lundi 28 décembre 2015

Saints Innocents

Lundi des saints Innocents ! Une sorte de fête nationale ! Ce peuple est tellement abruti* par son régime politique et social qu'il réclame de plus en plus fort l'intervention de l'Etat pour résoudre les problèmes créés par ce régime politique d'inspiration marxiste. Sauf quelques poches ailleurs qui résistent dans la misère, le modèle marxiste a été abandonné partout quand il s'est avéré plus efficace de libérer les énergies individuelles, même dans la très communiste Chine maoïste. Notre pays croule sous les normes et interdits et crée des milliers de bureaucrates pour leur production et pour veiller à leur application. Manque de pot, le génie français moderne a permis à ce que les strates politiques soient laissées aux mains des dits-bureaucrates qui - c'est humain malgré tout - défendent en premier lieu leur steak et leurs privilèges inéquitables. A tel point que quand les contributions des autres n'y suffisent plus, la caste au pouvoir emprunte à l'étranger l'argent nécessaire à sa perpétuation.

Avec un baril de pétrole sous les quarante dollars, un taux directeur de la Banque centrale proche de zéro, une inflation négligeable stabilisant les perspectives, nous sommes dans la période optimale pour engager les réformes de structure nécessaires au rétablissement de nos finances et à la relance de notre économie dans la liberté rendue à ceux qui créent. S'entend par là tous ceux qui créent, derrière leurs bureaux, aux tables à dessins, aux cadrans des machines. Au lieu de quoi, les préoccupations du pouvoir sont presque exclusivement politiciennes en ce qu'elles ne visent qu'à améliorer sa communication avec l'électorat en montant des alliances de rencontre sur le chômage, le contre-terrorisme, l'environnement, la régulation des mœurs. Parlons du chômage :


- l'hiver des magiciens -

Etant le seul pays européen à voir son chômage s'aggraver malgré une trituration éhontée des chiffres, il serait temps de dire qu'on a tout essayé de ce qui ne marche pas. Ayons la saine humilité d'aller voir ailleurs comment font nos voisins européens accablés des mêmes règles communautaires que nous dénonçons comme la cause de tous nos maux. Nous avons de part et d'autre du pays deux territoires similaires au nôtre et donc qui partagent la même problématique avec des nuances très pédagogiques. Est-ce si difficile d'y prendre ce qui nous conviendrait ? Regardons donc la Grande Bretagne et l'Allemagne.

En Grande Bretagne, le demandeur d'emploi est indemnisé à proportion des cotisations qu'il a payées durant les deux dernières années fiscales et touchera des indemnités pendant un maximum de six mois. Il doit venir au Job Center justifier sa recherche d'emploi tous les quinze jours et en cas de non-emploi au bout de treize mois, il prend ce qu'on lui offre. Le niveau moyen des indemnités est de 33%. Le niveau de chômage est actuellement en baisse à 5,2% (source Eurostat).

En Allemagne, il faut avoir cotisé douze mois les deux dernières années pour prétendre à une indemnité. La durée d'indemnisation est limitée à douze mois pour les moins de 50 ans. Celle -ci est en moyenne de 65% la première année et diminue les années suivantes à 50 puis 43 et 37%. Le demandeur d'emploi ne peut refuser un salaire inférieur de 20% à celui de son ancien job au bout de trois mois, puis 30% au bout de cinq et sans limite après 7 mois. Le niveau de chômage est stabilisé à 4,5% (source Eurostat). Il sera intéressant de voir l'impact des réfugiés orientaux dans les satistiques de 2016 et 2017.

