samedi 29 septembre 2007

Souveraineté et mondialisation

L'IFCCE, Institut de Formation civique et de Coopération européenne, organise à la Chapelle-Saint-Luc (Aube) une session de politique appliquée, les 27 et 28 octobre prochain. Ce sera la vingtième depuis 1996. Cet institut proche de la Nouvelle Action royaliste, est réputé pour le niveau de ses préoccupations et la qualité des intervenants. Il communique aussi par la revue royaliste Cité qui est en lien ci-contre.
(NB : le site web IFCCE se parcourt au double-clic)

Depuis leur création, les sessions de politique appliquée organisées par l'IFCCE ont connu un succès constant. Nous laissons le soin à M. Robert Gesnot de faire les présentations détaillées.

~ Ces sessions sont destinées principalement aux cadres actuels ou futurs de la vie associative, civique, syndicale. Ceux-ci, privés trop souvent d'une vision d'ensemble des grands problèmes de société, ont quelques difficultés à interpréter les événements. De ce fait, la pertinence de leurs décisions peut être compromise.

~ Ces sessions, en leur donnant une solide culture générale, les mettent en mesure d'assumer leurs responsabilités et de faire face aux événements.

~ Notre époque, propice aux ruptures historiques, exige et exigera de plus en plus des hommes conscients de leurs responsabilités et porteurs de projets qui redonnent un sens à la vie collective. En de telles périodes, il suffit de peu de citoyens pour jouer un rôle majeur, dès lors qu'ils ont une pensée politique rigoureuse et qu'ils sont solidement organisés.

globe de Coronelli

XX° SESSION

Souveraineté nationale et mondialisation


Conquête ardemment souhaitée et accomplie par les peuples, la souveraineté nationale est la condition fondamentale d’exercice de la politique. Elle est le fruit d’une histoire hantée par l’attachement des gens à leur terre et à leurs coutumes, traversée de crises surmontées et couronnée par l’élaboration d’institutions originales au service d’ambitions communes. Sa règle réunit la liberté et le Droit. La souveraineté nationale est le principe de réalité de la vie des nations.

La mondialisation, diplomatiquement amorcée depuis l’aube des temps civilisés, politiquement concrétisée après les grandes crises du XXe siècle à travers l’assemblée des Nations, recouvre aujourd’hui un processus imposé de « globalisation » des échanges qui prétend abolir à terme les barrières et protections dictées par l’intérêt national ou les alliances particulières. Elle se présente aujourd’hui comme une idéologie au service des circuits financiers et des volontés d’hégémonie des grandes puissances.

Entre souveraineté nationale et dynamique de mondialisation s’est engagée une lutte sur laquelle il importe de s’interroger. Quel degré de réalité faut-il accorder à l’une et à l’autre ? Dans leur confrontation, une négociation est-elle possible ? Peut-on dès maintenant entrevoir un avenir, au-delà du paroxysme et des crises apparemment inévitables qui se dessinent ?

Ce sont quelques-unes des questions que se poseront les participants à la session de politique appliquée.


DATE, LIEU, HORAIRE

Centre culturel de La Chapelle-Saint-Luc dans la banlieue de Troyes,
25 bis Avenue Roger Salengro

Samedi 27 octobre 2007

11 h : Accueil des participants au Centre culturel
12 h : Repas
14 h à 16 h : Mise en perspective
16 h à 18 h : Premier atelier - Débat
19 h 30 : Repas et soirée amicale.

Dimanche 28 octobre

9 h : Petit déjeuner
10 h à 12 h : 2ème atelier - Débat
12 h - 13 h 45 : Déjeuner
14 h/16 h : Synthèse et débat de conclusion.

HÉBERGEMENT

L'hébergement se fait dans des hôtels de la localité en chambre de deux personnes, possibilité de chambre individuelle avec supplément.
Les trois repas et le petit déjeuner sont pris au Centre culturel.

TARIF

Tout compris, ce tarif couvre les trois repas, le petit déjeuner et l'hébergement en chambre double*, à l'exclusion des frais d'approche.

- Non-adhérents à l'I.F.C.C.E. : 70 €.
- Adhérents de l'I.F.C.C.E. à jour de cotisation: 60 €.

* majoration pour chambre simple : + 16 €

INSCRIPTIONS

Inscription soit par courrier auprès de ...

M. Robert Gesnot
4 Impasse des Oeillets
10600 La Chapelle-Saint-Luc

(téléphone disponible sur le site IFCCE)

(joindre votre chèque au nom de l'IFCCE dans l'enveloppe)

soit inscription et/ou adhésion en ligne : cliquez ICI, le paiement est sécurisé par PayPal.

ACCÈS

Par le train :
- De Paris, Gare de l'Est à 9h43 arrivée en gare de Troyes vers 11h13, un véhicule attendra les participants.

- Train-retour dimanche, au départ de Troyes à 17h51 arrivée à Paris vers 19h15.
Prendre ses réservations à temps.

Par la route :
- Soit par la RN 19 en direction de Troyes (à l'entrée de l'agglomération, suivre direction La Chapelle-Saint-Luc).

- Soit par l'autoroute A4 : sortie n°13, direction Provins par la D231, puis direction Troyes par RN19 (à l'entrée de l'agglomération, suivre direction La Chapelle-Saint-Luc).

- Soit par l'autoroute A5 : sortie n°20, direction Troyes RN60, puis suivre direction La Chapelle-Saint-Luc-Centre.


revue Cité

vendredi 28 septembre 2007

Quelle stratégie ?

duc d'anjouC'est à l'occasion de la présence aux Invalides du prince Louis-Alphonse de Bourbon et de son épouse (merci "iHola!" pour le reportage) que certains cercles se sont posé à nouveau la question de la pertinence des commémorations et témoignages, si du moins ils ne sont pas qu'un interlude dans un programme politique par ailleurs soutenu. En clair, suffisent-ils à faire avancer la cause royaliste ? Mieux encore, cette cause doit-elle "avancer" ?
Si l'on met de côté, mais sans vouloir les ostraciser, les providentialistes (heureux hommes finalement qui guettent des signaux de fumée derrière les nuages), on a deux thèses : Le roi reviendra comme ultime recours après l'effondrement du régime actuel, consécutif à un grave affaissement du pays voire un désastre. C'est assez bien parti mais faudrait assurer la queue de trajectoire. Secondement, le roi reprendra en viager la place donnée à bail précaire au président de la République en remettant au Premier ministre les pouvoirs qui lui sont octroyés par la Constitution actuelle. Ce schéma reste le plus probable, même si les motifs sont nombreux pour soutenir le pronostic dans chaque cas. Ce n'est pas l'objet du billet d'aujourd'hui que de les exposer à nouveau.

Si l'on croit en l'efficacité d'une propagande pour faire avancer la cause royaliste on doit se poser la question primordiale de la stratégie, à peine de faire du surplace, dans l'illusion d'une action entretenue par des colloques, blogues et journaux par abonnement, conférences crypturales à 50 et manifestations de témoignage inaperçues.

On se bat pour le prince et le principe ou pour seulement l'un des deux. C'est la promotion du principe qui nous occupe aujourd'hui, dans le but de gagner. Laissons les princes à leurs réflexions et occupons nous des nôtres. Toute action politique visant à faire triompher un principe institutionnel ou un programme social est vaine hors d'une stratégie. Le mouvement royaliste n'en a pas. Il la remplace par les augures et le foisonnement tactique. C'est grand dommage qu'il n'y ait jamais eu de convergence tactique sur une stratégie d'ensemble, les egos surdimensionnés des chapelains ayant stérilisé toute remise dans l'axe des actions parcellaires menées ci et là. Epargnons-nous la liste des erreurs politiques qui ont émaillé la résurgence monarchiste depuis la mort de Charles Maurras. Disons simplement que la dure loi du succès devrait s'appliquer aux maîtres de chapelles, loi communément reçue dans les entreprises humaines, a fortiori les entreprises politiques. Certes, la coutume française veut que les politiciens meurent en fonction, debout comme les escargots, mais il s'agit là de politiciens arrivés. Qu'en doit-il être des hommes politiques qui ne sont pas encore partis ?

Un forumeur de ViveLeRoi (fil VLR #28094) a pris comme exemple la démarche d'un parti moins connu encore que l'Alliance royale ou que l'Action française et qui est parvenu à placer un candidat (Gérard Schivardi) dans la campagne officielle pour la présidentielle : le Parti des Travailleurs.

Sur les plans tactique, stratégique et politique, c'est presque le sans-faute. Atteindront-ils le Grand Soir est une autre question.

Pierre BousselLorsque ce courant (il s'agit des "lambertistes") se constitue en 1952, ils sont une cinquantaine de militants, tout au plus ( sur un effectif total de tous les trotskystes français de 150 personnes) ... Ils sont non seulement capables de réunir grâce à leurs propres élus locaux mais aussi grâce à une myriade d'associations relais les 500 parrainages nécessaires à une candidature présidentielle, ils sont propriétaires de tout le groupe d'immeubles situé rue du faubourg-Saint-Denis à Paris où ils y impriment, dans leur propre imprimerie (!), un hebdomadaire, quatre mensuels et plusieurs autres périodiques. Ces locaux sont surveillés nuit et jour par des permanents qui y logent avec leur famille.

Leur échec supposé aux élections législatives (idem pour Lutte Ouvrière), va tout simplement leur permettre de toucher annuellement plusieurs milliers d'euros puisqu'ils ont compris que si la présidentielle est importante pour diffuser ses idées, les législatives sont encore plus importantes pour survivre financièrement, avec l'application de la loi sur le financement de la vie publique.

Le Parti des Travailleurs se sert des élections présidentielles:
- pour adresser légalement sa propagande dans les boîtes aux lettres de près de 30 millions de foyers électoraux ;
- pour maintenir son appareil militant en état de veille ;
- pour mobiliser périodiquement et étoffer ses réseaux associatifs, syndicaux et mutualistes ;
- pour déceler au sein de son appareil son futur encadrement.

