Affichage des articles dont le libellé est Grèce. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Grèce. Afficher tous les articles

lundi 13 juillet 2015

Über alles et de beaucoup

Le drame hellène qui se joue au niveau des institutions européennes révèle des constantes de fond. Que le rideau tombe sur un happy Ending ou sur un chaos sanglant, la vraie nature des pays impliqués est apparue. Comme le disait Raymond Queneau : « Ce qu'il y a de constant sous l'écoulement de la durée, le lit du torrent des phénomènes internes, c'est la substance.»

Il n'y a pas photo pour les PECOs. Tous les pays de l'Est sans exception sont vent debout contre la Grèce à leurs yeux paresseuse, gouvernée aujourd'hui par des communistes et autres trotskards qui puent. Ces pays ont subi le gouvernement communiste et connaissent la dialectique du double et triple langage. Le retour dans le monde libre leur a coûté très cher, et s'ils voient la lumière du jour au bout du tunnel, ils ne vont pas se le laisser boucher. Dans les PECOs sont la Bulgarie et la Roumanie, deux pays misérables au niveau de vie inférieur à celui de la Grèce mais qui ne mouftent pas puisqu'ils ne seront jamais dans l'Eurozone si les critères sont maintenus. Ils sont bien conscients quand même que l'argent englouti à Athènes n'ira ni à Sofia ni Bucarest.


Viennent ensuite les pays latins. Ce sont les philhéllénistes... jusqu'à un certain point, car tous sont malades, même si l'état d'agravation ou de rémission est différent pour chacun d'eux. Parmi ces pays (Portugal, Espagne, France et Italie) c'est la France qui pose problème à cause de sa taille et de ses déficits chroniques (triple déficit¹). L'incapacité de sa classe politique à réformer une République pachydermique qui a enfanté l'Etat le plus invasif du monde après les références cubaines ou nord-coréennes, est un must. Même en Chine vous avez plus de liberté qu'en France si vous ne vous occupez pas de politique. Or c'est le grand cancéreux qui veut prendre le "lead", et de posture avantageuse en mine réfléchie devant les caméras, le meilleur rôle que la pièce va nous laisser est celui de Reine des Gitans. Nous aurons tout fait pour !
L'Espagne dynamique veut raccrocher les wagons avec l'Allemagne ; l'Italie, c'est l'Italie.

Les pays actifs non zonés, Royaume-Uni, Royaume du Danemark, Royaume de Norvège (∈EEE), Royaume de Suède observent le massacre et identifient parfaitement le risque... français, la Grèce étant peanuts à l'échelle du continent depuis que tous les investisseurs institutionnels et bancaires se sont débarrassés des bons et obligations grecs (après cent milliards de retructuration à leur frais, on peut les comprendre).

Reste le gorille de neuf cent livres dans le coin de la pièce, qui ne dort jamais. Ceux qui ont suivi la propagande française de ces derniers jours auront entraperçu que la délégation française gesticulait beaucoup, mais pour son opinion intérieure, car les photos et vidéos montrent que tout le monde nous sourit et personne ne nous parle ! Le gorille a fait le service minimum en venant à Paris. Cela devra nous suffire, car l'Allemagne a d'autres soucis que de jacasser avec un élu local.
Pour la première fois de son histoire d'après-guerre l'Allemagne a toutes les décisions entre ses mains. Elle crée de la stratégie, elle ne la subit plus. L'Allemagne n'est telle que bismarckienne. Elle n'est pas rhénane, goethique ou bavaroise, son Etat qui la structure est poméranien ! Où est la Prusse est l'Allemagne. Merkel, Schäuble et Gabriel ne jouent pas le destin de l'Europe ; ils jouent celui de l'Allemagne revenue. Jean-Luc Mélenchon ne s'y est pas trompé qui a débondé sa haine du Boche dès qu'il a compris qu'il ne pourrait plus rien contre eux. C'est assez minable de sa part, mais n'empêchera rien.

Déjà ailleurs... !