En France, c'est évidemment compliqué et imprécis, ce qui laisse libre cours à la décision du bureaucrate au contact, comme d'hab. Il faut avoir cotisé 4 mois sur les 28 mois précédents (36 mois pour les plus de 50 ans) et l'indemnité tombe pendant 6 mois à deux ans (3 ans pour les plus de 50 ans). Le niveau moyen de l'indemnité est de 67% les deux premières années puis tombe à 30% jusqu'à la fin des droits (quatrième année). Le demandeur d'emploi est géré par l'agence Pôle-Emploi de son secteur et ne peut refuser plus de deux fois un "emploi raisonnable", sinon il est radié deux mois. Les formations sont en principe obligatoires et leur refus sanctionné. Le niveau de chômage est actuellement en métropole à 10,2% (règles BIT - source INSEE). La gravité de la situation a d'un côté assoupli l'application des textes, mais d'un autre côté les conséquences politiques de la dérive inexorable l'ont durcie.
Notons qu'en France comme en Allemagne il y a une zone statistique grise autour du chômage que l'on appelle ici les travailleurs pauvres. On en saisit une partie par les allocations Hartz IV¹ outre-Rhin et par le RSA² en France. En Grande Bretagne, les travailleurs précaires sont nombreux mais l'emploi à tout crin est une philosophie d'Etat, même s'ils ont un gros problème de paupérisation des enfants (1 sur 6).


S'affrontent donc deux philosophies de l'administration du travail : le pragmatisme anglo-saxon et les droits latins. Chez nos deux voisins le travail est moralement une vertu et doit être privilégié. Plus loin, aux Etats-Unis, il n'y a pas de sots métiers et on montre du doigt les oisifs. En Grande Bretagne comme en Allemagne on pousse à travailler même pour un petit salaire au motif qu'il vaut mieux être exposé "actif" sur le marché du travail que "contemplatif" derrière le mur des droits acquis. On peut convenir que le chômeur a plus de chances de décrocher quelque chose en partant chaque jour au (petit) boulot que de rester à se morfondre chez lui. D'un autre côté, il est plus sain de gagner peu en bossant que de recevoir peu en espérant, et le résultat est meilleur pour l'économie de la société si l'actif génère de la valeur ajoutée avant de consommer !

Les trois systèmes sont incitatifs, mais l'atonie de l'économie française pénalise plus ici le demandeur d'emploi, sauf à faire une recherche sur tout le territoire de la République (les emplois non pourvus sont nombreux) et à n'avoir ni préférences ou contraintes ni famille à charge. On en revient donc à la libération de l'économie, ce qui est le but avoué du ministre Macron qui passe pour le diable dans le bénitier socialiste. Incapable d'asséner une politique économique moderne à ses troupes planquées dans la fonction publique, fonction publique qui a accaparé le pouvoir législatif, le pouvoir ruse de réformettes en réformettes et malgré tout obtient des résultats : les autocars Macron (huons au passage le connard de Gironde qui lui met les accidents de la route sur le dos) ont créé mille emplois et transporté déjà 500.000 passagers en quatre mois. Le ministre qui ne vient pas de l'Administration mais de la haute banque, et qui a su gagner de l'argent de son propre jus de crâne, est convaincu que la contention des normes et contraintes de tous ordres déclenchera une reprise générale de l'activité et forcément un accroissement des offres d'emploi. Nos voisins l'ont prouvé.

Martinez, boss de la CGT
Ses plus farouches ennemis sont paradoxalement les syndicats ouvriers qui croient encore défendre leurs ouailles au travail en bloquant toute réforme alors que chez nos voisins, les syndicats, même très combatifs comme chez Lufthansa, sont des partenaires pro-actifs dans la gestion économique du pays. La libéralisation de l'économie française passe certainement par l'abaissement des syndicats généralistes et spéciaux. Mais ceci est un combat politique qui s'amalgame à un changement de paradigme puisque ils représentent des partenaires quasi-constitutionnels du régime en place. Détruisons la soviétisation du pays, nous sommes ridicules et on se moque de nous !

(*) On mettra à part ce matin le peuple corse qui n'envoie pas dire ce qu'il pense de l'Etat français :)

(1) Le dispositif Hartz IV allemand en cliquant ici. Il couvre 4.407.161 allocataires à fin juillet 2015.

