lundi 25 mai 2015

Miscellanées de Mai


Il m'est difficile de comprendre comment les Français de ce temps arrivent à supporter l'odeur et le bruit de notre régime politique. A moins qu'ils ne s'en foutent carrément, ce qui serait peut-être sage précaution pour lui survivre malgré tout. Car il va tomber. Tomber comme l'Ancien régime bouffé aux mîtes, comme la monarchie de Juillet vampirisée par ses commettants, comme la III° République noyée dans le purin du Front populaire, comme la IV° emprisonnée dans les petits jeux de couloirs.

Le gavage toujours pas interdit en France

La directrice de l'Institut national de l'audiovisuel, congédiée comme un domestique malhonnête pour avoir gratté plus que de raison sur les notes de frais, vient d'être récupérée au sein de la même mouvance par Mme Pellerin et occupera un poste de gestion des emplois créé spécialement pour asseoir ses compétences et continuer sa carrière juteuse. La liste est trop longue des postes de gavage d'oies créés par la République pour nourrir ses thuriféraires, on trouve sous ses ors les maris, compagnes ou compagnons, fils et filles de la parasélite régnante. Même le mari de Mme Belkacem, Boris Vallaud, est sur le payroll de l'Elysée comme secrétaire général adjoint, grâce à son réseau de la Promotion Senghor de l'ENA. Chaque promotion de la fabrique des robots-pensants tourne au gang ! Dans cette époque si difficile pour le pays, les gorets démocratiquement élus se vautrent dans la bauge comme jamais. Le roi des cochons roses prend même l'avion pour aller voter dans une circonscription où il n'habite pas, qui ne l'a pas vu naître non plus, juste pour serrer des mains reconnaissantes à son endroit ! C'est cher le bain de foule. On pourrait en faire dix pages...

 

Palmyre serait tombée, la belle affaire

Palmyre 1910
Avec le mosquée des Omeyyades, la cité de Palmyre, excavée par les Français du Mandat est le diamant de Syrie. D'après ses ennemis, l'armée du tyran alaouite a calté ! D'après la propagande du régime, la vermine est tenue en respect aux portes de Palmyre (source). Quoiqu'il en soit, s'ils sont là, c'est bien que l'armée de l'air syrienne n'a pu ou voulu attaquer les colonnes de l'Etat Islamique progressant à découvert en plein désert ; gardant le kérozène pour bombarder sa population civile au baril de dynamite ? Fiers guerriers qui ont anéanti deux cent mille compatriotes et fuient maintenant comme des lions ! Des cinq frontières du pays, le régime ne contrôle plus que celle du Liban et les ports (source).
Ceux qui, comme ce pauvre monsieur Myard, veulent surfer sur la planche pourrie d'el-Assad, vont-ils comprendre enfin que ce type ne défend que lui-même et son clan ; et que la sûreté toute relative des zones gouvernementales est aux mains des Pasdarans iraniens et du Hezbollah libanais ? Les Alaouites du peuple ne font plus bloc, ils ont compris qu'ils mourront jusqu'au dernier pour le président-oculiste et sa Marie-Antoinette. On devrait d'ailleurs se demander pourquoi Vladimir Poutine ne fournit pas au régime ami la couverture aérienne dont il aurait besoin pour casser l'Etat Islamique, alors qu'il la propose au régime de Bagdad dans l'affaire de Ramadi ! À voir reculer son allié partout, la Russie n'y croit pas. Ces infanteries arabes ne valent pas grand chose, laissant derrière elles leurs stocks d'armes et munitions pour courir plus vite. Aucune n'a tenu le choc, à l'exception notable du Hezb sous le pilonnage israélien de 2006, mais il ne manœuvrait pas.

 

... c'est ma cousine !

Les historiens se demanderont pourquoi dans des postes clés comme l'Education nationale et la Justice, le président Normal a mis l'Imcompétence majuscule aux manettes. Pour avoir l'occasion d'arbitrer les âneries dans le plus pur style de la Synthèse solférinesque ? Concernant Christiane Taubira cela reste un mystère, tant le ministère résonne de ses hystéries imprévisibles qui font défiler ses collaborateurs à grande vitesse. Pour madame Belkacem, que rien ne destinait à l'emploi - elle n'a pas le bagage, loin s'en faut - on peut la dédouaner en partie au débit du staff de pédagogistes fous qui règnent en maîtres rue de Grenelle et qui parviennent chaque fois à imposer leurs délires. Le tintamarre que provoque la réforme du collège dans les rangs de l'UMP ne portera pas à conséquence si ces gens revenaient au pouvoir, ils arrondiront les angles et ne changeront rien aux dispositions retenues, comme il en fut des funestes 35 heures. Il est vain de compter sur un détricotage post-électoral de l'aventure socialiste, le programme de la droite n'a aucune colonne vertébrale et si peu de convictions !

 

Trading sacré

Les géostratèges que le monde nous envie établissent aujourd'hui l'Etat islamique entre l'Euphrate et le Tigre, lui reconnaissant les bénéfices d'exploitation de champ pétrolifères et gaziers. Tous les revenus de l'EI proviendraient de là et sont affectés majoritairement aux dépenses de fonctionnement. La Défense n'est pas abondée depuis que Daech a récupéré tout l'équipement militaire de la province de Ninive que les Américains avaient donné à l'armée de fonctionnaires chiites d'Al-Maliki, le désastreux président de Bagdad, viré non sans difficultés en 2014. Question : qui achète les produits et comment sont-ils livrés ? La carte nous indique que s'ils ne sont pas consommés sur place, ils passent obligatoirement la frontière turque, même si la Turquie n'est pas impliquée par elle-même. La chaîne de contrebande est tout ce qu'il y a de classique, collection des quantités, passage physique de la frontière, livraisons aux grossistes qui détaillent. On en sait un peu plus par ici. Le contenant privilégié sont les fûts et bidons, roulables, portables et même discrets ; le camion-citerne rarement en dehors du territoire de l'EI. Sans bases de calcul très sûres, on pense néanmoins que l'EI collecte ainsi un million de dollars quotidiennement.
Intercepter le trafic convoquerait des moyens de police et douane bien plus utiles ailleurs - on est en pays kurde. Les autorités turques qui sont parfaitement au courant, considèrent cyniquement que ses ressortissants s'approvisionnent à moindre frais et que le débouché, vital pour les Freux, les protège.

