui est apparemment difficile de se départir du ton "Patrick Brion" qu'il nous servait dans Ushuaïa. Ses certitudes nucléaires floues sont risibles. On l'attend au débat contradictoire du tac au tac. En fait, certains ne l'y attendent pas, le sachant perdu d'avance, Cohn-Bendit en tête qui promeut le retrait négocié en sièges de députés avec Mme Aubry.

Elle, n'ira pas, dit-on, si le grand paon de Washington veut faire la roue. Solférino fait un peu souillarde à pot-au-feu, et les combines sont justement ce qui défrise le plus l'électeur. Tant pis pour lui, il n'en mangera pas, c'est tout. Bizness is bizness, tout le parti est aux marmites, une présidentielle ça se prépare ! Un mot sur le zombie de Belfort.

Chevènement trouve que le potage socialiste manque de sel. Il a, croit-il, un créneau à lui quant à la disparition de l'euro, la fortification de notre économie contre la mondialisation, l'exaltation des valeurs révolutionnaires intègres, CERES oblige. Drapeau, instituteurs et gendarmerie c'est de quoi le vieux pays a besoin. On n'en doute pas, mais qui confierait la charge suprême à un fuyard ? Il ne résiste pas au stress des responsabilités. Mûr pour les Hespérides, il prendra quand même 2% à quelqu'un, rien que pour exister dans le jeu. Il devrait bien regarder avant de traverser aux clous.

A droite, c'est la lutte aussi. Contrairement à l'analyse courante, je mise sur un pacte Sarkozy-Borloo pour éteindre les chances des foireux du centre droit, Morin et Bayrou, et pour contrer Fillon François qu'ils détestent. Borloo sera-t-il le premier ministre d'un Sarkozy reconduit ? Sous cette ultime condition, je mets vingt dollars sur oui, car l'animal est brillant et de la même eau de source que le Hongrois à grosse montre, en plus diplômé quand même.

La course au FN que mène Copé sur instructions du château n'aboutira que si le Menhir ne disparaît pas du paysage politique. Il est encore le lest dans la montgolfière de Marine Le Pen, et capable d'éructations fatales au projet de notabilisation de sa fille. Si Copé veut gagner, il lui faut provoquer le vieux fachiste qui ne pourra pas se retenir. Voir l'exclusion de Gabriac (salut nazi etc.) qu'il récuse sans qu'on ne lui ait rien demandé. Mais il faut régler fin, afin de refaire un 21 avril et ne pas devenir le Jospin de la farce.

Reste le Front donc. Ses dénonciations sont bien vues, ses obsessions un peu usées, mais son programme est... primitif. Il lui faudrait convaincre un peu plus largement que les beaufs pour transformer un bon résultat de premier tour au troisième (législatives), et ce sera très dur au moment de détailler un projet de gouvernement. Nous aurons l'occasion d'y revenir.

Alors que les défis sont bien plus graves que les questions récurrentes de pouvoir d'achat et de chômage - trois déficits, dette colossale à servir, atonie économique, addiction aux assistances, surpopulation aux guichets sociaux - la classe politique s'est vautrée dans la corruption morale et souvent pire. Erigée en caste - la mission de représentation populaire est devenu un métier, comme en Afrique - cette nomenklatura retranchée s'est coupée des Intouchables. Eux le savent... et leur esprit fermente.


Conclusion
On voit donc bien que dans cette période cruciale pour la démocratie, la remise en cause du système actuel archi-failli n'est pas prise en compte par les concurrents qui vont aux starting-blocks. Cette prévention des deux tiers du corps civique à l'égard de la classe politique n'est pas affrontée. Des esprits rusés affirment que le taux de participation à la présidentielle sera de toute façon élevé, les médias se chargeant naturellement de la propagande sans qu'on ne leur demande rien. Vrai, à la réserve près que les gens iront au sweepstake plutôt qu'au scrutin, en ce sens que l'affaire devient un jeu sur lequel d'ailleurs chacun devrait pouvoir parier, comme à Londres. Les élections à suivre la présidentielle qui seront moins ludiques confirmeront le désamour des gens pour le cirque du suffrage universel. Le modèle commence à être contesté, mais que mettre à sa place ? Les gens ne savent pas répondre, preuve que nous avons beaucoup de travail de promotion à faire en commençant par les institutions, avant les "valeurs".

Royalistes, que faisons-nous ?

Note (1): http://www.strategie.gouv.fr/IMG/pdf/Rapports_no11_web.pdf
Note (2): c'est le fleuve côtier de Landerneau
Note (3): cf. Malliarakis qui explicite la posture

vendredi 22 avril 2011

Auto Shanghai 2011

Ce billet a été publié dans l'Action Française 2000 du 21 avril. Il entre en archives RA.
Le Grand Prix de Formule 1 disputé à Shanghaï dimanche dernier ouvrait en quelque sorte la quinzaine automobile de l'Empire. Le Salon 2011 de la mégapole maritime accueille du 21 au 28 avril quatrevingt-quatre constructeurs chinois et étrangers qui se disputent le nouveau premier marché du monde. Comme au salon le plus huppé de la planète, Genève, les concept-cars de rêve en seront les vedettes, ce qui prouve la maturité de la manifestation, et celle des usines locales.


Le clou de l’exposition pourrait être la Luxgen Neora, un concept de berline électrique longue et basse très élégante. Cette voiture formosane est susceptible d’entrer en production aux usines Dongfeng de Hangzhou à côté des SUV et MPV Luxgen qui vont sortir à la cadence de 120.000 unités par an chez les soixante-cinq concessionnaires de la nouvelle marque.

On parle beaucoup du concept Mercedes-Benz Classe A mais plus encore de l’Audi Q3, marque bavaroise qui récolte les fruits d’une entrée réussie de Volkswagen sur le marché de la production nationale, il y a vingt-cinq ans. La Qualité allemande made in China était le slogan publicitaire pour la Santana shanghaienne.