Le train de la France est passé. Nous en avons englouti les promesses que donnait le plus beau pays du monde dans une gabegie phénoménale nourrissant le fameux millefeuille des intérêts bunkérisés ; nous saignons à milliards dans un modèle qui fait rire ; nos représentants sont des ploucs qui n'ont aucune autorité naturelle, aucune aura, et que personne n'écoute, à l'exception près de la négociation iranienne dans laquelle Laurent Fabius est très actif (il fut premier ministre à l'époque). C'est tout !

Nous regardons maintenant passer le train des autres comme des vaches dans le pré.
Très corrézien !


(1) Le triple déficit est le cancer généralisé : déficit budgétaire, déficit des comptes sociaux hors-budget, déficit commercial.

lundi 6 juillet 2015

La Grèce dans l'Alliance


Quelque soit le résultat du référendum grec - que nul ne peut prédire avant comptage des bulletins - il est un nouveau chapitre qui va s'ouvrir et ajouter au désordre, c'est celui de la géopolitique. Par sa position centrale et avancée au sud, la thalassocratie gouverne toute la Méditerranée orientale, zone de conflits ouverts (Syrie, Libye) et de conflits latents (Liban, Palestine, Egypte). Elle contrôle aussi le débouché des Détroits.


S'il n'est pas admissible pour les acteurs majeurs (USA et OTAN) que les armées grecques puissent s'effondrer derrière l'économie voire la société grecque, se posera néanmoins la question des soldes, des soutes, des vivres et munitions et de la maintenance. Qui paiera en se substituant à l'Etat cachexique ? Les Etats-Unis n'y comptent pas venir et poussent l'Union européenne à mettre un mouchoir sur la trésorerie de la dette grecque, les enjeux stratégiques dépassant pour eux la mort de quelques créanciers imprudents. Car le loup est aux portes de la Thrace : la Russie surveille !

Eh oui ! Le rêve éveillé du Kremlin n'est-il pas de faire aux Etats-Unis le coup du berger à la bergère ? Cerné de partout, à son tour de passer dans le dos de l'Alliance, en obtenant par exemple en Thessalie une station navale en remplacement de la base de Tartous menacée par l'issue fatale du conflit syrien. Et plus si affinités. Affinités ? Elles existent ! La Grèce et la Russie ont la même religion d'Etat, constitutionnelle ici, simplement pratiquée par le pouvoir là-bas. Des alphabets cousins. Une imprégnation communiste indéniable (qui avait déclenché en Grèce le coup d'Etat des colonels du 21 avril 1967). Et, dit en passant, c'est pareil avec la Serbie.

- Le croiseur russe Pietr Veliki -

La Grèce a déjà des intérêts alternatifs, sans même prendre en compte sa marine marchande - la première du monde¹ qui contrôle 16% du tonnage mondial - et sa diaspora commerçante établie partout en relais. Les apôtres de la rupture le savent bien, qui surestiment quand même le ressort ethnique de la nation, le virus de l'Etat-providence a fait d'irréparables dégâts : donnons en esprit le pays des six mille îles aux Chinois pour observer la différence de développement en seulement vingt ans ! Le petit laboratoire du Pirée est éclairant.

On ne peut laisser dans l'ombre le handicap historique de productions commerciales insuffisantes qui obèrent l'émergence d'une véritable économie, qui vend surtout... du soleil et de la pierre ponce² !

- Mykonos -

Tout ceci pour dire que les calculs d'actuaires ne décideront rien aujourd'hui ni demain quant au sort réservé à la Grèce, même si le référendum emportait un gouvernement de petit pied, impuissant à jamais créer l'Etat que le pays attend depuis... 190 ans et (nous sommes sur Royal-Artillerie) que la monarchie fut incapable de construire ! On pardonnera au tandem Tsipras-Varoufakis de n'avoir pu y atteindre, seuls. On ne leur pardonnera pas d'avoir jeté les administrateurs étrangers qui s'y attelèrent avec un début de succès.

C'est le défi géostratégique qui va commander la suite des événements. On va beaucoup parler de tout ça dans les bureaux de l'Alliance, à Bruxelles, Norfolk, et au Pentagone d'abord. Poutine fera-t-il escaler demain un de ses beaux croiseurs dans le Golfe de Salonique ? Juste pour voir l'effet produit ?

