jeudi 30 mars 2017

Passons aux énergies renouvelables

Centrale de Crucey (Eure & Loir)
Le malheur de l'humanité n'est pas d'avoir laissé la belle Ève manger la pomme du boa, mais d'avoir découvert qu'un kilo de pétrole avait la puissance d'élever de mille mètres une tonne de n'importe quoi ! Et Rockfeller vint ! On connaît la suite dès qu'on a lu tous les Tintin au pays de l'or noir et la malédiction de la facilité qui s'est abattue sur beaucoup de pays détenteurs d'huile. A quelque chose malheur est bon, côté consommation les progrès furent gigantesques tant dans les transports que dans la chimie organique, sauf que la fracture des hydrocarbures par combustion charbonne l'atmosphère et menace d'aplatir le globe comme une pizza brûlante que couvrira bientôt l'océan réchauffé. D'où l'idée de ne pas creuser plus encore, de garder la ressource pour sa transformation noble (plastiques et steaks) et de capter en lieu et place les énergies anonymes et vagabondes que sont le vent, le soleil et l'eau qui bouge au gré de la lune.

Billets de soutien RA libellés "Jean Lassalle" à cliquer:
- Un berger à l'Elysée du 15/03/2017
- Jean Lassale, note liminaire du 19/03/2017
- But de la manœuvre du 22/03/2017
- Libertés basses du 24/03/2017
- Une autre Europe demain du 27/03/2017

Jean Lassalle fait des énergies renouvelables un des points importants de son programme électoral avec ses mots à lui :
« La valeur d’une vie humaine ne peut plus se calculer à la présence ou l’absence de ce liquide sous ses pieds. Le nucléaire a été longtemps présenté comme une alternative, mais après l’accident de Fukushima, et alors que l’ensemble nucléaire français vieillit, nous devons reposer la question. Des choix énergétiques difficiles sont devant nous, et ils nous engageront pour longtemps. Prenons le temps de les comprendre et d’en débattre.
Les forces conjuguées du soleil et des marées sont susceptibles de produire autant d’énergie que le pétrole, et de se substituer au nucléaire. Dans notre pays où le soleil ne se couche jamais, ou sur le continent africain, comment croire que l’énergie solaire puisse nous faire défaut ? Je suis certain que le solaire se serait développé bien plus vite si les intérêts pétroliers ne l’avaient freiné.
Mettons au service de la transition énergétique les moyens consacrés aujourd’hui à la « dérégulation » et la privatisation de l’énergie, et les énergies nouvelles prendront rapidement le relais ! Nous pourrons clore paisiblement ce qui est devenu le cauchemar du pétrole, et libérer la France de sa dépendance aux pays qui nous le vendent.»

Si les énergies renouvelables ne sont plus aujourd'hui des fadaises d'hurluberlus exilés en Haute Ardèche - elles ont pris les trains de l'industrie énergétique - d'autres contestations naissent à mesure de leur développement, et dans le camp souvent de leurs premiers promoteurs, les écologistes. Est-ce le rapt du concept par des gens efficaces qui vont faire des sous sur les énergies renouvelables, qui a braqué tant de gens contre les barrages hydroélectriques ou contre les éoliennes ? L'enjeu visant à remplacer les énergies fossiles est suffisamment énorme pour qu'on saute d'échelle et abandonne les microturbines et les pompes à hélices pour industrialiser dans le sérieux ce que l'on appelle désormais des "fermes", des "champs". Nous ne sommes plus à la pièce mais par centaines, d'hectares pour les fermes solaires, d'unités pour les champs éoliens offshore. Il n'y a pas le choix ! Et si la filière gagne de l'argent sans subventions, le succès de la conversion énergétique est assuré, nonobstant l'intrusion de pales géantes dans le paysage partout.

Reste l'énergie nucléaire, formidable technique plus efficace encore que le kilo de pétrole, mais qui a commencé par le péché originel d'Hiroshima et Nagazaki. Certains ne s'en sont jamais remis et le combat pro/anti tourne à la guerre de religion. Mon dieu est plus puissant que le tien. L'avenir de l'énergie nucléaire est dans sa transformation atomique, la fission du noyau cédant le pas à la fusion. Trois fois plus d'énergie est libérée par la fusion et la ressource est inépuisable puisqu'il s'agit d'eau de mer : un tonne d'eau salée comprenant 33g de deutérium va produire autant d'énergie de 700 tonnes de pétrole. Tous les espoirs du monde reposent sur le Tokamak industriel d'ITER en construction à Cadarache. Dans l'hypothèse assez probable d'une validation de l'industrialisation de la fusion contrôlée, les premières centrales pourraient tourner dans la seconde moitié du XXIè siècle. S'il est vérifié que les sous-produits ne sont pas radioactifs (essentiellement de l'hélium 4), le seul frein à l'exploitation du procédé ne pourra être que le prix du kilowatt-heure produit, et bien sûr les éternels contempteurs du progrès laissés pour compte.

Le souci premier de Jean Lassalle est de briser notre dépendance au pétrole étranger. Qui ne serait d'accord s'il fait défiler sous ses yeux nos fournisseurs ? Spectacle pénible...
Question : comment ferons-nous rouler nos automobiles de la liberté ? Voudrait-on nous encager tous dans des transports collectifs ? Je me méfie. La pile à combustible alors ? L'hydrogène. Quelqu'un a-t-il quelque chose contre l'hydrogène ? Non ? Je savais bien qu'on y arriverait.

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lundi 27 mars 2017

Une autre Europe demain


Billets de soutien RA libellés "Jean Lassalle" à cliquer:
- Un berger à l'Elysée du 15/03/2017
- Jean Lassale, note liminaire du 19/03/2017
- But de la manœuvre du 22/03/2017
- Libertés basses du 24/03/2017


Voici la deuxième contribution programmatique à la campagne de Jean Lassalle, elle porte sur l'Union européenne, qui a fêté le soixantième anniversaire du Traité de Rome hier. L'avatar actuel de l'empire carolingien ne serait pas reconnu par les pères-fondateurs du Marché commun et c'est peu dire. Le constat de carence que fait le candidat sur son site est partagé à cent pour cent par le Piéton du roi. Nous n'allons pas abonder au tonneau et délayer les arguments, c'est inutile puisque déjà fait, mais ouvrir l'angle étroit d'un futur possible. Voici ce qu'en dit Jean Lassalle :

« l’Union Européenne a échoué à affronter la mondialisation. Elle a accepté la dictature financière. Les institutions européennes se sont limitées à gérer des budgets et à écrire des normes. Nous payons aujourd’hui trente années d’Europe sans projet politique, sans démocratie. Nous n’avons ni une Europe solide, ni des États solides, alors que le général de Gaulle espérait les deux à la fois : une « Europe des nations », une Europe d’États démocratiques et responsables.
C’est dans cette direction que nous devons réfléchir ensemble, sans tabous, pendant cette campagne et dans les années qui viennent. La nouvelle génération, qui va et vient à travers l’Europe plus facilement que je ne me déplaçais hier moi-même à travers la France, n’a pas voulu jusqu’ici se préoccuper de gouverner. Mais tôt ou tard, elle prendra ses responsabilités et imaginera une construction européenne adaptée au monde d’aujourd’hui.
Aujourd’hui, c’est à nous, la France, de nous relever. Elle a besoin de retrouver des marges d’action politiques et financières. À nous de dire ce que nous sommes, ce que nous voulons, dans la discussion avec nos voisins. » (in Retrouvons nos marges de manœuvre en Europe)


Il n'est jamais trop tôt pour réfléchir à l'Europe de demain matin parce que le reste du monde ne nous attend pas, ou ne nous attend plus ; sauf quelques pays ou communautés en déshérence qui nous implorent de continuer les virements. Si nous devons redevenir forts, c'est pour continuer à peser sur le destin de la planète à notre propre bénéfice, des fois qu'on aurait enfin compris que personne d'autre ne le ferait à notre place, et aujourd'hui plus que jamais avec le retour de l'isolationnisme américain. Mais aussi pour protéger d'autres peuples du monde avec qui nous avons des affinités civilisationnelles acquises par l'histoire, je pense à l'Afrique et à tout le Bassin méditerranéen, en fait à l'empreinte impériale romaine.