Les marques Peugeot et Citroën seront en vue car elles font partie du paysage industriel local et produisent de la qualité dans leurs usines de Wuhan. PSA a aussi une fonderie de moteurs à Xiangyang. La 3008 a été élue « Crossover¹ de l’année 2010 », ce qui n’est pas un mince succès. Les modèles des stands PSA sont emblématiques, comme la grosse 508 qui devient le vaisseau amiral du fauve de Sochaux, et un concept hybride développé par leur China Tech Center de Shanghaï, celui-là même où fut produit la Metropolis de Matthias Hossan pour l’Exposition universelle de 2010. Un projet de voiture présidentielle développé sur cette base serait d’ailleurs dans les cartons pour remonter les Champs-Elysées en mai 2012. Le toit aux places arrière n’est pas trop bas, dit-on.
Citroën, intelligemment démarquée au sein de la galaxie PSA, va montrer sa DS5 en avant-première mondiale. C’est un crossover¹ à moteur hybride alliant style et technologie pointue dans la lignée prestigieuse des DS mythiques. Pour l’instant la nouvelle gamme DS est un sans-faute.

Les chiffres de production des Peugeot-Citroën en Chine sont éloquents et sanctionnent une politique prudente mais volontaire, depuis l’époque difficile d’acclimatation « psychologique » apportée par l’usine de breaks 505 et pick-up 504 de Canton (!), reprise depuis par Honda, jusqu’au succès de la coproduction avec la Dongfeng Motors de Wuhan. En 2010, ce sont 376.000 unités qui sont tombées des chaînes et ont été vendues, soit une hausse de 38%. Mais les parts de marché du Groupe en Asie sont encore trop justes pour amortir les coûts locaux de développement produits et le réseau de concessionnaires. Pour atteindre une taille critique et stabiliser son aventure chinoise pour qu’elle n’en soit plus une, PSA privilégie une croissance organique par le lancement de nouveaux modèles technologiques. Au China Tech Center travaillent 450 ingénieurs et stylistes. L’objectif est d’atteindre 8% de part de marché au cours du quinquennat 2015-2020, ce qui n’est pas rien dans un grand marché en constante progression. Aussi le groupe a-t-il doublé la mise dans un accord paritaire passé avec le groupe Chang’An qui fabriquera en 2012 la série² DS chez Harbin Hafei à Shenzhen. Mais il manque encore la signature politique. Il se dit qu’une voiture low cost y serait produite également mais sous un nom de marque inédit ; le projet interfère peut-être avec l’autre «Aventure Peugeot» à Bombay.


Reste Renault ! Le moteur RS27 de Viry-Châtillon a de nouveau brillé sur le podium du Grand Prix de Formule 1 dans les voitures Red Bull qui continuent aux avant-postes. Mais cette gloire ne participera pas de la promotion du losange en Chine où monsieur Ghosn ne produit rien.
Pour les autorités chinoises, qui n’avaient pas spécialement favorisé les projets de Louis Schweitzer, les accords « Nissan 2002 » valent pour tout le groupe qui devra s’y limiter. Monsieur Ghosn en tirera avantage pour sa casquette de patron japonais et devra donc s’en contenter puisque ce ne sont pas les dénonciations calomnieuses du staff Renault à l’endroit des espions chinois qui peuvent améliorer la collaboration sous la seconde casquette. Si les Chinois ne sur-réagissent pas à cette mascarade, comme ils le font d’ordinaire, c’est au simple motif que l’entreprise est toujours pour eux une entreprise publique, donc… pardonnable. Renault a un stand d’importation au salon (hall E3).
A côté de Nissan, Renault n’est quand même pas absent d’Asie, avec une grosse usine à Madras (Inde) qui va produire les modèles Fluence et le 4x4 Koleos, et la belle usine Samsung de Busan (Corée) qui fabrique la Latitude, haut de gamme Renault du moment.


Mais au final, le défi automobile chinois réside moins dans la construction d’usines-champignons robotisées que dans le rationnement énergétique qui menace le pays.
C’est une autre question.

Note (1): Crossover : néologisme international qui désigne des voitures multi-usage nées du croisement d’un véhicule utilitaire sport (SUV) et d’une berline (4 portes) voire un coupé (2 portes) ou encore un monospace, dans le but de profiter des avantages qu'offrent chacun des univers ainsi croisés. Au résultat, c’est un véhicule résistant au stress de la conduite en ville.
Note (2): Présentation officielle DS5

Bonus RA : Etude de texte

L'article a fait l'objet d'une étude de texte français en classe de première au lycée Owen de Sainz de Lamotte-Beuvron (Loir et Cher). La meilleure copie a été celle d'Aïssatou M. dont nous reproduisons ci-dessous le corps de critique :
L'article est orienté objet, ce qui est assez peu courant dans un journal d'opinion aussi braqué que l'AF. Un lecteur averti aura noté plusieurs non-dits :
La voiture vedette est formosane (Taïwan) mais pour tous là-bas elle est 100% chinoise, ce confirmant l'impérialité de l'île nationaliste.
Tous les accords de production industrielle en Chine sont politiques : Volkswagen a naturalisé la qualité légendaire allemande ; M. Louis Schweitzer ne pouvait cajoler le Japon (Nissan) et la Chine ensemble ; Peugeot attend un trait de stylo pour basculer son compteur électrique de Shenzhen sur ON ; La bévue énorme de Renault dans ses réactions à l'escroquerie de son service de défense passive ne l'handicape pas vraiment car le pouvoir central chinois ne l'a pas décidé.
Plus intéressant, les marges de progression de l'industrie automobile sont à l'évidence ailleurs qu'en Europe, ce qui drainera sur zone la recherche & développement. Le centre technique PSA de Shanghai a un effectif d'au moins mille salariés en comptant tous les services qui gravitent autour du coeur de projet (450 ingénieurs). Le travail en col blanc suit le travail en col bleu.

samedi 16 avril 2011

Resurrexit !

