samedi 30 septembre 2017

Florian Philippot, le coup manqué

Président des Patriotes
Florian Philippot a succombé à son orgueil plus qu'à ses blessures. La loi darwinienne de l'Evolution démocratique stérilise la branche qui le porte. Un homme politique, qui n'est pas autre chose qu'un entrepreneur en extraction de voix, doit avoir pour qualité première la main du docteur qui tâte le pouls de ses électeurs. Que Florian Philippot ait tout faux est moins inquiétant que de savoir qu'il a été porté par le Politburo frontiste sans reproches ni murmures pendant plusieurs années. Bien sûr il leur apportait ses talents de dialecticien, un bagage académique et une résilience en plateau médiatique qui avait disparu au départ de Bruno Mégret et de ses cadres chassés du Paquebot. Mais dans le train du diable venait aussi une arrogance bien française, le cartésianisme infaillible qui sacralise toute démonstration aboutie et voue aux gémonies son contradicteur. S'il n'a pas toujours péché par lui-même il s'est laissé impressionné par des gens à diplôme tels que Jacques Sapir de l'EHESS comme Frédéric Lordon, Charles Gave, Sciences Po Toulouse, devenu conseil en gérance de portefeuille à Hong Kong plutôt que gérant lui-même, une bonne dizaine d'autres moins connus, sans oublier le prix Nobel américain Paul Krugman qui ne supporte pas l'ombre portée de la monnaie européenne sur les bons du Trésor US.

Au lieu de se laisser éblouir par les grands crânes qui tranchent et coupent pour les autres, Florian Philippot aurait dû voyager (incognito) pour aller parler aux peuples en vraie souffrance, regroupés dans l'acronyme méprisant de GIPSIES (Grèce, Italie, Portugal, Irlande, Espagne). Il aurait entendu partout la préférence des gens pour l'euro. Les motifs lui auraient paru peu orthodoxes mais ils venaient du fond du cœur : l'euro est une monnaie allemande en laquelle on peut avoir confiance ; cette monnaie commune oblige les dirigeants à mieux gérer le pays (sauf quand ils mentent, mais c'est l'appartenance à l'Eurogroupe qui a révélé le gangstérisme grec); les piastres méridionales étaient en constante dévaluation par rapport aux monnaies du nord pour palier les déficits publics, à preuve personne n'en met dans les bas de laine au fond de l'armoire ; et à la fin de l'enquête il aurait entendu que les dirigeants des GIPSIES ne donnent pas confiance. Alors M. Philippot aurait compris à son retour en France, et après trois tournées au café du commerce de Forbach, que promouvoir l'abandon de l'euro était du perdant-perdant ! Mais M. Philippot n'est pas aussi intelligent qu'il le croit.

On pourrait faire la même démonstration de l'aveuglement des élites diplômées sur deux autres chapitres qui furent déterminants dans l'élection présidentielle : la submersion migratoire par les musulmans qui se comportent en terrain conquis ; la défense de la famille traditionnelle. Inutile d'épiloguer, l'électeur frontiste déteste le melon en chemise dans la rue et se moque du mariage des folles comme Coluche et Le Luron. Dans une lettre ouverte publiée sur le site compilatoire de La Faute à Rousseau, Pierre de Meuse développe aussi ces deux points en reprochant un certain dédain à l'endroit des conservateurs catholiques. Philippot et son team ont pris l'électeur à rebrousse-poil et ont perdu, nonobstant la médiocre prestation de Marine Le Pen largement sous-calibrée pour l'emploi visé, qui a mis la torpille en plein dans la sainte-barbe !

Une seule personne a dit les choses à haute voix bien avant l'élection : Marion Maréchal-Le Pen. Même Gilbert Collard (clic) a soutenu la sortie de l'euro par pure discipline alors qu'il n'était même pas encarté au Front ! S'il est un esprit délié pourtant, c'est bien le taureau de Saint-Gilles ! Qu'il se soit détourné de la voie du bon sens par des démonstrations fumeuses de gens qui parlent de l'argent des autres toujours et jamais du leur, m'étonne.
Marion Maréchal-Le Pen a plus de sens politique que tous ces courtisans, elle a senti le terrain parce qu'elle a testé ses idées à la base, jusqu'à se rapprocher de l'épiscope local ! Christian Estrosi avait bien raison de la dénoncer comme le danger fatal à sa carrière niçoise, car elle pouvait leur passer sur le ventre sans difficultés une fois libérée des consignes de Nanterre. Elle reviendra quand ils seront morts ou partis et portera le nom du mari qu'elle cherche...

lundi 25 septembre 2017

Malheur aux sorciers

En ces temps de protection d'espèces menacées de disparition, de culpabilisation de l'espèce humaine appelée en responsabilité de tout ce qui va mal sur cette planète que d'aucuns disent foutue, la société de jouissance augmentée vers laquelle doivent tendre les hommes d'aujourd'hui, à peine d'exil intérieur et d'ostracisation, il est quelque part rassurant d'entendre un des ténors de l'écologie appliquée se dresser contre le bricolage de l'enfantement. C'est bien José Bové¹ qui fait part de sa réprobation dans la revue chrétienne d'écologie intégrale Limite en des termes définitifs, mais pas moins que Noël Mamère² dans Reporterre et dans un autre compartiment d'expertise, Catherine Dolto³ au Télégramme de Brest. D'autres comme Michel Onfray ou Eric Naulleau condamnent cette avancée sociétale sous la canonnade de la bienpensance gazeuse dont un des gourous maléfiques vient d'être rappelé auprès de son créateur pour destruction définitive. Si les pointures médiatiques se réveillent, les veilleurs n'ont pas échoué.

Il tombe en effet sous le sens que le premier respect de la Nature dont la déification renaît partout dans une sorte de paganisme druidique, consisterait plutôt à respecter ses modes de perpétuation que d'en modifier les procédures. Il y a aussi une corrélation d'équilibre entre cette planète finie et le mode de régulation ancestral des gens et bêtes qui vivent dessus, que l'on appelle la sélection naturelle, combattue par la Faculté jusqu'à l'étouffement des ressources disponibles. Qui a dit qu'il faudrait deux planètes Terre pour faire vivre tout le monde en 2030 ? Le Fonds mondial pour la nature (WWF)! C'est dans ce contexte que nous répondons à une question qui nous a été directement posée (dans le but de nous ennuyer sans doute) : Etes-vous pour ou contre (1)la PMA et (2)la GPA. C'est très simple, (1)contre avec réserves et (2)contre carrément contre.

A la lecture du dossier, nous sommes sensés avoir compris que...

La procréation médicalement assistée fermée est légitime quand il s'agit de suppléer aux déficiences d'un couple naturel, quoique à pousser à fond le principe de la loi naturelle, le dit-couple est d'évidence non répétible. Dans ce cas, il n'y a pas plus de dommages physiques ou psychiques si on bypasse les voies naturelles que par copulation naturelle. Par contre procréer sur la base de pailles anonymes congelées ouvre la porte aux retours de bâton annoncés par Mme Dolto. Il faut sans doute avoir un mental assez fort pour surmonter l'obscurité de sa propre fabrication.

Utiliser cette procédure médicalisée pour satisfaire à l'envie d'enfants de la part d'individus isolés ou de paires stériles est chosifier le petit d'homme. A y être, on pourra plus tard récupérer la chose en fin de vie pour faire des gâteaux comme dans Soleil Vert.

La gestation pour autrui (Wiki) pose bien d'autres problèmes puisque les essais en vraie grandeur constatent, outre l'amoralité de la location d'utérus - l'origine du monde selon Gustave Courbet - la création d'usines et de catalogues. Les gynécées indiens et les catalogues californiens nous annoncent des lendemains qui chantent faux, non tant pour les problèmes de filiation, de morale, religion, droit international ou état civil etc, mais pour les risques à prévoir de révolte générale des synthés* :
* Clin d'œil à la série télévisée "Almost Human"

Autoriser la GPA, c'est probablement faire un grand pas vers la barbarie. Qu'est-ce qui tient les mammifères humains ensemble, dans une capacité de vivre ensemble et de se respecter les uns les autres ? Cela tient à la manière de se respecter soi-même. Ce qui est à craindre, c'est qu'un enfant qui découvre qu'il est né de GPA perde le respect pour lui-même et pour les adultes à l'origine de cette transaction et que cela déclenche en lui une très grande violence (...) Quel sera le coût humain et social d'une telle pratique ? (C. Dolto)


Inutile de poser ici la question de l'avortement qui dans mon esprit ne peut être que thérapeutique ou justifié par une abomination. Le principe de maïeutique privilégiant automatiquement l'enfant à naître sur la parturiente est en revanche à proscrire s'il est toujours dans les protocoles non dits.