Ce machin qu'est devenue l'Union européenne ressemble plus à une outre à vents bureaucratiques qui pète des normes et des tarifs douaniers. La première à venir demain est, paraît-il, la standardisation de la composition du Nutella de Laponie jusqu'à Lampedusa. Planquez les cartouches des fois qu'on se suicide de rire ! Mais à l'essentiel elle n'est pas tenue, au prétexte de l'immobilisme des Etats membres quand ce n'est pas sous la contre-pression des lobbies industriels. Le champ d'intervention de la Commission européenne (ou de l'organisme successeur fortement dégraissé) devra être redéfini très clairement (2 pages A4) et nous éviter dans le futur les calculs de robinets, bondes et autres débits labellisées des chasses de waters. Au titre du marché unique a fleuri la normalisation des produits circulés d'un bout à l'autre de l'Union jusqu'aux fins fonds de la bêtise humaine que l'on sait insondable. Que ce marché unique devienne simplement libre et que tout y circule en franchise de droits serait bien suffisant. Que chaque pays produise sous ses normes et ses grades de qualité et que le consommateur approuve par son achat ce qui est bon pour lui à tel moment, à tel endroit. Les producteurs s'adapteront vite sous le regard exercé des ligues de consommateurs. Horizontalité, nom de dieu ! Reste le reste, et tout le reste et au-delà, ces coopérations européennes qui ne sont pas dans les couloirs de la Commission : l'UEFA mais aussi Eurotunnel, Arianespace, l'ESA, Airbus, Horizon (frégates franco-italiennes), Eurofighter, missiles franco-anglais (Scalp, Aster,Meteor) et l'Association européenne contre les leucodystrophies dont les succès respectifs puisent leur énergie dans la compétence d'intelligences spécialisées mais qui font de l'ombre à la technocratie bruxelloise. Elle cherche continûment à s'impliquer, comme à l'occasion de regroupements industriels qu'elle interdit ou entrave, au titre de la fameuse concurrence libre et non faussée qui protège chaque fois nos concurrents non européens d'une éventuelle surpuissance européenne !!! Et puis il y a la PAC.

Jean Lassalle est un candidat paysan, se définissant comme un berger. Qu'il ne s'offusque pas du terme "paysan" qui enracine son détenteur dans un pays précis. Il y avait d'ailleurs dans ma jeunesse un fort parti rural très respecté qui s'appelait "Indépendants et Paysans". Ceci pour dire que l'Europe a impacté directement son territoire à travers la politique agricole commune. On va parler de ça. Il est très facile de s'en prendre aux institutions bruxelloises dans ce domaine et d'oublier un peu vite que toutes leurs décisions ont été annoncées avec un délai préparatoire de dix ans. Mais les grands nigauds du ministère et de la FNSEA repoussaient à demain (on dit depuis Hollande : procrastiner) les ajustements exigés, attendant in fine de mettre en route le chantage aux crédits européens pour apaiser la crise insoutenable qu'ils ont laissé monter. C'est pourquoi au milieu de la carte européenne la France est aujourd'hui le couillon de la farce, tous les autres ou presque ayant viré de bord depuis longtemps avant les récifs. Ce n'est pas ici que l'on va entrer dans la réforme de la PAC, la bande passante n'y suffirait pas.
Mais on peut relever une évidence interdite : l'agriculture est une activité capitalistique, en ce qu'elle convoque énormément d'argent préalable. Depuis la Révolution française et le partage des biens nationaux fut promu le modèle de l'exploitation familiale de subsistance, pour revenir un siècle plus tard à des latifundia capables d'absorber la mécanisation des tâches. Ces dernières croissent autant que les premières meurent. Entre les deux la mutation se fait dans le tragique. On ne parle que d'argent dans ce secteur, celui que l'on doit et celui qu'on n'a pas. Le Crédit agricole ne remplacera pas la propriété pleine et entière du bien-fonds et le cash-flow privé pour faire tourner l'exploitation. Les incitations des conseillers agricoles et du génie rural sont une mauvaise assimilation de techniques gestionnaires de l'industrie, négoce et finances. En cas de malheur dans ces secteurs, on saute en marche et on change de boîte. Pas dans l'agriculture ! (on peut relire le billet Royal-Artillerie ad hoc en cliquant ici)
On doit quand même reconnaître à la PAC d'avoir promu l'agriculture de négoce international par le monde entier et d'avoir protégé l'Europe d'importations de produits de mauvaise qualité à bas prix par le crible des normes sanitaires.


L'Union européenne a d'autres missions utiles si on applique bien le principe de subsidiarité. Faire à plusieurs ce que l'on fait moins bien seul. Contre-exemple : le traité de Lisbonne a créé une diplomatie européenne. Elle ne pourra jamais remplacer les vieilles diplomaties toujours actives de Grande Bretagne, France, Allemagne et Suède par exemple. Au bout du conflit ce sont bien la France et la Grande Bretagne qui siègent au conseil de guerre qu'est devenu aujourd'hui le Conseil de Sécurité de l'ONU, pas l'Europe. Et justement au plan de la Défense, le traité de Lisbonne a aussi ouvert la voie vers une défense communautaire, à la réserve près que personne n'en veut quand la question lui tombe dessus. Aucun pays de l'Est ne troquera une défense européenne franco-allemande contre la défense atlantique actuelle, quelle que soit l'augmentation des contributions demandées ! La Grande Bretagne non plus, le Danemark non plus, l'Espagne et l'Italie et les autres on ne sait. Donc nos politiques insultés par Donald Trump perdent du temps à agiter un fantôme alors que nous disposons d'un outil de guerre ouverte qui fonctionne bien et qui sème la terreur quand on l'évoque à l'étranger, ce qui est le but recherché dans des activités de Défense ; c'est l'OTAN.

L'Union européenne est irremplaçable dans le domaine douanier : la force tient à ce que les attaques étrangères ne peuvent pas cibler un pays en particulier puisqu'il s'agit de droit communautaire intégral et donc, c'est toute la géographie douanière qui est touchée par une attaque et l'ensemble réagit. Il suffirait juste qu'un office central des échanges internationaux de biens et denrées ait le pouvoir de bouger les droits douaniers comme aux Etats-Unis quand des pays tiers se moquent ouvertement de nous par du dumping étatique. Un autre domaine communautaire est la sûreté publique : nul n'est une île au temps du terrorisme et, laissés chacun à nous-mêmes, nous voyons le danger trop tard. Inutile d'épiloguer. On pourrait en dire autant des secteurs stratégiques comme l'énergie pour éviter les négociations abusives et le chantage des fournisseurs (de gaz).

Un domaine communautarisé d'évidence est la pêche, tant pour gérer la ressource continentale que pour négocier avec plus de poids les droits de pêche hauturière (et bientôt britanniques). Un autre domaine où la communautarisation serait utile est l'administration du marché des médicaments, domaine où certaines agences nationales sont impuissantes ou corrompues. L'Agence européenne du médicament existe mais au-dessus des agences nationales (dans une fonction fédérative et de production de rapports) alors qu'il faudrait éradiquer toutes celles-là. On ne devrait pas non plus faire l'économie de normes sanitaires communautaires pour des consommations de base telles que l'eau. C'est la Commission qui a imposé à la France de distribuer de l'eau de consommation humaine propre (on l'oublie); sans quoi les services français multipliaient à l'infini excuses et promesses pour ne pas heurter les régies locales. Communautariser le droit des sociétés, le code de commerce et leur plan comptable ne serait pas idiot, du moins en Europe occidentale. On peut aussi réfléchir (on y vient) à des corps de garde-frontières et de garde-côtes communautaires pour renforcer la vigilance et décharger les budgets nationaux de certains pays en difficultés qui ne peuvent remplir la mission dans la fenêtre géographique qui leur incombe. Tenir les frontières nationales intra-européennes est un leurre, facilement démontré par toutes les contrebandes de l'époque bénie des postes de douane. Quant aux domaines qui devraient être radiés des responsabilités communautaires, il sont très nombreux, chacun en connaît. Pour n'en citer qu'un avec humour : la gestion de la bio-diversité par compensation du bétonnage en zones humides ! Nos lecteurs anglophones peuvent rigoler au bétonnage de Regent's Park à Londres dans cette vidéo parodique (clic).

Beaucoup de coopérations économiques, culturelles peuvent être montées en réseaux inter-étatiques sans en appeler à la bureaucratie de Bruxelles. Et cela évite aussi d'y intégrer des pays peu intéressés mais qui veulent avoir leur mot sur tout. Par exemple, mutualiser l'exploitation des grands ports du range atlantique nord-est n'intéresserait que quatre pays. Les Français y apprendraient beaucoup, eux qui ont été capables de creuser au Havre une grande darse dans le lit du fleuve (Port 2000) sans aucun accès à la batellerie d'éclatement des cargaisons (nous avons aussi nos propres technocrates à tuer). Ainsi en va-t-il de la protection des mers qui baignent les côtes de l'union. Lignes de ferroutage trans-nationales, trains-blocs etc... pour rester dans la logistique... à l'exemple de la nouvelle ligne ferroviaire chinoise de la Soie qui va faire du Pékin-Londres en 18 jours (clac). Bref ! S'il faut ouvrir l'angle au village mondial, rien n'oblige à l'encombrer de paperassiers. On pourrait parler aussi banque centrale et monnaie(s), mais c'est un sujet complet à lui-seul.

L'Europe des nations gaullienne que promeuvent plusieurs candidats induit automatiquement un régime de confédération. Il suffirait d'en écrire les contours, les inclusions et exclusions pour que ce cadre soit accepté par les pays. Jusqu'ici rien ne fut explicitement exclu du champs d'application des institutions européennes, à part la bombe atomique ; ce qui a nourri la voracité de toute structure de gouvernement établie sans limites, avec la complicité objective des politiques eux-mêmes quand ils siègent à Bruxelles. La confédération est un grand et beau projet.

La zone européenne dispose de tous les atouts pour réussir une confédération. Elle a les infrastructures physiques et financières, une économie puissante, une jeunesse intelligente qui ne demande qu'à s'investir sans être volée au coin du bois par la gérontocratie (problème de la Dette), une situation unique au monde sur le globe terrestre, une culture, une histoire, n'en jetez plus ! Alors quoi ! On le fait ? Y aller par cercles concentriques est le plus sûr moyen d'y atteindre.