Dans la famille Kadhafi, je demande la fille.
Au jeu des sept familles¹ catapultées de leurs palais de plastique doré au tourbillon du jasmin arabe, le clan libyen fait la preuve d'une résilience qui en remontre à beaucoup, assis, couchés, au premier coup de canon, fut-il radiophonique.
Et cette capacité toute londonienne à surmonter dans la joie les bombardements du Reich atlantique va bien finir par arracher de la sympathie aux masses arabes délaborisées et pubères en voie de démocracisation. Qui sont-ils ?

Honneur aux dames. Maître Aïcha Kadhafi, avocat international, est la fille unique du Guide. Elle a 35 ans et de qui tenir. Elle demeure à Tripoli et apparaît épisodiquement en public pour soutenir les partisans de son père qui ne sont à ses yeux que de fervents nationalistes anti-américains. Elle a fait partie de la batterie d'avocats qui défendit le raïs irakien. Elle en sait l'issue. Elle se bat donc.
Belle, on l'appelle la Claudia Schiffer du Désert. Les garçons, eux, sont un peu la nichée de freux.

Le docteur Mootassem Kadhafi, 35 ans, est peut-être le plus retors, à tel point que son père chercha à l'user dans des confrontations avec son frère Seif et avec l'appareil d'Etat dont le ministre des affaires étrangères en fuite et condamné au couteau Moussa Koussa. On le disait ami des Américains, même que Hillary Clinton avait déroulé le tapis rouge lors de sa venue à Washington quand il était chef du Conseil national de sécurité libyen. Il commande aujourd'hui sa propre brigade avec des galons de colonel. Il sera le concurrent éventuel de son frère Seif.
Le plus jeune, Khamis Khadafi, 28 ans, est diplômé de l'Académie militaire de Frounzé en Russie. Poursuivant ses études à Madrid, il a été viré de l'Instituto de Empresa en mars dernier pour être le fils de son père ! Après avoir mené des opération de police dans l'Est, il commande la 32° brigade spéciale en guerre à Misrata. Ce n'est pas un manche et il a survécu au drone.

Seif el-Islam, docteur en philo de la London School of Economics, 38 ans, était le successeur "naturel" du Guide libyen dans l'esprit des Occidentaux qui lui trouvaient toutes les qualités. N'avait-il pas démantelé la filière atomique ? Sa Fondation Kadhafi était un acteur reconnu dans le charity bizness et dans la consultance aux Etats africains dépassés par leurs problèmes. Stupeur dans les chancelleries, le prodige international part en guerre dès les premiers pétards et annonce un fleuve de sang ! Réaction normale de celui qui se ressent profondément héritier d'une propriété familiale, pour ne pas dire son légataire universel, et qui voit "son" bien attaqué, entamé, en situation d'être ruiné. Son bien c'est la Libye. Réflexe presque royaliste dirait Hans-Hermann Hoppe.

Les moins doués pour la comédie sont trois :
Saadi Kadhafi, 37 ans, modeste joueur professionnel de football en Italie, combat présentement dans une unité d'élite. Il serait toujours à la colle avec "Alice", égérie du fournisseur d'accès Web éponyme. Au moins a-t-il du goût !
Seif el-Arab, 30 ans, était il y a peu étudiant à Munich et connu surtout par sa Ferrari 430 qui l'amenait à la fac. La propagande iranienne a fait courir la rumeur d'un ralliement aux rebelles de Benghazi, mais la ficelle est un peu grosse.
Mohamed Kadhafi, 41 ans est le fils aîné (premier mariage). Il est patron des Télécoms libyennes cellulaires et satellitaires. On ne le dit pas impliqué dans la guerre au sol, mais les télécommunications sont un noeud sensible dans une guerre moderne contre les Américains.

Reste Hannibal, 34 ans. Les Suisses connaissent Hannibal. Il leur a coûté une des plus longues affaires d'otages de leur histoire. Quoique médecin militaire formé et bien noté en Egypte, c'est la crapule plaquée or, le puant à la Porsche, le tabasseur de femmes, le mouton noir de l'album, celui que l'on n'aime pas. Se bat-il en Tripolitaine ? On l'ignore. Peut-être interroge-t-il les prisonniers ? Directeur de la compagnie maritime GNMTC, il a un paquebot en construction aux STX de Saint-Nazaire et le deuxième acompte semble tarder depuis le gel universel des avoirs libyens. Le paquebot sera-t-il revendu ? Les chantiers assurent que le contrat reste valide pour le moment. C'est l'un des rares contrats concrétisés après la visite du Cheikh à Paris.

Et le père dans tout ça ?
Il se la pète ! Le voir traverser Tripoli fou de joie en décapotable, les bras levés sous un "pie hat" à la Gene Hackman, laisse mesurer la résurrection du raïs qui apparaissait verdâtre et cramé dans sa première allocution du 22 février. Le psychopathe imprévisible, comediante, tragediante, adoré par Berlusconi, un connaisseur, s'est arraché au sarcophage de l'ingérence béhachélienne. Damned ! S'il a apparemment le soutien de la Tripolitaine il doit bien y avoir une raison cachée ! Nul âne n'a encore oser botter le vieux lion, sauf la nomenklatura mercenaire qui se cherche meilleures positions dans le futur.

