mercredi 31 août 2011

Libye, l'épilogue

La Claudia Schiffer du Désert a accouché d'une petite fille à la frontière du Fezzan, côté algérien. La mère et l'enfant se portent bien, les télégrammes affluent du monde entier (rires).
L'Algérie ferme sa frontière du Tassili devant Ghât, non seulement le poste douanier mais tous les passages caravaniers sur plus de 300 kilomètres. Les moyens déplacés sur la zone d'effort sont importants et bien équipés car la frontière est insaisissable au sol sauf par GPS. L'on comprend qu'il s'agit moins de bloquer les bédouins kadhafistes pour plaire aux nouveaux maîtres de la Libye que de détruire les cohortes alqaïdistes qui rentrent au Niger. Les patrouilles algériennes en ont tué cinq avant-hier. Sans doute ont-ils commencé le ratissage aérien, pour peu qu'ils obtiennent des concours extérieurs de surveillance zénithale.
Ceci explique pourquoi la famille Kadhafi arrivée en convoi Mercedes blindé a franchi le poste-frontière sans encombres, le Guide était l'allié des Algériens dans leur lutte contre AQMI. Et, tout bien considéré, même si le Dr Hannibal est un salopard au civil, ni lui, ni son demi-frère aîné Mohamed n'ont combattu, a fortiori pas plus que leur soeur ou leur mère et belle-mère Safia.

Le CNT libyen manque de jugement pour s'exciter sur cette fuite scabreuse, alors que le raïs déchu et ses fils¹, Seif-al-islam et Saadi (le mari d'Alice) combattent encore pour l'honneur tribal, ou plus sûrement pour repousser l'échéance de leur exécution depuis que leurs charniers arrivent à la surface. Acculés mais encore entourés, ils peuvent tenir la dragée haute aux miliciens du nouveau régime, courageux sans doute mais peu expérimentés. Pour que la communauté internationale persiste dans son soutien après le 27 septembre, échéance du mandat onusien, il faut que le Conseil affiche ses membres jusqu'ici secrets et organise la démocratie aux normes ISO. On en est loin (voir plus bas).

Quel serait l'intérêt de l'Algérie à reconnaître la légalité du CNT ? Elle n'attend rien de la Libye que des problèmes dans le futur.
Ils sont de plusieurs ordres :
(1) le réarmement d'AQMI par le pillage des arsenaux libyens, ce qui présage d'une guerre d'éradication aveugle des katibas salafistes au Sahara avec dommages collatéraux acceptés.
(2) l'afflux de rezzous bédouins repoussés au Fezzan par le nouveau pouvoir libyen, conjugué à la fuite désespérée des mercenaires noirs. Il est probable que les unités de l'ANP chercheront à les détourner vers le Tibesti (Tchad) car aucun camp d'internement n'est possible sur zone.
(3) l'insécurité du bassin gazier d'Illizy et des bassins miniers prometteurs pour l'après-pétrole.
Aussi le gouvernement d'Alger a-t-il décidé de surseoir à la révision de sa neutralité, le temps que les choses décantent à Tripoli et de savoir comment la coalition de bric et de broc arrivée de Benghazi va-t-elle gérer la situation. Son ministre des affaires étrangères viendra quand même voir ce 1er septembre ce qui se passe à la conférence internationale de Paris. La Chine, la Russie et l'Allemagne, opposées à la guerre OTAN seront là aussi. Mais Jacob Zuma, le strauss-kahn sudafricain présidant l'Union africaine, ne viendra pas. L'appel du harem !

Qu'est-ce que le CNT ?

Si l'on dit que le CNT de Benghazi agrège des naïfs, des monarchistes sénoussis, des alqaïdistes survivants des purges kadhafistes donc modérés tentés par le modèle turc (GICL = Groupe islamique de combat lybien), des affairistes pur jus (avocats, notaires), des officiers généraux ralliés et des opportunistes de l'ancien régime, on n'en sait pas plus sur leurs intentions, même s'ils ont édité une feuille de route (clic) et appris un discours normalisé "langue de bois" convenant aux donneurs d'ordres étrangers. Treize seulement sur 31 sont connus. On y va (mais SGDG) ?

  • Moustapha Abdeljalil al-Bayda, président, ancien ministre de la justice, de quoi serrer les fesses.
  • Mahmoud Jibril, premier ministre, stratège diplômé, ex-chef du bureau du développement économique national
  • Omar Hariri, chargé des affaires militaires du CNT
  • Abdessalem Jalloud, ancien premier ministre
  • Dr Ali Abdelaziz Al Issawi, ancien Secrétaire du Comité Populaire Général de l’Economie et du Commerce et de l’Investissement
  • Omran Aboukraa, ancien ministre du Pétrole
  • Nasser al Mabrouk Abdoullah, directeur de la Sécurité intérieure
  • Dr Salwa Digheli, chef du comité juridique, c'est une femme
  • colonel Ahmed Omar Bani (porte-parole)
  • Mohammed Elkish, attaché de presse
  • MM. Ahmed Hussein Al-Darrat (intérieur), Mahmoud Shammam (medias), le Dr. Naji Barakat (santé), Mohammed Al-Allagi (justice et ddh), le Dr. Hania Al-Gumati (sécurité sociale), le Dr. Abdullah Shamia (économie), le Dr. Ali Al-Tarhuni (finances), le Dr. Anwar Al-Faytouri (commmunications), Abulgassim Nimr (environnement), Atia Lawgali (communautés), Abdulsalam Al-Shikhy (religion), Ahmed Al-Jehani (reconstruction), figurent au conseil de gouvernement publié par le site officiel mais sans curriculum vitae. Ils sont mis en vitrine comme on le fait près de la gare d'Amterdam, mais tout laisse croire que les décisions d'axe sont prises ailleurs en de rares consensus.
Dedans-dehors
  • Hakim al-Hasidi, un chef du GICL, entraîné chez al-Qaïda Afghanistan et disposant de mille djihadistes sur le terrain, selon lui
  • Me Achour Bourachid, de Derna, musulman oecuménique (laissera passer la charia des deux suivants)
  • Sheikh Abdul Hakim Belhadj, émir GICL de Derna, commandant des hordes de Tripoli
  • Achour Choukri Assi, imam de la plus grande mosquée de Derna, intégriste incandescent
  • Ismail Sallabi (GICL), qui commande une katiba à 200 barbus équipée par le Qatar
Chers disparus :
  • Me Abdul Hafiz Ghoga, avocat des droits de l'homme, démissionné mais toujours par là dit-on
  • Général Abdel Fattah Younes, premier chef militaire de l'insurrection, a été jugé par le CNT et exécuté le 27 juillet pour intelligence avec l'ennemi (c-à-d. Seif al-islam)
  • Abdelmomem Al-Madhouni, al-Qaïda cuvée 1990, tué à Brega devant sa katiba

Le représentant du CNT en France est Mansour Saïf al-Nasr, activiste des droits de l'homme exilé depuis 1969. Le CNT comprend donc à la fois des opposants de longue date au régime du Guide et des personnes qui ont fait défection récemment, sans oublier des amis de Seif al-islam. Ben oui, c'est l'Orient quand même !

Venons-en au prince.

Le parti monarchiste est basé à Ryad en Arabie heureuse ; il promeut une monarchie du modèle de celles du Golfe, plutôt autoritaire et islamique. Le prince est installé à Londres. Si les premiers ont pu facilement donner leur drapeau à la rebellion, le second donne des interviews en Europe mais il augmenterait ses chances s'il débarquait à Tripoli, à tout motif, comme celui de revoir la chambre dans laquelle il est né ou retrouver son train électrique. Il est suffisamment entouré pour jauger la profondeur du panier de crabes, mais c'est quand même le moment de hisser les couleurs. Sinon à quoi bon ? (voir le site du prince en cliquant ici)

Et pour finir ?

