lundi 27 juillet 2015

Démocratie létale

C'est un billet d'humeur, de mauvaise humeur, que l'abonné au blogue prendra au second degré...
Demain nous fêterons les Samson. Certes saint Samson de Dol, évêque en Bretagne nous vient du haut Moyen Âge (VI°s.) mais, hors de la bonne ville de Dol, c'est à Samson le chevelu, juge d'Israël, auquel tout le monde pense, le premier Terminator qui, dans la joie et la mauvaise humeur, massacrait du Philistin à la mâchoire d'âne. Mais il aima Dalila qui le trahit ! Magnifique Victor Mature qui, les yeux crevés, écroule les colonnes du temple sur l'oppresseur et lui-même, dans le peplum de Cecil B. DeMille ! Enfant, j'étais terrorisé au fond du fauteuil bleu du Palace ! Qu'elle était belle Dalila ! Éduqué chez les sœurs, j'ignorais le mot "salope".

D'un Samson, nous horions bien besoin de nos jours, mais le sacrifice des héros a disparu. L'homme providentiel du Gaulois a sans doute pris la mer ou l'avion et nous a laissés là, immense cohorte de lemmings niais. Nous sommes aux mains de gros rats de cave qui se prennent, certains, pour des rats de bibliothèque mais ne sont au final que des surmulots ! Rosâtres et nus qui pis est ! Beurkh ! Ils nous vendent, carrément, nous pillent, s'engraissent, détruisent nos mœurs et les cadres coutumiers sans jamais proposer rien de meilleur, toujours plus bas, toujours médiocre, jusqu'à peut-être nous remplacer par plus couillons que nous-mêmes, plus faciles à duper, le croient-ils. Le pourquoi est sans réponse, je ne suis pas un adepte du complot des Illuminatis ou des Sages de Sion, je me contrefous de la fortune anonyme et vagabonde, je crois que c'est le simple règne de la Connerie en mocassins de peau ou en bottes de fer selon la saison. La Bêtise a vaincu ! Et intimement je pense que la démocratie l'a appelée.

La démocratie c'est l'envie, l'envie de tout par tous ou presque et rapidement. Le ressort de la démocratie est la promesse, et l'élection est un concours de promesses. Son avatar obligé est la démagogie selon les vieux Hellènes qui l'ont inventée. La presse fait régulièrement des tableaux comparatifs chiffrés des promesses distribuées qui n'engagent que les otaries qui battent des nageoires sous les préaux républicains. Président ! Ducon, président, président, Dugland, président ! L'élu sert ses clients comme un garçon de café en terrasse, la caisse enregistreuse tinte, tout le monde s'en fout. Le tour des perdants viendra. Sauf à avoir un tempérament d'homme d'Etat - chose que nous avons oubliée, le président du moment ne fait pas autre chose que de rémunérer des voix. Normal ! Le système est fondé sur la souveraineté du peuple, qu'il faut bien exciter un peu. Mais en masse, le peuple n'est pas le parangon de l'intelligence, à preuve les représentants qu'il se choisit en France ! On n'en voudrait nulle part ailleurs.

Charles Maurras disait à Maurice Barrès : « Si la France moderne ne m'avait pas persuadé de ce sentiment, je l'aurais reçu de l'Athènes antique. La brève destinée de ce que l'on appelle la démocratie dans l'Antiquité m'a fait sentir que le propre de ce régime n'est que de consommer ce que les périodes d'aristocratie ont produit. La production, l'action demandait un ordre puissant. La consommation est moins exigeante : ni le tumulte, ni la routine ne l'entrave beaucoup. Des biens que les générations ont lentement produit et capitalisés, toute démocratie fait un grand feu de joie. Mais la flamme est plus prompte à donner des cendres que le bois du bûcher ne l'avait été à mûrir.»

Aujourd'hui, nous avons fait plus fort encore. Non seulement nous avons dilapidé l'héritage que nous ne transmettrons pas, mais nous avons dévoré par avance le capital que les générations suivantes pourraient amasser pour s'en sortir. Nous mourons en leur léguant des trillons de dette souveraine et privée, dette qui leur coupera les jambes sauf à incinérer notre civilisation démocratique pour la purger de ses créances. Nous avons bâti en briques de dynamite le chaos futur, leur futur !
Sauf à faire la révolution planétaire et remettre les compteurs à zéro pour la survie de l'espèce, il sera légitime de leur part de prétendre incinérer les générations prodigues, c'est à dire nous, et ce d'une génération à l'autre jusqu'à ce que les inactifs sans avenir soient réduits comme on dit en chimie et que les comptes soient rendus. In fine sera résolu le cancer de la surpopulation et comme le prédisait Jacques Attali, l'euthanasie sera la règle. Elle l'est en douce déjà.