Un jeune dans la trentaine qui était interrogé sur un ton badin l'été dernier dans un reportage inoffensif répondait qu'il ne se plaignait de rien en Libye, sauf à voir partout les mêmes têtes depuis sa naissance. Le Ubu Kadhafi Jazz Band a quarante ans de scène et la claque est lasse. Mais le bilan de la Libye n'est pas si mauvais que cela, intra muros. Orbi, c'est beaucoup de sang, ne l'oublions pas.
Dans son Livre Vert qui pourrait se titrer "Mon Combat", l'ancien capitaine des Transmissions constitutionnalise sa pensée à la manière de Oui-Oui, et à sa lecture, bien des maurrassiens tomberaient d'accord avec ces visions, d'autant que l'anti-américanisme y affleure partout. La Wikipedia nous donne l'essentiel de la Troisième Théorie Universelle :

I. Démocratie
La démocratie est la dictature de la majorité ; la représentation est une imposture, car la démocratie suppose le pouvoir du peuple et non le pouvoir de son substitut.
Le parti ne représente que les intérêts d'une fraction de la population, il est donc de fait un « appareil de gouvernement dictatorial ». Le multipartisme entraîne une lutte pour le pouvoir peu soucieuse de l'intérêt général.
La classe est un groupe de personnes partageant les mêmes intérêts. La domination d'une classe est donc contraire à l'intérêt général, et s'assimile à une dictature.
Le référendum est une illusion car il ne pose qu'une question fermée (oui ou non) ce qui en fait un moyen de museler la volonté populaire.


Ce constat étant fait, il construit une démocratie populaire helvétique sur le papier (cf. Wiki). Et laisse ce trait d'humour contre les constitutions : elle ne peut pas servir de loi à une société car elle découle exclusivement des humeurs des dirigeants. Les bricolages intempestifs, nous connaissons très bien en France.

II. Système économique
C'est la troisième voie, celle de la "loi naturelle", le socialisme naturel. A lire le programme il y a de l'essénien là. Extraits :
La dépendance vis-à-vis d'autrui pour assurer ses besoins entraîne un asservissement et est une source éternelle de conflits. Ce qui relève des besoins fondamentaux, comme le logement, le revenu, le transport, doit être la propriété de l'individu et toute location doit être prohibée.
C'est le caractère indispensable de chaque agent de la production qui lui confère une égalité naturelle à la redistribution
(les fainéants ne mangent pas ?). Chaque travailleur possédant son instrument de travail produit pour son compte empêchant ainsi toute exploitation. Cette forme nouvelle de propriété privée coexiste avec la « propriété socialiste » dans laquelle les producteurs sont associés à parts égales avec les approvisionnements et l'outil de travail.
Il ne doit pas y avoir de place pour le profit.


III. Fondements sociaux
Cette partie promeut la société en poupées russes chère aux royalistes :
La famille est la structure la plus forte et la plus naturelle. La tribu est une sorte de famille élargie qui organise la transmission des valeurs et des traditions, tout en garantissant une protection sociale pour ses membres. La Nation est une famille encore plus vaste. Elle est une structure sociale vitale pour l'homme.
Mais il est tout à fait bien ce Kadhafi !
Qui plus est, il proclame l'égalité des hommes et des femmes mais sans tomber dans l'indifférenciation occidentale qui les veut interchangeables.
L'éducation et le sport foisonnent dans la plus belle anarchie, les tribunes des stades devraient être rasées et tout le monde courir sur la pelouse car tout le monde a droit au jeu !

Mais l'application du Livre Vert sur le pays réel n'a pas conservé l'ingénuité de ses réflexions. Le pays a viré à la dictature arabe du même type que celles du parti Baas ou de l'Egypte, sans parler bien sûr de l'Arabie obscure.

Au résultat, la Jamahiriya Arabe Libyenne est néanmoins assez bien classée : Si le PIB par tête très élevé ne veut rien dire car il n'est pas sûr que chaque tête en recoive sa juste part, on notera un niveau général d'éducation enviable en Afrique du Nord avec 82% de la population apte à lire, écrire et compter (Maroc 52%). L'école est gratuite et obligatoire pour tous jusqu'à 16 ans.
La condition des femmes n'a rien à voir avec celle des autres pays arabo-musulmans, scolarisation mixte obligatoire, interdiction des mariages avant 20 ans ; les filles sont majoritaires à l'université. L'emblème de la réforme fut la création du corps d'amazones de la Garde qui fit jaser dans les alcôves ministérielles.

Contrairement à l'impression donnée par un survol rapide de la carte de Libye, c'est un pays métropolitain, 86% des gens vivent en ville. D'où les fermentations intellectuelles propres à la citadinité, l'accès aux réseaux sociaux internétiques et l'ouverture au monde malgré tous les efforts d'une saine autarcie. La tente bédouine du Guide, ça ne le fait plus.

La Cyrénaïque traditionnellement rétive a voulu entrer de plein pied dans le film de l'époque moderne dont elle avait la bande-annonce et la musique. A suivre, mais ce n'est pas gagné à voir l'entrain que manifeste le clan Kadhafi à se défendre ! Quoiqu'il advienne, restera le souvenir d'attentats atroces perpétrés contre des civils à des fins diplomatiques, une vraie instrumentalisation de la terreur gore.


Note (1): Le jeu comprend les Chérif du Maroc, Ben Ali-Trabelsi de Tunisie, Khadafi de Libye, Moubarak d'Egypte, Al Khalifa de Bahrein, Talal de Jordanie, Al Assad de Syrie.

dimanche 10 avril 2011

Changement de paradigme

Sur le forum Vive-Le-Roi, Pays-De-Caux qui commentait notre billet "Démondialisation", a parlé d'un changement de paradigme¹. C'était sans doute à la lecture du pararaphe ci-dessous :
« Il est des gens très diplômés qui refusent que la globalisation de la planète soit le vecteur d'une nécessaire entropie, à défaut de quoi le choc intercontinental sera encaissé sous forme d'une guerre mondiale. Plutôt que d'affronter les empires émergents par notre inventivité, notre créativité, notre intelligence, les économistes au petit pied qui jugent celle d'autrui à l'aune de la leur, préfèrent au foisonnement des libertés économiques seules créatrices de richesses pérennes, les schémas simples facilement compréhensibles et surtout explicables par l'histoire. Or l'entropie des conditions socio-économiques des pays du monde est un phénomène nouveau. Tout le monde y passe, c'est au tour de la nation arabe ces temps-ci d'avoir ce fol espoir. »

Il relève quatre désordres : Contestations en tout genre, émergence de nouveaux concepts, piétinements du droit international traditionnel, immigration inquiétante...