On peut se demander à quoi rime toute cette affaire quand la tempête sera apaisée et que le pays reprendra son train-train. Comme le confiait hier un Tripolitain au reporter de l'Orient-le Jour, « Je ne suis pas le seul pro-Kadhafi dans le quartier. Tout le monde l'aimait, tout le monde le soutenait. C'était obligé tant que ses forces étaient présentes. C'était le président de ce pays et moi je suis juste un citoyen. Avant j'étais loyal à Kadhafi, maintenant je le serai aux révolutionnaires »... « ma vie pendant l'ère Kadhafi, elle était bien. Je vivais confortablement, j'avais un chèque à la fin de chaque mois, je mangeais, j'allais travailler, c'était la paix ». Le pauvre ne savait pas que la démocratie exige l'implication de tous au débat, fut-il sanglant. Il ne sait pas non plus ce qu'est la stratégie. Eut-il pu suivre les cours du soir d'Aymeric Chauprade qu'il aurait compris que les investissements de la Chine en Libye dans l'exploration minière à hauteur de dizaines de milliards de dollars, conjugués au même mouvement au Soudan tout proche, construisait une forteresse économique chinoise inexpugnable au cœur de l'Afrique sahélienne, foyer avéré de bien des dangers pour les Occidentaux. Et puis on n'abat pas les avions civils impunément.

Qui a déclenché le mouvement ?

L'observation la plus mesurée de l'enchaînement des faits et des attitudes comme les indiscrétions volontaires sur le travail des services occidentaux sur place laissent penser que ce sont les Etats-unis le détonnateur. Kadhafi aurait dû se méfier car depuis l'abandon de son projet atomique, il avait perdu son autonomie de jugement et devait rentrer dans le rang de l'AfriCom yankee, commandement régional instauré par le Pentagone pour lutter contre le terrorisme et la pénétration de la Chine en Afrique ; sinon faire place nette. Démarche impérialiste ? A cent pour cent sinon à quoi servirait l'empire. "Qui n'est avec nous est contre nous" la maxime bushienne perdure.



Note (1): Saïf al-Arab et Khamis sont morts ; pas de nouvelles de Mootassem, pourtant le plus dangereux car le plus froid.



Postscriptum du 11.06.2017 : Seif al-Islam a été libéré de sa prison de Zenten par le groupe rebelle Abou Bakr al-Sadiq le 10 juin 2017. Il est en fuite.

dimanche 28 août 2011

5° Route Royale (post enrichi)

La Route Royale 2011 va à Chartres dimanche 11. Par la visite du «Séminaire des Barbelés» et par l'exaltation du souvenir de l'abbé Franz Stock, cette manifestation célèbre à sa façon l'amitié active franco-allemande, au moment où nos deux pays marchent de conserve vers le sauvetage du vieux Frankreich. Puisse les prières y concourir tant nous sommes mal en point.
Si l'on veut bien arrêter une seconde le tourne-manège de l'actualité télescopée, on s'apercevra que la procédure initiée récemment entre Paris et Berlin pour que la France devienne enfin un pays sérieux est la première action concrète conjuguée depuis des lustres, depuis le projet de Communauté européenne de défense¹ de 1952, hélas torpillé par les vainqueurs de la Libération domestique. Tous les accords obtenus depuis la Seconde Guerre Mondiale entre la France et l'Allemagne furent des échanges de bons procédés sauvegardant ou privilégiant des avantages respectifs de domaines différents. Par exemple le Marché commun équilibrait les nouveaux débouchés industriels allemands par la politique agricole commune bénéfique pour la France. En bien d'autres occasions nous entrâmes en concurrence, sévèrement parfois sur les marchés d'armement, ferroviaires ou nucléaires. Il est des parités toujours recherchées comme celle du siège permanent allemand au Conseil de sécurité de l'ONU. Et malgré tout, quand la situation s'aggrave, c'est vers le cousin germain que nous nous tournons d'abord, lui qui rêve tout haut : "Leben wie Gott in Frankreich" !
Nota (1): le projet avait été ratifié par l'Allemagne, la Belgique, le Luxembourg et les Pays-Bas. La Chambre refusa sans débat la ratification par le vote groupé des gaullistes, communistes avec l'appoint des radicaux et socialistes divisés sur la question. L'Italie ajournera sine die sa ratification.

Les Amis de Franz Stock ont mis en ligne un site remarquable et très complet sur l'inextricabilité de nos deux nations que je vous invite à découvrir : Franz-Stock.org.
Sa visite nous épargne de refaire en moins bien ce qui est déjà disponible, la biographie d'un homme au destin exceptionnel, de l'aumônier allemand du Mont-Valérien, l'affaire incroyable du Séminaire des Barbelés, l'implication du pape Roncalli, les Rencontres Franz Stock d'aujourd'hui, le procès en béatification toujours en cours.
Voir aussi la notice Franz Stock sur le Portail officiel franco-allemand.

Lys de France est une association légitimiste qui ne fait pas beaucoup de tapage mais qui organise des manifestations de qualité tout au long de l'année, visites-conférences, soirées littéraires, excursions, occasions qui sont autant de vecteurs relationnels de haut niveau. Nous invitons le lecteur à passer deux minutes sur leur site Lys de France.org.

Programme de la V° Route Royale
(dimanche 11 septembre 2011)

A partir de 10 h : Parvis de la Cathédrale (à 500 m de la gare) : Regroupement et accueil par le Président des Lys de France Nicolas Chotard.
10 h 15 : Visite de la Cathédrale
11 h : Visite du Palais épiscopal
12 h : Déjeuner dans les salons du restaurant "Le Bœuf Couronné", 15 place Châtelet, Chartres.

14 h : Visite du « Séminaire des Barbelés » (rue des Bellangères, Le Coudray).
Allocution de Monsieur Jean Peynichou, Président de la Société des Amis de Franz Stock : « Franz Stock, l’aumônier de l’Enfer »

15 h : Messe traditionnelle célébrée en la chapelle de l’ancien Séminaire par l’abbé Roch Perrel de l'Institut du Bon Pasteur.
16 h 15 : Recueillement sur la tombe de l’abbé Franz Stock en l’église Saint-Jean-Baptiste (Rechèvres).

17 h : Visite du Château de Maintenon.
Verre de l’amitié et dislocation.


Pratique

Participation aux frais : 30 € (Adhérent : 25 €)
Inscription souhaitée avant le jeudi 8 septembre 2011

Accès (80 km depuis Paris - 45 minutes)
En voiture : Autoroute A 6 B / A 10 / A 11, sortie N°2 Chartres, puis prendre la N 10 (péage : 5,70 €)

Par le train : Départ de Paris-Montparnasse (billet : 14,40 €) :
- Horaires SNCF : Premier train: départ 8h18 - arrivée Chartres 9h18 - Second train: départ 9h33 - arrivée 10h43
Retour (depuis Maintenon) (billet : 11,80 €) :
- Horaires SNCF : Premier train: départ 18h51 - arrivée Montparnasse 19h34 - Second train : départ 19h47 - arrivée 20h36 - autres trains en soirée

Coordonnées des Lys de France :
BP 80 434
75327 Paris Cedex 07
contact@lys-de-france.org


Addendum

Après la publication de ce billet, le président des Lys de France, Nicolas Chotard a fait pour ses adhérents une relation émouvante de la "rencontre" de l'abbé Franz Stock et du lieutenant de vaisseau d'Estiennes d'Orves. Nous vous l'offrons comme elle vient :
Le 25 août 2011, Mgr Vingt-Trois a fait sonner les cloches de nos églises. C’était l’anniversaire de la Libération de Paris. « Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé ! Mais Paris libéré ! »(1)….sans l’intervention providentielle de l’abbé Stock son orateur aurait rajouté « Paris persécuteur ! ». Préférant la fidélité à son devoir sacerdotal à la retraite militaire, l’abbé Stock, est resté à l’hôpital de la Pitié au côté des 600 soldats allemands intransportables. Lorsque le 23 août, des « résistants » se présentent à l‘hôpital avec la ferme intention de commettre des crimes vengeurs, le saint prêtre, armé uniquement de la foi du Christ, se dresse et repousse ces gens en armes, sauvant ainsi la vie de ses compatriotes et préservant aussi, à cet instant, l’âme de ces assassins du supplice des damnés.