Alors nos petits-enfants qui auront trouvé au fond du Web profond cet article de Royal-Artillerie, sauront qu'il leur faut prendre le maquis avant que ne s'écroule sur eux le temple philistin. Samson ! Une minute encore !

C'était notre billet de fin de saison !


soleil vert


lundi 20 juillet 2015

IV.- Patrie et humanité

Nous terminons aujourd'hui notre cycle "Patrie" commencé le 8 juin, destiné aux jeunes militants et à ceux qui iront au CMRDS 2015*, à partir des cours de philo d'André Bridoux (1893-1982). Voici la quatrième et dernière lecture.

I.- Terroirs et frontières
II.- Race, langage
III.- Coutumes et communauté
IV.- Patrie et humanité

Royal-Artillerie de 1745


Préambule

L'année 1709 où le royaume de France est très menacé par la coalition des Anglais, Autrichiens et Hollandais dans la Guerre de Succession d'Espagne, Louis XIV appelle au sursaut la nation en ces termes : « Quoique ma tendresse pour les peuples ne soit pas moins vive que celle que j'ai pour mes propres enfants, quoique je partage tous les maux que la guerre fait souffrir à des sujets aussi fidèles, que j'aie fait voir à toute l'Europe que je désirais sincèrement les faire jouir de la paix, je suis persuadé qu'ils s'opposeraient eux-mêmes à la recevoir à des conditions également contraires à la justice et à l'honneur du nom français ». (texte intégral de l'appel du 12 juin 1709 lu dans les 39000 paroisses de France). En 1711, ce sera Denain ! Mais la force de cohésion et de riposte de la vieille nation gauloise doit être canalisée. A défaut, elle peut être dévastatrice comme l'ont montré les guerres européennes de la Révolution et de l'Empire. Voici ce qu'en dit Bridoux en 1944 :

41.- Nécessité de son éducation : Patrie et Humanité

Comme les sentiments familiaux, l'amour de la patrie doit être soumis à une éducation morale. Lorsqu'il est abandonné à lui-même, à plus forte raison lorsqu'il est soumis à des excitations imprudentes, il s'exaspère aisément ; il peut alors aveugler l'homme et l'entraîner à l'impérialisme, à la haine de l'étranger, au mépris des sentiments humains. Nous trouvons un excès de cet ordre dans le fameux vers de Corneille : «Albe vous a nommé, je ne vous connais plus.» Lorsqu'il est indiscipliné au contraire, loin de compromettre en nous les sentiments pacifiques et humains, il en facilité l'éclosion.

D'abord, on doit y puiser le ferme propos de ne jamais offenser la patrie des autres. Surtout, la patrie peut et doit être l'école de l'humanité ; c'est dans son atmosphère que nous faisons l'apprentissage de sentiments et des vertus qui pourront ensuite être étendus au-delà des frontières. Comment aimer les hommes si on ne les aime pas d'abord dans ses compatriotes ? Qu'on le veuille ou non, l'homme n'est pas un idéal abstrait ; il appartient à une patrie, comme à une famille ; on ne le trouve que là. Dans les relations humaines, il faut nécessairement compter avec les patries.

Le sentiment d'appartenir à une patrie indépendante et prospère est dans l'âme d'un homme la pièce principale, la clef de voûte. Quand cette pièce vient à manquer, c'est-à-dire dans la ruine de la patrie, tout s'effondre. Le salut de la patrie maintient tout.
Il y a peu de choses qui soient au-dessus de l'amour de la patrie et des devoirs qui lui correspondent. Clemenceau disait : «J'ai connu le monde, eh bien, pour moi ce qui compte, c'est l'amour de la France.» Peut-être n'y a-t-il rien de plus émouvant dans notre histoire que la visite qu'il fit en juillet 1918, dans les lignes de Champagne, aux troupes sacrifiées qui devaient faire face à la dernière offensive. Dans un des postes les plus menacés, les soldats lui offrirent un petit bouquet de fleurs des champs : «Mes enfants, leur dit-il, ces fleurs iront dans mon cercueil.» On sait qu'il a tenu parole.

42.- La nation est une âme, un principe spirituel

Avec le temps, les enfants d'une même patrie sentent de plus en plus la force du lien qui les unit. Ils acquièrent une sensibilité commune, ils sont rapprochés par les mêmes souvenirs et les mêmes espérances, ils sont animés d'un vouloir-vivre commun. A la longue ils prennent conscience de n'avoir qu'une seule âme, d'être une seule personne, de former une nation. La nation est un être collectif, qui possède néanmoins l'unité sprituelle, comme la personne, et qui en prend conscience. Nul ne l'a mieux dit que Renan, dans une page justement célèbre... Ndlr : que tous les royalistes connaissent par coeur (le fameux texte de 1882 est ici).