Contestations ? On a longtemps cru qu'à l'arrivée de la carte perforée IBM, les Etats déjà passablement invasifs au motif marxiste de la dictature dogmatique du Bien, allaient muter en véritable gardes-chiourmes, et une littérature d'enfer terrestre submergea les rayons de science-fiction des librairies. Dans l'AF2000 de jeudi dernier, Piolenc fait une critique poussée de deux romans qui se veulent prémonitoires, "Bienvenue à Gattac" et Les Monades urbaines". Je vous y renvoie.
Depuis l'affaissement de l'Anarchie de bombardement de la seconde moitié du XIX° siècle, le besoin d'émancipation n'a jamais été aussi fort et les Etats jamais aussi généralement contestés, à un point tel qu'ils font leurs les revendications individualistes les plus échevelées comme pour acheter la faveur de continuer à régner sinon à faire semblant, et d'en vivre bien sûr pour leur nomenklatura. L'effondrement moral du Sénat qui vient de voter "sa" loi de bioéthique et la procréation assistée pour les paires comme il en va traditionnellement pour les couples, est un signe de désarroi moral. Les sénateurs veulent-ils être dans le vent qu'ils ne servent plus à rien. Faisons de grandes économies en démobilisant le parlement gériatrique vers les hospices cantonaux.
On notera que la fièvre émancipatrice se propage ces temps-ci dans des Etats réglés au millimètre pour tout prévoir et punir. Le Rue arabe emporte tout au vent de la liberté, et la charia avec ! La Chine observe inquiète cette météo libertaire et coffre tous ses intellectuels douteux², au cas où.

C'est aussi grâce à l'émergence de nouveaux concepts que le désordre progresse. Je pense que la vie internétique fait à chacun la démonstration peut-être factice qu'il vaut son pareil dans son domaine de compétences ou d'intérêts sans aucune référence géographique. Or les Etats sont terriblement géographiques, les deux pieds dans le même sabot scellé sur place ! Par sa navigation sans limites ressenties, l'internaute éprouve une certaine supériorité jusqu'à contester dans des manifestations d'ampleur les empiètements des administrations nationales dans la sphère privée. Par chance pour les Etats, Internet est très peu developpé. Ce que l'on voit est du super-minitel avec une architecture rayonnante. Revoir la conférence de Benjamin Bayart en cliquant ici pour comprendre que si les pouvoirs laissent Internet prospérer dans son concept originel, ils sont cuits³. Sachant que le bon sauvage ne l'est jamais plus tard que midi au gnomon, comment s'organiseront les sociétés, dans leurs proximités, dans leurs dépendances lointaines, reste pour moi un mystère ; mais le changement de paradigme sera alors accompli !

Le droit international traditionnel protège la police et la justice des Etats chez eux avant même de régler les relations de pays à pays. C'est l'irréfragable souveraineté, dont se parent les détracteurs de l'ingérence, même s'il s'agit d'abattre des tyrans cruels. Cette liberté de "gérer" son peuple en vase clos est contestée par ce peuple même qui appelle à l'ingérence quand ses conditions d'existence deviennent intenables, absolument ou relativement à celles d'autres pays qu'ils connaissent en vrai ou en faux.

Ces vingt dernières années, le droit d'ingérence a prévalu chaque fois que la force extérieure surmontait les résistances nationales mais jamais quand une bombe atomique est poussée sous la table de conférence. On l'a invoqué contre la Serbie, l'Irak, maintenant contre le Warziristan, la Libye, mais il est exclu de s'en servir en Corée du Nord, a fortiori au Tibet, et bientôt l'Iran sera hors d'atteinte. Le droit international ? pour quoi faire ? pour en parler bien sûr !

Reste du commentaire de Pays-De-Caux, l'immigration inquiétante.
Le phénomène n'est pas vraiment nouveau, et à notre sens, ne participe pas du changement de paradigme. Les grands désordres ont toujours déclenché de grandes migrations humaines, mais animales aussi. Rappelons les déportations réciproques en Méditerranée orientale lors de l'effondrement de l'Empire ottoman, les substitutions de peuples en Union soviétique, la marche à l'ouest des Allemands à la fin de la guerre, sans oublier les migrations de la famine : déferlement des Chinois affamés du Guangxi au Tonkin, émigration des Irlandais et des Italiens aux Etats-Unis. Aujourd'hui nous observons une décompression de la démographie africaine surnuméraire vers l'Europe des vieux. C'est assez logique en arithmétique des vases communicants.

Changement de paradigme ? A part donc le quatrième "désordre", il est indéniable que la marche de la Planète répond de moins en moins aux critères d'analyse du passé, et cela met à mal la valeur de l'expérience. Le décalage est perceptible dans le discours du front souverainiste qui convoque à ses démonstrations des complexités figées, obsolètes, même si l'intention est louable. Les nouvelles complexités ne sont pas à la portée du premier venu et dépassent le simple bon sens qui fait lui-même souvent défaut dans les politiques publiques et les projets concurrents. Il est venu le temps de « l'imagination au pouvoir ».
La mondialisation dont on parle partout est moins simple qu'une question de frontières et d'écarts criants des coûts de production. On y reviendra dans un billet sur le défi démographique, mais déjà nous devons garder à l'esprit que cette mondialisation est avant tout une surpression qui rompt les digues nationales. Les énormes excédents de main d'oeuvre et de production ici courent vers les déficits, là. On ne la décide pas, on la subit, on l'affronte, on ne l'évite pas... même en Islande, le pays le plus paumé qui me vient à l'esprit !
En revanche, dans le comportement économique individuel, nous gagnerions des parts du marché "intelligence" si nous appliquions des choix naturels, écologiques, et résistions plus nettement au matraquage consumériste qui crée "nos" besoins ! Et pour couvrir nos intrants, il vaudrait mieux trouver quelque chose à vendre plutôt que de blinder les postes de douane.