Prochain billet : les énergies renouvelables

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Postscriptum
Malgré les sondages qui le créditent d'1% des voix, le député béarnais assure créer un «véritable tourbillon» partout où il va. Sur le plateau de LCI, Jean Lassalle veut croire en l'impossible dans cette campagne où «tout ce qui apparaissait totalement improbable s'est réalisé». Il dénonce la «nomenklatura» en tête des sondages: « Il faut que les Français comprennent que je suis en face de trois ou quatre (candidats) principaux qui ont été choisis parce qu'ils sont bien appliqués, qu'ils suivent bien les consignes. Ils ont été choisis par les sondages.» Lui, assure s'en moquer et balaie le score de 1% qui lui est promis par les enquêtes d'opinion...

(la suite sur Le Figaro par ici)

vendredi 24 mars 2017

Libertés basses et franchises municipales

Billets de soutien RA libellés "Jean Lassalle" à cliquer :
- Un berger à l'Elysée du 15/03/2017
- Jean Lassale, note liminaire du 19/03/2017
- But de la manœuvre du 22/03/2017


Première contribution programmatique de Royal-Artillerie au projet de Jean Lassalle :
les libertés basses.

« La France peut retrouver sa grandeur en prenant le temps de la construction d’une voie originale vers le bonheur. Elle part de la commune pour aller à l’infini. C’est le sens de ma candidature à la Présidence de la République.» (Jean Lassalle)
Une petite mairie de mon enfance

Communes ou paroisses de l'ancien temps sont la chaîne et trame de notre pays et tant pis si nos voisins ne sont pas administrés comme nous, ce qui est bien normal puisque nous sommes ici en pays gaulois. Pourquoi faudrait-il uniformiser les découpages administratifs en Europe ? Les tentatives d'uniformisation européenne ont jusqu'ici surajouté des strates inutiles et dispendieuses quand ce n'est pas créer des satrapies persanes au bénéfice des élus battus à l'étage national venus chercher une position sociale dans nos provinces. Voici ce que Jean Lassalle dit des communes et de leurs fonctions :

« J’ai ressenti, tout au long de mes marches, l’attachement de mes concitoyens à leur commune. En France, la conquête de nos libertés s’est réalisée à partir des communes. Elles ont été le point de départ de la construction de notre espace national. Combien de nos villes ou villages ont dans leur nom le mot «Villefranche » ?

J’ai appris à l’école que la France avait plus de 36500 communes. Certains ont prétendu qu’il y avait autant de communes en France que dans toute l’Europe des Douze. Et alors, où est le problème ? D’où vient cette volonté de politiques sans mémoire à vouloir en réduire le nombre ? Les structures sans âmes au sein desquelles la loi NOTRe veut les regrouper sont à la démocratie ce que les barres d’immeuble sont au vivre ensemble : une impasse.

Dans toutes les communes que j’ai traversées, j’ai établi des contacts avec leurs habitants. Essayez ! Vous verrez que c’est plus facile que dans la plus grande galerie commerciale. La commune respecte l’homme. Il s’agit d’une démocratie à hauteur d’homme. Je me bats pour l’avenir de mes enfants, de nos enfants. Je ne repars pas dans le passé.

J’ai été frappé de voir en Syrie la richesse, maintenant détruite, de ces « grappes » de villes et de villages qui occupaient l’espace. Il ne reste maintenant que des familles parquées dans des camps ou des habitations de fortune. La liberté a toujours favorisé la diversité. Mais sans cadre commun d’expression, la diversité se transforme en chaos.

Emmanuel Lévinas affirmait que « l’homme moderne est né de père inconnu ». Je connais mes ancêtres. Ils me donnent le courage de me battre aujourd’hui. A quoi bon mon existence, si je ne transmets rien d’autres à mes fils que des biens matériels ? Ils ont ma gueule, ma trogne. Mais si je veux leur transmettre mes valeurs, mon histoire, notre histoire, je dois sauvegarder mon éco-système démocratique communale. Difficile de tricher, de ne pas tenir parole quand vous êtes sous le regard et le jugement des autres. La démocratie s’apprend chaque jour. Elle ne supporte pas les compromissions. Elle n’a pas besoin d’expert. Mais elle exige pour fonctionner des hommes et femmes expérimentés. Elle est plus proche de l’artisanat que de la production en chaîne.

Dans la mondialisation, tout devient interchangeable. Tout doit se décider tout de suite. Bien sûr qu’il y a des urgences. Mais lors de la grève de la faim, j’ai éprouvé dans mon corps l’évidence qu’il est des choses trop fondamentales pour être abandonnées à une structure bureaucratique quelconque. J’ai également appris, lors de ce combat, le rôle du temps.

La France peut retrouver sa grandeur en prenant le temps de la construction d’une voie originale vers le bonheur. Elle part de la commune pour aller à l’infini. C’est le sens de ma candidature à la Présidence de la République.»

Qu'ajouter ? Rien ou presque et c'est justement beaucoup.

Chacun de nous s'identifie spontanément par sa commune de naissance ou résidence, et aussi par son département. Notons en passant que les équipes de sport émanent toutes d'une commune. Les autres strates administratives sont surimposées, artificielles. La commune doit redevenir une petite république ayant compétence sur tout, dans la mesure de ses capacités locales, contributives et de gestion.

Tout cela vient de loin. Les consuls de jadis n'ont eu besoin de personne pour arracher les franchises municipales à la Justice seigneuriale locale. Au chapitre, délicat pour l'époque, de la sûreté, ils en référèrent à leurs propres administrés qu'ils protégeaient par les milices bourgeoises et un service municipal du guet. Chaque ville faisait feu de tout bois au bénéfice de ses libertés souvent remises en cause par un nouveau seigneur ou le roi (tel qu'on appelait l'intendant). Il y eut aussi de grandes révoltes urbaines au temps des guerres de religion pour s'arracher au carcan du Premier ordre et la zone d'effort fut toujours la ville, sauf dans la guérilla des Camisards. C'est Louis XIV qui, le premier, a maté les communes en fonctionnarisant le maire, nommé par le subdélégué. La centralisation forcée était lancée, le jacobinisme plus tard écrasera la Gironde jusqu'à ce que l'on comprenne aujourd'hui que le gouvernement de ces bureaux distants devient vite insupportable et parfois inhumain.

Qu'on se débarrasse des encombrants, qu'on débande leur bureaucratie, et qu'on applique strictement le principe de subsidiarité qui veut que la structure au contact d'un problème n'en appelle à l'étage supérieur que lorsqu'elle est dépassée ; et que l'étage référent ne s'implique pas dans le gouvernement de l'étage subordonné tant qu'il n'y est pas invité. En trois mots : Vive la Liberté ! et c'est devenu en France soit-disant démocratique une REVOLUTION !

L'État invasif actuel ne comprendra jamais sa nocivité intrinsèque pour le développement des responsabilités personnelles et citoyennes. La providence normée et caporalisée est une calamité sociale et mentale en ce qu'elle suce les énergies pour nourrir sa propre perpétuation. A force d'aider, d'assister, de redistribuer, et donc d'assujettir, contrôler, canaliser, on lève une génération de pleutres mais aussi de malins, habiles à capter les ressources gratuites. Des villages entiers vivent aujourd'hui de subsides publics d'al brès à la toumbo. Qu'apprennent leurs enfants ? à s'orienter dans le maquis de la rente sociale !!!

Il faut revenir au fondamentaux des franchises municipales pour débonder les ressources créatives de croissance locale, et remonter l'essartage bureaucratique jusqu'au sommet, sans dramatisation ni faire droit au vacarme des déboisés. Cette proposition simple et puissante, fondamentale dans son exécution puisqu'elle s'assure du socle institutionnel premier, est le marqueur de la campagne de Jean Lassalle.


Versailles


Et maintenant, la meilleure des conclusions, la déclaration du candidat devant l'Association des Maires de France, un appel au courage (courtoisie du team de campagne):



Prochain billet à l'autre bout de la chaîne de gouvernement : l'Europe.

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mercredi 22 mars 2017

But de la manœuvre


Il reste trente jours. Soutenir Jean Lassalle pour son opiniâtreté, sa résilience et sa volonté de gouverner notre Bien commun par le bon sens est indispensable pour le Piéton du roi depuis que se sont effondrés les candidats royaliste et apparenté dans la chasse aux parrainages.

JL Mélenchon
Loin du racolage péripatéticien des candidats dits majeurs - insulte quotidienne à l'intelligence et à l'esprit français - Jean Lassalle exprime le changement indispensable au pays avec des mots qui n'ont pas besoin d'être expliqués, décortiqués, raccrochés à des thèses savantes. On le comprend du premier coup. Enfin, moi, je le comprends du premier coup parce que je partage avec lui la souche paysanne climatisée et j'accepte la sanction de mes erreurs sans agonir le Ciel ou le cheval des labours déviés. Mais je ne suis ni sourd ni bête et sais bien que les sondages d'opinion aussi trafiqués soient-ils - ils le sont à l'intérieur de la marge d'erreur - ne lui donnent aucune chance de monter en Division 1 le 24 avril 2017. Alors quoi ?