C'est par la conclusion de Mme Dolto que nous terminons ce court article :

L'enfant né par GPA devient l'aboutissement de la société de consommation, la boucle finale de cette société marchande. On a réifié les animaux et on va donner aux enfants un statut d'animal, de produit dont le destin est de rendre heureux une famille, comme un petit chien comme un petit chat. On regarde d'abord la jouissance des grandes personnes. Nous sommes dans une société où la frustration est insupportable et où tout désir doit être respecté.

Dans vingt ans, produirons-nous des enfants destinés à réparer d'autres enfants qui auront échappé au crible de la viabilité garantie par votre mutuelle ? Pourrons-nous modifier l'ADN pour changer de couleur en cours de vie, ou renaître ? Que de malheurs à venir ! J'avoue ne pas être capable de percer ces ténèbres.

(1a) Lire José Bové chez Eugénie Bastié
(1b) Lire José Bové à Libération
(2) Lire Noël Mamère sur Reporterre
(3) Lire Catherine Dolto au Télégramme

Catalogne, grenouille de la fable

Carles Puigdemont, président
Le parlement de Catalogne a donc voté le 6 septembre l'organisation du référendum conduisant à l'indépendance de la nation catalane. La sécession commence par un de ces artifices parlementaires dont les gauchistes ont le secret* (lire l'article de Pellistrandi dans Telos - clic) mais nul ne doute que le 2 octobre, au lendemain d'un éventuel scrutin, l'indépendance sera proclamée, si seuls les bulletins des Macaboundeu pur-sang sont validés. Le chef de l'ancienne generalitat et nouvelle république se coiffera-t-il d'un casque sur le balcon de la présidence comme le regretté Allende ? C'est toute la question de cette pitrerie qui commence à agacer sérieusement le Galicien Mariano Rajoy, premier ministre blasonné à l'anguille que l'on a connu plus ondoyant. Il a compris que les cojones de l'insurrection - quand on aura terminé la sardane des tapettes - sont finalement les finances qu'il prend à pleines mains. S'il coupe... les virements l'affaire est pliée, du moins c'est le résultat de la simulation sur ordinateur. En attendant il se fait traiter de franquiste par les bébés-phoques de l'Indignación, ce qui lui en touche une sans faire bouger l'autre® (l'expression est déposée).

La Catalogne se voit indépendante et riche au sein d'une Europe revisitée où émergeront les Nations sans Etat libérées enfin des Etats-nations. Elle est bien la seule, nul en Europe ne l'attend ! La Catalogne n'a rien laissé encore dans l'imaginaire collectif rhénan [le lecteur peut donner sa liste dans la section "commentaires"], sauf pour les chauffeurs routiers qui la connaissent comme le bas-ventre du Sud. La Jonquera (prononcez le Ji) est le plus formidable bordel d'Europe occidentale. Aller au Paradise ou au Lady Dallas marque une vie de camionneur...
[fin de la séquence amorçage]

Il y a deux ans, Albert Gea, reporter Reuters à Barcelone, émettait des doutes sur les lendemains de l'indépendance. Autant revenir à son article publié sur RFI :

Forte économiquement aujourd'hui, la Catalogne pourra-t-elle encore le rester une fois indépendante ? En cas de victoire, Artur Mas (ndlr : aujourd'hui disparu) n'a pas l'intention de déclarer l'indépendance au lendemain des élections. Il se donne 18 mois pour entamer le processus de séparation. Dans un premier temps, il souhaite négocier avec Madrid une séparation en douceur et discuter avec Bruxelles de son maintien dans l'Union. Si les trois parties parvenaient à un accord, la Catalogne assumerait alors sa part de la dette espagnole. En revanche, faute d'accord, elle n’aurait plus aucune obligation, ce qui mettrait Madrid en difficulté, tout autant que la Catalogne qui sortirait alors de l'Union monétaire. Une menace à laquelle les indépendantistes ne croient pas. Selon eux, Bruxelles n'a aucun intérêt à exclure la Catalogne.
Pourtant, des voix s'élèvent pour contrer l'optimisme des indépendantistes. Le gouvernement espagnol bien sûr, mais surtout les milieux d'affaire catalans. Ils agitent le chiffon rouge et mettent en garde l'opinion publique contre des conséquences dramatiques pour l'économie de la région. Chute du PIB, flambée des dépenses, explosion du taux de chômage, sans oublier la fuite des capitaux vers l'étranger. Une séparation de l'Espagne serait un choc pour le pays, et pour l'Europe... Certains patrons catalans sont sortis de leur réserve et prédisent un avenir assez sombre à la Catalogne. Les entreprises subiraient une perte de leur compétitivité, ralentissant les exportations. De leur côté, les banques préviennent qu'en cas de sortie de la zone euro, elles reverront l'opportunité de rester ou non en Catalogne. De plus, Barcelone sera confrontée à la question cruciale : à quel prix pourra-t-elle se financer sur les marchés, et pourra-t-elle encore bénéficier des financements de la BCE ?

Un économiste distingué, le professeur Ferran Brunet de l'Université Autonome de Barcelone (UAB), prévoyait un avenir sombre en cas d'indépendance : L'économie catalane perdrait 14,2% de son PIB dans le meilleur des cas, et 23,5% dans pire des scénarios ; elle perdrait aussi 16% des emplois et son taux de chômage atteindrait 34% de la population active. Principale explication de cette évolution catastrophique supposée : la chute annoncée de 50% des ventes sur le marché espagnol où la Catalogne exporte plus de 40 milliards d'euros. Les économistes pro-indépendance rétorquent que le soulagement fiscal que représentera la cessation des transferts vers l'Espagne boostera l'économie au plan intérieur et résoudra tous les problèmes agités pour effrayer l'électeur. C'est faire peu de cas de l'environnement européen qui est indispensable à la Catalogne et de l'hostilité d'autres provinces aujourd'hui clientes, et surtout, de la phase de transition où les virements mensuels du Trésor madrilène des salaires publics, pensions, frais médicaux et allocations vers la Catalogne peuvent se tarir.

Il n'y a pas une vague de submersion des positions castillanes en Catalogne. Après l'attentat islamique des Ramblas, le couple royal fut applaudi sur le parvis de la Sagrada Familia après la messe de requiem plus ou moins improvisée. Mais quand la mairie indignée organisa plus tard une manifestation de recueillement Place de Catalogne les sifflets et huées fusèrent à l'endroit du roi et du président du Gouvernement, les militants indépendantistes ayant été convoqués à dessein. Assez bolivarien en somme !

Carte folklorique extraite de l'Atlas des Nations sans Etat de Mikael Bodlore-Penlaez

A côté du républicanisme de saison, c'est bien une question de fric qui va régler l'affaire. Les indépendantistes "durs", minoritaires, ne sont pas les plus motivés par le succès économique de la République industrielle mais plutôt par leur chance d'accéder aux prébendes subalternes alors que dans la masse des suiveurs il y a beaucoup d'ouvriers, employés, petits patrons dont la perplexité va croître. Tant que la Catalogne restera branchée sur les tuyaux européens rien ne se dégradera réellement sauf la dispute avec Madrid sur la Dette souveraine et les crédits de développement ; mais la République risque bien de trouver guichets clos (BCE, BERD, BIRD), sinon des taux offshore très élevés pour placer sa dette non classée par les agences de notation. Nul doute que des régions en effervescence comme le Pays basque, l'Ecosse voire la Padanie suivront de près la guerre picrocholine entre Madrid et Barcelone, sauf s'il y a un match de Champions League à la télé.