(2) Le dispositif RSA en cliquant ici. Il couvre 2,23 millions de foyers allocataires à fin juin 2015.

samedi 26 décembre 2015

Boxing Day in Vènerie

26 décembre - Ouverture (jadis) de la chasse au renard chez les Rosbifs -

SUPPORT YOUR LOCAL HUNT ON BOXING DAY (clac)

Tout ce que vous vouliez savoir sur le Boxing Day sans jamais oser le demander se trouve sous ce CLIC !

Et chez nous Le Renard sonne comme cela :


courtoisie Chasses du Monde


lundi 21 décembre 2015

Du pacte à l'acte, un autre pacte !


Dans quatre jours, nous mettrons nos "petits" souliers dans la cheminée ou sous les boules du sapin. J'ai acheté de la neige en bombe au cas où la COP21 aurait échoué. Qu'attendre du Père Noël ? Des oranges et du chocolat.

Le vent mauvais des élections régionales à peine tombé que les politiciens professionnels s'entre-déchirent déjà sur les mêmes "coutures" qu'avant, la gauche partagée entre le modèle soviétique épuisé mais ronflant et une social démocratie rhénane mal adaptée ; la droite entre le masque libéral d'une économie toujours autant administrée et le chiraquisme social qui nous a forgé un mental de zébu ! D'aucun côté, la situation catastrophique de l'économie n'est sérieusement affrontée. Dette, chômage, submersion bureaucratique, déni d'autorité, la République molle défend ses derniers privilèges... à crédit... jusqu'au ridicule ! Que cela ne prive pas la mare aux connards de remous, la semaine passée fut consacrée à l'aller-retour de Claude Bartolone au perchoir de l'Assemblée nationale ! Chose qui ne me choque en rien, qu'attendait-on de pire chez notre parasélite ?

Les politiquarts¹ de service affûtent leurs "programmes", qui pour les primaires républicaines, qui pour faire parler d'eux pendant ce long transit de quinze mois qui nous sépare de l'élection présidentielle de 2017. Que les deux-tiers du corps électoral les vomissent leur en touche une sans faire bouger l'autre. Le métier fournit encore les trois repas par jour et un lit chauffé, à condition de promettre l'embellie au veau national ! C'est à droite pour le moment le plus intéressant : l'ancien président Sarkozy nous est revenu au volant de sa phase II. Il n'a pas fallu plus de cent kilomètres pour s'apercevoir qu'il n'y avait strictement rien de neuf, ni dans le bonhomme, ni dans le catalogue d'options gratuites. Comment dès lors envisager que les mêmes causes puissent ne pas produire les mêmes effets ? La bête est 100% politique, le verbe est pour les croyants :
- Ministre du Budget (1993-1995)
- Porte-parole du gouvernement (1993-1995)
- Ministre de la Communication (1994-1995)
- Ministre de l'Intérieur (2002-2004)
- Ministre de l'Economie, des Finances et de l'Industrie (2004)
- Ministre de l'Intérieur (2005-2007)
- Président de la République (2007-2012)
Soit un total de 5183 jours (source Wikipedia)...
sans compter le temps passé à faire son courrier sur les bancs de l'Assemblée nationale.