(*) Camp Maxime Real del Sarte organisé chaque été par l'Action française depuis 1953. Il se tiendra cette année au château d'Ailly, à Parigny (Loire) près de Roanne, du 17 au 23 août 2015.



43.- Conclusion du cycle

- Maréchal Blaise de Monluc -
grand dépêcheur devant l'Éternel
S'achève ici le cycle de quatre lectures préparatoires au CMRDS 2015. On peut aussi s'en passer et y aller quand même. Plutôt que de vous soumettre un résumé de synthèse dans le procédé académique, le Piéton du roi vous fait part en conclusion d'une réflexion métaphysique qui laisse aujourd'hui douter de l'élan du sacrifice patriotique.
Dans les siècles passés, l'espérance de vie des gens en nos contrées était la moitié de celle d'aujourd'hui. On pouvait donc attendre la force de l'âge et disparaître par après, naturellement. La force de l'âge était aussi celle de combattre à la guerre et, même si l'envie de vivre aussi longtemps que possible existait bien sûr, le risque d'abréger une vie pas si longue finalement laissait accepter le risque de la perdre. On prête aux Sioux de Little Big Horn un orgueil raisonné dans la fameuse phrase «C'est un beau jour pour mourir!» mais on ne se disputera pas pour savoir si elle ne fut pas prononcée aussi sur bien des champs de bataille d'Europe s'il faisait beau et quand on se tuait à la main. L'expression courante utilisée pour tuer son adversaire était d'ailleurs de le "dépêcher".

La société moderne a sacralisé la vie en voulant faire oublier par maints artifices à tous ses consommateurs leur fin inéluctable. L'instinct de survie de l'espèce est un renfort appréciable du mercantilisme, et pour tromper son monde jusqu'au bout on en vient même à embaumer les cons. Dans cet environnement qui pousse à vieillir le plus longtemps possible (certains disent "vivre vieux" mais la vérité c'est "vieillir" pour finir dans des branchements de tuyaux) il me semble hasardeux d'appeler au sacrifice la nation comme Louis XIV avait su le faire avant la bataille de Malplaquet.

Les témoins de la mobilisation de 1939 me l'avaient confié : dans les trains de mobilisés, c'était bien plus la résignation que l'enthousiasme de 14, état d'esprit défaitiste que les observateurs mettront sur le compte des pertes de la Grande Guerre qui avaient touché toutes les familles, toutes les villes et villages : cette nation était déjà trop morte pour remettre ça ! Sans préjuger donc de la prochaine mobilisation, je crains que le ciment de la patrie ne s'effrite bientôt, non tant par les coups de boutoir des étrangers qui sont bien réels, que par la résignation des nationaux. Les patries meurent aussi, dit André Bridoux. Ceux qui accourent à nos frontières ont pour beaucoup perdu la leur.

lundi 13 juillet 2015

Über alles et de beaucoup

Le drame hellène qui se joue au niveau des institutions européennes révèle des constantes de fond. Que le rideau tombe sur un happy Ending ou sur un chaos sanglant, la vraie nature des pays impliqués est apparue. Comme le disait Raymond Queneau : « Ce qu'il y a de constant sous l'écoulement de la durée, le lit du torrent des phénomènes internes, c'est la substance.»

Il n'y a pas photo pour les PECOs. Tous les pays de l'Est sans exception sont vent debout contre la Grèce à leurs yeux paresseuse, gouvernée aujourd'hui par des communistes et autres trotskards qui puent. Ces pays ont subi le gouvernement communiste et connaissent la dialectique du double et triple langage. Le retour dans le monde libre leur a coûté très cher, et s'ils voient la lumière du jour au bout du tunnel, ils ne vont pas se le laisser boucher. Dans les PECOs sont la Bulgarie et la Roumanie, deux pays misérables au niveau de vie inférieur à celui de la Grèce mais qui ne mouftent pas puisqu'ils ne seront jamais dans l'Eurozone si les critères sont maintenus. Ils sont bien conscients quand même que l'argent englouti à Athènes n'ira ni à Sofia ni Bucarest.


Viennent ensuite les pays latins. Ce sont les philhéllénistes... jusqu'à un certain point, car tous sont malades, même si l'état d'agravation ou de rémission est différent pour chacun d'eux. Parmi ces pays (Portugal, Espagne, France et Italie) c'est la France qui pose problème à cause de sa taille et de ses déficits chroniques (triple déficit¹). L'incapacité de sa classe politique à réformer une République pachydermique qui a enfanté l'Etat le plus invasif du monde après les références cubaines ou nord-coréennes, est un must. Même en Chine vous avez plus de liberté qu'en France si vous ne vous occupez pas de politique. Or c'est le grand cancéreux qui veut prendre le "lead", et de posture avantageuse en mine réfléchie devant les caméras, le meilleur rôle que la pièce va nous laisser est celui de Reine des Gitans. Nous aurons tout fait pour !
L'Espagne dynamique veut raccrocher les wagons avec l'Allemagne ; l'Italie, c'est l'Italie.