Le 29 août 1941, en la fête de saint Jean Baptiste (2), martyr, après avoir assisté à la messe et pris son petit déjeuner avec ses deux camarades, Doornik et Barlier, le comte-lieutenant de vaisseau d’Estiennes d’Orves va annoncer leur grâce aux cinq prisonniers bretons. Avec un grand sourire il dit « Follic, je suis heureux pour toi. Vous allez tous rentrer chez vous, retrouver vos femmes et vos enfants. Nous, nous allons être fusillés. Si un jour vous entendez salir notre mémoire, dites que nous ne sommes pas des lâches ni des traîtres, nous avons fait notre devoir de français. Je vous le demande : défendez notre mémoire. ». Au Mont Valérien, Honoré interpelle le chef du peloton d’exécution et lui dit chrétiennement « Vous êtes officier allemand, je suis officier français. Pour vous montrer que nous mourons sans haine, permettez-moi de vous embrasser. » Puis, l’abbé Stock donne à chacun sa bénédiction, chacun l’embrasse. Honoré et Barlier tombent en criant « Vive la France » et Doornik en faisant le signe du pardon. L’abbé Stock dira alors « Je n’oublierai jamais les moments que j’ai passés auprès de ces hommes.C’étaient des héros. Je comprends mieux maintenant ce qu’est la France. »

En prison, ces hommes avaient vécu une véritable ascension spirituelle. L’abbé Stock, prêtre avant tout, les avait assisté dans leur ascèse. Honoré écrit « Mon Dieu, je vous demande surtout la grâce de conserver, une fois sorti de prison, cette ferveur que j’ai retrouvée dans mon épreuve et qui m’a fait me jeter à vos pieds, sentant que vous étiez mon unique secours » et en mai 1941 à ses enfants il note en appendice « Depuis que j’ai écrit ces lignes, au cours des six semaines qui viennent de s’écouler, Dieu est resté avec moi. L’abbé Franz Stock, Recteur de l’église allemande, est venu tous les huit jours m’apporter la sainte Communion. Il est bon et aime bien la France et surtout la Bretagne. Tâchez de le voir et de lui parler de moi. Par lui j’ai pu lire les Evangiles et m’initier à la vie admirable de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus. Quelle fraîcheur, mais aussi quelle profonde intelligence dans ces Mémoires (sic !) d’une âme ! (3) »

Ces trois hommes ont ainsi médité sur le sens de la vie, la vocation divine de l’homme et sur son véritable ennemi : le matérialisme, destructeur d’âmes. Estiennes d’Orves dénonce ses conséquences néfastes : « l’orgueil et la dureté » du temps, s’interrogeant « faudra-t-il un nouveau Christ pour réapprendre à ce monde une pitié que, comme le paganisme autrefois, il a l’air de ne pas comprendre ? » Barlier écrit « Cette époque était pourrie de matérialisme ; nous surtout, les hommes…nous n’y avons pas échappé. », « L’âme humaine ne peut vivre dans cette misérable pauvreté que représentent les biens matériels, et la vie devient vite pesante, inutile, sans but apparent et sans remède visible, car le matérialisme éloigne de Dieu. Quelles conditions meilleures (pour un retour profond sur soi-même) que le silence d’une cellule, la menace proche de la mort ?…Alors le Christ apparaît dans un profond tête-à-tête avec l’âme, Il éclaire tout et montre le but de la vie qu’Il nous a donnée : aimer, servir. Et voilà comment, à 36 ans, je m’aperçois que je n’ai encore rien fait… ». Parlant de l’Evangile, il déclare « Là est la seule vérité. » et écrivant une dernière lettre à ses parents avant d’être fusillé : « Je voudrais que vous soyez consolés et remplis de la pensée si réelle que la mort n’interrompt pas la présence, au contraire. »

Estiennes d’Orves adresse une ultime lettre à l’abbé Stock, son testament spirituel : « Je prie le Bon Dieu de donner à la France et à l’Allemagne une paix dans la justice, comportant le rétablissement de la grandeur de mon pays. Et aussi que nos gouvernants fassent à Dieu la place qui lui revient. ». Résistant dès 1940, Honoré d’Estiennes d’Orves avait puisé sa force dans ses racines (4) et dans sa culture (5). De sa foi vivante, il en avait fait jaillir son esprit de justice et de vérité. Il était de son époque et ne vivait pas dans un passé « idyllique » à jamais révolu.
(Nicolas Chotard, 31 août 2011)
Notes
(1) : Formule célèbre du Général De Gaulle prononcée à l’Hôtel de Ville.
(2) : Le 16 juin 1963, le corps de l’abbé Stock sera transféré du cimetière de Thiais à l’église Saint Jean Baptiste de Rechèvres (Chartres).
(3) : Il s’agit en réalité d’Histoire d’une âme.
(4) : Descendant de Charles d’Autichamp (1770-1859) et Constant de Suzannet (1772-1815), généraux de l’Armée Catholique et Royale.
(5) : Sa famille avait des convictions Légitimistes.

vendredi 26 août 2011

L'Ange déchu du Buen Retiro

Gardons-nous de tenter le diable. Il est à Madrid une grande statue de Lucifer posée sur une fontaine sise à 666 mètres au-dessus du niveau de la mer. Ça ne s'invente pas. L'ensemble architectural est terrifiant de majesté et réalisme tout à la fois dans la grande tradition hispanique d'horreur. Que l'on pense à ce grand bronze d'un esclave ferré d'un anneau dans le crâne qui avait hanté mon premier voyage en Espagne.
Posé sur un bassin octogonal, le socle très haut protège son maître de huit gargouilles cracheuses, démoniaques, entravées de lézards, crapauds et serpents. Les enfants pas sages se calment tout de suite en s'approchant. Maman, j'ai peur. Quant à Celui-là, il a le visage de la revanche dans un rictus de haine douloureuse qui augure mal de l'avenir. Je ne boirai pas de son eau et tout laisse à penser que le sculpteur l'avait bien connu... à Rome bien sûr :)

L'histoire commence bien, comme toujours. Il était une fois en 1877 un jeune sculpteur du nom de Ricardo Bellver qui, en troisième année de l'Académie espagnole des Beaux-Arts de Rome, réalisa une grande statue en plâtre de l'Ange Déchu (Ángel caído) avec laquelle il gagna l'année suivante un premier prix à l'Exposition nationale des Beaux-Arts de Madrid. L'oeuvre fut illustrée de quelques vers de la fameuse somme poétique de John Milton, l'interminable Paradis Perdu. La statue est décrite en détail dans le catalogue du Musée du Prado ici. Impressionnant.

L'Etat acheta l'oeuvre pour le pavillon espagnol de l'Exposition universelle de Paris de 1878 et la statue fut coulée en bronze, rue de Villiers chez Thiebault-Fils, la grande maison de fondeurs qui avait édité le Saint-Michel terrassant le dragon de la fontaine du Quartier latin et le Napoléon de la colonne Vendôme, sans compter le Charlemagne du parvis de ND de Paris, la réplique de la Statue de la Liberté du pont de Grenelle et le Triomphe de la République de la place de la Nation.
Le résultat est remarquable. A un point tel que l'on soupçonne des choses. "Quelqu'un" familier des arts du feu n'aurait-il pas tenu lui-aussi le ciseau ?


C'est vrai ! 1877 : le pronunciamento de Campos qui cesse le chaos de la Première République n'a que trois ans. Alphonse XII appelé à régner en janvier 1875 s'évertue à consolider la monarchie restaurée et à pacifier la métropole et ses colonies. Il y met du sien mais la tâche est titanesque au pays des dix millions de roi, dixit Ferdinand VII. La lutte des partis et la mauvaise santé économique du pays le priveront d'aboutir. Veuf à 21 ans de la princesse Maria de las Mercedes d'Orléans, il ne verra pas son fils, le futur Alphonse XIII né après sa mort, de son remariage avec Marie-Christine d'Autriche. Adulé par le peuple de Castille car il était beau et courageux comme un vrai hidalgo, il termine son règne à 28 ans seulement, emporté par une tuberculose foudroyante. Coïncidence ? C'est lors de cette même année 1885 qu'est inauguré le monument satanique du parc du Retiro.

Sur la régence, les nuages alors s'accumulent comme à l'époque d'Isabelle II, la guerre hispano-américaine finit sur la perte de Cuba, et l'humiliation de la vente forcée de Porto-Rico, Guam et des Philippines ; famines et anarchie ravagent le pays miné par les grèves et les épidémies. Le désordre général, aggravé par les blocages sociaux, exigera une centralisation de l'Etat et de la Justice que les provinces basque et catalane combattront. La situation de blocage fait le lit des partis ouvriers et de l'anticléricalisme, et une forte tension sociale secouée d'épisodes sanglants présage de rudes affrontements qui seront contenus tant bien que mal jusqu'à l'explosion finale de la Guerre civile. La monarchie termine sa course sur la dictature nécessaire de Primo de Rivera qui in fine la déconsidère. Alphonse XIII quitte l'Espagne en 1931. Les orgues de l'Enfer vont bientôt se déchaîner, annonçant un vacarme bien plus monstrueux encore, celui de la seconde guerre mondiale. L'Espagne est ramenée à la dimension d'une puissance locale insignifiante ouverte sur la Méditerranée comme le sont ses voisins d'Afrique du nord, un statut inédit depuis l'Antiquité.
Satan a fait le job !