l'homme qui ne rit plus
S'il lui reste encore quelque chose à comprendre dans la souffrance du pays, c'est qu'il n'est pas si doué que nous le crient ses groupies à cervelle de moineau. L'hystérie a de beaucoup dépassé la réflexion chez ses fidèles, et tous ceux qui comptent sur le Sarkozy Nouveau pour nettoyer les écuries d'Augias devraient se souvenir de ses piètres résultats dans les fonctions ci-dessus énumérées. Sans se taper tout le bilan de chef de la Police puis de l'Etat (dix années quand même !), on notera qu'après lui les croquemitaines de référence, Hortefeux, Guéant, furent des tigres de papier affairés à une politique du chiffre visant à déclamer leur supériorité dans les débats publics mais sans réel effet sur la sûreté intérieure du pays. Paroles, paroles, paroles... N'ajoutons pas la timidité des réformes économiques, décisions rapportées projet après projet selon l'ambiance donnée par les innombrables sondages de l'Elysée, ni l'explosion phénoménale de la Dette pour sauver les positions spéculatives des banques. Et pas non plus la dérive césarienne de construire à l'Elysée un gouvernement de substitution ayant barre sur le gouvernement responsable devant la Chambre afin de gérer l'impact politique de toute action.

Après l'avertissement sans frais du 6 décembre 2015, la classe politique revient au mode opératoire antérieur comme si de rien n'était, c'est dire son cynisme ! Vous nous avez compris ? Promettez, promettez, il en restera bien quelque chose ! Quelque chose qui pourrait bien déplaire à la nomenklatura si la nation arrive à défaire le nœud orwellien :
« Ils se révolteront que ils seront devenus conscients et ils ne pourront devenir conscients qu'après s'être révoltés » (Georges Orwell in 1984).

La paix mentale de la nation a disparu puisque l'Etat a failli, l'inquiétude progresse partout, chez chacun dans le désespoir, chez les autres, même nantis, dans la crainte de voir les premiers leur sauter à la gorge. L'éveil est possible mais une transition sans risques reste douteuse chez un peuple peu doué dans la prévision mais bien meilleur dans l'analyse gratuite des faits et causes. Si la révolte est annoncée c'est un classique du genre qui ne dérange pas les prébendiers prêts à faire battre tous les intérêts particuliers contre l'intérêt général pour sauver leurs positions. Ils nous referont un 18-Brumaire et tout aura changé pour que rien ne change... Nous aurons pour un temps l'homme fort. Quand y substituerons-nous un roi au-dessus de la mêlée qui tout simplement nous aimera ?

(1) Politiquart : 25% d'intérêt pour le bilan, 75% pour la prébende

 

lundi 14 décembre 2015

Une démocratie manipulée


C'est devant une tasse de Da Hong Pao fumant rapporté du Foukien que je livre ces réflexions sur les élections régionales, aujourd'hui dimanche, à l'aube de la grande supercherie. Quels que soient au second tour les scores des parties prenantes (à la gorge), une fois encore, les députés désignés par les urnes ne représenteront pas le prétendu "souverain" peuple. En cause, la manipulation génétique des scrutins sous la V° République et même avant. Rappelez-vous les référendums gaulliens qui posaient deux questions. Le dernier de la série est un morceau d'anthologie puisqu'en 1969 il en posait trois : régionalisation, réforme(suppression) du Sénat et démission du chef de l'Etat ; mais on avait oublié le téléphone pour tous ! Aussi fut-il perdu par un pouvoir à court d'idées. Par la suite, François Mitterrand à qui on reprochait ses modifications répétées déclara que le seul mode légitime de scrutin était celui qui le faisait gagner.

Les peuples mûrs pour la démocratie se contentent de scrutins uniques à la proportionnelle. Le mode le plus simple photographie l'Opinion à un moment T et envoie dans les hémicycles l'image correspondante. La responsabilité de former un exécutif capable de gouverner est dans les mains des élus - je ne parle pas de classe politique puisque les pays matures ne reconnaissent pas la profession politique en viager. Au lieu de quoi, la France trafique ses modes de scrutin pour coller le plus possible aux intérêts des familles politiques inamovibles aux affaires et en affaires. La vérité de la représentation est le cadet de leurs soucis ! Il est rare qu'un intrus brise le cercle de chariots de l'establishment. C'est bien le cas cette fois avec le Front mariniste, les Apaches ont percé et mettent le souk dans tout le camp !