Même si le PT n'est pas, de loin s'en faut, la formation trotskyste la plus heureuse aux élections, c'est de loin la plus nombreuse numériquement parlant. Les Lambertistes se considèrent comme une avant-garde, une "élite révolutionnaire", ayant vocation à "encadrer" les masses. Une connotation "école de pensée" quand même ! Et sur ce point, les positions dont ils disposent encore au sein de FO, de SUD et de la FSU sont de nature à faire réfléchir. Enfin ce Parti des Travailleurs, la LCR et LO vont à l'issue des dernières élections législatives de 2007 et en application de la loi sur le financement de la vie publique, se partager annuellement la somme de 1.478.000 euros (9,7 millions FF). De quoi payer bien des campagnes, journaux, sites web et permanents. (Merci HG).

Ugh ! No more comments. N'est-il pas temps de recruter des stratèges et tacticiens en lieu et place des historiens et conservateurs des hypothèques, lourdes hypothèques. Au concret, il est déjà trop tard pour construire quelque chose de viable pour surfer sur les municipales. Il faudrait s'atteler déjà aux européennes, sauf à ne vouloir réapparaître sur la scène politique et médiatique qu'en 2012. C'est un choix.

château de versailles
Le site Gotha de Stéphane Bern nous apprend que les Ardisson et le prince de Bourbon ont jeté les bases d'une nouvelle revue monarchiste éditée chez Léo Scheer "la Couronne". Si les pros des médias s'en mêlent ...
C'était le soir de la commémoration aux Invalides.

jeudi 27 septembre 2007

R comme Racisme

86-61-86Nos rangs seraient-ils infectés par le racisme ordinaire, nous qui nous targuons d'ignorer justement l'ordinaire ? Y a-t-il d'ailleurs un racisme select, voire chic ? A courir les fora (? je soigne mon accès aux z'académies) je suis épaté de voir avec quelles facilités certains jeunes royalistes (ou qui se croient tels, et de moins jeunes aussi) ont la conviction de la supériorité de leur sang. Ils tranchent, coupent et crachent par terre, puis l'angélus venu, plient un genoux les yeux mi-clos pour saluer leur Créateur. Certes en des temps lointains les maîtres du mystère inaccompli chevauchaient l'antisémitisme d'Etat au prétexte qu'une ethnie biblique était favorisée institutionnellement par la III° République. L'avenir leur donnera tort. Puis raison. Vont-ils avoir tort à nouveau ? Vaïsse-Villiers et le balancier de l'Histoire.

Aujourd'hui les "Purs-blancs" détenteurs du certificat d'aryanité se trouvant des généalogies quasiment protogauloises hurlent au métissage depuis que la Faculté de médecine leur a dévoilé que leur future greffe de moelle osseuse était en mise en péril par la subversion de "races" inappropriées. Ce n'est pas une blague ! Et moi qui pensais bénéficier du coeur d'un jeune nègre plein de vitalité fauché sur l'avenue derrière une benne à poubelles ! Incompatible ! A quoi sert dès lors cette immigration si ses effectifs ont des défauts ?

Contrainte et forcée par l'Histoire - on n'est pas au finistère de la péninsule européenne sans conséquences - la France officielle s'est inventée une mission d'accueil de l'étranger qui cadre mal avec le côté latin triste de ses populations, soupçonneuses et xénophobes en diable. Les circonvolutions sémantiques peinent à cacher le substrat raciste et l'on feint d'ignorer que durant cinq siècles toute la Steppe et la Forêt sont passées sur le ventre de nos mères, renouvelant le sang gâté par le plomb des amphores. Sans doute est-ce pour cela que le Français n'aime pas chez lui l'étranger, et cette répulsion est tellement ancrée dans le sol national que lorsque l'étranger accède lui-même au statut de Français il est saisi du syndrome du compartiment de chemin de fer qui fait fermer la porte derrière soi et étaler ses affaires sur la place libre d'à côté. On serait étonné du nombre d'anciens "étrangers" ayant voté Sarkozy après avoir voté Le Pen. J'ai des noms, comme aurait dit Coluche.

La question reste cependant de savoir si le royaliste convaincu, le militant de terrain, doit se vautrer dans le racisme non-dit (ou racialisme) au motif que la répulsion xénophobe est endémique en France. Et finalement d'aller à la vraie question pour lui : le roi (en son principe) a-t-il une approche racialiste de la société sur laquelle il prétend régner ? Sortons de la pensée unique qui interdit les questions verticales. Allons-y ! Le roi "classe-t-il" ses peuples ?

Bien évidemment non. Si le royaliste fonde son action politique sur l'étude des moeurs populistes pour s'y conformer, il se trompe lourdement d'étage. Le message royaliste n'est pas un message sociétal ni un message de revanche. Sa quête d'audience transcende les disputes triviales pour élaborer l'état de parfait équilibre proposé par la physique sociale et confirmé par l'empirisme organisateur, invention géniale oubliée par les disciples de son créateur :
la monarchie est une grâce pour un pays.
L'organisation qui en découle n'est pas biométrique, et l'ADN féodal s'est un peu dispersé jusque dans les chambres de bonnes, mais culturelle dans ses fondements. La base de la construction est l'éducation plus que la naissance. A charge pour le royaliste d'en convaincre les sceptiques, non pas en embouchant les clairons de la rouspétance nationale - laissons cet exercice aux poujadistes -, mais en déroulant sans se lasser la mécanique monarchique des bienfaits garantis du haut en bas de la pyramide sociale. Ce fameux Bien Commun, cette belle promesse du Besoin du Peuple. A développer.

Au lieu de cela, que de temps perdu dans les émotions de rues, les copinages douteux, parfois involontaires. Quelle image détériorée du chevalier que nous devrions tous être nous renvoie le miroir du racisme raisonnable quand d'aventure on s'y regarde plein de ressentiment envers l'Autre !

Un roi gouverne (ou règne sur) un pays réel. marianne bigarréeIl n'est pas le lapin blanc d'Alice au Pays des merveilles et devra faire aussi avec les United Colors de Benneton, avec le métissage des sangs et aussi des moeurs. On a moralement le droit de regretter cette modification de notre démographie, voire l'altération d'unité ethnique un peu rêvée quand même, mais le Pays réel est comme ça ! La France - tous ses voisins sont dans la même situation - a importé, bon gré d'abord, mal gré ensuite, de larges populations étrangères qui se sont intégrées bien ou mal, de plus en plus mal sans doute. S'il n'est pas dans ses intentions supposées de noyer les populations ensouchées et résidentes sous un flot continu d'immigrants, il n'est pas non plus au programme du roi de mener une vie impossible aux étrangers, souvent pauvres, en renversant les flux migrants à la Pasqua. Le cosmopolitisme naturel des maisons royales l'en préviendrait d'ailleurs. Alors cessons de donner la main aux adeptes du grand retour puisque nous devrons les trahir un jour !

Que l'immigration soit stoppée par un "Décret Zéro" serait une sage décision. Qu'une vraie guerre au sous-développement des pays d'émigration soit déclarée par la Banque Mondiale est indispensable. Que les aliens criminels soient renvoyés chez eux sans même la simple peine, pas d'hésitation. Mais que suinte dans nos rangs le doute raciste, que l'on se réjouisse ouvertement sur nos fora des problèmes que les étrangers subissent chez nous, avec ou sans papiers, c'est insupportable pour la cause royaliste et si ça fait prétentieux de le dénoncer ainsi, disons que ça m'est personnellement insupportable, sur le plan moral d'une part, et sur le plan politique de l'autre, car ces remugles vichystes ruinent les efforts de notre propagande, sauf à vouloir l'enferrer encore plus dans le "béret-baguette-gauloise". Mais il y a plus grave : tricher avec son âme.

Le Catholicisme dont se revendiquent neuf royalistes sur dix interdit par la lettre de marque que lui a remise le Messie, de sérier les enfants de Dieu par le prisme chromatique ! Même si dans les temps anciens, le compartimentage des esprits, l'affaissement de l'universalisme romain et une certaine surdité des vicaires du Christ, ont laissé croire le contraire, il n'empêche que dans les temps que nous vivons, le racisme est tout simplement "interdit" en droit canon, sauf à changer de religion ou mieux de n'en prendre aucune. Après tout, si c'est pour se confire en charité et multiplier les pauvres comme population d'exercice, restons agnostique et travaillons aux Restos du Coeur ! Il y a quand même un message non caritatif à entendre du Ciel :

canard d'empire
Les enfants du bon dieu ne sont pas des canards sauvages !

PS : j'aurais aimé qu'Albert II de Monaco épouse sa belle togolaise rien que pour voir fulminer la bienpensance petit-bourgeoise ignorant qu'il descendrait lui-même ... d'une simple lingère (cf. LDC) ! Ce qui ne l'empêche pas de prouver chaque jour qu'il est un prince avisé, sain de corps et d'esprit et tellement populaire.

mardi 25 septembre 2007

République coulante

camembert La RépubliqueOn ne parle dans les milieux autorisés que de la mise en péril du pacte républicain par la convergence de tous les déficits de la nation. Nous cumulons les horreurs économiques dans le plus parfait contentement social tant que l'oeil nous assure du coin que la mangeoire publique est toujours là. Mais au fond de nous-mêmes nous savons bien qu'à force de tirer le diable par la queue, l'Etat va déchaîner un jour l'assaut de tous les démons. D'autres y sont passés ; l'Argentine par exemple.

Dans son livre cité hier, Philippe Jaffré pronostiquait après la faillite de 2012 que le pouvoir, acculée au naufrage de l'Etat sauf à appliquer les mesures de sauvegarde dictées par le FMI*, abolirait le statut de la fonction publique, licencierait un million de fonctionnaires, passerait enseignants et personnel hospitalier au privé, baisserait toutes les retraites de 10%, et laisserait le Louvre vendre ses collections pour payer son personnel. La Joconde partirait en Chine chez un roi du plastique !
(* il ne pouvait deviner en 2006 que le "premier ministre de Ségolène Royal" deviendrait réellement le patron du FMI !)

Pacte républicain, qu'est-ce à dire ? Ce serait un pacte moral qui assurerait le respect et la dignité à tout citoyen dans le cadre des droits de l'homme et du principe de répartition générale. le candidat Sarkozy"J'ai dit dès le début de la campagne que je voulais bâtir avec tous les Français un nouveau pacte républicain fondé sur la confiance et sur le respect", déclara le président en campagne. "Ce pacte sera mon engagement. Si je suis, élu, il sera ma règle et mon exigence. C'est sur ce pacte que je demande à être jugé". "Nul ne doit se sentir exclu de la politique de renouveau que je veux impulser", "Au nom d'une haute idée de la France, je ne serai pas le président d'une France contre une autre, d'une faction ou d'un clan. Je veux être le président de l'union de tous les Français, je veux être le président de la réconciliation". "Mes valeurs sont celles de la droite républicaine, et j'entends créer les conditions d'un immense rassemblement au service de la France". "Les étiquettes, je m'en moque, les convictions, je les respecte : voici mon message !".