 

Rohingya et Bengalis

Comptage de Rohingya par la Marine thaïe
La bonne conscience occidentale est choquée de la gestion des migrants dérivant en Mer d'Adaman. Les marines birmane, indonésienne, thaïe et malaisienne défendent leur côtes jusqu'à envoyer par le fond des bateaux vides au canon. Elles ont "oublié" de demander la permission aux Nations-Unies et on ne voit pas qui viendrait le leur reprocher. Le principe appliqué est de refouler en haute mer les bateaux non déchargés vers les eaux territoriales de départ, sinon vers le voisin, en fournissant des bouteilles d'eau aux gens. Noyades et maladies n'attendrissent pas les coeurs sauf peut-être ceux de pêcheurs-pirates du Détroit de Malacca qui volent au secours des malheureux pour en tirer ce qui peut représenter encore quelque valeur. La vie est en Asie une fenêtre d'opportunités des espèces animales dont la nôtre, et certainement pas un "sacrement". S'y ajoute l'aspect présentable de la personne, l'habit faisant là-bas le moine ! Aussi leur approche est-elle bien différente de la nôtre, compassée et faux-cul. Je pense que M. Bernard-Henri Lévy devrait faire une mission d'intermédiation entre la crasse et le cynisme, ou faire un selfie avec Aung San Suu Kyi, prix Nobel anti-muzz de la Paix. Bonne chance.

 

Addendum

En ce mois de mai, la Chine communiste a réitéré ses menaces d'expulsion des forces américaines de "sa" Mer de Chine méridionale pour régionaliser les conflits de souveraineté qu'elle attise, et ce faisant accroître son poids de négociation non négociable. Mais cela mérite un billet à soi seul... au premier coup de canon.



♫ Joli mois de mai,
Quand reviendras-tu
M'apporter des feuilles, m'apporter des feuilles ?
♫ Joli mois de mai,
Quand reviendras-tu
M'apporter des feuilles pour tala tutu ♫


lundi 18 mai 2015

Brexit or Not To Be !

Au lendemain de la victoire des Tories aux Communes, j'ai été très surpris de l'agressivité à l'antenne d'un économiste officiel, d'ordinaire si bonhomme, qui vouait la Grande Bretagne aux gémonies et annulait d'un trait les prétendus succès de la coalition sortante. Alors j'ai compris que l'économiste officiel grassement payé au mois - c'est Elie Cohen - se sentait insulté par la prétention britannique à mettre en débat sérieusement la voie de la longue marche vers la fédération des Etats-Unis d'Europe.
Incapable de projeter aucune alternative heureuse puisqu'il lui est impossible de s'arracher au sillon européiste, le génie des amphithéâtres s'obstinait à développer les fondamentaux britanniques existants dans tous leurs travers, si tant est qu'il les prît tous. J'ai alors ressenti de la pitié pour un con ! Normalement sur scène, la régie lance là le Requiem de Gainsbourg. Je vous le mets quand même ?



La Grande Bretagne a ceci d'original qu'elle déroute toujours ceux qui veulent s'en repaître. On ne donnait pas cher de l'Angleterre quand l'Invincible Armada de Philippe II se mit en lignes de combat en 1588 ; les préparatifs d'invasion lancés à Boulogne en 1805 par Napoléon Ier montraient à tous où se poseraient les lauriers de la fortune ; plus tard, même Göring avait compris que c'en était fini de la morgue anglaise quand la France fut couchée ! Et ben non ! Monsieur Cohen a séché les cours d'histoire. Oublions-le.

Certes le vieux combat de l'archipel britannique contre le continent se s'est jamais éteint complètement. Mais alors qu'il convoquait toujours la France de la vieille monarchie, il se passe aujourd'hui entre le IV° Reich revenu, avatar moderne de la Prusse de Frédéric le Grand, et la thalassocratie de référence qui va encore nous surprendre. Nous, les phraseurs, nous avons disparu. C'est facile à comprendre, déjà, car l'histoire du futur n'est tracée nulle part, elle est faite d'hommes : qui est David Cameron ?

C'est un fils de la gentry anglaise qui n'a pas que des origines aristocratiques. C'est un aristrocrate pur sang, au CV impeccable, éduqué dans l'emploi (source), avec une vision du monde, une spiritualité, de ceux qui ne courent jamais sous la pluie.


David rentre au Ten avec son épouse, pas avec une p...

Qu'avons-nous en face ici ? François Hollande ? Manuel Valls ? Michel Sapin ? Pierre Moscovici ? Ajoutons Nicolas Sarkozy pour faire le poids. Ce n'est pas que nous souffrions d'un déficit d'élite, mais notre système politique sélectionne les médiocres, la plupart issus de la fabrique des robots de Strasbourg, l'ENA. Le dernier chef d'Etat français qui lisait de la littérature est François Mitterrand ! Nos élites sont "ailleurs". Il est inutile d'épiloguer sur ce plan.