D'abord le candidat doit franchir un seuil important de 5% des suffrages exprimés pour prétendre au remboursement par l'État de ses frais de campagne. Au-dessous de la barre, c'est tout pour lui et ses amis. Donc soyons concrets et travaillons sur un objectif chiffré précisément et atteignable ; 708 parrainages validés par le Conseil constitutionnel nous l'indiquent.

Ensuite et j'en terminerais pour aujourd'hui, plus son score sera haut, mieux il pourra négocier l'inclusion d'une ou plusieurs de ses propositions dans le projet du candidat qualifié au second tour sur lequel il demandera à ses électeurs de reporter leurs voix le 8 mai 2017. Donc l'ardeur du soutien que tous et chacun mettront à promouvoir Jean Lassalle ne sera ni gratuite ni perdue.


Haut les cœurs !
Ne nous laissons pas manipuler par les faiseurs de rois qui nous enjoignent de voter utile dès le premier tour pour barrer la route à celui-ci ou celle-là. Vous avez convaincu le peuple que la démocratie c'était super, en oubliant qu'elle pouvait être le vecteur de tout et du meilleur comme nous le dit à l'occasion le sultan Erdogan : la démocratie c'est comme un train, à destination, on descend ! Assumez, messieurs les démocrates de boudoir et foutez-nous la paix avec les scories du concept que vous avez promu pour assurer le succès de vos établissements familiaux.

Exprimons librement nos vœux pour la France en votant droit, en votant clair : Jean Lassalle.

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lundi 20 mars 2017

Pékin : contraindre autrui au libéralisme

Cet article a paru dans l'Action française 2000 du jeudi 16 mars (n° 2951) en page 7 sous le titre La Dictature libérale d'un Etat communiste. Il accompagnait la mission du Secrétaire d'Etat Rex Tillerson en Asie du Sud-Est et particulièrement sa visite à Pékin, préparatoire au sommet Xi-Trump du mois d'avril en Floride. Le texte original entre en archives RA.

Faire revenir l'Empire du Milieu au balcon du monde exige du gouvernement chinois des solutions sûres et définitives. Confronté à des défis insurmontables partout ailleurs, son seul atout est l'absence d'élections générales rapprochées qui obligeraient à dévier dans un sens puis dans un autre. Le premier défi est un héritage de l'enfant unique. Selon le Bureau national de la statistique, la pyramide des âges a ajouté en cinq ans 45 millions de personnes âgés d'un côté et a réduit de 33 millions d’emplois la force de travail censée les soutenir. Cette démographie inversée à l'allemande convoque les mêmes remèdes qu'outre-Rhin : la modernisation forcée de l'outil productif et le rehaussement technique de la main d'œuvre. Une réforme difficile est aujourd'hui la réduction d’énormes capacités excédentaires de production dévoreuses de crédits publics et leur redéploiement où nécessaire. Elle est décidée. Ceci veut dire en clair, des licenciements massifs dans les industries obsolètes et un recyclage général par une formation professionnelle d'ampleur. En libéral qui ne dit pas son nom, Xi Jinping n'entend pas ralentir la course à l'efficacité économique et à la qualité des fabrications toujours améliorée, parce que c’est le meilleur frein à l'invasion du sol national par des productions étrangères. L’élagage de millions d'emplois est compensé par des immobilisations massives sur tous les hauts de bilans privés et publics : 45 trillions de yuans (6,5 trillions de dollars US) sont programmés par les régions en 2017 (le régime est décentralisé depuis longtemps). Au dehors, le marché mondial est vital pour la rationalisation de la production et pour la commercialisation des excédents qui alimentent la pompe et grossissent les stocks de devises à réinvestir dans le pays ; ce monde extérieur doit être libre !
Les lois de la mondialisation ont prouvé leur efficacité chez qui sait faire. C'est le message que monsieur Xi a passé à l’Occident au sommet de Davos cet hiver. Entraver la libre circulation des marchandises serait bien plus grave pour lui que de bloquer l'accès à trois récifs de corail en Mer de Chine. Les discussions inévitables avec les Etats-Unis d'Amérique vont devenir globales et se durcir pour préserver l'accès aux marchés solvables du monde. Entre-temps la dénonciation du Partenariat Transpacifique par Donald Trump va lui montrer combien la mondialisation a horreur du vide si la Chine se substitue aux Etats-Unis.

Le fond de sauce chinois de la dialectique sino-américaine est dans une compréhension des intérêts impériaux réciproques : nous savons les vôtres, connaissez les nôtres. La liberté des échanges à travers les règles de l’OMC inventées par les Anglo-saxons, leur est indispensable pour rassurer un milliard presque quatre cent millions de gens. Pourquoi créer des problèmes dont la solution en créera de nouveaux ? Pourquoi vouloir faire payer au commerce mondial les dysfonctionnements que les Etats-Unis affrontent à un moment donné ? Le patron d’Exxon promu au Département d’État va très bien comprendre cela.
Pragmatique dans ses orientations et adepte des petits pas depuis Deng Xiaoping, la Chine vient de comprendre qu’il lui fallait sortir par le haut du tête-à-tête avec Washington et conceptualiser les relations internationales sur un plan global décompartimenté. Plutôt que d'asséner comme avant, elle discute, démontre et laisse les géo-stratèges inventer des menaces qu’elle ne brandit pas. Sa diplomatie et ses instituts linguistiques diffusent déjà une idée de libéralisme économique dans le droit fil de la liberté des mers défendue jadis par la Grande Bretagne à coups de canon. Mais la mondialisation n’induit pas la globalisation.

La Chine ne se fondra pas dans le moule décadent occidental. La dictature intérieure trop malmenée par le cyberespace et le caractère frondeur et violent des Hans, ne s'assouplira pas car le Parti sait combien le grand frère soviétique a payé cher sa naïveté, mais la promotion inlassable d’une libéralisation des relations extérieures va devenir une priorité sans pour autant déteindre sur une démocratisation des mœurs intérieures, simplement déjà parce que la démocratie obère le projet titanesque du China Dream. Monsieur Xi ne peut tout faire et n’en a pas envie.


Sources
(a) http://news.ltn.com.tw/news/focus/paper/1082360 - mode de négociation avec le Kuomintang de Taïwan.
(b) http://news.xinhuanet.com/politics/2017-02/28/c_1120545454.htm - décision du Groupe de conduite des affaires économiques du redéploiement des excédents productifs avec plans de formation pro.
(c) http://www.chinatimes.cc/article/64563.html - In 2017, China to Stimulate Economy with 45 Trillion Yuan Investment in Fixed Assets (6T$) auxquels s'ajoutent 154 milliards de l'Etat central dans l'eau, les transports et l'énergie.
(d) http://datanews.caixin.com/2017-02-27/101059600.html - China’s National Bureau of Statistics released in January 2017, at the end of 2016, the number of working-age population who were between the ages of 16 and 60 was about 33.25 million lower than in 2011. At the same time, China’s population aged 60 years and over at the end of 2016 increased by 45.87 million compared with 2011.
(e) http://news.xinhuanet.com/world/2017-02/26/c_129496228.htm (Fudan University on NAFTA) - U.S. does not face its own domestic economy, political, and social structure issues but rather blames unfairness and an imbalance in international trade deals, it will not help to solve its own problems. Rather, it will hurt others as well as itself.

Postscriptum:
La rencontre Xi-Tillerson relatée par le New York Times et par l'agence Chine Nouvelle.

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dimanche 19 mars 2017

Jean Lassalle - note liminaire

Comme promis nous soutiendrons Jean Lassalle dans sa campagne électorale pour la présidence de la République. Mais avant de commencer la critique positive de son programme, nous allons le présenter à sa façon, par un petit film de 2000 où il raconte ses tout débuts de maire à Lourdios-Ichère dans les Basses Pyrénées. Il ne s'agit pas moins d'un enterrement. Attention aux côtes.

Puis nous attaquerons les choses sérieuses dans la semaine.


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mercredi 15 mars 2017

Un berger à l'Elysée ?

On m'a posé une question...
Je soutiendrai Jean Lassalle s'il obtient ses cinq cents parrainages pour sept raisons que voici :

(a) Il avance sur des principes et pas sur des promesses (détaillées chez les autres, qui pis est !);
(b) Son régime refonde le gouvernement du pays (au sens large) sur la mosaïque ancienne des communes qui sont la chaîne et trame de la France ;
(c) Il a un souci permanent du bien commun et le distingue bien des intérêts majoritaires ;
(d) Il identifie parfaitement les lobbies industriels et financiers dont l'agenda est étranger au projet "France";
(e) La république vertueuse (non-OGM) est son modèle indépassable ; il est donc adaptable ;
(f) Son approche accouplant l'autorité naturelle et propre en haut et les libertés basses est tout à fait maurrassienne mais il ne le sait pas, ce qui ajoute à sa sincérité ;
(g) Il a un vrai tempérament, il est dur au mal et a su gagner sa vie, il bénéficie d'un vrai parcours professionnel et politique d'expérience.

S'il entre en campagne pour de bon, Royal-Artillerie présentera (et critiquera honnêtement) ses orientations dans des articles qui se succéderont jusqu'au 22 avril.