OTAN - frégates grecque et turque de conserve -

Incapables de régler la question par eux-mêmes, comme dans la Guerre de Yougoslavie, les trois pays majeurs de l'Eurogroupe (Al, Fr et It) vont recevoir incessamment sous peu l'ordre du jour de nos parrains américains : « Absorbez votre problème à vos frais ! La vieille Europe nous gonfle.» Sauf que deux d'entre-nous sont en phase ultime de gangrène gazeuse.

(1) Selon Clarksons, classement en tonnage armé par le pays quelque soit le pavillon en poupe. En nombre de navires, seul le Japon est devant.
(2) L'article très bien fait de la Wikipedia nous économise un paragraphe fastidieux mais il ignore quand même les armateurs.


samedi 1 décembre 2012

Une deuxième chance pour Athènes

Wolfgang Schaüble
La Grèce est sauvée. Contrairement à ce qu'annonçaient les faiseurs d'opinion teutoniques, le parlement a voté pour éponger sa dette afin qu'elle ne dépasse plus 123% de son PIB en 2020. La Bundesbank est donc sommée d'appliquer les décisions prises à Bruxelles, ce à quoi elle se refusait jusqu'à hier matin. C'est le volontarisme du gouvernement Samaras et la constatation de résultats tangibles bien qu'un peu minces qui ont décidé les députés conservateurs à rejoindre la Chancellerie et le SPD dans un vote clair et net : sur 584 députés présents en séance au Bundestag ce vendredi, 473 ont voté en faveur du plan Merkel, 100 ont voté contre (dont 23 CSU de la coalition gouvernementale) et 11 se sont abstenus, prouvant s'il en était besoin qu'ils n'ont rien à faire là, s'abstenir est illisible. Frank-Walter Steinmeier, chef du SPD au Bundestag, critiqua vertement les retards répétés à proportionner le service de la dette héllène aux capacités de l'économie grecque, car il ne sert à rien d'espérer aucun jus d'une pierre. Lundi dernier encore, le ministre des finances Schaüble voulait attendre les élections fédérales de septembre pour remettre une partie des dettes à la Grèce, puisant dans la poche du contribuable allemand le manque à gagner. Il s'est converti d'un coup d'un seul ! La nouvelle n'a pas tardé à courir les rues d'Athènes et de Thessalonique : le pays obtient des "nazis" une deuxième chance et peut désormais s'en sortir.

L'argument de fond déployé par Wolfgang Schaüble est que si passer l'éponge coûte effectivement des sous aux Allemands, sortir ou laisser sortir la Grèce de la zone euro en coûterait tant et plus encore. On perd un peu au lieu de perdre beaucoup, mais on préserve l'avenir pour se refaire une santé sur la bête grossie plus tard. Il lui en a fallu du temps, mais d'un autre côté, son souci du contribuable l'honore. Les dispositions communautaires réglant les modalités deviennent secondaires. Le ministre des finances grecques, Yannis Stournaras, se prépare à lancer un programme de rachat de sa dette sur des bases sûres afin d'amorcer le contrôle de son évolution. Lire Les Echos pour des détails.

Il est intéressant maintenant de savoir combien les mesures d'aide à la Grèce, approuvées à Berlin, vont nous coûter à nous, les observateurs. Selon La Tribune, «dans le cadre du premier plan de sauvetage initié en 2010, la "Greek Loan Facility", la France a prêté -en plusieurs tranches- 11,389 milliards d'euros à la Grèce. La dette brute de la France a augmenté de ce montant, puisque l'Etat français a dû emprunter pour pouvoir prêter à la Grèce. La France reçoit de la Grèce des intérêts supérieurs à ceux qu'elle pays pour emprunter sur les marchés: c'est la "prime de risque", censée rémunérer le risque pris par la France en s'exposant à la possibilité d'un défaut de la Grèce. "La facture pour la France de la diminution de 1% du taux d'intérêt que la France va recevoir de la Grèce sur les prêts bilatéraux est une diminution de recettes de 113,8 millions d'euros par an", estime Eric Dor, directeur "Recherche" de l'IIESEG School of Management, Université Catholique de Lille.»
Il n'en demeure pas moins que le risque pris par les Etats accourus au chevet du grand malade s'accroît et se rémunère moins bien qu'avant, aggravant la qualité de leurs comptes. Les ristournes décidées au niveau de la Banque Centrale Européenne et sur le service des bons grecs détenus par les banques centrales nationales valent pour la Banque de France 1,4 milliards d'euro. Par ailleurs l'adossement du Fonds européen de stabilité financière (FESF) dans lequel nous sommes pour 21,86%, accroît notre risque héllène de 16 milliards, ce qui n'arrangera pas nos affaires chez les agences de notation qui commencent à nous prendre en grippe (sur les conseils de Warren Buffett).