Bien ! Ce président est proclamé celui de la rupture. Donc à relire ses déclarations, on obtient en creux la réalité de la vie politique française jusqu'ici. Nous avons bien été gouvernés par une faction, un clan, dans l'affrontement démocratique d'une France contre l'autre. Au point d'arrivée que nous venons d'atteindre, il semblerait que le pacte institutionnel démocratique n'était pas le bon choix puisqu'il a mis le pacte républicain en péril ! Et tout le monde a peur bientôt de manquer ; merci monsieur Fillon.

Nous avons souvent parlé sur ce blogue du défaut essentiel de la démocratie d'étage national qui est de convoquer aux urnes les opinions fabriquées par les passeurs de slogans sur des sujets complexes, une véritable escroquerie politique. Billevesées que la souveraineté du peuple. C'est un alibi oligarchique pour se défausser sur le veau national des erreurs ou maladresses du pouvoir réel. " Vous avez voté ? tant pis pour vous !" On est allé jusqu'à solliciter l'avis de tout le monde sur l'avenir des institutions européennes ? Pourquoi avoir oublié le référendum sur la politique monétaire de la BCE ? Mais ce qui est plus troublant au-delà de cette pitrerie philosophique c'est la précarité du régime actuel dans l'esprit des gens responsables et toute la nomenklatura. Il n'est pas un discours, une incantation de tréteaux, qui ne finisse par "vive la République" deux siècles après sa fondation. Entend-t-on les Anglais crier "vive la monarchie" ? Les Américains "vive la république" ? les Allemands "vive la Bundesrepublik" ? Ces régimes sont suffisamment ancrés dans leur sol national qu'il serait ridicule d'en souhaiter la survie. Ce serait comme crier "vive l'Hôtel de Ville" à Paris ou vive le "viaduc de Millau" ! Ben non !

Les républicains, du moins ceux qui se ressentent tels (et sont-ils si nombreux?), ont certainement la crainte qu'un régime concurrent ne leur vole la Nation, sa mise en coupe réglée bas, les prébendes qu'ils en tirent comme l'eau d'un puits, les réseaux qui assurent l'avenir d'eux-mêmes et de leurs enfants, et ils n'en visent pas d'autres que la monarchie. A preuve, au moindre signal d'autorité des pouvoirs publics qui sont quand même là pour en montrer, on crie à la dérive monarchique comme le parangon de tous les excès, sans convaincre personne d'ailleurs car le peuple, lui, en redemande ! Les vacances de satrape d'un président qui ostensiblement "se la pète" n'ont pas entamé d'un chouia sa popularité. Au contraire les Français se sont réjouis de voir enfin dans leurs revues people le couple suprême à parité des maisons régnantes que l'on traque sur toutes les plages. Jusqu'en Libye, rendez-vous compte, comme Diana au Lesotho ! Un agenda de star, un port de reine.

les tuileries
On comprend que certains soient inquiets, jusqu'à s'infiltrer dans nos rangs pour être prévenus de la mousson. Quarante rois ont laissé des traces ineffaçables malgré la reconfiguration cérébrale du peuple. Le problème est qu'il est sollicité par des comparaisons et a quand même compris qu'on ne ruinerait pas le patrimoine au motif de ruiner l'image des "tyrans" qui se bousculent sur les écrans et laissent croire à une France autrefois glorieuse et forte. Que viendraient voir ces millions de touristes s'il ne nous restait que la République ?

Tout laisse penser que l'acclimatation de la monarchie en France est parfaitement possible. Il y a des traceurs concrets comme le sondage BVA commandé par l'AR au début de cette année, et l'engouement des gens pour les maisons royales, à qui finalement ils pardonnent beaucoup.

bannière bleue fleurdeliséePlutôt que de vilipender sans relâche les dérives et insuffisances du régime actuel - ça tourne à la rengaine dès lors que l'électorat a choisi justement la Rupture - il serait plus efficace de se ranger en ordre de bataille en convoquant des idées neuves et une certaine discipline. En se donnant aussi la peine de comprendre que rien ne se fera contre les gens, qui seront consultés forcément soit avant soit après.
Cent trente ans d'échecs ne suffiront-ils jamais à nous remettre en cause ?
Les princes sont-ils providentialistes ?
Ou las ?

lundi 24 septembre 2007

Faillite annoncée

La reine de France détenait jadis les clefs des finances du royaume, qu'elle portait symboliquement à sa ceinture. Nous sommes bien marris de l'avoir un jour licenciée puisque les finances ont fini par disparaître, comme nous le confie le Premier des ministres nouveaux, et le confirme le président de la Banque centrale européenne.

Pour la première fois, la Cour des Comptes du président Séguin a chiffré en 2006 les actifs propres à l'Etat français: 550 milliards d'euros. Le chiffre est très théorique car cet actif ne sera jamais réalisé. On ne vendra pas l'Élysée, ni le Panthéon. Mais cette mesure est utile car elle étalonne l'ampleur de la Dette publique : 1.100 milliards d'euros, le double de cet actif théorique. Si l'on ajoute les engagements de retraites de la fonction publique on passe à 2000 milliards environ. Le pacte républicain virtuel est fortement menacé, surtout si aucun signal de réduction n'est émis par le pouvoir. Ce qui est malheureusement le cas !

Avant l'élection présidentielle, l'ancien président d'Elf-Aquitaine Jaffré avait commis un "roman" d'aventure très remarqué dans les milieux économiques, intitulé Le jour où la France a fait faillite.

« Mercredi 25 juillet 2012. Pékin, Peninsula Beijing Hotel, 7 h 12. - Désolé, monsieur, votre carte de crédit ne fonctionne pas. Auriez-vous des espèces, des chèques de voyage ou une autre carte ? Pierre Fournier regarde, incrédule, le réceptionniste. Il ignore encore que personne n'acceptera plus de sa part ni chèque ni carte de crédit. La France est en cessation de paiements. En faillite. Incapable d'honorer ses dettes ! Et personne, de New York à Hongkong ou Sidney, n'est prêt à lui faire crédit. »

Le scénario catastrophe imaginé par Philippe Jaffré et le journaliste Philippe Riès fait froid dans le dos. Nous sommes en 2012 et la République traverse une crise de trésorerie comme elle n'en a jamais connu. L'agence de notation internationale Standard & Poor's vient de rétrograder la dette de la France au rang des «junk bonds», ou obligations pourries. Notée «AAA» (triple A, dans le jargon financier) jusqu'à présent, à l'instar des Etats dits «respectables», la France est maintenant classée «BB +». Au niveau des cancres, en somme. Comble de la honte : elle est accusée d'avoir maquillé ses comptes pendant des années pour masquer l'ampleur du désastre de ses finances publiques, qui n'a cessé de s'aggraver, malgré les remontrances insistantes de Bruxelles !

Dans ce roman d'octobre 2006, la victoire de Ségolène Royal et de son ministre Strauss-Kahn en mai 2007 avait ouvert les bondes de la bienfaisance nationale pour la relance générale de l'économie par la dépense publique, conduisant en cinq ans le vieux pays à se saigner à blanc. Devait arriver ensuite le sauveur tant espéré ! Etc.

C'est ce "sauveur" que nous avons aujourd'hui, et c'est sous son magistère que le monde nous regarde avec intérêt et un brin d'angoisse. La raison en est très simple : tous les gouvernements démocratiques du monde libre profite des premiers mois de leur avènement pour mener les réformes les plus difficiles. Cette période, appelée "état de grâce" ou "cent jours" en France, ne fut pas utilisée par le ministre Raffarin en 2002 - il consultait et reconsultait ... - ce qui coula l'enthousiasme de l'élection latino-américaine de Jacques Chirac en 2002.
Mais pas plus apparemment de la nouvelle équipe 2007 qui a marqué le fracas de son arrivée par plusieurs semaines de pipolisation échevelée, et par le vote du bouclier fiscal d'abord ! Ne pouvait-on attendre dix-huit mois ou deux ans pour clientéliser les riches ?

Le ministre Fillon qui est là depuis quatre mois et demi et se croit autorisé à parler vrai, déclare le pays en faillite. Chacun sait bien que ce n'est pas le cas encore, mais la fébrilité des marchés et leur grande sensibilité à la panique n'ont pas été prises en compte dans cette déclaration irresponsable. Parce que rien ne semble sur les rails pour étouffer la prolifération des dépenses de fonctionnement d'un Etat convaincu de pachydermie aiguë, des défaisances nombreuses de titres d'Etat peuvent intervenir sur les marchés avant même que les agences de notation ne déclassent le crédit du pays. Les "souverainistes" rétorqueront qu'on s'en tape, puisque la politique ne se fait pas "à la Corbeille". Faisons-leur donc confiance, et passons de temps en temps aux distributeurs pour nous assurer qu'il y a des sous. Au fait, ce n'est pas en France que sont émises les clés d'autorisation des cartes Visa et autres !

M.Sarkozy chez les BushDans le même mouvement, la télévision nous fait vingt secondes sur l'entrée (ou la sortie) du président de la République française Sarkozy à la tour de verre de l'ONU à Manhattan. Stupeur : le chef de "l'Etat en faillite de la semaine" arrive débraillé, sans cravate, la veste dépareillée ouverte sur un blue-jean-mocassins, et comble du chic révolutionnaire, la rosette de Grand Croix de la Légion d'honneur à la boutonnière ! Je me demande si on va longtemps nous faire crédit dans cet accoutrement de Gainsbaryte! C'est le chic "maître-plouc" inauguré chez les Bush à Kennebunkport, faute de savoir s'habiller en "week-end". Dur, dur, les parvenus !