Les pays actifs non zonés, Royaume-Uni, Royaume du Danemark, Royaume de Norvège (∈EEE), Royaume de Suède observent le massacre et identifient parfaitement le risque... français, la Grèce étant peanuts à l'échelle du continent depuis que tous les investisseurs institutionnels et bancaires se sont débarrassés des bons et obligations grecs (après cent milliards de retructuration à leur frais, on peut les comprendre).

Reste le gorille de neuf cent livres dans le coin de la pièce, qui ne dort jamais. Ceux qui ont suivi la propagande française de ces derniers jours auront entraperçu que la délégation française gesticulait beaucoup, mais pour son opinion intérieure, car les photos et vidéos montrent que tout le monde nous sourit et personne ne nous parle ! Le gorille a fait le service minimum en venant à Paris. Cela devra nous suffire, car l'Allemagne a d'autres soucis que de jacasser avec un élu local.
Pour la première fois de son histoire d'après-guerre l'Allemagne a toutes les décisions entre ses mains. Elle crée de la stratégie, elle ne la subit plus. L'Allemagne n'est telle que bismarckienne. Elle n'est pas rhénane, goethique ou bavaroise, son Etat qui la structure est poméranien ! Où est la Prusse est l'Allemagne. Merkel, Schäuble et Gabriel ne jouent pas le destin de l'Europe ; ils jouent celui de l'Allemagne revenue. Jean-Luc Mélenchon ne s'y est pas trompé qui a débondé sa haine du Boche dès qu'il a compris qu'il ne pourrait plus rien contre eux. C'est assez minable de sa part, mais n'empêchera rien.

Déjà ailleurs... !


Le train de la France est passé. Nous en avons englouti les promesses que donnait le plus beau pays du monde dans une gabegie phénoménale nourrissant le fameux millefeuille des intérêts bunkérisés ; nous saignons à milliards dans un modèle qui fait rire ; nos représentants sont des ploucs qui n'ont aucune autorité naturelle, aucune aura, et que personne n'écoute, à l'exception près de la négociation iranienne dans laquelle Laurent Fabius est très actif (il fut premier ministre à l'époque). C'est tout !

Nous regardons maintenant passer le train des autres comme des vaches dans le pré.
Très corrézien !


(1) Le triple déficit est le cancer généralisé : déficit budgétaire, déficit des comptes sociaux hors-budget, déficit commercial.

Un Service civique de cohésion

Ce billet est paru dans le Lien légitimiste n°63 (mai-juin 2015, pages 10 et 11)) sous le même titre. A l'occasion de la fête nationale, il entre en archives Royal-Artillerie.

François Chérèque
Depuis le premier juin 2015, le Service civique devient un droit. Chaque jeune peut poser sa candidature et recevoir une offre de mission. C'est une manière de fêter le premier lustre à cinq bougies de ce substitut du service militaire. Que le projet soit entre les mains de François Chérèque est un atout car c'est un homme de terrain pétri de convictions, et Dieu sait s'il en faut dans les domaines non essentiels à la réélection de la gent politique.
Perçu au départ comme un vecteur de lien social, avec un fort impact sur les collectivités, ce dispositif d'intégration de la jeunesse dans le tissu social représente aussi une pré-formation de six à douze mois pour les jeunes intéressés ensuite par un travail dans les secteurs non marchands liés à la santé, à l’éducation nationale ou à la fonction publique territoriale et plus tard peut-être à la transition énergétique. Le Service civique représente aussi un facteur de cohésion – même s'il n'y suffit pas à lui seul – en exemplifiant les valeurs du bien commun autour de la solidarité élémentaire qui fait d'un troupeau une nation. C'est donc une très bonne idée qui jusqu'ici n'était malheureusement pas prioritaire.

A La Villette au mois de mars dernier, le président de la République a relancé ce service universel – aucune condition d'accès autre que la tranche d'âge 16/25 ans - dans l'espoir d'y passer cent cinquante mille jeunes en 2016. En dépit de l'effet d'annonce, l'effort budgétaire en cadres et débours est louable même si l'on sait qu'il faudra, comme pour tout le reste, emprunter. Il y a d'autres chapitres à fouiller pour y faire des économies compensatoires afin de réussir ce grand projet, depuis qu'est apparu un grand danger pour notre nation, le défaut de cohésion de sa jeunesse. Un communautarisme y grandit qui pourrait forcer même les tièdes à se ranger dans un camp, quand ce ne sera pas aussi le cas des esprits supérieurs, submergés par les effets pratiques d'un émiettement social tout le long de fractures haineuses. Chacun sait d'où vient le problème, mais le dire est tabou, pire, répréhensible et punissable. Aussi suivrez-vous mon regard vers un lointain sud-est et cela suffira.