Si vous passez par le parc du Retiro à l'heure de la fermeture, éloignez-vous des gus qui traînent à la Puerta del Ángel Caído, sous leurs sourcils noirs ils ont des yeux de feu et dissimulent mal une queue de lézard sous le frac. Signez-vous et caltez !

NB: Ce billet est une commande qui n'est pas taguée.

mardi 23 août 2011

Le combat des fils

A Tripoli, les fils Kadhafi entrent dans l'histoire par ce remake de Camerone que nous "vivons" par le truchement des agences de reportage. Je souhaite que l'OTAN suspende son appui pour que la décision soit faite au sol entre Libyens, quoique demande le Conseil National de Transition de plus en plus impatient à ramasser le pot. L'orgueil du vieux lion lui interdit une reddition et jusqu'à aujourd'hui - sauf quand même après le tout premier raid aérien français qui le fit verdir - il n'a manifesté aucune faiblesse dans sa résolution de jouer jusqu'au bout la pièce écrite par lui-même, pour ne pas finir comme un gland à la Saddam Hussein, pendu sous les crachats. Normalement les freux du désert vont sortir du bunker et charger les "pouilleux" supplétifs des Infidèles, puis succomberont sous le nombre, c'est toujours comme ça s'ils ne sont pas des Arabiaques amollis dans les sophas de plume d'oie et les boîtes de loukoums.

D'expérience, l'Arabe des champs est maté par l'Arabe des villes ameuté en masse par l'hystérie propre à la Rue arabe. A quoi les reconnaissez-vous ? L'un a l'oeil de lapin, l'autre l'oeil de loup. C'est ce que faisait observer le général Petraeus en Irak en demandant de prendre langue avec les chefs sunnites qui, à les regarder au fond des yeux, ne désarmeraient pas devant l'assaut des Arabes des Marais (Shias) et obligeraient la Coalition à une guerre de cent ans. Il avait raison puisque ce déplacement de l'axe d'effort permit au Pentagone de désengager la plupart de ses brigades d'Irak, et on nous apprend que la semaine dernière des unités résiduelles américaines ont attaqué des rebelles chiites dans le district de Bassorah à l'insu du gouvernement (clic), malgré la remise des clefs de Bagdad aux partis chiites.
On se souvient aussi de la fin des fils de Saddam Hussein, Uday et Qusay, retranchés chez eux et combattant l'infanterie américaine assistés de leurs propres enfants. Ces salopards savaient mourir. C'est bien tout le mal que l'on puisse souhaiter à la Libye, une fin du tyran digne des livres d'histoire. Et pour nous, des contrats de pétrole et d'armement, soyons simples !

Pourquoi ce post qui semble se réjouir de la résistance opposée par le raïs libyen à la justice internationale ? Oui, justice, n'en déplaise aux candidats-dictateurs qui s'émeuvent de la destruction de leurs modèles d'Ordre, si l'on garde en mémoire l'explosion du DC10 de la companie aérienne française UTA au-dessus du Ténéré (170 morts) et celle du Boeing 747 de la compagnie américaine Panam en Ecosse (270 morts). Tout simplement parce que la situation exalte la famille, cellule élementaire passée de mode chez nous, chez notre république des individus-matricules élevés en batterie comme de la volaille.
La famille Kadhafi sur Royal-Artillerie, c'était par ici, mais il existe une autre famille libyenne historique dont la souche provient de Mostaganem, celle des Senoussis qui combattit les Italiens dès le début et conduisit le pays à l'indépendance (clac).
Le prince-héritier Mohammed Sayed qui vit à Londres et qui fut au départ un peu en retrait de la main, s'est laissé convaincre d'offrir à son peuple une solution. Il a fait une déclaration de circonstance dont nous reproduisons l'essentiel :

In order for Libya to take its place amongst the great nations of the world we must work together as one people. United we must fight for a new society in which the freedoms and rights of the people come first. We must protect the rights of each and every Libyan – to ensure that never again can a tyrant take lives, steal property or misappropriate our country’s wealth. Libya’s future must be in the hands of the Libyan people
(déclaration complète du 16 août 2011). Ce n'est pas le Pont d'Arcole mais un bon début quand même. La révolution lui a déjà piqué son drapeau. Y a plus qu'à !


lundi 22 août 2011

Le Jeu du Roi sur l'archipel raspalien

Interview de M. François Moirez, vice-consul de Patagonie à HKSAR, pour La Toile
- parue dans le numéro 11 « Ces hommes qui voulurent ETRE ROI !» -

Au Mont Lozère quand vient mourir le vent de l'Atlantique chargé de nuages lourds, on a les narines envahies d'une odeur d'eau et la gorge étreinte d'un sentiment de désolation provoqué par la végétation rare. C'est dans ce causse d'altitude, lunaire dès qu'il fait gris, que j'ai rencontré le vice-consul de Patagonie à Hong Kong qui se ressourçait au silence du désert, loin de la mégapole chinoise. Je me suis ouvert à lui de ma sympathie étonnée, il m'a dévoilé ce Jeu du Roi¹.

[La Toile] Excellence, au soir d'un parcours professionnel particulièrement riche en Asie du Sud-Est, vous avez accepté l'exequatur de Vice-consul de Patagonie à Hong Kong. 
La charge ne supporte-t-elle que le poids plume de l'utopie, ou prend-elle un certain temps comme toute fonction consulaire ?

[François Moirez] Quand la proposition vient de Jean Raspail lui même, c'est un honneur qu'on ne peut refuser ! Le drapeau patagon ne flottait pas encore à Hong Kong , ville qu'il connaissait pour y avoir vécu un peu dans les années soixante de son Arpentage² du monde, et c'était là encore un peu un jeu : dans un environnement aussi capitaliste où l'on juge les gens au nombre de dizaines de millions de dollars de leur compte en banque - ou à leur parc de Porsche ou de Maserati.., c'était comme un pied de nez à toute cette superficialité.
Alors, la charge de ce poste ne peut être que légère, même si nombre de résidents de la mégapole chinoise sont en leur for intérieur - j'en suis sûr - attiré par le rêve patagon.

[LT] L'annuaire consulaire³ du Royaume de Patagonie est impressionnant puisque ses postes couvrent toute la planète au point de disputer à de grands pays leur rang en termes de maillage diplomatique. Quel est la première motivation qui pousse les impétrants à ce statut diplomatique de fantaisie ?

[FM] Je n'aime pas cette expression "statut diplomatique de fantaisie" ; après tout, si les postes diplomatiques francais dans certains archipels perdus au milieu du Pacifique peuvent être qualifiés de fantaisistes (surtout en l'état de nos finances !), les consulats de Patagonie, eux, relèvent plutôt de ce que je préfère appeler un "statut diplomatique extra-ordinaire".
Extra-ordinaires par leur origine, et par leur raison d'être ; les consuls, de même que tous les citoyens patagons ont souhaité participer au merveilleux "Jeu du Roi ", ce savant mélange d'imagination débridée mise au service de sentiments de bonne tenue.
Quant à savoir si l'on naît Patagon ou si on le devient, c'est là une question trop sérieuse - que je laisserai aux exégètes de la Rive gauche qui ne manqueront pas d'élaborer une foultitude de théories !

[LT] Le Royaume d'Araucanie et Patagonie exista dans les faits. Son premier et unique roi fut un gentilhomme périgourdin, Antoine de Tounens, qui régna aux antipodes sous le nom d'Orlie-Antoine Ier, de 1860 à 1862, avant de perdre pied face au Chili. Jean Raspail ressuscita le royaume éphémère hors et sur ses terres australes immenses et désolées. Vous a-t-il jamais confié le sentiment qui a déclenché son mouvement et pourquoi la prise du titre de Consul général de l'utopie ?