L'irresponsabilité et le cynisme ne sont ni de droite ni de gauche. Ils sont le fait d'hommes politiques de tous bords qui, par facilité ou par clientélisme, ne veulent pas imposer à leurs électeurs l'indispensable potion amère dont les effets bénéfiques profiteront à leurs successeurs. Alors, depuis trente ans, on truque, on tronque, on maquille, on manipule et on diffère : que les générations suivantes se débrouillent avec la facture de nos excès. Quelques-uns, adeptes de la dépense à tout va, poussent l'inconscience jusqu'à affirmer que la dette ne représente aucune menace sérieuse pour le pays. Au diable l'euro et ses contraintes ! Qu'importe le vieillissement de la population ! Silence sur l'archaïsme de notre administration ! Les contribuables, eux, ne sont pas dupes. Parce qu'ils savent qu'un jour la note leur sera présentée, ils économisent plus que leurs voisins européens, plombant par ricochet la croissance. A bout de souffle, le " modèle social français " se meurt. La classe politique fait l'autruche. Au risque qu'un jour, pas si lointain, la bombe de la dette explose... ! (Aphatie sur Rémi Godeau pour La France en faillite" chez Calmann-Lévy, fév.2006).

Aux frontons élevés de la République, il siérait d'inscrire plutôt :
APRES NOUS LE DELUGE !


Livre Le jour ou la france a fait faillitelivre la france en faillite

vendredi 21 septembre 2007

Pyramides de Werber

pyramides d'EgypteLa construction la plus solide qui soit en architecture est la pyramide. Posée sur un socle carrée et montée de quatre pans inclinés elle ne craint ni le défaut d'aplomb ni les mouvements de terrain. Son image a servi de symbole à la sagesse, à la connaissance avec un oeil dedans, et à l'illustration des sociétés humaines, les divers étages étant peuplés des catégories en vogue du temps. La monarchie est une belle pyramide.

« Comment construire 8 triangles équilatéraux avec 6 allumettes ? »


Mais une société humaine n'est pas un tas de sable inerte. Pour comprendre comment elle fonctionne il faut retourner la pyramide base en haut pour la mettre en pression, afin que les forces s'animent.

Bernard Werber, plus connu pour ses ouvrages passionnants d'entomologie romancée que pour la physique sociale, quoique le monde des fourmis puisse s'avérer très politique aussi, a esquissé l'équilibre des tensions internes à la pyramide en la posant sur sa pointe. (cf. le billet précédent "Propagande des idées"). Pour illustrer notre propos nous partons de sa pyramide inversée que nous allons déboucher.

De bas en haut nous trouvons la pointe inversée, la clé de voûte, représentée par le principe royal qui sert de bonde à notre pyramide débouchée, puis l'Ordre dit premier qui est celui de l'Ethique, représenté jadis par la religion.
Au-dessus de lui l'Ordre second, celui de la Dynamique, représenté il y a longtemps par les grands féodaux.
Et par dessus tout la masse importante de l'Ordre tiers qui donne sa consistance à la Nation et justifie une organisation sociale. Sans le Tiers, l'organisation est un couvent !


pyramide de Werber
L'Ordre tiers est le plus nombreux, le plus divers et le plus lourd. Il pèse terriblement sur les Ordres situés en dessous de lui, et même en son sein, ceux qui progressent vers la pointe de la pyramide ressentent le poids des rangs qu'ils ont quittés. La simple gravité universelle annonce la destruction de l'ouvrage en l'état. Mais pourquoi donc cette construction sociale dure-t'elle ? Parce que son équilibre interne est réalisé par compensation de la pression gravitaire générale au moyen de contre-pressions initiées par les ordres en charge de l'édifice. Ainsi la masse globale n'a pas de poids !

Si les étages intermédiaires et suprême ne ressentent pas la pression exercée par les étages plus nombreux, ils n'émettent pas les contre-pressions nécessaires au bon équilibre général ; nous avons affaire alors à une société de veaux et boeufs, en dehors de notre analyse. Plus simplement ils créent du poids par leur inertie et contribuent tôt ou tard à la ruine de l'édifice.
Cette mise en pression (doléances) suscitant la contre-pression (intérêt) des pouvoirs ne s'équilibre que dans la bonne gouvernance. C'est aux pouvoirs à adapter leur intérêt aux attentes des peuples du pays puisqu'il est dit que "le droit du prince naît du besoin du peuple" (Boutang ou La Tour du Pin).

Comme on le voit sur la figure, la pyramide, soumise à la gravité, est ouverte sur son destin et momentanément fermée par le roi (ou par le principe monarchique). Les contre-pressions d'équilibre véhiculées de la pointe à la base sont celles du Bien Commun, dont le concept aujourd''hui défraîchi doit infuser toute la société par le moyen de l'éducation, publique et familiale. En fait tout est là ; le champ moral est le seul lieu d'effort garantissant l'équilibre des tensions. Que vienne à diminuer la contre-pression du Bien Commun, c'est à dire un désintérêt des puissants, et la pyramide ne peut contenir son poids, explose, ou bien la bonde est expulsée. La pyramide se vide en désordre vers un néant. Elle s'écoule comme du sable tant qu'on ne l'a pas stabilisée, soit par la consolidation des pyramides intermédiaires, soit par une nouvelle bonde.
C'est bien ce qui s'est produit à la Révolution. La départementalisation de décembre 1789 (83 pyramides intermédiaires) étaient indispensable pour consolider la monarchie vermoulue que le second Ordre fuyait, on y intégra même un nouvel ordre éthique un an plus tard, celui des prêtres jureurs ; et finalement quand on eut tout essayé, on revint à la bonde avec Bonaparte et les trois ordres anciens appelés autrement.

Le système féodal qui avait précédé, était constitué de pyramides de tailles diverses liées et agencées dans la même direction pour constituer un ensemble complexe. Chaque pyramide intérieure de quelque importance disposait des 3 ordres et devait équilibrer ses propres tensions afin de ne pas peser sur l'ensemble de la construction. C'est la théorie applicable aux purs esprits. Certains grands seigneurs furent des "gestionnaires" avisés et les peuples en ont gardé un bon souvenir ; ils ont des plaques de rue. D'autres n'ont pas compris le schmilblick de la pyramide inversé - Werber n'était pas encore né - et le malheur s'abattit sur leurs possessions pour se communiquer parfois à tout le pays.

pyramides féodales
Si chaque pyramide féodale trouvait son équilibre par l'interaction des pressions et contre-pressions, la cohésion de la pyramide globale pouvait être perturbée par des agendas "corporatistes" transversaux agissant en dehors de la discipline interne à chaque pyramide. Les équilibres s'annulaient ouvrant la porte au Désordre et à la ruine de provinces entières, au simple motif idéologique. Mais si l'orgueil, la vanité, la bêtise voire le stupre, prirent parfois le pas sur la bonne gouvernance, le retour à la paix et au développement passa chaque fois par une remise en harmonie des trois ordres au sein de chaque pyramide particulière, et globale, si celle-ci avait été touchée. La pyramide ultime, celle du pouvoir suprême, avait la responsabilité de discipliner ces forces transversales conjurées pour les remettre dans le bon axe et ramener la paix du royaume. Quand le roi n'y parvint pas, il se mit en péril et avec lui toute la nation.

Illustration avec ce qui se passe de nos jours ?

La IIIè République s'est occupée à détruire la pyramide impériale qui s'était affaissée sous le poids de son incurie stratégique pour la remplacer par des réseaux de vertu civique et de concussion. La IVè, traumatisée par l'avènement du maréchal Pétain, ne voulait pas reformer de clef de voûte, ni même un Etat viable pour retrouver le souvenir d'un certain ordre. Il a fallu attendre 1962 et la reconstruction menée par un seul homme d'un semblant de pyramide sociale. Si l'Ordre dynamique (les chevaliers d'industrie) se mit en rangs encadré par un Plan et doté de financements abondants, l'Ordre éthique ne fut jamais convoqué à la reconstruction. Pire même, et faute de code moral autre que la revendication inlassable, on laissa diffuser dans la société les ferments de la destruction de l'Etat : le trotskysme et ses avatars nombreux. La cohésion recherchée par De Gaulle dans le triomphe du Verbe ne fut jamais parfaite, même si les peuples appréciait un retour aux Règles, et le "poids" du Tiers non compensé manqua de ruiner l'ouvrage en 1968.
Chevauchant des chimères existentielles, individualistes, hostiles à la société elle-même, on avait oublié le Bien Commun. Celui qui pouvait porter l'éthique au sommet avait proclamé : "l'Intendance suivra !".

Dès le départ du pharaon Giscard d'Estaing qui s'était pris au jeu de la bonde, le peu de valeurs qui avait survécu au naufrage gaulliste, disparut et avec elle le souci de l'avenir des générations futures. Le pouvoir socialiste et ses affidés dévorèrent littéralement le capital accumulé par la Nation pour une consommation immédiate. On peut rapprocher cette avidité aveugle de la brutalité du pillage barbare qui détruit aujourd'hui les récoltes qui pourraient le nourrir demain ! Les Ordres renouèrent avec le corporatisme ancien pour se tailler des "fromages" et se défirent du souci d'ensemble, passant au citoyen-moyen la patate chaude de la responsabilité générale vers une harmonie promise et jamais vue. L'électeur souverain était condamné d'avance par une convocation qui le dépassait. Qu'importe, l'idéologie dictait sa loi ! Le Tiers fracturé en tous sens rechercha alors une pointe de pyramide avant même d'en comprendre la construction et choisit le plus solide apparemment. Chirac ! La pyramide alors se remplit d'air !

Sur les conseils de l'Ordre second, l'industrie, la finance, et leurs courroies de transmission, la presse, les télévisions, les chambres de commerce, celles de métiers, celles d'agriculture et les intellectuels convertis, le Tiers vient de choisir cette année le principe autocratique qui doit servir de bonde. A charge pour le prince de faire diffuser les contre-pressions nécessaires à contenir le poids des revendications des catégories blindées, et celles de leurs syndicats campés sur les privilèges acquis.
On leur oppose astucieusement l'équité, l'intérêt général, la justice, l'avenir de la Nation, celui des enfants, le drapeau, etc., tous arguments moraux à la limite du gros mot. L'on voit bien qu'il y a un certain changement, au moins par le fait que les organisations ouvrières et professionnelles en tous genres, pendues dans le vide de l'impopularité, demandent à négocier.

Si l'Ordre éthique n'est pas reconstitué de jure dans le Sarkoland, sa fonction est prise en compte par l'Ordre dynamique. Sauf qu'il y a confusion grave des genres. Les acteurs économiques sont immergés dans un monde impitoyable où se dessinent les contours d'une guerre globale déclarée par les empires renaissants. Nos capitaines économiques devront s'affranchir des préceptes moraux et "faire à la guerre comme à la guerre". Les conflits d'intérêts entre leur posture éthique et la réalité du combat sont inévitables. Donc leurs messages valorisant le Bien Commun s'affaibliront fatalement, et les "contre-pressions" avec !