La France n'est pas équipée intellectuellement pour résister à l'assaut du tiers-monde dans sa composante la plus misérable, non par défaut de gens intelligents capables de répondre au défi à sa source, l'émigration, mais parce que leur parole ne peut plus couvrir le brouhaha de la société de consommation qui emporte tout, y compris les réactions d'une classe politique collée à l'opinion du jour en gazouillant sur Twitter. Ce ne sont pas les synthèses savantes et leurs alarmes qui manquent. Qui écoute ou lit aujourd'hui des philosophes vivants ? Finkielkraut, Onfray, Morin, pour les plus médiatisés, produisent à jet continu des avertissements. Quelques étudiants, quelques oisifs qui aiment perdre du temps les suivent, mais l'ignare décide. La masse des gens ne s'informe pas et... vote ! Les cellules familiales, professionnelles, au sein desquelles s'est débattue pendant des siècles la politique de la cité, sont éclatées ou hyper-spécialisées et l'individu fait aujourd'hui monde à lui-seul. Il soustraite sa pensée à une société autour de lui déresponsabilisée, paramétrée comme élément économique, financiarisée, mercantile, qui ne veille plus à sa propre cohésion à aucun niveau. La nation est un troupeau de chats !

Les gouvernements, moins aveugles qu'on ne veut le dire, cherchent une source de cohésion nationale pour la jeunesse dont ils commencent à se méfier - la loi de Renseignement Total est faite pour eux - et ces gouvernements reviennent régulièrement à l'option du service civique qu'il faut espérer n'être pas qu'un leurre au bénéfice d'une opération de communication à inscrire à l'actif d'une mandature. Le bilan de cinq ans du dispositif lancé par la loi du 10 mars 2010 n'est pas enthousiasmant¹ : ne sont venus que 85000 jeunes répartis sur 5000 structures missionnées, la durée moyenne d'engagement étant de huit mois. Peut mieux faire, bien que les bases soient saines et les participants généralement contents. Mais les maigres résultats indiquent que le développement de l'idée n'était pas le premier souci des gouvernements. L'est-il devenu depuis qu'on excave régulièrement de notre sol des filières salafistes prêtes à tout ? Evidemment, les yeux se dessillent. Et nous ne pouvons que pousser à la roue.

Sur quoi autrement fonder une cohésion des générations montantes dès lors qu'il n'y a plus aucune valeur transversale autre que celles de la morale naturelle que les familles ont bien du mérite à maintenir ? L'expression "valeurs républicaines" est un slogan de préau que Denis Tillinac avait démonté dans Valeurs Actuelles (n°4082 du 19 février 2015) et ne veut plus rien dire depuis que ses principes essentiels, laïcité, égalité, liberté sont battus en brèche par les pouvoirs successifs, aux fins de quoi on se le demande encore ! A faire le tour des valeurs reconnues par notre jeunesse, on s'aperçoit tout simplement qu'il s'agit de valeurs chrétiennes qui ne disent pas leur origine mais qui font consensus. D'aucuns seraient bien étonnés de voir leur monde personnel ainsi requalifié par la charité, l'entre-aide, la fidélité en amitié, la modestie, l'amour de leur prochain qu'ils manifestent naturellement, une exigence de justice intègre, prudence dans ses choix, assez de force pour brider ses excès, sans parler de l'enthousiasme de l'âge. Rien de ré-pu-bli-cain !

Nous, royalistes, sommes mieux placés que d'autres pour avancer l'idée saugrenue que la cohésion sociale et particulièrement celle de la jeunesse est grandement facilitée par la projection mentale d'un modèle accessible dans l'avenir, par l'affect convoqué au milieu du peuple par une famille régnante, en laquelle il est facile d'identifier son propre destin. Comme le disait à mon père une Dame des Halles de Paris qui, avec les Forts, ouvrait un cortège d'Action française dans les années trente : "Avec un roi, nous aurions au moins quelqu'un à aimer !". Une cohésion sentimentale peut être forte. On l'a vu aux jours anciens des mobilisations générales. On la connaît dans les monarchies du Nord.

L'art moderne est aveugle !
Si les Français étaient hier trop fiers de leur "citoyenneté" pour oser l'échanger contre la douce "sujétion" à un roi, ils constatent aujourd'hui les ravages sociaux du concept purement cérébral d'une République en plâtre qui n'existe plus que dans les discours officiels. Pour en finir avec la rouerie des élites politiques qui ont confisqué partout la démocratie, l'idée commence à germer de jeter le régime en décharge et de reconstruire nos institutions sur du neuf. Toute la gauche dure en a fait son leitmotiv en appelant de ses vœux une VI° République ; on ne sait trop ce qu'en pense la droite dure qui semble être aux aguets avant d'être aux abois. Les autres formations dites de gouvernement se savent la cible de cette révolution de la démocratie directe et des référendums. Les dérives autoritaires du pouvoir actuel nous disent que c'est le moment, c'est l'instant. Le totem au pied pourri craque sous le vent du mécontentement. Il faut pousser plus nombreux.