Le piéton du roi n'est pas manipulable et ne votera pas en fonction des projections de second tour que nous servent chaque jour des instituts douteux et que relaient une presse arrogante, méprisante et... subventionnée. Seul compte aujourd'hui l'attelage d'un programme et d'un homme capable de le porter cinq ans et plus.

Voici maintenant ses quatre axes d'affirmation qui charpentent son projet (clic):

(i) Se débarrasser de la barbarie financière (original JL)

(ii) Découpler la gestion de l'espace naturel et le profit capitaliste (original JL)

(iii) Refonder la grille administrative française sur les communes en leur rendant la « clause de compétence générale » (original JL)

(iv) Réindividualiser le capitalisme de production à la base (original JL)


Postscriptum du 18/03/2017 : Validation des parrainages (clic)



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lundi 13 mars 2017

2018

2018 ! Pour changer un peu des gamineries coûteuses de la campagne électorale, il n'est pas interdit de se projeter un an en avant et d'anticiper certains changements tout à fait plausibles sur notre zone d'effort : l'Europe. L'époque est aux ruptures et révolutions : voici celles qui pourraient compter, la première étant acquise :

1.- Stabilisation de la diplomatie de l'Administration américaine de Donald Trump
2.- Présidence française de Marine Le Pen
3.- Chancelier allemand : Martin Schulz
4.- Chef de l'opposition néerlandaise : Geert Wilders
5.- Brexit achevé en avance

La mise en mouvement de cette Europe nouvelle est déclenchée par un pion qui saute au jeu de dames : Vladimir Poutine rejoue en Estonie la comédie du Donbass. Ce scénario est celui retenu par James Kirchick dans son bouquin The End of Europe: Dictators, Demagogues, and the Coming Dark Age (Yale 2017 - clic). Mais la fiction qui suit est bien du Royal-Artillerie pur jus. Auparavant il convient de justifier rapidement la crédibilité des hypothèses ci-dessus.

(1) [US] Après quelques semaines d'errements destinés à satisfaire l'appétit de bon sens du Commander-in-Chief Trump, l'impétrant a accepté l'analyse d'Ivanka qui l'a convaincu que les affaires étrangères étaient un registre compliqué et passablement chiant, et qu'il était bien plus excitant de s'occuper des travaux publics américains avec les visites de chantiers en casque rouge et les inaugurations de nouveaux ponts ! Exxon a repris en main la diplomatie US de manière classique.

(2) [FR] L'écœurement des Français a conduit beaucoup d'entre eux à s'abstenir de participer à la mascarade électorale, ce qui proportionnellement a favorisé la candidate du Front national dont les militants et sympathisants se sont rués en masse aux isoloirs. Marine Le Pen est passée à 50,25%, ce qui est suffisant. Les législatives de juin 2017 n'ont amené aucune majorité au Palais Bourbon, les coalitions se font et défont mais le domaine réservé - guerre et diplomatie - est plus que jamais au-dessus de la mêlée politique. Les caisses sont pleines d'assignats depuis que l'euromark a été interdit de circulation en France. le pays est devenu très vénézuélien finalement.

(3) [DE] La démagogie du caméléon Schulz a vaincu la sobriété d'Angela Merkel. Le peuple allemand a voulu une période de récréation et s'est éloigné de la logique de père fouettard de l'Europe des cigales. Au fur et à mesure de la dégradation des comptes publics, la société allemande respire de mieux en mieux, qui a retrouvé l'esprit de fête débridée comme aux derniers jours de Sodome et Gomorrhe au grand dam de l'âme rhénane pesante et tristement économe. Comme aux Etats-Unis, le peuple allemand s'est recentré sur lui-même sous la devise du Vivre et laisser mourir... les autres. Les nuits de cristal ont découragé l'immigration.

(4) [NL] Le Batave peroxydé a raté de peu les élections de 2017 mais comme en France, aucune majorité n'a pu être constituée durablement à la Chambre, renforçant le pouvoir de blocage du Parti Pour la Liberté. Toute la politique étrangère des Pays-Bas est prise en otage par les nationalistes. La Turquie avait essuyé un premier revers d'importance en mars 2016, c'est l'Arabie séoudite la vedette de l'année. Avec le renfort des Flandres belges, c'est toute la côte orientale de la Mer du Nord qui est devenue maintenant patriote, de Dunkerque à Amsterdam.

(5) [UK] Theresa May a terminé le processus de largage. Elle n'a eu aucun mal à signer des accords de libre-échange avec tous les acteurs économiques importants dans le monde à commencer par la Chine qui a mis beaucoup de billes dans l'ingénierie financière de la City. L'Europe continentale a finalement suivi en accordant au Royaume-Uni un statut à mi-chemin entre celui de la Turquie et celui de la Norvège, dès le mois suivant le départ à la retraite de Jean-Claude Juncker. L'effondrement de la livre sterling a créé de nouvelles activités comme jadis en Irlande du Sud. L'euromark reste une monnaie qui s'échange à la bourse comme dans la rue.

C'est alors que deux cents camions sans plaques d'immatriculation sont entrés dans Narva (Estonie), portant une infanterie sans insignes qui a pris tout le monde de court et la radio. Il est 20 heures, vendredi.


Les insurgés proclament à la radio vouloir libérer l'Estonie russophone de la colonisation et protéger la communauté russe mise en grave danger par les politiques revanchardes de l'Union européenne. Le Kremlin vient de diffuser un communiqué dans lequel le Premier ministre assure n'y être pour rien et condamne l'invasion perpétrée à son insu.
Des observateurs soi-disant neutres qui normalement pointent au payroll de l'OSCE, tweetent que viennent d'entrer dans Vasknarva sur la rive nord du lac Peipus deux douzaines d'obusiers de 152mm tractés derrière des camions sans marques. On aperçoit au loin des colonnes d'infanterie portée convergeant vers le lac. Le ministre russe des affaires étrangères avoue n'y rien comprendre et soupçonne une déstabilisation des peuples de la côte balte par des médiats occidentaux apparemment informés chaque fois les premiers.
Les insurgés viennent de déclarer que la libération du district russe jusqu'au fleuve Kunda était en cours, les rebelles venant d'entrer dans la capitale régionale, Kohtla-Järve. Toutes les rues sont pavoisées de drapeaux russes.

Le gouvernement de Tallinn projette ses troupes sur la rive gauche du fleuve et demande au SHAPE de Mons que soit déclenché l'article 5 de la Charte atlantique. SHAPE demande au Pentagone une couverture satellitaire de la Baltique sous six heures. Norfolk est avisé, AFCENT à Brussum mis en alerte ; on démarre les stations de pompage pour compléter les pleins de kérozène des cuves des aérodromes avancés. De son propre chef, la Bundeswehr en fait autant pour le F54 de l'armée blindée. La brigade américaine en Pologne rappelle ses permissionnaires et vérifie ses soutes. Rien ne peut être maintenant reproché à l'état-major allié en Europe, alors on attend. Le Commander-in-Chief est parti en week-end à Camp David. La Pologne mobilisera ses réserves dès dimanche.

Samedi matin, le président Trump demande à lire l'article 5 de la Charte à son petit déjeuner :
Article 5.- Les parties conviennent qu'une attaque armée contre l'une ou plusieurs d'entre elles survenant en Europe ou en Amérique du Nord sera considérée comme une attaque dirigée contre toutes les parties, et en conséquence elles conviennent que, si une telle attaque se produit, chacune d'elles, dans l'exercice du droit de légitime défense, individuelle ou collective, reconnu par l'article 51 de la Charte des Nations Unies, assistera la partie ou les parties ainsi attaquées en prenant aussitôt, individuellement et d'accord avec les autres parties, telle action qu'elle jugera nécessaire, y compris l'emploi de la force armée, pour rétablir et assurer la sécurité dans la région de l'Atlantique Nord.
Toute attaque armée de cette nature et toute mesure prise en conséquence seront immédiatement portées à la connaissance du Conseil de Sécurité. Ces mesures prendront fin quand le Conseil de Sécurité aura pris les mesures nécessaires pour rétablir et maintenir la paix et la sécurité internationales.


Le gouvernement de Varsovie lit ce texte en même temps que Trump mâche ses muffies à la canelle : où est la clause automatique ? Pétain, mais où est la clause automatique, s'écrient les Polonais ? Trump téléphone à Rex Tillerson d'arranger le coup avec Lavrov, pour arrêter ce merdier qui ne trompe personne sinon « ça va chier grave (sic)». Tallinn a appelé trois fois le Département d'Etat pour s'entendre dire que le président Trump s'en occupe et qu'ils arrêtent de les lui briser ! Le groupe de Visegrad, averti de la colère stérile de Donald Trump décide de se réunir à Gdansk pour marquer sa désapprobation. Vilnius et Riga ont mobilisé tous leurs effectifs en attendant la clause automatique qui tourne au cauchemar.
A Paris, la présidente Le Pen convoque un conseil de défense pour lundi 9h30 après avoir reçu l'ambassadeur Orlov, un ami sincère. Londres s'est mis en capacité de fermer le Skaggerak sous douze heures mais reste tranquille. Nul ne sait ce qu'il se dit à la Chancellerie de Berlin. De mauvaises langues insinuent que Martin Schulz est en mode panique. Il faut dire qu'élire un chancelier qui n'a pas le bac était une riche idée. Les Pays-Bas et le Danemark ont réhaussé leur degré d'alerte aérienne mais ne patrouillent pas.