Partir à la guerre sur la base de 50% de sympathisants locaux contre une Espagne revenue dans le concert des nations de référence est osé. Entre la mairie Podemos de Barcelone et la Generalitat c'est un vacarme de surenchères lancées sur des portées romantiques qui peut aboutir au chaos si les réticences finales de la majorité raisonnable sont trop fortes et désespèrent les partis gauchistes. Carles Puigdemont voudra-t-il sa page d'histoire à tout prix ? Ce grand lider n'est pas connu des bataillons de l'opinion au nord des Pyrénées et son sort indiffère ! On a trouvé mieux pour le martyre et Barcelone n'est pas Santiago.

dimanche 24 septembre 2017

Note d'ordre sur le blogue

Afin d'éviter toute confusion entre ce site monarchiste et les vecteurs cybernétiques du Premier Régiment d'Artillerie français qui récupère son nom de tradition*, le Piéton du roi a décidé de modifier son titre. Dorénavant les moteurs de recherche et autres robots ne mélangeront plus les fanions et tomberont sur :

ROYAL-ARTILLERIE ⚔ LE BLOG

A bon entendeur, salut !


*1er Régiment d'artillerie (clic)


Lis brodé® de RA

vendredi 22 septembre 2017

Trois princes aux Invalides

Ainsi trois de nos princes sont venus dimanche dernier à la messe commémorant la fondation des Invalides par le roi Louis-le-grand, il y a 302 ans. Sans entrer dans le secret des dieux, on peut raisonnablement avancer que Charles-Emmanuel de Bourbon Parme (en photo ci-contre) a de nouveau négocié cette manifestation commune, ce dont tous les royalistes le remercient, si cela est vrai bien sûr.
Une manifestation commune avait été essayée et réussie en 2014 pour une messe à la mémoire de saint Louis à Notre-Dame de Paris. Soyons fous et proposons une grand messe commune pour le roi Louis XVI à Saint-Denis le 21 janvier prochain, avec tous les princes disponibles et deux compagnies de chevaliers à cape.

Une vidéo a été tournée dimanche à l'Hôtel des Invalides par le site des Rois souterrains, et même si on l'eut préférée plus œcuménique, saluons le travail ; la voici :


Plusieurs sites royalistes ont diffusé une relation de l'événement ou des textes laudatifs ; Royal-Artillerie apporte sa pierre à l'édifice. Pouvons-nous exprimer le simple regret que tous les princes résidant à Paris ou en Île de France auraient dû participer à cette cérémonie parce qu'elle est, outre la piété de circonstance, un élément de communication neutre et très significatif des vertus cachées de l'Ancien régime. Bien sûr, la presse subventionnée ne s'est pas fait l'écho de la cérémonie de cette année, pas plus que les années précédentes, mais peut-être qu'une affluence princière plus étoffée, et c'est vrai aussi des ordres de chevalerie dont la représentation étique à l'Eglise des soldats m'a sauté à l'œil, aurait décidé un journal à sortir un reportage que d'autres auraient recopié...

Henri d'Orléans cerné de képis
Ensemencer l'opinion à l'idée du roi est le préalable à toute forme de démonstration de la pertinence monarchique. L'évoquer, en parler souvent en concentrant l'éclairage sur les actifs de l'Ancien régime c'est nourrir le terreau sur lequel on plantera une offre politique raisonnée. Les descendants de nos rois ont un rôle important dans cette transmission et nous les y attendons sans arrière-pensées, sans préséances, au seul bénéfice du témoignage de qualité. La restauration n'est pas à l'ordre du jour et nos princes ne sont pas préparés au monde quantique qui nous attend, aussi sont-ils libres de participer à ce genre de réunion de famille avec entrain et chaleur.

Oublions donc les sottises de la querelle dynastique, oublions les 800 ans de la victoire de Bouvines boudés par l'un ou l'autre, les voyages cadencés à Reims pour ne s'y pas croiser, oublions les enfantillages, aucun de ceux que nous connaissons ne sera appelé jamais à accéder. Le job au moment est tout dans la communication la plus large afin de promouvoir le concept, et la retenue la plus disciplinée dans leurs mœurs afin de ne pas donner prise aux malveillants et ruiner le travail. C'est déjà beaucoup. Les princes ne peuvent jouir des mêmes droits que le vulgum pecus, à peine de s'y agréger et de disparaître. C'est le fameux Noblesse oblige ! Un jour, plus tard, sur des générations formées sérieusement à l'emploi se lèvera, n'en doutons pas, le soleil d'Austerlitz, car il est là aussi l'Empereur, aux Invalides.



lundi 18 septembre 2017

Les diagonales de Xi


Il y a trente ans pile, le 18 septembre 1987 au soir, les négociateurs américains et soviétiques tombaient d'accord sur le principe d'élimination des armes atomiques intermédiaires dans le cadre plus général et fumeux d'un désarmement nucléaire. Cet accord sera formalisé dans le Traité de Washington du 8 décembre 1987. L'escalade technique était montée si haut que le budget soviétique ne pouvait plus suivre, sous peine de ramener le reste du pays à l'époque de Tamerlan ! En France ce traité a obligé à ferrailler les lanceurs Pluton équipés de bombes à neutrons. Contraintes et circonstances avaient conduit deux empires à la raison, la guerre froide allait se terminer ! On ne sait aujourd'hui quel levier pourrait convaincre le président Kim Jong-un de cesser le développement d'un arsenal nucléaire. Il est prêt à faire manger de l'herbe à son peuple complètement décervelé pour asseoir le pouvoir de sa famille dans le siècle. Si on demande à un Coréen de la diaspora ce que veut le dictateur-fou, on s'entend dire que (1) il n'est pas fou et (2) qu'il veut une démilitarisation de la péninsule coréenne, la Corée du Nord gardant sa bombe en garantie. Impossible n'est pas non plus coréen. Peut-il aboutir ? Sans doute pas comme il s'y prend.



Il y a quatre acteurs sur zone, outre le "fou" : la Chine tout d'abord, marraine de toujours des Coréens qui lui reconnaissent au sud comme au nord une primauté morale venue du fond des âges ; le Japon ensuite qui mit Corée et Mandchourie en esclavage et se méfie aujourd'hui de tous, mais moins que d'une coalition de rencontre entre les deux Corées et la Chine populaire ; la Russie dont la péninsule de Vladivostok est très proche de la zone atomique de Chongjin ; la Corée du sud enfin, miracle réel et fragile d'un pays reparti de rien, sans autre rente que le courage et le génie de son peuple exposé aux foucades des Kims.

Tout conflit ravagerait la péninsule coréenne, le Jilin et le Liaoning chinois (partie orientale de l'ex-Mandchourie) et la région sibérienne de Vladivostok. Le Japon bénéficiant de la coupure de la mer éponyme aurait bien du mal à se préserver, surtout avec les bases américaines sur son sol. C'est donc bien la Chine qui est la plus mouillée et tout le monde cherche à la comprendre. Ce que disent les responsables chinois n'a que peu de valeur. Ce qu'ils pensent est difficile à percer, car ils sont formatés sur une prospective à quarante ans ! Peut-on se projeter pour eux ? La presse mainstream rechigne à réfléchir, pas nous :)

Le projet réside tout entier dans le China Dream auquel le Piéton du roi se réfère toujours et qu'il résume à nouveau pour ses lecteurs récents :
- Revenir sur toutes les marches de l'Empire du Milieu en mobilisant partout le génie et le labeur chinois ;
- Dominer sans partage ni contestations dangereuses de la Selenge mongole aux Spratleys (nord-sud) et du K2 jusqu'à l'Amour (ouest-est) ;
- Contenir les empires voisins dans leurs frontières naturelles, l'Inde sur le piémont himalayen, la Russie blanche dans la steppe stérile au-delà des Mongols, le Japon vieillissant dans son archipel ;
- Acheter la neutralité bienveillante des nations de la péninsule indochinoise par des échanges économiques fructueux et des soutiens à contre-emploi (en Birmanie et au Cambodge);
- Tenir la mer (carence fatale des Mandchous steppiques).