[FM] J'ai connu Jean Raspail quand, élève d'un lycée provincial en France, j'assistais aux séances de "Connaissance du Monde " qui permettaient de découvrir des contrées lointaines, et en tous cas propices aux rêves pour l'enfant que j'étais. Je me souviens en particulier de son film relatant son voyage "de la Terre de Feu à l'Alaska ; je pense que Jean Raspail a toujours été attiré par ces confins du monde et par l'acharnement des peuples à y vivre, en dépit de conditions extrèmement difficiles. Sa découverte de l'honorable Antoine de Tounens, de son épopée véritablement tragi-comique de la fin du 19ème siècle, ainsi que de la disparition des tribus locales, Maputes, Tehuelches ou Alakalufs, massacrées par les Chiliens, les Argentins, ou tuées par les maladies importées ou provoquées par les explorateurs/missionnaires/marchands européens, tout cela l'a amené naturellement à hisser le pavillon patagon sur sa demeure de Provence, puis à accueillir tous ceux qui se sentaient attirés par cette aventure - qui allait bien au dela de la simple aventure littéraire.
Quand il m'a accueilli à Paris, il m'a dit combien il avait été surpris de l'ampleur prise par ce "Jeu", flatté aussi de ce que le drapeau patagon puisse flotter sur les terres les plus disparates de la surface du globe.

[LT] Le 7 mai dernier à Paris, eurent lieu de grandes agapes pour fêter le soixantième anniversaire du prince héritier d'Araucanie et Patagonie, Philippe Boiry. Les deux délires ont-ils des relations fonctionnelles malgré l'aimable détestation qu'ils se vouent et la différence palpable d'intentions (utopie romanesque d’une part et revendication diplomatique fondée de l’autre) qui se rejoignent quand même dans une quête de gloire ?

[FM] Il s'agit pour moi d'un essai, comment dire, d'institutionaliser un rêve - quel horrible mot ! Bien sûr, le roi Orélie-Antoine avait créé dans son esprit une grande quantite de ministères, services administratifs, de titres ronflants et décorations mirobolantes - mais tout cela était resté "dans son esprit". Créer un mouvement ayant pour but par exemple l'indépendance de territoires appartenant à la fois au Chili et à l'Argentine, ce serait quitter pour de bon l'aventure intellectuelle du "Jeu du Roi" pour quelque chose de carrément... "ordinaire" !

(propos recueillis par Catoneo pour La Toile, été 2011)

Notes :
(1) Le Jeu du roi est un roman de Jean Raspail paru chez Robert Laffont en 1976
(2) C'est sous ce chapitre que Raspail regroupe ses récits de voyages exotiques, dont le titre Hong Kong - Chine en sursis (Connaissance du Monde 1963).
(3) L'annuaire patagon est édité par Le Moniteur de Port-Tounens que l'on peut se procurer auprès de la Chancellerie royale c/o M. François Trulli, 20 avenue de Lowendal 75015 Paris

jeudi 18 août 2011

Vers l'Anschluss

Bien sûr le titre est provocateur. Mais le gouvernement commun de l'Eurogroupe par le couple franco-allemand n'est pas la diarchie annoncée à l'Elysée, mais la conversion de la cigale à la religion de la fourmi. Il nous aura fallu trente ans pour comprendre, l'épée dans les reins, que le déficit budgétaire est une addiction génératrice de cancer social. On se souvient des grands khons socialistes qui, d'Emmanuelli à Chirac, proclamaient cette drogue accélérateur de croissance. Peut-être pensera-t-on à les juger pour amuser le peuple surtaxé bientôt.


Nos bailleurs de fonds qui tiennent les clés de notre refinancement hebdomadaire doutent de notre capacité durable à faire face à nos engagements en l'état de nos comptes publics et au vu d'une politique tiède de réductions des dépenses publiques, réduite jusqu'à hier à des effets d'annonce menés par les communicants du château.
Donc nous allons constitutionnaliser la Règle d'Or.
La France ne sait rien faire qui ne soit grand ! L'équilibre budgétaire dépendrait de la loi d'arain tant on sait que les gouvernements de rencontre qui se succèdent à la tête de la République sont des camelots de foire, alors qu'il suffirait de riveter une plaque portant le nom d'un député à chaque lampadaire de l'avenue des Champs-Elysées pour que la Chambre basse refuse tout budget déséquilibré (brevet de sagesse en cours de dépôt). Bref ! L'accord du 16 août en trois points :

(1) Gouvernement fédéral de la zone euro pour les questions économiques
Tout étant de nos jours "économique", les budgets nationaux deviendront des budgets dérivés. Les résidus de souveraineté sont appelés à disparaître. On peut se faire une idée des politiques futures en observant la politique agricole commune où les Etats ont disparu, sauf à se faire bombarder de choux. Et comme il n'y a pas de gouvernement sans capacité fiscale, l'accord prévoit deux impôts :

(2) Impôt commun franco-allemand sur les sociétés
Taux et assiettes seront les mêmes de part et d'autre du Rhin. Comme on ne voit pas la Deutschland AG hausser les siens, nous appliquerons les taux allemands. Si cette disposition a les faveurs des autres pays de l'Eurogroupe, on peut prédire que l'IS sera ultérieurement levé par le nouveau gouvernement fédéral.

(3) Taxe Tobin
Le serpent de mer est ferré. Les transactions financières, qui brassent des encours faramineux, seront taxées par un faible pourcentage mais rapporteront beaucoup. Pas d'évitement possible sauf transaction au milliard de dollars. D'ailleurs, on n'attend pas de hurlements de la sphère financière puisque toutes les décisions touchant les pays en crise ont jusqu'ici visé d'abord à sauver la finance internationale et les acteurs du quotidien comme les banques.

Quelques commentaires gratuits ?

La Commission de Bruxelles et son rastaquouère gominé sont renvoyés à la fonction de secrétariat général. Quelque chose me dit qu'une certaine RGPP¹ bruxelloise va suivre la réélection éventuelle du président Sarkozy à Paris. Le président Van Rompuy n'existe plus, sauf sur notes de frais et Jean-Claude Juncker est recalibré à la taille du Grand Duché.

C'est une bonne nouvelle d'apprendre que la gabegie française va enfin cesser, même si c'est contraints et forcés que nous nous plions à la gouvernance rhénane. Aucune des remontrances socialistes ne tient la route, et encore moins leur appel au décret de croissance et emploi comme s'il suffisait de le vouloir. Indécrottables rêveurs !

Le chemin de la mutualisation des dettes souveraines par l'émission d'eurobonds est heureusement fermé. Comme nous le disions tantôt, il est inutile de continuer à faire bénéficier de taux d'emprunt exceptionnellement bas des pays malades, qui à première rémission oublieront leurs bonnes résolutions et continueront à peser sur les équilibres européens. Chaque Trésor national continuera à affronter la dure réalité des marchés qui ne sont que la somme des investisseurs petits et grands. Et par moment à notre insu, vous et moi.

N'a pas été retenue non plus l'idée incongrue d'une agence publique de notation européenne faisant contrepoids (croit-on) aux trois agences internationales pour noter les comptes publics.

Reste toutefois un doute.
La situation de crise grave² exigerait que ces dispositions soient d'application immédiate et que la Règle d'Or soit respectée le plus tôt possible sans attendre le résultat de consultations générales lancées par le Premier ministre Fillon. A moins que la France ne perde le "triple A" entre la Noël et le Jour de l'An, auquel cas tout passera en force !

Perspectives
Allons-nous vers un gouvernement fédéral européen à quelques-uns ? Il y a cinq ans, Royal-Artillerie parlait de Fédération Européenne Occidentale à 7 (FEO³) ou 8. Nous nous en approchons furieusement. En attendant, faudra bien réviser nos classiques :) :) :)






Note (1): Révision générale des politiques publiques modernisant et dégraissant le corps des fonctionnaires français.
Note (2): le service de la Dette étant le premier poste du budget central, toute hausse de taux de refinancement sera dramatique pour le pays.
Note (3): les 6 pays fondateurs moins l'Italie plus le Danemark et l'Autriche.

mardi 16 août 2011

LBB 2011 c'est parti !

Dans un mois demain s'ouvrira La Biennale Blanche de Paris. Cette deuxième édition donnera une bonne idée de la taille et de l'intérêt de l'évènement, celle de 2009 ayant été le module de lancement d'une véritable gageure, laisser parler ensemble les royalistes sans que cela ne se termine à l'aube au Parc de Saint-Cloud devant témoins . Elle bénéficiera cette année de la liquéfaction du projet d'Assises royalistes lancé par le GLR, apparemment disparu corps et biens depuis lors. L'idée d'un point de rencontre de nos divergences était bonne à condition de ne pas gommer les divergences ; élémentaire, mon cher Watson.