Ce n'est pas pour autant que David Cameron aura la partie facile avec l'Allemagne et ses alliés de circonstance, la France et l'Italie. Il veut établir clairement une confédération européenne dont le coeur battant restera le Marché commun, alors que les continentaux veulent marcher à la fédération politique, quitte à diviser le groupe en plusieurs sous-groupes de vitesses différentes. En fait, et sans y faire référence continûment, ils clonent les Etats-Unis d'Amérique avec des spécificités cosmétiques locales. Mais l'anglais règne déjà en maître à Bruxelles, un signe qui ne trompe pas sur le mouvement de fond.

Si les choses tournent mal, au-delà des calculs "avantages et inconvénients" des comptables en lustrines, la Grande Bretagne pourrait ne pas partir seule. Le Danemark, l'Irlande pourraient être intéressés - ils forment déjà le trident rétif*, et les Pays Bas aussi, qui ont voté "non", comme la France à la constitution giscardienne. Ce groupe très maritime peut intéresser la Norvège et l'Islande qui ne sont pas de gros PIB mais de grandes ZEE (zones économiques exclusives maritimes), et revenir immédiatement dans le jeu par derrière en s'intégrant au TAFTA qui reste positionné au coeur du trafic dans le plan mercantile anglo-saxon ; sans avoir à traîner de casseroles de politique étrangère comme la Commission européenne les crée à longueur de temps.

Rien n'est joué et le combat anglo-allemand peut desserrer les mâchoires du piège à cons, à la réserve près d'une stratégie cachée de Berlin telle qu'en prêtent aux Allemands des gens aussi divers que Pierre Hillard, Jean-Luc Mélenchon ou Marc Fiorentino qui pour sa part verrait bien un couplage Brexit-Grexit à l'instigation des Huns. Mais personnellement, j'opterais pour la thèse d'une primauté de la Deutschland AG en toutes choses. Le Brexit ne lui coûte rien, l'inverse non plus.

Puisqu'on a ouvert la boîte à gifles, on va terminer par un Rule Britannia de derrière les fagots :



(*) Le Royaume-Uni, le Danemark et l'Irlande bénéficient d'une clause OPT OUT dans les domaines d'asile et d'immigration, et spécialement la GB dans ceux de la monnaie commune, de la Justice, police et Défense (DK aussi).
Cf. la Wikipedia en six cartes sur les op-outs européens.

lundi 11 mai 2015

Jean-Marie Le Pen, une inconséquence gratuite


Que n'est-il resté ainsi ?
Aux grands mots, les grands naïfs. Le fondateur du seul parti nationaliste d'après-guerre qui ait percé, grâce au jeu de pouvoirs du président Mitterrand, est débarqué de la phase évolutive d'une structure qui se met pour la première fois de son histoire en situation de pouvoir gouverner le pays.
C'est la revanche "posthume" de Bruno Mégret qui avait sué sang et eau pour construire une machine politique de conquête, machine vite déraillée par un démagogue jadis génial dont les trétaux étaient le seul aboutissement. Les analyses prédirent par deux fois une victoire à l'arrachée du Front national dans la région PACA, que le candidat indépassable s'acharna à détruire par des rugissements qui n'étaient plus de son âge. Et pourtant ! Dans son intimité, Jean-Marie Le Pen a su montrer une certaine classe, une capacité d'analyses froides et pertinentes, une vraie convivialité jusqu'à parfois de la retenue. Mais comme Charles Aznavour, il lui est impossible de passer la rampe, quitter les planches, remiser les provocations de théâtre. Que ne s'est-il jeté dans l'écriture de ses mémoires ! Il serait aujourd'hui un vieux monsieur considéré bien au-delà de sa zone de chalandise. Au lieu de quoi, il casse le jouet.

C'est ce syndrome de l'acte manqué que le bureau politique frontiste est en train d'évacuer, à juste raison s'il veut régner un jour. Avec une presse hostile, comment passer sur le ventre d'une démocratie de pillage généralisé si l'on crie sur les toits des #durafourcrematoire ou des #chambresagazledetail(qui tue) ? Il y a un minimum de conventions à respecter dans le débat politique et parmi l'establishment qui y participe et que l'on veut malgré tout rejoindre. Les refuser revient à s'en exclure et donc jouer sur l'illusion d'un combat mais ne pas le mener pour de vrai. On ne peut être président de la Corpo de Droit jusqu'à la fin de sa vie. Vendredi 1er mai, j'ai vu surgir à l'Opéra un diable rouge, les poings au ciel, un vieux gamin de quatrevingt ans qui était venu faire chier sa propre fille et son staff ! Pourquoi ?

Est-il une seule fois venu à l'esprit du Menhir que des gens cotisaient à son parti, lui donnait du temps et parfois beaucoup d'argent pour améliorer leur vie ou celle de leurs enfants ? Ses foutaises de potache attardé ne les font pas rire car, eux, sentent très bien combien ces outrances sont préjudiciables au succès de leurs idées. Il ne suffit pas de les promulguer, de les partager, faut-il aussi les respecter !

Que lui importe un succès aux élections régionales dont il ne sera pas la vedette. Au congrès de destitution, il veut l'estrade, les micros, les caméras pour se défendre en public, quels que soient les dégâts médiatiques. Le dernier show, son dernier show, celui où explose la rampe à l'applaudimètre ! Pour dire ou laisser pire encore derrière lui que ses éructations douteuses sur les "réalités" de l'histoire ? Il ne lui viendrait pas à l'esprit que pour accéder à la division 1, ce parti a besoin de s'affranchir des remugles d'un passé qui n'intéresse plus son électorat potentiel ? Vendredi 8 mai, les trottoirs des Champs Elysées étaient vides aux cérémonies du matin.


... ou bien ainsi ?