La Corée du Nord est actuellement une épine douloureuse dans le projet. Quoiqu'il se passe en pire, la Chine dérouille : l'effondrement nord-coréen inonderait le Jilin d'une population nombreuse, misérable et arriérée ; un conflit atomique contaminerait durablement des métropoles importantes comme Jilin, Changchun, Shenyang ou stratégique comme Dalian ; les hasards de la guerre feraient monter les Américains jusque vers les montagnes coréennes pour les "nettoyer". Ils s'y installeraient au prétexte du contrôle comme ils l'ont fait au Kosovo avec le camp Bondsteel.


Par inclination naturelle les Chinois veulent gérer ce challenge sur quarante ans et jusque là feront tout le possible pour que la situation ne dégénère pas, en lâchant parfois du lest aux Américains et en reprenant de la corde à d'autres moments. Sans doute comptent-ils sur la corruption des mentalités nord-coréennes inexorablement confrontées au monde extérieur et sur la corruption tout court des généraux le moment venu, comme les Américains le firent de ceux de Saddam Hussein. Le dictateur peut aussi muter en quelque chose de plus humain avec l'âge ou mourir du diabète. Accessoirement, le Japon, éternel coupable, est nié carrément dans la partie de cartes. La Russie est entendue mais pas écoutée. Retranché dans sa "popularité" inoxydable, Kim Jong-un, qui a quand même fait des études en Suisse, a parfaitement compris que sa disparition serait une bénédiction, non pas tant pour Washington que pour Pékin. Il s'en méfie terriblement, jusqu'à faire occire son oncle et son frère desquels il douta un instant ! Mais si le prix des sicaires monte, les candidats à la fortune seront plus nombreux.

L'Occident a vécu quarante-quatre ans de guerre froide avec des pics d'anxiété très dangereux (Berlin, Cuba, SS20/Pershing). La Chine va devoir apprendre à en faire autant en convoquant une sagesse confucéenne dont elle se moquait jusqu'à récemment. Des analyses (cf. Chinascope) tendent à montrer que sur cette zone d'intérêts elle concentre pour le moment son action diplomatique et économique sur la Corée... du Sud qu'elle entend peut-être agréger à son projet de long terme en contournant le cousin ingérable. L'Empire des Grands Tsings s'acheva en 1912. Xi Jinping le ressuscite à sa façon dans toute sa puissance. Impressionnant quand même !

Juste au nord de l'île de Haïnan, on devine l'enclave française à bail emphytéotique de Kouang Tchéou Wan

Quant à la Russie, Poutine voudrait qu'on arrête de crier et qu'on s'assoie autour d'une table avec deux cubi de vodka ! Il mesure quand même le défaut de poids de la Russie en Extrême-orient face aux deux monstres Chine et Japon.
Quelqu'un a parlé de Donald Trump ? Personne. Nikki Haley* a pris les choses en main. Ah, les femmes !

(*) Ambassadrice américaine à l'ONU

Viva, viva la revolución !

Maître Le Chon
Quand j'écoute les divagations simplistes des porte-voix de La France Insoumise sous virements mensuels, je me dis que quand ces gens accèdent, la démocratie n'est que le gouvernement des idiots par les malins. Du moins à l'étage régalien de nos sociétés complexes ! L'époque moderne a fait faire un bon en arrière considérable à la démocratie avec le concours zélé et parfois sanglant des intéressés. Alors que les temps anciens réglaient les espaces de proximité par les débats et les décisions majoritaires - Royal-Artillerie s'en est fait l'écho dans ses billets sur la baronnie d'Hierle (même libellé) - la réorganisation a supprimé cet étage démocratique au bénéfice prétendu de l'efficacité en déportant débats et décisions au plan national, à un niveau que le vulgum pecus ne peut atteindre et comprendre. Ainsi, privé de son mot à dire au plan communal, on l'invite à jouer au sweepstake national comme aux courses. C'est tragique pour la vie de nos sociétés, et risible de savoir qu'elles comptent une majorité de cons.

Comme le rappelle le GAR dans un article récent sur la démocratie médiévale (clic), Dans les solides communautés du Midi, riches de leurs traditions médiévales, on se réunissait à la maison de ville, sous la présidence des consuls. Ailleurs, la séance se tenait à « la porte et principale entrée » de l’église et l’on peut encore voir, dans certains villages, le porche garni de bancs de pierre qui servaient à cet usage…L’assemblée jouissait d’une très large liberté, même lorsqu’elle était présidée par les officiers seigneuriaux. C’est elle qui prenait toutes les décisions importantes pour la vie de la communauté, qui élisait ses représentants et ses agents…De même, l’assemblée était consultée sur toutes les affaires concernant la communauté : érection d’une justice seigneuriale nouvelle, transfert du revenu de la cure, création d’un marché, rédaction des coutumes. » On y discutait de tout, impôts, exemptions, droits et privilèges communautaires (en fait tous possédaient des privilèges dans l’ancienne France), choix du maître d’école, aménagement et constructions… Les pauvres avaient des droits : glanage et usage des chaumes après les récoltes, utiliser les biens communaux, etc… On partageait les tâches de la vie communautaire pour le bonheur de tous. De nos jours, les administrés sont convoqués une fois tous les six ans sur un programme purement électoral et n'ont aucun moyen non violent de s'opposer à la politique et aux caprices du charmant candidat qu'ils se sont choisi et qui a muté en petit satrape. Cette amère réflexion ne s'applique pas aux villages où l'on tient encore des fourches dans les remises.

Ainsi endette-t-on jusqu'au cou des communes pour la "gloire" bétonnière des édiles, ces grands développeurs sans qui la France manquerait de rond-points, les dits-connards payant souvent dans les conurbations leur taxe foncière et d'habitation ailleurs que dans la commune qu'ils administrent. Trop de proximité nuit à la sécurité du sommeil. Enfin chacun de nous a son propre exemple sous les yeux. Ma commune surendettée par des décennies de corruption se lance dans des travaux d'embellissements après consultation de trois pelés un tondu, sans doute exonérés de tout, pour faire des photos dans le journal municipal...

Dans ma région d'origine, au moyen-âge et pratiquement jusqu'à la mise au pas des mairies par Louis XIV, les "consuls" étaient élus pour un an et leurs biens séquestrés pour la durée du mandat en attente du quitus de gestion. Evidemment que ça ne pouvait plaire aux élites instruites qui leur ont succédé ! L'ouverture des emplois aux rusés et malins de la profession politique permit aussi l'accès des caisses aux voleurs. La presse regorge de ces méfaits, mais le citoyen lambda, addict au serrement de mains, en redemande et réélit les pourris à telle enseigne qu'on parle dans les milieux autorisés de blanchiment démocratique. Tu es un fils de pute mais à dix voix près, tu accèdes au procès en canonisation. Fabuleux système, bien adapté à notre époque de benêts et autres électeurs stupides.

C'est bien de révolution qu'il s'agit maintenant. Renverser les pôles ! Rouvrir la démocratie directe des étages de proximité et ôter au peuple incapable par nature le choix des politiques applicables aux ministères régaliens. Entre les deux, agglomérer des instances de compétences à plusieurs niveaux capables d'organiser les pouvoirs publics au bénéfice de tous et non seulement à celui de la caste protégée par les contributions des autres. Les chapitres non régaliens sont bien plus nombreux que les premiers et offriraient de nombreux débouchés à tous ceux qui savent et qui ont la fibre politique. Bien sûr le dispositif verserait au fossé la majeure partie de la classe politique actuelle qui n'a jamais travaillé en vrai, au mieux qui a ramé dans une administration dans des fonctions syndicales s'ils n'étaient pas détachés permanents dans un fromage républicain. Voulez-vous des noms ? Apportez les fléchettes, on lance sur la cible et on est sûr d'en avoir toujours un.

Remettre l'étage régalien entre les mains d'un monarque gouvernant en ses conseils, semblerait logique, si l'on croit du moins à l'avantage d'une professionnalisation des pouvoirs suprêmes ; la séquence des présidents-touristes de la Cinquième République m'y autorise. C'est donc bien une révolution. La question travaille certainement Emmanuel Macron tant le paysage socio-politique du pays est délabré et envahi de faisans !