Comme l'Allemagne, nous devons tabler sur des échanges futurs avec une Grèce revenue à raison et guérie, qui rattraperont les sacrifices consentis aujourd'hui. Ce qui n'est pas gagné en l'état de nos capacités exportatrices. A Athènes, Antonis Samaras a dorénavant les coudées franches pour, non pas réformer, il n'y a rien à réformer, mais construire un Etat moderne, ce qu'entendent faire les autorités locales depuis leur indépendance arrachée aux Ottomans en 1822, il y a cent quatre-vingt-dix ans ! On verra bien. Un peu de confiance ne nuit pas, comme s'est forcé à l'avouer Schaüble.


Antonis Samaras heureux


mercredi 10 octobre 2012

Grexit ?

Terminal COSCO du Pirée
Il est trois "peuples de la mer" dans l'Union européenne, les Danois, les Hollandais et les Grecs. D'autres se mouillent sans "s'embarquer" comme la France ouverte sur quatre mers qui ne se défera pas de son fonds paysan quelque soit l'estran futur.
Il est à signaler que les Hollandais, anticipateurs de catastrophes nés, de par leur vie dans un batardeau géant, ont fait les comptes de leur lointain alter ego pour n'y trouver aucune planche de salut. La Grèce va quitter l'Eurozone et/ou mourir. Les grands bataves internationaux tels que Philips, Unilever et Heineken démontent donc leurs trésoreries athéniennes sans encore plier les gaules car l'heure du Big One n'est sue que de Dieu ou de Magus Anus.
Ces rois des moulins ont déjà envoyé 7,6 milliards d'euros aux Héllenes et sont convoqués à miser 40 milliards sur le MES (Mécanisme européen de stabilisation) dont 4,6 Mds cash et 35,4 Mds mobilisables à première demande (source). Pour des gens qui travaillent beaucoup dans la pluie et le vent, ça fait beaucoup d'argent pour que les Grecs bronzent ! Quand ils ne bronzent pas, ils défilent ! Ce sont du moins les images qu'ils nous renvoient.

Si la Chancelière de Prusse et son féal normal de France assurent à l'envi que les Grecs sont eurozonés ad vitam aeternam, de nombreuses voix pas moins autorisées doutent de tout quant à ce pays sans économie, qui n'exporte que du soleil. C'est maintenant les "gens du FMI" qui disent à haute voix qu'une dette à 180% du pib est insoutenable, surtout si la confiance des marchés dans la santé financière des pays européens (zonés ou pas) s'effrite, comme on le craignait à la dernière réunion du Fonds à Tokyo, ce qui relèverait le coût de résorbation de cette dette.

Il est un seul signal encourageant. Une frange de la population a jeté ses acquits aux orties et s'en est allée... travailler ! Des fois que ça marche à la fin. C'est ainsi qu'un reportage télévisé montrait, pour s'en offusquer bien sûr, les darses du Pirée à moitié vides. En fait, le terminal national est vide, et le terminal chinois est plein. Et parole fut donnée aux représentants syndicaux des dockers - une race de seigneurs comme chacun sait - pour qu'ils dénoncent les infractions au code du travail à la darse travaillante. Les coolies grecs interviewés ont paru peu pressés de répondre au contrôle médiatique, affairés qu'ils étaient aux chariots et aux portiques pour une vraie fiche de paie. Les mauvaises langues disent que les écoles du soir de chinois qui se sont ouvertes en ville refusent du monde. C'est horrible de pousser ainsi les gens à la sueur, du néo-colonialisme, chère médème, le retour du Grand Turc ! Et le pire est à venir.