- une souris blanche -
Quand le scrutin fut choisi en 1985 pour les premières élections régionales au suffrage universel, la strate administrative à gérer comptait pour peu de chose et restait depuis son origine un cadre d'aménagement du territoire où se débattaient les doléances locales, en concurrence toujours. Aussi, le pouvoir se laissa-t-il guider par la simple justice et déclara la proportionnelle de listes bloquées (on ne panache pas). Quand les régions devinrent des vitrines de communication pour politiciens battus au plan national, les politologues stipendiés par les partis en place fournirent assez vite leurs calculs pour optimiser le scrutin afin d'améliorer les résultats de chacun. S'ensuivit en 2004 une forte altération de la proportionnelle naturelle avec les listes départementales et la prime majoritaire récompensant le premier. L'entre-deux-tours est l'espace de magouilles de tous ordres préparé par le législateur pour sauver les sortants autant que faire se peut : normalement c'est la semaine des fusions avec répartition des prébendes visées. La fusion à Gauche en Ile-de-France est un cas d'école jusqu'à distribuer par avance des vice-présidences à ses ennemis intimes. Cette fois-ci la Droite a fusionné avant le premier tour mais dans le même esprit d'arrosage des cocardes de pare-brise. La Gauche en province a fusionné ses courants pour braver le fachisme - on a les délires qu'on peut ! Elle a retiré ci et là des listes qui à 15% pouvaient se maintenir facilement et achever leur fonction de représentation. La proportionnelle est faite pour ça, mais ce serait hypothéquer l'avenir que d'y laisser représenter certains autres qui bénéficieraient d'une exposition sur les estrades. Le site Politiquemania nous résume l'évolution du mode de scrutin :

Le mode de scrutin des élections régionales en France a connu une seule évolution majeure depuis 1986, à savoir son organisation en 2004 :
- Il est ajouté au scrutin proportionnel la possibilité d'un second tour si aucune liste n'obtient la majorité absolue : il convient d'obtenir plus de 10% des suffrages exprimés pour y participer ou plus de 5% des suffrages exprimés pour fusionner une liste avec une autre présente au second tour.
- Une prime majoritaire est attribuée à la liste ayant obtenue la majorité absolue des suffrages au premier tour sinon au premier arrivé du second, à savoir 25% des sièges.
- C'est désormais la région et non plus le département qui conduit une liste mais, afin de permettre aux électeurs d'identifier plus facilement les candidats de leur département, des sections départementales sont créés. Chaque liste doit comporter autant d'hommes que de femmes (ah bon).

rouge = FDG | rose = PS | bleu = LR-MODEM | bleu marine = FN |  vert = EELV | jaune = Régional.

En étudiant soigneusement le dispositif électoral, tout électeur peut comprendre plus ou moins vite comment s'exprimera son vote, mais peut aussi s'agacer des complications et ne pas sortir voter ! Un sur deux n'est pas intéressé aujourd'hui à comprendre les lois du cirque. Le peuple est réellement dépossédé de sa prétendue souveraineté en ce que son opinion est refabriquée dans le tube des élections, voire mise à la poubelle si la liste de son choix se retire volontairement. Allez comprendre l'appel qui fut fait aux abstentionnistes par les ténors des plateaux médiatiques ! On tord le bras de l'électorat et on en appelle plus encore ? Les Français sont des veaux, certes, mais si l'on ajoute aux 50% d'abstinents les 15% de réfractaires au SVO (service du vote obligatoire, et 30% des votants), on aboutit à ce que près des 2/3 du corps électoral ignorent volontairement ou vomissent le Système. C'est énorme !