Réponse à Charles Barbanes

Le blogue Royal-Artillerie a quelquefois nourri les réflexions de l'honorable webmestre de la CRIL17. Pour cela nous nous sommes senti convoqué par son appel à phosphorer ensemble (brain storming dans le texte) sur l'absence dans l'actualité des descendants de Louis XVI. Son appel est rédigé en ces termes :
Comment serait-il possible qu’il existe aujourd’hui encore, quelque part dans le monde, un Bourbon-Habsbourg, descendant de Louis XVII, exfiltré du Temple après le 3 juillet 1793, qui soit resté inconnu de tous et/ou qui pourrait même ignorer sa propre identité, comme nous avons pu parfois le lire ou l’entendre dire, ici ou là ? C’est la question à laquelle nous nous proposerons d’esquisser d’une réponse, au cours des prochains jours, avec le concours de tous ceux qui souhaiteront nous apporter le concours de leurs réflexions, de quelque nature que ce soit, en utilisant même la méthode américaine de management du brainstorming (source)

Les ruptures de paradigme (ou catastrophes nationales) ont été sévères dans notre pays qui s'est toujours mêlé de ses voisins à temps et contretemps, et ni Louis XVII ni ses descendants éventuels n'ont jamais apparu. Nous pouvons en citer trois ci-dessous. Nous n'avons pas retenu d'autres passages douloureux car ils ne pouvaient pas créer de réelles opportunités : émeutes parisiennes de 1830 et de 1848, guerre atroce de 1914-18 acceptée par la Nation en armes, fin de la deuxième guerre mondiale avec une France supplétive. Restent :

*1814 Campagne de France perdue et occupation de Paris par les cosaques russes, changement brutal de régime politique atténué par le retour des deux frères de Bourbon

*1870 Défaite de Sedan et occupation prussienne, détachement de l'Alsace-Moselle, énorme tribut de guerre imposé par Bismarck, changement de régime après une guerre civile à Paris, démonstration ultérieure de l'inanité des positions royalistes

*1940 Capitulation générale et occupation allemande, effondrement du régime, avachissement du pays soulagé par l'armistice, le déshonneur, pillage sans retenue de l'économie française au bénéfice du III° Reich

*La quatrième est à venir, si nous passons sous la tutelle européenne pour banqueroute.

Aucune de ces tragédies nationales n'a suscité le surgissement d'un recours salvateur en la personne soit du dauphin, soit de son fils ou petit-fils etc. Aujourd'hui nous avons peine à imaginer le choc d'un Louis XVII revenu. Pourquoi cette absence des Descendants du Temple® ? Je reprends mes trois réponses laissées sur la Charte de Fontevrault :
Il n’est que trois motifs à cette absence :
(1) ils n’existent pas ;
(2) ils ne savent pas qu’ils existent ;
(3) ils ont décidé de rester cachés pour une raison que nous ignorons.

Inutile d'épiloguer si le dauphin est mort avant de procréer. Resterait la piste Louvel (clic) de notre ami Pilayrou, mais les coïncidences fortuites sont pour moi trop sollicitées (désolé et on sortirait du sujet du jour).

La deuxième hypothèse conviendrait très bien si le dauphin avait été arraché à la fureur révolutionnaire et expatrié en Amérique à la condition de se taire. Eut-il tenu parole qu'il n'en aurait pas parlé à ses enfants s'il en eut (se souvenant de la terrible phrase du testament de son père : Je recommande à mon fils, s'il avait le malheur de devenir roi...). Il y aurait peut-être encore une descendance inconsciente aux Etats-Unis ou ailleurs.

La troisième assertion relève de la spéculation pure, et nous laissons aux romanciers les hypothèses les plus échevelées, autour de Fersen... par exemple.

Quant aux dauphins qui firent la fortune des imprimeurs, on comprendra facilement qu'il étaient détectés immédiatement par la famille de Bourbon, les trois frères, leurs familles et leur entourage ayant vécu tous ensemble au château de Versailles et pouvant trier facilement le vrai du faux.

En résumé (provisoire, comme tout ce qui touche à l'énigme du Temple), les tenants de la survivance devraient creuser la question d'outremer, en se souvenant qu'il n'était pas si difficile de traverser l'Atlantique à cette époque, les échanges étant nombreux et fréquents. Un coup de lampe gratuit : les îles françaises de la Mer des Caraïbes étaient trop petites pour cacher un dauphin de France, les plantations de la côte étaient infestées de Français des deux camps, mais le Sud-Dakota auquel on accède facilement en remontant le Missouri et où les Indiens comprenaient le français aurait pu convenir.

vendredi 15 septembre 2017

Bataille de Sidi Brahim

Passation du drapeau à Vincennes

« La bataille de Sidi Brahim s'est déroulée du 23 au 26 septembre 1845 entre les troupes françaises et Abd El Kader. Elle dura trois jours et trois nuits.

Les Français, commandés par le lieutenant-Colonel Montagnac, avaient engagé à la légère le 8e bataillon de chasseurs à pied et le deuxième escadron du 2e régiment de hussards contre les troupes d'Abd El-Kader.

Imprévue, la rencontre tourna mal pour les troupes françaises. Après un premier combat, elles furent réduites de 450 à 82 chasseurs et hussards face à 10.000 combattants de l’émir. Acculés, les chasseurs de la compagnie de carabiniers se réfugièrent dans un marabout d'où ils repoussèrent tous les assauts.

Après plusieurs jours de siège, les hommes, sans eau, sans vivres, à court de munitions, en furent réduits à couper leurs balles en morceaux pour continuer à tirer.

L'émir Abd El Kader fit couper la tête du capitaine Dutertre, fait prisonnier et amené devant le marabout, pour exiger la reddition des chasseurs. Malgré tout, Dutertre, avait eu le temps d'exhorter les survivants à se battre jusqu'à la mort. Lorsque l'émir demanda au clairon français, Guillaume Rolland, de sonner la retraite, celui-ci n'en fit rien et sonna la charge. Lors d'une de ces demandes de reddition, un chasseur répondit « merde » à l'émir. Les survivants, n'ayant plus de munitions, chargèrent à la baïonnette. Ils percèrent les lignes ennemies et, sur les 80 survivants, 16 purent rejoindre les lignes françaises (5 moururent quelques jours plus tard). Seuls 11 chasseurs sortirent vivants* de la bataille. Le caïd de Nedroma, Nekkach, recueillit une partie au moins des survivants et refusa d'ouvrir les portes de sa ville aux troupes de l’émir.»
(©Armée de Terre)
(*) un survivant racontera le combat des chasseurs au marabout de Sidi Brahim dans l'Écho d'Oran du 4 octobre 1845
« Faire Sidi-Brahim » est devenu un ordre d'assaut désespéré chez les Chasseurs ; il s'est conclu aussi par la victoire comme celle du 7è BCA dans les Vosges en 1915 sur l'Hilsenfirst (clic).

Comme nous le signale le blogue La Couronne, se tiendra demain samedi au château de Vincennes la Fête des Chasseurs dite de Sidi-Brahim, en présence d'Henri d'Orléans, invité de marque pour commémorer la création en 1838 du premier Bataillon de Chasseurs à Pied par le duc d'Orléans, fils du roi des Français, au fort de Vincennes. La famille d'Orléans fut et demeure proche des Chasseurs depuis sa création. Le sous-lieutenant François d'Orléans fut tué en Kabylie au 7è BCA en 1960, ce bataillon est parrainé par Marie d'Orléans et de Liechtenstein ; Jean d'Orléans parraine quant à lui le 4è Régiment de Chasseurs de la 27è Brigade d'infanterie de montagne.