Dans les affaires publiques, ce bon sens et un peu d'imagination redevenue la règle permettraient d'éviter les abîmes financiers où nous précipitent les gribouilles et les malins qui ont capté les leviers de commandes pour leur propre fortune. Il n'est pas besoin d'avoir fait Saint-Cyr ni Dauphine pour...
. Ne pas dépenser plus qu'on ne collecte ;
. Privilégier le domaine régalien dans le budget de l'Etat central car personne d'autre ne s'en chargera ;
. Ajuster les contributeurs, les contribuables et les pensionnés ;
. Compter au marc le franc la participation de chacun à la société et au partage qui s'ensuit ;
. Avancer partout au mérite ;
. Faire son droit au Futur en favorisant la liberté intellectuelle de R&D ;
. Maintenir les moeurs et les rites traditionnels majoritaires ;
. Diffuser en Afrique le cri du Larzac : Volem viure al país et prendre le taureau du développement par les cornes ;
Vous pouvez continuer vous-même la liste.




Note (1): Le paradigme est un cadre qui définit les problèmes et les méthodes légitimes, et qui permet ainsi une plus grande efficacité de la recherche : un langage commun favorise la diffusion des travaux et canalise les investigations [Thomas Samuel Kuhn (1922-1996) via Wiki]
Note (2): En plus de l'artiste emblématique Ai Weiwei, 200 avocats, juristes, artistes et intellectuels ont été retirés de la circulation en moins d'un mois pour avoir respiré l'odeur du jasmin, dont Liu Xianbin qui avait pris deux ans et demi pour Tian An Men 89 et en fit dix !
Ont été relevées les "disparitions forcées" de...
Chen Wei, maître peintre officiel
Cheng Li, artiste
Chen Wanyun, blogueur
Ding Mao, prosateur
Guo Gai, artiste
Guo Weidong, blogueur
Jiang Tianyong, avocat
Hua Chunhui, intellectuel blogueur
Huang Xiang, artiste
Lan Jingyuan, activiste CHRD
Lian Haiyi, prosateur
Li Shuangde, activiste CHRD
Liu Anjun, artiste
Liu Shihui, avocat
Mo Jiangang, activiste CHRD
Pu Fei, prosateur,
Ran Yunfei, prosateur,
Tan Jitian, avocat
Ten Biao, avocat,
Wei Qiang, blogueur
Wen Jie, blogueur
Xu Zhiyong, juriste
Zheng Changtian, professeur
Zhui Hun, artiste
etc... total : 200
Note (3): L'affaire Wikileaks dévoile déjà la difficulté de contrer un site en multi-hébergement sur serveurs automatiques, sans encore passer aux serveurs individuels connectés 24/7 depuis n'importe où dans le monde. Les panneaux solaires vont permettre ce type de métastases fatales pour les Etats sauf à contrôler chaque écran.

vendredi 8 avril 2011

Un prince fondeur

En 2009¹, le prince Louis de Bourbon finissait le marathon de New York City dans le wagon des neuf pour cent avec un temps de 3h 24minutes. Cool ! Ce dimanche 10 avril, le dossard 19502 sera suivi attentivement par les légitimistes qui espèrent "un résultat" de leur héros au 35° Marathon de Paris².

La carte de la course en .pdf est cliquable ici : Parcours 2011

Le parcours réglementaire de 42195 mètres part de la section haute des Champs-Elysées, de l'Etoile au Rond-Point selon les sas de performance tentée³, puis va à la Bastille par Rivoli et continue jusqu'au bois de Vincennes, revient ensuite dans l'axe avalant de la Seine rive droite jusqu'au bois de Boulogne et s'achève à la Porte Dauphine.
Le profil ci-dessous montre que le premier tiers est éliminatoire, le second tiers super-facile, et le dernier tiers propice à la rupture des groupes :


Pour les Français, on attend Abdelatif Meftah, devant ou juste derrière les Kenyans et autres Ethiopiens qui ne sont pas invincibles. Le marathon de New York 2009 avait été remporté par l'Américain Keflezighi.
Un marathon se gagne en 2h et 10 minutes, soit à 20km/h.
Mais c'est aussi une grande fête. Départ à 8h45.





Note (1): Résultats du prince Louis NYC 2009 : http://web2.nyrrc.org/cgi-bin/htmlos.cgi/90893.6.013700415519798204
3921° sur 43741 coureurs (43475 arrivés)
683° dans sa classe d'âge
3h 24min 18sec
moyenne 12,4 km/h
vainqueur : Meb Keflezighi (USA)
Note (2): le site officiel : Parismarathon
Note (3): dossard rouge 3h00, jaune 3h15, bleu 3h30, violet 3h45, vert 4h00, gris 4h15, rose 4h30+

mercredi 6 avril 2011

Démondialisation ?

La démondialisation devrait être le nouveau concept vendeur de la campagne électorale qui a été lancée lundi dernier par M. Strauss-Kahn, directeur général du FMI devant les étudiants de la George Washington University. Le Marché doit le céder aux Etats. On peut cliquer ici pour lire l'original : "Le schéma ancien de la mondialisation a beaucoup apporté, en sortant des centaines de millions de gens de la pauvreté, mais a aussi un côté obscur, qui est un écart vaste et croissant entre les riches et les pauvres". Et M. Strauss-Kahn sait de quoi il parle, il ne reconnaît plus personne, place des Vosges !

Dans l'expression "démondialisation" vous avez "démon" et "mona lisa", autrement dit le Diable au sourire niais. C'est ce que vient vendre aux Mercredis¹ de la NAr le doux mélenchonien Sapir : le libéralisme est un désordre, la revanche des bureaux d'ordre est en marche, vive le Plan revenu avec sa cohorte de médiocres aux doigts gourds qui tranchent et coupent pour tous. Cent types pour diriger la France, fermez les frontières, le rêve soviétique accompli !