Par ailleurs, les pyramides intermédiaires de notre société que représentent les collectivités locales et régionales sont la proie du corporatisme transversal de l'Ordre second et d'une foultitude de parasites associatifs qui les ignorent sauf à les utiliser sans vergogne, à leurs frais.

La pyramide sarkozienne ne tiendra pas.
La "bonde" n'a pas la culture politique suffisante pour gouverner selon des principes éprouvés et s'en tient au "simple bon sens", ce qui dans l'état de déclin du pays n'est pas suffisant. Par ailleurs le régime oblige le chef de l'Etat à rester en campagne électorale permanente (on l'a vu ailleurs avec Tony Blair et George W. Bush), ce qui le contraint à un certain clientélisme, antonyme du bien commun, même s'il se proclame sincèrement le président de tous dans un élan hégémonique.
Mais surtout, le président n'a pas une durée suffisante devant lui pour faire aboutir les réformes indispensables, du moins choisir les gouvernements susceptibles d'oeuvrer en longueur sur un axe défini !
Enfin, la fébrilité de son action, si elle plaît bien aux gens qui sont contents d'avoir du neuf à regarder sur TF1, n'augure pas de la profondeur de réflexion nécessaire et laisse planer le doute que le "penseur" du programme est ailleurs qu'à l'Elysée. A moins que ce soit monsieur Guéant, le Richelieu de Sarkozy.

Pourquoi se satisfaire d'une pâle imitation de la monarchie au lieu de demander le vrai principe, celui qui a construit cette nation ?

Sous quelque forme que ce soit, il faut d'abord revenir aux Ordres, en privilégiant l'Ordre premier, celui de l'Ethique. A défaut, lestés de nos déficits structurels et moraux, nous disparaîtrons dans les sables mouvants de la mondialisation.


Réponse de l'Encyclopédie du savoir relatif et absolu (B. Werber) :
« ... en les diposant en une pyramide, posée sur un miroir. »

mercredi 19 septembre 2007

Diplomatie et rigueur

L'idée du G7 fut de Valéry Giscard d'Estaing qui avait intégré que la gestion et l'impulsion d'un Etat étaient assurées, voire même incarnées, par une personne humaine, et qu'il était important que les hauts responsables du monde puissent apprendre à échanger librement leurs idées afin d'éviter autant que possible le jeu dangereux des incompréhensions stériles ou infondées.
G7 (modèle de Rambouillet (1975-76)) = les États-Unis, le Japon, l'Allemagne, le Royaume-Uni, la France, l'Italie et le Canada.
La Fédération de Russie de Boris Eltsine (na zdorovie!) sera invitée à rejoindre le G7 en 1998.

Le principe de convivialité a été dévoyé par Jacques Chirac en raout de copains invitant tout l'immeuble pour s'excuser du bruit. La convivialité studieuse des débuts laissa ainsi la place au staracamédisme, et les réunions furent l'occasion de distribuer des bons points à certains pays extérieurs au G8 en les conviant sous les sunlights à l'heure du pot d'adieu. On y a même vu l'Algérie de monsieur Bouteflika (PIB-06: 114000M$ derrière la Roumanie).
Le G8 n'en reste pas moins essentiel dans les temps que nous abordons et mériterait de revenir à la formule originelle à 6 ou 7, voire 9 mais pas plus, car au-delà la table ronde ressemble à une piste de cirque. Il y a pléthore de ces enceintes de défoulement dans les organisations internationales pour ne pas en créer une nouvelle. Il faut toutefois y intégrer la Chine de plein droit sans tarder.

Dans ce "G8" recentré la France a-t-elle sa place ? Autrement dit, l'effort diplomatique français du quinquennat sarkozien est-il assuré de quelque retour sur investissement ? Car finalement les hommes d'Etat se rangent entre eux dans un classement quasi-scolaire sur la grille de tri correspondant au sujet débattu. Et celui qui n'est pas au niveau requis n'est pas écouté à la Table Ronde.
Le tableau ci-dessous permet d'utiles comparaisons.

CLASSEMENTS COMPARES PIB - COMMERCE - DEFENSE
- en milliards de dollars us -
payspib
2006
paysexport
2005
paysdéfense
2005
monde
u.e.
u.s.a.
japon
allemagne
chine
u.k.
france
italie
canada
espagne
brésil
russie
inde
corée
mexique
australie
pays-bas
turquie
belgique
suède
suisse
48 245
14 527
13 202
4 340
2 907
2 668
2 345
2 231
1 845
1 251
1 224
1 068
987
906
888
839
768
658
403
392
385
380
monde
u.e.
allemagne
u.s.a.
chine
japon
france
pays-bas
u.k.
italie
canada
belgique
h. kong
corée
russie
singapour
mexique
taiwan
espagne
arabie
malaisie
suisse
n.s.
1328.3
969.9
904.4
762.0
594.9
462.0
402.4
382.8
367.2
359.4
334.3
292.1
284.4
243.6
229.6
213.7
197.8
187.2
181.4
140.9
130.9
monde
u.e.
u.s.a.
chine
russie
u.k.
japon
france
allemagne
inde
arabie
corée
italie
australie
brésil
canada
turquie
israel
pays-bas
espagne
taiwan
indonésie
1000?
n.s.
420.7
62.5
61.9
51.1
44.7
41.6
30.2
22.0
21.3
20.7
17.2
13.2
13.1
10.9
9.8
9.7
9.7
8.8
8.3
7.6
NB : Les chiffres d'exportations ne concernent que les biens à l'exclusion des services.

Commerce des dragons :
Hong Kong : réexports 272.0 + exports secs 20.1 = 292.1
Singapour : réexports 105.1 + exports secs 124.5 = 229.6
Les sources statistiques sont de la Banque Mondiale, l'OMC et du Arms Control Center


Sur le plan de la richesse produite nous ne sommes plus au niveau où nous avait laissé Louis XVI. D'accord ! Nous participons au recul général de l'Europe face à l'émergence d'empires immenses, avatars modernes de monstres économiques anciens qui faisaient déjà la loi quand nous n'étions que des provinces exotiques de l'Empire romain. Il faut faire avec !

Si notre richesse va rétrograder au classement mondial par une croissance anémique que nous ne retrouverons plus - notre économie tourne au ralenti - nous restons un acteur très visible dans le commerce mondial puisqu'en 2005 nous cumulions les 5° et 6° places. Ce qui n'est pas si mal avec 60 millions d'habitants seulement et les 35 heures, mais ce sont les données brutes qui comptent, sinon la Suisse ou le Luxembourg commanderaient tout le monde. Nous allons descendre l'échelle mais à nous de descendre lentement en attendant l'embellie d'une forte consommation de ces territoires surpeuplés.
Mais si les marchés intérieurs de la Chine et de l'Inde n'explosent pas assez vite pour absorber une plus grande partie de leurs productions nationales, l'invasion de leurs fabrications, qui d'ailleurs montent en gamme, va nous rétrograder encore plus vite dans le classement, et diminuer donc notre visibilité relative.

Reste le troisième classement pris en compte par les hauts responsables. Les dépenses militaires ou l'effort préparatoire à la guerre. Il faut raisonner ici aussi en données brutes. Israël est le plus offensif rapporté à sa population et à son budget, mais ne représente que peu de choses dans le classement mondial, surtout si on lui retirait la carte américaine.

La France se défend assez bien, en statistiques. Une partie d'ailleurs de nos exportations est de source militaire. EADS avec Eurofighter participe au contrat fabuleux signé par les Anglais avec l'Arabie séoudite. C'est son classement militaire qui a fait entrer la Russie au G7. Et c'est sans doute le nôtre qui pourra nous y maintenir, si nous avons les moyens de continuer.
Or nous sommes en grand péril selon les derniers rapports transmis à monsieur Morin, notre ministre de la Défense. Beaucoup de matériel en panne, des retards nombreux dans les programmes d'équipement, aucun succès notables de nos arsenaux et manufactures à l'exportation qui soulageraient l'amortissement des frais de développement d'armes. Qui avait dit au nouvel an : " Un deuxième porte-avions ? Avec quel argent ? La majorité [d'alors, ndlr] pousse une espèce d'énorme rocher, composé de nos engagements budgétaires, qui fait qu'on continue à annoncer des programmes et à vouloir investir, tout en poussant devant soi une énorme masse de choses non financée " : Hervé Morin, conseiller spécial de François Bayrou !

Il n'aura jamais les fonds du second porte-avions, dès lors qu'on refuse de cloner purement et simplement le premier. Il se dispute déjà avec les Dassault Bros sur le prix "exorbitant" des Rafales. Et le dossier "Armée modèle 2015" est surtout travaillé dans l'exigence du meilleur rapport possible pugnacité-prix, sauf que les crédits de recherches militaires appliquées ne suivent pas. Alors on risque bien de revenir à un format d'armée plein de vent du modèle "Jospin", et fatalement nos amis du G8, G9 ou G14 s'en rendront compte. Alors autour de la table ronde, il déposeront les écouteurs de traduction et reliront leurs notes quand la délégation française prendra la parole. La parole c'est toujours de l'air !

En conclusion, il y a urgence à mettre de l'ordre dans nos affaires budgétaires pour sauver notre place prépondérante (mais déjà indue) à la Table des "grands", et pour ce faire, réformer en profondeur l'Etat omniprésent et impotent, et notre système de liens sociaux ; dans l'esprit de ce que la Dame de Fer avait fait en Grande Bretagne. Autant dire que les jours prochains vont être durs pour les classes moyennes faibles !
Nous avons trop attendu la convocation de l'Histoire et c'est notre régime "médiatique" qui est chargé de pratiquer la saignée du malade !

mardi 18 septembre 2007

Histoires stratégiques

globe terrestre la nuit
Dans son blogue royaliste d'analyses et commentaires de l'actualité, le professeur Chauvin dénonce une nouvelle fois à l'occasion de la rentrée, cette fable quasi-institutionnelle colportée par les programmes d'histoire de l'Education nationale, qui veut que la démocratie dans laquelle nous vivons [soit] l’achèvement d’un processus entamé il y a 2500 ans, processus inexorable menant à une véritable « fin de l’Histoire » (selon Fukuyama - ndlr) dont nous serions les contemporains ? En somme, de démontrer qu’il n’y a qu’un sens à l’Histoire, un « sens unique » dont celui qui s’écarterait serait un ingrat ou un dangereux « antidémocrate ».