De nombreuses unités seront représentées à Vincennes et comme chaque année le drapeau des chasseurs sera transmis à une unité méritante (puisque les chasseurs n'ont qu'un seul drapeau de corps, les bataillons ayant leur propre fanion). Cette journée est l'occasion de relire la lettre du maréchal Lyautey qui en 1931 exaltait l'esprit chasseur depuis son château de Thorey (Meurthe & Moselle).
L'esprit Chasseur ? Mais c'est justement ce qu'en d'autres termes j'ai toujours prôné.
C'est d'abord l'esprit d'équipe, de "mon équipe"
C'est la rapidité dans l'exécution des ordres de la part de gens qui "pigent" et qui "galopent" -
C'est l'allant, c'est l'allure, c'est le "chic" -
C'est pour les chefs le sens social dans le Commandement, c'est l'accueil aimable.
C'est servir avec le sourire - la discipline qui vient du cœur -
C'est le dévouement absolu qui sait aller lorsqu'il le faut, jusqu'au sacrifice Total -
Lyautey




lundi 11 septembre 2017

Les confédérés de Visegrád


"Ils ne nous briseront pas !"
Le retour de la guerre de Sécession à l'avant-scène et l'hystérie des élites américaines diplômées en veulerie, affairées à transformer une victoire vieille de cent cinquante ans en repentance universelle, me font bizarrement penser au groupe de Visegrád* qui se démène comme un beau diable pour ne pas être phagocyté par les gnomes de Bruxelles. Quatre anciens pays du glacis soviétique, Pologne, Tchéquie, Slovaquie et Hongrie, renforcés bientôt peut-être de l'Autriche, refusent les diktats de Bruxelles sur leurs sociétés, dont l'objectif est clairement d'aboutir à un état d'union contre une union d'Etats. Et comme ce fut le cas jadis de l'Union gouvernée par la Banque et la Forge du Nord, il faut bien un leader à toute fédération contrairement à la confédération : le candidat allemand semble avoir déjà gagné, surtout depuis le départ de la Grande-Bretagne. Les Visegrád ne l'acceptent pas.

Les similitudes sont grandes entre la sécession sudiste américaine et le cabrage euroriental, à l'exception du système de production. Il y est question de lois "nationales" mais surtout de modes de vie spécifiques à peine libérés du joug russe, et déjà menacés par la décomposition sociétaliste. De valeurs naturelles et traditionnelles aussi ! Nous pouvons comprendre que dans l'esprit de ces peuples, quarante ans d'abrutissement communiste ne puissent en aucun cas déboucher sur une mise au pas de ces pays par la ploutocratie occidentale à l'effigie hideuse d'un George Soros, qui mettrait en péril ce que l'on appelle tout simplement les libertés.

Pour nous Français, outre l'écho souverainiste qu'il produit dans un large secteur de l'opinion métropolitaine, nous avons des affinités intellectuelles avec ces pays, affinités que nous n'avons pas su transformer en coopération dans les champs diplomatiques et économiques (en 1989 on était hélas sous Mitterrand, puis Chirac, autant dire morts). Ce groupe de Visegrád est intéressant au premier titre de son équivalence en poids. Le territoire est similaire à celui de la métropole (534000 contre 551000km² chez nous) et la population est aussi semblable en effectifs (64 millions). La différence réside dans le produit intérieur brut : 876 milliards de dollars contre 2490 en France, mais leur marge de progression est plus forte de par la proximité d'un champ de développement illimité à l'Est : Visegrád est mitoyen de la Russie (Kaliningrad), de la Biélorussie, de l'Ukraine mais aussi de la Roumanie. A noter que le renfort hypothétique de l'Autriche apporterait un PIB de 400 milliards de haute qualité.

Si on va au fond des choses, on voit que ce groupe conteste la suprématie politique allemande tout en bénéficiant de la sous-traitance de l'industrie allemande. L'affaire est de longue mèche et remonte jusqu'à la constitution de la Prusse en Royaume. La Prusse et l'Autriche-Hongrie, puis l'Allemagne impériale après 1870, ont modelé toute la Mitteleuropa sur deux siècles et le légataire universel qu'est la RFA continue aujourd'hui le projet. Le développement des quatre Etats rétifs se fait à partir des territoires allemands, les capitaux de développement s'ils sont européens, accompagnent le plus souvent des investissements allemands. Les flux et fuseaux sont est-ouest. La revendication des Visegrád est d'y substituer fuseaux et flux nord-sud depuis la Baltique méridionale jusqu'à l'Adriatique, en irriguant les Balkans slaves. On pourrait faire un titre avec l'Union danubienne. A noter que de la France il n'est jamais question là-bas sauf pour s'en agacer quand la reine des gitans vient y donner des leçons.

Les choses ne dégénéreront pas comme en 1861 aux Etats-Unis, mais la pression visant à casser cette résistance, bien ingrate selon les pays fondateurs, va augmenter depuis que le président Macron a décidé de renforcer la main-mise de la chancelière Merkel sur sa zone d'intérêts dans l'espoir un peu fou qu'elle prenne nos bons du Trésor. Les Visegrád n'ont pas les capacités économiques et financières pour s'engager dans une sécession à l'anglaise. Imaginer seulement la facture qui serait présentée à chacun par l'Union européenne quand on connaît celle envoyée à Theresa May (entre 60 et 100 milliards d'euros). En revanche, c'est toute la politique de collaboration-endiguement de l'Union européenne vis à vis du nouveau bloc russe qui est mise en péril car les quatre pays sont eux, comme les trois baltes, au front et pèsent lourd dans la question ukrainienne ! Certains autres pays non contigus comme le Danemark ou les Pays-Bas suivent de près l'évolution de la Commission européenne face à ce cabrage qui ressemble au leur.


Les réticences peuvent néanmoins être contournées par l'atlantisation de la dispute. Les quatre pays sont pro-OTAN sans état d'âme car ils n'ont strictement aucune confiance dans une défense européenne, dirigée qui pis est par la France et l'Allemagne (Munich et les Sudètes ne sont pas si loin dans l'esprit des Européens de l'Est). C'est plutôt donc dans le cadre atlantique que les apaisements devraient être recherchés si les gouvernements polonais et hongrois voulaient bien mettre un peu d'eau dans leur vin. Cette voie de négociation ferait certes rentrer les Américains dans le schmilblick en même temps qu'on parle beaucoup de transport de gaz, mais le Département d'Etat ne semble pas en capacité de mener l'affaire seul pour l'instant, avec à sa tête l'ancien boss d'Exxon, excédé de se faire braquer chaque jour par la représentante américaine à l'ONU, et à la Maison Blanche, un président qui construit sa stratégie internationale entre ce qu'il voit sur CNN à la télé et ce qu'il tape sur son smartphone immédiatement après.

Le groupe de Visegrád pose la bonne question, celle qui aurait dû être tranchée il y a cinquante ans : confédération ou fédération ? Consulter tous les peuples européens ne serait pas un luxe ni temps perdu. Les pays choisissant la fédération en formeraient une entre eux et ils entreraient groupés dans la confédération qui satisferait les autres. Pour éviter des chamailleries ultérieures on pourrait oublier la règle simpliste de la majorité absolue et choisir des scrutins à quorum et majorité renforcée, et tous voter le même jour. Débloquer l'Europe comme le demandent beaucoup de tribuns politiques devrait commencer par là !



La Tour Salomon du château fort de Visegrád

(*) Le traité de Visegrád fut signé en 1991 entre trois pays de l'Est libérés, Pologne, Tchécoslovaquie et Hongrie pour favoriser mutuellement leur intégration dans la Communauté européenne, en souvenir de l'alliance de 1335 entre les rois de Bohême, de Pologne et de Hongrie contre les Habsbourg.

911 - in memoriam mori

 

Le direct de RFI, je m'en souviendrai toute ma vie, je ne comprenais rien à la radio !

mercredi 6 septembre 2017

Rohingya, "chiens perdus sans collier" (Cesbron)


Le monde attend le prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi sur l'affaire des Rohingya. Enfin, pas tout le monde ! Les Etats voisins de la Birmanie n'attendent rien d'autre que le naufrage général des barques pour noyer le poisson parce qu'ils ont tous des minorités remuantes auxquelles ils ne veulent montrer aucun exemple de mansuétude. Alors coulerait-on deux cent mille boat peoples que les yeux du sous-continent indien resteraient secs. A preuve les reportages "touchants" d'agences de presse étrangère à la zone n'y émeuvent personne. Pourquoi ? Rapport à la vie, à la mort. L'Occident ayant échappé à l'eschatologie individuelle a sacralisé la vie qui est sa propre fin, exception faite de la métempsychose hollywoodienne et du transhumanisme de la Silicon Valley. L'Orient considère la vie comme un passage entre deux états, l'éternité étant la règle dans le malheur comme dans le bonheur. Les Rohingya ont de grandes difficultés dans ce passage, mais tout naufrage dans ce monde est un seuil. C'est triste ! Et ça s'arrête là. Ceci dit pour l'absence d'émoi de l'opinion. Mais il y a autre chose de plus reconnaissable par les analystes occidentés : la géopolitique du sous-continent et l'irrédentisme musulman. Tout le sous-continent est en proie à la déstabilisation islamique ; même les Hui chinois déclenchent maintenant des émeutes pour pousser leur avantage démographique local et exiger la charia dans certaines villes comme la semaine dernière à Tangshan (Hebei) ou à Shanghaï l'an dernier. Du jamais vu, même au Xinjiang où les Ouighours sont nombreux.