Dimanche soir, Rex Tillerson téléphone à Camp David pour dire qu'Alexandre Lavrov le balade. Ses conseillers à l'ambassade de Moscou lui disent que ce sont les Soviétiques qui ont envahi les trois Etats baltes en application du Pacte Staline-Ribbentrop de 1939 mais que c'est plus compliqué. Compliqué n'est pas américain, Trump demande combien coûterait au pays un blocus naval de la Russie en Mer baltique. C'est alors que tout le monde réalise que Vladimir Poutine n'a pas encore parlé.

F-35 JSF


(à suivre)
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lundi 6 mars 2017

La prochaine fois peut-être

Par la destruction systématique de ses références de base et l'attaque en règle de sa magistrature par les factieux, le régime est en échec. La rencontre d'un homme et d'un peuple posant ensemble la clef de voûte de la République est devenue le champ clos des combats partisans au bénéfice des intérêts de chaque clan. Le duel n'est pas au premier sang mais à la mort du premier tombé. La constitution gaullienne s'est gauloisée. Ce billet est dans la veine des deux articles précédents donnés au lien légitimiste Déboisement des impétrants du 2/01/17 sur RA, Purges démocratiques du 27/2/17.
En fait c'est toute la logique monarchiste de cette constitution qui est combattue. A preuve s'il en est besoin la promotion d'une VIè République par l'extrême gauche jurassique, qui est une resucée de la IVè avec des socles partisans rénovés et puissants, capables de dompter l'anarchie générale de la démocratie directe, les responsabilités confiées à l'Etat s'accroissant encore.

La Constitution gaullienne de 1958 prend sa source dans les chartes post-révolutionnaires qui reconnaissaient la force de l'exécutif d'Ancien régime, tempérée par la construction des lois en dehors de lui par les représentants de la Nation. Tout l'art de l'exercice étant concentré dans les rapports entre exécutif et législatif. Après la dégradation de la III° République fondée sur les lois constitutionnelles de 1875 qui aboutit à la décapitalisation des années 30 et à l'humiliation de 1940, ce qui signa le déclassement définitif du pays, vint la gangrénisation de la IV° République par une classe politique avide de privilèges et d'emplois pérennes protégés au tour de manège. Les apparatchiks des partis politiques gouvernaient les Chambres qui elles-mêmes faisaient danser les patins d'un pouvoir éphémère. L'important était d'y défiler et de placer du monde dans l'administration. Ce n'est pas tant l'hypothétique projet d'une restauration monarchique qui présida à la rénovation des fonctions exécutives par le général De Gaulle et son comité d'experts que le sauvetage d'une nation à la dérive (financière et morale) qui prenaient ses ordres partout sauf à Paris.

L'élection du président par tout le peuple convoqué aux urnes remplacerait le sacre de Reims ou le pavois gaulois, mais dans la première mouture de la constitution on ménagea le Parlement et les partis en leur laissant cette fonction élective, jusqu'en 1962. A partir de là, le monarque-président fit tourner le régime et les couacs furent arbitrés par le suffrage universel en élections générales ou par référendum.

Mais le principe démocratique du Nombre et l'antagonisme des intérêts sociaux eurent vite plié la belle épure, la majorité d'une voix n'ayant en tête que de brimer la minorité et lui imposer son projet et son rythme. Pour y aboutir, il n'est pas de manière plus efficace que de créer des partis puissants et fortunés, capables de communication universelle à travers des organes de large propagande. A tel point que les douze derniers mois de ce quinquennat d'antologie viennent de nous montrer que ce ne sont plus les candidats qui candidatent mais les partis qui le font à leur place, les candidats n'étant que des jockeys. Des partis répertoriés sur le spectre politique français, aucun n'a pu engager dans la course son président ou premier secrétaire, sauf le petit Parti de Gauche à travers une alliance corne-cul avec le Parti communiste, et à côté de lui le Front Le Pen national. Mais les partis structurant la législature, PCF, PS, EELV, MODEM, UDI, LR n'ont pas présenté leurs chefs qui s'appellent Laurent, Cambadélis, Cormant, Bayrou, Lagarde et Sarkozy, préférant masquer leurs disputes internes dans des sweepstakes spectaculaires sur lesquels le bon peuple pourrait parier. Après le résultat des courses, en général, la course est fini et on quitte les tribunes pour rejoindre les autobus. La moitié des électeurs ne sait pas où aller, pour qui ils iront voter, on ne compte pas ceux qui ne comptent pas se rendre aux urnes, ils sont au moins autant !

L'électeur cœur-à-gauche ne comprend rien au programme fumeux de Benoît Hamon et se méfie des hystéries mélenchonniennes qui brassent tant de milliards. Il est séduit par Emmanuel Macron, le Trudeau français, malgré la ruée des riches soutiens de tous bords qui ressemble à la ruée vers l'or du Klondike. Il aime tout le monde et va guérir les écrouelles. L'électeur cœur-à-droite est désorienté par le naufrage personnel de François Fillon et trouve son programme nécessaire au pays mais herculéen. La crise interne aux Républicains révèle des haines recuites insurmontables dans ce syndicat de sortants qui pourrait bien perdre une élection imperdable avec un minimum de bon sens. La machine à perdre est une fabrication de droite. Les déçus de tout mais pas encore assez pour rester chez eux ont envie de casser la baraque en portant le nouveau Front national au pouvoir, quoiqu'il en coûte aux autres et parfois à eux-mêmes tant ils ont peu ! Et tous montrent les dents, se préparent à l'affrontement verbal puis moins verbal, carrément physique si les éditocrates poussent à la roue. Le marais centriste compte ses sous et achète des horaires d'avion.

Le problème est qu'il nous faut dans deux mois désigner un président de cette République par la voie constitutionnelle, et que la guerre de chaque parti contre tous les autres tourne au vacarme, à la foire d'empoigne, coups bas, saloperies et trahisons font la une. La constitution dans sa lettre et sa jurisprudence ont donné tout pouvoir au chef exécutif français qui est le plus puissant d'Europe, sur le papier. Et on joue l'emploi suprême de la façon la plus misérable qui soit jusqu'à mettre dans les lucarnes bleues des bouffons qui ne feraient pas cent sous de recettes au kiosque de Guignol. Effarés du désordre au parfum d'émeutes que le pouvoir agonisant laisse flotter dans les villes, les gens en ont marre ! C'est le moment, c'était l'instant.

Plus que jamais l'épure monarchique est pertinente. Elle sacralise la pointe de la pyramide, pérennise les pouvoirs du domaine régalien jusqu'à l'ultima ratio regum et laisse au populaire la dispute subalterne des chefs de village. Il faudrait que l'offre monarchiste soit d'actualité. Personne d'initié aux complications du modèle ne l'avance aujourd'hui pour qu'elle soit entendue par le plus grand nombre. Si tout désespoir en politique est une sottise absolue (Ch.Maurras), l'impréparation chronique du mouvement en est une autre sinon pire. Ce n'est plus le moment de jeter la pierre à quiconque pour ce vide politique et médiatique, mais peut-être que quelqu'un disposant de l'intelligence et des moyens nécessaires à concrétiser et promouvoir le concept pourrait sérieusement s'y mettre. Pour dans dix ans ? Ce serait une première dans le Landerneau royaliste : un projet concret à feuilleter !



Sources :
- Logiques cachées de la cinquième constitution d'Olivier Duhamel
- Naissance de la Constitution de 1958 par Raymond Janot

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Il a survécu !

Terrible nouvelle dans les cours princières qui se réchauffent à l'âtre des dynastes, le feu s'éteint, les bûches sont trempées, la fumée âcre est irrespirable. Dieu a versé sa tonne d'eau par le conduit de la cheminée ! Et la volaille de décamper emportant à Coblence, faux écus, médailles d'ordres, titres d'attente et courtoisie, marquis poudrés, comtes ossus et gras eunuques. On vient de fracasser la double porte d'entrée à la masse d'armes. Sauve qui peut ! Le Mérovingien revient !