N'ayant pas d'élèves, mais un seul élève au lycée, mon fils, je mesure cet "évolutionnisme" congénital des maîtres qui rédigent les programmes. Lui faisant remarquer à propos des déclarations un peu fumeuses de l'attelage Fillon-Kouchner sur la guerre iranienne annoncée, qu'il fallait dépasser les mots et les postures et aller au fond des choses pour comprendre que les centrifugeuses d'enrichissement d'uranium doivent impérativement s'arrêter de tourner en Iran à peine d'ouvrir la porte de l'enfer atomique ; et donc qu'il était normal de rallier les américains même si nous n'aimions pas du tout l'administration en place, car ils étaient notre seul allié de référence. Il me fut répondu que le monde évoluait, les situations internationales avec ! Que les choses étaient plus compliquées qu'au sortir de la Seconde guerre mondiale - ça me ravit - et qu'on devait d'abord négocier des compensations, la guerre étant la plus mauvaise des solutions ...
Dacia trading
De quoi s'agit-il ? Un état réputé pour son instrumentalisation de la mouvance terroriste, état que je distingue de la nation persane, déclare par la voix de ses deux chefs, le référent suprême et le pantin démocratique, qu'Israël doit être éradiqué de la géographie du Moyen-Orient. Au même moment il acquiert à grand frais des milliers de centrifugeuses pour enrichir du combustible nucléaire au niveau nécessaire à la production d'une bombe atomique, et parallèlement développe des fusées balistiques capables d'atteindre toutes les cibles de sa zone d'effort. Si ce n'est pas un programme de guerre, qu'est-ce donc ?

Comme le métal de l'alchimiste se transmute quoiqu'il fasse en plomb mort, l'évolution des moeurs internationales devrait aboutir à une pacification générale des nations adultes, et l'on doit apprendre aux autres le chemin à suivre pour rejoindre ce new age « démocratique et consumériste » sur le manège enchanté de la Mondialisation.

Bien sûr l'occupation américaine de l'Irak plaide contre l'envahissement d'autrui, mais pas vraiment contre la guerre qui fut gagnée en un éclair. Saddam Hussein, capable de produire des armes de destruction massive menaçant les monarchies pétrolières et Israël, avait dit beaucoup de mal de ses ennemis, les provoquant sans retenue, ignorant peut-être que ses généraux avaient mangé les crédits d'armements en allant aux p... filles. Il a été retiré de la table des nations adultes, et cette menace a disparu.

La coexistence des nations, pacifique si possible, n'est pas l'aboutissement d'une évolution naturelle des moeurs internationales mais le résultat d'échanges permanents dans des structures adéquates de "trading" d'intérêts réciproques. La France participe à la plupart d'entre elles. Elle n'a plus eu à se battre depuis la fin de la décolonisation, sauf à régler des questions ponctuelles ci et là, qui aucune ne la menaçait.
D'ailleurs les temps qui ont précédé le nôtre ont connu des périodes de paix organisée se défiant de tout progrès de la morale civique, mais bâtissant quelque sorte de maisons communes où chacun venait dire sa vérité et actualiser le rapport de force. N'eut été l'impérialisme des Huns de Prusse, le Congrès de Vienne (1815) garantissait pour longtemps la pax europa pour une Belle Epoque qui aurait duré. Aujourd'hui le Conseil de l'Europe et dans un autre but l'OSCE tendent à border une longue paix européenne. Hélas les nationalismes balkaniques et caucasiens n'ont pas adhéré au concept, et les Etats-Unis usent de leur avantage momentané sur l'ancienne Union soviétique pour débander son glacis stratégique, ce qui est une grave erreur.

Il n'y a pas évolution irrémédiable, mais adaptation permanente. Le régime politique occidental au sein duquel se débattent ces questions n'est pas plus immunisé contre les "adaptations" que l'échiquier international. La démocratie n'est pas la panacée, même si elle est un bien à protéger aux étages de conscience politique où elle est la meilleure formule de paix civile.

Si les prises de positions françaises frisent la rodomontade au vu des moyens que nous ne pourrons jamais aligner et de l'état piteux de nos finances publiques - il manque beaucoup de nerfs pour tresser le knout -, il faut saluer la surprise du dessillement, inédit depuis Munich (1938), qui nous change tant de la diplomatie de camaraderie globale et vaine du prédécesseur.

L'Histoire n'a pas de sens. Comme le dit Monsieur Chauvin, la Liberté inscrite aux frontons de la République doit s'exercer dans la curiosité et profiter des connaissances mises à disposition sur les rayons des bibliothèques et sur la Toile. Le curieux y comprendra le jeu des rapports de force inter-nations et l'exigence ardente d'une vraie souveraineté réclamée par les défis du temps. A lui aussi de chercher les vecteurs de la vraie souveraineté sans avaler le prêt-à-penser souverainiste.

Les jeunes monarchistes de l’Action Française avaient, l’an dernier, collé de multiples affiches dénonçant la « matrice républicaine » : les programmes d’histoire en sont l’un des plus parfaits exemples. (JP Chauvin - 16.09.07) On peut aussi les contourner et apprendre par devers soi.


Quelques ressources disponibles en ligne, en français :

vendredi 14 septembre 2007

Propagande des idées

Suite de notre billet du 9 septembre 2007.

Si d'appeler à renforcer la propagation des idées royalistes sur Internet frise l'incantation gratuite du moment que la propagande de masse est considérée par certains caciques du roi comme un exercice vain, s'inquiéter publiquement de classer les idées propagées en fonction des publics ciblés et des différents étages de l'agit'prop politique vous met dans la poche un billet pour Sainte-Anne : une école de pensée au centre du Mouvement s'y emploie depuis cent ans et plus ! Sans grands résultats. J'entends la sirène de l'ambulance.

L'offre politique royaliste est spécifique, et quoiqu'en pensent les licteurs de la Vraie Foi, elle n'est pas le résidu de combustion du nationalisme intégral. On peut la résumer en quelques lignes, et voici ma définition personnelle :

Le royaliste reconnaît le roi comme la clé de voûte des trois ordres boréens dont nous évoquons rapidement les origines :

Premier Ordre : les prêtres, passeurs de l'inexplicable, théosophes, philosophes, gardiens du sceau humain qui nous distingue du reste de la Création, ou de l'Evolution (au choix). La conscience de notre périssabilité, la consolation ou la consternation de notre éternité. Chez les peuples européens, cet ordre ne commande pas au second. De nos jours ce rôle est dévolu aux intellectuels ou maîtres à penser, à ceux qui connaissent l'infinitude de l'âme, et aux Juges de tous ressorts. C'est l'ordre éthique.

Second Ordre : la société aristocratique élargie, celle des hommes libres, à la fois guerriers et propriétaires fonciers qui formeront la cité grecque à partir du VIe siècle avant notre ère, ou bien les Thing germanique et scandinave, plus tard la Table ronde des Celtes. C'est l'ordre représenté aujourd'hui par les entreprises structurées, véritables personnes morales publiques ou privées, qui normalement doivent sélectionner à leur tête les meilleurs afin d'exercer le "pouvoir de l'excellence" (aristos kratie). C'est l'ordre dynamique.

Troisième ordre : la société laborieuse et aujourd'hui démocratique qui sert de liant à l'ensemble, assurant la cohésion de ce que l'on peut appeler une nation, dont la richesse se mesure à sa diversité et à son foisonnement. Cet ordre le plus nombreux se nourrit aujourd'hui de l'espérance d'un échelle sociale accessible aux meilleurs. Il est demandeur de sens moral. C'est l'ordre qui justifie les deux premiers.

Arbitrant les Ordres, le roi en ses conseils.

On représente parfois la société hiérarchisée comme une pyramide, mais dans son amusante Encyclopédie du savoir relatif et absolue le roi des fourmis, Bernard Werber, représente la pyramide sociale posée sur sa pointe.
pyramides de Werber
La charge de responsabilité et de mise en pression gravitaire s'accroît au fur et à mesure qu'on progresse de rang en rang vers la pointe. La pyramide est stable tant que s'exercent les contre-pressions nécessaires provenant des strates responsables, que l'on peut englober sous la notion de "Bien Commun". Cessez les contre-pressions, et les rangs supérieurs les plus nombreux écrasent les étages intermédiaires, puis les étages du bas : l'ouvrage enfle puis explose pour finir en Anarchie, au mieux en démocratie d'opinions, dans tous les cas en Désordre. L'illustration est intéressante car très visuelle et on pourra la développer dans un billet à suivre pour grand public, intitulé "les pyramides de Werber".

Comment vendre de l'ordre à nos concitoyens ? Sans doute pas en convoquant des arguments sécuritaires, trop de monde se bouscule sur ce domaine très "populaire" ! Laissons les tribuns de préaux à leurs triques. Nous vendrons l'Ordre social par l'harmonie nationale, celle qui se conjugue en justice, bienveillance et pardon, valeurs chrétiennes (mais pas seulement) appartenant au premier Ordre ; valeurs que nous voudrons appliquer à "toute" la nation.

Si la bienveillance et le pardon sont des vertus d'exercice que le pouvoir traduit par la maxime "fort avec les faibles et faible avec les forts", il y a beaucoup à dire sur l'injustice systémique de notre société, non pas tant au niveau des codes ou de l'intime conviction des juges, qu'à celui de la condition inéquitable faite au plus grand nombre. Dans un entretien très libre lors de la sortie de son livre "Le passeur de miroir", le comte de Paris dénonçait à titre d'exemple l'accaparement du foncier national par l'Etat et par les organismes financiers qui le suivent, et l'asservissement des agriculteurs aux banques. Les choses se sont gâtées depuis par la généralisation de la précarité libérale.