Le pouvoir birman a parfaitement localisé le furoncle capable de détacher un jour la province d'Arakan (Rakhine en birman), qui depuis le début est mal attachée au pays. L'Etat Rakhine (Arakan) est dans une position malgré tout stratégique sur le Golfe du Bengale, c'est une porte d'entrée du Yunnan chinois (à travers le Triangle d'Or) et il y a du gaz dans la mer. La bande côtière est coupé du reste de la Birmanie par les montagnes d'Arakan (3000m) et aurait vocation naturelle à s'en séparer. Que l'ethnie rohingya puisse être le ferment d'une sécession ne fait aucun doute à Rangoun, d'autant plus que la pratique rigoriste d'un islam salafiste est la marque de fabrique de cette communauté depuis qu'elle s'est coupée du Bangladesh. Elle a dérivée une branche insurrectionnelle l'ARSA (Arakan Rohingya Salvation Army) qui affronte les forces de polices de l'Etat. Les précédents du Front Moro islamique de libération (MILF) à Mindanao (Philippines) comme l'Organisation pattanie unie de libération (PULO) au sud de la Thaïlande sans parler des guérillas d'Aceh (Sumatra), servent d'avertissement. Par chance l'Etat de Chin qui domine l'Arakan n'est pas musulman mais animiste et chrétien. Pour comprendre le dilemme birman il faut une carte ethnique sur laquelle, dit en passant, les Rohingya n'apparaissent pas puisque ils sont décrétés immigrés clandestins par Rangoun :

- les Rohingya occup(ai)ent le quart nord du Rakhine en rose -

Chaque nationalité a sa religion. Au résultat : 89% de bouddhistes (petit véhicule), 3% de baptistes, 1% de catholiques, 4% de musulmans, 1% d'animistes et 2% du reste. Les groupes ethniques se divisant entre Birmans 68%, Shan 9%, Karen 7%, Rakhine 4%, Chinois 3%, Indiens 2%, Mon-Khmer 2%, autres 5%. Le pouvoir central militaire a déjà eu des problèmes avec les Karen et les Shan qui ont été matés dans une sauvagerie à peine croyable. Le pays est partout difficile d'accès où les chefs locaux s'érigent facilement en tyrans sanguinaires et veulent faire de l'argent à partir de tout y compris les êtres humains ! Le contrôle des guérillas locales s'opère le plus souvent par la terreur appliquée par la soldatesque aux populations civiles censées être l'eau qui fait vivre le poisson rouge ou vert.

Aung San Suu Kyi connaît tout ça sur le bout des doigts ; elle est la fille d'Aung San, le père de l'indépendance birmane arrachée aux Anglais, et les Rohingya furent ses ennemis, supplétifs de l'Armée des Indes dans l'espoir d'un découpage à leur profit. Dans la mesure où le Bangladesh ne reconnaît pas cette ethnie comme sienne (ils ne parlent pas le bangla) il ne veut pas que l'on débonde les camps de concentration sur son territoire déjà écrasé par une démographie intenable (la Première ministre bangladaise a été très claire : que l'ONU se démerde !), la seule solution serait de déporter les Rohingya sur une île assez grande pour les accueillir tous. Cette île n'existe pas dans ces conditions mais on en parle depuis des années : il s'agirait de les déporter "temporairement" sur l'île de Thengar Char dans la baie du Bengale, l'humanitaire et les infrastructures étant assurés par les agences onusiennes... quand on en aura chassé les pirates fermement établis. On imagine bien que l'île n'est pas un cadeau de Dacca (clic), marée et mousson la noient régulièrement. Néanmoins l'idée fait son chemin, l'Indonésie projette à son tour de vider ses camps de regroupement rohingya sur une île déserte de l'immense archipel sous les mêmes conditions vis à vis de l'ONU.

L'Arakan est un abcès de fixation de l'irrédentisme musulman à connotation salafiste. Ils sont plusieurs sur les côtes de l'Océan indien à brûler le carburant idéologique fourni par al-Qaïda et le Groupe Etat islamique. Toute communauté musulmane structurée est suspecte. Celles qui disposent d'un ancrage territorial indiscutable peuvent trouver des accommodements avec les pouvoirs locaux pour autant qu'elles cessent de vouloir régenter l'espace public à leur profit. Le cas particulier des Rohingya apatrides vient de ce qu'ils n'appartiennent à personne. Où qu'ils aillent, leurs voisins les détestent. Un territoire vierge à mettre en valeur semble être la seule solution pérenne. On devrait trouver quelque terre promise parmi les îles de la Sonde. Aung San Suu Kyi est de mon avis et elle ne les gardera pas, quitte à rendre le Prix.

©Keywords

(1) Pour entrer dans les détails de la question Rohingya nous recommandons le dossier de Géo-confluences (clic).
(2) L'ARSA a décrété ce dimanche 10 septembre un cessez-le-feu unilatéral pour faciliter les opérations humanitaires, ce qui confirme l'insurrection armée, quasiment niée par la Communauté internationale hors-Asie.


Mise à jour du 14.09.2017

Alors que se précise la pression onusienne sur le Myanmar menée par la Grande-Bretagne et la Suède, la Chine qui a de gros intérêts en Birmanie sur laquelle elle compte pour développer le Yunnan, a fait savoir par la voix d'un porte-parole du ministère des Affaires étrangères, que « la communauté internationale devrait soutenir les efforts de la Birmanie visant à préserver la stabilité nationale ». De son côté, l'Inde mitoyenne qui a beaucoup de problèmes avec ses Etats himalayens, soutient le gouvernement birman ; en visite à Rangoun, le Premier ministre Narendra Modi a exprimé sa solidarité contre « la violence des extrémistes » dans l'Etat Rakhine (source entre guillemets France 24). Le gouvernement birman annonce une adresse à la nation de sa conseillère d'Etat Aung San Suu Kyi pour le mercredi 19 septembre...... ce qui laisse six jours de nettoyage ethnique effectif des populations effrayées que l'on extermine parfois sur place et dont on brûle les logis pour prévenir tout retour.

Mise à jour du 19.09.201

Le Conseiller d'Etat Aung San Suu Kyi ferme aujourd'hui la séquence sauvage mais sans doute à peu d'effets sur le terrain. L'armée tient les postes frontières. Qui fera les listes de retour dans les camps de réfugiés ? Quels critères seront validés ? Le problème reste entier et maintenant que la Dame de Rangoun a parlé, la communauté internationale peut lâchement passer à autre chose. Voici l'allocution officielle :


 

lundi 4 septembre 2017

Une simple remarque aux chapelles


Que les chapelains se rassurent, nous ne parlerons pas d'argent. Ouf ! Nous allons parler de communication. Ah, quand même ! Ben oui, aux jours d'aujourd'hui il ne sert à rien d'avoir raison tout seul dans son galetat et de l'écrire dans son carnet intime pour que change le monde. Internet a propulsé les idées de tout un chacun sur la planète par le vecteur des blogues, les groupements d'intérêts ou d'opinion en font autant par le moyen de sites en ligne, Partout on diffuse beaucoup, ce qui ne veut pas dire que l'on communique si bien que ça. Les supports internétiques royalistes sont moches, souvent empoussiérés, à l'exception de... il y a si peu d'exceptions. Chaque taulier se contente de mettre en ligne comme on étendrait du linge sur la corde du jardin pour croire sa mission de propagande accomplie. En fait nul ne percute vraiment l'Opinion. Prenons l'exemple du camp Maxime Real del Sarte de l'Action française où se pressent chaque année des contributeurs de qualité pour apporter la bonne parole aux militants royalistes.