Si les Grecs s'en sortent par un surcroît de travail moins bien payé qu'un poste de fonctionnaire, que vont devenir ces derniers qui, par le reflux des conditions socio-économiques, vont apparaître gras et lents dans un paysage peuplé de maigres agités ? Du lest ! Les salaires ne remonteront pas tant que la masse salariale de la fonction publique n'aura pas été ramenée à la portion congrue, libérant ainsi des moyens de productivité. Le clystère sera-t-il mis au fondement des Français, Espagnols, Portugais et autres ? Il n'est jamais bon de prouver quoique ce soit par le travail ! Dès fois que les Grecs s'en sortent un jour et donnent tout faux à la communauté des "experts" ?




Bien calé derrière mon clavier chauffé au bois, nous répétons sous une autre forme ce que nous avions suggéré ci et , savoir que la Grèce s'en sortira par un Projet : un projet national d'envergure capitalisant sur les atouts du pays qui n'en a pas tant que ça. Pour que ça marche il faut que le Projet dépasse les intérêts du seul pays et embrasse ceux de toute la région. A cette condition, il captera des financements pour les investissements nécessaires. Bon à savoir : il y a beaucoup d'argent grec expatrié qui n'attend que la sûreté d'un placement utile au pays, et en face de la diaspora hellène des entrepreneurs internationaux qui, à l'image de COSCO, ont lu les cartes.
Ce projet ne peut être autre chose qu'une hégémonie maritime sur le bassin oriental de la Méditerranée, zone d'effort historique du vieil Empire d'Orient. Il suffira d'y mettre les formes, en rappelant qu'au tonnage mouillé l'armement grec conserve la première marine marchande du monde. On l'oublie toujours...
Quelques pistes :
  • Construction civile et réparation navale (ils ont déjà la plus grande forme de radoub et pas de concurrents sérieux)
  • Arsenal militaire régional
  • Production de mécanique navale avancée
  • Hub maritime¹ des conférences qui passent le canal de Suez
  • Siège d'armements mondiaux (ils existent déjà)
  • Centre d'écologie marine
  • Vos idées peut-être en commentaires ci-dessous...

Le Zim Luanda sous pavillon maltais de l'armement grec Danaos construit par Samsung en Corée



Puisse l'appel être repris par plus gros et plus lu que ce blogue de petit calibre.
Amen.


(1) Hub : point de convergence du cabotage régional vers les lignes de haute mer (feedering) ; et dans l'autre sens, point d'atterrissage des voyages océaniques pour éclatement des cargaisons vers les ports secondaires de la région (plus ici).


jeudi 29 mars 2012

L'Empathie des religions du Livre

Ce billet est soumis à une convention divine qui l'exclut de l'espace-temps. Tout y est actuel quelle qu'en soit la date puisque les "vérités "sont éternelles.

L'écume du communautarisme turbide retombe et le piéton de se sentir un peu comme le dernier des Mohicans car il ne sent pas sous ses pieds sa propre commmunauté. Les appels à la cohésion sociale sont des prouts médiatiques, il n'y a pas, et de longtemps dans notre beau pays, de cohésion sociale mais de multiples fractures. Et la fracture religieuse n'est pas la moindre. L'immigration effrenée de populations expulsées de chez elles par la crasse islamique a importé chez nous (ça veut dire quoi maintenant "chez nous" ?) la guerre fratricide des deux fils d'Abraham. Leurs descendants nourrissent leur querelle d'un contentieux millénaire sur des disputes de nomades dont le débat ne nous a jamais tenté. Leurs histoires sont emplies de tumultes au désert, de décapitations, égorgements, sacrifices rituels, massacres de masse, martyrs de toutes façons et les plus horribles d'abord, pour dévier d'un côté sur les ambigüités du message évangélique primant les pauvres et les malades sur toute régime de civilisation dans l'ordre ; le sentiment prime la raison ; et finir de l'autre côté en assujétissant les consciences à des rites minutieux et des imprécations mortifères visant à l'éradication d'autrui, du moins sa mise en servitude. Quels programmes !