Et c'est (déjà) l'épithète : "Gratuite". Le Front fera des scores impressionnants aux prochaines élections régionales et pourra même cueillir une région avec la loi électorale de la prime au premier, mais il ne gouvernera pas. Son programme le coupe de la classe moyenne active dans son volet anti-européen. Ce qu'un archipel comme le Royaume-Uni et ses dominions peut se permettre désormais (chapeau bas, Mr Cameron!), la France ne le peut pas. Les Britanniques et leurs cousins sont issus d'une thalassocratie ouverte sur le monde, et ce dont le continent berlinisé les privera sera bientôt compensé par ce "reste du monde" qui parle sa langue et utilise ses codes sociaux.

En France, le tricot est à maille trop serrée, tous les acteurs économiques se braqueront contre une sortie de l'euro, à défaut trafiqueront dans la monnaie européenne même sur le marché domestique comme l'Iran des mollahs le fait en dollars. A quitter les institutions européennes, des pans entiers de l'économie française se lézarderaient pour disparaître, et les adversaires du Front feront campagne facilement contre ce projet, effrayant le troisième âge qui forme encore un contingent important des électeurs frontistes.

Gratuite aussi, parce que le Front n'est pas outillé pour gouverner. Il ne suffit pas d'avoir recruté Florian Philippot et deux ou trois autres apparatchiks de bon niveau. Il faut construire la pyramide politique de bas en haut avec un logiciel praticable (donc un programme intelligent) et inverser la propension à tout décider au sommet faisant ensuite suinter les décisions de haut en bas, comme à l'époque du "roi de Montretout", dérive typique d'un bizness politique familial ! Il pouvait très bien accepter que la nouvelle génération ait envie de venir aux affaires à sa façon afin de débloquer le pays un peu mieux qu'en paroles. La pratique induisant le succès d'autrui lui a toujours déplu ; Bompard, Le Chevallier en savent quelque chose ! Mais l'âge venant, il aurait dû s'apaiser, et la mise à la retraite d'un vieux garnement qui s'ennuie aurait dû être réglée en famille, même en cassant de la vaisselle. Les arguments décisifs abondent du côté de Marine Le Pen ! Je me suis parfois demandé s'il n'avait pas voulu la "nomination" de sa fille parce qu'il la jugeait de plus fort caractère que Bruno Gollnisch pour lui tenir tête et réussir enfin malgré lui (j'en parle à Sigmund). Gratuite encore parce que, suivant la loi de l'espèce, Jean-Marie Le Pen va mourir.


Un vieil acteur attend son dernier tour


Rompons les chiens. La défense de notre civilisation par un parti patriotique motive le rallye de tous les Français sincères. Réarmons les chiens. Il est très surprenant qu'à cette cause noble, des gens (mais qui en fait ?) ait associé un programme économique injouable, infusé par des professeurs payés au mois qui n'ont jamais bossé de leur vie en vrai, qui n'ont jamais misé leur bon argent dans une entreprise du secteur marchand qui leur appartienne, qui n'ont finalement jamais pris de risques mais veulent en faire prendre à la France. Le Front national réussira le lendemain du jour où il aura coupé les ponts avec ces doctrinaires contemplatifs, et se sera recentré sur le Bon Sens et l'inventivité française.

Alors, il leur fera vraiment peur !

dimanche 10 mai 2015

Cercle Jean-Pierre Calloc'h*
COMMUNIQUÉ OFFICIEL

Sainte Anne d'Auray au 31 mai 2015


Monseigneur le Duc d’Anjou** et son épouse feront une visite officielle en Morbihan, du 29 au 31 mai 2015 à l’occasion du 300ème anniversaire de la mort de Louis XIV, fondateur de la ville de L’Orient.



Le début de cette visite est consacré aux rencontres officielles : Maire de Lorient, Président de la Chambre de Commerce, Amiral commandant la Marine, Président du Conseil départemental.

A partir du samedi 30 mai après-midi, le programme est ouvert à toutes les personnes qui souhaitent s’associer à la visite des ducs d’Anjou.
Journée du samedi 30 mai
18h00 – Réception et dîner de gala à l’Espace Montcalm, près du port de Vannes. (Inscriptions préalables obligatoires auprès du Cercle - voir plus bas)

Journée du dimanche 31 mai
09H00 - Rassemblement au Champ des Martyrs, sur la commune de Brec’h, pour un hommage rendu par le duc d’Anjou aux combattants de Quiberon et de la chouannerie.
10H15 – Cérémonie au Mémorial des bretons morts pour la France, à Sainte-Anne d’Auray
11H00 - Grand-messe pontificale à la basilique de Sainte-Anne d’Auray célébrée par Mgr Centène, évêque de Vannes.
(Prévoir d’être présents avant 10h45 pour avoir des places dans la basilique).
13H00 - Déjeuner libre à Sainte-Anne d’Auray
15H00 – Cérémonie de mémoire et de fidélité au monument du Comte de Chambord.
15H30 - Présentation des associations et rencontres avec le Prince et la Princesse.
15h30 - 17h00 Animations et stands
17h00 – Navette possible vers la gare d’Auray

 

Cercle Jean-Pierre Calloc’h
Pen Bodo 56420 Plaudren
cerclejpcalloch@sfr.fr
http://cerclejeanpierrecalloch.over-blog.com

(*) Jean-Pierre (ou Yann-Ber) Calloc’h (Groix 1888 – Urvillers 1917) est l’un des plus grands écrivains bretons. Il naît en 1888 sur l’île de Groix, dans une famille de marins pêcheurs. Comme tant d’autres écrivains bretons, il est repéré par un vicaire, entre au petit séminaire (1900), puis au grand séminaire (1905) de Sainte Anne d’Auray, et rêve de devenir prêtre. Il fait de brillantes études, mais trois événements marquants vont se liguer contre sa vocation : [la suite sur Daskor].