Au plan des idées c'est pire. Dans le domaine des pouvoirs civils, on ne s'étonne plus de la dictature d'une faction produite par le système électoral républicain qui oblige à "compacter" les opinions politiques en grands partis pour pouvoir exprimer des choix, voire exercer des responsabilités. Que représente le "coeur nucléaire" du moteur de l'UMP - celui qui gouverne vraiment - rapporté à l'ensemble des formations politiques déclarées ? Quelques pourcentages ! Les sociologues commencent à décortiquer les leviers qui ont propulsé M. Sarkozy jusqu'à l'Elysée. Ils s'apercevront vite que l'équipe victorieuse a amplement joué sur l'effet démultiplicateur de ces majorités relatives organisées en poupées russes, à l'image de la construction de la holding Bolloré qui reste un cas d'école en droit des sociétés. Avec quelques pourcents sur une base très réduite vous franchissez les 50% en fin de trajectoire (100% x51% x51% x51% = 6,77% de mise initiale).

Tout cela ne fonctionne qu'à condition d'organiser les libertés, dont le foisonnement disperse les masses gérables. Or de ces libertés quelle est celle qui compte vraiment dans le domaine du ressenti : la liberté essentielle du citoyen. Au delà d'assurer convenablement sa subsistance avec, au sein de son Ordre, une égalité raisonnable des chances sur la ligne de départ, puis d'entreprendre ses activités de sa propre énergie sans contraintes autres que morales, sa liberté est de proclamer ses idées sans crainte d'être écouté, dénoncé. Des gouvernements, des dynasties même sont tombées pour n'avoir pas protégé cet exutoire naturel de l'homo sapiens, surtout en France. Cette liberté est de nos jours gravement entamée par le formatage des opinions qu'on appelle pensée unique, et la marchandisation de tous les accès à la Communication, même si Internet commence à fissurer le bloc du Fric qui s'en inquiète et cherche des motifs de contre-feu.

Mais le prince d'Orléans dénonçait aussi le désarroi moral d'une société qui a rompu avec les valeurs anciennes, même "antiques". Ces valeurs de base ne sont pas ringardes, même si certaines mises en application le sont. Avantager la cellule familiale sans attaquer l'individualité est possible. Redonner au couple homme-femme sa fonction d'énergisation vitale de la société, à l'image du couple Isis-Osiris de l'Egypte disparue, ne doit pas signaler un combat contre les orientations sexuelles d'une catégorie humaine qui participe au lien social par d'autres talents. Favoriser un rapprochement avec la sphère céleste n'implique pas que "mon dieu [soit] plus grand que le tien !".

On peut dérouler ainsi les chapitres et déboucher sur la synthèse institutionnelle qui met ces partitions en musique, qui ouvre le champ des libertés individuelles dans une structure sociale cohérente et éprouvée. Le schéma de l'Alliance Royale, avec l'organisation des pouvoirs régaliens et publics, ses trois ministres d'Etat et ses conseils de magistrats, a un premier mérite : celui d'exister. Sans concurrence aucune puisque les autres chapelles se méfient de tout schéma. J'en ai fait une présentation dans des billets précédents qu'on se procurera en cliquant ici.

Si l'on part du postulat que la monarchie est un régime politique avant que d'être un mode d'organisation sociale, voire une "façon de vivre", on peut rester à l'étage institutionnel en ne développant que l'explication des pouvoirs régaliens, l'affect populaire sous-jacent, sans descendre au niveau des questions sociétales. Celles-ci doivent être traitées par des partis, royalistes, qui auront le souci de défendre certaines moeurs et certaines lois du domaine public au bénéfice des catégories qu'ils représentent. Laissons à la monarchie l'essentiel et libérons le débat pour tout le reste.

Ce qui veut dire en clair qu'interférer dans la question monarchique avec la messe de Pie V, l'avortement, l'islamisme, l'euro, la chasse aux grives, le mariage des folles et l'euthanasie, c'est se tromper d'étage, et donner du pain béni à nos contradicteurs, qui sont ravis de saisir les verges qu'on leur tend. A ce propos, qu'est-il resté dans l'Opinion des discours de Jean-Paul II sur la revalorisation morale de l'espèce humaine ? Des histoires de capote ! Méfions-nous donc de l'instrumentalisation de certaines positions périmétriques par les porte-voix rémunérés de l'Establishment contre tout le reste de notre discours politique, le coeur du projet.

Cela ne veut pas dire que le spirituel doive être déconnecté de notre propagande, au contraire. La monarchie sans sa dimension spirituelle n'est qu'un miroir aux alouettes (Henri d'Orléans). Mais ne tombons pas non plus dans les bénitiers. Tout le spirituel que consomment nos neurônes n'est pas que dans l'Eglise de Rome. L'important c'est une certaine transcendance qui nous arrache à la glaise originale :

« Notre monde ne sera pas sauvé par des savants aveugles ou des érudits blasés. Il sera sauvé par des poètes et des combattants, par ceux qui auront forgé "l’épée magique" de Ernst Jünger, l’épée spirituelle qui fait pâlir les monstres et les tyrans. » (Dominique Venner)

Licteurs de la Vraie Foi, laissez un temps vos grimoires d'un siècle gros de guerres et de malheurs, et venez construire l'offre politique de demain. Vous êtes convoqués au progrès de la création continue sur les bases actuelles et futures de notre monde qui est à des années-lumière du siècle fini, à défaut de quoi vous serez comme Ruth, changés en statues de sel.
Amen.

jeudi 13 septembre 2007

Les grands orgues d'Evreux

Les 14 et 15 septembre prochains vont être les 24è journées européennes du patrimoine. Elles privilégient cette année les métiers "patrimoniaux". Mais le patrimoine n'est pas seulement le legs des générations disparues, nous devons y contribuer à notre tour. Ca tombe bien.

L'orgue de la cathédrale d'Evreux a été reconstruit magnifiquement par l'association des AMis des ORgues de la Cathédrale d’Evreux (AMORCE) et l'Etat à parité, pour un coût de 2,2 millions d'euros. Cinq grands concerts gratuits sont programmés du vendredi 14 septembre (demain soir, hâtez-vous !) jusqu'au dimanche 28 octobre. Cliquez sur les dates pour le programme. Pour info, le billet de train aller-retour Paris-St.Lazare - Evreux coûte 30,60€ plein tarif et le trajet dure 1h10, largement de quoi épuiser le dernier AF2000.







Le nouvel orgue à portes d'éclipse remplace un grand orgue hollandais un peu juste en puissance, qui a été transféré dans une église espagnole de Cantabrique en 1999, église gothique du XIIIème siècle de Castro Urdiales, un édifice dont la dimension beaucoup plus petite que celle de la cathédrale d'Evreux, devait permettre d’obtenir une audition meilleure. L’inauguration de ce grand orgue remonté en Espagne eut lieu le 24 mars 2001.

L'oeuvre du facteur Pascal Quoirin a été reçue en juin 2006 à Evreux par une inauguration administrative, un concert, suivi d'un empoussiérage général de l'édifice ; mais la véritable naissance de cet orgue commence avec la série de cinq concerts qui couronnent en majesté quinze ans d'efforts de l'AMORCE.

Les orgues de la cathédrale d'Evreux ont déjà toute une histoire.
cathedrale d'EvreuxC'est en 1549 que Gabriel Le Veneur de Tillières, évêque d’Évreux, fit don à sa cathédrale d’un grand orgue. L'instrument assuma sa fonction pendant deux siècles en suivant la courbe naturelle de son dépérissement. En 1774 l'état de la machine et du buffet était si mauvais qu'on dut lancer une réfection complète. La composition rapportée au contrat de réparation mentionnait 44 jeux, 4 claviers et pédalier. Au diable l'avarice, surtout dans une cathédrale, et pour 6000 livres on ajouta en 1776 de nouveaux tuyaux afin d'obtenir une grande machine de 51 jeux, comparable au magnifique orgue Clicquot de Poitiers.

Les horreurs passent, et en 1841, l'évêque Nicolas Théodore Olivier marque son avènement à la tête du diocèse par la construction d'un orgue de choeur. On le considéra alors comme le plus grand orgue d'accompagnement de France. Pendant ce temps, l'érosion des bois et fers faisait son oeuvre sur le grand orgue de nef un peu oublié, et en 1874, lors de la restauration des parties hautes de la cathédrale, il fut démonté, stocké, oublié, pour finalement disparaître à tout jamais.

Les guerres passent. En 1937, on transforma et agrandit l'orgue de choeur pour pallier l'absence du grand orgue d'autrefois. Mais le 11 juin 40 (quelle guigne!), un bombardement incendia des maisons entourant la cathédrale, incendie qui se propagea aux voûtes de l'édifice. L'orgue de choeur tant vanté passe à travers l'outrage.

En 1971, on décida l'achat d'un orgue d'occasion en Hollande, à Delft, en attendant une solution (ou les sous pour une solution) avant de remonter un orgue digne du lieu. Ce n'est qu'en 1990 que se créa l’AMORCE dont le but était de faire reconstruire un grand orgue de haute qualité à Evreux. La décision de donner un orgue neuf à la cathédrale fut quand même le fait de l'Etat, propriétaire de la cathédrale en vertu des lois de captation de 1905.

La signature d'une convention passée entre le ministère de la Culture, le président du Conseil régional, le président du Conseil général, le maire d'Évreux et la cheville ouvrière, Guy Le More, président de l'AMORCE, intervint en 1994. Jean-Louis Debré étant député, conseiller général et municipal, yavépuka !

Royal-Artillerie s'est fait un plaisir de rédiger ce billet pour diffuser une bonne nouvelle qui réchauffe les cœurs bien au-delà de la Normandie. En ces temps de conquête maure, nous attrapons au vol toute consolation qui passe.


chiffre de Quoirin
l'orgue fermé

mercredi 12 septembre 2007

Vauban chez Lys de France

statue de Vauban

Deux conférences Lys de France le mercredi 26 septembre 2007 :

I.- Arnaud d'Aunay


"Vauban, génie maritime"
A l'occasion du tricentenaire de la mort de Sébastien Le Prestre, maréchal de France et marquis de Vauban.

Le peintre Arnaud d’Aunay est un descendant direct de Vauban. Il transcrit avec ses pinceaux et sa plume sa passion pour l'histoire. Il est l’auteur d’un carnet consacré à son aïeul : "Vauban, génie maritime".
De ses voyages, il nous rapporte des carnets exotiques comme ...
"Les Indes françaises, Pondichéry, Chandernagor, Yanaon, Karikal et Mahé"
"Au fil du Mékong, de Saïgon à Angkor"
"Napoléon : Empereur des îles, Empereur d'exil" : ce livre est le catalogue d'une exposition de ses peintures, qui se tient jusqu'au 17 septembre à la galerie André Macé, 266 rue du Faubourg Saint-Honoré, Paris 8°. Il n'en oublie pas pour autant sa terre natale avec ...
"Vézelay, colline d’éternité"
"Escales d’Artistes, de Dieppe à Saint-Valery-en-Caux".