Note liminaire

Combien de fois ai-je écrit dans ma tête l'amorce de ce récit pour traverser mes insomnies ? Et s'il revenait ? L'affaire est de longue mèche pour ce qui concerne le piéton du roi puisque Emma Calvet était une amie de son grand-père, en tout bien tout honneur, la belle cantatrice étant par ailleurs soupçonnée d'indulgences privées envers l'abbé Saunière, curé de Rennes-le-Château (Aude), embringué dans de curieuses histoires de fouilles à la charnière du siècle dernier... Vous suivez ? Non ! Je dois donc vous parler de L'Enigme sacrée, thèses et synthèse de Lincoln, Baigent et Leigh (le Graal) qui donna matière plus tard au Da Vinci Code ? Que ces mecs soient des fondus du New Age et des Druides ne doit pas dissimuler la réalité de l'excavation historique, le reste est attraction :

De tous temps, les natifs du Razès, pays dépendant de Limoux, ont cru que sous la montagne avait été caché par les vieux rois un trésor important. Des procès documentés existent qui attestent de recherches fébriles au XIV°siècle, et même du faux-monnayage en quantité à partir de métal local.
L'abbé Saunière exilé à Rennes-le-Château tout près de son village natal par l'évêque qui voulait brider sa carrière ecclésiastique en le dotant d'une paroisse misérable pourvue d'un presbytère inhabitable, était comme tous les gens du cru, imprégné de cette légende. Venait de paraître en 1880 un ouvrage de référence sur l'histoire locale "le Comté du Razés et le diocèse d'Alet – Notices historiques" par l'historien Louis Fédié qui parle du camp fort monté à Rhedæ par la horde wisigothe dès l'invasion de la Narbonaise, un verrou militaire qui prendra autant d'importance que Carcassonne au fil des guerres. Or en retapant son église délabrée au milieu de l'ancien oppidum avec l'aide de paroissiens affligés de l'état de décrépitude du lieu, il découvre quelque chose en 1887 en rénovant l'autel sur un don de 700 francs-or de Marie Cavailhé de Coursan. Fondit-il sa trouvaille en bel argent sonnant et trébuchant comme les neveux du pape Benoît XII l'avaient fait en 1340 dans le comté, ou bien y avait-il autre chose ? La réponse est oui.

Des parchemins extraits par les maçons d'un pilier wisigothique et communiqués en calques à la mairie par le curé-archéologue, déroulent la généalogie mérovingienne après le roi Dagobert II, l'un de ceux-ci portant le sceau de Blanche de Castille, princesse de sang wisigothique mêlé au sang noir des Maures, devenue reine de France en 1223. S'y trouve aussi le testament d'un seigneur d'Hautpoul baron de Rennes, sur un acte authentique rédigé par un notaire d'Espéraza donnant la suite de la généalogie mérovingienne de 1200 à 1644. Et d'autres papiers disparus depuis dans l'incendie des archives municipales. Ceux-ci¹ continuent-ils la descendance mérovingienne jusqu'à l'époque de Bérenger Saunière ?


PRESOMPTIONS

L'abbé Saunière (1852-1917)
De convictions légitimistes mais de mœurs dissolues qui lui vaudront sa suspension a divinis en 1911, Saunière captait des dons de la noblesse ancienne par l'entremise de son frère Alfred bien plus impliqué que lui dans l'agitation royaliste du Languedoc, qui avait ses entrées chez la marquise du Bourg de Bozas et chez le vénérable marquis de Chefdebien qui était lui-même reçu à Frohsdorf. Lors des procès Saunière de 1910 et 1911 à l'officialité de Carcassonne, on avancera une estimation des sommes recueillies par Alfred à cinquante-cinq mille francs-or. On notera un don de trois mille francs-or de la comtesse de Chambord apporté en 1886 à Rennes par l'archiduc d'Autriche-Hongrie Johann de Habsbourg. Que produit-il donc ce petit curé d'un village paumé, ignoré du monde, pour convaincre quelqu'un d'aussi sérieux que la Princesse de Modène ?

Les fouilles à succès confirmaient-elles une hypothèse discrète diffusée antérieurement à la haute société légitimiste, qui dès lors confirmée, allait débonder subitement les bourses de ces messieurs-dames ? La fortune conséquente de Saunière - il n'en finit plus de bâtir (675000 Frs-or de travaux) - ne peut venir seulement d'intentions de messe détournées, de pillage de sépultures dans le cimetière communal, de creusements en rase campagne au su de tous, sauf... sauf s'il était aussi médium et faisait revenir les morts, mais on ne dispose pas d'éléments le prouvant, mises à part des accointances spirites bien à la mode du temps. Ce temps était aux sociétés secrètes, à l'ésotérisme, aux tarots, à l'occultisme, aux vapeurs d'éther. Emma Calvé fit partie un moment de l'Ordre martiniste qui dégénéra plus tard en Rose-Croix. Elle vint à Rennes. On invoquait les esprits, on croyait aux prophéties et apparitions, on fouillait la gnose en tous sens, on tournait les guéridons. Bien que sincèrement croyant, Bérenger Saunière partit sans les derniers sacrements que son confesseur lui refusa. Ce fait, très grave pour un prêtre, n'est pas souvent relevé. Beaucoup d'argent circulait dans les sphères hermétiques : Saunière parvint-il à détourner le ruisseau de la crédulité humaine vers la roue du moulin par des invocations inappropriées ? Je le crois. Je ne le prouve pas. Quoique !


AU-DELÀ DES ETOILES

Rhedae - Rennes-le-Château
A la suite de l'invention des parchemins du pilier, Bérenger Saunière monte à Paris en 1891 pour les faire déchiffrer (certains disent que c'est son frère Alfred qui s'en chargea). C'est d'ailleurs lors de ce voyage qu'il aurait rencontré Emma Calvé et son amant Jules Bois, érudit hermétiste de renom. Lui ou son frère revient de la capitale avec une reproduction du tableau de Nicolas Poussin, Les Bergers d'Arcadie, dans sa seconde facture. La tombe arcadienne porte une inscription énigmatique que Saunière avait déjà trouvée sur une dalle du cimetière couvrant la tombe de la marquise de Blanchefort : ET IN ARCADIA EGO. Ce tableau se déchiffre savamment et dévoile en fait une porte du Ciel dans une topographie précise (voir le complément n°4 en note) si on est capable de situer la tombe du tableau dans le pays. Bérenger est né à Montazels tout à côté et connaît ce pays comme sa poche. Justement, l'emplacement qui correspond le mieux au tableau se situe aux Pontils (près de Serres). Si parfaitement qu'il fut occupé plus tard par un gros cénotaphe de pierre ressemblant à la tombe arcadienne de Poussin, ouvrage construit au début des années 1930 par le propriétaire des lieux, un Américain un peu allumé du nom de Louis Lawrence, sous lequel un caveau creusé en 1903 et libéré ensuite lui permit d'y déposer la momie de sa propre mère faite maison et deux chats. Envahi de curieux venus faire les géomètres-experts et d'égyptologues au petit pied, le successeur des Lawrence rasa l'ouvrage en 1988 et bétonna. Au lieu de ça, j'aurais ouvert une buvette !

A côté de ce mystère, un dessin de Léonard de Vinci, esprit universel et initié s'il en fut, trouvé dans un de ses carnets (Codex Madrid II), donne aussi précisément le même passage entre Ciel et Terre (voir le complément n°6 en note). Ce lieu, marqué d'un trait vertical sur le dessin, est dans la chaîne du Bugarach qui fait face à Rennes-le-Château. C'est le passage des âmes montantes dans un sens, la visite des revenants dans l'autre. Que vous ne le croyiez pas n'est pas important, mais à l'époque citée, les gens y croyaient, autant que jadis le peintre Nicolas Poussin qui multiplie les énigmes sur la toile en jouant par exemple des ombres portées. L'abbé sut-il tirer partie de ses découvertes auprès d'esprits torturés ou simplement malheureux... mais à l'aise ? Le deuil peut rendre fou. C'est encore une piste de sa fortune, même si elle ne nous avance pas dans la quête du roi perdu.

La jolie bonne du curé
Quoiqu'il en soit, il avait capté, outre quelque magot en numéraire déterré qui permit de signer des traites pour travaux - les ouvriers ont témoigné d'une oule remplie de vieilles pièces d'or dans le sol de l'église - un secret valant très cher, et ce secret avait bien un rapport avec la descendance mérovingienne et l'occultisme contemporain, les monumens précités et ses fréquentations y convergent.
On a pu penser un moment que le parchemin perdu n'était pas autre chose que la Charte d'Alaon de Charles le Chauve qui passait par les femmes le sang de Mérovée chez les ducs d'Aquitaine, les ducs de Vasconie, les princes d'Aragon et deux rois wisigoths d'Espagne, Blanche de Castille remontant ce sang en France. Il s'avéra que la charte était une fabrication du XVII° siècle au bénéfice des ducs d'Aquitaine, dans quel but je l'ignore, mais démontée par l'historien Joseph-François Rabanis sous le Second Empire. Saunière et ses clients s'intéressaient-ils aux vieilles dynasties revenues dans l'actualité ? Chambord, mort en 1883, n'était-il pas né duc de Bordeaux ? "Un signe qui ne trompe pas" ? Etc. Des escrocs comme Plantard ne s'y sont pas trompés eux, qui montèrent l'affaire du Prieuré de Sion en amalgamant le sangreal (ou graal), la famille de Jésus et Marie-Madeleine, l'Arche d'alliance pillée au sac de Rome en 410 et tout ce qui pouvait plaire et intriguer. Ils crurent en vivre grassement ; mais tout ce monde n'a pas eu le génie de l'abbé Saunière ou de Dan Brown.

Marie Dénarnaud, sa jolie bonne et maîtresse analphabète, une fois veuve, accueillit sa famille à la villa Béthania mais partagea l'héritage Saunière² à sa façon en disant à ses paroissiens que "de l'or à Rennes, ils marchaient dessus sans le savoir". Par cette confirmation, on n'imagine pas la fièvre qui s'empara du lieu, à coup de pioches mais aussi de triangulations savantes, déchiffrage d'épitaphes, anamorphose des paysages... Il n'empêche que le Haut Razès fut effectivement une Justice wisigothe d'importance, surplombée par l'oppidum de Rhedæ, l'actuelle Rennes-le-Château (voir dans le complément n°8 en note), où l'on pouvait défendre des biens de valeur enfouis à dessein. Rosa Noémie Emma Calvet n'eut rien, qui mourut dans le dénuement à Millau (Aveyron) entre les bras de mon grand-père - ce qui n'est pas vrai mais aurait fait drôlement bien dans cet article. Revenons à nos moutons dynastiques.