(**) Si le royaume de France était restauré dans ses lois fondamentales imprescriptibles ce prince espagnol serait appelé à régner chez nous sous le nom de Louis XX.


lundi 4 mai 2015

La démocratie sociale force l'intégration des étrangers

A lire pour armer la discussion dans un débat sur l'intégration forcée en Europe de populations exogènes peu ou pas adaptées en l'état, dans l’optique de Hans-Hermann Hoppe, anarcho-capitaliste tendance monarchiste, qui devrait inspirer l’avenir du royalisme en France. Ces arguments sont autrement mieux fondés que les anciennes lois fondamentales du royaume disparu.
L'article va de l'argument productif jusqu'au démontage des motifs du personnel politique éphémère à capter revenus et ressources sans protéger le capital. On peut conclure avec Hoppe que par essence nos régimes démocratiques font le commerce des voix pour se survivre. On peut lire ce pavé en plusieurs fois, à mâcher lentement. Voir l'avertissement en note de bas de page.

I. Le flux migratoire est une valeur productiviste

Pr Hans-Hermann HOPPE
L’argument classique en faveur de l’immigration sans frein se présente comme suit : toutes choses égales par ailleurs, les entreprises vont là où le travail coûte moins cher, réalisant ainsi une approximation du principe à travail égal, salaire égal, de même que la meilleure affectation du capital possible. Un influx d’immigrants dans une région à salaires élevés abaissera les salaires nominaux. Cependant, il ne réduira pas les salaires réels si la population se trouve en-deçà de sa taille optimum (et il est certain que les États-Unis, dans leur ensemble, ont bien moins de population que leur taille optimale). Si c’est le cas, en fait la production augmentera tellement que les revenus réels augmenteront. De sorte que les restrictions à l’immigration feront plus de mal aux travailleurs protégés en tant que consommateurs qu’elles ne leur feront gagner en tant que producteurs. En outre, des restrictions à l’immigration accroîtront la fuite de l’épargne à l’étranger (l’exportation des capitaux qui seraient restés autrement), provoquant une égalisation des taux de salaire (quoique plus lentement), mais conduisant à un gaspillage du capital, détériorant ainsi les niveaux de vie dans le monde.

II. État-providence et immigration sont des problèmes distincts

Tel que présenté plus haut, l’argument en faveur de l’immigration sans frein est irréfutable et exact. Il serait aussi stupide de le contester que de nier que la liberté des échanges conduit à des niveaux de vie plus élevés que le protectionnisme. Ce serait aussi une erreur de contester l’argumentaire immigrationniste en faisant remarquer que, du fait de l’existence d’un État-providence, l’immigration concerne désormais dans une large mesure des parasites des systèmes sociaux qui, alors même que la population des États-Unis est en-deçà du niveau optimum, n’accroissent pas le niveau de vie général mais le diminuent.
En effet, il ne s’agit pas d’un argument contre l’immigration mais contre l’État-providence. Bien sûr, celui-ci doit être détruit, éradiqué. Mais les problèmes de l’immigration et de l’État-providence sont des problèmes analytiquement distincts, et on doit les traiter en conséquence. Le problème de l’argumentaire qui précède est qu’il souffre de deux défauts connexes qui invalident sa conclusion d’immigrationnisme inconditionnel, ou qui limitent son applicabilité à une situation hautement irréaliste, depuis longtemps évanouie dans l’histoire humaine. On ne mentionnera qu’en passant le premier défaut :

Pour les libéraux conséquents de l’École autrichienne d’économie politique, il est évident que ce qui constitue le bien-être est un jugement de l’esprit, et les ressources matérielles ne forment qu’une part de ses considérations. Même si les revenus réels augmentent du fait de l’immigration, il ne s’ensuit pas que l’immigration doive en être automatiquement tenue pour bonne, car on pourrait préférer un niveau de vie plus bas et une plus faible population à une plus grande richesse matérielle dans un peuplement plus dense.
C’est sur la seconde impasse que nous allons nous concentrer ici : c’est sur un territoire particulier que les gens immigrent. Or, l’analyse présentée au départ ne traite absolument pas la question de savoir qui, s’il existe, possède (maîtrise) le territoire en question. En fait, pour rendre l’analyse applicable, on suppose, implicitement, que le territoire en question n’appartient à personne, et que les immigrants arrivent sur un espace vierge (la frontière ouverte de l’histoire américaine). Il est évident que cette hypothèse, on ne peut plus la faire. Or, si ce postulat est abandonné, le problème de l’immigration acquiert un sens fondamentalement différent, et exige d’être repensé de fond en comble.

III. Dans le village global l’on immigre forcément chez quelqu’un

Pour illustrer ce que j’entends, imaginons une société anarcho-capitaliste : quoique je sois persuadé qu’une telle société est le seul ordre politique que l’on puisse défendre comme juste, je n’essaierai pas d’expliquer ici pourquoi c’est le cas. Je vais plutôt l’utiliser ici comme un point de départ conceptuel, pour contribuer à faire comprendre l’erreur fondamentale de la plupart des apôtres contemporains de l’immigration illimitée.

Supposons donc que toute la terre soit propriété privée : cela inclut toutes les rues, routes, aéroports, ports, etc. Pour certains terrains, le titre de propriété n’est soumis à aucune servitude : c’est-à-dire que le propriétaire est libre de faire tout ce qui lui plaît aussi longtemps qu’il ne porte pas atteinte à la propriété des autres. Pour d’autres, l’usage peut être plus ou moins étroitement restreint. Comme c’est aujourd’hui le cas dans certains lotissements, le propriétaire peut être soumis à des limites contractuelles à ce qu’il peut faire de sa propriété (des règles d’urbanisme librement acceptées) telles que : usage résidentiel (occupation bourgeoise) et non usage commercial, hauteur des immeubles limitée à trois étages, pas de vente ni de location aux Juifs, Allemands, Catholiques, homosexuels, Haïtiens, aux familles avec ou sans enfants, ou aux fumeurs, entre autres exemples. Il est clair que dans cette société strictement libérale, il n’existe absolument aucun droit à l’immigration.

