Affichage des articles dont le libellé est AELE. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est AELE. Afficher tous les articles

samedi 1 février 2020

Ça, c'est fait !


C'est fait ! Le Royaume uni de Grande Bretagne et d'Irlande du Nord a quitté l'Union européenne. Il reste onze mois jusqu'à la Saint-Sylvestre pour veiller aux détails. Deux atterrissages : soit un traité de libre échange est paraphé entre Londres et Bruxelles puis ratifié par tout le monde et le Royaume uni retourne dans une sorte d'AELE associée au Marché commun, au pire il se retrouverait dans la position du Canada ou du Japon qui ont signé des traités avantageux ; soit aucun traité n'est acceptable pour l'une des deux parties ou les deux, alors la Grande Bretagne et sa petite remorque irlandaise deviennent pour l'Europe un pays tiers, étranger, ultramarin.


Discours du Premier ministre de Sa Gracieuse Majesté lors de la soirée du Brexit

Tonight we are leaving the European Union
For many people this is an astonishing moment of hope, a moment they thought would never come
And there are many of course who feel a sense of anxiety and loss
And then of course there is a third group – perhaps the biggest – who had started to worry that the whole political wrangle would never come to an end
I understand all those feelings, and our job as the government – my job – is to bring this country together now and take us forward
And the most important thing to say tonight is that this is not an end but a beginning
This is the moment when the dawn breaks and the curtain goes up on a new act in our great national drama
And yes it is partly about using these new powers – this recaptured sovereignty – to deliver the changes people voted for
Whether that is by controlling immigration or creating freeports or liberating our fishing industry or doing free trade deals
Or simply making our laws and rules for the benefit of the people of this country
And of course I think that is the right and healthy and democratic thing to do
Because for all its strengths and for all its admirable qualities, the EU has evolved over 50 years in a direction that no longer suits this country
And that is a judgment that you, the people, have now confirmed at the polls
Not once but twice
And yet this moment is far bigger than that
It is not just about some legal extrication
It is potentially a moment of real national renewal and change
This is the dawn of a new era in which we no longer accept that your life chances – your family’s life chances - should depend on which part of the country you grow up in
This is the moment when we really begin to unite and level up
Defeating crime, transforming our NHS, and with better education, with superb technology
And with the biggest revival of our infrastructure since the Victorians
We will spread hope and opportunity to every part of the UK
And if we can get this right I believe that with every month that goes by we will grow in confidence not just at home but abroad
And in our diplomacy, in our fight against climate change,
In our campaigns for human rights or female education or free trade we will rediscover muscles that we have not used for decades
The power of independent thought and action
Not because we want to detract from anything done by our EU friends – of course not
We want this to be the beginning of a new era of friendly cooperation
Between the EU and an energetic Britain.
A Britain that is simultaneously a great European power
And truly global in our range and ambitions
And when I look at this country’s incredible assets
Our scientists, our engineers, our world-leading universities, our armed forces
When I look at the potential of this country waiting to be unleashed
I know that we can turn this opportunity into a stunning success
And whatever the bumps in the road ahead
I know that we will succeed
We have obeyed the people
We have taken back the tools of self-government
Now is the time to use those tools to unleash the full potential of this brilliant country and to make better the lives of everyone in every corner of our United Kingdom.



Pour les besoins de la démonstration, il vaudrait mieux un Brexit sec afin que les Anglais nous fassent la démonstration de leur génie ; mais les liens tissés depuis si longtemps avec l'Europe occidentale ne pourront être défaits si facilement, et le meilleur pronostic reste un traité de libre-échange a minima dans le style du traité euro-norvégien voire euro-turc.

Jouons aux devinettes. Que se passerait-il si la Grande Bretagne choisissait le grand large churchillien et bâtissait un Hong Kong au bout du tunnel sous la Manche ? L'exemple du succès britannique obligerait la technocratie européenne à desserrer l'étau des normes, règles et lois qui étouffent le vieux continent ; et sans doute les nations européennes retrouveraient-elles des couleurs. Quant à la France prise en étau entre l'expansion britannique souhaitable pour notre commerce extérieur et la rigueur budgétaire allemande, elle serait forcée à la réforme sous peine de déclassement durable et perte d'influence politique lourde (ça a déjà commencé). Mais une réforme imposée de l'extérieur susciterait ici l'insurrection, voire une révolution tant le monarque et sa cour sont haïs, ce qui permettrait peut-être d'assainir le pays par sa ruine préalable (humour).