Il n'y a pas de vrai plan de communication au sein du CRAF organisateur. Lors de la préparation de l'édition 2017, le site officiel ne donnait pas accès facilement aux éléments basiques (dates, prix, programme) et il valait mieux passer par les algorithmes de Google pour faire monter la page pertinente à l'écran, ce qui est très décevant quant aux capacités de communication. Pendant le camp, il y eut quelques efforts méritoires d'Antoine Berth sur Twitter pour relayer les conférences, mais le réseau n'est pas un support d'affichage, juste un tapis roulant d'informations et réactions. La vie du tweet est très courte.

La semaine qui suit le camp d'Ailly aurait pu être consacrée à la mise en page et diffusion des interventions magistrales, en privilégiant l'écrit qui est beaucoup plus maniable que la vidéo amateur. A part trois brèves qui publient trois questions (factices) à trois intervenants, le site du CRAF ne donne rien de plus à lire de ce camp d'été (pour l'instant). En plus l'accès aux questions n'est pas direct, il faut deviner que dans la barre de navigation c'est l'onglet "Vie du mouvement" qui est la porte d'entrée vers un autre onglet de rang 2. Vous l'avez ici directement par la vignette noire "Questions" ci-contre. On est au niveau du blog rose de Skyrock ! Donc après le CMRDS, on ne communique pas, on digère ! A croire que (censuré)...
Passons au matériau.

Depuis sa création ou pas loin, le blogue Royal-Artillerie a promu chaque année le camp Maxime Real del Sarte. Pour ce faire, le blogue utilise le flyer du CRAF s'il existe, sinon il doit créer des images plus ou moins suggestives suscitant des clics vers la page ad hoc de l'Action française ; certaines années, le Piéton s'est fendu en plus d'un ou deux billets. A noter en passant qu'il n'y a jamais eu de remerciement d'aucune sorte de la vieille maison, même sous une forme cavalière du style "salut! sympa!" à l'exception d'un eurosceptique désabusé qui fit rebond de Maurras à moto, l'an dernier. Le Piéton ne recherchait pas non plus de reconnaissance.

S'il y avait une équipe de communication active dans cette chapelle - et c'est vrai pour toutes -, elle fabriquerait des fenêtres d'accès intégrables sur les blogues amis, royalistes ou pas. Seraient bienvenus au minimum une bannière (avec deux dimensions pour coller en tête ou en pied de site), deux ou trois vignettes attrayantes avec des tailles de caractères permettant les compressions, pour intégrer dans les sidebars de blogues. Plus compliqué serait une vidéo de présentation (sans speaker playmobil, de grâce, c'est démodé).

Pour bien montrer de quoi on cause, voici quelques vignettes simples de filles crées par Royal-Artillerie à cette occasion - une équipe affûtée aurait fait mieux sans forcer. Il y en eut aussi mais plus funèbres, pour la retraite au flambeau de Louis XVI ; même problématique. On va malgré tout commencer la liste par un flyer CRAF très réussi pour 2016 :

Affiche_CMRDS2016



fille canon





Les sites d'Action française ne sont pas les seuls à pâtir d'amateurisme dans le domaine de la propagande, le parti de l'Alliance royale, la réunion des cercles légitimistes, les fédérations provinciales de toute obédience, le mouvement bourbonien, les "groupements individuels" aussi, sont complètement dépassés sur ce plan ! Mention rectificative pour le Groupe Action royaliste* qui est dans un réel effort d'affichage de ses activités et pour le site La Couronne** qui promeut la maison d'Orléans avec talent ; et dans un autre genre, le Conseil en l'espérance du roi*** qui publie quotidiennement à gros débit sur une maquette mono-couloir qui malheureusement bride sa diffusion.

Quand donc les chapelles royalistes découvriront-elles la communication professionnelle destinée au plus grand nombre ? C'est ici que le principe adjudanesque prend toute sa vertu s'il est médité par des gens qualifiés qui privilégieront le choc du discours iconographique à l'inondation tiède des avis de supériorité, en gardant à l'esprit le souci d'atteindre le plus grand nombre directement et indirectement par les relais d'informations extérieurs au microcosme :


En faire peu !

Le bien faire !

Le faire valoir !


* GAR
** La Couronne
*** CER

samedi 2 septembre 2017

Codex#04 - dossier AF

La revue CODEX parle de l'Action française (AF) dans son opus #04 (clic). Ceux qui connaissent l'AF de l'intérieur n' y apprendront rien, les autres en sauront presque tout, ce qui peut signifier que le défi a été relevé.

L'organisation du dossier de 53 pages est très réussie, pédagogique. Les contributeurs à cet exploit sont, outre les maquettistes maison, Jacques Prévotat, Olivier Dard, Jean-Yves Riou (directeur de la publication), Priscille de Lassus (rédactrice en chef), Christian Sorrel, Florian Michel, Antoinette Castelnuovo et François Huguenin. C'est bien le dernier qui agace. Après son pavé de sept cents pages chez Perrin (L'Action française - Synthèses historiques 2011), Huguenin se garde bien de contredire son assertion première : "l'AF est morte", même si je suis presque d'accord que l'héritage a été stérilisé par les caricatures de maurrassiens qui ont présidé aux différents journaux des années 1960 à 1990.

L'AF serait donc morte mais le Maître ne le serait pas du tout, même si l'édition renâcle à publier ses textes. Il faut dire que la rhétorique maurrassienne est difficile à assimiler pour le grand public d'aujourd'hui qui achèterait les bouquins.

L'Action française n'est pas morte aussi longtemps que des esprits critiques s'en revendiqueront. Entendons que toute l'AF ne réside pas dans les structures déclarées en préfecture, il y a des maurrassiens partout, jusque récemment à la Maison Blanche¹. Disons aussi qu'on ne peut la résumer, comme le font certains bien imprudemment, aux Camelots du roi et à la vente à la criée du journal. Colloques et conférences se succèdent à Paris et dans les trois métropoles provinciales où des équipes restent actives (Lyon, Bordeaux, Marseille). Le niveau des intervenants ne permet cependant pas d'emplir des amphithéâtres, peut-être parce que le projet déroulé ne se démarque pas assez clairement du projet frontiste. L'AF s'est embourbée dans la même ornière que le Front national : le souverainisme obtus ; elle a l'avantage de disposer des ressources intellectuelles pour s'en arracher, ce qui fait défaut au parti Le Pen ou à Dupont-Aignan.
(1) Steve Bannon est maurassien et raspalien, mais pas un "saint".

Répétons ici que l'objectif réel du changement de paradigme devrait être l'optimisation à outrance de nos dépendances et non pas de les rompre, ce qui est impossible et stupide à soutenir. Recentrons-nous sur la monarchie sociale et fédérative comme la présente, par exemple, Jean-Philippe Chauvin dans son blogue Nouvelle Chouannerie. Défendons la priorité budgétaire du régalien et la désétatisation du sociétal. On ne peut que souhaiter une édition didactique en visuels de ce projet monarchique porté par le Groupe Action Royaliste, et de trouver les moyens nécessaires à une large diffusion...
Ce qui manque au royalisme français c'est une offre politique claire, lisible, compréhensible, propagée sur tous les segments de l'opinion. S'en remettre au roi n'y suffira pas !



Ce numéro de CODEX contient une perle rare : l'exposé des travaux de Michel Pastoureau, rare spécialiste de l'histoire des couleurs. Dès l'entame le lecteur est capturé par la dérive des couleurs depuis l'Antiquité, et pour une fois on découvre quelque chose d'inédit. L'autre sujet passionnant est l'histoire des Juifs de la papauté d'Avignon. Le prochain numéro (#05) est consacré à Luther et sa Réforme. Abonnez-vous au quatre numéros annuels, 60 euros pour 720 pages, papier glacé, quadrichromie, vous ne le regretterez pas, sinon allez au point-presse près de chez vous (clac).


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