Le motif de la manifestation avait été parfaitement décrit par son initiateur pour la première édition:

Les royalistes français ont l’habitude de tenir des réunions pour ceux des royalistes qui pensent exactement comme eux. [...] il sera question de permettre à chaque composante de la mouvance royaliste de rencontrer des royalistes issus d’autres « chapelles ». Les royalistes français ont à cœur de se regrouper pour reprendre de la force au souvenir de leur longue et belle histoire. [...] il s’agira aussi d’ouvrir une fenêtre sur ceux qui ne pensent pas comme nous, pour leur parler de nous, pour leur parler de la France et par conséquent du roi.

Des pointures viendront, à commencer par la Conférence Monarchiste Internationale. La mouvance Action Française délèguera plusieurs de ses structures militantes et l'Alliance Royale tiendra sa table. Le Groupe Action Royaliste viendra en force. Les visiteurs feront connaissance des rédacteurs de La Toile, organe trimestriel du groupe transversal SYLM (support your local monarch).
L'organisateur étant de la branche providentialiste, on y attend quelques sites emblématiques de la cause et même de courageux survivantistes. Des initiatives individuelles passeront à cette occasion de la virtualité du Web à la poignée de main physique, je pense entre autres à Café Royal. Au final, beaucoup de monde, et du choix comme on dirait en boutique, jusqu'à l'insaisissable Frank Abed. On aimerait y voir aussi le "stand" d'un cercle légitimiste et pourquoi pas, celui d'un forum royaliste toucouleur comme VLR.
Il y a encore un mois pour accroître la diversification et la capacité d'attraction de la manifestation. Les inscriptions se font sur le site de la Charte de Fontevrault (clic).




L'Odyssée de l'Espèce Royaliste
Samedi 17 septembre 2011
de 10h à 18h
ASIEM - Salle Paul Guyot
6 rue Albert-de-Lapparent 
Paris VII°
[ M° Ségur ]

Qu'on se le dise !


Liste des url utiles communiquée par la Charte
(la liste est régulièrement augmentée)
http://www.franckabed.com/
http://www.actionfrancaise.net/craf/
http://www.allianceroyale.fr
http://www.dailymotion.com/video/xgzcd5_franck-abed-recoit-alain-texier-1-3_news
http://charte.de.fontevrault.over-blog.com.
http://charte.de.fontevrault-arom.over-blog.com.
http://leblogdeliemarie.wordpress.com/2010/01/22/les-blancs-ont-leur-pages-jaunes/
http://internationale.monarchiste.com/
http://cril17.org/
http://charte.de.fontevrault.over-blog.com/pages/415_DES_APPORTS_DE_LA_CHARTE_DE_FONTEVRAULT_Le_Providentialisme_pour_les_nuls_et_lABCedaire_providentialiste-1105041.html
http://charte.de.fontevrault.over-blog.com/pages/416
http://www.louis-xvii.com/institut.html
http://fr.metapedia.org/wiki/Rex_Appeal
http://fr.metapedia.org/wiki/SYLM
http://www.vexilla-regis.com/textevr/UN%20ROI%20POUR%20LA%20FRANCE.htm
http://camelotsduroi.canalblog.com/
http://www.actionroyaliste.com/
http://royalismesocial.canalblog.com/
http://www.actionroyaliste.com/index.php?option=com_content&view=category&layout=blog&id=65&Itemid=93
http://www.radio-royaliste.fr/
http://forum.royaliste.org/viewtopic.php?f=9&t=3592&start=0

Postscriptum : Parmi les projets portatifs et individuels, Royal-Artillerie avait prévu l'an dernier de prendre une table à cette manifestation. Mais ce blogue est une one-man-band et les réalités de la vie professionnelle ont particulièrement encombré cette rentrée, m'obligeant la mort dans l'âme à annuler ma participation, pourtant annoncée en début d'année à M. Texier. J'y aurai développé "ma" préférence pour la monarchie constitutionnelle du Nord, l'économie libertarienne selon Frédéric Bastiat et la solidarité atlantique, sous forme de fascicules regroupant des articles publiés dans le blogue et vendus quelques sous pour faire chic. N'en parlons plus.

jeudi 11 août 2011

Vérité du Nombre

La rupture estivale en zone de connaissance a ceci de productif qu'elle ne subit pas l'éblouissement de la nouveauté ni le ravissement du spectacle inédit de la Nature, et laisse donc l'esprit critique à la contemplation de nos concitoyens et de quelques autres qui aspirent à se civiliser chez nous, parfois à la poursuite d'un rêve de liberté qu'ils finiront en cauchemar. Non pas que la partie "professionnelle" de l'année nous prive de cet exercice d'analyse, mais les contingences trépidantes de la vie active accroissent l'esprit de géométrie aux dépens de ce qu'on pourrait prendre pour de l'esprit de finesse.
Cet exercice n'étant bridé par aucun rédacteur en chef, j'avertis notre distingué lectorat que le pensum est sans frein.

Que ce soit dans les lieux de célébration de la Consommation - ces indispensables centres commerciaux où chacun mesure et polit son barreau de l'échelle sociale voire son timon straussien, que ce soit dans les espaces publics de distraction où l'on crée une empathie d'autant plus sûre que l'assistance est nombreuse et que l'on moque quelque chose ou quelqu'un, on constate les effets du conditionnement des individus amassés en foule, et à la réflexion, la quantité incroyable de moyens divers et variés engagés pour parvenir à "faire du chiffre", entendez cumuler de l'audience et la marchandiser, soit immédiatement soit en espérances comme on le fait pour les élections. Parce que le Nombre est vrai, mec !
Combien de fois entendons-nous les cuistres médiatiques nous livrer des sondages d'opinion prouvant le bien-fondé ou le mal-fondé d'une mesure gouvernementale. Une majorité de gens refuse-t-elle le retrait des panneaux avertisseurs de radars ? même si la mesure est bien la seule à policer la conduite des "pistards" de la route, que le nombre a parlé et l'on fera la dépense de panneaux pédagogiques pour enfants niais au lieu d'obliger à équiper de dispositifs de cruise control les voitures. On s'en méfie aussi de ces majorités d'opinion, et symétriquement se refuse-t-on à sonder sur des sujets tabous comme le sort à réserver aux pédophiles ou celui des tueurs de femmes. Surtout si le pouvoir est enclin à sévir. De même à l'opposé de l'échelle d'inquiétudes, pour le combat en coalition dans l'affaire afghane, on sonde après les pertes militaires sur la justesse de notre engagement, sans compassion pour le sacrifice de nos soldats ni énoncé des tenants et aboutissants, afin de faire éclore une vérité majoritaire qui satisfasse les faiseurs de rois, les médias et leur anti-américanisme à la mode.


Cette dictature recherchée du Nombre implique des techniques de communications massives en constant perfectionnement. Si pour leur rentabilité elles visent d'abord l'excitation du consommateur solvable, elles peuvent être fourbies bien sûr aussi pour favoriser les canaux d'endoctrinement "cérébraux". Il est plus aisé que jadis d'endoctriner les masses, mais moins que demain qui s'annonce comme un véritable bombardement cybernétique par le développement de l'Internet mobile. Or les endoctrineurs multipliés, les faiseurs d'opinion précités, les cons terribles des matinales radiophoniques, empruntent ces voies nouvelles de propagande massifiée à l'intention de populations ciblées ou pas, dans un large ensemencement ininterrompu pour influencer par le Nombre les pouvoirs en place. Ils savent depuis les démonstrations de Konrad Lorentz que « la puissance de suggestion d'une doctrine progresse en proportion géométrique du nombre de ses adhérents »¹ et la soupe idéologique est meilleure plus encore si le chaudron est grand. Le marché de masse ouvert par ces techniques devient parallèlement un marché de civilisations prêtes à mettre, où se promeut inlassablement la nôtre bien sûr, malgré sa décadence. Pédagogie imparable dans sa perversité, toute erreur fondamentale de notre système peut être purgée par une opinion majoritaire et devenir une "directive", puisque la vérité est devenue l'acceptation d'un concept par le nombre le plus grand. C'est l'histoire des crapules civiques blanchies par leurs électeurs stupides qui osent tout. Minoritaires vous avez tort par construction idéologique, circulez ! Si l'on ajoute à cette incongruité le nouveau syndrome d'immédiateté, cette propension infantile des gens à satisfaire à l'instant leurs désirs primitifs - les marchandiseurs visent l'achat compulsif - et leur incapacité à se sentir responsables d'un avenir éloigné, savoir le temps d'après leur mort, on atteint là l'os de l'escroquerie démocratique. Le Nombre peut être puéril, idiot, ou fou mais... vrai. L'insulte à l'intelligence de l'espèce est complète. Les gens ne l'ont pas encore compris mais le soupçon s'éveille.