Nécessité faisant loi en pays pragmatique, le plus probable dans ce jeu de devinettes, en cas de désaccord, n'est-il pas qu'une Grande Bretagne libre devienne le cinquante-et-unième état de l'Union sinon un Porto Rico de luxe associé ou intégré dans le nouveau marché nord-américain renégocié entre le Canada, les Etats-Unis et le Mexique, le USMCA.

En fait Boris Johnson a pléthore d'options et dispose de l'atout maître qu'est l'architecture mentale du rosbif : un tempérament incoercible et une dialectique intime le poussant à l'audace. Crazy BoJo pourrait réussir le spectaculaire rétablissement d'une nation jusqu'ici décadente.
Quel encouragement !



Carte des problèmes futurs : Grand Londres, Ecosse, Ulster


La démarche est-elle répétible en France ? Rien n'est moins sûr. La Grande Bretagne est une île excentrée et la couronne anglaise règne sur trois autres pays riches et grands, alors que la France, bien que baignée par six mers, est un carrefour européen continentalisé et toutes nos projections au-delà des mers le sont au bénéfice d'Etats mendiants qui mesurent leur affection à la somme des virements. En outre, nous sommes le verrou de la péninsule ibérique que notre retrait enfermerait. La géographie est à elle-seule un défi hors de portée, surtout d'un pays en faillite incapable d'offrir aucune compensation.

Au plan de l'économie, toutes nos industries sont communautaires ainsi que tout le secteur agro-alimentaire, à part la viticulture qui produit local et livre mondial. Il nous reste en propre les coiffeurs et les bars-tabacs. Tous nos comptes publics sont dans le rouge, notre dette est de type tiers-mondain et notre royal prestige s'est enfui derrière l'impéritie des gouvernements successifs d'une République aux seins de plâtre. Alors bonne chance aux Frexiteurs, la pelote d'ennuis à dérouler est bien plus longue qu'ils ne se l'imaginent, mais ils font bien partie des Français d'aujourd'hui, incultes en économie mais exportateurs de valeurs et modèles dont personne ailleurs ne veut. Le Brexit est le faux exemple. Avant d'envisager quoi que ce soit, il faudra annuler le lavage de cerveau français aux poisons du CNR-45 et rééduquer les nouvelles générations aux idées neuves ou réinventées et à celles qui font le succès des empires revenus... qui forment les fondamentaux traditionnels !


Nous avons 1 nouveau message :

From the white cliffs of Dover (clic)

lundi 18 mai 2015

Brexit or Not To Be !

Au lendemain de la victoire des Tories aux Communes, j'ai été très surpris de l'agressivité à l'antenne d'un économiste officiel, d'ordinaire si bonhomme, qui vouait la Grande Bretagne aux gémonies et annulait d'un trait les prétendus succès de la coalition sortante. Alors j'ai compris que l'économiste officiel grassement payé au mois - c'est Elie Cohen - se sentait insulté par la prétention britannique à mettre en débat sérieusement la voie de la longue marche vers la fédération des Etats-Unis d'Europe.
Incapable de projeter aucune alternative heureuse puisqu'il lui est impossible de s'arracher au sillon européiste, le génie des amphithéâtres s'obstinait à développer les fondamentaux britanniques existants dans tous leurs travers, si tant est qu'il les prît tous. J'ai alors ressenti de la pitié pour un con ! Normalement sur scène, la régie lance là le Requiem de Gainsbourg. Je vous le mets quand même ?



La Grande Bretagne a ceci d'original qu'elle déroute toujours ceux qui veulent s'en repaître. On ne donnait pas cher de l'Angleterre quand l'Invincible Armada de Philippe II se mit en lignes de combat en 1588 ; les préparatifs d'invasion lancés à Boulogne en 1805 par Napoléon Ier montraient à tous où se poseraient les lauriers de la fortune ; plus tard, même Göring avait compris que c'en était fini de la morgue anglaise quand la France fut couchée ! Et ben non ! Monsieur Cohen a séché les cours d'histoire. Oublions-le.