A nous donc de saturer l'espace en expliquant que le modèle neuf préexistait, qu'il fut éprouvé et certifié, et que replacer au mur l'image aimable d'un souverain vivant serait plus efficace à faire converger la diversité de notre jeunesse vers un projet commun qu'une Marianne un peu stupide qui vous fixe de ses yeux morts dans la salle des mariages de la mairie où personne ne va plus. Faut-il encore que la démonstration soit intelligible et que le projet commun soit bien défini et crédible. C'est un des plus grands défis qu'affronte la cause monarchiste en France : faire simple et convaincant.

Les princes y aident-ils ? Sans doute aucun, leur discours étique et convenu laisse le champ libre à toutes les simplicités confortables dans un monde de complications². Ils ne me semblent d'ailleurs pas impatients à les analyser, à nous d'y pourvoir. Monarchisons le domaine régalien disponible et tenons-nous y !


(1) cf. Le Monde du 9 mars 2015
(2) L'entretien du prince Louis de Bourbon au Télégramme du 29 mai 2015 signale néanmoins le refus catégorique des mesures attentatoires à la vie et à la famille, et accessoirement cantonne la maison d'Orléans dans ses espérances philippistes.

Communiqué de l'Association pour le Souvenir de la Chouannerie du Maine

PROGRAMME DU QUATORZE JUILLET 2015

La traditionnelle promenade du 14 juillet de la Chouannerie du Maine se déroulera autour de Flers de l'Orne sur le thème de la Chouannerie Normande et conduira ses participants à travers le bocage sur les traces de Frotté, de Commarque, de Mandat, de Michelot Moulin et d'autres...

Le départ sera donné à 9h30 devant la gare de Mayenne après organisation éventuelle des co-voiturages.
Au programme : château de Torchamp, château de la Bérardière, château de Flers, églises de La Lande Patry, de Monsecret, de Chanu...
Repas tiré du sac en forêt vers 12h30.

Merci de confirmer votre participation à Yves Floc'h, secrétaire général de l'association par message chez ediregoatorangepointfr


lundi 6 juillet 2015

III.- Coutumes et communauté

Nous continuons aujourd'hui notre cycle "Patrie" commencé le 8 juin, destiné aux jeunes militants et à ceux qui iront au CMRDS 2015, à partir des cours de philo d'André Bridoux (1893-1982). Voici la troisième des quatre lectures espacées de quinze jours.

I.- Terroirs et frontières
II.- Race, langage
III.- Coutumes et communauté
IV.- Patrie et humanité

Préambule
Le lien territorial que nous avons évoqué dans la première lecture se double naturellement d'un lien économique au sens large. Un territoire met à la disposition du peuple qui l'occupe des ressources dont l'exploitation et l'augmentation sont régies par un ensemble de règles d'intérêt général, le principe de base étant celui de propriété. Mais le foisonnement d'intérêts communs en un lieu donné ne suffit pas à constituer une patrie ni à fusionner un peuple, le désenchantement européen est là pour nous le prouver s'il en était besoin. Nous n'approfondirons pas l'élément économique de la patrie car il est secondaire dans sa formation. Il y aura d'autres occasions¹.

C'est maintenant le chapitre le plus épineux de la série depuis qu'affluent sur notre territoire des étrangers bien décidés à continuer leurs propres coutumes jusqu'à parfois les valoriser en extrayant des règlements sociaux les bénéfices inattendus chez la grande majorité des autochtones. On n'est pas obligé non plus de croire dur comme fer à l'inintégration des immigrants, l'exotisme a beaucoup de pertes en ligne finalement et que ce soit dans les domaines cultuels ou culturels il est de bon ton dans les milieux de droite de minimiser la quantité de "fuyards" qui cherchent par tous les moyens à s'assimiler. Bref, qu'en dit André Bridoux ?

31.- La communauté d'habitudes

Le steak-frites
Le sentiment de la patrie procède pour une bonne part du sentiment d'être ou de se retrouver chez soi : sentiment particulièrement vif quand, après un long séjour à l'étranger, on rentre dans son pays, au milieu d'hommes qui ont les mêmes goûts, se plaisent aux mêmes conversations, aux mêmes divertissements. Tout change d'un pays à l'autre : la nourriture, le vêtement, le coucher, la manière de distribuer la journée, de travailler, de se distraire, de sentir, de penser.
Avec le temps, se tissent des habitudes communes qui se stabilisent et constituent un des principes d'union les plus solides. Les peuples se cristallisent dans leurs coutumes traditionnelles et finissent par apparaître sous les traits d'images familières dans lesquelles ils se reconnaissent, se contemplent, et se comparent. Un Français, un Anglais, un Allemand ne vivent pas seulement pour eux-mêmes, mais pour l'opinion qu'ils prêtent aux autres sur la France, sur l'Angleterre, sur l'Allemagne.