La greffe
Fille des civilisations grecque et latine, la France a été déviée de ses axes par la dictature des codes sémitiques importés par l'Eglise catholique. Chez les peuples de la forêt, des rus à milliers et rivières languides, des fontaines-oratoires et des champs blonds ou verts, jouissant d'un climat tempéré par un soleil doux, ami des bêtes et des gens, chez les peuples des montagnes et des vastes plaines qui labouraient l'épée à la ceinture et se nourrissaient sans tabou du fruit de leur travail, on a transplanté dans leur imaginaire l'aridité du désert stérile et brûlant, la mythologie d'un peuple barbare "élu", inconnu, content du joug de préceptes obscurs, incapable d'exprimer une civilisation autrement que par l'écriture. A quoi s'ajoutèrent le récit de mœurs bédouines en forme de paraboles, et pour emblème spirituel, un cadavre accroché au bois de supplice dont on raconte chaque année la terrible Passion. De Son destin cruel, voulu par les hommes de ce temps, là-bas, nous devons nous repentir, ici ! Nous naissons coupables et resterons pécheurs toute notre vie, sans quoi nous n'obtiendrons aucune commisération du Ciel ! Le convoi de bateleurs, de prophètes, de nécromants, d'agités et d'agitateurs sans patrie (C. Maurras, Anthinéa) est sinistre, mais le voyons-nous tel qu'il est ? Il accompagne la fureur des conquêtes inexpiées des deux autres livres, ancien testament et coran, conquêtes que les temps modernes associeraient à des génocides. Un regard étranger à notre hémisphère est frappé de sidération quand il accède à nos fondamentaux exotiques. Pour un bouddhiste, l'affaire commence par la culpabilisation de l'humanité coupable de curiosité, et finit après des torrents de sang - la Bible n'est que meurtres - par le martyre de main d'homme du Dieu révélé aux hommes, dont on mange le corps en souvenir, sous forme d'hostie, pour en prendre de la force, comme les Papous consommaient leurs valeureux vaincus ! L'empreinte mentale est si forte qu'aucun chrétien ne réagit à ce raccourci.

L'hégémonie et ses disputes
Des générations inlassables cherchant à établir leur pouvoir sur les âmes n'eurent de cesse de vouloir anéantir le « miracle esthétique et politique de la thalassocratie grecque » dans son universalité dangereuse ; de détruire la propension humaine à défier son destin tragique par la certitude de pouvoir changer les choses en modelant le monde par ses codes propres ; en étant son propre médiateur entre sa race fille du Ciel et les contradictions vulgaires de la Terre, une définition de la philosophie. Marquer la "Création" de sa propre métaphysique en construisant l'ordre sur le chaos naturel, c'est de l'autonomie, un blasphème. A défaut de parvenir à extirper complètement les résistances, les dictateurs de conscience récupérèrent la partie utile de la grécité pour la propagande de la "nuit" judéo-chrétienne. Puis vinrent les guerres de religions... on y retourne !

Il n'est pas étonnant, après que leur pouvoir ait été gravement entamé pendant la seconde moitié du XX° siècle en Europe, que les hiérarques du clergé chrétien soient en osmose aujourd'hui avec ceux des deux autres religions cousines, jusqu'à faire consciemment le lit du communautarisme honni pour sauver leur propre communauté.
Les trois religions du Livre veulent imposer leur propre fonds comme socle social, socle sur lequel seront assis leurs particularismes. La vieille religion catholique quand elle put dominer s'est imposée par le fer et le feu chaque fois que sa progression était entravée ou ses acquits menacés. La religion judaïque vaporisée par l'Empire romain a préservé son identité par de nombreux ancrages disséminés partout et elle sut prendre des gages dans certaines professions mieux adaptées au génie de ses ouailles, jusqu'à nos jours en politique, dans les médias et les cercles d'influence ; la dernière venue, ou revenue, le religion musulmane, revendique la liberté d'impacter les us et coutumes de territoires où elle est majoritaire - définition de la démocratie locale directe - en y versant les codes sociaux extraits de son livre de prières ; la plus à la traîne parce que la plus combattue par l'athéisme maçon, la religion catholique, ne s'oppose pas à cette sécularisation active des deux autres, pensant y regagner un jour la sienne propre.