Un manipulateur de suffrages
La démocratie française est-elle en ruine ?. C'est plus compliqué si l'on veut bien monter d'un cran la réflexion. D'aucuns soutiennent que "Le Peuple" n'existe pas. Dans ses essais¹, Pierre Rosanvallon avance que le peuple dans une démocratie reste par définition «introuvable» et qu'il ne faut pas simplifier la démocratie, mais en assumer la complexité ! Brandir "Le Peuple" participe d'une triple simplification : (i) politique, en considérant le peuple comme un «sujet évident» distinct des élites vilipendées ; (ii) institutionnelle, en opposant la culture du plébiscite aux délibérations représentatives ; (iii) sociale, en cherchant une «identité» collective là où s’entrecroise une infinité de rapports sociaux souvent antagonistes. Il n'en reste pas moins que la projection mentale du peuple politique dans l'Opinion est quand même plus simple que ce triptyque analytique brumeux, et pourquoi justement ne pas faire litière des complications et laisser le bon sens gouverner, pour une fois ? Pourquoi vouloir définir un mode de scrutin universel dans un registre de perfection sociologique si les sujets d'études ne s'y retrouvent pas eux-mêmes ?

Ainsi va-t-il être dévastateur de comparer le résultat final des élections régionales (carte ci-dessous) avec l'expression démocratique du premier tour (carte ci-dessus), en obligeant la nation à accepter que l'image du peuple donnée par le premier tour des Régionales n'ait été que l'hologramme flou d'un processus inachevé, car à la fin du match, l'image projetée au second tour est conforme aux valeurs immanentes du modèle obligé ! Vous êtes trop intoxiqués pour comprendre que la manipulation est aboutie. Que le stock d'abstentionnistes grimpe ensuite tant la représentation en hémicycles sera distordue par rapport au pays réel n'a que peu d'intérêt pour l'establishment, à croire même qu'il est plus facile de travailler sur un corps électoral restreint. Tout est fabriqué dans notre démocratie représentative... et nous en resterons là du sujet pour éviter le bruit de croquenots dans l'escalier.

C.Q.F.D.

Depuis longtemps la République affronte la démocratie qui est censée la fonder. En politique, la pratique prime le principe (on peut dire aussi : la fin justifie les moyens) mais c'est du principe que le politicien parle le plus s'il veut endormir les soupçons ; c'est le premier vice de la République. Il ne sera annulé que par la démocratie directe à la suisse, système qui exige bien sûr une éducation civique un peu plus poussée dans les écoles et les familles, si du moins en haut lieu on souhaite parler un jour à des électeurs politiquement adultes, élisant en leur sein des représentants honnêtes. Tous ceux qui ont appelé au retrait ou à la fusion de listes qualifiées pour le second tour sont évidemment contre une pure expression démocratique et tiennent à canaliser les suffrages. Mais le rêve est autorisé et comble du bonheur, une monarchie de tête s'emboîterait parfaitement sur un régime de démocratie directe si elle était cantonnée strictement aux pouvoirs régaliens. « L'autorité en haut, les libertés en bas », dit le slogan maurrassien. Libertés basses, libertés chéries, celles dont jour après jour les Bureaux nous privent un peu plus pour nous gérer en totalité, par complexification. Et oui, monsieur Rosanvallon, pourquoi rechercher l'inextricable si le «peuple introuvable» se plaît à regarder son image dans le miroir d'un scrutin de simple bon sens ?



(1) "Penser le populisme" aux Rencontres de Pétrarque, Montpellier 2011

lundi 7 décembre 2015

Les libertés s'enfuient comme les feuilles au vent

Encre de Chine du comte de Paris Henri d'Orléans
Toute œuvre est une psychanalyse de l'artiste. Les encres de Chine du comte de Paris, présentées à l'Atelier Visconti¹ (Paris VI°), ne dérogent pas à la règle et je laisse au lecteur perspicace le soin d'expliquer le choix d'une mante religieuse sur l'arbrisseau alors que j'y aurais vu une libellule. L'encre de Chine est une affaire aussi sérieuse que l'aquarelle en ce qu'elles ne se rattrapent pas. Poser c'est posé ! Réussi ou raté !...