Il expose aussi jusqu’au 30 septembre à la galerie Katia Granoff à Honfleur.


II.- Père Pierre Blet, s.j.


Professeur émérite de la Pontifica Accademia ecclesiastica a publié chez Via Romana à Versailles :

"Richelieu et l'Eglise"
Le livre est présenté brièvement ici dans la colonne de droite -->.

La soirée sera passionnante.

Rendez vous à 19 h 45 précises, mercredi 26,
chez les "Soeurs de l'Enfant-Jésus du Mans"
(Salle au sous-sol)
3, rue Antoine Bourdelle, Paris XVe
M° : Montparnasse (sortie N° 12 - Pl. Bienvenue) / Duroc / Falguière
Bus : 89, 91, 92, 94, 95, 96

Entrée : 6 € (adhérent : 4 €)
La conférence sera suivie d'une vente-dédicace autour d’un verre de l'amitié.


blason LDF
Le dimanche qui suit (30/9/07) Lys de France organise une visite commentée de Saint-Louis des Invalides.

Saint Louis des Invalides
Rendez-vous 129, rue de Grenelle, Paris VIIe
M° : Invalides, Varenne, Latour-Maubourg - RER : Invalides - Bus : 28, 49, 63, 69, 82, 83, 87, 92.
Le nom du conférencier sera communiqué plus tard.

Participation : 18 € (adhérent : 16 €)

A paraître incessament sous peu La Lettre Royale de Lys de France réservée aux adhérents de l'association. D'autres rendez-vous Lys de France sont annoncés sur leur site http://www.royal-info.com/.

bandeau de la Lettre Royale de Lys de France

Bravo à Nicolas Chotard.

dimanche 9 septembre 2007

Bataille des idées

manif CPELes pouvoirs établis ne craignent en temps de paix que deux choses, les révoltes publiques surmédiatisées et la subversion tranquille de leur socle de valeurs. Certains, moins attentifs à leur pérennité qu'il ne faudrait, ne s'inquiètent que de l'une OU de l'autre. On peut comparer deux modèles actuels de gouvernement des peuples qui n'ont plus qu'un seul axe de surveillance de leur destin, le modèle chinois et le modèle français.

Le pouvoir chinois avait identifié deux dangers pour sa survie dans ce domaine très exposé à la critique de la "conscience internationale", la répression des laissés-pour-compte de la globalisation d'une part ; et d'autre part, la propagande des opinions nuisibles sur le Net.

Dans le premier cas, c'est affaire de maintien de l'ordre et la Conscience internationale qui se méfie des jacqueries spontanées, compatit en silence ; dans le second cas ils ne peuvent combattre l'épidémie que par le confinement des malades traités aux antibiotiques judiciaires, ce qui présuppose un corpus juridique adapté, mais qui peut servir de base solide à une dénonciation internationale.

Pourquoi donc l'administration chinoise tend-elle le bâton judiciaire pour se faire rosser ? Parce que la lutte des idées est prépondérante, et d'expérience, les communistes experts en bourrage de crâne et lavage de cerveau, connaissent la question sur le bout des doigts. Le désordre des esprits fut et reste le plus menaçant pour le régime, bien plus que les hiatus économiques qui jettent à la rue d'immense cohortes d'ouvriers licenciés par les combinats publics ou de paysans affamés par la cupidité des cadres locaux du Parti. Les idées peuvent coaguler parfois en grandes manifestations périlleuses pour un pouvoir bien établi et de nos jours elles se déplacent à la vitesse de la lumière. Nous ne citerons que deux noms qui font encore tousser dans les salons feutrés de la nouvelle Cité interdite de Zhong Nanhai : Tian An Men et Falungong.

manif Falungong
Tian An Men ne fut pas qu'un Woodstock estudiantin en 1989 autour de la statue en carton-pâte de la Démocratie. La fièvre de la Perestroïka toucha jusqu'aux employés des corporations d'Etat et de certains ministères qui désertèrent leurs bureaux pour aller débattre et faire la fête avec les jeunes. Il y avait partout à Pékin une odeur de Mai 68. Le Parti lui-même se fracturait car Zhao Ziyang, Secrétaire général du PCC, prenait fait et cause pour les étudiants et la Réforme ! Les hiérarques de la Longue Marche firent donc monter une division blindée de province pour écraser toute cette "chienlit". De Gaulle avait eu le même réflexe en 68 mais Massu avait refusé d'activer le plan "Bâton Bleu". Le 4 juin 1989, les chars écrasèrent les chairs mais ne purent vaincre l'esprit de Tian An Men puisqu'il faut le débusquer encore sur le Web et mettre en ligne pour y parvenir des milliers de fonctionnaires zélés.

Falungong fut bien plus grave. C'est une secte puissante qui travaille dans le champ mental. La Wikipedia vous en dit plus. L'alarme fut sonnée à Zhong Nanhai quand une manifestation pacifique entoura les ministères en 1999. Le pouvoir suprême s'aperçut que nombre de cadres moyens et supérieurs des corporations et du Parti avaient adhéré. Des cellules locales de méditation, respiration, entraide philanthropique contrevenaient au principe de la grille communiste. Là encore la dérive s'observait au plan des idées, des croyances, des émotions. La répression si elle évita la barbarie de 1989, n'en fut pas moins brutale et complète. Les adeptes de Falungong furent purement et simplement désocialisés jusqu'à la mort civile.

En France c'est pareil quoique juste l'inverse. Le souci de la révolte bruyante prime celui de la subversion intellectuelle d'autant qu'on n'en ressent aucune chez les Renseignements Généraux, à part le prosélytisme islamiste.

chien lisantLe pouvoir en place depuis le mois de mai se targue d'avoir gagné la bataille des idées, sans doute pour faire chic, car on voit bien que le corpus doctrinal sarkozien est très mince et le moteur de l'action gouvernementale essentiellement appuyé sur le ressort médiatique. C'est la bataille des médias que ce pouvoir a gagné, pas celle des idées.
Le champ des idées est curieusement déserté par tous depuis cette "victoire", comme si elles avaient péri dans le tumulte de la bataille électorale. Les quelques-uns qui en conservent ont rallié la ploutocratie au clairon et forment aujourd'hui quelque sorte de Conseil d'Etat privé du souverain. A côté de lui, ce sont des alibis sans idées préconçues qui vont au Conseil des ministres ; ces ministres sont pris en tenaille entre le cabinet Guéant qui siège à l'Elysée tranche et coupe, et ces commissions d'experts du Conseil d'Etat privé activant les meilleurs éléments du Parti socialiste ! Des idées ? S'ils n'en ont pas besoin pour l'instant, nous en avons, nous, de reste et de trop ! Il faut livrer !

N'entendant pas plus loin que l'idéologie libérale du Reader's Digest, notre chef d'Etat super-décontracté n'est pas attentif aux mouvements d'idées, contrairement au pouvoir chinois constipé et craintif qui les guette en permanence. Par contre l'insoumission corporatiste au programme de bonheur sarkozien total malgré nous le dérange, l'étonne, l'inquiète. Au premier frisson de grève ou de manifestation d'envergure, le gouvernement des alibis plie les gaules, s'excuse et reporte aux calendes, en privilégiant toujours la mise en scène de ses décisions de ne rien décider. On va le constater pour la réforme des régimes spéciaux qui sont une insulte au monde du vrai travail. Esquivons ! La fronde de la magistrature gronde, on va négocier peut-être sur une base indiciaire à la limite de la corruption sur les grilles de traitement, comme on le fait pour vendre à la FSU la réduction modeste des effectifs de fonctionnaires de l'Education nationale. Mais la vraie question est toujours "où est la caméra ?".

Après le conseil-spectacle de Strasbourg, MAM va jouer au ministère de la Police dans des baraques Algeco posées sur la place Bellecourt de Lyon. A quand les réunions de la Chancellerie à Fleury-Mérogis avec FR3 et les réunions du SGDN en immersion profonde avec le SIPA ? Pendant le déroulement du spectacle qui doit forcément durer cinq ans à peine d'effondrer toute l'entreprise, soyons sérieux, nous, poussons nos idées.

neuronesLe pouvoir craignant surtout l'insurrection du secteur protégé de 1995 qui a vaincu un des plus braves du sérail (A. Juppé), se désintéresse de la fermentation des esprits. Dans les revues on ne surveille que les photos. Il y a donc un boulevard pour le mental ! Le champ intellectuel disions-nous, est déserté par les activistes de la profession, tous les acteurs qui d'ordinaire s'y engagent sauf quelques purs, ont fui vers les prébendes. Ne restent en fonction que des universitaires qui compilent dans leur coin. Plus d'idées en débat qui encombreraient l'espace d'échange d'images ? C'est le moment d'être nous-mêmes : Avançons les nôtres !

Adroitement liées dans un souci de cohérence, l'expression de nos idées doit être "digeste" et diffusée au plus large, toujours dans le but d'acclimater la monarchie dans l'Opinion. Pour cela, il faut rédiger un schéma institutionnel bien argumenté, mais lisible par le vulgum pecus dont je suis - ce qui me permettra de juger le niveau de persuasion de la propagande - schéma que l'on portera à la connaissance du plus grand nombre. En l'état des contributions financières au mouvement royaliste, et pour son efficacité prouvée ailleurs, le véhicule désigné est Internet.

Mais Internet est un océan de possibilités. Le faisceau de communication sur la Toile doit être choisi après une analyse poussée des voies et moyens offerts par ce véhicule, analyse qui doit être confiée à un groupe de travail de vrais professionnels.

Laissons donc de côté la musculation pour le moment - le pouvoir est en phase d'acquisition de données sur tout ce qui peut se passer dans la rue - et investissons plutôt le champ mental. Dans l'histoire du mouvement il n'y a jamais eu de relais aussi puissant à disposition que celui représenté par Internet aujourd'hui. Mais si l'accès y est donné à tout un chacun, le succès n'y est promis qu'aux initiés et aux persévérants. A suivre ?
CRS

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