Il est des gens très diplômés qui refusent que la globalisation de la planète soit le vecteur d'une nécessaire entropie, à défaut de quoi le choc intercontinental sera encaissé sous forme d'une guerre mondiale. Plutôt que d'affronter les empires émergents par notre inventivité, notre créativité, notre intelligence, les économistes au petit pied qui jugent celle d'autrui à l'aune de la leur, préfèrent au foisonnement des libertés économiques seules créatrices de richesses pérennes, les schémas simples facilement compréhensibles et surtout explicables par l'histoire. Or l'entropie des conditions socio-économiques des pays du monde est un phénomène nouveau. Tout le monde y passe, c'est au tour de la nation arabe ces temps-ci d'avoir ce fol espoir.

Le Yoda de Chongqing qui connaissait l'âme humaine, avait parfaitement compris en reprenant les rênes derrière les gérontes calcifiés de la Longue Marche qu'il valait mieux faire droit à la fortune contre la justice pour enrayer le déclin de l'Empire. Il a réussi, la Chine est sur les rails d'un premier prix d'économie, la justice arrive tranquillement derrière. La fortune ? Elle est en France ciblée, le succès puni, la confiscation va de soi. La presse fait ses choux gras de l'argent des autres et les partis ont enfin accès à un discours simplifié au niveau de l'entendement de l'électeur moyen, musulman ou juif. Le bouclier fiscal est une honte, l'ISF un principe, le chômage un complot. Merci madame Le Pen, vous leur facilitez la tâche, ils n'ont plus à se creuser les méninges pour organiser la complexité de nos dépendances et révéler la vitalité résiduelle de la race qui peut encore tout sauver. Il leur suffit de vous répondre, de vous parler, c'est nul ! Le programme économique du FN est nul. Et c'est pour cela que M. Sapir l'a compris et le promeut en revenant à l'Etat ermitique dont on ne peut donner d'exemple sur terre sans frémir.
Le futur est-il ailleurs ?
Pas encore. Il faut faire un sort d'abord à la science molle² pour couilles éponymes.

La mondialisation heureuse n'est pas un mensonge, le doux commerce se substituant aux conflits guerriers n'est pas un mythe, mais pour voir cela il faut poser les bésicles doctrinales et demander ce qu'en pensent les pays qui y ont réussi et non pas ceux qui l'ont subie. Que disent le Brésil, l'Inde, la Chine et les dragons asiatiques, la Malaisie... de la mondialisation ?
Elle les a sauvés du pronostic fatal répandu à longueur d'année scolaire dans les classes de géographie des années cinquante où il n'y avait d'avenir que pour les pays communistes stricts à démographie contrôlée et dans les pays neufs et vides ! On n'intégrait pas le fantasque humain, sa résilience par l'imagination et le travail et les tendances lourdes de l'espèce à s'enrichir ; on comptait l'humain, comme du steak, au poids ! Les masses laborieuses.

L'insuccès du programme académique fut si éclatant qu'il a fait le lit d'une énième théorie du complot, c'est la faute aux gros cigares, et les économistes en chambre de construire aussitôt les digues contre la subversion libérale en chargeant de tous les maux les... entrepreneurs, sale race qui n'obéit à personne. Les initiatives dérèglementées avaient donc ruiné les cadres d'une société policée, convenablement fliquée, docile et raisonnablement consommatrice. Quel mal se donne un Chavez à remonter le paradis bolivarien !
Au lieu d'accumuler les thèses et les "honoris causae", ces économistes coupés du monde auraient été bien inspirés de faire quatre ou cinq ans dans une maison de commerce extérieur pour apprendre et comprendre avant de théoriser. Par exemple, il ne leur serait pas venu l'idée de sortir de l'Eurogroupe, mais ils se seraient battus pour forcer la convergence vertueuse des politiques publiques, et l'ensemble avec leur concours aurait été assez fort pour affronter la créativité financière de la City.

Les puissances dominantes (celles du début de la globalisation, pas les Sages de Sion !) ont-elles usé de leur force pour s'ouvrir des marchés et modifier comme il leur convenait les termes de l'échange ? A part la guerre de l'Opium sino-britannique et la guerre du Soja Franco-américaine, je ne connais pas d'échanges de force. Les flux commerciaux et leurs retours financiers ont été modifiés et continuent de l'être au fur et à mesure de la modernisation des productions humaines par tout le globe, qui ne sont figées dans aucun schéma simple. Le tourbillon ne s'arrêtera pas, le défi chinois sera demain le défi indien et -je le leur souhaite - le défi africain plus tard, pour faire place à un autre. Les moles de résistance se scléroseront et verront fuir leurs élites entrepreneuriales. Oui, cette idée est carément fatiguante et ne nous resteront que les "penseurs" qui ne nourrissent personne.
Le GATT était-il un fétichisme ou plutôt la facilitation des échanges entre les continents par l'abaissement concerté des droits et quotas douaniers ? Quand le GATT est devenu OMC, tous les pays du monde ont posé leur candidature ! Même des pays malades comme la Russie. A preuve donc qu'ils en attendent une amélioration de leur sort. Mais bien sûr ils n'ont pas lu nos avertissements protectionnistes.

La condamnation récurrente de la Ploutocratie cosmopolite est lassante. Ces gens existent et mangent certes plus que leur part et on peut brider leurs intentions en évitant d'abord de les mettre au pouvoir par le jeu électoral débile auquel nous sommes conviés ; mais trois milliards de gens ont accédé à l'espérance par le démon de la mondialisation ! Non pas l'espérance en bondieuseries - ils l'avaient déjà - mais plus prosaïquement aux catalogues de voitures, aux magazines de décoration, aux cours de bourse et à la presse féminine ! On commence par ça. Teillard de Chardin, c'est juste après car ce bas-monde est imparfait !