Ce qui existe, à la place, c’est le Droit de multiples propriétaires indépendants d’inviter ou de ne pas inviter les autres chez eux, conformément à leurs titres de propriété illimités ou limités. L’accès à certains terrains pourra être facile, et à d’autres quasiment impossible ; dans tous les cas, être accepté sur la propriété de celui qui vous invite n’implique aucun droit de se promener dans les environs, à moins que les autres propriétaires n’acceptent de telles déambulations. Il y aura sur chaque terrain exactement autant d’immigration et de non-immigration, d’exclusion et de non-exclusion, d’intégration ou de ségrégation, de non-discrimination ou de discrimination fondée sur des critères raciaux, ethniques, linguistiques, religieux, culturels ou (n’importe quels) autres, que l’auront décidé les propriétaires privés et associations de propriétaires privés.
Remarquez que rien de tout cela, même pas la forme la plus extrême du ségrégationnisme, n’a le moindre rapport avec le refus du libre échange et l’adoption du protectionnisme. Du fait qu’on ne désire pas fréquenter des Noirs, des Turcs, des Catholiques, des Hindous, etc. ou vivre dans leur voisinage, il ne s’ensuit pas qu’on ne souhaite pas échanger à distance avec eux.

Bien au contraire, c’est précisément le caractère absolument volontaire de l’association et de la séparation — l’absence de toute forme d’intégration forcée — qui rend possible les relations pacifiques — le libre échange — entre des gens culturellement, ethniquement, ou confessionnellement différents.




IV. La hauteur d’implication d’un État est la coupe réglée

Dans une société totalement libérale (anarcho-capitaliste), il n’y a pas de gouvernement central, et par conséquent pas de distinction précise entre les nationaux (citoyens du pays) et les étrangers. Cette distinction n’apparaît qu’avec l’institution d’un État, c’est-à-dire d’un groupe de personnes qui détiennent un monopole de l’agression (de l’impôt).

Le territoire sur lequel s’étend le pouvoir fiscal devient national (intérieur) et quiconque réside au-delà de ce territoire devient un étranger. Les frontières d’État (avec les passeports), à la différence des bornes de la propriété privée, ne sont pas des institutions naturelles (elles sont imposées par la force). En fait, leur existence (et celle d’un gouvernement national) fausse à deux titres l’inclination naturelle des gens à s’associer les uns avec les autres.
Tout d’abord, les résidents ne peuvent pas exclure de leur propriété les hommes de l’État (les envoyés du fisc), mais sont victimes de ce qu’on pourrait appeler l’immigration forcée des agents de l’État.
Deuxièmement, pour pouvoir faire intrusion sur la propriété privée de ses sujets afin de les taxer, un gouvernement doit invariablement prendre le contrôle des routes existantes, et il emploiera ses recettes fiscales à produire encore davantage de routes, dans le but de faciliter son accès à toute propriété privée, comme matière fiscale potentielle. Ainsi, cette surproduction de routes n’implique pas seulement une facilitation innocente du commerce interrégional — un abaissement des coûts de transaction, comme les économistes naïfs voudraient nous le faire croire ; c’est aussi une intégration nationale forcée (une déségrégation artificielle de localités séparées).

En outre, avec l’installation d’un gouvernement et de frontières d’État, l’immigration prend un sens entièrement différent. L’immigration devient une immigration d’étrangers, à travers des frontières d’État, et la question de savoir si une personne doit être admise n’incombe plus à des propriétaires privés ou à une association de propriétaires privés, mais aux hommes de l’État en tant que souverains ultimes de tous les résidents nationaux et comme propriétaires de fait de toutes leurs possessions.

Cependant, si les hommes de l’État excluent une personne alors même qu’un résident national est disposé à l’accueillir sur sa propriété, le résultat est une exclusion forcée (phénomène qui n’existe pas dans une anarchie de propriété privée). En outre, si les hommes de l’État laissent entrer une personne alors qu’il ne se trouve pas ne serait-ce qu’un seul résident national qui souhaite admettre cette personne sur sa propriété, le résultat est une intégration forcée (qui n’existe pas non plus dans une anarchie de propriété privée).

V. Si un roi se substitue à l’État, l’immigration est choisie
[c'est le point d'appui de la propagande royco]

Frédéric II de Prusse
Maintenant, ajoutons quelques postulats historiquement réalistes : supposons que l’État soit propriété privée. Le souverain possède littéralement l’ensemble du pays dans les limites de ses frontières. Il est pleinement propriétaire d’une partie du territoire (son titre de propriété y est illimité), et possède partiellement le reste (en tant que propriétaire ultime ou prétendant au revenu résiduel de toutes les possessions immobilières, quoique contraint par une espèce de contrat de location préexistant). Il peut vendre et léguer sa propriété, et il peut calculer et réaliser la valeur de son capital (son pays).

Les monarchies traditionnelles, et les rois, sont les exemples historiques les plus proches de cette forme de gouvernement. Que sera la politique d’immigration et d’émigration caractéristique d’un roi ? Dans la mesure où il possède l’ensemble de la valeur en capital du pays, il aura tendance, en ne lui supposant pas d’autre intérêt que le sien, à choisir les politiques de migration qui préservent ou accroissent la valeur de son royaume, au lieu de la diminuer.