Certes le vieux combat de l'archipel britannique contre le continent se s'est jamais éteint complètement. Mais alors qu'il convoquait toujours la France de la vieille monarchie, il se passe aujourd'hui entre le IV° Reich revenu, avatar moderne de la Prusse de Frédéric le Grand, et la thalassocratie de référence qui va encore nous surprendre. Nous, les phraseurs, nous avons disparu. C'est facile à comprendre, déjà, car l'histoire du futur n'est tracée nulle part, elle est faite d'hommes : qui est David Cameron ?

C'est un fils de la gentry anglaise qui n'a pas que des origines aristocratiques. C'est un aristrocrate pur sang, au CV impeccable, éduqué dans l'emploi (source), avec une vision du monde, une spiritualité, de ceux qui ne courent jamais sous la pluie.


David rentre au Ten avec son épouse, pas avec une p...

Qu'avons-nous en face ici ? François Hollande ? Manuel Valls ? Michel Sapin ? Pierre Moscovici ? Ajoutons Nicolas Sarkozy pour faire le poids. Ce n'est pas que nous souffrions d'un déficit d'élite, mais notre système politique sélectionne les médiocres, la plupart issus de la fabrique des robots de Strasbourg, l'ENA. Le dernier chef d'Etat français qui lisait de la littérature est François Mitterrand ! Nos élites sont "ailleurs". Il est inutile d'épiloguer sur ce plan.

Ce n'est pas pour autant que David Cameron aura la partie facile avec l'Allemagne et ses alliés de circonstance, la France et l'Italie. Il veut établir clairement une confédération européenne dont le coeur battant restera le Marché commun, alors que les continentaux veulent marcher à la fédération politique, quitte à diviser le groupe en plusieurs sous-groupes de vitesses différentes. En fait, et sans y faire référence continûment, ils clonent les Etats-Unis d'Amérique avec des spécificités cosmétiques locales. Mais l'anglais règne déjà en maître à Bruxelles, un signe qui ne trompe pas sur le mouvement de fond.

Si les choses tournent mal, au-delà des calculs "avantages et inconvénients" des comptables en lustrines, la Grande Bretagne pourrait ne pas partir seule. Le Danemark, l'Irlande pourraient être intéressés - ils forment déjà le trident rétif*, et les Pays Bas aussi, qui ont voté "non", comme la France à la constitution giscardienne. Ce groupe très maritime peut intéresser la Norvège et l'Islande qui ne sont pas de gros PIB mais de grandes ZEE (zones économiques exclusives maritimes), et revenir immédiatement dans le jeu par derrière en s'intégrant au TAFTA qui reste positionné au coeur du trafic dans le plan mercantile anglo-saxon ; sans avoir à traîner de casseroles de politique étrangère comme la Commission européenne les crée à longueur de temps.

Rien n'est joué et le combat anglo-allemand peut desserrer les mâchoires du piège à cons, à la réserve près d'une stratégie cachée de Berlin telle qu'en prêtent aux Allemands des gens aussi divers que Pierre Hillard, Jean-Luc Mélenchon ou Marc Fiorentino qui pour sa part verrait bien un couplage Brexit-Grexit à l'instigation des Huns. Mais personnellement, j'opterais pour la thèse d'une primauté de la Deutschland AG en toutes choses. Le Brexit ne lui coûte rien, l'inverse non plus.

Puisqu'on a ouvert la boîte à gifles, on va terminer par un Rule Britannia de derrière les fagots :



(*) Le Royaume-Uni, le Danemark et l'Irlande bénéficient d'une clause OPT OUT dans les domaines d'asile et d'immigration, et spécialement la GB dans ceux de la monnaie commune, de la Justice, police et Défense (DK aussi).
Cf. la Wikipedia en six cartes sur les op-outs européens.

Articles les plus consultés

Compteur de clics (actif)