Le communautarisme final et son désordre
Il faut ouvrir les yeux, lire les précautions sémantiques des faiseurs d'opinion, le communautarisme est là, à l'anglaise, définitivement. La République a échoué, le communautarisme va la détruire. Par le jacobinisme, elle a brisé une fédération de terroirs liés par une forte identité nationale dont les croyances importées font partie. Afin d'imposer la dictature égalitaire du gouvernement des atomes-individus, plus faciles à influencer avec une propagande rodée, elle a déclaré la guerre à la religion dominante qui la contrait depuis la Révolution, pour finalement plier le genou devant l'assaut d'autres mœurs exogènes qu'elle n'a pas voulu convertir aux nôtres puisqu'elle les refusait. Vide de sens inné, la République accapare des valeurs naturelles essentielles qu'elle fait siennes, mais qu'elle ne sait pas défendre parce que ses règles sociales tracées sur la comète sont contradictoires comme les ordres criés sur le chantier de la tour de Babel. La République d'aujourd'hui sécrète le désordre.

Elle laisse voir à marée basse le chaos de ses infrastructures morales, culbutées l'une par-dessus l'autre. Et tout au fond du paysage, deux centaines de Mohamed Merah, le pois-chiche ravagé de haine, reçoivent cinq-sur-cinq le prétexte de leur non-intégration pour se déchaîner et faire le dernier film de leur vie. La société exonère d'avance les imams de toute assignation pour manipulation des imbéciles, en inventant un mot qui les décharge de toute responsabilité : l'auto-radicalisation. Il fallait y penser.

Il n'y a pas de solution politicienne,
il faut retourner à Athènes


mercredi 22 février 2012

Au bord du gouffre...

...la Grèce doit sauter !

La première moitié de ce billet (police Times) est une contribution au débat sur le site de Frédéric Taddeï www.Newsring.fr, contribution postée le 17 février à la rubrique Monde. La seconde moitié est de géopolitique ; c'est donc celle que nous développons ici pour les lecteurs de Royal-Artillerie.

Papandréou avait eu la bonne intuition quand au sommet du G20 de Cannes il avait sorti son référendum du chapeau. Cris d'orfraies de la nomenklatura en charge de la pensée dominante à l'idée de pouvoir être contestée par l'un de ses souverains !
Le camp des sceptiques grandit chaque jour en Europe du Nord quant au pronostic. Et sans doute n'y a-t-il pas besoin de longues années d'amphitéâtre en économie politique pour douter qu'un pays sans Etat ni économie puisse survivre à la saignée des médicastres. Aussi le choix de nous quitter n'en est plus un pour la vieille nation.
Le peuple grec doit être "mouillé" dans le Saut par un référendum, après la description honnête de son avenir. La remise en selle aux législatives d'une classe politique douteuse ne résoudra rien. Certes, ce faisant, la Grèce plantera les banques, les zinzins¹ et les Trésors qui ont pris des bons grecs sachant le pays pourri, elle laissera une ardoise aux marchands d'armes (RFA), mais elle tarira le drainage de son propre sang par ses créanciers. Lui fermera-t-on l'accès aux marchés ?
Pourquoi irait-elle ensuite sur les marchés dès lors qu'elle n'a plus à faire les échéances ? Pour payer l'Etat au sens large chaque mois. Il suffit de trois choses pour y parvenir et elles ne peuvent se faire que par l'électrochoc du saut :
(i)- Etablir les rôles fiscaux et encaisser les taxes ; peut-être qu'une flat tax simplifierait la réforme.
(ii)- Lever de la rente perpétuelle à 3% auprès des capitalistes résidents ou d'outremer, essentiellement l'église orthodoxe et l'armement naval.
(iii)- Passer un traité d'alliance avec la nouvelle Russie orthodoxe pour obtenir des conditions privilégiées d'accès à l'énergie, et imprimer des drachmes à bon compte.
L'effet domino ?
Tous les analystes des banques et des zinzins le prédisent mais aucun économiste distingué n'y mettrait sa main au feu. L'économie grecque ou ce qui en reste, c'est peanuts au niveau de l'Union européenne, et il est idiot de mettre dans ce jeu l'Espagne et surtout l'Italie. Le FES peut aider le Portugal sans problème, et les Portugais sont bosseurs.
Les nations rieuses ne menacent pas les nations sérieuses. Schäuble a-t-il l'air menacé ?