En ce qui concerne l’émigration, un roi voudra empêcher l’émigration de sujets productifs, et particulièrement de ses sujets les meilleurs et les plus productifs, parce que les perdre diminuerait la valeur du royaume. Par exemple, de 1782 à 1824, une loi interdisait aux ouvriers qualifiés de quitter la Grande-Bretagne.
En revanche, un roi souhaitera expulser ses sujets improductifs et destructeurs (les criminels, clochards, mendiants, romanichels, vagabonds, etc.), car les extirper du royaume accroîtra sa valeur. C’est pour cela que la Grande-Bretagne a expulsé des dizaines de milliers de délinquants de droit commun en Amérique du Nord et en Australie.

En ce qui concerne par ailleurs l’immigration, un roi souhaitera tenir la tourbe à l’écart, de même que les gens aux capacités productives inférieures. Cette dernière catégorie ne sera admise que temporairement, si elle l’est seulement, comme travailleurs saisonniers sans droit de cité (comme quand nombre de Polonais furent admis comme travailleurs saisonniers en Allemagne après 1880), et on leur interdira toute possession immobilière permanente.
Un roi ne permettrait l’immigration permanente qu’à des individus supérieurs ou du moins au-dessus de la moyenne (c’est-à-dire à ceux qui accroîtraient la valeur de son royaume en y résidant), comme lorsque après 1685 (la Révocation de l’Édit de Nantes), des dizaines de milliers de Huguenots furent autorisés à s’installer en Prusse et lorsque Pierre le Grand, Frédéric le Grand et Marie-Thérèse d’Autriche facilitèrent l’immigration et l’établissement de grands nombres d’Allemands en Russie, en Prusse et dans les provinces orientales de l’Autriche-Hongrie. Bref, même si les politiques de migration d’un roi n’éviteraient pas entièrement les cas d’exclusion et d’intégration forcée, elles feraient grosso modo ce que feraient des propriétaires privés, s’ils pouvaient décider qui admettre et qui exclure.
Le roi serait particulièrement regardant, se souciant à l’extrême d’améliorer la qualité du capital humain résidant, afin d’accroître la valeur du sol ou d’éviter de la diminuer.

VI. Le gérant démocratique d’un pays importe ou exporte des voix sans critères

On peut prédire que les politiques de migration prendront un tour différent une fois l’État devenu propriété publique. Le dirigeant n’est plus propriétaire de la valeur en capital du pays, il n’en dispose plus qu’à titre temporaire. Il ne peut pas vendre ni léguer sa place de dirigeant, n’étant qu’un gérant provisoire.
En outre, la liberté d’entrer existe dans cette profession de gérant étatique. N’importe qui, en principe, peut devenir dirigeant d’un pays. Les démocraties telles qu’elles sont apparues sur une large échelle après la Première Guerre mondiale présentent des exemples historiques de gouvernement public.

Encore une fois, si on ne leur prête pas d’autre intérêt que personnel (le souci d’accroître au maximum leur revenu pécuniaire et psychique : l’argent et le pouvoir), les maîtres démocratiques cherchent à accroître au maximum le revenu courant aux dépens de la valeur en capital, dont ils ne peuvent pas s’emparer à titre privé. De sorte que, se conformant à l’égalitarisme inhérent au suffrage universel, ils ont tendance à mener des politiques nettement égalitaires, non-discriminatoires, en matière d’émigration et d’immigration.

En ce qui concerne la politique d’émigration, cela implique que le dirigeant démocratique se soucie peu de savoir si ce sont des gens productifs ou improductifs, des cerveaux ou des clochards, qui quittent le pays. Les uns et les autres ont le même droit de vote. En fait, le dirigeant démocratique pourrait bien s’inquiéter davantage de la perte d’un parasite que de celle d’un génie productif. Car si la perte du second dégrade certainement la valeur du pays, alors que la disparition du premier pourrait l’accroître, un dirigeant démocratique n’est pas propriétaire du pays. À court terme, un paumé qui vote pour des mesures égalitaristes pourrait même avoir plus de valeur pour le dirigeant démocratique que n’en a le génie productif : celui-ci, victime de choix de l’égalitarisme, a plus de chances de voter contre le dirigeant en question.
Pour la même raison, un dirigeant démocratique, tout à l’opposé d’un roi, en fera peu pour expulser les gens dont la présence dans le pays constitue une nuisance (les indésirables, dont la présence fait baisser les valeurs immobilières). En fait, ces indésirables-là : parasites, tordus, délinquants, ont des chances de figurer parmi ses plus fidèles électeurs.

En ce qui concerne les politiques d’immigration, les raisons d’agir ou de ne pas agir sont tout aussi faussées, et les résultats sont également pervers. Pour un démocrate officiel, peu importe que ce soient des gueux ou des génies, des gens plus ou moins civilisés que la moyenne, ou plus ou moins productifs, qui entrent dans le pays. Il ne se soucie pas beaucoup non plus de la distinction entre travailleurs temporaires (titulaires d’un permis de travail) et les immigrés définitifs, propriétaires permanents (les citoyens naturalisés).
En fait, les nécessiteux et les improductifs pourraient bien être préférables comme résidents et comme citoyens parce qu’ils posent davantage de ce qu’on appelle les problèmes sociaux, et que ces dirigeants-là prospèrent de l’existence de tels problèmes.
En outre, les tarés, les gens inférieurs, auront plus de chances d’appuyer ses politiques égalitaristes, alors que les génies et les gens supérieurs s’y refuseront.