Faut-il nourrir les laboratoires d'idées en leur commandant un bilan de la mondialisation comme on l'exige aujourd'hui à gauche afin d'en exemplifier les méfaits, et s'en extraire ? Je pense que la Chine ou l'Inde ont les moyens d'aller au fond des choses et de synthétiser ce travail utile d'analyses. Seront-ils de parti-pris ? Pas plus que nous. Que le Parti communiste chinois qui ne nous a pas attendu, s'investisse dans cette étude, ne devrait pas déplaire à M. Sapir et à ses amis d'extrême-gauche.

A temps perdu, on parcourra avec bénéfice le rapport du Guangming Daily "Comprendre et évaluer correctement le modèle chinois" (Beijing’s Research Center for Theories of Socialism with Chinese Characteristics) - 10 Jan 2011. C'est le canard intellectuel de Zhongnanhai.
On y apprend des trucs côté vainqueur qui ne laissent de surprendre de ce côté-ci du Rhin. Comme par exemple, There are multiple formats for income distribution, with the main mode being distribution according to work performed. Factors of production including labor, capital, technology, and management receive returns according to their contribution. Some people and people in some regions are encouraged to become wealthy first. They, in turn, lead the entire society to become affluent. Besancenot, Chavez et Mélenchon au seuil de l'AVC. Deuxième couche : Ideological education focuses on patriotism, socialism, and collectivism, and also cares about personal interests, so as to bring initiative and creativity into full play. A quoi a-t-il servi que Chou-En-Laï ait été OS chez Renault Frères ? Troisième couche, le modèle "global" chinois prévaut : Through different forms of struggle, most developing countries became liberated after World War II. For these countries, because they are economically and culturally backward, their primary task is to develop. Recently, the economic globalization led by the Western countries has widened the North-South gap, prompting these countries to seek a good development model and path. Many developing countries have said that the China model is an inspiration.

La mise en autarcie de la France qui perd du terrain les fait bien rire, mais ils ne nous le montrent pas toujours depuis qu'ils savent que ça nous blesse. En revanche, la régulation sarkozienne même soft les blesse, eux. Qui aura gain de cause au G20 ? A suivre...

Malgré tout, le paradis de la mondialisation n'existe pas

Restons sur terre. Il y a des problèmes à régler quant à la financiarisation de l'économie et à la responsabilisation des économies dominantes dans des secteurs stratégiques pour l'homme, mais les émergents commencent juste à goûter à leur souveraineté et la limiter leur est désagréable. Laissons-leur le temps de s'habituer. Ils viendront à collaborer plus rapidement qu'ils ne le pensent car ils vont affronter à brève échéance les mêmes problèmes que nous, à savoir la concurrence sauvage de pays cherchant à leur tour à émerger sur financements internationaux et commandes industrielles délocalisées. Dongguang a tué les maquiladoras mexicaines, mais les zones industrielles de Saïgon, de Manille l'attaquent à leur tour. La spirale tourne indéfiniment. Il faut être niais pour croire mettre un doigt qui la stoppera. L'indienne Hopi attend beaucoup de la globalisation.


Note (1): aujourd'hui mercredi 6 avril à 20h
Note (2): Science molle : l'économie politique est une science molle, manière de dire qu'elle n'est pas du club. Une science peut être définie comme une complexité formulée et prédictive. Prédictifs les économistes ? c'est justement cette carence qui leur est le plus souvent reprochée. Formulée ? L'enfumage était si évident que l'Ordre Distingué a inventé l'économétrie pour faire sérieux, le bons sens n'étant pas assez complexe. Complexité ? oui, artificielle. Revenir à Bastiat et ses harmoniques.

dimanche 3 avril 2011

Camp Maxime Real del Sarte 2011

Il existe une école de sciences politiques reconnue dans la nomenklatura et méconnue du public, c'est l'Action française. Bien des cadres des partis de gouvernement sont passés par les sections de formation ou les camps de l'AF, on en trouve à tous les échelons, souvent discrets, quelquefois moins. Et ça fait un bon demi-siècle que ça dure.
L'enseignement est prodigué au sein de cercles spécifiques à vocation pédagogique organisés par les deux canaux historiques de cette physique sociale naturelle que sont la Restauration Nationale (RN) et le Centre royaliste d'action française (AF). Nous donnons ci-dessous accès à la page des sections régionales et à une liste de cercles studieux, avec une ancre. Tous sont inscrits à la page "Roycoland" de ce blogue :
- L'AF en régions
- Groupe Action Royaliste à Paris
- Cafés actualité de la Faute à Rousseau à Marseille
- Cercle Jacques Bainville à Assas (Paris 5)
- Cercle Histoire Culture et Patrimoine (RN) à Paris
- Cafés politiques de la Fédération provençale à Aix
- Conférences de la Fédération aquitaine à Bordeaux
Ces cercles et sections sont évidemment capables de vous conseiller (voire vous vendre) les ouvrages nécessaires à votre formation politique, sachant aussi que plusieurs sites comme Maurras.net ou Royaliste.org en mettent en ligne gratuitement.
Une liste d'ouvrages utiles pour le camp sera publiée sur le site officiel.


L'UNIVERSITÉ D'ÉTÉ


Chaque été, l'Action française convoque sa jeunesse à un séminaire d'intégration mentale sous la forme d'un camp de huit jours. C'est le point d'orgue d'une année studieuse et le rechargement de la chaudière militante pour l'année suivante. Ce camp porte le nom du célèbre sculpteur Maxime Real del Sarte qui fut camelot du roi. Cette année se tiendra en Vendée la 55° édition du CMRDS.

Le programme des journées est à diffuser ultérieurement. Le camp 2011 sera dressé au Logis Sourdy - 85130 La Gaubretière du dimanche 21 août au dimanche 28 août.
Le prix est de 20€ par jour, soit 160€ pour la semaine. Un rabais à 140€ est offert pour toute inscription réglée avant le 16 juin. Vous pouvez vous inscrire ici :

CENTRE ROYALISTE D’ACTION FRANÇAISE
CMRDS 2011
10 rue Croix-des-Petits-Champs
75001 PARIS
"communicationarobaseactionfrancaisepointnet"

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