C'est un peu comme les lourds dispositifs de sûreté nationale. Une fois déployés, on n'en peut reprendre toute l'organisation, aussi faut-il s'en contenter. Avec le monstre de la National Security Agency enfanté par les services américains (relire No Place To Hide de Glenn Greenwald sur Edward Snowden) les Etats-Unis se sont crus à l'abri des freux de l'islam ! On leur avait vendu l'espionnage généralisé intérieur comme la meilleure garantie contre les terroristes. Il y a eu Boston et les deux Tchéchènes, voici maintenant la tuerie de San Bernardino perpétrée par un couple musulman ayant fait allégeance au calife Abou Bakar al-Baghdadi : quatorze morts. Comme à Paris le mois dernier et en janvier, comme à Londres il y a dix ans, la Bête est native du cru. Qu'est-il besoin d'incinérer la reine des tarentules dans son lointain bunker comme s'apprêtent à le faire l'Occident et la Russie, les soldats rescapés métastaseront partout et, avec le renfort de résidents intégrés qui fourniront la logistique sinon même agiront de conserve, le terrorisme gardera toutes ses chances, ses motifs, ses scores. Malgré un amateurisme certain qui diminue les résultats, grâce à Dieu !

On peut avoir envie de débiner ces assassins, hommes de peu de foi adonnés aux rites, superstitions et interdits, racailles archétypales. On aurait tort d'en avoir peur. On n'a pas non plus à les comprendre comme nous y incite la ministre de la Justice afin d'en démonter roue par roue le calibre. Que faudra-t-il faire ensuite de toutes ces pièces sur la table ? Un manuel de la radicalisation ? Les « comprendre » n'avancera pas à grand chose, mais il est urgent de les deviner. Et cela ne peut se faire qu'au moment de la conversion entraînant le déphasage.

Loup y es-tu ?
C'est le changement de comportement qui doit signaler le surgissement du danger : Le changement concerne les femmes qui sont considérées instantanément comme une sous-humanité impure et les mœurs personnelles, vêture, pilosité, régime alimentaire intégral... Il existe des notices officielles servant de guide dans cette investigation, qui sont diffusées auprès des responsables éducatifs ; reste à faire la dénonciation aux autorités de police. La France, comme tous ses cousins latins, n'a pas la culture de la collaboration avec les forces de l'ordre, même si les concierges de l'Occupation firent fortune dans la délation. C'est une chose de soupçonner fortement la radicalisation du lézard qui habite au-dessus de chez vous, mais qui vous dit que ce n'est pas un fou de Dieu comme les monothéismes en ont produit à million dans le passé ? Le djihadiste présumé peut très bien vouloir faire carrière de saint dans l'érémétisme bédouin. Tous les saints n'ont pas la franche gaîté d'un François d'Assise, et une sale gueule peut cacher simplement un égocentrisme forcené. Cherche-t-on à détecter l'intrus ? Se met en place dans l'Occident décadent la norme obligatoire généralisée pour raison de sécurité. Tous des moutons de la même couleur, dans le même sens (baron au vent) et il sera plus facile de repérer le mouton noir de F'murr. Alors les loups s'achèteront une peau de mouton banal et le tour sera joué. On l'aura dans l'os.

Il serait plus efficace de vider les réservoirs de haine² qui accumulent tant de ressentiment à l'égard de nos sociétés développées et corrompues. Nous devrons une fière chandelle à celui qui déroulera une théorie de la vidange des haines. Côté société, nous avons des propositions de blanchissage des idées sales qui la détruisent ; côté réservoirs, c'est une autre histoire. A moins de convoquer maintenant les Titans à sa mise en œuvre, nous nous retirerons sur la pointe des pieds...


(1) Vernissage le jeudi 17 décembre à partir de 18h00
(2) Feuilleter le dernier bouquin de Marc Ferro, L'Aveuglement

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