Charrie-t-on ou pas l'Erreur dans les voies nouvelles de communication ?
Comme tout le reste évidemment, du mauvais et du bon avec l'encyclopédie participative Wikipedia, les liaisons hyper-rapides entre abonnés, l'accès aux bibliothèques du monde, et la pornographie ! Mais plus insidieusement sont diffusées une certaine "façon de voir" dominante, une certaine "éducation" globalisée et un ton convenu pour exprimer l'inégalabilité de la démocratie, la doxa. Sur ces réseaux de moins en moins informels puisqu'ils ont muté en gigantesques banques de données personnelles, se crée une culture transversale homogénéisée, fondée, pour faire court, sur le libéralisme capitalistique occidental et ses moeurs débridées, que ça nous plaise ou pas. Cette culture est accessible aujourd'hui de partout et déteint.
Les révoltes arabes, mais l'urticaire libertaire de la classe moyenne chinoise aussi, démontrent une convergence mondiale des expressions individuelles vers ce modèle social réputé qu'est le modèle libéral occidental, un peu fantasmé d'ailleurs, grosso modo celui de la liberté la plus large dont les contours pour chacun se limitent à la liberté d'autrui et ne composent avec aucune morale, le fameux Empire du bien de Philippe Muray. Avec en prime un mot magique complètement détourné de son sens premier : dé-mo-cra-tie.
Comme derrière le Rideau de Fer de jadis, les gens d'outre-occident voient dans le mot "démocratie" la liberté de penser, parler et circuler. Après la révolution de jasmin, les gens tapaient sur Twitter comme des fous "Ben Ali est un con" parce jusque là c'était la prison assurée ! En seconde couche, le voeu est de participer à la mondialisation transformant leur société en une société banale, automobile, "conforme" et à l'aise. Ne vient qu'en troisième couche, mais elle est celle qu'exaltent les thuriféraires de la Libération qui ne nous parlent que de ça, une vraie citoyenneté politique. Les taux de participation aux élections dans les pays de l'Est montrent que l'impatience civique est de plus en plus refoulée, les gens s'en foutent, leur liberté d'abord et un bien-être le plus proche possible du rêve antérieur. Le citoyen est devenu presque partout un consommateur d'idées politiques si l'emballage le captive, jusqu'à zapper pour rire aux jours de scrutin. Nous allons revivre ces nouveaux jeux du cirque en avril prochain.

Oui, on charrie de l'erreur, grave.
Les libertés essentielles recherchées par les peuples révoltés et ceux qui en Asie vont les imiter, sont des acquits obtenus d'une certaine organisation des sociétés, qui priorise l'instruction publique et valorise les connaissances apprises sur un espace de temps moyen à long afin d'exalter les vertus civiques indispensables au fonctionnement du modèle occidental. Charles Maurras liait la rareté des comportements humains vertueux à l'inhumanité du modèle démocratique qui en attend tout. De fait, les libertés essentielles ne sont pas vendues dans le kit "démocratie totale" ; seulement annoncées par l'endoctrineur qui n'insiste pas sur cet effort collectif d'apprentissage ; c'est la seule vérité vraie qui ne soit pas contredite : il faut non pas les conquérir mais les faire pousser comme de l'herbe. On ne peut se satisfaire d'une règle commune abrégée qu'on pourrait appeler droit naturel universel² et en avant ! Le fonctionnement politique d'une société convoque une certaine complexité des mécanismes sociaux qui reste à construire sur la base consolidée du droit naturel². Mais les "nouvelles" sociétés qui organisent leurs pouvoirs d'administration générale, secrètent en même temps le ferment de leur asservissement par les corps constitués qu'elles laissent métastaser, puis se bunkeriser dans le futur. C'est la dérive des raïs arabes, de quelque nom qu'on les appelle dans les républiques orientales. Egypte, Syrie, Irak, furent des républiques construites sur le modèle parlementaire de Westminster adapté par Michel Aflak (Baas) ; elles devinrent des dictatures, certaines sanglantes mais toutes légales. Le Nombre peut enfanter aussi son propre camp de concentration mentale !
Pour obtenir ces libertés qui font rêver la Rue arabe, il faut donc que l'expérimentation éprouve leurs fondations au socle de la société considérée, et c'est un long cheminement du groupe social quand il y parvient. Penser tous les compartiments du jeu social et mettre en application leur réfutation jusqu'à ce qu'ils tiennent debout par eux-mêmes, les assembler. Ne pas faire une confiance aveugle aux professeurs de droit ; ne pas dénombrer les essais ; les faire ! La procédure détaillée est trop longue pour être vendue dans le "kit", elle en diminuerait le côté sexy. Alors d'aucuns présomptueux ou mal conseillés font le grand bond de la barbarie à la civilisation sans étapes générationnelles, en déduisant leurs règles sociales du droit naturel commentées de l'extérieur et importent de l'étranger les règles de fonctionnement de leurs institutions modernisées, et la première de toutes, la décision majoritaire. Et ça ne marche pas. Cf. l'Afghanistan en plein désarroi, mais le Pakistan britannique n'est pas mieux ; la liste est longue des démocraties-foutoirs finalement administrées par la force brutale récupérée du stade antérieur.

Si le besoin de connaissances et d'instruction publique générale s'avère impérieux pour continuer l'ouvrage d'une société juste et pérenne, les dépenses budgétaires correspondantes deviennent prioritaires, bien avant tous autres postes du domaine public. Ceux du domaine régalien doivent être mesurés à leur stricte nécessité, et les vanités diplomatiques remises à plus tard. Suffit-il d'analyser les sociétés démocratiques occidentales pour en comprendre le mode d'emploi et les imiter pour accéder au paradis promis par les textes ? Oui, ça aide. C'est un exercice auquel devraient s'astreindre les équipes gouvernementales des sociétés nouvellement libérées s'il est fait sérieusement. Elles sauront bientôt que le modèle est en toc ! Et que le Nombre qui le dit vrai se trompe lourdement. Il n'y a pas de prêt-à-penser qui tienne la route longtemps en physique sociale, l'échauffement des populations administrées à travers ces grilles de lecture théorique en donne vite les limites. La pratique de la théorie est toujours un arrachement des convictions. Aparté : les royalistes la redoutent pour cette raison.
Chaque société doit créer son propre modèle social, l'éprouver et le pérenniser par ses propres retour d'expérience. A mon avis, le farà da sè est le seul intérêt du nationalisme et les pays qui s'y prêtent réellement voient se répandre doucement l'idée que dans le modèle acclamé par les otaries médiatiques, le volet social-démocratie qui vise à la satisfaction de la sécurité et du confort du Nombre, est en faillite accomplie, ruinant le reste de l'ouvrage qui mériterait d'être défendu. C'est un réel bond en avant des idées car le sujet était jusqu'ici tabou. Le modèle quand il est mesuré par les chiffres est pourri. Le train fou de la banqueroute accourt vers nous de plus en plus vite, nous en avons déjà évoqué les effets dévastateurs et n'y reviendrons pas. On me dit que la Bourse panique. Il y a de quoi : des nations prospères ont enfanté des Etats promoteurs d'un humanime débridé qui finissent leur carrière avec des comptes publics de temps de guerre en pleine paix.