SYNTHESE

Terribilis Est Locus Iste
Quand on prend de la hauteur, en gravissant le Pech de Bugarach pour s'aérer l'esprit par exemple, on peut partir de l'hypothèse crédible (et que les parchemins perdus allaient vérifier) que la dynastie mérovingienne aurait perduré jusqu'à la fin du Second Empire assez visiblement pour un œil exercé jusqu'à pouvoir dresser une généalogie acceptable, ce qui expliquerait l'engouement légitimiste pour Rennes-le-Château dès 1886 et le don important cette année-là de la comtesse de Chambord (l'invention du trésor et de la preuve étant de 1887). Chambord n'ayant pas eu d'enfant, la veine légitimiste renaissait à côté de l'usurpation latente des D'Orléans. Allons-y, Saunière vendait des espérances³ comme d'autres avant lui le firent en indulgences. Mais quelles sont-elles ? Et pourquoi les Mérovingiens ?

Cette première race des rois fut toujours à son époque reliée à la dynastie du roi David pour des raisons qu'il serait trop long d'expliquer ici ; ses princes portaient les cheveux longs comme l'Absalom de l'Ancien Testament. Seule cette race apparaît dans les fouilles de l'abbé Saunière et si l'oppidum est bien loin du pays franc, il en est ainsi relativement protégé. La connexion est très possible, et il y a la pierre tombale dont nous parlons ensuite. Les Mérovingiens comme d'autres familles régnantes ont eu un grand nombre d'enfants légitimes ou pas - la distinction n'était importante que pour la loi d'héritage - et il est plus que probable que leurs descendants soient nombreux encore aujourd'hui, même si le sang s'est considérablement dilué. Jusqu'à l'avènement des Capétiens, le sang des rois chevelus réputé davidique fut soigneusement préservé en faisant épouser leurs femmes par les puissants de la cour. Hugues Capet a du sang mérovingien par les deux voies : son ancêtre Robert le Fort a lui-même pour ascendant établi un référendaire du roi Dagobert de Neustrie au VIIe siècle du nom de Lambert.

Jusqu'aux Capétiens c'est donc limpide : Clovis 1er -> Clotaire 1er -> Chilpéric 1er -> Clotaire II -> Dagobert 1er -> Clovis II -> Thierry III -> Berthe, épouse Caribert, comte de Laon -> Caribert de Laon -> Berthe de Laon, épouse Pépin le Bref -> Carloman II -> Cunégonde, épouse Guillaume de Géllonnne -> Cunégonde, épouse Bernard 1er, Roi d'Italie -> Pépin le Bref -> Herbert 1er, comte de Vermandois -> Béatrice de Vermandois, épouse le roi de France Robert 1er -> Hugues le Grand -> Hugues Capet...

On voit que la déviation n'attend pas la déposition de Childéric III et son fils Thierry disparu et tondu, dit-on, par saint Wandon au monastère de Fontenelle (plus tard Saint-Wandrille en Basse Seine). La Providence ou le Hasard aurait-elle sauvé la lignée mâle des rois chevelus bien avant que Pépin le Bref ne l'éteigne. Peut-être la dalle des chevaliers (ci-contre) que l'abbé Saunière retourna devant l'autel, transcrit-elle pour les générations futures ce sauvetage d'un enfant mérovingien apporté au Razès par deux cavaliers chevauchant le même destrier, comme le firent plus tard les Templiers au combat... On ne voit aucun motif à transporter l'enfant d'aucune autre race non éteinte à l'époque carolingienne (celle de la dalle). Alors que Thierry de Childéric III est réputé le dernier scion de la dynastie perdue, il est possible qu'une branche antérieure se soit échappée des palais dangereux du Nord. Les descendances ducales entrent aussi en ligne de compte et les possibilités sont infinies.
Toute prétention actuelle de l'un des descendants devrait être raccord avec une généalogie confirmée dans le codex salique (le vrai), ce qui n'est pas du domaine de l'impossible, d'autant que les Carolingiens s'en prévalaient par leurs épousailles et ne détruisaient pas ces preuves. Donc le Mérovingien-qui-vient est une possibilité parmi les rois cachés de légende qui voudraient bien se laisser découvrir. Il s'appellera Thierry V puisque depuis la séquestration du fils de Childéric III à Fontenelle, ils se passent ce nom ainsi que le font les anti-papes d'Avignon depuis le concile de Constance en s'appelant tous Benoît, si Jean Raspail a bien compris le grand schisme d'Occident. Peut-être ce roi souterrain est-il l'un des lecteurs de Royal-Artillerie. Les lois de la généalogie (3,5 générations par siècle et 2 enfants procréant par génération en progression arithmétique) donnent une multitude de Mérovingiens, et comme le dicton nous l'assure : nous descendons chacun d'un roi et d'un pendu.

Mais la royauté n'est pas un haras. Si la monarchie héréditaire encadrée de lois spécifiques de succession est le meilleur modèle à long terme en France, le redémarrage du logiciel convoque plus que la force au tournoi de chevalerie, l'intelligence, l'éducation, la formation à l'emploi et un doigt de grâce divine. Ce qui laisse ouvertes toutes les opportunités, même non-LOF.


BOURBONS

Chou d'Amour
On ne peut conclure un article survivantiste sans évoquer la survie hypothétique du fils de Louis XVI qui aurait été exfiltré du Temple à Paris pour servir de gage à ses ravisseurs. L'énigme de Rennes-le-Château ne croise pas celle du petit dauphin. De nombreuses études ont été consacrées aux traces de cette survivance, dont la plus sûre est celle de Charles Barbanes* ; mais aucune n'a abouti à la production d'une preuve irréfutable même si les faisceaux de présomptions sont étayés. Ce qui est finalement mineur pour la raison suivante :

Si l'on veut bien resserrer l'hypothèse autour de son intérêt dynastique et oublier la révélation historique qui ferait gagner beaucoup d'argent aux inventeurs, la branche bourbonienne de Louis XVII n'a pas d'utilité pour le moment et ce pour trois raisons :
- soit ces gens existent bien, mais ne savent pas qui ils sont ;
- soit ils ne désirent aucunement manifester leur état depuis deux siècles pour diverses raisons personnelles ;
- soit leur branche est maintenant éteinte (la génétique très consanguine antérieure n'aurait pas favorisé leur perpétuation).


Epilogue

En l'an 966 de notre ère, l'abbé Maynard quitte Saint-Wandrille de Fontenelle pour prendre ses fonctions de premier abbé au Mont-Saint-Michel. Ce signe ne trompe pas. Le roi Thierry V devrait y être normalement sacré comme nous le proposait Rodolphe Crevelle** dans un de ses délires fameux, et y résider sans doute si la monarchie se départissait de son caractère héréditaire familial au bénéfice d'une monarchie thaumaturgique élective et cloîtrée. Mais nous n'y sommes pas rendus. Reste que le Mérovingien caché serait le plus sûr élan vers une restauration puisqu'il n'aurait pas à nous vendre le bilan contesté d'une dynastie déposée par son propre peuple, trois fois en France, deux fois en Espagne.

Suffira-t-il d'y croire ?


Pour creuser la question en passant un bon moment, nous suggérons les liens suivants (mais il y en a cent autres):
1.- La vie extraordinaire de l'abbé Saunière
2.- La bibliothèque de Béranger Saunière dans la Tour Magdala
3.- Alfred Saunière et Chefdebien de la Société Perillos
4.- Les bergers d'Arcadie de Nicolas Poussin (tableau acheté par Louis XIV pour être placé dans sa chambre)
5.- Vrais et faux mystères de Rennes-le-Château
6.- Le site "gothique" de la légende RLC qu'il faut cribler
7.- Le voyage caché de Vinci au Pech de Bugarach
8.- Rennes-le-Château, une affaire paradoxale, l'analyse ultime


Avertissement : Ce billet a été rédigé par amitié pour nos lecteurs survivantistes qui pourraient résoudre bien des tracas en enterrant la Querelle dynastique si leurs travaux aboutissaient. Ce n'est pas un travail d'historien et il ne sera donc pas développé plus en détails parce qu'il n'est pas dans la ligne de propagande monarchiste du blogue Royal-Artillerie, et que le temps nous est compté. À eux de prendre ce billet comme il vient. Merci.


Notes :
(1) On cite souvent le "grand parchemin" et le "petit parchemin" rédigés en langue cryptée
(2) Marie Dénarnaud disposa à son gré de la succession Saunière que la famille de l'abbé avait refusée
(3) Les Bourbons d'Espagne régnaient alors à Madrid et y étaient confinés par la Paix d'Utrecht
(*) Louis XVII - Autopsie d'une fausse vérité par Charles Barbanes, chez Chiré 2017
(**) Lys Noir n°13, page 16 sinon texte en secours (clic)



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