Ces dissemblances d'habitudes et de physionomies créent des oppositions souvent difficiles à vaincre, rendent délicates les ententes de peuple à peuple, hasardeux les mariages entre étrangers et très pénibles des épreuves telles que l'exil ou la transplantation : épreuve bien connue des missionnaires. Malgré toute leur charité et malgré l'accueil souvent affectueux qu'ils reçoivent, ils ne tardent pas à se trouver très isolés au milieu de populations dont les habitudes leur restent impénétrables.

32.- Le sentiment d'être chez soi

Se sentir chez soi, ce n'est pas seulement jouir d'habitudes familières ou de les retrouver, mais avoir conscience d'être son maître et de ne pas subir la loi de l'étranger (ndlr : c'est justement ce que nous sommes en train de perdre en Europe occidentale). Être Français, c'est avoir la certitude que la France est à nous, que chacun la possède en entier et qu'en conséquence, ses institutions et ses lois, qui sont comme des règlements d'administration, ne sauraient procéder d'une autorité étrangère, mais ne peuvent se concevoir que s'ils sont approuvés par nous et même que s'ils émanent de nous. A cette seule condition ils nous apparaissent non comme une contrainte insupportable, mais comme une protection de tous les instants.

Les institutions peuvent beaucoup pour développer le sens de la patrie. Ce sens s'est prodigieusement accru au moment de la Révolution, par le fait d'une législation égalitaire qui associait l'ensemble des habitants à la vie du pays, mettait en œuvre toutes les énergies et éveillait la conscience d'une destinée commune. Ce sens peut au contraire être mis cruellement à l'épreuve quand les lois d'un pays donnent à une partie de ses habitants l'impression qu'ils sont dépossédés de leur patrie. Chacun sait par exemple tout ce que la Révocation de l'Edit de Nantes a coûté à la France.

33.- La communauté des souvenirs et des aspirations

La patrie, c'est aussi l'ensemble des souvenirs qui composent une histoire commune : souvenirs grâce auxquels les racines de notre être plongent dans le plus lointain passé et nous rendent solidaires de tous ceux qui vécurent avant nous, si bien que, pour reprendre un mot d'Auguste Comte, la patrie se compose de plus de morts que de vivants.

Ces souvenirs ressuscitent pour nous des triomphes et des deuils qui nous causent toujours des émotions très vives ; et à l'évocation de ces temps révolus répond nécessairement la pensée d'un avenir dont nous ne pouvons imaginer l'interruption, mais dont la prolongation nous est assurée par l'ardeur d'un vouloir vivre commun. L'homme se sent ainsi relié à quelque chose qui le dépasse de beaucoup, non seulement dans l'espace, mais dans le temps.

34.- Les sentiments que la patrie nous inspire

L'amour de la patrie est naturel en nous. D'origine complexe, ainsi que nous venons de le voir, c'est un sentiment très fort. Il n'a pas moins de pouvoir sur l'homme que les sentiments familiaux avec lesquels il a maintes affinités, et il a beaucoup plus d'ampleur. L'homme qui est ému par l'amour de la patrie, sans cesser d'être lui-même (ndlr : on notera la réserve post-nazisme), se sent pénétré d'une réalité plus haute, plus large, meilleure que lui dont il est cependant dépositaire, qu'il doit défendre et faire durer. Insistons sur ce point.

A la différence des valeurs religieuses ou scientifiques, par exemple, qui participent toujours de l'éternel et demeurent, dans ce qu'elles ont sans doute d'essentiel, indépendantes de nous, la patrie est une valeur d'ordre humain, de caractère temporel et historique. Elle nous dépasse dans le temps et dans l'espace, c'est entendu, nous venons de le dire ; mais elle dépend de nous. On se fait aisément illusion. Parce qu'elle nous a précédés, on croit que la patrie nous survivra ; on la croit même éternelle. La vérité est qu'elle peut mourir ; il suffit que se relâchent un instant l'union des peuples, leur vigilance et leur esprit de sacrifice.



La patrie est la création continue de tous ses enfants. Chacun peut sentir et expérimenter sa responsabilité envers elle ; il dépend de lui, à chaque instant, de l'affaiblir ou de la sauver.

La prochaine lecture élargira la réflexion à l'humanité.