Ce blogue de petit calibre continuera de tirer à boulets rouges sur la solidarité à compte d'autrui qui gouverne tous les pays occidentaux. Le principe de "Providence" qui est généreux par essence est vite fatal si la redistribution de richesses excède d'une part la quantité de richesses produites et si elle bénéficie d'autre part à des individus qui ne la méritent en rien, aggravant l'oisiveté endémique du genre humain. Les tribus indiennes de la Grande Plaine n'exemptaient de la production mais les gardaient à l'ordinaire que les fous. Ils n'en avaient pas beaucoup et les sorciers assuraient la tranquilité de ces êtres différents en les faisant toucher par un rayon cosmique. En revanche, à ce petit groupe de ravis, nos sociétés, éblouies par la charité chrétienne malgré les lois Combes, ont ajouté de grandes cohortes de fainéants, assez rusés pour faire croire à leur malchance et ne jamais montrer que plus ils sont aidés moins ils en font, pervertissant le système qui ne tient debout que par l'emprunt d'argent aux étrangers (70% de la Dette française). Les caves à vin sont-elles vides ? Cocagne, on vendra la vigne pour boire !

Les candidats à la "démocratie" qui souhaitent construire chez eux une société juste et libre doivent diriger leurs observations sur les pays bien gérés, aux comptes publics équilibrés par principe (malgré quelques dérapages conjoncturels), ils sont peu nombreux mais exemplaires, ce qui rend le tri plus facile. Hors de l'épure les pays latins, gitans et braillards gouvernés par des saltimbanques addictés au moteur diesel du déficit budgétaire. Hors de l'épure la démocratie américaine raciste qui laisse attaquer son président noir sans vergogne bien que perfusée par la nouvelle Chine qui la soutient comme la corde le pendu. Hors de l'épure la Fédération russe et son substrat mafieux qui prospère sur le fumier de la misère.
Le modèle imitable, bon d'importation, est au Nord de l'Europe, et en petit format à Hong Kong. Bizarre ! Ces pays ont chacun une forte identité nationale. C'est la Scandinavie (Danemark, Norvège, Suède, Finlande, Estonie), les Pays-Bas, le Luxembourg, la Confédération helvétique et quand on avantage le paramètre identitaire, l'Autriche. Pas plus ! On y ajoutera demain la nouvelle Flandre, toutes griffes dehors. Que nous disent ces pays ? Qu'ils ont longtemps dérivé dans le tiersmondisme tiède, mais sont revenus à leurs fondamentaux. Ils nous disent des banalités pour une gouvernance de bon père de famille. Rien d'exaltant, pas de quoi meubler les amphis de SciencesPo. En gros, ne pas dépenser plus que l'on gagne, faire mériter l'aide strictement mesurée, mettre des moyens de côté quand c'est possible (voir le fonds souverain norvégien), ne pas punir le succès des entreprenants en les ostracisant, et ne pas se prendre pour le leader du monde, impatient d'adouber ou condamner tout évènement politique de la Terre de Feu au Kamptchaka . Tout le contraire de l'endoctrinement idéologique que nous subissons au milieu de l'exaltation de nos gloires enfuies, sous la protection d'un ridicule gaullien qui ne tue plus. La teneur et le niveau de la campagne pour les primaires socialistes sont lamentables. Qui pis est, ils sont totalement hors-sol, les Français, selon l'Insolent, privilégiant la réduction de la dépense publique en attendant l'Anschluss qui les sauvera ! Quel camouflet !

Selon les penseurs socialistes qui ont survécu à l'effondrement du Mur - on en a raté beaucoup et partout³ - il faudrait ré-étatiser notre société gravement dénationalisée, restaurer les solidarités forcées du Conseil national de la Résistance (je dors, tu bosses, je m'indigne), pondérer la disette budgétaire entre les strates et entités politiques, surtaxer les possédants captifs de leur patrimoine intransportable, niveler l'accès de tous aux guichets sociaux, relever les barrières douanières pour protéger la production nationale (laquelle et où?) et ne plus subventionner l'exportation pour récupérer de la TVA, dévaster les niches fiscales, revenir à une monnaie de singe dévaluable à l'envi le dimanche, établir de nouveaux catalogues de dépenses populaires, mettre en cage la finance internationale impure qui ne nous obéit pas, dire son fait au G20 qui n'attend que l'oracle de Paris, et amorcer la démondialisation ; du grand n'importe quoi mais facilement compréhensible par les masses automatiques à bas QI dont le nombre validera en principe le concept.
De tous bords, convergent les "savants" sur cet endoctrinement létal pour notre nation, à se demander ce qu'ils y cherchent réellement, la victoire de leurs idées ? Mourir pour des idées ? On ne célèbre rien sur les ruines fumantes d'un Etat grec, par exemple, sauf l'aurore de l'Anarchie ! Sommes-nous au printemps de l'Anarchie ? L'insurrection qui vient, disaient les épiciers de Tarnac.


Note (1): Les Huit péchés capitaux de notre civilisation (Flammarion 1973)
Note (2): Il s'agit de la ligne de partage spontané tracée par les gens du groupe social observé, séparant entre bien et mal les actes de chacun, à l'abri des commandements religieux qui partout vicient le concept de droit inné pour le remplacer par un droit transcendé avec l'imparable facilité de l'autorité invisible et inaccessible au commun, qui dicte une loi irréfragable. La souffrance ou le meurtre d'enfants, le viol des femmes, la fatalité de la famine, l'assassinat des vieux inutiles, le vol des gains péniblement obtenus, etc. sont d'instinct insupportables absolument et n'ont pas besoin de code pénal pour être réprimés.
Note (3): même chez les royalistes... ;)

samedi 6 août 2011

Les larmes du roi

La dignité et l'humanité du peuple norvégien dans l'épreuve tragique qui lui est imposée par le combat d'un loup solitaire perdu d'avance, ne laisse d'impressionner. Un chagrin impassible, les dents serrées à casser, les fils d'Odin ne plieront pas sous l'assaut d'un Mythomane et de ses imitateurs possibles. Ils aiment leur société ouverte et fraternelle, ils en assument les richesses, les peines et les soins qu'elle réclame et aussi de nombreux inconvénients. Mais ils sont chez eux et nous le disent, et s'organisent comme ils l'entendent. La Haine ne passera pas. C'est ce que nous montre le champ de fleurs et de bougies déposées par les Osloïtes devant la cathédrale où fut célébré la messe de requiem pour les victimes du carnage d'Utoeya, sous la présidence du chef de l'Eglise de Norvège, SM le roi Harald V.
L'office du dimanche 24 juillet restera dans les mémoires. A côté d'un roi aux yeux rouges de larmes, d'une reine en sanglots, le premier ministre, la gorge nouée d'émotion, parvint à articuler les mots de leur détermination à tous : « Nous sommes un petit pays mais nous sommes un peuple fier. La Norvège n’abandonnera jamais ses valeurs ».
Il aurait pu ajouter que ce n'est pas le nombre de ses enfants qui fait une grande nation mais s'en est retenu pour ne pas être immodeste, travers d'usage général dans nos contrées latines. C'est toute la différence, mesure, étiquette, affabilité. Le roi Olav V, père du roi d'aujourd'hui, avait l'habitude de dégourdir ses chiens au petit matin sur l'esplanade du palais et rendait leur salut aux passants dans une simplicité royale. SM Harald V est le modèle des monarques du Nord. Autorité naturelle permettant d'ouvrir une accessibilité vraie. Scolarité à l'école publique, service militaire dans la cavalerie, troisième cycle à Oxford (histoire, économie, sciences sociales), il sera l'ambassadeur infatigable de l'industrie norvégienne. Excellent dans les activités sportives, il communie comme tous ses sujets avec la Nature tant à la chasse qu'à la régate puisque le Norvégien est d'abord un marin. A 74 ans, il enchaine les voyages diplomatiques et assure sa charge pour le meilleur bénéfice de son pays. C'est le job ; et ce pays marche bien, malgré de sévères contraintes climatiques et une géographie coupée en tous sens, si difficile à exploiter. Mais le défi répond au défi, à pays dur, crânes incassables. La vigueur nordique n'est pas célébrée pour rien, et cela depuis des siècles.
Il serait facile et cruel d'établir des comparaisons avec les condottieri de rencontre qui viennent à date fixe "réussir" leur vie chez nous dans des palais qu'ils n'ont jamais construits. Quels que soient leurs mérites, élus d'une faction, ils ne feront jamais l'exploit de réunir tout le pays derrière eux de manière spontanée. Ce "précipité" va de soi en Scandinavie. Le roi de tous appartient à chacun et il est infiniment plus que le chef du gouvernement des disputes courantes. Il est l'horloge pacificatrice de la république et l'âme visible de la nation. Nous ne savons comprendre.



Nota : ce billet est paru dans l'Action Française 2000 du 4 août 2011

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