La minute géopolitique

Disons déjà que du fameux "effet domino" la Grèce se tape si elle sort du schmilblick européen ! C'est le point (iii) qui est intéressant. A voir l'extrême méfiance des autres états européens à l'endroit du gouvernement grec et de sa fonction publique, on peut avancer que sera noyé sous les larmes de crocodile son largage de l'eurozone avec les conséquences sociales et comptables que l'on sait. Renchérissement de la Dette en euros, dévaluation vertigineuse de la monnaie de substitution, fermeture des comptes d'épargne et comptes courants, chômage de masse, généralisation du troc, assèchement des caisses publiques, émeutes, répression...). Il faut se rappeler l'Argentine, assujettie à une monnaie étrangère incontrôlable qu'était le dollar US.
C'est pourquoi la Grèce doit sauter pour sauver ce qui peut l'être encore en appliquant les deux recommandations (i) et (ii) ci-dessus. Et la bonne idée serait d'en prévenir le grand frère russe pour s'assurer du minimum vital qu'est l'essence. Le traité d'alliance qui - après les effusions spectaculaires de l'Orthodoxie - servira d'abord à financer les concours russes et mettra une base navale hellène à disposition de la Flotte de la Mer Noire, non pour escale mais pour stationnement et construction et réparation navales. Le rêve du Csar en eaux chaudes. Tout le paquet devrait être mis d'ailleurs sur la mer puisque la flotte commerciale grecque est encore la quatrième du monde (clic sur le rapport ONU 2011) avec 3213 navires et la première en tonnage avec 202388152 dwt. La mer, ce sont des chantiers navals pour servir toute la Méditerranée orientale, une vraie industrie de mécanique marine à créer avec les Russes, et bien sûr le tourisme que la moindre valeur de la drachme renflouera.
Il y aura sans doute deux ans de mauvais, où il faudra retourner son bout de pelouse pour y faire des légumes, mais rapidement le soleil ramènera les sourires et les Anglaises en shorty.

Ce renversement d'alliance aurait un impact régional conséquent. L'ami des Grecs sur zone est le Serbe. Orthodoxie, alphabet, ennemis communs (Albanie, Turquie), proximité mentale. La Serbie dispose d'une vraie industrie avec laquelle elle espère entrer dans l'Union européenne. La Grèce, avec son tempérament commerçant, peut être une aide significative dans la distribution serbe sur les pays méditerranéens, et en Afrique où les communautés grecques sont nombreuses et actives.
Le tout est de convaincre le peuple de jouer cette renaissance à pile ou face, par référendum, et de faire la nique aux proconsuls germaniques. Avec la composition politique du pays², le choix du Saut n'est pas impossible.
Dans la mesure où les experts présdisent pour nous faire peur que le défaut calamiteux dynamiterait les partis politiques (ce ne sera que justice) et où l'Etat cachexique devra reculer sur son domaine régalien abandonnant la solidarité à l'Eglise orthodoxe, il ne serait pas incongru de fermer la voûte de l'Etat reconstruit a minima par un chef d'Etat permanent délié des joutes picrocholines, un roi quoi !



(1) Les Zinzins : les investisseurs institutionnels, ceux qui ont accès directement aux adjudications du Trésor.
(2) « Le porte-parole du gouvernement a confirmé ce lundi 13 février la tenue d’élections législatives anticipées en avril prochain. Ce scrutin s’annonce mouvementé tant les équilibres politiques en place sont en train d’être bousculés par un peuple en colère. Et ce seront sans nul doute les élections les plus incertaines que la Grèce aura connues depuis la fin de la dictature en 1974. Car le bipartisme, qui a marqué la vie politique ces 30 dernières années, socialistes du Pasok d’un côté, droite de Nouvelle démocratie de l’autre, est en train de voler en éclats. D’après un sondage paru la semaine dernière, le Pasok est même passé sous la barre des 10% d’intentions de vote. Une chose est certaine, on va assister dans les prochains mois à une recomposition du paysage politique grec, où les partis de gauche, des communistes à la gauche réformatrice, pourraient jouer un rôle important. Ils n’ont d’ailleurs jamais été aussi haut dans les sondages. » (Stathis Kouvelakis, King's College, Londres)

Articles les plus consultés

Compteur de clics (actif)