(1) L'histoire de notre pays nous fait assister à un riche développement de dons variés, mais elle ne nous fournit qu'une traduction incomplète des aptitudes de la France. Nos générations auraient tort de se complaire au spectacle du passé au point d'oublier que dans nos montagnes, nos fleuves, nos mers, bien des énergies attendent encore leur tour (AB). En 1945 on ne parlait pas encore des Zones économiques exclusives dont la France maritime est si riche (clic), mais vu le profond silence des pouvoirs sur ces richesses maritimes inexploitées, on peut penser que le caractère cul-terreux de la classe politique française l'empêche de se projeter au-delà de l'horizon réel, celui sur lequel on "pose" un sextant.


La Grèce dans l'Alliance


Quelque soit le résultat du référendum grec - que nul ne peut prédire avant comptage des bulletins - il est un nouveau chapitre qui va s'ouvrir et ajouter au désordre, c'est celui de la géopolitique. Par sa position centrale et avancée au sud, la thalassocratie gouverne toute la Méditerranée orientale, zone de conflits ouverts (Syrie, Libye) et de conflits latents (Liban, Palestine, Egypte). Elle contrôle aussi le débouché des Détroits.


S'il n'est pas admissible pour les acteurs majeurs (USA et OTAN) que les armées grecques puissent s'effondrer derrière l'économie voire la société grecque, se posera néanmoins la question des soldes, des soutes, des vivres et munitions et de la maintenance. Qui paiera en se substituant à l'Etat cachexique ? Les Etats-Unis n'y comptent pas venir et poussent l'Union européenne à mettre un mouchoir sur la trésorerie de la dette grecque, les enjeux stratégiques dépassant pour eux la mort de quelques créanciers imprudents. Car le loup est aux portes de la Thrace : la Russie surveille !

Eh oui ! Le rêve éveillé du Kremlin n'est-il pas de faire aux Etats-Unis le coup du berger à la bergère ? Cerné de partout, à son tour de passer dans le dos de l'Alliance, en obtenant par exemple en Thessalie une station navale en remplacement de la base de Tartous menacée par l'issue fatale du conflit syrien. Et plus si affinités. Affinités ? Elles existent ! La Grèce et la Russie ont la même religion d'Etat, constitutionnelle ici, simplement pratiquée par le pouvoir là-bas. Des alphabets cousins. Une imprégnation communiste indéniable (qui avait déclenché en Grèce le coup d'Etat des colonels du 21 avril 1967). Et, dit en passant, c'est pareil avec la Serbie.

- Le croiseur russe Pietr Veliki -

La Grèce a déjà des intérêts alternatifs, sans même prendre en compte sa marine marchande - la première du monde¹ qui contrôle 16% du tonnage mondial - et sa diaspora commerçante établie partout en relais. Les apôtres de la rupture le savent bien, qui surestiment quand même le ressort ethnique de la nation, le virus de l'Etat-providence a fait d'irréparables dégâts : donnons en esprit le pays des six mille îles aux Chinois pour observer la différence de développement en seulement vingt ans ! Le petit laboratoire du Pirée est éclairant.

On ne peut laisser dans l'ombre le handicap historique de productions commerciales insuffisantes qui obèrent l'émergence d'une véritable économie, qui vend surtout... du soleil et de la pierre ponce² !

- Mykonos -

Tout ceci pour dire que les calculs d'actuaires ne décideront rien aujourd'hui ni demain quant au sort réservé à la Grèce, même si le référendum emportait un gouvernement de petit pied, impuissant à jamais créer l'Etat que le pays attend depuis... 190 ans et (nous sommes sur Royal-Artillerie) que la monarchie fut incapable de construire ! On pardonnera au tandem Tsipras-Varoufakis de n'avoir pu y atteindre, seuls. On ne leur pardonnera pas d'avoir jeté les administrateurs étrangers qui s'y attelèrent avec un début de succès.

C'est le défi géostratégique qui va commander la suite des événements. On va beaucoup parler de tout ça dans les bureaux de l'Alliance, à Bruxelles, Norfolk, et au Pentagone d'abord. Poutine fera-t-il escaler demain un de ses beaux croiseurs dans le Golfe de Salonique ? Juste pour voir l'effet produit ?

OTAN - frégates grecque et turque de conserve -

Incapables de régler la question par eux-mêmes, comme dans la Guerre de Yougoslavie, les trois pays majeurs de l'Eurogroupe (Al, Fr et It) vont recevoir incessamment sous peu l'ordre du jour de nos parrains américains : « Absorbez votre problème à vos frais ! La vieille Europe nous gonfle.» Sauf que deux d'entre-nous sont en phase ultime de gangrène gazeuse.

(1) Selon Clarksons, classement en tonnage armé par le pays quelque soit le pavillon en poupe. En nombre de navires, seul le Japon est devant.
(2) L'article très bien fait de la Wikipedia nous économise un paragraphe fastidieux mais il ignore quand même les armateurs.


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