Le résultat de ces politiques de discrimination est une intégration forcée : on impose des masses d’immigrants inférieurs à des propriétaires nationaux qui, s’ils avaient décidé eux-mêmes, auraient fortement discriminé et se seraient choisis des voisins très différents.
Ainsi, les lois sur l’immigration aux États-Unis de 1965, le meilleur exemple de démocratie en action, a éliminé tous les critères de qualité préalablement existants et la préférence explicite pour les immigrants européens, la remplaçant par une politique de non-discrimination presque complète (de multiculturalisme).
En fait, même si on l’a rarement fait observer, la politique d’immigration d’une démocratie est le reflet de sa propre politique interne relativement aux mouvements de population : vis-à-vis des choix volontaires d’association ou de désassociation, de ségrégation ou d’intégration, de rapprochement ou d’éloignement physique des différents propriétaires.

Comme le ferait un roi, un dirigeant démocratique favorisera la surintégration spatiale en produisant à l’excès le service collectif des voies publiques. Cependant, pour un dirigeant démocratique, à la différence d’un roi, il ne suffira pas que tout le monde puisse aller et venir jusqu’à la porte de tout un chacun sur les routes des hommes de l’État. Soucieux d’accroître son revenu et son pouvoir actuels aux dépens du capital installé et sous l’influence du préjugé égalitariste, le démocrate patenté ira bien plus loin.
Le gouvernement fera des lois contre la discrimination — on ne pourra plus choisir de ne pas côtoyer les Allemands, les Juifs, les Noirs, les Catholiques, les Hindous, les homosexuels, etc. — pour forcer l’entrée de la propriété de chacun et en ouvrir l’accès à n’importe qui. Il n’est donc guère surprenant que la législation des droits civiques aux États-Unis, qui interdisait les distinctions privées sur le critère de la couleur, de la race, de l’origine nationale, etc. et imposait de ce fait la déségrégation, ait coïncidé avec l’adoption d’une politique d’immigration non-discriminatoire, ce qui signifiait une déségrégation internationale imposée (l’intégration forcée).



VII. L’intégration forcée est inhérente à la démocratie sociale

La situation actuelle des États-Unis et de l’Europe occidentale en matière d’immigration n’a donc absolument rien à voir avec un quelconque libéralisme. Il s’agit d’intégration forcée, purement et simplement, et l’intégration forcée est le résultat prévisible de la démocratie sociale où règne le principe un homme-une voix.
Abolir l’intégration forcée exige de combattre la démocratie sociale, pour finalement abolir le caractère public des décisions. Plus spécifiquement, le pouvoir d’inviter ou d’exclure doit être retiré aux hommes de l’État central pour être remis aux régions, provinces, départements, villes, villages, quartiers résidentiels et finalement aux propriétaires privés et à leurs associations volontaires. On atteint ces objectifs par la décentralisation et la sécession (l’une et l’autre par essence contraires à la démocratie sociale et à la règle majoritaire).

On serait par conséquent bien engagé dans la voie d’une restauration de la liberté d’association et d’exclusion qui procède de l’idée libérale et de l’institution de la propriété privée, et une bonne partie des conflits qui naissent actuellement de l’intégration forcée disparaîtraient si seulement les villes et villages pouvaient, et voulaient faire ce qu’ils faisaient tout naturellement bien avant dans le XIXe siècle en Europe et aux États-Unis :
Afficher des pancartes énonçant les conditions d’entrée dans la ville (pas de mendiants, ou de clochards, ou de vagabonds, mais aussi pas de Musulmans, d’Hindous, Juifs, Catholiques, etc.) ; chasser comme contrevenant quiconque ne répond pas aux conditions affichées ; et résoudre la question de la naturalisation à la manière suisse, où ce sont les assemblées locales, et non le gouvernement central, qui décident qui peut, ou ne peut pas devenir citoyen.

Que doit-on espérer et prôner comme politique d’immigration correcte, aussi longtemps que l’État central démocratique existe toujours et qu’il s’arroge avec succès le pouvoir d’imposer une politique uniforme d’immigration ? La meilleure que l’on puisse espérer va contre la nature de la démocratie, et n’a donc pas beaucoup de chances d’arriver : c’est que les dirigeants démocratiques se conduisent comme s’ils étaient personnellement propriétaires du pays, comme s’ils avaient à décider qui admettre et qui exclure dans leur propre propriété privée (dans leur propre maison même).
Cela signifie pratiquer une politique de discrimination extrême : de stricte discrimination en faveur de ceux qui présentent les plus grandes qualités humaines d’expertise, de caractère et de compatibilité culturelle.

Plus spécifiquement, cela veut dire que l’on distingue strictement entre les citoyens (les immigrés naturalisés) et les étrangers résidant, en excluant ces derniers de tout avantage social. Cela signifie exiger, pour l’acquisition du statut de résident étranger aussi bien que celui de citoyen, le parrainage personnel d’un citoyen résidant, se portant garant pour toute atteinte à la propriété causée par l’immigrant.
Cela implique d’exiger un contrat d’embauche en vigueur avec un citoyen résidant ; pour les deux catégories, en outre, mais particulièrement celle de la citoyenneté, cela implique que l’immigrant doit présenter non seulement une connaissance de [notre] langue mais encore des capacités intellectuelles générales supérieures (au-dessus de la moyenne) et des qualités de caractère compatibles avec notre système de valeurs, avec pour résultat prévisible une tendance systématique à favoriser l’immigration des Européens.


©Hans Hermann HOPPE 1995




M. François Guillaumat a produit pour le Lien légitimiste la traduction de cet article de Hoppe dont un original, paru chez le Rockford Institute en 1995 sous le titre Free Immigration or Forced Integration, fut repris par Lew Rockwell en 1999. Que François Guillaumat en soit remercié. Le découpage en sept sections est celui de l’original Rockwell. Ce texte a donc paru avec tout son appareil critique dans le n°62 du Lien légitimiste (mars-avril 2015) et a fait l'objet d'un tiré-à-part intégral à l'entête du Lien. On peut l'obtenir en version électronique sous format PDF par simple demande :
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